{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-aout-2018.html", "title": "30 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T05:09:48Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
Il viendrait, je ne me sens pas l\u2019\u00e2me de l\u2019\u00e9picier. Il regarderait mon tableau. Mentalement par rapport \u00e0 l\u2019ensemble des visites que j\u2019aurais calcul\u00e9 il serait \u00e0 moins de 20% en taux de rebond. Je veux dire qu\u2019il resterait l\u00e0 un petit moment seul, absorb\u00e9 par mon travail, et qu\u2019il ne se dirigerait pas comme un somnambule vers la suite, puis vers la sortie. Mon client parfait pourrait \u00eatre aussi une cliente, le sexe ne joue pas une importance particuli\u00e8re dans mon fantasme cette fois ci. Il ou elle serait jeune ce serait inesp\u00e9r\u00e9. Cependant que si c\u2019est un vieux monsieur ou une vieille dame qui prennent le temps de regarder je me dirais tu vois comme tu es bourr\u00e9 de pr\u00e9jug\u00e9s. Ils peuvent prendre le temps .. encore. Ma, mon client parfait seraient l\u00e0 devant mon tableau et alors, apr\u00e8s leur avoir laiss\u00e9 un peu de temps je m\u2019approcherais. En silence pour ne pas les d\u00e9ranger. Et au moment ou je sentirais le moindre tressaillement sur leur visage, dans leur corps m\u2019indiquant qu\u2019il sont au bord, pr\u00eat \u00e0 sortir du tableau : je serai l\u00e0 pour les accueillir. qu\u2019est ce que je dirais alors \u2026 ? Bonjour, c\u2019est moi le peintre ? Bonjour vous appr\u00e9ciez mon tableau ? Bonjour\u2026 Quelle difficult\u00e9 de s\u2019adresser pour la premi\u00e8re fois \u00e0 elle, \u00e0 lui \u2026 Comment ne pas le, la heurter dans son atterrissage. Lui offrir une jolie piste bien balis\u00e9e et sans risque \u2026 Alors elle ou il se tournerait vers moi, comprendrait bien sur que je suis l\u2019auteur de cette \u0153uvre qui vient de les subjuguer. Ils me diraient : Nous aimons beaucoup ! ( silence) Comme tout le monde mais le silence qui suit l\u2019obligerait \u00e0 chercher d\u2019autres mots. Il ou elle me parlerait de lui ou d\u2019elle. De ce qu\u2019il ou elle viennent de traverser. Non pas de l\u2019\u00e9motion, ce n\u2019est pas facile, mais plut\u00f4t d\u2019un d\u00e9tail \u00e9ventuel qui aurait accroch\u00e9 son regard et qui aurait capt\u00e9 son attention pour l\u2019immobiliser. Des mots simples, pas de grands discours. Juste ce qu\u2019il faut de complicit\u00e9 pour imaginer une possible amiti\u00e9. Voil\u00e0 ma ou mon client parfait j\u2019aimerais que ce soient des amis possibles. Des gens qui me diraient, ton tableau nous parle de nous. Tu as fait ce que nous n\u2019avions pas le temps de faire car nous sommes pris dans notre vie de tous les jours et nous ne savons pas. Alors je serais un peintre heureux de donner un prix \u00e0 ce qui n\u2019a pas de prix. Et ce faisant l\u2019argent nous lib\u00e9rerait de cette intimit\u00e9 naissante peut-\u00eatre embarrassante pour chacun, chacune.<\/p>", "content_text": "Il viendrait, je ne me sens pas l\u2019\u00e2me de l\u2019\u00e9picier. Il regarderait mon tableau. Mentalement par rapport \u00e0 l\u2019ensemble des visites que j\u2019aurais calcul\u00e9 il serait \u00e0 moins de 20% en taux de rebond. Je veux dire qu\u2019il resterait l\u00e0 un petit moment seul, absorb\u00e9 par mon travail, et qu\u2019il ne se dirigerait pas comme un somnambule vers la suite, puis vers la sortie. Mon client parfait pourrait \u00eatre aussi une cliente, le sexe ne joue pas une importance particuli\u00e8re dans mon fantasme cette fois ci. Il ou elle serait jeune ce serait inesp\u00e9r\u00e9. Cependant que si c\u2019est un vieux monsieur ou une vieille dame qui prennent le temps de regarder je me dirais tu vois comme tu es bourr\u00e9 de pr\u00e9jug\u00e9s. Ils peuvent prendre le temps .. encore. Ma, mon client parfait seraient l\u00e0 devant mon tableau et alors, apr\u00e8s leur avoir laiss\u00e9 un peu de temps je m\u2019approcherais. En silence pour ne pas les d\u00e9ranger. Et au moment ou je sentirais le moindre tressaillement sur leur visage, dans leur corps m\u2019indiquant qu\u2019il sont au bord, pr\u00eat \u00e0 sortir du tableau : je serai l\u00e0 pour les accueillir. qu\u2019est ce que je dirais alors \u2026? Bonjour, c\u2019est moi le peintre ? Bonjour vous appr\u00e9ciez mon tableau ? Bonjour\u2026 Quelle difficult\u00e9 de s\u2019adresser pour la premi\u00e8re fois \u00e0 elle, \u00e0 lui \u2026 Comment ne pas le, la heurter dans son atterrissage. Lui offrir une jolie piste bien balis\u00e9e et sans risque \u2026 Alors elle ou il se tournerait vers moi, comprendrait bien sur que je suis l\u2019auteur de cette \u0153uvre qui vient de les subjuguer. Ils me diraient: Nous aimons beaucoup ! ( silence) Comme tout le monde mais le silence qui suit l\u2019obligerait \u00e0 chercher d\u2019autres mots. Il ou elle me parlerait de lui ou d\u2019elle. De ce qu\u2019il ou elle viennent de traverser. Non pas de l\u2019\u00e9motion, ce n\u2019est pas facile, mais plut\u00f4t d\u2019un d\u00e9tail \u00e9ventuel qui aurait accroch\u00e9 son regard et qui aurait capt\u00e9 son attention pour l\u2019immobiliser. Des mots simples, pas de grands discours. Juste ce qu\u2019il faut de complicit\u00e9 pour imaginer une possible amiti\u00e9. Voil\u00e0 ma ou mon client parfait j\u2019aimerais que ce soient des amis possibles. Des gens qui me diraient, ton tableau nous parle de nous. Tu as fait ce que nous n\u2019avions pas le temps de faire car nous sommes pris dans notre vie de tous les jours et nous ne savons pas. Alors je serais un peintre heureux de donner un prix \u00e0 ce qui n\u2019a pas de prix. Et ce faisant l\u2019argent nous lib\u00e9rerait de cette intimit\u00e9 naissante peut-\u00eatre embarrassante pour chacun, chacune. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/geihsa.jpg?1748065211", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/28-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/28-aout-2018.html", "title": "28 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T04:21:09Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
Tu as tenu 4 rounds et tu t\u2019en es pris un bon paquet dans le buffet. La petite cloche vient de sonner et tu retournes dans ton coin la bave au coin des l\u00e8vres, pas beaucoup de temps pour reprendre des forces et te reforger une strat\u00e9gie. L\u2019autre en face te parait moins amoch\u00e9 que toi, c\u2019est pas toi qui a l\u2019avantage sur ce coup l\u00e0 \u2026 Qu\u2019est ce qui se passe dans ta t\u00eate maintenant ? ? c\u2019est l\u00e0 que tout se joue ne l\u2019oublie pas ! 42 toiles en 3 mois , 6 expos en parall\u00e8le, tu as de la peinture plein.. les doigts. Assis-toi et r\u00e9fl\u00e9chis. A quel round t\u2019en es ? combien tu peux encore tenir ? et en face il n\u2019y a pas d\u2019adversaire ce coup l\u00e0 , juste l\u2019adversit\u00e9. Septembre arrive avec sa cohorte de cr\u00e9ances \u00e0 payer. La reprise des cours, les kilom\u00e8tres \u00e0 avaler, le contr\u00f4le technique \u00e0 faire, serrer les dents, les fesses, les poings pour que tout passe. Faudra que tu regardes la d\u00e9finition de subir et de supporter dans le dico. Mais \u00e0 quel round t\u2019es es ? Pour tenir tu as utilis\u00e9 l\u2019espoir, le r\u00eave ,la rage, le d\u00e9sir, et bon sang m\u00eame l\u2019amour y est pass\u00e9. Tu ne te prends pas pour un champion pourtant, tu voudrais juste boxer ou peindre dans la bonne cat\u00e9gorie. Ton moteur c\u2019est quoi , pourquoi tu ne laisses pas tomber finalement ? Tu as vendu 10 tableaux et tu n\u2019es pas content qu\u2019est ce qu\u2019il te faut encore ? Devenir impr\u00e9visible surprendre l\u2019adversaire. Etre comme \u2018oc\u00e9an, ciel et vent\u2026 Tais toi ! tu es bien plus grand que tes pens\u00e9es et tes mots. Boxe, peins, mais “tais toi je t\u2019en prie” comme dirait Raymond Carver<\/p>", "content_text": "Tu as tenu 4 rounds et tu t\u2019en es pris un bon paquet dans le buffet. La petite cloche vient de sonner et tu retournes dans ton coin la bave au coin des l\u00e8vres, pas beaucoup de temps pour reprendre des forces et te reforger une strat\u00e9gie. L\u2019autre en face te parait moins amoch\u00e9 que toi, c\u2019est pas toi qui a l\u2019avantage sur ce coup l\u00e0 \u2026 Qu\u2019est ce qui se passe dans ta t\u00eate maintenant ? ? c\u2019est l\u00e0 que tout se joue ne l\u2019oublie pas ! 42 toiles en 3 mois , 6 expos en parall\u00e8le, tu as de la peinture plein.. les doigts. Assis-toi et r\u00e9fl\u00e9chis. A quel round t\u2019en es ? combien tu peux encore tenir ? et en face il n\u2019y a pas d\u2019adversaire ce coup l\u00e0 , juste l\u2019adversit\u00e9. Septembre arrive avec sa cohorte de cr\u00e9ances \u00e0 payer. La reprise des cours, les kilom\u00e8tres \u00e0 avaler, le contr\u00f4le technique \u00e0 faire, serrer les dents, les fesses, les poings pour que tout passe. Faudra que tu regardes la d\u00e9finition de subir et de supporter dans le dico. Mais \u00e0 quel round t\u2019es es ? Pour tenir tu as utilis\u00e9 l\u2019espoir, le r\u00eave ,la rage, le d\u00e9sir, et bon sang m\u00eame l\u2019amour y est pass\u00e9. Tu ne te prends pas pour un champion pourtant, tu voudrais juste boxer ou peindre dans la bonne cat\u00e9gorie. Ton moteur c\u2019est quoi , pourquoi tu ne laisses pas tomber finalement? Tu as vendu 10 tableaux et tu n\u2019es pas content qu\u2019est ce qu\u2019il te faut encore ? Devenir impr\u00e9visible surprendre l\u2019adversaire. Etre comme \u2018oc\u00e9an, ciel et vent\u2026 Tais toi ! tu es bien plus grand que tes pens\u00e9es et tes mots. Boxe, peins, mais \u201ctais toi je t\u2019en prie\u201d comme dirait Raymond Carver ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img023-2.jpg?1748065124", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-aout-2018.html", "title": "29 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T04:20:48Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
A premi\u00e8re vue, c\u2019est cela l\u2019intuition et ce n\u2019est pas pour rien que l\u2019on parle de vue, de regard car l\u2019intuition n\u2019a rien \u00e0 voir avec l\u2019intellect, le raisonnement, l\u2019exp\u00e9rience. L\u2019intuition est sensible et non mentale. Pour les peintres l\u2019intuition peut se r\u00e9v\u00e9ler soudaine comme une lecture imm\u00e9diate, fulgurante de l\u2019ensemble des d\u00e9s\u00e9quilibres et \u00e9quilibres de couleurs qui se cherchent sur et dans une surface : la toile. Soudaine l\u2019intuition autant que v\u00e9rit\u00e9 temporaire, \u00e9blouissement devenant vision ou son contraire. On ne peut chercher la gr\u00e2ce en peinture comme au Carmel. Il faut une relation fig\u00e9e avec son tableau qui dure un certain temps , parfois m\u00eame longtemps pour qu\u2019enfin il d\u00e9livre son secret et que la gr\u00e2ce nous tombe dessus. Au Carmel on appelle cela l\u2019ennui, en peinture on appelle \u00e7a la gestation les deux sont n\u00e9cessaires sans \u00eatre pour autant li\u00e9s. Eug\u00e8ne Boudin est un peintre qui a eut de l\u2019intuition j\u2019en reste persuad\u00e9. Arriver \u00e0 nous faire voir de loin des choses qui de pr\u00e8s ressemblent \u00e0 des p\u00e2t\u00e9s, il a su conjuguer intuition et impression et entra\u00eener dans son sillage tous les impressionnistes bien plus connus du grand public. C\u2019est presque sur son lit de mort que Manet avouera sa filiation avec Boudin. Pollock aussi est un peintre de l\u2019intuition. Le sensible contrairement aux peintres de chevalet envahit le corps tout entier et c\u2019est la danse des t\u00e2ches, des coulures, comme la sueur, le sang les humeurs du peintre qui figent sur ses tableaux l\u2019intuition d\u2019un univers en mouvement perp\u00e9tuel proche de celui des scientifiques qui d\u00e9couvrent la physique quantique. Raisonner on peut le faire apr\u00e8s l\u2019intuition. Une fois l\u2019\u00e9blouissement pass\u00e9 on peut tenter de supputer, d\u2019analyser, de d\u00e9cortiquer mais il me semble que c\u2019est vou\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9chec d\u2019avance. Raisonner c\u2019est m\u00eame contre productif dans ce cas l\u00e0 puisqu\u2019on raisonne avec le mental qui est plac\u00e9 loin du c\u0153ur non sans raison, une raison qui nous d\u00e9passe sans aucun doute.<\/p>\n<\/span> 5 heures. Les premiers chants d\u2019oiseaux r\u00e9veillent l\u2019aube. Les m\u00eames chants d\u2019oiseaux que j\u2019entendais il y a 16 ans lorsque je me rendais, vacillant, vers le dojo Zen. J\u2019habitais Lausanne \u00e0 cette \u00e9poque et j\u2019\u00e9tais en plein divorce. Je louais un petit appartement dans un quartier tranquille et je me morfondais terriblement. Comme je m\u2019\u00e9tais int\u00e9ress\u00e9 au bouddhisme de fa\u00e7on livresque durant de nombreuses ann\u00e9es je m\u2019\u00e9tais d\u00e9cid\u00e9 enfin de passer \u00e0 la pratique pour exp\u00e9rimenter physiquement ce que pouvait bien \u00eatre le Zen. C\u2019est dans les naufrages que l\u2019homme cherche une bou\u00e9e. Le dojo ouvrait ses portes vers 6h et la session commen\u00e7ait vers la demie ; \u00e7a sentait la soupe et un peu les pieds. J\u2019avais fait l\u2019acquisition d\u2019un zafu noir, ce coussin un peu dur sur lequel s\u2019asseoir face \u00e0 un mur blanc. J\u2019avais zapp\u00e9 la p\u00e9riode d\u2019apprentissage et j\u2019\u00e9tais directement entr\u00e9 dans le dur. Apparemment ma position ne devait pas \u00eatre trop mauvaise, je n\u2019ai jamais eu de r\u00e9flexion ou de conseil. La m\u00e9ditation commen\u00e7ait dans la douleur. Depuis la cheville gauche je sentais son cheminement vers mon genou, ma cuisse, mon foie, mes reins, mes omoplates pour redescendre de l\u2019autre cot\u00e9 par le m\u00eame chemin. Pour pallier le probl\u00e8me je m\u2019\u00e9tais aper\u00e7u qu\u2019en me concentrant sur ma respiration la douleur devenait plus supportable. En m\u00eame temps je n\u2019arr\u00eatais pas de me ressasser de faire le vide \u2026 j\u2019avais lu \u00e7a : faire le vide \u2026 mais c\u2019\u00e9tait plut\u00f4t du trop plein qui arrivait par vagues. La m\u00e9ditation continuait alors sur la respiration. C\u2019\u00e9tait elle qui permettait de r\u00e9guler la douleur, de l\u2019accepter, de la laisser aller son chemin comme les pens\u00e9es. Tout \u00e9tait sensible d\u2019une fa\u00e7on suraigu\u00eb, le moindre souffle dans la pi\u00e8ce, la cloche de l\u2019\u00e9glise pas loin, un toussotement, le froissement d\u2019une \u00e9toffe\u2026 et surtout bing ! le son du petit maillet sur le bol qui d\u2019un coup me r\u00e9veillait et me faisait chercher \u00e0 nouveau l\u2019appui de ma respiration en m\u00eame temps que la douleur, oubli\u00e9e par la r\u00eaverie revenait \u00e0 la charge. Je suis rest\u00e9 une ann\u00e9e \u00e0 me rendre presque chaque matin \u00e0 ces s\u00e9ances de zazen. Le temps que le divorce soit enfin prononc\u00e9 et que le canton de Vaud me d\u00e9clare ind\u00e9sirable et m\u2019assigne \u00e0 quitter le territoire. De retour sur Lyon, nouvel appartement, nouveau job j\u2019ai continu\u00e9 de pratiquer tout seul. Mais pas tr\u00e8s longtemps. J\u2019ai abandonn\u00e9 le bouddhisme sous toutes ses formes sans doute parce que je l\u2019associais \u00e0 une p\u00e9riode difficile et que les temps devenant meilleurs je n\u2019en avais plus besoin. Dans ma vie bien des fois arriv\u00e9 au trente sixi\u00e8me dessous il y a toujours eut des moments de gr\u00e2ce plus ou moins prolong\u00e9s qui me donnaient la force d\u2019entretenir l\u2019espoir. L\u2019intuition, le g\u00e9nie, le d\u00e9mon dans le sens grec ont toujours \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sents pour m\u2019aider \u00e0 trouver des points d\u2019appui. Dans les m\u00e9tiers ingrats que je visitais je formais des projets de voyages extraordinaires, que parfois m\u00eame j\u2019ai accomplis. Dans des p\u00e9riodes de d\u00e9s\u0153uvrement, \u00e0 Paris, la biblioth\u00e8que du Centre Georges Pompidou m\u2019\u00e9tait un sanctuaire dans lequel des guides invisibles m\u2019entra\u00eenaient vers Le Livre \u00e0 lire ce jour l\u00e0 \u2026parfois un trait\u00e9 de biologie, parfois un pr\u00e9cis de d\u00e9composition, parfois un livre sur l\u2019entomologie, une autre fois je rencontrais soudain Hildegarde de Bingen qui me parlait de la mort humide et de la mort s\u00e8che, un autre jour, c\u2019\u00e9tait Ma\u00eetre Eckhart qui me parlait de la n\u00e9cessit\u00e9 du plus grand d\u00e9nuement de l\u2019esprit afin que l\u2019Esprit puisse enfin y p\u00e9n\u00e9trer ;des trucs de cingl\u00e9s non ?\u2026 d\u2019autre jour Rabelais arrivait avec toute sa clique de mots rigolos, et le s\u00e9rieux Montaigne qui me faisait pleurer de joie et ce coquin d\u2019Henri Miller pour qui j\u2019\u00e9prouvais une sympathie incommensurable avant de ne plus pouvoir le voir en peinture. Et tout un tas d\u2019autres encore dont les noms ne me viennent plus \u00e0 l\u2019esprit.<\/p>\n<\/span>
<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n