--> --> - Le Dibbouk

Vitrine

Les diamants. Éclat vif, blanc, net. Comme un souvenir trop précis. Trop acéré.

Le soleil tape, fait naître des reflets. Larmes de lumière. Larmes de ma mère. Alabama. Sa main sur la poignée de la porte. Le claquement. Rien après.

Chanel blanc. J’enroule un pan de la veste autour de mes doigts. Trop serré. Une bouée ou une corde. Blanche, comme les mots que je dis aux hommes qui paient l’addition. Blanche, comme le mensonge d’un sourire dans un restaurant tamisé.

Une femme sort de la boutique. Petit chien sous le bras. Perfection de magazine. Elle me regarde. Curiosité. Dédain. Ce mélange qu’elles savent faire, là-haut, dans les salons, avec des sourires minces et des verres à pied.

Darling...
Un instant d’hésitation. Sa voix caresse, puis mord.

— Vous ressemblez tellement à quelqu’un que j’ai connu à Palm Beach.

Palm Beach. Alabama. Rien à voir. Rien à voir et pourtant.

Silence. Je le laisse s’installer. Il prend la place entre nous. Comme une table entre deux convives qui ne se connaissent pas vraiment.

C’est possible, je réponds. J’ai été tellement de personnes différentes.

Un froncement de sourcils. L’infime recul de son pied. Le chien frémit. Elle s’éloigne. L’odeur de son parfum reste un instant, puis disparaît.

Les diamants brillent toujours. Je pourrais entrer. Demander à essayer une bague, une montre. Effleurer du bout des doigts. Jouer la cliente, l’héritière, la femme pressée.

Mais non.

Certaines vitrines ne s’ouvrent jamais. Certaines vies non plus.

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Mots-clés :

fictions brèves

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