{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-juillet-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-juillet-2025.html", "title": "30 juillet 2025", "date_published": "2025-07-30T11:26:08Z", "date_modified": "2025-07-30T11:26:08Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

J\u2019avais dit « table rase », pas pour rien. SPIP et MySQL m\u2019ont r\u00e9pondu en ch\u0153ur. Tout ce que j\u2019avais construit sur mon site local a \u00e9t\u00e9 mis par terre par l\u2019importation de ma base de donn\u00e9es distante vers mon PhpMyAdmin local. Au d\u00e9but, j\u2019ai temp\u00eat\u00e9. Des heures et des heures de boulot qui s\u2019envolent en un clic. Puis je me suis souvenu de mon envie de faire table rase. Et je me suis dit que cet incident \u00e9tait plut\u00f4t une chance, que \u00e7a allait m\u2019aider. SPIP a connu pas mal de mises \u00e0 jour, et c\u2019est l\u00e0 qu\u2019il faut \u00eatre vigilant. Il ne suffit pas de lancer le fameux spip_loader.php pour mettre \u00e0 jour la distribution. Il faut aussi aller voir du c\u00f4t\u00e9 de la base de donn\u00e9es et v\u00e9rifier les versions (table spip_meta). De vieux plugins non mis \u00e0 jour peuvent \u00e9galement s\u2019accumuler et cr\u00e9er des distorsions. C\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s tout cela qui m\u2019est tomb\u00e9 sur le coin du nez ces derniers jours. Ignorance ou n\u00e9gligence : le d\u00e9bat reste ouvert. Le fait est que SPIP, en contrepartie de sa robustesse et de sa fiabilit\u00e9 (quand tout roule), demande un peu de jugeote, de m\u00e9moire et d\u2019attention. La gravit\u00e9 du probl\u00e8me rencontr\u00e9 n\u2019est pas immense. J\u2019avais bien s\u00fbr pris soin de sauvegarder mon travail. Mais quand m\u00eame, devoir tout refaire ne m\u2019amuse pas. Cela m\u2019oblige donc \u00e0 repenser, une fois encore, ce que je veux — ou ce que je ne veux pas (la seconde option est toujours plus facile). Je reprends donc, encore une fois, la reconstruction des squelettes, os pr\u00e8s os — mais sans doute avec un peu plus d\u2019exp\u00e9rience, ce qui se paie d\u2019\u00e9checs, comme il se doit. En attendant, je continue \u00e0 \u00e9crire mes textes sur le site en ligne. Je ne donne pas de date pour la mise en ligne de la prochaine version, mais j\u2019ai d\u00e9j\u00e0 quelques trouvailles dans la bo\u00eete — notamment un JavaScript extra qui permet de disposer d\u2019une imprimerie de poche pour cr\u00e9er des livres num\u00e9riques. Reste \u00e0 savoir ce que j\u2019y mets, dans ces livres. Ce n\u2019est pas l\u2019embarras du choix qui manque.<\/p>", "content_text": "J\u2019avais dit \"table rase\", pas pour rien. SPIP et MySQL m\u2019ont r\u00e9pondu en ch\u0153ur. Tout ce que j\u2019avais construit sur mon site local a \u00e9t\u00e9 mis par terre par l\u2019importation de ma base de donn\u00e9es distante vers mon PhpMyAdmin local. Au d\u00e9but, j\u2019ai temp\u00eat\u00e9. Des heures et des heures de boulot qui s\u2019envolent en un clic. Puis je me suis souvenu de mon envie de faire table rase. Et je me suis dit que cet incident \u00e9tait plut\u00f4t une chance, que \u00e7a allait m\u2019aider. 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Contr\u00f4ler l’acc\u00e8s \u00e0 la nourriture, c’est contr\u00f4ler les corps, les territoires, les populations. Impossible de ne pas penser aux famines organis\u00e9es, aux embargos, aux politiques agricoles. En m\u00eame temps qu’\u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision on aper\u00e7oit ces parachutages de denr\u00e9es sur Gaza, on repassait hier La Passion de Dodin Bouffant, du r\u00e9alisateur Tr\u1ea7n Anh H\u00f9ng. Il s\u2019est produit quelque chose d\u2019\u00e9trange \u00e0 cet instant. Une attirance et une r\u00e9pulsion dans un m\u00eame mouvement, pour la nourriture, mais plus encore pour cette culture de la mangeaille. Et ce, malgr\u00e9 la qualit\u00e9 visuelle et sonore — surtout sonore — du film. \u00c7a m\u2019est rest\u00e9 en travers de la gorge. Soudain, cette surrepr\u00e9sentation de la bouffe m\u2019est apparue profond\u00e9ment obsc\u00e8ne. Mais pas plus, au fond, que ce qu\u2019on nous fait avaler sur papier glac\u00e9, dans les affiches publicitaires, sur les r\u00e9seaux sociaux. L\u2019importance que la nourriture a prise ces derni\u00e8res ann\u00e9es est consid\u00e9rable. Peut-\u00eatre que le culte de la boustifaille est vraiment apparu sur les r\u00e9seaux lors des premiers confinements de 2019 ou 2020. Il y avait l\u00e0 d\u00e9j\u00e0 quelque chose d\u2019abject, mais j\u2019y accordais sans doute moins d\u2019importance. Peut-\u00eatre m\u00eame en ai-je profit\u00e9, en recopiant quelques recettes. Mais hier soir, non. En \u00e9coutant le fr\u00e9missement du bouillon clair, les rissolements des foies, les r\u00f4tis en train de suer, j\u2019avais plut\u00f4t envie de d\u00e9gueuler qu\u2019autre chose. J\u2019avais d\u00e9j\u00e0 vu ce film en 2023, je crois, et je n\u2019avais pas \u00e9prouv\u00e9 la naus\u00e9e \u00e0 un tel point. Cette c\u00e9l\u00e9bration m\u2019avait m\u00eame laiss\u00e9 admiratif, et en m\u00eame temps nostalgique, voire envieux. Les souvenirs du culte sont nombreux, ils remontent \u00e0 l\u2019enfance, aux grandes tabl\u00e9es, aux aurores embaum\u00e9es par l\u2019odeur de br\u00fblure de pattes de volaille, par l\u2019oignon qui revient vers une tendre transparence. Autant de souvenirs olfactifs que l\u2019on se passe comme un relais dans les familles fran\u00e7aises de classe moyenne depuis des g\u00e9n\u00e9rations. Ce go\u00fbt de la bouffe, de la “bonne chair”, je le transporte encore dans mes g\u00e8nes. Ce n\u2019est pas faute d\u2019avoir essay\u00e9, \u00e0 tant de reprises, de m\u2019en s\u00e9parer. De traverser des p\u00e9riodes d\u2019aust\u00e9rit\u00e9, peut-\u00eatre dans l\u2019unique but de m\u2019en d\u00e9barrasser. Mais \u00e7a revient. Par le nez, par les papilles. C\u2019est plus fort que moi, comme on dit. Un r\u00e9flexe pavlovien de chien qui revient vers le ma\u00eetre, celui qui, \u00e0 la fois, le bat et le caresse. Une voix, tout au fond de moi, voudrait me ramener \u00e0 je ne sais quelle “raison”. Tu confonds tout, me dit-elle. Tu ne peux pas mettre sur un m\u00eame plan les exactions, les guerres, l’effroi des images que ces \u00e9v\u00e9nements charrient, avec l’atmosph\u00e8re tellement chaleureuse d’un film c\u00e9l\u00e9brant la gastronomie fran\u00e7aise. Tu ne peux pas, tu n\u2019en as pas le droit, continue-t-elle. Je l\u2019\u00e9coute, je la respecte. Mais pourtant, si je mets cela en parall\u00e8le, si je les place sur un m\u00eame plan, c\u2019est que le plan du d\u00e9go\u00fbt est devenu si vaste, une fois les apparences travers\u00e9es — les apparences tellement claires — ainsi que les contours fumeux des lendemains qui ne chantent pas.<\/p>", "content_text": " Contr\u00f4ler l'acc\u00e8s \u00e0 la nourriture, c'est contr\u00f4ler les corps, les territoires, les populations. Impossible de ne pas penser aux famines organis\u00e9es, aux embargos, aux politiques agricoles. En m\u00eame temps qu'\u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision on aper\u00e7oit ces parachutages de denr\u00e9es sur Gaza, on repassait hier La Passion de Dodin Bouffant, du r\u00e9alisateur Tr\u1ea7n Anh H\u00f9ng. Il s\u2019est produit quelque chose d\u2019\u00e9trange \u00e0 cet instant. Une attirance et une r\u00e9pulsion dans un m\u00eame mouvement, pour la nourriture, mais plus encore pour cette culture de la mangeaille. 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Mais pourtant, si je mets cela en parall\u00e8le, si je les place sur un m\u00eame plan, c\u2019est que le plan du d\u00e9go\u00fbt est devenu si vaste, une fois les apparences travers\u00e9es \u2014 les apparences tellement claires \u2014 ainsi que les contours fumeux des lendemains qui ne chantent pas. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_3652.jpg?1753768925", "tags": ["hors-lieu"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/paupiere-tombante.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/paupiere-tombante.html", "title": "paupi\u00e8re tombante", "date_published": "2025-07-28T15:25:56Z", "date_modified": "2025-07-28T15:28:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "\n \n
\n

Voir la honte au moment m\u00eame o\u00f9 elle vous prend, c\u2019est voir par en-dessous. Par d\u00e9faut. \u00c0 rebours. Ce n\u2019est plus une image, c\u2019est un voile.
\n Une membrane lente descend sur la pupille, un clignement avort\u00e9, comme une fermeture en suspens. J\u2019ai connu un perroquet honteux.
\n Il chantait \u00e0 tue-t\u00eate aupr\u00e8s de ma blonde, mais sa paupi\u00e8re flanchait \u00e0 chaque syllabe. Elle s\u2019\u00e9croulait sur l\u2019\u0153il, molle, involontaire.
\n Il continuait de chanter, mais \u00e0 moiti\u00e9 aveugle. Un \u0153il ferm\u00e9 par la honte et l\u2019autre qui insistait. L\u2019ent\u00eatement du regard bless\u00e9.<\/p>\n

La honte n\u2019arrive pas de l\u2019ext\u00e9rieur. Elle monte. Elle boursoufle la vue. Elle se glisse entre le monde et soi comme un \u00e9cran bistre, opaque, fig\u00e9.
\n Elle ne trouble pas la vue : elle l\u2019arr\u00eate. Et quand elle laisse passer un peu de lumi\u00e8re, c\u2019est une lumi\u00e8re malade, caverneuse.
\n Voir par la honte, c\u2019est comme voir \u00e0 travers un \u0153il d\u2019aiguille : un point, rien de plus.<\/p>\n

Honte d\u2019\u00eatre l\u00e0. Nu, immobile. Pris dans une impudeur si totale qu\u2019elle semble presque tranquille. Et pourtant personne ne voit.
\n Personne ne regarde. L\u2019invisibilit\u00e9 n\u2019apaise rien. Elle \u00e9paissit. Elle appuie l\u00e0 o\u00f9 \u00e7a br\u00fble. Elle fait mieux que montrer : elle isole.
\n Le regard manque, mais l\u2019essentiel reste. La honte ne d\u00e9pend pas de l\u2019\u0153il de l\u2019autre. Elle se propage par en dedans, de la peau jusqu\u2019au nerf optique.<\/p>\n<\/td>

\n

la honte au centre du paysage n\u2019arrondit pas les angles. Elle tient le milieu comme un pion fig\u00e9. Autour, les all\u00e9es blanches dessinent une spirale h\u00e9sitante,
\n un tourbillon \u00e0 ras du sol. Le sable crisse sous les pas, sans rythme net. J\u2019avance d\u2019un pas, je recule de trois. Chaque d\u00e9tour me ram\u00e8ne au point d\u2019avant.
\n \u00c0 la mani\u00e8re d\u2019un patineur sur carton glac\u00e9, glissant sans gr\u00e2ce sur un vieux jeu de l\u2019oie. On ne gagne rien, on recommence.
\n Une case vide, une case pi\u00e9g\u00e9e, une case o\u00f9 l\u2019on attend.<\/p>\n<\/td>\n <\/tr>\n<\/table>", "content_text": " Voir la honte au moment m\u00eame o\u00f9 elle vous prend, c\u2019est voir par en-dessous. Par d\u00e9faut. \u00c0 rebours. Ce n\u2019est plus une image, c\u2019est un voile. Une membrane lente descend sur la pupille, un clignement avort\u00e9, comme une fermeture en suspens. J\u2019ai connu un perroquet honteux. Il chantait \u00e0 tue-t\u00eate aupr\u00e8s de ma blonde, mais sa paupi\u00e8re flanchait \u00e0 chaque syllabe. Elle s\u2019\u00e9croulait sur l\u2019\u0153il, molle, involontaire. Il continuait de chanter, mais \u00e0 moiti\u00e9 aveugle. Un \u0153il ferm\u00e9 par la honte et l\u2019autre qui insistait. L\u2019ent\u00eatement du regard bless\u00e9. \n\n\n\nLa honte n\u2019arrive pas de l\u2019ext\u00e9rieur. Elle monte. Elle boursoufle la vue. Elle se glisse entre le monde et soi comme un \u00e9cran bistre, opaque, fig\u00e9. Elle ne trouble pas la vue : elle l\u2019arr\u00eate. Et quand elle laisse passer un peu de lumi\u00e8re, c\u2019est une lumi\u00e8re malade, caverneuse. Voir par la honte, c\u2019est comme voir \u00e0 travers un \u0153il d\u2019aiguille : un point, rien de plus. \n\n\n\nHonte d\u2019\u00eatre l\u00e0. Nu, immobile. Pris dans une impudeur si totale qu\u2019elle semble presque tranquille. Et pourtant personne ne voit. Personne ne regarde. L\u2019invisibilit\u00e9 n\u2019apaise rien. Elle \u00e9paissit. Elle appuie l\u00e0 o\u00f9 \u00e7a br\u00fble. Elle fait mieux que montrer : elle isole. Le regard manque, mais l\u2019essentiel reste. La honte ne d\u00e9pend pas de l\u2019\u0153il de l\u2019autre. Elle se propage par en dedans, de la peau jusqu\u2019au nerf optique. la honte au centre du paysage n\u2019arrondit pas les angles. Elle tient le milieu comme un pion fig\u00e9. Autour, les all\u00e9es blanches dessinent une spirale h\u00e9sitante, un tourbillon \u00e0 ras du sol. Le sable crisse sous les pas, sans rythme net. J\u2019avance d\u2019un pas, je recule de trois. Chaque d\u00e9tour me ram\u00e8ne au point d\u2019avant. \u00c0 la mani\u00e8re d\u2019un patineur sur carton glac\u00e9, glissant sans gr\u00e2ce sur un vieux jeu de l\u2019oie. On ne gagne rien, on recommence. Une case vide, une case pi\u00e9g\u00e9e, une case o\u00f9 l\u2019on attend. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_3560.jpg?1753716537", "tags": ["recto_verso"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/28-juillet-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/28-juillet-2025.html", "title": "28 juillet 2025", "date_published": "2025-07-28T08:23:55Z", "date_modified": "2025-07-28T08:23:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Peu \u00e0 peu, il s\u2019enfonce dans ce que l\u2019on peut nommer une certaine morbidit\u00e9. Les nuits sont agit\u00e9es. Malgr\u00e9 l\u2019appareil respiratoire, elles restent morcel\u00e9es, agit\u00e9es, ces nuits. Et surtout, il n\u2019en loupe pas une pour prendre \u00e0 partie le ou la premi\u00e8re qui entre dans sa p\u00e9riph\u00e9rie.\n-- Vous avez vu ce scandale ? Ce mensonge ? Mais c\u2019est l\u2019apoth\u00e9ose, l\u2019apocalypse, ne le voyez-vous pas ?<\/p>\n

Le technicien Free, cette fois, ne sait pas. Il a fait trois fois le tour du p\u00e2t\u00e9 de maisons, soulev\u00e9 une plaque de bronze dans la rue, sorti de l\u2019eau des paquets de c\u00e2bles. Puis il a tout referm\u00e9 en secouant la t\u00eate. Il ne sait pas. Il le dit, le r\u00e9p\u00e8te. Puis, soudain, il te demande o\u00f9 est le n°\u202f3 de la rue. C\u2019est l\u2019\u00e9picerie turque, ferm\u00e9e depuis des mois. Le probl\u00e8me est s\u00fbrement l\u00e0. M\u00eame si tout fonctionnait encore il y a deux semaines. Bref. Nous restons encore en connexion partag\u00e9e quelques jours. On a l\u2019habitude. Tellement qu\u2019on se demande pourquoi on garderait cet abonnement fibre, au bout du compte.<\/p>\n

Ce qu\u2019il y a de rigolo, quand vous prenez \u00e0 partie les gens, c\u2019est que chacun va parler pour son propre parti. Ainsi, la pharmacienne me fait-elle signer une p\u00e9tition pour les pharmacies.\n-- Les petites pharmacies sont en train d\u2019\u00eatre d\u00e9vast\u00e9es, vous savez. Et tout \u00e7a pour maintenir le niveau de vie de nos d\u00e9put\u00e9s \u00e0 presque 8000 euros par mois. Les pauvres.\nEux, ils n\u2019ont pas, eux, de p\u00e9tition qu\u2019on pourrait aussi signer en passant. Apr\u00e8s tout.<\/p>\n

Bref, tout \u00e7a cr\u00e9e une ambiance\u2026 Comment dit-on d\u00e9j\u00e0 ? D\u00e9l\u00e9t\u00e8re ? Nuisible, donc, qui vient du grec. On peut trouver aussi des synonymes comme \u00e9touffante, n\u00e9gative, pesante.<\/p>\n

Ensuite, tout \u00e7a ne vient sans doute que de moi, me dis-je soudain. Ce sur quoi ma moiti\u00e9 rench\u00e9rit, trop contente :\n-- De toute fa\u00e7on, tout vient de toi. Il n\u2019y a pas \u00e0 tortiller.<\/p>\n

Mais quelle vie, se dit-il en se frappant le front, sans que le moindre eur\u00eaka ne sorte de sa bouche.<\/p>\n

Calme-toi.\nLe recours au mot d\u2019ordre comme le recours au rituel. Comme si l\u2019espoir qu\u2019il puisse encore r\u00e9sider un espoir dans ces recours convoquait quoi, dans le fond ? Le collectif ? Un sentiment d\u2019appartenance \u00e0 un collectif ?<\/p>\n

Presque aussit\u00f4t, une bouff\u00e9e de d\u00e9sesp\u00e9rance face \u00e0 l\u2019esp\u00e9rance. Toujours ces \u00e9tranges ph\u00e9nom\u00e8nes binaires qui t\u2019assaillent. Tu n\u2019en veux pas, mais ils te collent aux basques. Cela fait partie du « c\u2019est plus fort que toi ». Merde. Qu\u2019attends-tu du collectif encore ? Tu dois bien en attendre quelque chose, encore, pour t\u2019enfoncer syst\u00e9matiquement dans cette image en noir et blanc. Les autres et moi, moi et les autres.<\/p>\n

Tu peux aussi botter en touche. Tu en as parfaitement le droit. Te dire que tu t\u2019en fous. Ce qui, en g\u00e9n\u00e9ral, ne r\u00e9sout rien mais cr\u00e9e une sorte de « temps mort ». Quarante ans de temps morts. C\u2019est presque une vie enti\u00e8re. Merde.<\/p>\n

Est-ce que le fait de dire simplement que tu n\u2019en attends rien te d\u00e9douane v\u00e9ritablement ? Il y a une sorte de politesse glac\u00e9e qui existe pour marquer le fait que tu es bel et bien l\u00e0, mais pas coll\u00e9 \u00e0 tous. Pas du tout coll\u00e9. C\u2019est-\u00e0-dire que tu adh\u00e8res poliment \u00e0 un certain nombre de r\u00e8gles de biens\u00e9ance. Sauf quand tu n\u2019y adh\u00e8res plus. Quand ces r\u00e8gles te paraissent si d\u00e9biles — surtout la violence qu\u2019elles recouvrent en g\u00e9n\u00e9ral — qu\u2019elles te font p\u00e9ter un plomb.<\/p>\n

\u00c0 cet instant, plus rien ne peut sortir de ta bouche. Tu restes r\u00e9solument muet. Comme t\u00e9tanis\u00e9 par l\u2019absurdit\u00e9 ou l\u2019injustice. Et si l\u2019injustice est cit\u00e9e, c\u2019est parce que tu trouves v\u00e9ritablement injuste que l\u2019on te prenne pour un imb\u00e9cile \u00e0 ce point. Tu veux bien passer pour un imb\u00e9cile, pas de probl\u00e8me pour \u00e7a. Mais en \u00eatre un v\u00e9ritablement, non. \u00c7a, c\u2019est injuste.<\/p>\n

Observation en passant.\nJ\u2019ai re\u00e7u environ une douzaine de commentaires pour l\u2019atelier Rectoverso. Auxquels j\u2019ai r\u00e9pondu par mail, en m\u2019appliquant \u00e0 lire les textes de chacun et m\u00eame en y faisant r\u00e9f\u00e9rence. Une seule personne m\u2019a r\u00e9pondu par mail en retour. Ce qui conforte mon intuition premi\u00e8re : que ces commentaires qui s\u2019\u00e9changent ne sont que de l\u2019esbroufe, du para\u00eetre, et pas grand-chose d\u2019autre. Je prends un malin plaisir \u00e0 r\u00e9gresser ainsi, parfois. J\u2019observe que le commentaire est un bon d\u00e9clencheur pour r\u00e9gresser rapidement.\nEnsuite, est-ce que je m\u2019int\u00e9resse \u00e0 la fa\u00e7on dont je suis per\u00e7u par ce collectif ? Non, je m\u2019en fiche. \u00c9videmment que je m\u2019en fiche. Le d\u00e9calage est tellement \u00e9norme entre ces textes qu\u2019on se partage et ces commentaires, souvent ridicules, que je m\u2019\u00e9tonne que nul n\u2019en parle jamais.<\/p>\n

Cela me rappelle mon p\u00e8re. Tiens. Des trempes magistrales, puis quelques minutes plus tard le fameux « c\u2019\u00e9tait pour rire », « viens me faire un c\u00e2lin »\u2026 Ce mod\u00e8le de double bind appliqu\u00e9 aux ateliers d\u2019\u00e9criture.\nMais je suis peut-\u00eatre v\u00e9ritablement cingl\u00e9. La plupart des gens sont \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re de mes raisonnements. Il ne faut pas oublier \u00e7a aussi.\nMais quand m\u00eame, si on \u00e9crit et qu\u2019on ignore \u00e7a\u2026 merde.<\/p>", "content_text": " Peu \u00e0 peu, il s\u2019enfonce dans ce que l\u2019on peut nommer une certaine morbidit\u00e9. Les nuits sont agit\u00e9es. Malgr\u00e9 l\u2019appareil respiratoire, elles restent morcel\u00e9es, agit\u00e9es, ces nuits. Et surtout, il n\u2019en loupe pas une pour prendre \u00e0 partie le ou la premi\u00e8re qui entre dans sa p\u00e9riph\u00e9rie. \u2014 Vous avez vu ce scandale ? Ce mensonge ? Mais c\u2019est l\u2019apoth\u00e9ose, l\u2019apocalypse, ne le voyez-vous pas ? Le technicien Free, cette fois, ne sait pas. Il a fait trois fois le tour du p\u00e2t\u00e9 de maisons, soulev\u00e9 une plaque de bronze dans la rue, sorti de l\u2019eau des paquets de c\u00e2bles. Puis il a tout referm\u00e9 en secouant la t\u00eate. Il ne sait pas. Il le dit, le r\u00e9p\u00e8te. Puis, soudain, il te demande o\u00f9 est le n\u00b0 3 de la rue. C\u2019est l\u2019\u00e9picerie turque, ferm\u00e9e depuis des mois. Le probl\u00e8me est s\u00fbrement l\u00e0. M\u00eame si tout fonctionnait encore il y a deux semaines. Bref. Nous restons encore en connexion partag\u00e9e quelques jours. On a l\u2019habitude. Tellement qu\u2019on se demande pourquoi on garderait cet abonnement fibre, au bout du compte. Ce qu\u2019il y a de rigolo, quand vous prenez \u00e0 partie les gens, c\u2019est que chacun va parler pour son propre parti. Ainsi, la pharmacienne me fait-elle signer une p\u00e9tition pour les pharmacies. \u2014 Les petites pharmacies sont en train d\u2019\u00eatre d\u00e9vast\u00e9es, vous savez. Et tout \u00e7a pour maintenir le niveau de vie de nos d\u00e9put\u00e9s \u00e0 presque 8000 euros par mois. Les pauvres. Eux, ils n\u2019ont pas, eux, de p\u00e9tition qu\u2019on pourrait aussi signer en passant. Apr\u00e8s tout. Bref, tout \u00e7a cr\u00e9e une ambiance\u2026 Comment dit-on d\u00e9j\u00e0 ? D\u00e9l\u00e9t\u00e8re ? Nuisible, donc, qui vient du grec. On peut trouver aussi des synonymes comme \u00e9touffante, n\u00e9gative, pesante. Ensuite, tout \u00e7a ne vient sans doute que de moi, me dis-je soudain. Ce sur quoi ma moiti\u00e9 rench\u00e9rit, trop contente : \u2014 De toute fa\u00e7on, tout vient de toi. Il n\u2019y a pas \u00e0 tortiller. Mais quelle vie, se dit-il en se frappant le front, sans que le moindre eur\u00eaka ne sorte de sa bouche. Calme-toi. Le recours au mot d\u2019ordre comme le recours au rituel. Comme si l\u2019espoir qu\u2019il puisse encore r\u00e9sider un espoir dans ces recours convoquait quoi, dans le fond ? Le collectif ? Un sentiment d\u2019appartenance \u00e0 un collectif ? Presque aussit\u00f4t, une bouff\u00e9e de d\u00e9sesp\u00e9rance face \u00e0 l\u2019esp\u00e9rance. Toujours ces \u00e9tranges ph\u00e9nom\u00e8nes binaires qui t\u2019assaillent. Tu n\u2019en veux pas, mais ils te collent aux basques. Cela fait partie du \"c\u2019est plus fort que toi\". Merde. Qu\u2019attends-tu du collectif encore ? Tu dois bien en attendre quelque chose, encore, pour t\u2019enfoncer syst\u00e9matiquement dans cette image en noir et blanc. Les autres et moi, moi et les autres. Tu peux aussi botter en touche. Tu en as parfaitement le droit. Te dire que tu t\u2019en fous. Ce qui, en g\u00e9n\u00e9ral, ne r\u00e9sout rien mais cr\u00e9e une sorte de \"temps mort\". Quarante ans de temps morts. C\u2019est presque une vie enti\u00e8re. Merde. Est-ce que le fait de dire simplement que tu n\u2019en attends rien te d\u00e9douane v\u00e9ritablement ? Il y a une sorte de politesse glac\u00e9e qui existe pour marquer le fait que tu es bel et bien l\u00e0, mais pas coll\u00e9 \u00e0 tous. Pas du tout coll\u00e9. C\u2019est-\u00e0-dire que tu adh\u00e8res poliment \u00e0 un certain nombre de r\u00e8gles de biens\u00e9ance. Sauf quand tu n\u2019y adh\u00e8res plus. Quand ces r\u00e8gles te paraissent si d\u00e9biles \u2014 surtout la violence qu\u2019elles recouvrent en g\u00e9n\u00e9ral \u2014 qu\u2019elles te font p\u00e9ter un plomb. \u00c0 cet instant, plus rien ne peut sortir de ta bouche. Tu restes r\u00e9solument muet. Comme t\u00e9tanis\u00e9 par l\u2019absurdit\u00e9 ou l\u2019injustice. Et si l\u2019injustice est cit\u00e9e, c\u2019est parce que tu trouves v\u00e9ritablement injuste que l\u2019on te prenne pour un imb\u00e9cile \u00e0 ce point. Tu veux bien passer pour un imb\u00e9cile, pas de probl\u00e8me pour \u00e7a. Mais en \u00eatre un v\u00e9ritablement, non. \u00c7a, c\u2019est injuste. Observation en passant. J\u2019ai re\u00e7u environ une douzaine de commentaires pour l\u2019atelier Rectoverso. Auxquels j\u2019ai r\u00e9pondu par mail, en m\u2019appliquant \u00e0 lire les textes de chacun et m\u00eame en y faisant r\u00e9f\u00e9rence. Une seule personne m\u2019a r\u00e9pondu par mail en retour. Ce qui conforte mon intuition premi\u00e8re : que ces commentaires qui s\u2019\u00e9changent ne sont que de l\u2019esbroufe, du para\u00eetre, et pas grand-chose d\u2019autre. Je prends un malin plaisir \u00e0 r\u00e9gresser ainsi, parfois. J\u2019observe que le commentaire est un bon d\u00e9clencheur pour r\u00e9gresser rapidement. Ensuite, est-ce que je m\u2019int\u00e9resse \u00e0 la fa\u00e7on dont je suis per\u00e7u par ce collectif ? Non, je m\u2019en fiche. \u00c9videmment que je m\u2019en fiche. Le d\u00e9calage est tellement \u00e9norme entre ces textes qu\u2019on se partage et ces commentaires, souvent ridicules, que je m\u2019\u00e9tonne que nul n\u2019en parle jamais. Cela me rappelle mon p\u00e8re. Tiens. Des trempes magistrales, puis quelques minutes plus tard le fameux \"c\u2019\u00e9tait pour rire\", \"viens me faire un c\u00e2lin\"\u2026 Ce mod\u00e8le de double bind appliqu\u00e9 aux ateliers d\u2019\u00e9criture. Mais je suis peut-\u00eatre v\u00e9ritablement cingl\u00e9. La plupart des gens sont \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re de mes raisonnements. Il ne faut pas oublier \u00e7a aussi. Mais quand m\u00eame, si on \u00e9crit et qu\u2019on ignore \u00e7a\u2026 merde. 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recto<\/strong><\/p>\n

Le bleu de travail. Le plus souvent caf\u00e9, selon ce que dit Talleyrand. Fort. Enfer. Les yeux poch\u00e9s, jamais de bacon. Raide comme la justice derri\u00e8re le genou, ce qui n\u2019aide pas \u00e0 plier.<\/p>\n

Le pain. Il remplit un trou, temporairement. Un go\u00fbt de sueur, \u00e9videmment. Pas de croix au dos avec un couteau, pas de b\u00e9n\u00e9dicit\u00e9. Le pain nous m\u00e8ne \u00e0 la baguette.<\/p>\n

La cuisine. Petit coin \u00e9troit, confortable. Il faut rentrer son ventre pour s\u2019asseoir en bout de table. Un peu de dignit\u00e9 : se laver les mains des propos diffus\u00e9s par le poste. Apercevoir des pigeons, fr\u00e8res et s\u0153urs, \u00e0 la fen\u00eatre.<\/p>\n


\n

verso<\/strong><\/p>\n

La Clark. Rebelle, elle baille aux corneilles. D\u00e9marche souple, un peu trop. Comme une danse auguste, une clownerie r\u00e9sistante. Elle lutte, sans pancarte, contre le cirage de pompes g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9. L\u2019odeur devient suffocante, sur le tard.<\/p>\n

La soupe au lait. Elle indique le soir mieux que la pendule. Sa forme d\u00e9pend de l\u2019humeur, du fond du placard. \u00c0 boire et \u00e0 manger. Un tout-en-un qui s\u2019avale chaud, ti\u00e8de, rarement froid.<\/p>\n

L\u2019appentis. Il sent la peau de poisson s\u00e9ch\u00e9, la vieille ficelle, le caoutchouc des bottes. Bard\u00e9 de bois \u00e0 n\u0153uds, bon march\u00e9. Couvert de t\u00f4le ondul\u00e9e. Une accumulation de choses, qui semble du d\u00e9sordre, mais qui ne l\u2019est pas.<\/p>", "content_text": " **recto** Le bleu de travail. Le plus souvent caf\u00e9, selon ce que dit Talleyrand. Fort. Enfer. Les yeux poch\u00e9s, jamais de bacon. Raide comme la justice derri\u00e8re le genou, ce qui n\u2019aide pas \u00e0 plier. Le pain. Il remplit un trou, temporairement. Un go\u00fbt de sueur, \u00e9videmment. Pas de croix au dos avec un couteau, pas de b\u00e9n\u00e9dicit\u00e9. Le pain nous m\u00e8ne \u00e0 la baguette. La cuisine. Petit coin \u00e9troit, confortable. Il faut rentrer son ventre pour s\u2019asseoir en bout de table. Un peu de dignit\u00e9 : se laver les mains des propos diffus\u00e9s par le poste. Apercevoir des pigeons, fr\u00e8res et s\u0153urs, \u00e0 la fen\u00eatre. **verso** La Clark. Rebelle, elle baille aux corneilles. D\u00e9marche souple, un peu trop. Comme une danse auguste, une clownerie r\u00e9sistante. Elle lutte, sans pancarte, contre le cirage de pompes g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9. L\u2019odeur devient suffocante, sur le tard. La soupe au lait. Elle indique le soir mieux que la pendule. Sa forme d\u00e9pend de l\u2019humeur, du fond du placard. \u00c0 boire et \u00e0 manger. Un tout-en-un qui s\u2019avale chaud, ti\u00e8de, rarement froid. L\u2019appentis. Il sent la peau de poisson s\u00e9ch\u00e9, la vieille ficelle, le caoutchouc des bottes. Bard\u00e9 de bois \u00e0 n\u0153uds, bon march\u00e9. Couvert de t\u00f4le ondul\u00e9e. Une accumulation de choses, qui semble du d\u00e9sordre, mais qui ne l\u2019est pas. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/roue.jpg?1753454206", "tags": ["recto_verso"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/amer-cain.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/amer-cain.html", "title": "Amer Ca\u00efn", "date_published": "2025-07-25T06:26:43Z", "date_modified": "2025-07-25T06:26:56Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

recto<\/strong><\/p>\n

Il m\u2019est soudain devenu difficile d\u2019\u00e9crire comme de parler. Impression que tout ce que je peux dire ou \u00e9crire sera de toute fa\u00e7on faux, inint\u00e9ressant, ridicule. J\u2019ai l\u2019impression d\u2019\u00eatre revenu des ann\u00e9es en arri\u00e8re. Peut-\u00eatre 79 ou 80. C\u2019est si loin. Je ne me souviens que de cette difficult\u00e9 \u00e0 dire que j\u2019avais retrouv\u00e9e dans l\u2019envie d\u2019\u00e9crire. La difficult\u00e9 de dire, en y r\u00e9fl\u00e9chissant, remonte \u00e0 bien plus loin. Elle est associ\u00e9e \u00e0 l\u2019enfance. C\u2019est qu\u2019on ne prenait pas la parole si facilement. Ou peut-\u00eatre que la parole des enfants \u00e9tait du pipi de chat. Tiens. C\u2019est venu comme \u00e7a. Du pipi de chat. C\u2019est-\u00e0-dire rien, ou presque.\nC\u2019est difficile de ne pas inventer. De dire les choses telles qu\u2019elles sont. Ce que l\u2019on appelle « dire la v\u00e9rit\u00e9 ». Comme ils disent. Une fois j\u2019ai voulu tuer tout le monde \u00e0 cause de \u00e7a. Quelle v\u00e9rit\u00e9. C\u2019est au m\u00eame moment que je cesse de parler de toi. Je crois qu\u2019il y a un lien avec cette histoire de v\u00e9rit\u00e9. De toute fa\u00e7on, on ne me croit pas. On dit que j\u2019invente, quand on ne dit pas que je mens.\nJe me vois entrer dans une librairie pr\u00e8s de la gare de l\u2019Est, acheter ce premier carnet de la marque Clairefontaine, couverture verte \u00e0 motif \u00e9cossais, petits carreaux. Et un feutre le plus fin possible, le plus fin cela devait \u00eatre du 0,5. Et cette envie d\u2019\u00e9crire, d\u2019o\u00f9 vient-elle sinon de cette impossibilit\u00e9 de dire qui remonte. Une acidit\u00e9. Et je crois que tu es associ\u00e9 \u00e0 tout cela. Je ne m\u2019en rends pas compte encore. Pour l\u2019instant j\u2019ouvre le carnet, est-ce que je dois \u00e9crire tout de suite sur la premi\u00e8re page ? Ou bien peut-\u00eatre laisser une page libre, \u00e9crire sur celle d\u2019apr\u00e8s. C\u2019est une question. C\u2019est un pr\u00e9texte. Il faut que je mette la date pour ne pas oublier. Quoi. Je n\u2019en sais rien. C\u2019est sans doute une habitude qui revient avec la difficult\u00e9. Qui l\u2019accompagne. Inscrire la date du jour, en marge sur un cahier. Je te vois ricaner. Tu te moques de mes vell\u00e9it\u00e9s d\u2019application. Tu essaies de me dire quelque chose que je ne d\u00e9sire pas entendre. Que je repousse. L\u2019exact contraire de ce que tout le monde autour me dit. Applique-toi et\u2026 tu obtiendras, tu auras, tu pourras. Cette fois tu ris franchement. Je le retrouve, ce rire. Non, je ne dis pas que tu ris de bon c\u0153ur. Ce ne serait pas la bonne expression.\nTu ris tristement. C\u2019est une chose que je n\u2019avais encore jamais relev\u00e9e. Et maintenant je peux accoler ces deux mots, rire et tristement. Et c\u2019est toi. C\u2019est tellement toi. Cela je ne peux pas l\u2019exprimer la premi\u00e8re fois. J\u2019\u00e9prouve une peur inou\u00efe en entendant ce rire. Il y a quelque chose qui ne va pas. C\u2019est \u00e9vident. Cela saute aux yeux — ou \u00e0 l\u2019oreille plut\u00f4t. Cette fausset\u00e9 apparente qui vient briser l\u2019id\u00e9e de justesse apprise.<\/p>\n

verso<\/strong><\/p>\n

Tu m\u2019as laiss\u00e9 tomber l\u2019\u00e9t\u00e9 1967, pour \u00eatre pr\u00e9cis. \u00c7a s\u2019est pass\u00e9 en fin de journ\u00e9e, vers 18 heures, je m\u2019en souviens comme si c\u2019\u00e9tait hier. Tu \u00e9tais en train de tailler des fl\u00e8ches en vue de tuer le plus de monde possible. J\u2019arrangeais les plumes des empennages, nous \u00e9tions l\u00e0 tous les deux juch\u00e9s sur la tonnelle, concentr\u00e9s sur notre col\u00e8re. Cette col\u00e8re qui, le croyais-je, nous soudait. Et puis tu as d\u00e9tourn\u00e9 le regard, il y a eu ce bruit dans l\u2019escalier de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 du grillage, chez Muguette, la voisine. Des gens arrivent. Ce sont des \u00e9trangers. Des Am\u00e9ricains. Tu te souviens de ce mot. Am\u00e9ricains. Je n\u2019arrive toujours pas \u00e0 comprendre l\u2019effet que ce mot a pu avoir sur toi. Est-ce que c\u2019est parce qu\u2019il contient \u00e2me, ce mot. Amer. Ca\u00efn. Est-ce que c\u2019est parce qu\u2019on vient d\u2019enterrer l\u2019arri\u00e8re-grand-p\u00e8re. L\u2019\u0153il dans la tombe. L\u2019Hypnose de vouloir croire en quelque chose. Ces choses \u00e9tranges que tu apprends au cat\u00e9chisme. Je te rappelle les choses telles que je les ai vues et entendues. Rien de moins, rien de plus. D\u2019ailleurs, Jennifer, si tu veux le savoir, je nie faire est beaucoup moins fort qu\u2019Amer Ca\u00efn J\u2019esp\u00e8re que tu t\u2019en rends compte toi aussi \u00e0 pr\u00e9sent. Mon pauvre vieux, tu es tomb\u00e9 dans tous les panneaux. Heureusement que j\u2019\u00e9tais l\u00e0, sinon je n\u2019aurais pas donn\u00e9 cher de tes os. Il fallait que j\u2019en aie, de la patience. Pourquoi ai-je eu tant de patience. Tu pourrais trouver \u00e7a suspect un jour. Une patience suspecte, c\u2019est aussi bizarre qu\u2019un rire triste, tu ne trouves pas.<\/p>", "content_text": " **recto** Il m\u2019est soudain devenu difficile d\u2019\u00e9crire comme de parler. Impression que tout ce que je peux dire ou \u00e9crire sera de toute fa\u00e7on faux, inint\u00e9ressant, ridicule. J\u2019ai l\u2019impression d\u2019\u00eatre revenu des ann\u00e9es en arri\u00e8re. Peut-\u00eatre 79 ou 80. C\u2019est si loin. Je ne me souviens que de cette difficult\u00e9 \u00e0 dire que j\u2019avais retrouv\u00e9e dans l\u2019envie d\u2019\u00e9crire. La difficult\u00e9 de dire, en y r\u00e9fl\u00e9chissant, remonte \u00e0 bien plus loin. Elle est associ\u00e9e \u00e0 l\u2019enfance. C\u2019est qu\u2019on ne prenait pas la parole si facilement. Ou peut-\u00eatre que la parole des enfants \u00e9tait du pipi de chat. Tiens. C\u2019est venu comme \u00e7a. Du pipi de chat. C\u2019est-\u00e0-dire rien, ou presque. C\u2019est difficile de ne pas inventer. 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Pour l\u2019instant j\u2019ouvre le carnet, est-ce que je dois \u00e9crire tout de suite sur la premi\u00e8re page ? Ou bien peut-\u00eatre laisser une page libre, \u00e9crire sur celle d\u2019apr\u00e8s. C\u2019est une question. C\u2019est un pr\u00e9texte. Il faut que je mette la date pour ne pas oublier. Quoi. Je n\u2019en sais rien. C\u2019est sans doute une habitude qui revient avec la difficult\u00e9. Qui l\u2019accompagne. Inscrire la date du jour, en marge sur un cahier. Je te vois ricaner. Tu te moques de mes vell\u00e9it\u00e9s d\u2019application. Tu essaies de me dire quelque chose que je ne d\u00e9sire pas entendre. Que je repousse. L\u2019exact contraire de ce que tout le monde autour me dit. Applique-toi et\u2026 tu obtiendras, tu auras, tu pourras. Cette fois tu ris franchement. Je le retrouve, ce rire. Non, je ne dis pas que tu ris de bon c\u0153ur. Ce ne serait pas la bonne expression. Tu ris tristement. C\u2019est une chose que je n\u2019avais encore jamais relev\u00e9e. Et maintenant je peux accoler ces deux mots, rire et tristement. Et c\u2019est toi. C\u2019est tellement toi. Cela je ne peux pas l\u2019exprimer la premi\u00e8re fois. J\u2019\u00e9prouve une peur inou\u00efe en entendant ce rire. Il y a quelque chose qui ne va pas. C\u2019est \u00e9vident. Cela saute aux yeux \u2014 ou \u00e0 l\u2019oreille plut\u00f4t. Cette fausset\u00e9 apparente qui vient briser l\u2019id\u00e9e de justesse apprise. **verso** Tu m\u2019as laiss\u00e9 tomber l\u2019\u00e9t\u00e9 1967, pour \u00eatre pr\u00e9cis. \u00c7a s\u2019est pass\u00e9 en fin de journ\u00e9e, vers 18 heures, je m\u2019en souviens comme si c\u2019\u00e9tait hier. Tu \u00e9tais en train de tailler des fl\u00e8ches en vue de tuer le plus de monde possible. J\u2019arrangeais les plumes des empennages, nous \u00e9tions l\u00e0 tous les deux juch\u00e9s sur la tonnelle, concentr\u00e9s sur notre col\u00e8re. Cette col\u00e8re qui, le croyais-je, nous soudait. Et puis tu as d\u00e9tourn\u00e9 le regard, il y a eu ce bruit dans l\u2019escalier de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 du grillage, chez Muguette, la voisine. Des gens arrivent. Ce sont des \u00e9trangers. Des Am\u00e9ricains. Tu te souviens de ce mot. Am\u00e9ricains. Je n\u2019arrive toujours pas \u00e0 comprendre l\u2019effet que ce mot a pu avoir sur toi. Est-ce que c\u2019est parce qu\u2019il contient \u00e2me, ce mot. Amer. Ca\u00efn. Est-ce que c\u2019est parce qu\u2019on vient d\u2019enterrer l\u2019arri\u00e8re-grand-p\u00e8re. L\u2019\u0153il dans la tombe. L\u2019Hypnose de vouloir croire en quelque chose. Ces choses \u00e9tranges que tu apprends au cat\u00e9chisme. Je te rappelle les choses telles que je les ai vues et entendues. Rien de moins, rien de plus. D\u2019ailleurs, Jennifer, si tu veux le savoir, je nie faire est beaucoup moins fort qu\u2019Amer Ca\u00efn J\u2019esp\u00e8re que tu t\u2019en rends compte toi aussi \u00e0 pr\u00e9sent. Mon pauvre vieux, tu es tomb\u00e9 dans tous les panneaux. Heureusement que j\u2019\u00e9tais l\u00e0, sinon je n\u2019aurais pas donn\u00e9 cher de tes os. Il fallait que j\u2019en aie, de la patience. Pourquoi ai-je eu tant de patience. Tu pourrais trouver \u00e7a suspect un jour. Une patience suspecte, c\u2019est aussi bizarre qu\u2019un rire triste, tu ne trouves pas. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/inscriptions.jpg?1753424800", "tags": ["recto_verso"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-juillet-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-juillet-2025.html", "title": "25 juillet 2025", "date_published": "2025-07-25T06:22:17Z", "date_modified": "2025-07-25T06:38:09Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Pas possible d\u2019\u00e9crire durant ces trois derniers jours. D\u2019une part parce que j\u2019\u00e9tais en d\u00e9placement, d\u2019autre part m\u00eame lorsque j\u2019obtiens, en jouant des coudes, un peu de solitude, la teneur de la proposition d\u2019\u00e9criture, qui s\u2019appuie sur Enfance de Nathalie Sarraute, me paralyse. Je ne cherche pas \u00e0 brusquer les choses. Patienter plut\u00f4t. Tenter de remonter \u00e0 l\u2019origine du malaise. Le silence.\nNous sommes beaucoup moins volubiles que les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes. Comme une lassitude. Nous sommes capables d\u00e9sormais de partager un repas \u00e0 quatre sans pratiquement dire un mot. Ce qui m\u2019effrayait beaucoup les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes, ce silence, ne me fait plus rien. Je crois m\u00eame \u00eatre parmi les premiers \u00e0 me jeter dedans.\nS\u2019il fallait conserver en m\u00e9moire deux spectacles de ces trois jours pass\u00e9s en Avignon, je placerais Pour un oui pour un non<\/em> en t\u00eate de liste, puis Enfance<\/em> de Nathalie Sarraute. Pour le reste, plut\u00f4t que d\u2019en dire du mal, je pr\u00e9f\u00e8re me taire.\nNous sommes rentr\u00e9s hier dans l\u2019apr\u00e8s-midi. Il fait frais. Ciel couvert. C\u2019est pareil ce matin. Allong\u00e9 dans le lit, j\u2019ai m\u00eame eu froid au petit matin. Des sensations d\u2019automne ont p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 dans la chambre. Des sensations d\u2019automne associ\u00e9es \u00e0 l\u2019enfance, sur lesquelles on serait bien en peine de poser des mots. Le seul, surnageant \u00e0 peu pr\u00e8s net quand tous les autres se r\u00e9fugient \u00e0 pr\u00e9sent dans le flou : in\u00e9luctable<\/em>.\nEnfin, apr\u00e8s avoir tourn\u00e9 toute cette masse confuse, j\u2019ai rallum\u00e9 l\u2019ordinateur. Je me suis assis et j\u2019ai pu \u00e9crire ma proposition 08<\/a>. C\u2019est venu d\u2019une fa\u00e7on tellement bizarre que j\u2019ai bien le sentiment que ce soit juste. En tout cas pour moi.<\/p>", "content_text": " Pas possible d\u2019\u00e9crire durant ces trois derniers jours. D\u2019une part parce que j\u2019\u00e9tais en d\u00e9placement, d\u2019autre part m\u00eame lorsque j\u2019obtiens, en jouant des coudes, un peu de solitude, la teneur de la proposition d\u2019\u00e9criture, qui s\u2019appuie sur Enfance de Nathalie Sarraute, me paralyse. Je ne cherche pas \u00e0 brusquer les choses. Patienter plut\u00f4t. Tenter de remonter \u00e0 l\u2019origine du malaise. Le silence. Nous sommes beaucoup moins volubiles que les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes. Comme une lassitude. Nous sommes capables d\u00e9sormais de partager un repas \u00e0 quatre sans pratiquement dire un mot. Ce qui m\u2019effrayait beaucoup les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes, ce silence, ne me fait plus rien. Je crois m\u00eame \u00eatre parmi les premiers \u00e0 me jeter dedans. S\u2019il fallait conserver en m\u00e9moire deux spectacles de ces trois jours pass\u00e9s en Avignon, je placerais *Pour un oui pour un non* en t\u00eate de liste, puis *Enfance* de Nathalie Sarraute. Pour le reste, plut\u00f4t que d\u2019en dire du mal, je pr\u00e9f\u00e8re me taire. Nous sommes rentr\u00e9s hier dans l\u2019apr\u00e8s-midi. Il fait frais. Ciel couvert. C\u2019est pareil ce matin. Allong\u00e9 dans le lit, j\u2019ai m\u00eame eu froid au petit matin. Des sensations d\u2019automne ont p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 dans la chambre. Des sensations d\u2019automne associ\u00e9es \u00e0 l\u2019enfance, sur lesquelles on serait bien en peine de poser des mots. Le seul, surnageant \u00e0 peu pr\u00e8s net quand tous les autres se r\u00e9fugient \u00e0 pr\u00e9sent dans le flou : *in\u00e9luctable*. Enfin, apr\u00e8s avoir tourn\u00e9 toute cette masse confuse, j\u2019ai rallum\u00e9 l\u2019ordinateur. Je me suis assis et j\u2019ai pu \u00e9crire [ma proposition 08->https:\/\/ledibbouk.net\/amer-cain.html]. C\u2019est venu d\u2019une fa\u00e7on tellement bizarre que j\u2019ai bien le sentiment que ce soit juste. En tout cas pour moi. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/chapelle.jpg?1753424532", "tags": ["hors-lieu"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-juillet-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-juillet-2025.html", "title": "22 juillet 2025", "date_published": "2025-07-22T05:51:44Z", "date_modified": "2025-07-22T05:52:06Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Arriv\u00e9s pr\u00e8s de la gare. Rue de la R\u00e9publique, la bible, les pass. Repas rue des Teinturiers. Formule \u00e0 18. Fl\u00e2n\u00e9 un peu. Cherch\u00e9 un square. Attendre. Pas avant 17 heures pour entrer dans les lieux. Montfavet. Rase campagne. Petit chemin d\u00e9fonc\u00e9, encore inond\u00e9. Maison vaste, propre, tranquille. Le propri\u00e9taire parle beaucoup. Accent supportable. S. et J. aux courses. Spectacle choisi : L\u2019ouverture des Hostilit\u00e9s. Quatre places. 56 euros avec les cartes. D. paie. Parking des Italiens. Bond\u00e9. Marche. Th\u00e9\u00e2tre des Doms, bas des escaliers. Salle pleine. Jeunes. Belges. Pas dormi. Assez admiratif. Envie de me laisser emporter par la transe collective, presque, s\u00e9ance de Gospel. Mais non. Tenu bon. Retour tard. Pas faim. Salade tomates, p\u00e2tes. Couch\u00e9 1h30. Machine, casque, sommeil direct. matin, Montfavet, frais \u00e0 froid. Petit vent. \u00c9gouttement de la ros\u00e9e. Croassements. Coq enrou\u00e9. Colombes. Moineaux.<\/p>", "content_text": "Arriv\u00e9s pr\u00e8s de la gare. Rue de la R\u00e9publique, la bible, les pass. Repas rue des Teinturiers. Formule \u00e0 18. Fl\u00e2n\u00e9 un peu. Cherch\u00e9 un square. Attendre. Pas avant 17 heures pour entrer dans les lieux. Montfavet. Rase campagne. Petit chemin d\u00e9fonc\u00e9, encore inond\u00e9. Maison vaste, propre, tranquille. Le propri\u00e9taire parle beaucoup. Accent supportable. S. et J. aux courses. Spectacle choisi : L\u2019ouverture des Hostilit\u00e9s. Quatre places. 56 euros avec les cartes. D. paie. Parking des Italiens. Bond\u00e9. Marche. Th\u00e9\u00e2tre des Doms, bas des escaliers. Salle pleine. Jeunes. Belges. Pas dormi. Assez admiratif. Envie de me laisser emporter par la transe collective, presque, s\u00e9ance de Gospel. Mais non. Tenu bon. Retour tard. Pas faim. Salade tomates, p\u00e2tes. Couch\u00e9 1h30. Machine, casque, sommeil direct. matin, Montfavet, frais \u00e0 froid. Petit vent. \u00c9gouttement de la ros\u00e9e. Croassements. Coq enrou\u00e9. Colombes. Moineaux.", "image": "", "tags": ["hors-lieu"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/21-juillet-2025.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/21-juillet-2025.html", "title": "21 juillet 2025", "date_published": "2025-07-21T06:05:47Z", "date_modified": "2025-07-21T06:05:47Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

voix d’os<\/strong><\/p>\n

Souffle dans un tibia. Suis l\u2019intention d\u2019origine. Va plus loin. Attrape l\u2019os, brise-le. Vois s\u2019il reste un peu de moelle. Quelle est l\u2019esp\u00e9rance de vie de la moelle dans l\u2019os ? Bonne question. Mais pense : plus de soixante-cinq ans ont pass\u00e9. La moelle s\u2019est durcie, dess\u00e9ch\u00e9e, recroquevill\u00e9e. Ce n\u2019est plus que poussi\u00e8re. Un fant\u00f4me de moelle. Et m\u00eame une fois la com\u00e9die travers\u00e9e, au-del\u00e0 du vrai, il faut encore descendre. Sous la parole, sous le ridicule, sous l\u2019inertie, sous la mort. S\u2019il te reste un peu de force dans les doigts, dans les poignets, utilise-la pour briser les os encore intacts. Hume la moelle. Go\u00fbte-la si tu veux. Cendre ? Ou bien une \u00e9tincelle, vaine ? Prends ce risque. Ouvre l\u2019\u0153il. Sans com\u00e9die. M\u00eame si \u00e7a en devient une. \u00c7a l\u2019est toujours, pour ceux de dehors. Et dehors, ce n\u2019est que \u00e7a : la com\u00e9die. Un pansement sur une jambe de bois. Personne n\u2019est dupe. On sent bien. C\u2019est le naufrage collectif dans le ridicule. Tu crois t\u2019en sortir. Plus tu t\u2019agites, plus tu es risible. Pauvre chose. Regarde-toi. Tu te d\u00e9bats. Ne cligne pas. Ne bouge pas. Devient inerte. Tu crois savoir ce que c\u2019est ? Tu n\u2019as encore rien vu. Tant que tu n\u2019es pas un tas d\u2019os bris\u00e9s, tu n\u2019as rien vu. Il faudra \u00eatre pr\u00eat \u00e0 tuer encore, encore. Combien de bains de sang ? De naus\u00e9es ? Pourquoi ? Que veux-tu r\u00e9soudre ? Le savoir ? La gloire ? Non. Trouve une pierre. Assieds-toi. Attends. Essaie le min\u00e9ral. Pas de jeu de mots, je t\u2019en prie. \u00c7a ne compte plus. Les jeux, les blagues, les calembours : finis. Il ne reste que \u00e7a : le corps, la pierre, l\u2019attente. Et quand tu y seras, dans ce futur r\u00eav\u00e9 depuis des d\u00e9cennies, tu seras d\u00e9\u00e7u. \u00c0 cause de tous tes espoirs. Des espoirs comme des girls, distractions bourgeoises pour tromper l\u2019ennui de ton ventre. L\u2019Am\u00e9rique, le Nouveau Monde : toujours cette id\u00e9e sale de d\u00e9couverte. De ne pas supporter la virginit\u00e9. De tout vouloir d\u00e9florer. Ignorance insupportable, myst\u00e8re mis\u00e9rable. Tu flottes dans le vide, entour\u00e9 de graines muettes. Chaque graine : un monde que tu n\u2019atteindras jamais. Ton temps s\u2019\u00e9puise. Il s\u2019ach\u00e8ve. Il est fini. Il faut encore tuer cette tendance-l\u00e0 : la psychologie. Tu l\u2019as encore plein la bouche. Crache-la. Vomis-la. Sors toute ta psychologie de bazar. Entre dans l\u2019idiotie. Danse avec elle. Baise-la. Meurs en elle. Laisse-la t\u2019emporter. Te dissoudre. Enti\u00e8rement. Idiot. Le r\u00e9el nu, comme un corps, de chair, de sang, d\u2019os. D\u00e9sir incarn\u00e9. Tangible. Non r\u00e9confortant, mais violent. R\u00e9pugnant. Vomitif. Hors de toi. Fusion. Totalit\u00e9. Juste une fois : pousse un cri de b\u00eate. Laisse-le sortir. Qu\u2019il envahisse l\u2019espace. Que le son se rue vers la limite, l\u2019enclos, le mur. Regarde ce qui se passe l\u00e0, au pied du mur. La trompette n\u2019est pas ce qu\u2019on croit. Ni J\u00e9richo. Ni ce qu\u2019elle contient. Peut-\u00eatre rien, qu\u2019un vide cern\u00e9 de murs. Souffle dans un tibia. Ne joue pas du clairon. Va vers la fl\u00fbte, le fifre. Deviens bois mort, d\u00e9j\u00e0 silex avant m\u00eame d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 tourbe. Souffle dans le creux, dans le vide. Remplis-le de ton propre vide.<\/p>\n


\n

blow into a tibia<\/strong><\/p>\n

Blow into a tibia\nTrack the original intention. You\u2019ll still have to go further. Grab the bone. Break it. See if any marrow\u2019s left. What\u2019s the life expectancy of marrow inside bone ? Good question. But think : it\u2019s been over 65 years. The marrow has hardened, dried, curled inward. It\u2019s powder now. Marrow dust. A ghost of marrow. And even once the comedy\u2019s been crossed, even beyond truth, you still have to go down. Beneath speech. Beneath ridicule. Beneath inertia. Beneath death itself. If there\u2019s still any strength left in your fingers, in your wrists, use it to shatter the bones still intact. Sniff the marrow. Taste it if you must. Is it all ash, really ? Or is there still some vain flicker left ? Risk that risk. Open your eye. Without comedy. Even if it becomes one. It always is one—for anyone on the outside. And the outside is nothing but comedy. Comedy, that bandage on a wooden leg. Nobody\u2019s really fooled. We feel it clearly. Collective shipwreck in ridicule. You think you\u2019ll make it out. The harder you try, the more ridiculous you get. Poor thing. Look at yourself. You\u2019re flailing. Don\u2019t even blink. Don\u2019t move. Go inert. You know inertia. Or you think you do. Wait. You haven\u2019t seen anything yet. Until you\u2019re a pile of broken bones, you haven\u2019t seen anything. You\u2019ll have to be ready to kill again and again. How many more bloodbaths ? How many more nauseas ? What for, exactly—what is it you think you\u2019re solving ? Knowledge ? Glory ? Of course not. Find a stone. Sit on it. Wait. Try the mineral. No wordplay, I beg you. I know, it was tempting. But it doesn\u2019t matter. It doesn\u2019t do anything anymore. Wordplay, jokes, grubby spoonerisms—over, finished. Nothing left. Just that : the body, the stone, the waiting. And once you\u2019re there, in that future you\u2019ve dreamed of for decades, you\u2019ll be disappointed. Because of all the hopes you entertained. Hopes like showgirls. Bourgeois pastime to smother the boredom of lugging around your fat belly. America, the New World. Always that filthy idea of discovering something else. Of finding virginity unbearable. Of deflowering everything that moves. Intolerable ignorance, miserable mystery. You float in the void, surrounded by mute seeds, and you know each is a world you\u2019ll never reach, because your time is running out, your time is ending, your time is done. You still have to kill off that tendency. Psychology. Your mouth\u2019s still full of it. Spit it. Vomit it. Heave out all your dime-store psychology. Enter idiocy. Dance with idiocy. Fuck idiocy. Come, die in it. Let it take you. Let it unmake you. Entirely. Idiot. The real, naked, like a body of flesh and blood and bone, incarnated desire, tangible, not comforting in the least but instead stunning, triggering disgust, vomiting, outside-yourself, union, totality. Just once—scream like an animal. Let it out. Let it flood the space. Let the sound rush toward the boundary, the fence, the wall. See what happens, there, at the foot of the wall. The trumpet isn\u2019t always what you think. Nor Jericho. Nor whatever Jericho contains. Maybe there\u2019s nothing in Jericho but emptiness surrounded by walls. Blow into a tibia. Don\u2019t play the bugle. Lean toward the flute, the fife. Become dead wood, truly dead, already flint before ever having been peat. Blow into that hollow, that void. Fill it with your own emptiness.<\/p>", "content_text": " **voix d'os** Souffle dans un tibia. Suis l\u2019intention d\u2019origine. Va plus loin. Attrape l\u2019os, brise-le. Vois s\u2019il reste un peu de moelle. Quelle est l\u2019esp\u00e9rance de vie de la moelle dans l\u2019os ? Bonne question. Mais pense : plus de soixante-cinq ans ont pass\u00e9. La moelle s\u2019est durcie, dess\u00e9ch\u00e9e, recroquevill\u00e9e. Ce n\u2019est plus que poussi\u00e8re. Un fant\u00f4me de moelle. Et m\u00eame une fois la com\u00e9die travers\u00e9e, au-del\u00e0 du vrai, il faut encore descendre. Sous la parole, sous le ridicule, sous l\u2019inertie, sous la mort. S\u2019il te reste un peu de force dans les doigts, dans les poignets, utilise-la pour briser les os encore intacts. Hume la moelle. Go\u00fbte-la si tu veux. Cendre ? Ou bien une \u00e9tincelle, vaine ? Prends ce risque. Ouvre l\u2019\u0153il. Sans com\u00e9die. M\u00eame si \u00e7a en devient une. \u00c7a l\u2019est toujours, pour ceux de dehors. Et dehors, ce n\u2019est que \u00e7a : la com\u00e9die. Un pansement sur une jambe de bois. Personne n\u2019est dupe. On sent bien. C\u2019est le naufrage collectif dans le ridicule. Tu crois t\u2019en sortir. Plus tu t\u2019agites, plus tu es risible. Pauvre chose. Regarde-toi. Tu te d\u00e9bats. Ne cligne pas. Ne bouge pas. Devient inerte. Tu crois savoir ce que c\u2019est ? Tu n\u2019as encore rien vu. Tant que tu n\u2019es pas un tas d\u2019os bris\u00e9s, tu n\u2019as rien vu. Il faudra \u00eatre pr\u00eat \u00e0 tuer encore, encore. Combien de bains de sang ? De naus\u00e9es ? Pourquoi ? Que veux-tu r\u00e9soudre ? Le savoir ? La gloire ? Non. Trouve une pierre. Assieds-toi. Attends. Essaie le min\u00e9ral. Pas de jeu de mots, je t\u2019en prie. \u00c7a ne compte plus. Les jeux, les blagues, les calembours : finis. Il ne reste que \u00e7a : le corps, la pierre, l\u2019attente. Et quand tu y seras, dans ce futur r\u00eav\u00e9 depuis des d\u00e9cennies, tu seras d\u00e9\u00e7u. \u00c0 cause de tous tes espoirs. Des espoirs comme des girls, distractions bourgeoises pour tromper l\u2019ennui de ton ventre. L\u2019Am\u00e9rique, le Nouveau Monde : toujours cette id\u00e9e sale de d\u00e9couverte. De ne pas supporter la virginit\u00e9. De tout vouloir d\u00e9florer. Ignorance insupportable, myst\u00e8re mis\u00e9rable. Tu flottes dans le vide, entour\u00e9 de graines muettes. Chaque graine : un monde que tu n\u2019atteindras jamais. Ton temps s\u2019\u00e9puise. Il s\u2019ach\u00e8ve. Il est fini. Il faut encore tuer cette tendance-l\u00e0 : la psychologie. Tu l\u2019as encore plein la bouche. Crache-la. Vomis-la. Sors toute ta psychologie de bazar. Entre dans l\u2019idiotie. Danse avec elle. Baise-la. Meurs en elle. Laisse-la t\u2019emporter. Te dissoudre. Enti\u00e8rement. Idiot. Le r\u00e9el nu, comme un corps, de chair, de sang, d\u2019os. D\u00e9sir incarn\u00e9. Tangible. Non r\u00e9confortant, mais violent. R\u00e9pugnant. Vomitif. Hors de toi. Fusion. Totalit\u00e9. Juste une fois : pousse un cri de b\u00eate. Laisse-le sortir. Qu\u2019il envahisse l\u2019espace. Que le son se rue vers la limite, l\u2019enclos, le mur. Regarde ce qui se passe l\u00e0, au pied du mur. La trompette n\u2019est pas ce qu\u2019on croit. Ni J\u00e9richo. Ni ce qu\u2019elle contient. Peut-\u00eatre rien, qu\u2019un vide cern\u00e9 de murs. Souffle dans un tibia. Ne joue pas du clairon. Va vers la fl\u00fbte, le fifre. Deviens bois mort, d\u00e9j\u00e0 silex avant m\u00eame d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 tourbe. Souffle dans le creux, dans le vide. Remplis-le de ton propre vide. **blow into a tibia** Blow into a tibia Track the original intention. You\u2019ll still have to go further. Grab the bone. Break it. See if any marrow\u2019s left. What\u2019s the life expectancy of marrow inside bone? Good question. But think: it\u2019s been over 65 years. The marrow has hardened, dried, curled inward. It\u2019s powder now. Marrow dust. A ghost of marrow. And even once the comedy\u2019s been crossed, even beyond truth, you still have to go down. Beneath speech. Beneath ridicule. Beneath inertia. Beneath death itself. If there\u2019s still any strength left in your fingers, in your wrists, use it to shatter the bones still intact. Sniff the marrow. Taste it if you must. Is it all ash, really? Or is there still some vain flicker left? Risk that risk. Open your eye. Without comedy. Even if it becomes one. It always is one\u2014for anyone on the outside. And the outside is nothing but comedy. Comedy, that bandage on a wooden leg. Nobody\u2019s really fooled. We feel it clearly. Collective shipwreck in ridicule. You think you\u2019ll make it out. The harder you try, the more ridiculous you get. Poor thing. Look at yourself. You\u2019re flailing. Don\u2019t even blink. Don\u2019t move. Go inert. You know inertia. Or you think you do. Wait. You haven\u2019t seen anything yet. Until you\u2019re a pile of broken bones, you haven\u2019t seen anything. You\u2019ll have to be ready to kill again and again. How many more bloodbaths? How many more nauseas? What for, exactly\u2014what is it you think you\u2019re solving? Knowledge? Glory? Of course not. Find a stone. Sit on it. Wait. Try the mineral. No wordplay, I beg you. I know, it was tempting. But it doesn\u2019t matter. It doesn\u2019t do anything anymore. Wordplay, jokes, grubby spoonerisms\u2014over, finished. Nothing left. Just that: the body, the stone, the waiting. And once you\u2019re there, in that future you\u2019ve dreamed of for decades, you\u2019ll be disappointed. Because of all the hopes you entertained. Hopes like showgirls. Bourgeois pastime to smother the boredom of lugging around your fat belly. America, the New World. Always that filthy idea of discovering something else. Of finding virginity unbearable. Of deflowering everything that moves. Intolerable ignorance, miserable mystery. You float in the void, surrounded by mute seeds, and you know each is a world you\u2019ll never reach, because your time is running out, your time is ending, your time is done. You still have to kill off that tendency. Psychology. Your mouth\u2019s still full of it. Spit it. Vomit it. Heave out all your dime-store psychology. Enter idiocy. Dance with idiocy. Fuck idiocy. Come, die in it. Let it take you. Let it unmake you. Entirely. Idiot. 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Je ne supporte pas l\u2019attention. La sollicitation est une torture. Je veux dispara\u00eetre. Pas qu\u2019on me voie fuir. Juste ne plus \u00eatre l\u00e0. Je l\u2019ai tant cherch\u00e9e, l\u2019ai qu\u00e9mand\u00e9e, suppli\u00e9e. Le d\u00e9go\u00fbt est arriv\u00e9 d\u2019un seul coup. Tout me revient. La fatigue. Tension, gouffre, rien pour s’accrocher. C\u2019est enfantin. Nommer ne sauve pas. Pas de salut. Pas d\u2019explication. Pas d\u2019adieu. C\u2019est perdu. Mais ce matin tu r\u00e9ponds par mail. Tu prends le temps. Tu d\u00e9roules la liste des auteurs. Tu lis. Pas tous. Tu cherches quelque chose \u00e0 dire. Pas une formule. Tu termines. Tu envoies. Ce ne sera pas visible. C\u2019est ce que tu veux. Tu estimes en avoir d\u00e9j\u00e0 trop montr\u00e9. Il faudrait que je me calme. Je pars avec \u00e7a \u00e0 la station de lavage. Cinq minutes passent. Puis elle s\u2019\u00e9nerve. Des mots sortent. Je ne r\u00e9ponds pas. Je dis : \u00e0 tout \u00e0 l\u2019heure, quand tu seras calm\u00e9e. Je sors. Je ne la vois plus. Je m\u2019assois sur un muret, devant l\u2019EHPAD. Un insecte surgit. Un \u00e9clat sur son dos attire l\u2019\u0153il. Il file en zigzag. Un m\u00e8tre cinquante entre lui et la route. Si moi je devais faire \u00e7a \u00e0 son \u00e9chelle, ce serait un kilom\u00e8tre. \u00c0 ce rythme, ph\u00e9nom\u00e9nal. Relativiser aide. Le vent se l\u00e8ve. Les drapeaux claquent. Des voitures passent. Je pense que je dois avoir l\u2019air bizarre, assis l\u00e0. Je pense ce qu\u2019ils peuvent penser. Moi, je ne sais pas quoi en penser. Je relis ce passage de C.D. deux fois. Malaise. Je peux \u00eatre celui qui ne se rend pas compte. Malgr\u00e9 tout ce que j\u2019accumule, je ne vois pas ce que \u00e7a produit sur l\u2019autre. Il faut que je me calme. Si je pense \u00e0 \u00e7a, je n\u2019y arriverai pas. L\u2019avant du v\u00e9hicule appara\u00eet. Elle a d\u00fb me voir. Elle roule au pas, s\u2019arr\u00eate quelques m\u00e8tres avant. Puis repart. Alors tu es calm\u00e9e, je dis. Elle rigole : tu montes, on va faire le plein. On ach\u00e8tera aussi des pommes de terre, plus tard, \u00e0 Super U. Et des tomates grappes. Et une baguette d\u00e9j\u00e0 un peu molle. Elle sortira de son porte-monnaie un ticket de r\u00e9duction. Un euro vingt-neuf en plus sur la cagnotte. Lire les autres. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019il faut mobiliser quelque chose. Une attention, au sens fort. Mais en as-tu encore. Le constat est implacable. Il faut se lobotomiser pour entrer dans le bain. Faire comme si c\u2019\u00e9tait un autre toi, encore capable de lire sans r\u00e9flexivit\u00e9, sans jugement, sans l\u2019intol\u00e9rable qui te talonne. \u00c9puisant. Comme courir autour d\u2019un stade. Encore un tour, dit le moniteur. Toi, tu ne sais m\u00eame plus ce que tu fous l\u00e0. Et sit\u00f4t que cette incongruit\u00e9 devient palpable, c\u2019est fini. Tu t\u2019arr\u00eates. Tu te replies. Tu te refermes. Tu rumines. Tu penses qu\u2019une b\u00eate est sur ton ventre, en train de te d\u00e9vorer la cervelle. Manger ce qu\u2019il reste de ton attention. De ton c\u0153ur. Une fa\u00e7on d\u2019esp\u00e9rer, peut-\u00eatre, que tu poss\u00e8des encore un c\u0153ur. N\u2019esp\u00e8re pas. Essaie seulement de faire le calme. D\u2019\u00eatre calme.<\/p>\n


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I can’t stand attention. Solicitation is torture. I want to disappear. Not to be seen running away. Just not be there. I looked for it so much, begged for it, pleaded. Disgust came all at once. Everything comes back. Fatigue. Tension, void, nothing to hold on to. It’s childish. Naming doesn’t save. No greeting. No explanation. No goodbye. It’s lost. But this morning you reply by email. You take the time. You scroll through the list of authors. You read. Not all. You try to find something to say. Not a formula. You finish. You send. It won\u2019t be visible. That\u2019s what you want. You think you\u2019ve already shown too much. I need to calm down. I take this with me to the car wash. Five minutes pass. Then she gets angry. Words come out. I don\u2019t answer. I say : see you later, when you\u2019ve calmed down. I leave. I don\u2019t see her. I sit on a low wall in front of the nursing home. An insect appears. A glint on its back catches my eye. It runs in a zigzag. About five feet from the road to where I sit. If I had to cover that distance at its scale, maybe a kilometer. At that speed, phenomenal. Perspective helps. The wind picks up. The flags with the car wash emblem flap. Cars go by. I think I must look strange, sitting there. I think what they might think. But I don\u2019t really know what to think. I reread that passage from C.D. twice. Unease. I could be the one who doesn\u2019t realize. Despite all I pile up, I don\u2019t see what it does to the other. I need to calm down. If I think about that, I won\u2019t make it. The front of the vehicle appears. She must\u2019ve seen me. She rolls slowly, stops a few meters ahead. Then drives on. So you\u2019re calm now, I say. She laughs : get in, we\u2019re going to fill the tank. Later we\u2019ll buy potatoes at Super U. And vine tomatoes. And a baguette, already a bit soft. She\u2019ll take out a coupon from her purse. One euro twenty-nine more on the loyalty card. Reading others. That\u2019s where you need to summon something. Attention, in the full sense. But do you still have any. The fact is clear. You have to lobotomize yourself to enter the flow. Pretend it\u2019s another you, still able to read without reflexivity, without judgment, without the unbearable always close behind. Exhausting. Like running laps. One more round, says the coach. But you no longer know why you\u2019re there. And the moment that absurdity becomes tangible, it\u2019s over. You stop. You withdraw. You shut down. You brood. You think some beast is on your belly, eating your brain. Feeding on what\u2019s left of your attention. Of your heart. Maybe a way to hope you still have a heart. Don\u2019t hope. Just try to be calm.<\/p>", "content_text": " Je ne supporte pas l\u2019attention. La sollicitation est une torture. Je veux dispara\u00eetre. Pas qu\u2019on me voie fuir. Juste ne plus \u00eatre l\u00e0. Je l\u2019ai tant cherch\u00e9e, l\u2019ai qu\u00e9mand\u00e9e, suppli\u00e9e. Le d\u00e9go\u00fbt est arriv\u00e9 d\u2019un seul coup. Tout me revient. La fatigue. Tension, gouffre, rien pour s'accrocher. C\u2019est enfantin. Nommer ne sauve pas. Pas de salut. Pas d\u2019explication. Pas d\u2019adieu. C\u2019est perdu. Mais ce matin tu r\u00e9ponds par mail. Tu prends le temps. Tu d\u00e9roules la liste des auteurs. Tu lis. Pas tous. Tu cherches quelque chose \u00e0 dire. Pas une formule. Tu termines. Tu envoies. Ce ne sera pas visible. C\u2019est ce que tu veux. Tu estimes en avoir d\u00e9j\u00e0 trop montr\u00e9. Il faudrait que je me calme. Je pars avec \u00e7a \u00e0 la station de lavage. Cinq minutes passent. Puis elle s\u2019\u00e9nerve. Des mots sortent. Je ne r\u00e9ponds pas. Je dis : \u00e0 tout \u00e0 l\u2019heure, quand tu seras calm\u00e9e. Je sors. Je ne la vois plus. Je m\u2019assois sur un muret, devant l\u2019EHPAD. Un insecte surgit. Un \u00e9clat sur son dos attire l\u2019\u0153il. Il file en zigzag. Un m\u00e8tre cinquante entre lui et la route. Si moi je devais faire \u00e7a \u00e0 son \u00e9chelle, ce serait un kilom\u00e8tre. \u00c0 ce rythme, ph\u00e9nom\u00e9nal. Relativiser aide. Le vent se l\u00e8ve. Les drapeaux claquent. Des voitures passent. Je pense que je dois avoir l\u2019air bizarre, assis l\u00e0. Je pense ce qu\u2019ils peuvent penser. Moi, je ne sais pas quoi en penser. Je relis ce passage de C.D. deux fois. Malaise. Je peux \u00eatre celui qui ne se rend pas compte. Malgr\u00e9 tout ce que j\u2019accumule, je ne vois pas ce que \u00e7a produit sur l\u2019autre. Il faut que je me calme. Si je pense \u00e0 \u00e7a, je n\u2019y arriverai pas. L\u2019avant du v\u00e9hicule appara\u00eet. Elle a d\u00fb me voir. Elle roule au pas, s\u2019arr\u00eate quelques m\u00e8tres avant. Puis repart. Alors tu es calm\u00e9e, je dis. Elle rigole : tu montes, on va faire le plein. On ach\u00e8tera aussi des pommes de terre, plus tard, \u00e0 Super U. Et des tomates grappes. Et une baguette d\u00e9j\u00e0 un peu molle. Elle sortira de son porte-monnaie un ticket de r\u00e9duction. Un euro vingt-neuf en plus sur la cagnotte. Lire les autres. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019il faut mobiliser quelque chose. Une attention, au sens fort. Mais en as-tu encore. Le constat est implacable. Il faut se lobotomiser pour entrer dans le bain. Faire comme si c\u2019\u00e9tait un autre toi, encore capable de lire sans r\u00e9flexivit\u00e9, sans jugement, sans l\u2019intol\u00e9rable qui te talonne. \u00c9puisant. Comme courir autour d\u2019un stade. Encore un tour, dit le moniteur. Toi, tu ne sais m\u00eame plus ce que tu fous l\u00e0. Et sit\u00f4t que cette incongruit\u00e9 devient palpable, c\u2019est fini. Tu t\u2019arr\u00eates. Tu te replies. Tu te refermes. Tu rumines. Tu penses qu\u2019une b\u00eate est sur ton ventre, en train de te d\u00e9vorer la cervelle. Manger ce qu\u2019il reste de ton attention. De ton c\u0153ur. Une fa\u00e7on d\u2019esp\u00e9rer, peut-\u00eatre, que tu poss\u00e8des encore un c\u0153ur. N\u2019esp\u00e8re pas. Essaie seulement de faire le calme. D\u2019\u00eatre calme. I can't stand attention. Solicitation is torture. I want to disappear. Not to be seen running away. Just not be there. I looked for it so much, begged for it, pleaded. Disgust came all at once. Everything comes back. Fatigue. Tension, void, nothing to hold on to. It's childish. Naming doesn't save. No greeting. No explanation. No goodbye. It's lost. But this morning you reply by email. You take the time. You scroll through the list of authors. You read. Not all. You try to find something to say. Not a formula. You finish. You send. It won\u2019t be visible. That\u2019s what you want. You think you\u2019ve already shown too much. I need to calm down. I take this with me to the car wash. Five minutes pass. Then she gets angry. Words come out. I don\u2019t answer. I say: see you later, when you\u2019ve calmed down. I leave. I don\u2019t see her. I sit on a low wall in front of the nursing home. An insect appears. A glint on its back catches my eye. It runs in a zigzag. About five feet from the road to where I sit. If I had to cover that distance at its scale, maybe a kilometer. At that speed, phenomenal. Perspective helps. The wind picks up. The flags with the car wash emblem flap. Cars go by. I think I must look strange, sitting there. I think what they might think. But I don\u2019t really know what to think. I reread that passage from C.D. twice. Unease. I could be the one who doesn\u2019t realize. Despite all I pile up, I don\u2019t see what it does to the other. I need to calm down. If I think about that, I won\u2019t make it. The front of the vehicle appears. She must\u2019ve seen me. She rolls slowly, stops a few meters ahead. Then drives on. So you\u2019re calm now, I say. She laughs: get in, we\u2019re going to fill the tank. Later we\u2019ll buy potatoes at Super U. And vine tomatoes. And a baguette, already a bit soft. She\u2019ll take out a coupon from her purse. One euro twenty-nine more on the loyalty card. Reading others. That\u2019s where you need to summon something. Attention, in the full sense. But do you still have any. The fact is clear. You have to lobotomize yourself to enter the flow. Pretend it\u2019s another you, still able to read without reflexivity, without judgment, without the unbearable always close behind. Exhausting. Like running laps. One more round, says the coach. But you no longer know why you\u2019re there. And the moment that absurdity becomes tangible, it\u2019s over. You stop. You withdraw. You shut down. You brood. You think some beast is on your belly, eating your brain. Feeding on what\u2019s left of your attention. Of your heart. Maybe a way to hope you still have a heart. Don\u2019t hope. Just try to be calm. 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M\u00e9thode<\/em><\/p>\n

1- j’\u00e9cris d’abord ce qui me pousse. <\/p>\n

Le ou les r\u00e9cits d\u00e9clench\u00e9s par une information glan\u00e9e ici ou l\u00e0 et qui continuent leur progression dans une dur\u00e9e. Ce qui fournit une sorte d’explication, voire de validation \u00e0 l’id\u00e9e de dur\u00e9e. Si le temps n’existe pas il ne peut y avoir de r\u00e9cit, pas d’histoire. \nC’est en essayant d’am\u00e9liorer encore une fois la navigation du site en local que cette id\u00e9e surgit au travers du mot « Labyrinthe ». <\/p>\n

La l\u00e9gende de la caverne du purgatoire de saint Patrick (Lough Derg) renforce cette id\u00e9e : il y aurait un passage vers l\u2019au-del\u00e0 d\u00e9couvert par Patrick, qui \u00e9voque une travers\u00e9e difficile, un passage initiatique, tr\u00e8s proche du mythe du labyrinthe<\/em><\/p>\n

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