{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-folie-d-hercule-en-peinture.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-folie-d-hercule-en-peinture.html", "title": "La folie d\u2019Hercule en peinture", "date_published": "2020-12-15T16:55:11Z", "date_modified": "2025-07-18T07:29:47Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je viens de peindre cette grande toile aujourd\u2019hui. Un grand carr\u00e9 turquoise sur lequel j\u2019ai dessin\u00e9 au brou de noix. Je la laisse ainsi, avec peu de couleur, peu de mati\u00e8re. La laisser reposer, un jour, une semaine ou plus, sans savoir encore si je vais la retoucher. Tout peut changer du jour au lendemain en peinture. Pour moi, c\u2019est cela, la folie d\u2019Hercule. La Folie d\u2019Hercule, acrylique et brou de noix sur toile ch\u00e2ssis 3D. <\/p>", "content_text": " Je viens de peindre cette grande toile aujourd\u2019hui. Un grand carr\u00e9 turquoise sur lequel j\u2019ai dessin\u00e9 au brou de noix. Je la laisse ainsi, avec peu de couleur, peu de mati\u00e8re. La laisser reposer, un jour, une semaine ou plus, sans savoir encore si je vais la retoucher. Tout peut changer du jour au lendemain en peinture. Pour moi, c\u2019est cela, la folie d\u2019Hercule. La Folie d\u2019Hercule, acrylique et brou de noix sur toile ch\u00e2ssis 3D. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-droles-d-expressions.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-droles-d-expressions.html", "title": "De dr\u00f4les d'expressions", "date_published": "2020-12-07T02:26:49Z", "date_modified": "2025-09-18T16:18:54Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\u00c7a ne cassera pas trois pattes \u00e0 un canard, juste un d\u00e9lassement d\u2019insomnie. Faire l\u2019inventaire de ces expressions qui m’ont r\u00e9joui tr\u00e8s t\u00f4t, r\u00e9ponse \u00e0 l\u2019auteur de ce blog que je recommande. Et voil\u00e0, sit\u00f4t que je me m\u00eale de faire du tri, je me retrouve Gros-Jean comme devant. Plus rien ne vient. Brassens au secours, c\u2019est un peu \u00e0 cause ou gr\u00e2ce \u00e0 toi que j\u2019ai aim\u00e9 les sacrebleu, cornegidouille, fichtre, foutre et diantre. Et toi aussi Rabelais, avec ta langue fleurie, ta verbocination qui canulait d\u00e9j\u00e0 mes parents. Comment relancer ce fichu biniou de la m\u00e9moire ? Parataxe, hypotaxe, les deux \u00e0 la fois, sans mettre la charrue avant les b\u0153ufs. Les march\u00e9s parisiens, Totor qui me courait apr\u00e8s pour me couper les oreilles en pointe. J\u2019aurais fait un litre d\u2019huile si on m\u2019avait flanqu\u00e9 un grain de ch\u00e8nevis dans l\u2019trou du cul tant j\u2019avais les miquettes. Mais Totor avait le c\u0153ur sur la main. On ne se cassait pas le cul quand il \u00e9tait l\u00e0. Ah Paris, Paname, la rue Jobb\u00e9-Duval, le balcon du 7e d\u2019o\u00f9 je l\u00e2chais mes glaviots. J\u2019avais du toupet, le diable au corps, disait la grand-m\u00e8re. \u00c0 force, j\u2019avais le cul en fleur de toutes ces fess\u00e9es. J\u2019arrivais pas \u00e0 m\u2019asseoir. La danse de Saint Guy.\nLe trou du cul tenait une place centrale dans la famille. Le parler gras faisait loi. Un tremplin de l\u2019imagination. Ce n\u2019\u00e9tait pas encore le cul triste d\u2019aujourd\u2019hui. Il fallait tendre l\u2019oreille pour capter les nuances. Le rond c\u2019\u00e9tait la chance. S\u2019\u00f4ter les doigts du cul. Tomber dessus un jour de grand vent. \u00catre comme deux ronds de flan. Mon p\u00e8re me soufflait dans les poumons parce que je ne manquais pas d\u2019air. On prenait la porte r\u00e9guli\u00e8rement, ma m\u00e8re, mon p\u00e8re, mon fr\u00e8re et moi. On se carapatait au diable vauvert. Puis on revenait la queue entre les jambes. On n\u2019en parlait plus. \u00c7a me passera avant que \u00e7a me revienne.<\/p>\n

Plus tard, j\u2019ai rencontr\u00e9 Richard. Un vieux chanteur de cabarets, passionn\u00e9 par l\u2019histoire des mots. Il avait une pi\u00e8ce pleine de dictionnaires, son lit entre les piles. On dormait peu. On parlait \u00e0 b\u00e2tons rompus, on feuilletait le Bouillet. Il avait un talent fou. Il me trouvait timor\u00e9, sans doute voyait-il en moi un reflet de lui-m\u00eame. Le jeudi, il tirait les cartes aux prostitu\u00e9es des rues Quincampoix et des Lombards. Je lisais dans la pi\u00e8ce d\u2019\u00e0 c\u00f4t\u00e9. J\u2019ouvrais la porte, faisais le groom. Les parfums de ces dames ont nourri mon imaginaire. Richard d\u00e9ployait le tarot de Marseille. “Il faut traiter les putes comme des princesses, et les princesses comme des salopes”, disait-il. Il n\u2019y eut jamais d\u2019\u00e9cart. M\u00eame les plus d\u00e9sirables me saluaient comme un gamin. Un interdit tacite me tenait. Elles d\u00e9rouillaient assez. Pas besoin d\u2019en rajouter. On devint copains. J\u2019allais avec la bande au p\u00e8lerinage \u00e0 Saint-Germain l\u2019Auxerrois. Elles allumaient des cierges pour leur sainte. Puis on remontait la rue de Rivoli. Brassens chantait Villon : “Les dames du temps jadis, on a celles qu\u2019on peut.” C\u2019\u00e9tait tr\u00e8s juste. Mes amours normales ne donnaient rien. \u00c0 la fac, je me sentais \u00e0 c\u00f4t\u00e9. Tous ces jeunes gens lisses me d\u00e9sesp\u00e9raient. Je n\u2019avais pas de plomb dans la cervelle, sauf \u00e0 y voir une propension au suicide.<\/p>\n

C\u2019est dr\u00f4le l\u2019\u00e9criture. J\u2019\u00e9tais parti sur un inventaire de mots rigolos, et j\u2019en suis l\u00e0. Ces expressions sont une \u00eele perdue avant le langage froid d\u2019aujourd\u2019hui, langue de comptable. Je pense aux corporations disparues, \u00e0 leur argot, \u00e0 leur richesse. M\u00eame les clodos sont devenus muets. Et les gosses vont se cacher pour l\u00e2cher des trous du cul en sifflant du pinard. En lisant les textes d’un autre blog, ces expressions du Canada, je me dis qu\u2019ils ont bien fait ceux qui sont partis. Ils ont gard\u00e9 la flamme. Le mot comme braise. F\u00e9lix Leclerc, Vigneault, Dufresne, leur langue portait encore l\u2019esprit. Ce fran\u00e7ais est le n\u00f4tre. Peut-\u00eatre plus riche que le n\u00f4tre actuel. Le cr\u00e9ole de Chamoiseau me l\u2019avait d\u00e9j\u00e0 souffl\u00e9. Il y a un massacre r\u00e9current dans la langue. Un massacre d\u2019enfants. Ce que j\u2019entends dans le fran\u00e7ais, c\u2019est l\u2019effronterie, la spontan\u00e9it\u00e9, la logique des c\u0153urs l\u00e9gers. Mais il faut maintenant traverser les oc\u00e9ans pour retrouver ce c\u0153ur-l\u00e0.<\/p>\n

J\u2019ai jet\u00e9 ces notes sans les reprendre. Un moment d\u2019hiver, dans une pand\u00e9mie sans fin.<\/p>", "content_text": " \u00c7a ne cassera pas trois pattes \u00e0 un canard, juste un d\u00e9lassement d\u2019insomnie. Faire l\u2019inventaire de ces expressions qui m'ont r\u00e9joui tr\u00e8s t\u00f4t, r\u00e9ponse \u00e0 l\u2019auteur de ce blog que je recommande. Et voil\u00e0, sit\u00f4t que je me m\u00eale de faire du tri, je me retrouve Gros-Jean comme devant. Plus rien ne vient. Brassens au secours, c\u2019est un peu \u00e0 cause ou gr\u00e2ce \u00e0 toi que j\u2019ai aim\u00e9 les sacrebleu, cornegidouille, fichtre, foutre et diantre. Et toi aussi Rabelais, avec ta langue fleurie, ta verbocination qui canulait d\u00e9j\u00e0 mes parents. Comment relancer ce fichu biniou de la m\u00e9moire ? Parataxe, hypotaxe, les deux \u00e0 la fois, sans mettre la charrue avant les b\u0153ufs. Les march\u00e9s parisiens, Totor qui me courait apr\u00e8s pour me couper les oreilles en pointe. J\u2019aurais fait un litre d\u2019huile si on m\u2019avait flanqu\u00e9 un grain de ch\u00e8nevis dans l\u2019trou du cul tant j\u2019avais les miquettes. Mais Totor avait le c\u0153ur sur la main. On ne se cassait pas le cul quand il \u00e9tait l\u00e0. Ah Paris, Paname, la rue Jobb\u00e9-Duval, le balcon du 7e d\u2019o\u00f9 je l\u00e2chais mes glaviots. J\u2019avais du toupet, le diable au corps, disait la grand-m\u00e8re. \u00c0 force, j\u2019avais le cul en fleur de toutes ces fess\u00e9es. J\u2019arrivais pas \u00e0 m\u2019asseoir. La danse de Saint Guy. Le trou du cul tenait une place centrale dans la famille. Le parler gras faisait loi. Un tremplin de l\u2019imagination. Ce n\u2019\u00e9tait pas encore le cul triste d\u2019aujourd\u2019hui. Il fallait tendre l\u2019oreille pour capter les nuances. Le rond c\u2019\u00e9tait la chance. S\u2019\u00f4ter les doigts du cul. Tomber dessus un jour de grand vent. \u00catre comme deux ronds de flan. Mon p\u00e8re me soufflait dans les poumons parce que je ne manquais pas d\u2019air. On prenait la porte r\u00e9guli\u00e8rement, ma m\u00e8re, mon p\u00e8re, mon fr\u00e8re et moi. On se carapatait au diable vauvert. Puis on revenait la queue entre les jambes. On n\u2019en parlait plus. \u00c7a me passera avant que \u00e7a me revienne. Plus tard, j\u2019ai rencontr\u00e9 Richard. Un vieux chanteur de cabarets, passionn\u00e9 par l\u2019histoire des mots. Il avait une pi\u00e8ce pleine de dictionnaires, son lit entre les piles. On dormait peu. On parlait \u00e0 b\u00e2tons rompus, on feuilletait le Bouillet. Il avait un talent fou. Il me trouvait timor\u00e9, sans doute voyait-il en moi un reflet de lui-m\u00eame. Le jeudi, il tirait les cartes aux prostitu\u00e9es des rues Quincampoix et des Lombards. Je lisais dans la pi\u00e8ce d\u2019\u00e0 c\u00f4t\u00e9. J\u2019ouvrais la porte, faisais le groom. Les parfums de ces dames ont nourri mon imaginaire. Richard d\u00e9ployait le tarot de Marseille. \u201cIl faut traiter les putes comme des princesses, et les princesses comme des salopes\u201d, disait-il. Il n\u2019y eut jamais d\u2019\u00e9cart. M\u00eame les plus d\u00e9sirables me saluaient comme un gamin. Un interdit tacite me tenait. Elles d\u00e9rouillaient assez. Pas besoin d\u2019en rajouter. On devint copains. J\u2019allais avec la bande au p\u00e8lerinage \u00e0 Saint-Germain l\u2019Auxerrois. Elles allumaient des cierges pour leur sainte. Puis on remontait la rue de Rivoli. Brassens chantait Villon : \u201cLes dames du temps jadis, on a celles qu\u2019on peut.\u201d C\u2019\u00e9tait tr\u00e8s juste. Mes amours normales ne donnaient rien. \u00c0 la fac, je me sentais \u00e0 c\u00f4t\u00e9. Tous ces jeunes gens lisses me d\u00e9sesp\u00e9raient. Je n\u2019avais pas de plomb dans la cervelle, sauf \u00e0 y voir une propension au suicide. 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Ce que j\u2019entends dans le fran\u00e7ais, c\u2019est l\u2019effronterie, la spontan\u00e9it\u00e9, la logique des c\u0153urs l\u00e9gers. Mais il faut maintenant traverser les oc\u00e9ans pour retrouver ce c\u0153ur-l\u00e0. J\u2019ai jet\u00e9 ces notes sans les reprendre. Un moment d\u2019hiver, dans une pand\u00e9mie sans fin. ", "image": "", "tags": [] } ] }