On ne convoque pas les morts pour le spectacle. On les fait revenir parce que le lien a besoin d\u2019\u00eatre retendu, parce que la communaut\u00e9 a des dettes et des promesses. Ici un masque tourne, le tissu fait vent et b\u00e9n\u00e9diction. L\u00e0-bas, on r Ouv re la tombe, on retourne les os, on r\u00e9-enveloppe de neuf, on parle haut pour que tout le monde entende. Ce sont des techniques : ramener l\u2019anc\u00eatre dans le circuit, redistribuer le bien et la parole, remettre l\u2019axe. Afrique ? Plut\u00f4t des Afriques. On prend deux cas — Egungun (Yoruba), famadihana (Madagascar) — et l\u2019id\u00e9e commune : que fait un anc\u00eatre parmi les vivants ?<\/p>\n
Masques qui font revenir (Yoruba, Egungun)<\/h2>\n
Place ouverte, chaleur. On entend d\u2019abord le tissu avant de voir qui vient : couches de pagnes, bandes, raphia, un sommet parfois sculpt\u00e9. Le masque ne repr\u00e9sente pas l\u2019anc\u00eatre, il l\u2019incorpore : il parle dans une voix filtr\u00e9e, il b\u00e9nit, il admoneste, il tourne jusqu\u2019\u00e0 faire vent — on dit que ce vent-l\u00e0 purifie. Les ensembles sont collectifs : lignages, quartiers, confr\u00e9ries. On n\u2019ach\u00e8te pas un anc\u00eatre, on le fabrique avec des mains nombreuses, des m\u00e9moires partag\u00e9es, des \u00e9toffes h\u00e9rit\u00e9es. La valeur n\u2019est pas dans l\u2019objet seul, elle est dans la circulation : textile qui passe, nom qui reste, pouvoir (\u00e0\u1e63\u1eb9) remis en mouvement.<\/p>\n
Le masque prot\u00e8ge et r\u00e8gle. On ne regarde pas l\u2019homme dessous, on regarde la fonction : un psychopompe invers\u00e9, qui part des anc\u00eatres pour venir aux vivants. Il r\u00e9pare : disputes apais\u00e9es, b\u00e9n\u00e9dictions distribu\u00e9es, rappel des obligations. La danse a des codes : pas de contact direct, distance tenue, salut aux a\u00een\u00e9s, appel aux enfants. L\u2019anc\u00eatre fait ordre par la forme — et, quand il s\u2019\u00e9loigne, on sait ce qui a \u00e9t\u00e9 dit, m\u00eame sans phrase longue : “tels ont donn\u00e9, tels doivent, tels prot\u00e8gent”.<\/p>\n
Retourner les morts (Madagascar, famadihana)<\/h2>\n
On n\u2019enterre pas pour oublier ; on place pour pouvoir revenir. Tombe de famille, village de pierre dans la terre des vivants. Un jour d\u00e9cid\u00e9, on ouvre. On sort les restes envelopp\u00e9s, on r\u00e9-enveloppe dans un lamba neuf, on danse avec les anc\u00eatres, et l\u2019on redispose tous ensemble, \u00e0 la bonne place, apr\u00e8s la parole — kabary, discours o\u00f9 l\u2019on rappelle qui est qui, qui doit quoi, qui s\u2019est mari\u00e9, qui a construit, qui a manqu\u00e9. Ce n\u2019est pas “macabre”, c\u2019est g\u00e9n\u00e9alogique et politique : la tombe parle le langage du lien et de la terre. On ne met pas l\u2019anc\u00eatre dehors ; on le remet au centre en rappelant que notre pr\u00e9sent tient sur son nom.<\/p>\n
Les anthropologues l\u2019ont montr\u00e9 depuis longtemps : ici la mort r\u00e9g\u00e9n\u00e8re le social. On redistribue nourriture, argent, travail ; on r\u00e9active les alliances ; on r\u00e9\u00e9crit des positions dans la famille. Les gestes sur les corps sont aussi des gestes sur les statuts. Le deuil n\u2019est pas la fin de la relation : c\u2019est la trame qui revient et qui se retend.<\/p>\n
Fun\u00e9railles : la redistribution comme r\u00e9paration<\/h2>\n
Partout — pas seulement ici — les fun\u00e9railles sont co\u00fbteuses parce qu\u2019elles sont productives : elles fabriquent des alliances, des dettes r\u00e9gl\u00e9es, des retours promis. On donne, on re\u00e7oit, on nomme les dons, on les inscrit \u00e0 haute voix. La chair et les mets circulent ; les enveloppes aussi ; les b\u00eates abattues disent quelque chose du rang, de la saison, de l\u2019effort. On peut juger cela trop lourd ; on voit surtout une \u00e9conomie du lien : transformer la perte en retour de circulation, que la vie reparte, que les vivants redeviennent capables. Les classiques de l\u2019anthropologie l\u2019ont formul\u00e9 net : mort et r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration vont ensemble, pas par po\u00e9sie, par fonction.<\/p>\n
Pluralit\u00e9 et prudence (comment regarder)<\/h2>\n
“Africain” ne veut rien dire si on gomme les langues, les r\u00e9gions, les politiques locales. On ne plaque pas une image sur un continent. On situe : Yoruba ici ; Merina l\u00e0 ; ailleurs d\u2019autres logiques, d\u2019autres d\u00e9lais, d\u2019autres mat\u00e9riaux. On pr\u00e9cise : pas “f\u00e9tiche”, pas “culte des morts” au singulier ; des anc\u00eatres qui tiennent la maison, la terre, la cit\u00e9 — des pr\u00e9sences qui demandent des gestes. On corrige l\u2019\u0153il : ce que l\u2019on croit “exotique” est une proc\u00e9dure sociale. Et nos images ? On montre ce qui explique, pas ce qui vole. On cr\u00e9dite, on demande quand on peut, on \u00e9vite les visages sans consentement, on respecte les restes humains. Ce n\u2019est pas accessoire, c\u2019est le cadre.<\/p>\n
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Vent de tissu. La place s\u2019ouvre d\u2019elle-m\u00eame. Le masque sort, il tourne, on sent l\u2019air qui vient sur la peau. Les enfants reculent d\u2019un pas, puis reviennent. Un a\u00een\u00e9 salue, un autre r\u00e9pond. On d\u00e9pose une offrande. Le message passe par le rythme, par l\u2019espace que le tissu d\u00e9coupe dans l\u2019air. L\u2019anc\u00eatre est l\u00e0 le temps qu\u2019il faut pour que le monde se r\u00e8gle.<\/li>\n<\/ol>\n<\/li>\n
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Tombe ouverte. Le lamba neuf craque un peu sous les doigts. On d\u00e9roule, on re-plie, on parle, on rit aussi, parce que les noms sont pleins d\u2019histoires et qu\u2019on vient de loin. Un oncle ajuste la place d\u2019une enveloppe, une tante v\u00e9rifie la liste. La tombe s\u2019\u00e9largit d\u2019un coup : elle contient les morts et les vivants, et l\u2019ordre revient \u00e0 force de gestes lents.<\/li>\n<\/ol>\n<\/li>\n
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Partages. Aux abords, on d\u00e9coupe, on sert, on compte. Les dons annonc\u00e9s \u00e0 haute voix ne sont pas de la vanit\u00e9 : ce sont des garanties. On sait qui a pris charge de quoi, qui a promis, qui devra rendre au prochain tour. Ce registre n\u2019est pas un livre, c\u2019est une m\u00e9moire commune ; la mort, ici, r\u00e9pare par la circulation.
Trois vignettes (faire sentir la fonction)<\/h2>\n<\/li>\n<\/ol>\n<\/li>\n<\/ul>\n
Ce que fait l\u2019anc\u00eatre parmi les vivants<\/h2>\n
Il valide. Il b\u00e9nit. Il rappelle que la maison n\u2019est pas seulement quatre murs, mais une cha\u00eene. Il relance : apr\u00e8s l\u2019arr\u00eat du souffle, il faut que la vie reprenne un axe ; l\u2019anc\u00eatre sert de pivot. Par lui, on relit la g\u00e9n\u00e9alogie ; par lui, on rend la terre \u00e0 sa juste carte ; par lui, on redistribue ; par lui, on reprend. L\u2019anc\u00eatre n\u2019est pas un fant\u00f4me, c\u2019est un office p\u00e9riodique — avec des formes diff\u00e9rentes, mais la m\u00eame m\u00e9canique : faire tenir.<\/p>\n
Lamba — grande \u00e9toffe malgache, linceul neuf pour re-linceuler les anc\u00eatres.<\/li>\n
Famadihana — “retournement des morts” : exhumation, re-linceul, danse, red\u00e9p\u00f4t dans la tombe familiale.<\/li>\n
Kabary — discours public malgache, parole qui classe les noms, les dons, les obligations.<\/li>\n
A\u1e63\u1eb9 — puissance efficace (chez les Yoruba), force qui fait advenir.<\/li>\n
Merina — grand groupe des Hautes Terres de Madagascar (entre autres gardiens des tombes familiales).<\/li>\n
Redistribution — dons\/repas\/charges qui, lors des fun\u00e9railles, refont la trame sociale.<\/li>\n<\/ul>\n
Timeline (marques simples)<\/h2>\n
Yorubaland (p\u00e9riodes vari\u00e9es) : mascarades Egungun attest\u00e9es et renouvel\u00e9es, familles et villes comme sc\u00e8nes. — Madagascar (Hautes Terres) : famadihana moderne en continuit\u00e9 avec d\u2019anciens dispositifs de secundo-fun\u00e9railles ; formes ajust\u00e9es aux contextes (urbanisation, migrations). — Anthropologie (XXe) : Mort & r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration (travaux de synth\u00e8se), lecture des fun\u00e9railles comme redistribution.<\/p>\n
Drewal, Henry John — ressources universitaires sur les arts yoruba de la mascarade (valeur des textiles, fonction communautaire). \nRISD Museum<\/li>\n
Famadihana (Madagascar) : Encyclopaedia Britannica, entr\u00e9e “Famadihana” ; notice “Merina” pour le cadre social des Hautes Terres. \nEncyclopedia Britannica<\/li>\n
Anthropologie compar\u00e9e : Death and the Regeneration of Life (Bloch & Parry, Cambridge UP) ; Celebrations of Death (Metcalf & Huntington). \nCambridge University Press & Assessment<\/li>\n
Cadre \u00e9thique (images\/collections) : ICOM Code of Ethics (sections sur restes humains et mat\u00e9riaux sensibles). \nInternational Council of Museums<\/li>\n<\/ul>",
"content_text": " On ne convoque pas les morts pour le spectacle. On les fait revenir parce que le lien a besoin d\u2019\u00eatre retendu, parce que la communaut\u00e9 a des dettes et des promesses. Ici un masque tourne, le tissu fait vent et b\u00e9n\u00e9diction. L\u00e0-bas, on r Ouv re la tombe, on retourne les os, on r\u00e9-enveloppe de neuf, on parle haut pour que tout le monde entende. Ce sont des techniques : ramener l\u2019anc\u00eatre dans le circuit, redistribuer le bien et la parole, remettre l\u2019axe. Afrique ? Plut\u00f4t des Afriques. On prend deux cas \u2014 Egungun (Yoruba), famadihana (Madagascar) \u2014 et l\u2019id\u00e9e commune : que fait un anc\u00eatre parmi les vivants ? ## Masques qui font revenir (Yoruba, Egungun) Place ouverte, chaleur. On entend d\u2019abord le tissu avant de voir qui vient : couches de pagnes, bandes, raphia, un sommet parfois sculpt\u00e9. Le masque ne repr\u00e9sente pas l\u2019anc\u00eatre, il l\u2019incorpore : il parle dans une voix filtr\u00e9e, il b\u00e9nit, il admoneste, il tourne jusqu\u2019\u00e0 faire vent \u2014 on dit que ce vent-l\u00e0 purifie. Les ensembles sont collectifs : lignages, quartiers, confr\u00e9ries. On n\u2019ach\u00e8te pas un anc\u00eatre, on le fabrique avec des mains nombreuses, des m\u00e9moires partag\u00e9es, des \u00e9toffes h\u00e9rit\u00e9es. La valeur n\u2019est pas dans l\u2019objet seul, elle est dans la circulation : textile qui passe, nom qui reste, pouvoir (\u00e0\u1e63\u1eb9) remis en mouvement. Le masque prot\u00e8ge et r\u00e8gle. On ne regarde pas l\u2019homme dessous, on regarde la fonction : un psychopompe invers\u00e9, qui part des anc\u00eatres pour venir aux vivants. Il r\u00e9pare : disputes apais\u00e9es, b\u00e9n\u00e9dictions distribu\u00e9es, rappel des obligations. La danse a des codes : pas de contact direct, distance tenue, salut aux a\u00een\u00e9s, appel aux enfants. L\u2019anc\u00eatre fait ordre par la forme \u2014 et, quand il s\u2019\u00e9loigne, on sait ce qui a \u00e9t\u00e9 dit, m\u00eame sans phrase longue : \u201ctels ont donn\u00e9, tels doivent, tels prot\u00e8gent\u201d. ## Retourner les morts (Madagascar, famadihana) On n\u2019enterre pas pour oublier ; on place pour pouvoir revenir. Tombe de famille, village de pierre dans la terre des vivants. Un jour d\u00e9cid\u00e9, on ouvre. On sort les restes envelopp\u00e9s, on r\u00e9-enveloppe dans un lamba neuf, on danse avec les anc\u00eatres, et l\u2019on redispose tous ensemble, \u00e0 la bonne place, apr\u00e8s la parole \u2014 kabary, discours o\u00f9 l\u2019on rappelle qui est qui, qui doit quoi, qui s\u2019est mari\u00e9, qui a construit, qui a manqu\u00e9. Ce n\u2019est pas \u201cmacabre\u201d, c\u2019est g\u00e9n\u00e9alogique et politique : la tombe parle le langage du lien et de la terre. On ne met pas l\u2019anc\u00eatre dehors ; on le remet au centre en rappelant que notre pr\u00e9sent tient sur son nom. Les anthropologues l\u2019ont montr\u00e9 depuis longtemps : ici la mort r\u00e9g\u00e9n\u00e8re le social. On redistribue nourriture, argent, travail ; on r\u00e9active les alliances ; on r\u00e9\u00e9crit des positions dans la famille. Les gestes sur les corps sont aussi des gestes sur les statuts. Le deuil n\u2019est pas la fin de la relation : c\u2019est la trame qui revient et qui se retend. ## Fun\u00e9railles : la redistribution comme r\u00e9paration Partout \u2014 pas seulement ici \u2014 les fun\u00e9railles sont co\u00fbteuses parce qu\u2019elles sont productives : elles fabriquent des alliances, des dettes r\u00e9gl\u00e9es, des retours promis. On donne, on re\u00e7oit, on nomme les dons, on les inscrit \u00e0 haute voix. La chair et les mets circulent ; les enveloppes aussi ; les b\u00eates abattues disent quelque chose du rang, de la saison, de l\u2019effort. On peut juger cela trop lourd ; on voit surtout une \u00e9conomie du lien : transformer la perte en retour de circulation, que la vie reparte, que les vivants redeviennent capables. Les classiques de l\u2019anthropologie l\u2019ont formul\u00e9 net : mort et r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration vont ensemble, pas par po\u00e9sie, par fonction. ## Pluralit\u00e9 et prudence (comment regarder) \u201cAfricain\u201d ne veut rien dire si on gomme les langues, les r\u00e9gions, les politiques locales. On ne plaque pas une image sur un continent. On situe : Yoruba ici ; Merina l\u00e0 ; ailleurs d\u2019autres logiques, d\u2019autres d\u00e9lais, d\u2019autres mat\u00e9riaux. On pr\u00e9cise : pas \u201cf\u00e9tiche\u201d, pas \u201cculte des morts\u201d au singulier ; des anc\u00eatres qui tiennent la maison, la terre, la cit\u00e9 \u2014 des pr\u00e9sences qui demandent des gestes. On corrige l\u2019\u0153il : ce que l\u2019on croit \u201cexotique\u201d est une proc\u00e9dure sociale. Et nos images ? On montre ce qui explique, pas ce qui vole. On cr\u00e9dite, on demande quand on peut, on \u00e9vite les visages sans consentement, on respecte les restes humains. Ce n\u2019est pas accessoire, c\u2019est le cadre. - 1) Vent de tissu. La place s\u2019ouvre d\u2019elle-m\u00eame. Le masque sort, il tourne, on sent l\u2019air qui vient sur la peau. Les enfants reculent d\u2019un pas, puis reviennent. Un a\u00een\u00e9 salue, un autre r\u00e9pond. On d\u00e9pose une offrande. Le message passe par le rythme, par l\u2019espace que le tissu d\u00e9coupe dans l\u2019air. L\u2019anc\u00eatre est l\u00e0 le temps qu\u2019il faut pour que le monde se r\u00e8gle. - 2) Tombe ouverte. Le lamba neuf craque un peu sous les doigts. On d\u00e9roule, on re-plie, on parle, on rit aussi, parce que les noms sont pleins d\u2019histoires et qu\u2019on vient de loin. Un oncle ajuste la place d\u2019une enveloppe, une tante v\u00e9rifie la liste. La tombe s\u2019\u00e9largit d\u2019un coup : elle contient les morts et les vivants, et l\u2019ordre revient \u00e0 force de gestes lents. - 3) Partages. Aux abords, on d\u00e9coupe, on sert, on compte. Les dons annonc\u00e9s \u00e0 haute voix ne sont pas de la vanit\u00e9 : ce sont des garanties. On sait qui a pris charge de quoi, qui a promis, qui devra rendre au prochain tour. Ce registre n\u2019est pas un livre, c\u2019est une m\u00e9moire commune ; la mort, ici, r\u00e9pare par la circulation. ## Trois vignettes (faire sentir la fonction) ## Ce que fait l\u2019anc\u00eatre parmi les vivants Il valide. Il b\u00e9nit. Il rappelle que la maison n\u2019est pas seulement quatre murs, mais une cha\u00eene. Il relance : apr\u00e8s l\u2019arr\u00eat du souffle, il faut que la vie reprenne un axe ; l\u2019anc\u00eatre sert de pivot. Par lui, on relit la g\u00e9n\u00e9alogie ; par lui, on rend la terre \u00e0 sa juste carte ; par lui, on redistribue ; par lui, on reprend. L\u2019anc\u00eatre n\u2019est pas un fant\u00f4me, c\u2019est un office p\u00e9riodique \u2014 avec des formes diff\u00e9rentes, mais la m\u00eame m\u00e9canique : faire tenir. ## Outil (lexique bref) - Egungun \u2014 mascarade yoruba d\u2019anc\u00eatres : costume de tissus, apparition r\u00e9gl\u00e9e, b\u00e9n\u00e9diction\/avertissement. - Lamba \u2014 grande \u00e9toffe malgache, linceul neuf pour re-linceuler les anc\u00eatres. - Famadihana \u2014 \u201cretournement des morts\u201d : exhumation, re-linceul, danse, red\u00e9p\u00f4t dans la tombe familiale. - Kabary \u2014 discours public malgache, parole qui classe les noms, les dons, les obligations. - A\u1e63\u1eb9 \u2014 puissance efficace (chez les Yoruba), force qui fait advenir. - Merina \u2014 grand groupe des Hautes Terres de Madagascar (entre autres gardiens des tombes familiales). - Redistribution \u2014 dons\/repas\/charges qui, lors des fun\u00e9railles, refont la trame sociale. ## Timeline (marques simples) Yorubaland (p\u00e9riodes vari\u00e9es) : mascarades Egungun attest\u00e9es et renouvel\u00e9es, familles et villes comme sc\u00e8nes. \u2014 Madagascar (Hautes Terres) : famadihana moderne en continuit\u00e9 avec d\u2019anciens dispositifs de secundo-fun\u00e9railles ; formes ajust\u00e9es aux contextes (urbanisation, migrations). \u2014 Anthropologie (XXe) : Mort & r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration (travaux de synth\u00e8se), lecture des fun\u00e9railles comme redistribution. ## \u00c0 voir \/ \u00e0 lire - Egungun (Yoruba) : Encyclopaedia Britannica, entr\u00e9e \u201cEgungun\u201d (mascarades d\u2019anc\u00eatres, fonctions et costumes). Encyclopedia Britannica - Drewal, Henry John \u2014 ressources universitaires sur les arts yoruba de la mascarade (valeur des textiles, fonction communautaire). RISD Museum - Famadihana (Madagascar) : Encyclopaedia Britannica, entr\u00e9e \u201cFamadihana\u201d ; notice \u201cMerina\u201d pour le cadre social des Hautes Terres. Encyclopedia Britannica - Anthropologie compar\u00e9e : Death and the Regeneration of Life (Bloch & Parry, Cambridge UP) ; Celebrations of Death (Metcalf & Huntington). Cambridge University Press & Assessment - Cadre \u00e9thique (images\/collections) : ICOM Code of Ethics (sections sur restes humains et mat\u00e9riaux sensibles). International Council of Museums ",
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"title": "Asies — samsara, bardo, Obon",
"date_published": "2025-10-20T20:06:09Z",
"date_modified": "2025-10-21T09:46:22Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
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On ne meurt pas d\u2019un coup, on passe<\/strong>. En Inde, on parle de samsara<\/strong> : on revient, on repart, la roue tourne tant que les actes n\u2019ont pas rendu la route libre. Au Tibet, on lit \u00e0 voix haute pour guider dans l\u2019entre-deux<\/strong> : le bardo<\/strong>, des portes \u00e0 nommer, une lumi\u00e8re \u00e0 reconna\u00eetre. Au Japon, on allume les lanternes<\/strong> au portail, on danse au soir d\u2019Obon<\/strong>, on fait place aux anciens qui rentrent pour quelques nuits. Trois cartes, trois lexiques, une m\u00eame m\u00e9canique : faire tenir<\/strong> la travers\u00e9e avec des mots, des gestes, des images qui op\u00e8rent.<\/p>\n