{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-juin-2025.html", "title": "30 juin 2025", "date_published": "2025-06-30T20:19:54Z", "date_modified": "2025-06-30T20:21:05Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "


\nGros boulot sur le base de donn\u00e9es. Renommage de toutes les tables et suppressions de certaines qui semblaient poser probl\u00e8me. Je n’ai pas encore r\u00e9ussi \u00e0 nettoyer la rubrique import de toutes les balises wp dont sont truff\u00e9s les articles. Apr\u00e8s moult essai et l’importation d’un dernier script, j’envoie un ticket \u00e0 OVH. J’ai r\u00e9trograd\u00e9 ma version php de mani\u00e8re \u00e0 \u00eatre dans les clous avec la version 4.4.4 de SPIP. Bref, accapar\u00e9 par ces contingences techniques je ne peux pas dire que ce soit une journ\u00e9e palpitante. De gros coups de chaud mais pas d\u00fbs aux temp\u00e9ratures.
\nDemain nous allons \u00e0 C. S. et moi pour voir E. et l’apr\u00e8s-midi rendez vous avec le rempla\u00e7ant de B.
\nLe tableau est pr\u00eat. Nous verrons L. et A. seulement dimanche avec M. et C. Esp\u00e8rons qu’il leur plaise.<\/p>\n


\nPr\u00e9paration pour affronter Avignon. Avec cette chaleur, j’avoue que je ne me vois pas du tout arpenter la ville. Je pr\u00e9vois d’apporter un carnet \u00e0 dessin et de me mettre \u00e0 l’ombre. \n
\nPetite pluie tout \u00e0 fait ridicule en fin de journ\u00e9e. \npas grand chose d’autre \u00e0 ajouter. Le mois se termine en queue de poisson on dirait bien.\n\n<\/span>
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R\u00e9veil 3h30. Il faut un petit laps de temps pour que je retire le masque de mon visage. Le temps de visualiser l’encha\u00eenement des gestes. D’abord appuyer sur le bouton off de la machine. Puis retirer l’harnachement de sangles et de lani\u00e8res. Ne pas oublier de d\u00e9loger les deux petits pitons de leurs encoches respectives, de chaque c\u00f4t\u00e9 du morceau de plastique dur. Enfin lib\u00e9r\u00e9, se diriger vers l’interrupteur et allumer. Puis d\u00e9monter la partie souple en contact avec le nez pour se rendre \u00e0 la salle d’eau et la plonger dans le bol pr\u00e9par\u00e9 la veille. M\u00e9lange d’eau et de savon. Ne pas oublier non plus de vider le r\u00e9servoir d’eau, de le rincer et de le retourner sur une serviette afin qu’il s\u00e8che. Ne reste que le long tuyau rigide \u00e0 rincer. Eau et savon encore mais au-<\/strong>dessus de la baignoire cette fois. Puis l’accrocher sur l’\u00e9tendage afin que tout soit de nouveau op\u00e9rationnel pour la nuit prochaine.<\/p>\n


\nHier vers la mi-journ\u00e9e j’ai achev\u00e9 la commande de A. et L. J’ai pris une photographie et je la leur ai envoy\u00e9e. J. arrive vers 12h. Nous prenons un moment pour faire le point sur nos faiblesses, nos obstacles, nos maladies avant de nous mettre \u00e0 table. Poulet r\u00f4ti et pommes de terre au four. Nous testons le vin restant dans le cubi. Il est encore correct. Sieste ensuite. Puis nous sortons sous la chaleur, nous prenons la Twingo pour aller chercher la fra\u00eecheur \u00e0 Saint-Pierre-de-B\u0153uf. Marche le long de la rivi\u00e8re. Spectacle assur\u00e9 par les canoteurs. Puis nous avisons un petit \u00e9tablissement. Terrasse ombrag\u00e9e. Caf\u00e9 et verre d’eau glac\u00e9. Nous restons l\u00e0 \u00e0 pr\u00e9voir notre prochain s\u00e9jour en Avignon. S. nous a trouv\u00e9 un h\u00e9bergement \u00e0 Montfavet. On ira certainement voir la tombe de Camille Claudel. De mon c\u00f4t\u00e9 je pr\u00e9viens que je ferai cavalier seul. Un programme parall\u00e8le qui me dispensera de me jeter dans cette course annuelle et fr\u00e9n\u00e9tique vers les salles de th\u00e9\u00e2tre. Il doit bien y avoir des choses \u00e0 visiter autres que des th\u00e9\u00e2tres, dis-je. Nous restons encore un peu puis nous repartons. Les si\u00e8ges de la Twingo sont bouillants. Nous proposons \u00e0 J. de dormir \u00e0 la maison mais il d\u00e9cline. Il prend le train de 8h02 pour Lyon.\n<\/span>
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\u00c0 droite de l’\u00e9cran se dresse d’abord un mur vert perc\u00e9 d’une fen\u00eatre grande ouverte en raison de la chaleur que l’on cherche \u00e0 expulser pour la remplacer par la fra\u00eecheur matinale. Consid\u00e9rations climatiques futiles qui m’auront \u00e9chapp\u00e9es puisque j’\u00e9tais parti pour d\u00e9crire les lieux. Mais j’y reviendrai peut-\u00eatre. Sur le climat.\nDonc, nous avons une fen\u00eatre de forme rectangulaire, il est rare par ici de voir des fen\u00eatres carr\u00e9es. Les rondes ou en losange sont encore plus rares. Ici aussi je crois qu’on pourra se passer de la g\u00e9om\u00e9trie. Au-del\u00e0 de la fen\u00eatre, un mur qui monte jusqu’\u00e0 une ligne taill\u00e9e en biseau, et qui est tout simplement le fait soulign\u00e9 d’une ombre encore plus noire que la p\u00e9nombre. Si l’on veut laisser l’\u0153il s’\u00e9lever encore on peut avoir un triangle de ciel gris bleu dans la partie sup\u00e9rieure de la fen\u00eatre. Avec peut-\u00eatre une l\u00e9g\u00e8re nuance purpurine.\nDescription qui n’est que l’\u00e9cho d’une page lue ce matin. Ce qui me fait penser \u00e0 Laurent Mauvignier quand on lui demande quels sont les auteurs qui l’ont inspir\u00e9. Il parle de cet \u00e9cho chez d’autres auteurs d’un quelque chose qu’il cherche \u00e0 dire.\nEst-ce cela l’inspiration, je ne sais pas. Peut-\u00eatre que \u00e7a parle de solipsisme prometteur plut\u00f4t. Comme si \u00e0 la lecture on avait franchi un mur. On aurait d\u00e9couvert cette perc\u00e9e, cette fen\u00eatre que j’\u00e9voque au d\u00e9but, on passerait par celle-ci et l’on se retrouverait dans un jardin, dans une ville, dans ce que l’on voudra, une biblioth\u00e8que.\nLa seule chose dont on ne pourrait plus douter c’est que c’est \u00e0 soi de s’occuper des lieux. Car pas de jardinier ici, pas d’\u00e9boueur pour ramasser les ordures, pas de biblioth\u00e9caire pour \u00e9pousseter les ouvrages, balayer les sols. Tout nous appartiendrait, d’accord. Mais nous serions les seuls responsables \u00e0 la fois des merveilles qu’on y trouve comme des d\u00e9g\u00e2ts qu’on y cause.<\/p>\n


\n

Une id\u00e9e fugace passe, laisse-la passer, ne la retiens pas. Patience. Si elle revient une seconde fois note qu’elle se repr\u00e9sente avec un l\u00e9ger \u00e9tonnement. Mais laisse-la passer encore. La troisi\u00e8me fois cependant note-la car il y a de grandes chances qu’elle ne se repr\u00e9sente plus.<\/p>\n


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Cet espoir de retrouver go\u00fbt \u00e0 la lecture lui tomba dessus comme la gr\u00e2ce. Qu’allait-il en faire lui qui dans chaque espoir d\u00e9celait d\u00e9j\u00e0 les pr\u00e9misses d’une deception \u00e0 venir.<\/p>\n


\n

Donc le mot propri\u00e9t\u00e9 revient par la bande. C’est \u00e0 dire que tu lis un livre, tu le lis parfois plusieurs fois, tu t’en impr\u00e8gnes et \u00e0 la fin de voici \u00e9trangement devenu son propri\u00e9taire <\/em>. Je ne parle pas de placer le livre sur l’\u00e9tag\u00e8re de la biblioth\u00e8que, \u00e9videmment. Je parle de cette sorte d’avidit\u00e9 incroyable au fond de soi qui s’accapare le monde de toutes les mani\u00e8res dont on peut imaginer que le monde se pr\u00e9sente \u00e0 soi. Que ce soit une rue que l’on arpente \u00e0 p\u00e9riode r\u00e9guli\u00e8re et dont on fait sa famil\u00e8re, comme jadis on parlait de favorite. Que ce soit les fleurs du jardin que l’on arrose le matin pour qu’elles ne d\u00e9p\u00e9rissent pas trop vite. Que ce soit les livres que l’on lit et dans lesquels parfois on se reconna\u00eet plus ou moins.<\/p>\n


\n

L’id\u00e9e d’\u00eatre assist\u00e9 pour respirer. Par une machine. L’agacement soudain s’additionne \u00e0 la chaleur, se cumule, s’amplifie. Vers 23h j’arrache le masque. C’est \u00e0 dire que le confort au bout d’un moment m’est tout aussi insupportable que tout le reste.\nC’est \u00e0 ce moment, ne parvenant plus \u00e0 dormir que j’ouvre les Nouvelles Compl\u00e8tes de Conrad, chez Quarto. Je n’avais jamais lu la pr\u00e9face de Jacques Darras. Il \u00e9voque la pr\u00e9sence de Rimbaud et de Jozef Konrad Korzeniowski au m\u00eame moment \u00e0 Marseille, en 1875. Et surtout cet attrait des deux jeunes hommes pour les langues \u00e9trang\u00e8res notamment l’anglais et le fran\u00e7ais pour le jeune polonais. « L’oreille devient organe majeur, les recherches linguistiques saussuriennes sont proches d’une formulation th\u00e9orique ».<\/p>\n

Hier encore je m’interrogeai sur l’utilit\u00e9 d’un r\u00e9cit de voyage et aussit\u00f4t que je lis ces pages ce sont les noms de lieux qui attirent l’oeil. <\/p>\n

l’\u00eele de Bangka au nord de Sumatra\nSemarang\nSingapour et Born\u00e9o\nAden\nKinshasa \nStanley Falls<\/p>\n

Harar <\/p>\n

L’h\u00f4pital de la Conception \u00e0 Marseille.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " \u00c0 droite de l'\u00e9cran se dresse d'abord un mur vert perc\u00e9 d'une fen\u00eatre grande ouverte en raison de la chaleur que l'on cherche \u00e0 expulser pour la remplacer par la fra\u00eecheur matinale. Consid\u00e9rations climatiques futiles qui m'auront \u00e9chapp\u00e9es puisque j'\u00e9tais parti pour d\u00e9crire les lieux. Mais j'y reviendrai peut-\u00eatre. Sur le climat. Donc, nous avons une fen\u00eatre de forme rectangulaire, il est rare par ici de voir des fen\u00eatres carr\u00e9es. Les rondes ou en losange sont encore plus rares. Ici aussi je crois qu'on pourra se passer de la g\u00e9om\u00e9trie. Au-del\u00e0 de la fen\u00eatre, un mur qui monte jusqu'\u00e0 une ligne taill\u00e9e en biseau, et qui est tout simplement le fait soulign\u00e9 d'une ombre encore plus noire que la p\u00e9nombre. Si l'on veut laisser l'\u0153il s'\u00e9lever encore on peut avoir un triangle de ciel gris bleu dans la partie sup\u00e9rieure de la fen\u00eatre. Avec peut-\u00eatre une l\u00e9g\u00e8re nuance purpurine. Description qui n'est que l'\u00e9cho d'une page lue ce matin. Ce qui me fait penser \u00e0 Laurent Mauvignier quand on lui demande quels sont les auteurs qui l'ont inspir\u00e9. Il parle de cet \u00e9cho chez d'autres auteurs d'un quelque chose qu'il cherche \u00e0 dire. Est-ce cela l'inspiration, je ne sais pas. Peut-\u00eatre que \u00e7a parle de solipsisme prometteur plut\u00f4t. Comme si \u00e0 la lecture on avait franchi un mur. On aurait d\u00e9couvert cette perc\u00e9e, cette fen\u00eatre que j'\u00e9voque au d\u00e9but, on passerait par celle-ci et l'on se retrouverait dans un jardin, dans une ville, dans ce que l'on voudra, une biblioth\u00e8que. La seule chose dont on ne pourrait plus douter c'est que c'est \u00e0 soi de s'occuper des lieux. Car pas de jardinier ici, pas d'\u00e9boueur pour ramasser les ordures, pas de biblioth\u00e9caire pour \u00e9pousseter les ouvrages, balayer les sols. Tout nous appartiendrait, d'accord. Mais nous serions les seuls responsables \u00e0 la fois des merveilles qu'on y trouve comme des d\u00e9g\u00e2ts qu'on y cause. Une id\u00e9e fugace passe, laisse-la passer, ne la retiens pas. Patience. Si elle revient une seconde fois note qu'elle se repr\u00e9sente avec un l\u00e9ger \u00e9tonnement. Mais laisse-la passer encore. La troisi\u00e8me fois cependant note-la car il y a de grandes chances qu'elle ne se repr\u00e9sente plus. Cet espoir de retrouver go\u00fbt \u00e0 la lecture lui tomba dessus comme la gr\u00e2ce. Qu'allait-il en faire lui qui dans chaque espoir d\u00e9celait d\u00e9j\u00e0 les pr\u00e9misses d'une deception \u00e0 venir. Donc le mot propri\u00e9t\u00e9 revient par la bande. C'est \u00e0 dire que tu lis un livre, tu le lis parfois plusieurs fois, tu t'en impr\u00e8gnes et \u00e0 la fin de voici \u00e9trangement devenu son * propri\u00e9taire *. Je ne parle pas de placer le livre sur l'\u00e9tag\u00e8re de la biblioth\u00e8que, \u00e9videmment. Je parle de cette sorte d'avidit\u00e9 incroyable au fond de soi qui s'accapare le monde de toutes les mani\u00e8res dont on peut imaginer que le monde se pr\u00e9sente \u00e0 soi. Que ce soit une rue que l'on arpente \u00e0 p\u00e9riode r\u00e9guli\u00e8re et dont on fait sa famil\u00e8re, comme jadis on parlait de favorite. Que ce soit les fleurs du jardin que l'on arrose le matin pour qu'elles ne d\u00e9p\u00e9rissent pas trop vite. Que ce soit les livres que l'on lit et dans lesquels parfois on se reconna\u00eet plus ou moins. L'id\u00e9e d'\u00eatre assist\u00e9 pour respirer. Par une machine. L'agacement soudain s'additionne \u00e0 la chaleur, se cumule, s'amplifie. Vers 23h j'arrache le masque. C'est \u00e0 dire que le confort au bout d'un moment m'est tout aussi insupportable que tout le reste. C'est \u00e0 ce moment, ne parvenant plus \u00e0 dormir que j'ouvre les Nouvelles Compl\u00e8tes de Conrad, chez Quarto. Je n'avais jamais lu la pr\u00e9face de Jacques Darras. Il \u00e9voque la pr\u00e9sence de Rimbaud et de Jozef Konrad Korzeniowski au m\u00eame moment \u00e0 Marseille, en 1875. Et surtout cet attrait des deux jeunes hommes pour les langues \u00e9trang\u00e8res notamment l'anglais et le fran\u00e7ais pour le jeune polonais. \"L'oreille devient organe majeur, les recherches linguistiques saussuriennes sont proches d'une formulation th\u00e9orique\". Hier encore je m'interrogeai sur l'utilit\u00e9 d'un r\u00e9cit de voyage et aussit\u00f4t que je lis ces pages ce sont les noms de lieux qui attirent l'oeil. l'\u00eele de Bangka au nord de Sumatra Semarang Singapour et Born\u00e9o Aden Kinshasa Stanley Falls Harar L'h\u00f4pital de la Conception \u00e0 Marseille. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img234.jpg?1751086300", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires", "Autofiction et Introspection", "r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-juin-2025.html", "title": "27 juin 2025", "date_published": "2025-06-27T06:13:01Z", "date_modified": "2025-06-27T06:14:05Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Relu quelques textes de 2019. Notamment ce r\u00e9cit d’un voyage Quetta-Karachi effectu\u00e9 en 1986, relat\u00e9 en novembre 2019 durant l’\u00e9poque des confinements.\nLa premi\u00e8re id\u00e9e : corriger le texte, l’am\u00e9liorer. Quelque chose me tarabuste. \u00c7a ressemble \u00e0 un r\u00e9cit qui se donnerait pour objectif de relater une sorte de v\u00e9rit\u00e9 des faits. Mais assez vite, ce n’est pas le doute concernant les faits qui me d\u00e9range — c’est un doute sur la narration m\u00eame, sa raison d’\u00eatre.\nJ’imagine que c’est parce que ce voyage, je ne l’ai jamais men\u00e9 au bout. L’h\u00e9patite attrap\u00e9e, le rapatriement, le trait tir\u00e9 sur ce grand reportage, sur ces r\u00eaves d’autrefois. Devenir grand reporter, grand photographe, grand. Devenir grand tout simplement.\nCar c’\u00e9tait effarant de comprendre \u00e0 26 ans qu’on est encore un enfant. C’est une honte. Qu’est-ce qu’on a fait ou pas fait pour m\u00e9riter \u00e7a ? Alors on remet toute l’existence en question, \u00e0 commencer par la sienne. Partir vers l’inconnu. Partir vers le pire, la guerre.\nAvec le recul : il n’y a qu’un gamin pour oser \u00e7a. Puisqu’il faut passer par le pire du pire pour \u00eatre un homme, selon les traditions rapport\u00e9es. Selon les mod\u00e8les impos\u00e9s. A-t-on les moyens de remettre en question ces mod\u00e8les ? Ce serait la premi\u00e8re mission de la jeunesse justement : douter, inventer autre chose.\nMais je me rends compte qu’on invente probablement des versions du m\u00eame. Une sorte de clonage d’un m\u00e9canisme qui date de l’\u00e9poque des chasseurs-cueilleurs. Une chasse au tigre \u00e0 dents de sabre. Tu ram\u00e8nes une dent en pendentif, te voil\u00e0 un homme. Et ensuite tu raconteras tes exploits — ou tu verras ceux-ci se transformer d’abord dans ton propre cr\u00e2ne, puis s’amplifier dans la communaut\u00e9, devenir une sorte de l\u00e9gende.\nEst-ce vraiment \u00e7a que tu voulais \u00e0 26 ans ? Pas s\u00fbr que ce soit si simple.\nTu voulais faire quelque chose de ta vie. D\u00e9j\u00e0 l’id\u00e9e de repartir de z\u00e9ro te tenaillait. Tout ce que tu fais n’est pas suffisant. Ne l’est jamais. Quelque chose ou quelqu’un te regarde. Tu es un acteur qui joue sur une sc\u00e8ne de th\u00e9\u00e2tre devant ce quelque chose, ce quelqu’un. Tu en es un peu conscient. C’est peut-\u00eatre un peu toi aussi, le spectateur.\nC’est celui qui se raconte une histoire, qui ne sait pas encore qu’il se trompe en se prenant pour un photographe. En fait, il est d\u00e9j\u00e0 \u00e9crivain. Il \u00e9crit d\u00e9j\u00e0 avant d’\u00e9crire, comme dirait Blanchot.\nEt oui. Une petite erreur de casting qui va d\u00e9clencher toute une s\u00e9rie de bourdes, de catastrophes \u00e0 venir.<\/p>\n


\nIl avait dit 16h, il est arriv\u00e9 \u00e0 16h. L’homme apportant la machine. La machine cens\u00e9e pallier l’apn\u00e9e, am\u00e9liorer la qualit\u00e9 du sommeil.\nIl est sympathique. Il prend le temps d’expliquer dans le d\u00e9tail, tr\u00e8s p\u00e9dagogue. Ses ongles sont bien taill\u00e9s, ses cheveux sont bien taill\u00e9s, sa barbe est bien taill\u00e9e. Son ton est parfaitement mesur\u00e9 — \u00e0 la fois empathique, professionnel, pas un mot plus haut que l’autre — et tout \u00e7a avec le sourire.\nLa machine n’est pas tr\u00e8s imposante. Moins que ce que j’avais imagin\u00e9. C’est surtout le tuyau blanc et le masque. Je me demande comment je vais pouvoir dormir avec \u00e7a sur le visage.\nIl y a m\u00eame un aspect pratique \u00e0 la visite : il me fait d\u00e9monter-remonter les diff\u00e9rentes pi\u00e8ces de la b\u00e9cane. J’ai l’impression de me retrouver face \u00e0 une arme. Tout juste si je ne ferme pas les yeux. « Une minute pour d\u00e9monter-remonter, allez, et on essaie de s’am\u00e9liorer. » Mais non : « Prenez votre temps, et si vous voulez je peux vous remontrer, prenez votre temps. »\nPanique. Il a diagnostiqu\u00e9 ma faille tellement vite. Ne pas vouloir \u00eatre pris en d\u00e9faut. \u00catre capable de. Ne pas d\u00e9voiler ma gigantesque inaptitude \u00e0 \u00eatre ou \u00e0 vivre.\n« Et si on faisait un essai pour de vrai, allong\u00e9 ? » me dit-il. Je dis oui. Et d’aller m’allonger sur le canap\u00e9 du salon, ainsi affubl\u00e9 de ce masque reli\u00e9 \u00e0 cette machine pos\u00e9e sur la table basse, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du puzzle de 1000 pi\u00e8ces que termine S.\nOn ne se rend pas compte \u00e0 quel point nous traversons des sc\u00e8nes \u00e9tranges, surr\u00e9alistes. L’encha\u00eenement des faits vers des buts invent\u00e9s nous semble si normal.\nBref, je m’allonge. Je ne sens rien au d\u00e9but. Impression de respirer tout \u00e0 fait normalement. C’est quand je le dis — « C’est dr\u00f4le, je ne sens rien, j’ai l’impression de res... pir... rer... nor... ma... le... ment » — que je comprends qu’il se passe quelque chose d’\u00e9trange.\nLe type se marre. « Et oui, vous verrez, on s’habitue. J’ai des clients qui arrivent \u00e0 parler en m\u00eame temps, avec un peu d’entra\u00eenement. Je vous laisse exp\u00e9rimenter, je vais remplir les papiers en attendant. »\nEn vrai, je me sens bien. J’ai presque envie de me laisser aller, de m’endormir. Mais au bout de deux minutes, \u00e7a suffit : et si je m’endormais vraiment ? J’aurais l’air fin. Je me rel\u00e8ve, retire le masque qui \u00e9met un chuintement de m\u00e9contentement. J’appuie sur le bouton on\/off.\nJ’arrive en disant : « Bon, ce n’est pas la mer \u00e0 boire. »\nOn prend rendez-vous pour dans une semaine et il repart. Ce type fait tout l’Is\u00e8re et un peu de la Dr\u00f4me aussi. \u00c7a fait de la route. Que peut-il y avoir derri\u00e8re son masque d’amabilit\u00e9 ? Peut-\u00eatre de l’amabilit\u00e9 seulement.\n
\nAm\u00e9lioration du squelette de compilation mensuelle. D\u00e9sormais il y a un bouton et une liste de choix pour cr\u00e9er un article SPIP ou un fichier markdown \u00e0 t\u00e9l\u00e9charger. Pour le moment, r\u00e9serv\u00e9 seulement \u00e0 la partie priv\u00e9e du site — la rubrique d’archivage restant invisible au public.\nCe qui fait d\u00e9sormais un outil vraiment pertinent pour repasser de nombreux textes \u00e0 la moulinette. J’ai m\u00eame pr\u00e9vu un versioning : version 2, version 3, etc. M\u00eame si je versionnais une fois par jour un seul texte, je ne vivrai pas assez longtemps pour \u00e9puiser les possibilit\u00e9s de stockage de la base de donn\u00e9es.\nCe qui signifie que je devrai me contraindre \u00e0 deux ou trois versions maximum et \u00e9taler dans le temps, pourquoi pas. Rien ne presse. Se dire que tout \u00e7a ne prendra sens qu’apr\u00e8s. Longtemps apr\u00e8s, sans doute. Apr\u00e8s moi.\n<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " Relu quelques textes de 2019. Notamment ce r\u00e9cit d'un voyage Quetta-Karachi effectu\u00e9 en 1986, relat\u00e9 en novembre 2019 durant l'\u00e9poque des confinements. La premi\u00e8re id\u00e9e : corriger le texte, l'am\u00e9liorer. Quelque chose me tarabuste. \u00c7a ressemble \u00e0 un r\u00e9cit qui se donnerait pour objectif de relater une sorte de v\u00e9rit\u00e9 des faits. Mais assez vite, ce n'est pas le doute concernant les faits qui me d\u00e9range \u2014 c'est un doute sur la narration m\u00eame, sa raison d'\u00eatre. J'imagine que c'est parce que ce voyage, je ne l'ai jamais men\u00e9 au bout. L'h\u00e9patite attrap\u00e9e, le rapatriement, le trait tir\u00e9 sur ce grand reportage, sur ces r\u00eaves d'autrefois. Devenir grand reporter, grand photographe, grand. Devenir grand tout simplement. Car c'\u00e9tait effarant de comprendre \u00e0 26 ans qu'on est encore un enfant. C'est une honte. Qu'est-ce qu'on a fait ou pas fait pour m\u00e9riter \u00e7a ? Alors on remet toute l'existence en question, \u00e0 commencer par la sienne. Partir vers l'inconnu. Partir vers le pire, la guerre. Avec le recul : il n'y a qu'un gamin pour oser \u00e7a. Puisqu'il faut passer par le pire du pire pour \u00eatre un homme, selon les traditions rapport\u00e9es. Selon les mod\u00e8les impos\u00e9s. A-t-on les moyens de remettre en question ces mod\u00e8les ? Ce serait la premi\u00e8re mission de la jeunesse justement : douter, inventer autre chose. Mais je me rends compte qu'on invente probablement des versions du m\u00eame. Une sorte de clonage d'un m\u00e9canisme qui date de l'\u00e9poque des chasseurs-cueilleurs. Une chasse au tigre \u00e0 dents de sabre. Tu ram\u00e8nes une dent en pendentif, te voil\u00e0 un homme. Et ensuite tu raconteras tes exploits \u2014 ou tu verras ceux-ci se transformer d'abord dans ton propre cr\u00e2ne, puis s'amplifier dans la communaut\u00e9, devenir une sorte de l\u00e9gende. Est-ce vraiment \u00e7a que tu voulais \u00e0 26 ans ? Pas s\u00fbr que ce soit si simple. Tu voulais faire quelque chose de ta vie. D\u00e9j\u00e0 l'id\u00e9e de repartir de z\u00e9ro te tenaillait. Tout ce que tu fais n'est pas suffisant. Ne l'est jamais. Quelque chose ou quelqu'un te regarde. Tu es un acteur qui joue sur une sc\u00e8ne de th\u00e9\u00e2tre devant ce quelque chose, ce quelqu'un. Tu en es un peu conscient. C'est peut-\u00eatre un peu toi aussi, le spectateur. C'est celui qui se raconte une histoire, qui ne sait pas encore qu'il se trompe en se prenant pour un photographe. En fait, il est d\u00e9j\u00e0 \u00e9crivain. Il \u00e9crit d\u00e9j\u00e0 avant d'\u00e9crire, comme dirait Blanchot. Et oui. Une petite erreur de casting qui va d\u00e9clencher toute une s\u00e9rie de bourdes, de catastrophes \u00e0 venir. Il avait dit 16h, il est arriv\u00e9 \u00e0 16h. L'homme apportant la machine. La machine cens\u00e9e pallier l'apn\u00e9e, am\u00e9liorer la qualit\u00e9 du sommeil. Il est sympathique. Il prend le temps d'expliquer dans le d\u00e9tail, tr\u00e8s p\u00e9dagogue. Ses ongles sont bien taill\u00e9s, ses cheveux sont bien taill\u00e9s, sa barbe est bien taill\u00e9e. Son ton est parfaitement mesur\u00e9 \u2014 \u00e0 la fois empathique, professionnel, pas un mot plus haut que l'autre \u2014 et tout \u00e7a avec le sourire. La machine n'est pas tr\u00e8s imposante. Moins que ce que j'avais imagin\u00e9. C'est surtout le tuyau blanc et le masque. Je me demande comment je vais pouvoir dormir avec \u00e7a sur le visage. Il y a m\u00eame un aspect pratique \u00e0 la visite : il me fait d\u00e9monter-remonter les diff\u00e9rentes pi\u00e8ces de la b\u00e9cane. J'ai l'impression de me retrouver face \u00e0 une arme. Tout juste si je ne ferme pas les yeux. \"Une minute pour d\u00e9monter-remonter, allez, et on essaie de s'am\u00e9liorer.\" Mais non : \"Prenez votre temps, et si vous voulez je peux vous remontrer, prenez votre temps.\" Panique. Il a diagnostiqu\u00e9 ma faille tellement vite. Ne pas vouloir \u00eatre pris en d\u00e9faut. \u00catre capable de. Ne pas d\u00e9voiler ma gigantesque inaptitude \u00e0 \u00eatre ou \u00e0 vivre. \"Et si on faisait un essai pour de vrai, allong\u00e9 ?\" me dit-il. Je dis oui. Et d'aller m'allonger sur le canap\u00e9 du salon, ainsi affubl\u00e9 de ce masque reli\u00e9 \u00e0 cette machine pos\u00e9e sur la table basse, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du puzzle de 1000 pi\u00e8ces que termine S. On ne se rend pas compte \u00e0 quel point nous traversons des sc\u00e8nes \u00e9tranges, surr\u00e9alistes. L'encha\u00eenement des faits vers des buts invent\u00e9s nous semble si normal. Bref, je m'allonge. Je ne sens rien au d\u00e9but. Impression de respirer tout \u00e0 fait normalement. C'est quand je le dis \u2014 \"C'est dr\u00f4le, je ne sens rien, j'ai l'impression de res... pir... rer... nor... ma... le... ment\" \u2014 que je comprends qu'il se passe quelque chose d'\u00e9trange. Le type se marre. \"Et oui, vous verrez, on s'habitue. J'ai des clients qui arrivent \u00e0 parler en m\u00eame temps, avec un peu d'entra\u00eenement. Je vous laisse exp\u00e9rimenter, je vais remplir les papiers en attendant.\" En vrai, je me sens bien. J'ai presque envie de me laisser aller, de m'endormir. Mais au bout de deux minutes, \u00e7a suffit : et si je m'endormais vraiment ? J'aurais l'air fin. Je me rel\u00e8ve, retire le masque qui \u00e9met un chuintement de m\u00e9contentement. J'appuie sur le bouton on\/off. J'arrive en disant : \"Bon, ce n'est pas la mer \u00e0 boire.\" On prend rendez-vous pour dans une semaine et il repart. Ce type fait tout l'Is\u00e8re et un peu de la Dr\u00f4me aussi. \u00c7a fait de la route. Que peut-il y avoir derri\u00e8re son masque d'amabilit\u00e9 ? Peut-\u00eatre de l'amabilit\u00e9 seulement. Am\u00e9lioration du squelette de compilation mensuelle. D\u00e9sormais il y a un bouton et une liste de choix pour cr\u00e9er un article SPIP ou un fichier markdown \u00e0 t\u00e9l\u00e9charger. Pour le moment, r\u00e9serv\u00e9 seulement \u00e0 la partie priv\u00e9e du site \u2014 la rubrique d'archivage restant invisible au public. Ce qui fait d\u00e9sormais un outil vraiment pertinent pour repasser de nombreux textes \u00e0 la moulinette. J'ai m\u00eame pr\u00e9vu un versioning : version 2, version 3, etc. M\u00eame si je versionnais une fois par jour un seul texte, je ne vivrai pas assez longtemps pour \u00e9puiser les possibilit\u00e9s de stockage de la base de donn\u00e9es. Ce qui signifie que je devrai me contraindre \u00e0 deux ou trois versions maximum et \u00e9taler dans le temps, pourquoi pas. Rien ne presse. Se dire que tout \u00e7a ne prendra sens qu'apr\u00e8s. Longtemps apr\u00e8s, sans doute. Apr\u00e8s moi. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/2025-04-09-0055_web.jpg?1751004796", "tags": ["Autofiction et Introspection", "Technologies et Postmodernit\u00e9"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/26-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/26-juin-2025.html", "title": "26 juin 2025", "date_published": "2025-06-26T07:35:43Z", "date_modified": "2025-06-26T07:36:07Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

J’ai rassembl\u00e9 sous forme de tutoriels tout ce que S. ne cesse de me demander. Comment fait-on pour ceci, pour cela. Comment fait-on cela pour ceci. Cela fait des ann\u00e9es. Ce doit \u00eatre un jeu. Donc j’ai cr\u00e9\u00e9 deux parties au site local que j’ai intitul\u00e9 « maison ». D’une part 40 ans de photographies. Que je nourris peu \u00e0 peu en creusant dans mes vieilles sauvegardes et dans mes cartons de n\u00e9gatifs \u00e0 scanner. D’autre part « les comment faire ceci comme faire cela. »\nD\u00e9couverte de taille concernant les images dans SPIP. Plus besoin d’utiliser le code <docxxx|center><\/tt>ou left ou right. En utilisant le plugin portfolio, une lightbox et un script js il suffit simplement de t\u00e9l\u00e9charger les images dans l’article et le squelette fait le reste pour les albums. A exploiter pour le dibbouk ? \u00e7a voudrait dire aller farfouiller dans les tables pour tout remettre d’\u00e9querre. Gros boulot. \nEn parlant de tables, d\u00e9couverte que les soucis avec la console Google pouvait aussi venir des plugins statistiques. J’ai donc d\u00e9sactiv\u00e9 deux plugins dont je me servais pour analyser la granularit\u00e9 des visites par objet \u00e9ditorial. En revanche oblig\u00e9 de placer deux lignes de code suppl\u00e9mentaire dans mes_options.php car le plugin statistique fait d\u00e9sormais partie de l’installation dans les derni\u00e8res versions et il est verrouill\u00e9. \nJ’en ai aussi profit\u00e9 pour refaire des test d’url mais \u00e7a devient un vrai casse-t\u00eate avec cette chaleur. Du coup j’ai supprim\u00e9 quelque lignes dans le robot.txt j’ai relanc\u00e9 l’analyse apr\u00e8s correctif sur la G.S.C. Il faut attendre au minimum 24h pour les changements soient pris en compte.\nSur le site local maison, ajout\u00e9 quelques scripts sh pour me rafra\u00eechir la m\u00e9moire lorsqu’il s’agit de retailler des images trop volumineuses. me suis fait aussi quelques tutos persos notamment pour le param\u00eatrage de Tailwind CSS et qui m’a donn\u00e9 un peu de fil \u00e0 tordre. A noter le plaisir sauvage presque d’effectuer une recherche de documents, de les trier, ranger, classer par type, par ann\u00e9e, par mois. Sur une page sp\u00e9ciale not\u00e9 aussi tous les codes utiles. Que ce soit ceux des sites importants, banques, imp\u00f4ts, s\u00e9curit\u00e9 sociale, mutuelle, etc. Tout \u00e7a en me souvenant du d\u00e9sespoir de mon p\u00e8re lorsque ma m\u00e8re nous quitta. C’est \u00e0 ce moment que je compris que c’\u00e9tait elle qui supportait la partie administrative de la maison. Comme \u00e0 son habitude lui faisait semblant, ce qui se manifestait par un « je vais aller voir un tel une telle dans telle ou telle administration. L\u00e0 je demanderai le responsable et nous verrons de quel bois il se chauffe. » Alors que franchement la maison \u00e9tait \u00e9quip\u00e9e de ces vieux grille-pains dont l’utilisation devint avec le temps tellement catastrophique sur le plan p\u00e9cuniaire qu’il finit par vivre dans seulement deux pi\u00e8ces de la maison.\nCe que je veux me rappeler c’est que l’on peut tout \u00e0 fait dispara\u00eetre ainsi, du jour au lendemain et que c’est d\u00e9j\u00e0 assez difficile pour les autres qu’il ne sert \u00e0 rien d’ajouter du d\u00e9sordre au chagrin.\nD’ailleurs c’est une sorte de chose que je tra\u00eene depuis des lustres au fond de ma pens\u00e9e. Mon petit vieux quand tu te mettras s\u00e9rieusement \u00e0 ranger, ce sera la fin des haricots. C’est ce que je me suis toujours dit en vrai. Sans doute la v\u00e9ritable raison pour laquelle je ne range en principe rien, que je vis dans un d\u00e9sordre perp\u00e9tuel, signe personnel de bonne sant\u00e9.\nJ’ai cess\u00e9 de partager mes articles sur les r\u00e9seaux sociaux depuis une bonne semaine. Je me suis assis pour prendre mon propre pouls. Alors \u00e7a fait quoi. Rien absolument rien. En tous cas \u00e7a n’entrave pas le rythme des publications sur le site, j’ai m\u00eame la sensation que je me concentre encore mieux sachant que nul ne lira mes soliloques.\nEncore travaill\u00e9 une bonne partie de la journ\u00e9e d’hier sur la commande de tableau. Comme je le pr\u00e9voyais \u00e7a ne sera pas simple. L’un pr\u00e9f\u00e8re ceci l’autre trouvant que finalement cela n’est pas mal non plus. Du coup je fais comme d’habitude, je ne me fie qu’\u00e0 moi-m\u00eame pour avancer. Il faudrait que \u00e7a ne dure pas trop longtemps tout de m\u00eame. La somme est plus qu’attendue pour nous remettre \u00e0 flot.\nLa chaleur est infernale. Aper\u00e7u la taille des gr\u00ealons re\u00e7us par certaines r\u00e9gions tout autour de chez nous. Et vu aussi les \u00e9v\u00e9nements catastrophiques en Chine, les inondations. Jusqu’\u00e0 quel point peut-on penser que ces \u00e9l\u00e9ments sont v\u00e9ritablement naturels. On peut imaginer \u00e0 peu pr\u00e8s tout et son contraire d\u00e9sormais. Ce qui nourrit l’imagination finalement.\nM. et C. passeront la semaine prochaine, ils dormiront \u00e0 la maison et repartiront vers leur vill\u00e9giature le lendemain. Que va-t-on faire pour le repas, de la salade et des frites ont-ils d\u00e9clar\u00e9, pas de viande. Quand je dis que nous vivons une \u00e9poque bizarre.\nQu’est-ce que je pourrais ajouter de sp\u00e9cial pour que si d’aventure je me relisais je me souvienne parfaitement de cette journ\u00e9e ? La couleur verte de la menthe en pot aper\u00e7ue depuis la fen\u00eatre de la cuisine. Un vert tellement tendre. <\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " J'ai rassembl\u00e9 sous forme de tutoriels tout ce que S. ne cesse de me demander. Comment fait-on pour ceci, pour cela. Comment fait-on cela pour ceci. Cela fait des ann\u00e9es. Ce doit \u00eatre un jeu. Donc j'ai cr\u00e9\u00e9 deux parties au site local que j'ai intitul\u00e9 \"maison\". D'une part 40 ans de photographies. Que je nourris peu \u00e0 peu en creusant dans mes vieilles sauvegardes et dans mes cartons de n\u00e9gatifs \u00e0 scanner. D'autre part \"les comment faire ceci comme faire cela.\" D\u00e9couverte de taille concernant les images dans SPIP. Plus besoin d'utiliser le code ou left ou right. En utilisant le plugin portfolio, une lightbox et un script js il suffit simplement de t\u00e9l\u00e9charger les images dans l'article et le squelette fait le reste pour les albums. A exploiter pour le dibbouk ? \u00e7a voudrait dire aller farfouiller dans les tables pour tout remettre d'\u00e9querre. Gros boulot. En parlant de tables, d\u00e9couverte que les soucis avec la console Google pouvait aussi venir des plugins statistiques. J'ai donc d\u00e9sactiv\u00e9 deux plugins dont je me servais pour analyser la granularit\u00e9 des visites par objet \u00e9ditorial. En revanche oblig\u00e9 de placer deux lignes de code suppl\u00e9mentaire dans mes_options.php car le plugin statistique fait d\u00e9sormais partie de l'installation dans les derni\u00e8res versions et il est verrouill\u00e9. J'en ai aussi profit\u00e9 pour refaire des test d'url mais \u00e7a devient un vrai casse-t\u00eate avec cette chaleur. Du coup j'ai supprim\u00e9 quelque lignes dans le robot.txt j'ai relanc\u00e9 l'analyse apr\u00e8s correctif sur la G.S.C. Il faut attendre au minimum 24h pour les changements soient pris en compte. Sur le site local maison, ajout\u00e9 quelques scripts sh pour me rafra\u00eechir la m\u00e9moire lorsqu'il s'agit de retailler des images trop volumineuses. me suis fait aussi quelques tutos persos notamment pour le param\u00eatrage de Tailwind CSS et qui m'a donn\u00e9 un peu de fil \u00e0 tordre. A noter le plaisir sauvage presque d'effectuer une recherche de documents, de les trier, ranger, classer par type, par ann\u00e9e, par mois. Sur une page sp\u00e9ciale not\u00e9 aussi tous les codes utiles. Que ce soit ceux des sites importants, banques, imp\u00f4ts, s\u00e9curit\u00e9 sociale, mutuelle, etc. Tout \u00e7a en me souvenant du d\u00e9sespoir de mon p\u00e8re lorsque ma m\u00e8re nous quitta. C'est \u00e0 ce moment que je compris que c'\u00e9tait elle qui supportait la partie administrative de la maison. Comme \u00e0 son habitude lui faisait semblant, ce qui se manifestait par un \"je vais aller voir un tel une telle dans telle ou telle administration. L\u00e0 je demanderai le responsable et nous verrons de quel bois il se chauffe.\" Alors que franchement la maison \u00e9tait \u00e9quip\u00e9e de ces vieux grille-pains dont l'utilisation devint avec le temps tellement catastrophique sur le plan p\u00e9cuniaire qu'il finit par vivre dans seulement deux pi\u00e8ces de la maison. Ce que je veux me rappeler c'est que l'on peut tout \u00e0 fait dispara\u00eetre ainsi, du jour au lendemain et que c'est d\u00e9j\u00e0 assez difficile pour les autres qu'il ne sert \u00e0 rien d'ajouter du d\u00e9sordre au chagrin. D'ailleurs c'est une sorte de chose que je tra\u00eene depuis des lustres au fond de ma pens\u00e9e. Mon petit vieux quand tu te mettras s\u00e9rieusement \u00e0 ranger, ce sera la fin des haricots. C'est ce que je me suis toujours dit en vrai. Sans doute la v\u00e9ritable raison pour laquelle je ne range en principe rien, que je vis dans un d\u00e9sordre perp\u00e9tuel, signe personnel de bonne sant\u00e9. J'ai cess\u00e9 de partager mes articles sur les r\u00e9seaux sociaux depuis une bonne semaine. Je me suis assis pour prendre mon propre pouls. Alors \u00e7a fait quoi. Rien absolument rien. En tous cas \u00e7a n'entrave pas le rythme des publications sur le site, j'ai m\u00eame la sensation que je me concentre encore mieux sachant que nul ne lira mes soliloques. Encore travaill\u00e9 une bonne partie de la journ\u00e9e d'hier sur la commande de tableau. Comme je le pr\u00e9voyais \u00e7a ne sera pas simple. L'un pr\u00e9f\u00e8re ceci l'autre trouvant que finalement cela n'est pas mal non plus. Du coup je fais comme d'habitude, je ne me fie qu'\u00e0 moi-m\u00eame pour avancer. Il faudrait que \u00e7a ne dure pas trop longtemps tout de m\u00eame. La somme est plus qu'attendue pour nous remettre \u00e0 flot. La chaleur est infernale. Aper\u00e7u la taille des gr\u00ealons re\u00e7us par certaines r\u00e9gions tout autour de chez nous. Et vu aussi les \u00e9v\u00e9nements catastrophiques en Chine, les inondations. Jusqu'\u00e0 quel point peut-on penser que ces \u00e9l\u00e9ments sont v\u00e9ritablement naturels. On peut imaginer \u00e0 peu pr\u00e8s tout et son contraire d\u00e9sormais. Ce qui nourrit l'imagination finalement. M. et C. passeront la semaine prochaine, ils dormiront \u00e0 la maison et repartiront vers leur vill\u00e9giature le lendemain. Que va-t-on faire pour le repas, de la salade et des frites ont-ils d\u00e9clar\u00e9, pas de viande. Quand je dis que nous vivons une \u00e9poque bizarre. Qu'est-ce que je pourrais ajouter de sp\u00e9cial pour que si d'aventure je me relisais je me souvienne parfaitement de cette journ\u00e9e ? La couleur verte de la menthe en pot aper\u00e7ue depuis la fen\u00eatre de la cuisine. Un vert tellement tendre. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/hamburg-1980-web_web.jpg?1750923340", "tags": ["Technologies et Postmodernit\u00e9", "relev\u00e9"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-juin-2025.html", "title": "25 juin 2025", "date_published": "2025-06-25T04:11:50Z", "date_modified": "2025-06-25T04:19:01Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Vivre sans peur et sans d\u00e9sir. Voil\u00e0 \u00e0 peu pr\u00e8s le tableau. S’habituer au manque afin que rien ne nous manque. Une mythridatisation. Avoir satisfait les d\u00e9sirs les plus bas, de nombreuses fois. Ces venins b\u00e9nins. Sans doute pas non plus les plus triviaux. Des d\u00e9sirs assez ordinaires, des d\u00e9sirs faciles. Puis d\u00e9cr\u00e9ter — quel ennui —, avec ce petit air suffisant. Peut-\u00eatre est-ce une astuce finalement. Les r\u00eaves n’en reviennent que mieux \u00e0 la charge durant la nuit. Les cauchemars \u00e9galement. Les uns ne pouvant \u00eatre sans les autres. Une part enfouie, tr\u00e8s enfantine la nuit.<\/p>\n

L’enfant serait-il l’unique personnage, le d\u00e9miurge fabriquant ses cr\u00e9atures ? Et la derni\u00e8re \u00e9tape serait-elle d’ouvrir en grand les yeux et de s’apercevoir qu’il ne s’agit pas de la nuit mais du n\u00e9ant ?<\/p>\n

Que resterait-il encore comme solution ? Contre quoi luttes-tu vraiment ? L’ennui de l’ennui, l’habitude d’\u00eatre toi, la fatigue des r\u00e9p\u00e9titions incessantes, les murs du labyrinthe, les pancartes « sortie » qui ne sont que des voies sans issue.<\/p>\n

\u00c9galisation. \u00c7a pourrait rappeler \u00e9galit\u00e9 mais c’en est loin. Qui \u00e9galise, qui se retrouve \u00e9galis\u00e9 sans le vouloir, sans rien demander ? La libert\u00e9 des uns commence d\u00e9sormais o\u00f9 s’ach\u00e8ve celle des autres. Quant \u00e0 la fraternit\u00e9, on a invent\u00e9 la pudeur afin d’en finir avec ses manifestations intempestives. Les cars de CRS, les coups de matraque, les d\u00e9crets, les amendements, l’information.<\/p>\n

Pourtant, il me semblait bien avoir vu de mes yeux vu des gens joyeux un jour. Des rues pavois\u00e9es, des foules insouciantes, des bals de pompiers, des confettis et le petit vin blanc coulant \u00e0 flot en bord de Marne ou de Seine. L’ai-je r\u00eav\u00e9 \u00e7a aussi ?<\/p>\n

Quelle morosit\u00e9. Le ton n’est pas \u00e0 l’amusement mais \u00e0 la contrition. Arborez, arborez, arborez. On peut arborer avec tout ce que l’on nous aura pouss\u00e9s \u00e0 d\u00e9raciner. Quel cynisme.<\/p>\n

Le mot « insupportable » lui aussi se vide de son sens \u00e0 force qu’on l’use.<\/p>\n

Une nuit sans r\u00eave, ce n’est pas une nuit sans r\u00eave. Une nuit sans r\u00eave, c’est une nuit dont tu ne te souviens pas de tes r\u00eaves, comme si quelque chose t’en avait priv\u00e9. Et de t’interroger si ce quelque chose est \u00e0 l’int\u00e9rieur de toi ou bien s’il fait partie de la nouvelle mise en place du monde.<\/p>\n

Il y a longtemps que je n’avais pas vu d’huissier. Celui-l\u00e0 d\u00e9goulinait de sueur devant la porte et la feuille qu’il m’a tendue \u00e9tait humide. 1 200 euros. Toujours la m\u00eame embrouille de la part de la Maison des artistes, de l’Urssaf du Limousin. Je tente d’expliquer que c’est une erreur. C’est une erreur. Le type ne m’\u00e9coute pas, il s’en fout. Il dit : « C’est comme \u00e7a. » Pass\u00e9 mon apr\u00e8s-midi d’hier \u00e0 d\u00e9m\u00ealer une fois encore cette histoire. Des gens sympas au t\u00e9l\u00e9phone du reste. Tant \u00e0 l’Urssaf qu’\u00e0 la S\u00e9curit\u00e9 sociale des artistes. C’est \u00e7a le pire. On ne peut en vouloir \u00e0 personne. On ne peut engueuler quiconque. Toute la violence du choc, on la prend dans le bide et on g\u00e8re comme on peut. 1 200 balles, une vraie rafale pour le coup. Temps de guerre, pas pour rien. Pour en finir, j’ai envoy\u00e9 les documents comptables que j’ai retrouv\u00e9s par miracle par mail \u00e0 tout le monde. Plus de vie priv\u00e9e. Tout le monde le saura que je n’ai plus la queue d’un. La belle affaire.<\/p>\n

Le plus surr\u00e9aliste fut la voix charmante de mon interlocutrice du cabinet d’huissiers. Je veux dire que j’avais l’impression d’avoir une copine au t\u00e9l\u00e9phone. « Ne vous inqui\u00e9tez pas, tout va s’arranger. » Avec m\u00eame un petit rire complice. Et moi de marcher dans la combine, allez. « Tout \u00e7a n’est pas bien grave, on en verra d’autres. »<\/p>\n

Ce qui fait que la journ\u00e9e enti\u00e8re fut \u00e9trange, encore une fois.<\/p>\n

Le matin, le technicien Free r\u00e9sout la panne en quinze minutes, montre en main. Puis je me rends \u00e0 la clinique du sommeil de B. Je m’attendais \u00e0 repartir avec la machine sous le bras, pas du tout. Juste des prospectus, et un bilan comme quoi oui, il faut vraiment que je fasse quelque chose car la b\u00e9cane a mesur\u00e9 un taux d’apn\u00e9e anormalement \u00e9lev\u00e9. Il para\u00eet que je peux y laisser ma peau. Ce serait int\u00e9ressant. J’ai pens\u00e9 \u00e0 une mue quand le docteur R. a prononc\u00e9 ces mots. Puis il m’a montr\u00e9 un tableau de montagne parce que sa femme l’emm\u00e8ne voir des expositions — \u00e7a ne l’int\u00e9resse pas trop, mais ce tableau tout de m\u00eame, regardez \u00e7a. « C’est vers Chamonix, j’adore la montagne. » Et effectivement, c’est un tableau de montagne tr\u00e8s bien fait. La neige n’est pas blanche comme il se doit, les ombres sont profondes, le ciel est bleu et les rochers paraissent bien coupants. J’ai pens\u00e9 aussit\u00f4t \u00e0 l’Antarctique, aux Montagnes de la folie. Ce n’\u00e9tait pas le moment. « \u00c7a vous fera trente-six euros. » Tiens, le tarif a augment\u00e9.<\/p>\n

Le soir m\u00eame, re\u00e7u un coup de fil du technicien qui doit venir m’expliquer le fonctionnement de la machine. Voix amicale, encore un copain. Dans le fond, je me fais peut-\u00eatre du cin\u00e9ma pour rien. Le monde est amical et moi je ne suis qu’un vaurien.<\/p>\n

S. revient en rogne de chez E. « Je ne la supporte plus », dit-elle en posant ses clefs sur la table. Et de lui dire pile-poil qu’un huissier \u00e9tait pass\u00e9 — j’ai trouv\u00e9 que c’\u00e9tait le bon moment. Comme \u00e7a, c’est fait. Je veux dire qu’on est tellement fatigu\u00e9s par tout, y compris la chaleur, assomm\u00e9s, qu’un coup en plus sur la t\u00eate... Le reste de la soir\u00e9e s’est pass\u00e9 sans heurt. J’ai cr\u00e9\u00e9 un nouveau site local pour classer toutes les photos que j’ai scann\u00e9es ces derniers jours. Il faudra que je note les codes au cas o\u00f9 sur un post-it, sur un mur. J’ai pens\u00e9 qu’il faudrait un peu d’ordre, un peu d’organisation : ranger, classer, trier. Au cas o\u00f9, soudain, je ne sois plus l\u00e0.\nRepas frugal. Tarte aux poireaux d\u00e9licieuse rapport\u00e9e de Caluire par S. \nEncore \u00e9crit un peu apr\u00e8s le d\u00eener. Un essai sur l’id\u00e9e d’un monde truqu\u00e9 que j’avais commenc\u00e9 le matin mais qui reste encore bancal. Enfin, j’ai tout \u00e9teint et suis parti dans Dunsany Le Temps et les Dieux <\/em> Et sa petite ritournelle m’a endormi rapidement.<\/p>", "content_text": " Vivre sans peur et sans d\u00e9sir. Voil\u00e0 \u00e0 peu pr\u00e8s le tableau. S'habituer au manque afin que rien ne nous manque. Une mythridatisation. Avoir satisfait les d\u00e9sirs les plus bas, de nombreuses fois. Ces venins b\u00e9nins. Sans doute pas non plus les plus triviaux. Des d\u00e9sirs assez ordinaires, des d\u00e9sirs faciles. Puis d\u00e9cr\u00e9ter \u2014 quel ennui \u2014, avec ce petit air suffisant. Peut-\u00eatre est-ce une astuce finalement. Les r\u00eaves n'en reviennent que mieux \u00e0 la charge durant la nuit. Les cauchemars \u00e9galement. Les uns ne pouvant \u00eatre sans les autres. Une part enfouie, tr\u00e8s enfantine la nuit. L'enfant serait-il l'unique personnage, le d\u00e9miurge fabriquant ses cr\u00e9atures ? Et la derni\u00e8re \u00e9tape serait-elle d'ouvrir en grand les yeux et de s'apercevoir qu'il ne s'agit pas de la nuit mais du n\u00e9ant ? Que resterait-il encore comme solution ? Contre quoi luttes-tu vraiment ? L'ennui de l'ennui, l'habitude d'\u00eatre toi, la fatigue des r\u00e9p\u00e9titions incessantes, les murs du labyrinthe, les pancartes \u00ab sortie \u00bb qui ne sont que des voies sans issue. \u00c9galisation. \u00c7a pourrait rappeler \u00e9galit\u00e9 mais c'en est loin. Qui \u00e9galise, qui se retrouve \u00e9galis\u00e9 sans le vouloir, sans rien demander ? La libert\u00e9 des uns commence d\u00e9sormais o\u00f9 s'ach\u00e8ve celle des autres. Quant \u00e0 la fraternit\u00e9, on a invent\u00e9 la pudeur afin d'en finir avec ses manifestations intempestives. Les cars de CRS, les coups de matraque, les d\u00e9crets, les amendements, l'information. Pourtant, il me semblait bien avoir vu de mes yeux vu des gens joyeux un jour. Des rues pavois\u00e9es, des foules insouciantes, des bals de pompiers, des confettis et le petit vin blanc coulant \u00e0 flot en bord de Marne ou de Seine. L'ai-je r\u00eav\u00e9 \u00e7a aussi ? Quelle morosit\u00e9. Le ton n'est pas \u00e0 l'amusement mais \u00e0 la contrition. Arborez, arborez, arborez. On peut arborer avec tout ce que l'on nous aura pouss\u00e9s \u00e0 d\u00e9raciner. Quel cynisme. Le mot \u00ab insupportable \u00bb lui aussi se vide de son sens \u00e0 force qu'on l'use. Une nuit sans r\u00eave, ce n'est pas une nuit sans r\u00eave. Une nuit sans r\u00eave, c'est une nuit dont tu ne te souviens pas de tes r\u00eaves, comme si quelque chose t'en avait priv\u00e9. Et de t'interroger si ce quelque chose est \u00e0 l'int\u00e9rieur de toi ou bien s'il fait partie de la nouvelle mise en place du monde. Il y a longtemps que je n'avais pas vu d'huissier. Celui-l\u00e0 d\u00e9goulinait de sueur devant la porte et la feuille qu'il m'a tendue \u00e9tait humide. 1 200 euros. Toujours la m\u00eame embrouille de la part de la Maison des artistes, de l'Urssaf du Limousin. Je tente d'expliquer que c'est une erreur. C'est une erreur. Le type ne m'\u00e9coute pas, il s'en fout. Il dit : \u00ab C'est comme \u00e7a. \u00bb Pass\u00e9 mon apr\u00e8s-midi d'hier \u00e0 d\u00e9m\u00ealer une fois encore cette histoire. Des gens sympas au t\u00e9l\u00e9phone du reste. Tant \u00e0 l'Urssaf qu'\u00e0 la S\u00e9curit\u00e9 sociale des artistes. C'est \u00e7a le pire. On ne peut en vouloir \u00e0 personne. On ne peut engueuler quiconque. Toute la violence du choc, on la prend dans le bide et on g\u00e8re comme on peut. 1 200 balles, une vraie rafale pour le coup. Temps de guerre, pas pour rien. Pour en finir, j'ai envoy\u00e9 les documents comptables que j'ai retrouv\u00e9s par miracle par mail \u00e0 tout le monde. Plus de vie priv\u00e9e. Tout le monde le saura que je n'ai plus la queue d'un. La belle affaire. Le plus surr\u00e9aliste fut la voix charmante de mon interlocutrice du cabinet d'huissiers. Je veux dire que j'avais l'impression d'avoir une copine au t\u00e9l\u00e9phone. \u00ab Ne vous inqui\u00e9tez pas, tout va s'arranger. \u00bb Avec m\u00eame un petit rire complice. Et moi de marcher dans la combine, allez. \u00ab Tout \u00e7a n'est pas bien grave, on en verra d'autres. \u00bb Ce qui fait que la journ\u00e9e enti\u00e8re fut \u00e9trange, encore une fois. Le matin, le technicien Free r\u00e9sout la panne en quinze minutes, montre en main. Puis je me rends \u00e0 la clinique du sommeil de B. Je m'attendais \u00e0 repartir avec la machine sous le bras, pas du tout. Juste des prospectus, et un bilan comme quoi oui, il faut vraiment que je fasse quelque chose car la b\u00e9cane a mesur\u00e9 un taux d'apn\u00e9e anormalement \u00e9lev\u00e9. Il para\u00eet que je peux y laisser ma peau. Ce serait int\u00e9ressant. J'ai pens\u00e9 \u00e0 une mue quand le docteur R. a prononc\u00e9 ces mots. Puis il m'a montr\u00e9 un tableau de montagne parce que sa femme l'emm\u00e8ne voir des expositions \u2014 \u00e7a ne l'int\u00e9resse pas trop, mais ce tableau tout de m\u00eame, regardez \u00e7a. \u00ab C'est vers Chamonix, j'adore la montagne. \u00bb Et effectivement, c'est un tableau de montagne tr\u00e8s bien fait. La neige n'est pas blanche comme il se doit, les ombres sont profondes, le ciel est bleu et les rochers paraissent bien coupants. J'ai pens\u00e9 aussit\u00f4t \u00e0 l'Antarctique, aux Montagnes de la folie. Ce n'\u00e9tait pas le moment. \u00ab \u00c7a vous fera trente-six euros. \u00bb Tiens, le tarif a augment\u00e9. Le soir m\u00eame, re\u00e7u un coup de fil du technicien qui doit venir m'expliquer le fonctionnement de la machine. Voix amicale, encore un copain. Dans le fond, je me fais peut-\u00eatre du cin\u00e9ma pour rien. Le monde est amical et moi je ne suis qu'un vaurien. S. revient en rogne de chez E. \u00ab Je ne la supporte plus \u00bb, dit-elle en posant ses clefs sur la table. Et de lui dire pile-poil qu'un huissier \u00e9tait pass\u00e9 \u2014 j'ai trouv\u00e9 que c'\u00e9tait le bon moment. Comme \u00e7a, c'est fait. Je veux dire qu'on est tellement fatigu\u00e9s par tout, y compris la chaleur, assomm\u00e9s, qu'un coup en plus sur la t\u00eate... Le reste de la soir\u00e9e s'est pass\u00e9 sans heurt. J'ai cr\u00e9\u00e9 un nouveau site local pour classer toutes les photos que j'ai scann\u00e9es ces derniers jours. Il faudra que je note les codes au cas o\u00f9 sur un post-it, sur un mur. J'ai pens\u00e9 qu'il faudrait un peu d'ordre, un peu d'organisation : ranger, classer, trier. Au cas o\u00f9, soudain, je ne sois plus l\u00e0. Repas frugal. Tarte aux poireaux d\u00e9licieuse rapport\u00e9e de Caluire par S. Encore \u00e9crit un peu apr\u00e8s le d\u00eener. 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L’\u00e9cart, la distance, pas seulement sur le plan physique, mais aussi mental, astral. Aff\u00fbt. Vigilance extr\u00eame. Le danger peut d\u00e9sormais surgir de n’importe o\u00f9, n’importe quand. Une microseconde d’inattention et c’est la fin.\nRefus de cette hypervigilance. Freiner des deux pieds. Quelqu’un ou quelque chose me tire ou me pousse pour avancer. Je r\u00e9siste mais c’est plus fort que moi. L’illusion du temps est plus forte que moi.\nDe temps en temps, un bug. Les gens se mettent \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter les m\u00eames mots, les m\u00eames bouts de phrases. Disques ray\u00e9s.<\/p>\n

Il s’est pass\u00e9 quelque chose. Ces images issues d’un film de science-fiction. Ces images de villes d\u00e9sertes. Ou encore ces amas de cadavres que des ambulances emportent vers des lieux \u00e9tranges en Chine. Oui, la science-fiction devient la r\u00e9alit\u00e9. C’est-\u00e0-dire que l’on passe du plan imaginal \u00e0 une nouvelle version de r\u00e9alit\u00e9 impos\u00e9e.<\/p>\n

Le cin\u00e9ma est-il devenu une arme d’illusion massive, en \u00e0 peine quelques ann\u00e9es, avec la t\u00e9l\u00e9vision, la radio ? Tout ce qui informe. Cette mati\u00e8re noire gluante qu’est cette information. Cette mati\u00e8re \u00e0 djinns. \u00c0 monstruosit\u00e9s g\u00e9n\u00e9tiques. Le tout s’acc\u00e9l\u00e9rant gr\u00e2ce aux cristaux d\u00e9sormais omnipr\u00e9sents. Cristaux liquides et mati\u00e8re noire inform\u00e9e par nos \u00e9mois, nos peurs, nos d\u00e9sirs. Des cr\u00e9atures synth\u00e9tiques s’en extraient peu \u00e0 peu, regard froid, glac\u00e9, inhumain. C’est la faim qui les anime. L’instinct basique. D\u00e9vorer est leur mot d’ordre.\nVers 4h, je me suis r\u00e9veill\u00e9 en sursaut. Un bruit. Provient-il du r\u00eave ? Soudain je retrouve ces vieilles terreurs enfantines qui naissaient exactement de la m\u00eame fa\u00e7on. Je m’\u00e9veillais d’un cauchemar pour d\u00e9couvrir que la r\u00e9alit\u00e9 en \u00e9tait un autre.\nEncore pass\u00e9 du temps \u00e0 revenir sur le code. Suis parvenu \u00e0 r\u00e9installer Tailwind sur le site local. Ce qui va grandement all\u00e9ger le site car la feuille de style minifi\u00e9e ne p\u00e8se que 48k. Quelques frayeurs au moment du transfert mais au final pour rien. Plus peur d’une erreur de code que de mes pires cauchemars. Ce qui est, dans une certaine mesure, tout \u00e0 fait logique pour un d\u00e9miurge. S’il se rate, il sombre dans l’inconnu.\n8h43, le technicien Free sonne. R\u00e9solution de la panne. Explication : Orange et Free se tirent la bourre. \u00c9crasements mutuels de lignes. 9h20, le technicien Free repart. Rapide. Il n’a pas prononc\u00e9 dix mots en tout. Impeccable.\nLa chaleur monte par degr\u00e9s. Encore une journ\u00e9e \u00e9touffante en pr\u00e9vision. Rendez-vous \u00e0 11h45 \u00e0 la clinique du sommeil. Cette fois je vais certainement avoir l’appareil pour de bon. Une infirmi\u00e8re passera ensuite pour le recharger en oxyg\u00e8ne.\nCe qui me rappelle que j’allais autrefois livrer des bouteilles d’oxyg\u00e8ne dans la r\u00e9gion de Puteaux. C’\u00e9taient des bouteilles \u00e9normes. Lourdes. Encombrantes. Je revois encore ces \u00eatres allong\u00e9s dans des lits m\u00e9dicalis\u00e9s \u00e0 domicile avec des tuyaux de plastique p\u00e9n\u00e9trant leurs narines. J’ai parfois du mal \u00e0 me dire que je suis pass\u00e9 par tout \u00e7a. Au final, pas si diff\u00e9rent de ces r\u00eaves, ces cauchemars.\nRetrouv\u00e9 par hasard une vieille photographie prise lorsque j’habitais Aubervilliers.<\/p>", "content_text": " L'\u00e9cart, la distance, pas seulement sur le plan physique, mais aussi mental, astral. Aff\u00fbt. Vigilance extr\u00eame. Le danger peut d\u00e9sormais surgir de n'importe o\u00f9, n'importe quand. Une microseconde d'inattention et c'est la fin. Refus de cette hypervigilance. Freiner des deux pieds. Quelqu'un ou quelque chose me tire ou me pousse pour avancer. Je r\u00e9siste mais c'est plus fort que moi. L'illusion du temps est plus forte que moi. De temps en temps, un bug. Les gens se mettent \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter les m\u00eames mots, les m\u00eames bouts de phrases. Disques ray\u00e9s. Il s'est pass\u00e9 quelque chose. Ces images issues d'un film de science-fiction. Ces images de villes d\u00e9sertes. Ou encore ces amas de cadavres que des ambulances emportent vers des lieux \u00e9tranges en Chine. Oui, la science-fiction devient la r\u00e9alit\u00e9. C'est-\u00e0-dire que l'on passe du plan imaginal \u00e0 une nouvelle version de r\u00e9alit\u00e9 impos\u00e9e. Le cin\u00e9ma est-il devenu une arme d'illusion massive, en \u00e0 peine quelques ann\u00e9es, avec la t\u00e9l\u00e9vision, la radio ? Tout ce qui informe. Cette mati\u00e8re noire gluante qu'est cette information. Cette mati\u00e8re \u00e0 djinns. \u00c0 monstruosit\u00e9s g\u00e9n\u00e9tiques. Le tout s'acc\u00e9l\u00e9rant gr\u00e2ce aux cristaux d\u00e9sormais omnipr\u00e9sents. Cristaux liquides et mati\u00e8re noire inform\u00e9e par nos \u00e9mois, nos peurs, nos d\u00e9sirs. Des cr\u00e9atures synth\u00e9tiques s'en extraient peu \u00e0 peu, regard froid, glac\u00e9, inhumain. C'est la faim qui les anime. L'instinct basique. D\u00e9vorer est leur mot d'ordre. Vers 4h, je me suis r\u00e9veill\u00e9 en sursaut. Un bruit. Provient-il du r\u00eave ? Soudain je retrouve ces vieilles terreurs enfantines qui naissaient exactement de la m\u00eame fa\u00e7on. Je m'\u00e9veillais d'un cauchemar pour d\u00e9couvrir que la r\u00e9alit\u00e9 en \u00e9tait un autre. Encore pass\u00e9 du temps \u00e0 revenir sur le code. Suis parvenu \u00e0 r\u00e9installer Tailwind sur le site local. Ce qui va grandement all\u00e9ger le site car la feuille de style minifi\u00e9e ne p\u00e8se que 48k. Quelques frayeurs au moment du transfert mais au final pour rien. Plus peur d'une erreur de code que de mes pires cauchemars. Ce qui est, dans une certaine mesure, tout \u00e0 fait logique pour un d\u00e9miurge. S'il se rate, il sombre dans l'inconnu. 8h43, le technicien Free sonne. R\u00e9solution de la panne. Explication : Orange et Free se tirent la bourre. \u00c9crasements mutuels de lignes. 9h20, le technicien Free repart. Rapide. Il n'a pas prononc\u00e9 dix mots en tout. Impeccable. La chaleur monte par degr\u00e9s. Encore une journ\u00e9e \u00e9touffante en pr\u00e9vision. Rendez-vous \u00e0 11h45 \u00e0 la clinique du sommeil. Cette fois je vais certainement avoir l'appareil pour de bon. Une infirmi\u00e8re passera ensuite pour le recharger en oxyg\u00e8ne. Ce qui me rappelle que j'allais autrefois livrer des bouteilles d'oxyg\u00e8ne dans la r\u00e9gion de Puteaux. C'\u00e9taient des bouteilles \u00e9normes. Lourdes. Encombrantes. Je revois encore ces \u00eatres allong\u00e9s dans des lits m\u00e9dicalis\u00e9s \u00e0 domicile avec des tuyaux de plastique p\u00e9n\u00e9trant leurs narines. J'ai parfois du mal \u00e0 me dire que je suis pass\u00e9 par tout \u00e7a. Au final, pas si diff\u00e9rent de ces r\u00eaves, ces cauchemars. Retrouv\u00e9 par hasard une vieille photographie prise lorsque j'habitais Aubervilliers. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/photos_anciennes046_aubervilliers.jpg?1750750274", "tags": ["r\u00eaves", "relev\u00e9"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-juin-2025.html", "title": "23 juin 2025", "date_published": "2025-06-23T10:26:21Z", "date_modified": "2025-06-23T18:35:52Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Nuit hach\u00e9e.\nR\u00eave : impression finale — tout ce que je croyais jusque-l\u00e0 s\u2019\u00e9vanouit lentement dans l\u2019ombre. Des silhouettes inqui\u00e9tantes s\u2019approchent. Tu sais par avance qu\u2019elles ne te veulent pas du bien. Au d\u00e9but, elles semblent « normales », puis peu \u00e0 peu elles se m\u00e9tamorphosent en cr\u00e9atures hideuses. Regards d\u2019une froideur inhumaine : elles peuvent suivre en direct mes observations, mes pens\u00e9es.\nSi je pense tentacules, j\u2019en vois soudain pousser deux ou trois sur leur corps. Elles veulent que j\u2019aie peur. Je n\u2019ai pas vraiment peur. Je refuse d\u2019avoir peur. Je me concentre sur ma respiration en me disant que tout \u00e7a est une illusion.\nMais \u00e7a ne s\u2019en va pas. Il faut que j\u2019affronte. Je ne peux pas m\u2019enfuir.\nJ\u2019essaie de me r\u00e9veiller, \u00e7a ne marche pas.\nJe creuse, pour tenter de comprendre l\u2019intention de ces choses. Elles veulent quelque chose de pr\u00e9cieux, mais je ne vois rien de pr\u00e9cis. Je constate que je n\u2019ai rien de vraiment pr\u00e9cieux.\nEt soudain, une intuition. Et au moment o\u00f9 je vais savoir enfin de quoi il s\u2019agit... je me r\u00e9veille.<\/p>\n

Chaleur \u00e9touffante.\nHier soir, un orage. J\u2019ai laiss\u00e9 la fen\u00eatre de la chambre grande ouverte. Un peu d\u2019air, mais pas longtemps. \u00c9clairs, grondements, petite pluie de rien du tout.\nVisionn\u00e9 deux vid\u00e9os de F.B. : l\u2019une sur Balzac, l\u2019autre sur HPL. Toujours \u00e9tonnant, d\u2019autant qu\u2019il s\u2019agit d\u2019improvisations. Est-ce vraiment de l\u2019improvisation ?\nLa panne de box continue. Nous aurons le fin mot de l\u2019histoire mardi, avec la venue du technicien. En attendant, partage de connexion — parfois d\u2019une lenteur aga\u00e7ante.<\/p>\n

Je m\u2019\u00e9vade du carnet habituel, peu \u00e0 peu. J\u2019ai ouvert d\u2019autres secteurs d\u2019exploration, que je ne mets pas encore clairement dans le menu de navigation.\nLa difficult\u00e9 de ces nouvelles pratiques tient \u00e0 une autre r\u00e9gularit\u00e9 \u00e0 adopter — tellement je suis ancr\u00e9 dans mes habitudes d\u2019\u00e9criture du matin.\nCes derniers temps, j\u2019essaie d\u2019\u00e9crire le soir. Parfois aussi, je note, dans la nuit, des mots qui remontent sur le petit r\u00e9pertoire pos\u00e9 sur la table de chevet.<\/p>\n

L\u2019atelier Boost s\u2019ach\u00e8ve.\nJ\u2019ai cr\u00e9\u00e9 un PDF chronologique des textes \u00e9crits chaque semaine depuis janvier 2025, mais cette lecture ne me satisfait qu\u2019\u00e0 moiti\u00e9.\nEn r\u00e9organisant par th\u00e9matiques, il y a un autre mouvement qui m\u2019int\u00e9resse\u2026\n\u00c0 suivre.<\/p>\n

En triant de vieilles photographies retrouv\u00e9 une prise \u00e0 Aubervilliers depuis la fen\u00eatre de la cuisine . <\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " Nuit hach\u00e9e. R\u00eave : impression finale \u2014 tout ce que je croyais jusque-l\u00e0 s\u2019\u00e9vanouit lentement dans l\u2019ombre. Des silhouettes inqui\u00e9tantes s\u2019approchent. Tu sais par avance qu\u2019elles ne te veulent pas du bien. Au d\u00e9but, elles semblent \u00ab normales \u00bb, puis peu \u00e0 peu elles se m\u00e9tamorphosent en cr\u00e9atures hideuses. Regards d\u2019une froideur inhumaine : elles peuvent suivre en direct mes observations, mes pens\u00e9es. Si je pense tentacules, j\u2019en vois soudain pousser deux ou trois sur leur corps. Elles veulent que j\u2019aie peur. Je n\u2019ai pas vraiment peur. Je refuse d\u2019avoir peur. Je me concentre sur ma respiration en me disant que tout \u00e7a est une illusion. Mais \u00e7a ne s\u2019en va pas. Il faut que j\u2019affronte. Je ne peux pas m\u2019enfuir. J\u2019essaie de me r\u00e9veiller, \u00e7a ne marche pas. Je creuse, pour tenter de comprendre l\u2019intention de ces choses. Elles veulent quelque chose de pr\u00e9cieux, mais je ne vois rien de pr\u00e9cis. Je constate que je n\u2019ai rien de vraiment pr\u00e9cieux. Et soudain, une intuition. Et au moment o\u00f9 je vais savoir enfin de quoi il s\u2019agit... je me r\u00e9veille. Chaleur \u00e9touffante. Hier soir, un orage. J\u2019ai laiss\u00e9 la fen\u00eatre de la chambre grande ouverte. Un peu d\u2019air, mais pas longtemps. \u00c9clairs, grondements, petite pluie de rien du tout. Visionn\u00e9 deux vid\u00e9os de F.B. : l\u2019une sur Balzac, l\u2019autre sur HPL. Toujours \u00e9tonnant, d\u2019autant qu\u2019il s\u2019agit d\u2019improvisations. Est-ce vraiment de l\u2019improvisation ? La panne de box continue. Nous aurons le fin mot de l\u2019histoire mardi, avec la venue du technicien. En attendant, partage de connexion \u2014 parfois d\u2019une lenteur aga\u00e7ante. Je m\u2019\u00e9vade du carnet habituel, peu \u00e0 peu. J\u2019ai ouvert d\u2019autres secteurs d\u2019exploration, que je ne mets pas encore clairement dans le menu de navigation. La difficult\u00e9 de ces nouvelles pratiques tient \u00e0 une autre r\u00e9gularit\u00e9 \u00e0 adopter \u2014 tellement je suis ancr\u00e9 dans mes habitudes d\u2019\u00e9criture du matin. Ces derniers temps, j\u2019essaie d\u2019\u00e9crire le soir. Parfois aussi, je note, dans la nuit, des mots qui remontent sur le petit r\u00e9pertoire pos\u00e9 sur la table de chevet. L\u2019atelier Boost s\u2019ach\u00e8ve. J\u2019ai cr\u00e9\u00e9 un PDF chronologique des textes \u00e9crits chaque semaine depuis janvier 2025, mais cette lecture ne me satisfait qu\u2019\u00e0 moiti\u00e9. En r\u00e9organisant par th\u00e9matiques, il y a un autre mouvement qui m\u2019int\u00e9resse\u2026 \u00c0 suivre. En triant de vieilles photographies retrouv\u00e9 une prise \u00e0 Aubervilliers depuis la fen\u00eatre de la cuisine . ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/aubervilliers.jpg?1750674379", "tags": ["r\u00eaves", "fragment"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-juin-2025.html", "title": "22 juin 2025", "date_published": "2025-06-22T17:07:28Z", "date_modified": "2025-06-22T17:35:02Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "\n

Chaleur crescendo. Parc du Chayla, Tain. Quatre heures du matin, d\u00e9part.
\nVide-grenier : +50\u20ac, -10\u20ac emplacement. Bilan : quarante euros, plein soleil, meilleures places prises.
\nL’Infraordinaire. Perec et ses cartes postales \u00e0 Cort\u00e1zar. R\u00e9currence du bien-manger, des coups de soleil. V\u00e9racit\u00e9 ou fabrication de la v\u00e9racit\u00e9 ?
\nIran bombard\u00e9. Tr\u00e8s r\u00e9ussi, insistent les infos.
\nClichy, 1991. M\u00eame satisfaction dans la voix du pr\u00e9sentateur. Entre les deux guerres : rue Biot, garni, trois ronds pour le self d’en face. Assistant de D.G., quelques semaines. Suresnes ensuite.
\nChambre-cocon.
\nVolets clos.
\nCamionnette blanche, colis, circuit parisien.
\nLectures oubli\u00e9es.
\nUn matin — lundi ? — porte ouverte. Cerisier japonais, p\u00e9tales au sol. D\u00e9m\u00e9nagement trois jours apr\u00e8s.
\nBoxeur + danseuse de l’Est = grabuge. \u00c9quation de la sous-location.
\nRue des Poissonniers, chambre 30.
\n35, rue des Poissonniers.
\nBoucle boucl\u00e9e.
\nQuinzi\u00e8me arrondissement, rue Jobb\u00e9 Duval. Le 35 ? Ou un autre 35 ? La m\u00e9moire confond ses adresses. G\u00e9ographie de la pr\u00e9carit\u00e9 : les num\u00e9ros se r\u00e9p\u00e8tent, les lieux s’effacent.
\nPerec notait le prix du caf\u00e9. Moi : guerre r\u00e9ussie \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, cinquante euros au vide-grenier. M\u00eame \u00e9conomie de survie.
\nTreize heures. Plus personne sur la place que nous. S. dit : « On ne peut pas nous rater maintenant. » Non, les gens ne viendront plus. Trop chaud pour fl\u00e2ner. Remballage.
\nObstination n\u00e9cessaire. Position de contre. Pour survivre.
\nCr\u00e2ne qui explose, pas de chapeau. Amateur.
\nCort\u00e1zar a-t-il vraiment re\u00e7u ces cartes ? Ou tout \u00e9crit le m\u00eame jour, v\u00e9racit\u00e9 fabriqu\u00e9e ? Je ne l’accepte plus, ce trop-plein de suggestions. Col\u00e8re en strates profondes.
\nAinsi nos vies : \u00e9clats de beaut\u00e9 entre deux fuites. Cerisiers qui perdent leurs fleurs pendant qu’on bombarde ailleurs, tr\u00e8s r\u00e9ussi.
\nRemball\u00e9, reparti.<\/p>\n

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " Chaleur crescendo. Parc du Chayla, Tain. Quatre heures du matin, d\u00e9part. Vide-grenier : +50\u20ac, -10\u20ac emplacement. Bilan : quarante euros, plein soleil, meilleures places prises. L'Infraordinaire. Perec et ses cartes postales \u00e0 Cort\u00e1zar. R\u00e9currence du bien-manger, des coups de soleil. V\u00e9racit\u00e9 ou fabrication de la v\u00e9racit\u00e9 ? Iran bombard\u00e9. Tr\u00e8s r\u00e9ussi, insistent les infos. Clichy, 1991. M\u00eame satisfaction dans la voix du pr\u00e9sentateur. Entre les deux guerres : rue Biot, garni, trois ronds pour le self d'en face. Assistant de D.G., quelques semaines. Suresnes ensuite. Chambre-cocon. Volets clos. Camionnette blanche, colis, circuit parisien. Lectures oubli\u00e9es. Un matin \u2014 lundi ? \u2014 porte ouverte. Cerisier japonais, p\u00e9tales au sol. D\u00e9m\u00e9nagement trois jours apr\u00e8s. Boxeur + danseuse de l'Est = grabuge. \u00c9quation de la sous-location. Rue des Poissonniers, chambre 30. 35, rue des Poissonniers. Boucle boucl\u00e9e. Quinzi\u00e8me arrondissement, rue Jobb\u00e9 Duval. Le 35 ? Ou un autre 35 ? La m\u00e9moire confond ses adresses. G\u00e9ographie de la pr\u00e9carit\u00e9 : les num\u00e9ros se r\u00e9p\u00e8tent, les lieux s'effacent. Perec notait le prix du caf\u00e9. Moi : guerre r\u00e9ussie \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, cinquante euros au vide-grenier. M\u00eame \u00e9conomie de survie. Treize heures. Plus personne sur la place que nous. S. dit : \"On ne peut pas nous rater maintenant.\" Non, les gens ne viendront plus. Trop chaud pour fl\u00e2ner. Remballage. Obstination n\u00e9cessaire. Position de contre. Pour survivre. Cr\u00e2ne qui explose, pas de chapeau. Amateur. Cort\u00e1zar a-t-il vraiment re\u00e7u ces cartes ? Ou tout \u00e9crit le m\u00eame jour, v\u00e9racit\u00e9 fabriqu\u00e9e ? Je ne l'accepte plus, ce trop-plein de suggestions. Col\u00e8re en strates profondes. Ainsi nos vies : \u00e9clats de beaut\u00e9 entre deux fuites. Cerisiers qui perdent leurs fleurs pendant qu'on bombarde ailleurs, tr\u00e8s r\u00e9ussi. Remball\u00e9, reparti. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/magasin-ferme.jpg?1750611998", "tags": ["relev\u00e9"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/21-juin-2025-2.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/21-juin-2025-2.html", "title": "21 juin 2025-2", "date_published": "2025-06-21T03:36:49Z", "date_modified": "2025-06-21T03:37:34Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\n

Fait trop chaud, n’arrive pas \u00e0 dormir et repense \u00e0 ce livre de Patrice Van Eersel termin\u00e9 il y a peu : Le soleil est-il conscient ?<\/em> Paru en avril 2025. La question vient du biologiste britannique Rupert Sheldrake, qui sugg\u00e8re que les champs \u00e9lectromagn\u00e9tiques pourraient \u00eatre le pont entre conscience et mati\u00e8re. Van Eersel, l’auteur de La Source noire<\/em>, a repris cette interrogation dans une enqu\u00eate de 452 pages. Un journaliste des ann\u00e9es Actuel<\/em>, des ann\u00e9es Cl\u00e9s<\/em> aussi, ou Nouvelles Clefs<\/em>, c’est selon. Ce titre ne m’a pas quitt\u00e9. Et c’est peut-\u00eatre en tournant dans mon lit, cette nuit sans sommeil, que l’id\u00e9e de cet article a commenc\u00e9 \u00e0 prendre forme.<\/p>\n

Ai march\u00e9 dans les rues du village ce matin. M\u00eames boutiques ferm\u00e9es, \u00e0 louer, \u00e0 vendre, m\u00eame d\u00e9solation \u00e0 chaque coin de rue, on finit par s’y habituer. Et au ciel bas et au mont Pilat qu’on entrevoit depuis le fond de la vall\u00e9e, \u00e0 travers les fum\u00e9es d’usine. Mais ce matin, \u00e7a me revient, quelque chose clochait. Le silence \u00e9tait trop bruyant. Notifications \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition qui d\u00e9gringolaient des fa\u00e7ades, des habitacles, des v\u00e9hicules, moteurs plus ou moins \u00e9reint\u00e9s. \u00c9chos d’une vie qui ne se pose jamais. Et \u00e7a m’a mis en rogne, c’est-\u00e0-dire dans une certaine forme d’\u00e9nergie.<\/p>\n

Me suis dit que le pire qui pouvait nous \u00eatre arriv\u00e9, c’est cette impression de tout savoir et de ne rien savoir de mani\u00e8re simultan\u00e9e. Nous disposons d’applications en tout genre parmi lesquelles des podom\u00e8tres qui calculent pour nous le compte de nos pas. Nous savons la vitesse d’une particule. Le temps qu’il reste avant la pluie. Et pourtant ne savons plus faire le plus simple : nous arr\u00eater et \u00e9couter.<\/p>\n

Le silence ne dispara\u00eet pas, nous le recouvrons. Il s’effiloche \u00e0 force de superpositions. Il s’aplatit ou nous croyons en finir ainsi avec lui. Le silence est devenu tellement insupportable que nous ne voulons plus l’entendre dans nos rues comme dans nos conversations, dans nos monologues. Nous en avons peur d\u00e9sormais. Alors nous le rempla\u00e7ons. Chiffres, alertes, pixels, playlists. Nous inventons un masque qui nous aveugle et nous effraie. Nous appelons \u00e7a vivre. Ou encore la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Ce que le silence, le masque, la r\u00e9alit\u00e9 produisent en moi est tr\u00e8s \u00e9trange. De vieux r\u00e9cits remontent. Ai l’impression de tracer mentalement une issue de secours. La Tartarie, l’Atlantide, la Terre creuse. D’autres encore, plus flous, plus muets. Ces vieux r\u00e9cits n’expliquent rien. C’est une porte de secours ou une mise en abyme. Et au fond de cet abyme il y a quelque chose d’ineffable, mais qu’il faut que je parvienne \u00e0 sugg\u00e9rer malgr\u00e9 tout. Une forme de vertige. Une blessure qui ne saigne pas. Y verrais plut\u00f4t des bou\u00e9es jet\u00e9es et qui flottent au loin dans l’eau noire de ces journ\u00e9es. Non pour s’y accrocher, je ne me sens pas naufrag\u00e9. Mais peut-\u00eatre pour retrouver la sensation de d\u00e9river.<\/p>\n

Et c’est l\u00e0 que repense aux Kogis. Ces 16 000 descendants des Tayronas qui vivent dans la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie. Les ai d\u00e9couverts dans un documentaire, ou peut-\u00eatre un livre, ne sais plus. Ce qui m’a frapp\u00e9, c’est cette phrase qu’ils nous adressent : ils nous appellent leurs « petits fr\u00e8res ». Pas une moquerie. Une main pos\u00e9e sur l’\u00e9paule. Ils vivent depuis plus de cinq si\u00e8cles entre 0 et 5 770 m\u00e8tres d’altitude, l\u00e0 o\u00f9 nous avons d\u00e9sappris de regarder.<\/p>\n

Ce qui me trouble chez eux, c’est cette question qu’ils posent \u00e0 l’or\u00e9e d’une for\u00eat : « Comment pouvez-vous entrer sans demander la permission aux ma\u00eetres des lieux ? » Et nous restons l\u00e0, b\u00eates, sans mots, parce que nous ne savions m\u00eame plus qu’il y avait des ma\u00eetres.<\/p>\n

Pense \u00e0 \u00e7a parfois quand pousse une porte. Quand entre quelque part. Est-ce que demande ? Est-ce qu’\u00e9coute ? Ou est-ce que fonce, comme si le monde m’attendait ?<\/p>\n

Mais ce qui m’int\u00e9resse, c’est pas cette opposition facile entre eux qui « savent » et nous qui « ne savons plus ». C’est plus simple et plus complexe. Eux m\u00e2chent la coca pour rester connect\u00e9s \u00e0 la Pachamama, pour \u00eatre « en permanence dans un \u00e9tat de conscience avanc\u00e9 ». Ils utilisent des rituels, des gestes, des mantras. Ils passent par une mythologie sans se poser de questions. Ce que nous ne savons plus faire.<\/p>\n

C’est peut-\u00eatre \u00e7a qui me fascine. Nous cherchons tous des portes. Les Kogis les trouvent dans leurs rituels \u00e0 la coca, dans leurs offrandes aux montagnes qu’ils consid\u00e8rent comme « le c\u0153ur du monde ». Moi, les cherche dans mes d\u00e9rives nocturnes sur l’\u00e9cran, dans mes obsessions pour l’Atlantide, dans ces synchronicit\u00e9s que note parfois dans un carnet. Le probl\u00e8me c’est pas qu’on a perdu le mythe, c’est qu’on l’a intellectualis\u00e9 au point de ne plus pouvoir s’y abandonner.<\/p>\n

Me souviens de ce que j’ai ressenti en d\u00e9couvrant la th\u00e9orie de Sheldrake sur la conscience du soleil. Cette petite vibration, ce frisson d’\u00e9vidence. Comme si quelque chose en moi reconnaissait une v\u00e9rit\u00e9 sans avoir besoin de preuve. Une \u00e9quation bien pos\u00e9e, comme une phrase bien dite, nous relie \u00e0 quelque chose de plus vaste. \u00c0 cette \u00e9trange vibration qu’on appelle encore conscience, faute d’un meilleur mot.<\/p>\n

Hier soir, insomnie d\u00e9j\u00e0. Ai regard\u00e9 dehors. Les fen\u00eatres d’en face \u00e9taient \u00e9teintes mais pas mortes. Il y avait quelque chose qui respirait encore. Pas les gens. Quelque chose d’autre. Le monde, peut-\u00eatre. Qui attend. Qui ajuste. Qui respire sans demander la permission.<\/p>\n

Me pose souvent cette question : nous sommes tous \u00e0 la recherche d’interfaces avec le myst\u00e8re. Les chiffres nous disent que tout est affaire de juste mesure : \u00e0 21 % d’oxyg\u00e8ne, nous vivons. \u00c0 22, tout s’enflamme. \u00c0 19, nous nous \u00e9teignons. Qui r\u00e8gle cela ? Quel souffle veille \u00e0 cette \u00e9quation-l\u00e0 ? Quelle forme de pr\u00e9sence ajuste l’\u00e9quilibre sans demander d’applaudissements ?<\/p>\n

C’est peut-\u00eatre \u00e7a que les mythes tentent de nommer. Cette mani\u00e8re humble que nous avons trouv\u00e9e pour poser la question. Pour d\u00e9signer sans profaner. Ils sont pas l\u00e0 pour nous endormir, mais pour nous r\u00e9apprendre \u00e0 voir sans arracher. \u00c0 nommer sans poss\u00e9der. \u00c0 deviner sans saisir.<\/p>\n

R\u00eaver, alors, devient un acte de m\u00e9moire. Non la fuite, mais l’appel. L’\u00e9coute revenue. Demander la permission. Se taire. S’asseoir. Toucher une pierre comme on touche un front. Sentir qu’elle respire elle aussi, \u00e0 son rythme. Imaginer que la conscience est pas log\u00e9e dans nos cr\u00e2nes mais dissoute dans le monde. Que penser n’est qu’une forme de r\u00e9sonance parmi d’autres.<\/p>\n


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Interfaces With Mystery<\/h2>\n

Too hot, cant sleep and thinking of this book by Patrice Van Eersel finished not long ago : Is the Sun Conscious ? Published April 2025. The question comes from British biologist Rupert Sheldrake, who suggests electromagnetic fields could be the bridge between consciousness and matter. Van Eersel, author of The Black Source, took up this interrogation in a 452-page inquiry. A journalist from the Actuel years, the Cl\u00e9s years too, or Nouvelles Clefs, depends how you see it. This title hasnt left me. And maybe lying in bed, this sleepless night, the idea for this article began to take shape.\nWalked the village streets this morning. Same shuttered shops, for rent, for sale, same desolation at every corner, you get used to it. And the low sky and Mount Pilat glimpsed from the valley floor through factory smoke. But this morning, comes back to me, something was wrong. The silence was too loud. Notifications cascading from facades, from vehicles, from motors more or less worn down. Echoes of a life that never settles. And it made me angry, which is to say put me in a certain form of energy.\nTold myself the worst that could have happened to us is this impression of knowing everything and knowing nothing simultaneously. We have applications of every kind including pedometers that count our steps for us. We know the speed of a particle. The time remaining before rain. And yet no longer know how to do the simplest thing : stop and listen.\nSilence doesnt disappear, we cover it. It frays from layering. It flattens or we think to finish with it thus. Silence has become so unbearable we no longer want to hear it in our streets as in our conversations, in our monologues. We fear it now. So we replace it. Numbers, alerts, pixels, playlists. We invent a mask that blinds and frightens us. We call this living. Or else reality.\nWhat silence, mask, reality produce in me is very strange. Old stories rise. Have the impression of mentally tracing an escape route. Tartaria, Atlantis, the Hollow Earth. Others still, more vague, more mute. These old stories explain nothing. Its an emergency exit or an abyss. And at the bottom of this abyss there is something ineffable, but that I must manage to suggest despite everything. A form of vertigo. A wound that doesnt bleed. Would see rather bouoys thrown and floating in the distance in the black water of these days. Not to cling to, I dont feel shipwrecked. But perhaps to rediscover the sensation of drifting.\nAnd its there I think of the Kogis. These 16,000 descendants of the Tayronas who live in the Sierra Nevada de Santa Marta, in Colombia. Discovered them in a documentary, or maybe a book, no longer know. What struck me was this phrase they address to us : they call us their little brothers. Not mockery. A hand placed on the shoulder. They have lived for more than five centuries between 0 and 5,770 meters altitude, there where we have unlearned to look.\nWhat troubles me about them is this question they pose at the edge of a forest : How can you enter without asking permission from the masters of the place ? And we remain there, dumb, wordless, because we no longer even knew there were masters.\nThink of this sometimes when push a door. When enter somewhere. Do I ask ? Do I listen ? Or do I charge ahead, as if the world were waiting for me ?\nBut what interests me isnt this easy opposition between them who know and us who no longer know. Its simpler and more complex. They chew coca to stay connected to Pachamama, to be permanently in an advanced state of consciousness. They use rituals, gestures, mantras. They pass through mythology without questioning. What we no longer know how to do.\nMaybe thats what fascinates me. We all seek doors. The Kogis find them in their coca rituals, in their offerings to mountains they consider the heart of the world. Me, I seek them in my nocturnal drifts on the screen, in my obsessions with Atlantis, in these synchronicities I sometimes note in a notebook. The problem isnt that we lost myth, its that we intellectualized it to the point of no longer being able to abandon ourselves to it.\nRemember what I felt discovering Sheldrakes theory on solar consciousness. This small vibration, this shiver of evidence. As if something in me recognized a truth without needing proof. An equation well posed, like a sentence well said, connects us to something vaster. To this strange vibration we still call consciousness, for lack of a better word.\nLast night, insomnia already. Looked outside. The windows across were dark but not dead. There was something still breathing. Not the people. Something else. The world, perhaps. Waiting. Adjusting. Breathing without asking permission.\nOften pose this question to myself : we are all searching for interfaces with mystery. Numbers tell us everything is a matter of proper measure : at 21 percent oxygen, we live. At 22, everything ignites. At 19, we extinguish. Who regulates this ? What breath watches over this equation ? What form of presence adjusts the balance without asking for applause ?\nMaybe thats what myths attempt to name. This humble manner we found to pose the question. To designate without profaning. Theyre not there to put us to sleep, but to reteach us to see without tearing away. To name without possessing. To divine without seizing.\nTo dream, then, becomes an act of memory. Not flight, but call. The return of listening. Ask permission. Be silent. Sit down. Touch a stone as you touch a forehead. Feel that it too breathes, at its rhythm. Imagine that consciousness isnt lodged in our skulls but dissolved in the world. That thinking is only one form of resonance among others.<\/p>", "content_text": " Fait trop chaud, n'arrive pas \u00e0 dormir et repense \u00e0 ce livre de Patrice Van Eersel termin\u00e9 il y a peu : *Le soleil est-il conscient ?* Paru en avril 2025. La question vient du biologiste britannique Rupert Sheldrake, qui sugg\u00e8re que les champs \u00e9lectromagn\u00e9tiques pourraient \u00eatre le pont entre conscience et mati\u00e8re. Van Eersel, l'auteur de *La Source noire*, a repris cette interrogation dans une enqu\u00eate de 452 pages. Un journaliste des ann\u00e9es *Actuel*, des ann\u00e9es *Cl\u00e9s* aussi, ou *Nouvelles Clefs*, c'est selon. Ce titre ne m'a pas quitt\u00e9. Et c'est peut-\u00eatre en tournant dans mon lit, cette nuit sans sommeil, que l'id\u00e9e de cet article a commenc\u00e9 \u00e0 prendre forme. Ai march\u00e9 dans les rues du village ce matin. M\u00eames boutiques ferm\u00e9es, \u00e0 louer, \u00e0 vendre, m\u00eame d\u00e9solation \u00e0 chaque coin de rue, on finit par s'y habituer. Et au ciel bas et au mont Pilat qu'on entrevoit depuis le fond de la vall\u00e9e, \u00e0 travers les fum\u00e9es d'usine. Mais ce matin, \u00e7a me revient, quelque chose clochait. Le silence \u00e9tait trop bruyant. Notifications \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition qui d\u00e9gringolaient des fa\u00e7ades, des habitacles, des v\u00e9hicules, moteurs plus ou moins \u00e9reint\u00e9s. \u00c9chos d'une vie qui ne se pose jamais. Et \u00e7a m'a mis en rogne, c'est-\u00e0-dire dans une certaine forme d'\u00e9nergie. Me suis dit que le pire qui pouvait nous \u00eatre arriv\u00e9, c'est cette impression de tout savoir et de ne rien savoir de mani\u00e8re simultan\u00e9e. Nous disposons d'applications en tout genre parmi lesquelles des podom\u00e8tres qui calculent pour nous le compte de nos pas. Nous savons la vitesse d'une particule. Le temps qu'il reste avant la pluie. Et pourtant ne savons plus faire le plus simple : nous arr\u00eater et \u00e9couter. Le silence ne dispara\u00eet pas, nous le recouvrons. Il s'effiloche \u00e0 force de superpositions. Il s'aplatit ou nous croyons en finir ainsi avec lui. Le silence est devenu tellement insupportable que nous ne voulons plus l'entendre dans nos rues comme dans nos conversations, dans nos monologues. Nous en avons peur d\u00e9sormais. Alors nous le rempla\u00e7ons. Chiffres, alertes, pixels, playlists. Nous inventons un masque qui nous aveugle et nous effraie. Nous appelons \u00e7a vivre. Ou encore la r\u00e9alit\u00e9. Ce que le silence, le masque, la r\u00e9alit\u00e9 produisent en moi est tr\u00e8s \u00e9trange. De vieux r\u00e9cits remontent. Ai l'impression de tracer mentalement une issue de secours. La Tartarie, l'Atlantide, la Terre creuse. D'autres encore, plus flous, plus muets. Ces vieux r\u00e9cits n'expliquent rien. C'est une porte de secours ou une mise en abyme. Et au fond de cet abyme il y a quelque chose d'ineffable, mais qu'il faut que je parvienne \u00e0 sugg\u00e9rer malgr\u00e9 tout. Une forme de vertige. Une blessure qui ne saigne pas. Y verrais plut\u00f4t des bou\u00e9es jet\u00e9es et qui flottent au loin dans l'eau noire de ces journ\u00e9es. Non pour s'y accrocher, je ne me sens pas naufrag\u00e9. Mais peut-\u00eatre pour retrouver la sensation de d\u00e9river. Et c'est l\u00e0 que repense aux Kogis. Ces 16 000 descendants des Tayronas qui vivent dans la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie. Les ai d\u00e9couverts dans un documentaire, ou peut-\u00eatre un livre, ne sais plus. Ce qui m'a frapp\u00e9, c'est cette phrase qu'ils nous adressent : ils nous appellent leurs \"petits fr\u00e8res\". Pas une moquerie. Une main pos\u00e9e sur l'\u00e9paule. Ils vivent depuis plus de cinq si\u00e8cles entre 0 et 5 770 m\u00e8tres d'altitude, l\u00e0 o\u00f9 nous avons d\u00e9sappris de regarder. Ce qui me trouble chez eux, c'est cette question qu'ils posent \u00e0 l'or\u00e9e d'une for\u00eat : \u00ab Comment pouvez-vous entrer sans demander la permission aux ma\u00eetres des lieux ? \u00bb Et nous restons l\u00e0, b\u00eates, sans mots, parce que nous ne savions m\u00eame plus qu'il y avait des ma\u00eetres. Pense \u00e0 \u00e7a parfois quand pousse une porte. Quand entre quelque part. Est-ce que demande ? Est-ce qu'\u00e9coute ? Ou est-ce que fonce, comme si le monde m'attendait ? Mais ce qui m'int\u00e9resse, c'est pas cette opposition facile entre eux qui \"savent\" et nous qui \"ne savons plus\". C'est plus simple et plus complexe. Eux m\u00e2chent la coca pour rester connect\u00e9s \u00e0 la Pachamama, pour \u00eatre \"en permanence dans un \u00e9tat de conscience avanc\u00e9\". Ils utilisent des rituels, des gestes, des mantras. Ils passent par une mythologie sans se poser de questions. Ce que nous ne savons plus faire. C'est peut-\u00eatre \u00e7a qui me fascine. Nous cherchons tous des portes. Les Kogis les trouvent dans leurs rituels \u00e0 la coca, dans leurs offrandes aux montagnes qu'ils consid\u00e8rent comme \"le c\u0153ur du monde\". Moi, les cherche dans mes d\u00e9rives nocturnes sur l'\u00e9cran, dans mes obsessions pour l'Atlantide, dans ces synchronicit\u00e9s que note parfois dans un carnet. Le probl\u00e8me c'est pas qu'on a perdu le mythe, c'est qu'on l'a intellectualis\u00e9 au point de ne plus pouvoir s'y abandonner. Me souviens de ce que j'ai ressenti en d\u00e9couvrant la th\u00e9orie de Sheldrake sur la conscience du soleil. Cette petite vibration, ce frisson d'\u00e9vidence. Comme si quelque chose en moi reconnaissait une v\u00e9rit\u00e9 sans avoir besoin de preuve. Une \u00e9quation bien pos\u00e9e, comme une phrase bien dite, nous relie \u00e0 quelque chose de plus vaste. \u00c0 cette \u00e9trange vibration qu'on appelle encore conscience, faute d'un meilleur mot. Hier soir, insomnie d\u00e9j\u00e0. Ai regard\u00e9 dehors. Les fen\u00eatres d'en face \u00e9taient \u00e9teintes mais pas mortes. Il y avait quelque chose qui respirait encore. Pas les gens. Quelque chose d'autre. Le monde, peut-\u00eatre. Qui attend. Qui ajuste. Qui respire sans demander la permission. Me pose souvent cette question : nous sommes tous \u00e0 la recherche d'interfaces avec le myst\u00e8re. Les chiffres nous disent que tout est affaire de juste mesure : \u00e0 21 % d'oxyg\u00e8ne, nous vivons. \u00c0 22, tout s'enflamme. \u00c0 19, nous nous \u00e9teignons. Qui r\u00e8gle cela ? Quel souffle veille \u00e0 cette \u00e9quation-l\u00e0 ? Quelle forme de pr\u00e9sence ajuste l'\u00e9quilibre sans demander d'applaudissements ? C'est peut-\u00eatre \u00e7a que les mythes tentent de nommer. Cette mani\u00e8re humble que nous avons trouv\u00e9e pour poser la question. Pour d\u00e9signer sans profaner. Ils sont pas l\u00e0 pour nous endormir, mais pour nous r\u00e9apprendre \u00e0 voir sans arracher. \u00c0 nommer sans poss\u00e9der. \u00c0 deviner sans saisir. R\u00eaver, alors, devient un acte de m\u00e9moire. Non la fuite, mais l'appel. L'\u00e9coute revenue. Demander la permission. Se taire. S'asseoir. Toucher une pierre comme on touche un front. Sentir qu'elle respire elle aussi, \u00e0 son rythme. Imaginer que la conscience est pas log\u00e9e dans nos cr\u00e2nes mais dissoute dans le monde. Que penser n'est qu'une forme de r\u00e9sonance parmi d'autres. ## Interfaces With Mystery Too hot, cant sleep and thinking of this book by Patrice Van Eersel finished not long ago: Is the Sun Conscious? Published April 2025. The question comes from British biologist Rupert Sheldrake, who suggests electromagnetic fields could be the bridge between consciousness and matter. Van Eersel, author of The Black Source, took up this interrogation in a 452-page inquiry. A journalist from the Actuel years, the Cl\u00e9s years too, or Nouvelles Clefs, depends how you see it. This title hasnt left me. And maybe lying in bed, this sleepless night, the idea for this article began to take shape. Walked the village streets this morning. Same shuttered shops, for rent, for sale, same desolation at every corner, you get used to it. And the low sky and Mount Pilat glimpsed from the valley floor through factory smoke. But this morning, comes back to me, something was wrong. The silence was too loud. Notifications cascading from facades, from vehicles, from motors more or less worn down. Echoes of a life that never settles. And it made me angry, which is to say put me in a certain form of energy. Told myself the worst that could have happened to us is this impression of knowing everything and knowing nothing simultaneously. We have applications of every kind including pedometers that count our steps for us. We know the speed of a particle. The time remaining before rain. And yet no longer know how to do the simplest thing: stop and listen. Silence doesnt disappear, we cover it. It frays from layering. It flattens or we think to finish with it thus. Silence has become so unbearable we no longer want to hear it in our streets as in our conversations, in our monologues. We fear it now. So we replace it. Numbers, alerts, pixels, playlists. We invent a mask that blinds and frightens us. We call this living. Or else reality. What silence, mask, reality produce in me is very strange. Old stories rise. Have the impression of mentally tracing an escape route. Tartaria, Atlantis, the Hollow Earth. Others still, more vague, more mute. These old stories explain nothing. Its an emergency exit or an abyss. And at the bottom of this abyss there is something ineffable, but that I must manage to suggest despite everything. A form of vertigo. A wound that doesnt bleed. Would see rather bouoys thrown and floating in the distance in the black water of these days. Not to cling to, I dont feel shipwrecked. But perhaps to rediscover the sensation of drifting. And its there I think of the Kogis. These 16,000 descendants of the Tayronas who live in the Sierra Nevada de Santa Marta, in Colombia. Discovered them in a documentary, or maybe a book, no longer know. What struck me was this phrase they address to us: they call us their little brothers. Not mockery. A hand placed on the shoulder. They have lived for more than five centuries between 0 and 5,770 meters altitude, there where we have unlearned to look. What troubles me about them is this question they pose at the edge of a forest: How can you enter without asking permission from the masters of the place? And we remain there, dumb, wordless, because we no longer even knew there were masters. Think of this sometimes when push a door. When enter somewhere. Do I ask? Do I listen? Or do I charge ahead, as if the world were waiting for me? But what interests me isnt this easy opposition between them who know and us who no longer know. Its simpler and more complex. They chew coca to stay connected to Pachamama, to be permanently in an advanced state of consciousness. They use rituals, gestures, mantras. They pass through mythology without questioning. What we no longer know how to do. Maybe thats what fascinates me. We all seek doors. The Kogis find them in their coca rituals, in their offerings to mountains they consider the heart of the world. Me, I seek them in my nocturnal drifts on the screen, in my obsessions with Atlantis, in these synchronicities I sometimes note in a notebook. The problem isnt that we lost myth, its that we intellectualized it to the point of no longer being able to abandon ourselves to it. Remember what I felt discovering Sheldrakes theory on solar consciousness. This small vibration, this shiver of evidence. As if something in me recognized a truth without needing proof. An equation well posed, like a sentence well said, connects us to something vaster. To this strange vibration we still call consciousness, for lack of a better word. Last night, insomnia already. Looked outside. The windows across were dark but not dead. There was something still breathing. Not the people. Something else. The world, perhaps. Waiting. Adjusting. Breathing without asking permission. Often pose this question to myself: we are all searching for interfaces with mystery. Numbers tell us everything is a matter of proper measure: at 21 percent oxygen, we live. At 22, everything ignites. At 19, we extinguish. Who regulates this? What breath watches over this equation? What form of presence adjusts the balance without asking for applause? Maybe thats what myths attempt to name. This humble manner we found to pose the question. To designate without profaning. Theyre not there to put us to sleep, but to reteach us to see without tearing away. To name without possessing. To divine without seizing. To dream, then, becomes an act of memory. Not flight, but call. The return of listening. Ask permission. Be silent. Sit down. Touch a stone as you touch a forehead. Feel that it too breathes, at its rhythm. Imagine that consciousness isnt lodged in our skulls but dissolved in the world. That thinking is only one form of resonance among others. 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Ce matin, j\u2019ai engag\u00e9 un travail de structuration fine sur l\u2019un des aspects les plus importants de mon site : la typologie des textes.<\/p>\n

Jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent, chaque article ou fragment \u00e9tait class\u00e9 par th\u00e8me ou par groupe de mots-cl\u00e9s li\u00e9s au contenu (comme r\u00eave, trace, signe dans le groupe observations).\nMais il manquait un syst\u00e8me clair pour identifier la forme des textes eux-m\u00eames : leur statut, leur fonction, leur logique d\u2019\u00e9criture.<\/p>\n

🎯 Objectif : cr\u00e9er un groupe de mots-cl\u00e9s « type »\nCe groupe permet d\u00e9sormais de qualifier chaque texte selon sa forme expressive ou documentaire.\nEst-ce un fragment ? Un essai ? Une source ? Une \u00e9criture onirique ? Un relev\u00e9 de terrain ?\nCe type de balisage rend possible une lecture transversale : non pas « de quoi parle ce texte ? », mais « de quelle mati\u00e8re est-il fait ? »<\/p>\n

🔎 Les mots-cl\u00e9s cr\u00e9\u00e9s dans ce groupe\nMot-cl\u00e9 Fonction \u00e9ditoriale\nsource Texte centr\u00e9 sur une ressource documentaire\nfragment Extrait isol\u00e9, non d\u00e9velopp\u00e9\nrelev\u00e9 Note issue d\u2019une captation concr\u00e8te\nessai Exploration structur\u00e9e d\u2019un motif ou d\u2019une id\u00e9e\n\u00e9criture onirique Texte issu d\u2019un r\u00eave ou structur\u00e9 par le r\u00eave<\/p>\n

Chacun de ces mots-cl\u00e9s est accompagn\u00e9 :<\/p>\n

d\u2019un descriptif clair et d\u2019un texte explicatif dans SPIP,<\/p>\n

d\u2019une image embl\u00e9matique : sobre, po\u00e9tique, en coh\u00e9rence avec l\u2019esprit du site.<\/p>\n

📸 Un jeu d\u2019images comme prolongement visuel\nPour chaque type, j\u2019ai g\u00e9n\u00e9r\u00e9 une image originale :<\/p>\n

Une coupure de journal annot\u00e9e pour source<\/p>\n

Des fragments de papier \u00e9pars pour fragment<\/p>\n

Un carnet d\u2019architecture annot\u00e9 pour relev\u00e9<\/p>\n

Une feuille tap\u00e9e \u00e0 la machine corrig\u00e9e \u00e0 la main pour essai<\/p>\n

Un bureau nocturne vide \u00e9clair\u00e9 par une lampe pour \u00e9criture onirique<\/p>\n

Ces images servent \u00e0 incarner chaque forme, et cr\u00e9ent une atmosph\u00e8re d\u2019atelier ou de cabinet d\u2019auteur.\nElles pourront appara\u00eetre dans les pages publiques du site ou dans l\u2019espace priv\u00e9 comme rep\u00e8res visuels.<\/p>\n

🧭 Ce que cela change\nCette typologie permet de :<\/p>\n

mieux naviguer dans mes archives textuelles ;<\/p>\n

croiser forme et contenu (par exemple : un relev\u00e9 qui parle de r\u00eave) ;<\/p>\n

construire un chantier \u00e9ditorial ouvert, document\u00e9, \u00e9volutif.<\/p>\n

Elle constitue une grammaire discr\u00e8te, une ossature invisible qui ordonne sans figer, et donne une densit\u00e9 nouvelle aux fragments.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " Ce matin, j\u2019ai engag\u00e9 un travail de structuration fine sur l\u2019un des aspects les plus importants de mon site : la typologie des textes. Jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent, chaque article ou fragment \u00e9tait class\u00e9 par th\u00e8me ou par groupe de mots-cl\u00e9s li\u00e9s au contenu (comme r\u00eave, trace, signe dans le groupe observations). Mais il manquait un syst\u00e8me clair pour identifier la forme des textes eux-m\u00eames : leur statut, leur fonction, leur logique d\u2019\u00e9criture. 🎯 Objectif : cr\u00e9er un groupe de mots-cl\u00e9s \"type\" Ce groupe permet d\u00e9sormais de qualifier chaque texte selon sa forme expressive ou documentaire. Est-ce un fragment ? Un essai ? Une source ? Une \u00e9criture onirique ? Un relev\u00e9 de terrain ? Ce type de balisage rend possible une lecture transversale : non pas \"de quoi parle ce texte ?\", mais \"de quelle mati\u00e8re est-il fait ?\" 🔎 Les mots-cl\u00e9s cr\u00e9\u00e9s dans ce groupe Mot-cl\u00e9 Fonction \u00e9ditoriale source Texte centr\u00e9 sur une ressource documentaire fragment Extrait isol\u00e9, non d\u00e9velopp\u00e9 relev\u00e9 Note issue d\u2019une captation concr\u00e8te essai Exploration structur\u00e9e d\u2019un motif ou d\u2019une id\u00e9e \u00e9criture onirique Texte issu d\u2019un r\u00eave ou structur\u00e9 par le r\u00eave Chacun de ces mots-cl\u00e9s est accompagn\u00e9 : d\u2019un descriptif clair et d\u2019un texte explicatif dans SPIP, d\u2019une image embl\u00e9matique : sobre, po\u00e9tique, en coh\u00e9rence avec l\u2019esprit du site. 📸 Un jeu d\u2019images comme prolongement visuel Pour chaque type, j\u2019ai g\u00e9n\u00e9r\u00e9 une image originale : Une coupure de journal annot\u00e9e pour source Des fragments de papier \u00e9pars pour fragment Un carnet d\u2019architecture annot\u00e9 pour relev\u00e9 Une feuille tap\u00e9e \u00e0 la machine corrig\u00e9e \u00e0 la main pour essai Un bureau nocturne vide \u00e9clair\u00e9 par une lampe pour \u00e9criture onirique Ces images servent \u00e0 incarner chaque forme, et cr\u00e9ent une atmosph\u00e8re d\u2019atelier ou de cabinet d\u2019auteur. Elles pourront appara\u00eetre dans les pages publiques du site ou dans l\u2019espace priv\u00e9 comme rep\u00e8res visuels. 🧭 Ce que cela change Cette typologie permet de : mieux naviguer dans mes archives textuelles ; croiser forme et contenu (par exemple : un relev\u00e9 qui parle de r\u00eave) ; construire un chantier \u00e9ditorial ouvert, document\u00e9, \u00e9volutif. Elle constitue une grammaire discr\u00e8te, une ossature invisible qui ordonne sans figer, et donne une densit\u00e9 nouvelle aux fragments. ", "image": "", "tags": ["r\u00eaves", "essai", "\u00e9criture onirique"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/19-juin-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/19-juin-2025.html", "title": "19 juin 2025", "date_published": "2025-06-19T01:32:20Z", "date_modified": "2025-06-19T01:32:20Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

CATALYSE<\/h1>\n
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La chaleur acc\u00e9l\u00e8re, d\u00e9clenche, facilite un processus — m\u00eame si elle n’en fait pas partie mat\u00e9riellement. Elle ne peut, \u00e0 elle seule, faire fonction de catalyseur. Mais sans doute favorise-t-elle l’op\u00e9ration, dans un contexte non strictement chimique. Une catalyse au sens figur\u00e9.<\/p>\n<\/blockquote>\n


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En cas de danger, l’amibe se divise. Elle engendre un clone d’elle-m\u00eame. Chaque clone fait de m\u00eame. Cela d\u00e9multiplie l’original par la simple reproduction nerveuse de ses copies. Une certaine id\u00e9e du d\u00e9sordre, d\u00e9ploy\u00e9e comme ruse : brouiller les pistes, noyer le poisson. Pour esquiver. Ou, du moins, tenter.<\/p>\n

\u00c9chapper \u00e0 l’in\u00e9luctable.<\/em><\/strong><\/p>\n


\n

S\u00c9QUENCE<\/h2>\n

1.<\/strong> Ce n’est pas un rangement. Pas encore. C’est d’abord un passage par le d\u00e9sordre. Il faut en passer par l\u00e0. Obstin\u00e9ment.<\/p>\n

2.<\/strong> Sans doute parce que j’ai t\u00e9l\u00e9vers\u00e9 une nouvelle version du site. Apr\u00e8s plusieurs nuits difficiles, \u00e0 effacer, rectifier, reprendre.<\/p>\n

3.<\/strong> Et d\u00e8s l’instant o\u00f9 j’ai vu que tout fonctionnait, quelque chose m’est revenu. Presque aussit\u00f4t.<\/p>\n

4.<\/strong> Quoi ?<\/p>\n

5.<\/strong> Je ne m’en souviens plus.<\/p>\n


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R\u00e8gle empirique n°1<\/h3>\n

Ce n’est pas ce qu’on cherche qu’il faut surveiller. Mais pourquoi on cherche. Le comment, plut\u00f4t que le quoi.<\/p>\n

Application imm\u00e9diate<\/h3>\n

Il me semble que je voulais acc\u00e9der \u00e0 un vieil ordinateur. Deux disques durs \u00e0 l’int\u00e9rieur. Des ann\u00e9es que je ne les ai pas revus. Mais o\u00f9 est pass\u00e9 le c\u00e2ble d’alimentation de l’\u00e9cran ?<\/p>\n

Myst\u00e8re.<\/em><\/strong><\/p>\n

Je le retrouve. Assez facilement. Et pourtant rebrancher<\/del> poursuivre<\/del> \u2192 je me dis qu’il faut d’abord ranger. Tous ces c\u00e2bles non identifi\u00e9s qui tra\u00eenent dans un gros carton.<\/p>\n

Tri s\u00e9lectif :<\/strong><\/p>\n