{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-aout-2018.html", "title": "30 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T05:09:48Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Il viendrait, je ne me sens pas l\u2019\u00e2me de l\u2019\u00e9picier. Il regarderait mon tableau. Mentalement par rapport \u00e0 l\u2019ensemble des visites que j\u2019aurais calcul\u00e9 il serait \u00e0 moins de 20% en taux de rebond. Je veux dire qu\u2019il resterait l\u00e0 un petit moment seul, absorb\u00e9 par mon travail, et qu\u2019il ne se dirigerait pas comme un somnambule vers la suite, puis vers la sortie. Mon client parfait pourrait \u00eatre aussi une cliente, le sexe ne joue pas une importance particuli\u00e8re dans mon fantasme cette fois ci. Il ou elle serait jeune ce serait inesp\u00e9r\u00e9. Cependant que si c\u2019est un vieux monsieur ou une vieille dame qui prennent le temps de regarder je me dirais tu vois comme tu es bourr\u00e9 de pr\u00e9jug\u00e9s. Ils peuvent prendre le temps .. encore. Ma, mon client parfait seraient l\u00e0 devant mon tableau et alors, apr\u00e8s leur avoir laiss\u00e9 un peu de temps je m\u2019approcherais. En silence pour ne pas les d\u00e9ranger. Et au moment ou je sentirais le moindre tressaillement sur leur visage, dans leur corps m\u2019indiquant qu\u2019il sont au bord, pr\u00eat \u00e0 sortir du tableau : je serai l\u00e0 pour les accueillir. qu\u2019est ce que je dirais alors \u2026 ? Bonjour, c\u2019est moi le peintre ? Bonjour vous appr\u00e9ciez mon tableau ? Bonjour\u2026 Quelle difficult\u00e9 de s\u2019adresser pour la premi\u00e8re fois \u00e0 elle, \u00e0 lui \u2026 Comment ne pas le, la heurter dans son atterrissage. Lui offrir une jolie piste bien balis\u00e9e et sans risque \u2026 Alors elle ou il se tournerait vers moi, comprendrait bien sur que je suis l\u2019auteur de cette \u0153uvre qui vient de les subjuguer. Ils me diraient : Nous aimons beaucoup ! ( silence) Comme tout le monde mais le silence qui suit l\u2019obligerait \u00e0 chercher d\u2019autres mots. Il ou elle me parlerait de lui ou d\u2019elle. De ce qu\u2019il ou elle viennent de traverser. Non pas de l\u2019\u00e9motion, ce n\u2019est pas facile, mais plut\u00f4t d\u2019un d\u00e9tail \u00e9ventuel qui aurait accroch\u00e9 son regard et qui aurait capt\u00e9 son attention pour l\u2019immobiliser. Des mots simples, pas de grands discours. Juste ce qu\u2019il faut de complicit\u00e9 pour imaginer une possible amiti\u00e9. Voil\u00e0 ma ou mon client parfait j\u2019aimerais que ce soient des amis possibles. Des gens qui me diraient, ton tableau nous parle de nous. Tu as fait ce que nous n\u2019avions pas le temps de faire car nous sommes pris dans notre vie de tous les jours et nous ne savons pas. Alors je serais un peintre heureux de donner un prix \u00e0 ce qui n\u2019a pas de prix. Et ce faisant l\u2019argent nous lib\u00e9rerait de cette intimit\u00e9 naissante peut-\u00eatre embarrassante pour chacun, chacune.<\/p>", "content_text": "Il viendrait, je ne me sens pas l\u2019\u00e2me de l\u2019\u00e9picier. Il regarderait mon tableau. 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Et au moment ou je sentirais le moindre tressaillement sur leur visage, dans leur corps m\u2019indiquant qu\u2019il sont au bord, pr\u00eat \u00e0 sortir du tableau : je serai l\u00e0 pour les accueillir. qu\u2019est ce que je dirais alors \u2026? Bonjour, c\u2019est moi le peintre ? Bonjour vous appr\u00e9ciez mon tableau ? Bonjour\u2026 Quelle difficult\u00e9 de s\u2019adresser pour la premi\u00e8re fois \u00e0 elle, \u00e0 lui \u2026 Comment ne pas le, la heurter dans son atterrissage. Lui offrir une jolie piste bien balis\u00e9e et sans risque \u2026 Alors elle ou il se tournerait vers moi, comprendrait bien sur que je suis l\u2019auteur de cette \u0153uvre qui vient de les subjuguer. Ils me diraient: Nous aimons beaucoup ! ( silence) Comme tout le monde mais le silence qui suit l\u2019obligerait \u00e0 chercher d\u2019autres mots. Il ou elle me parlerait de lui ou d\u2019elle. De ce qu\u2019il ou elle viennent de traverser. Non pas de l\u2019\u00e9motion, ce n\u2019est pas facile, mais plut\u00f4t d\u2019un d\u00e9tail \u00e9ventuel qui aurait accroch\u00e9 son regard et qui aurait capt\u00e9 son attention pour l\u2019immobiliser. Des mots simples, pas de grands discours. Juste ce qu\u2019il faut de complicit\u00e9 pour imaginer une possible amiti\u00e9. Voil\u00e0 ma ou mon client parfait j\u2019aimerais que ce soient des amis possibles. Des gens qui me diraient, ton tableau nous parle de nous. Tu as fait ce que nous n\u2019avions pas le temps de faire car nous sommes pris dans notre vie de tous les jours et nous ne savons pas. Alors je serais un peintre heureux de donner un prix \u00e0 ce qui n\u2019a pas de prix. Et ce faisant l\u2019argent nous lib\u00e9rerait de cette intimit\u00e9 naissante peut-\u00eatre embarrassante pour chacun, chacune. 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Tu as tenu 4 rounds et tu t\u2019en es pris un bon paquet dans le buffet. La petite cloche vient de sonner et tu retournes dans ton coin la bave au coin des l\u00e8vres, pas beaucoup de temps pour reprendre des forces et te reforger une strat\u00e9gie. L\u2019autre en face te parait moins amoch\u00e9 que toi, c\u2019est pas toi qui a l\u2019avantage sur ce coup l\u00e0 \u2026 Qu\u2019est ce qui se passe dans ta t\u00eate maintenant ? ? c\u2019est l\u00e0 que tout se joue ne l\u2019oublie pas ! 42 toiles en 3 mois , 6 expos en parall\u00e8le, tu as de la peinture plein.. les doigts. Assis-toi et r\u00e9fl\u00e9chis. A quel round t\u2019en es ? combien tu peux encore tenir ? et en face il n\u2019y a pas d\u2019adversaire ce coup l\u00e0 , juste l\u2019adversit\u00e9. Septembre arrive avec sa cohorte de cr\u00e9ances \u00e0 payer. La reprise des cours, les kilom\u00e8tres \u00e0 avaler, le contr\u00f4le technique \u00e0 faire, serrer les dents, les fesses, les poings pour que tout passe. Faudra que tu regardes la d\u00e9finition de subir et de supporter dans le dico. Mais \u00e0 quel round t\u2019es es ? Pour tenir tu as utilis\u00e9 l\u2019espoir, le r\u00eave ,la rage, le d\u00e9sir, et bon sang m\u00eame l\u2019amour y est pass\u00e9. Tu ne te prends pas pour un champion pourtant, tu voudrais juste boxer ou peindre dans la bonne cat\u00e9gorie. Ton moteur c\u2019est quoi , pourquoi tu ne laisses pas tomber finalement ? Tu as vendu 10 tableaux et tu n\u2019es pas content qu\u2019est ce qu\u2019il te faut encore ? Devenir impr\u00e9visible surprendre l\u2019adversaire. Etre comme \u2018oc\u00e9an, ciel et vent\u2026 Tais toi ! tu es bien plus grand que tes pens\u00e9es et tes mots. Boxe, peins, mais “tais toi je t\u2019en prie” comme dirait Raymond Carver<\/p>", "content_text": "Tu as tenu 4 rounds et tu t\u2019en es pris un bon paquet dans le buffet. La petite cloche vient de sonner et tu retournes dans ton coin la bave au coin des l\u00e8vres, pas beaucoup de temps pour reprendre des forces et te reforger une strat\u00e9gie. L\u2019autre en face te parait moins amoch\u00e9 que toi, c\u2019est pas toi qui a l\u2019avantage sur ce coup l\u00e0 \u2026 Qu\u2019est ce qui se passe dans ta t\u00eate maintenant ? ? c\u2019est l\u00e0 que tout se joue ne l\u2019oublie pas ! 42 toiles en 3 mois , 6 expos en parall\u00e8le, tu as de la peinture plein.. les doigts. Assis-toi et r\u00e9fl\u00e9chis. A quel round t\u2019en es ? combien tu peux encore tenir ? et en face il n\u2019y a pas d\u2019adversaire ce coup l\u00e0 , juste l\u2019adversit\u00e9. Septembre arrive avec sa cohorte de cr\u00e9ances \u00e0 payer. La reprise des cours, les kilom\u00e8tres \u00e0 avaler, le contr\u00f4le technique \u00e0 faire, serrer les dents, les fesses, les poings pour que tout passe. Faudra que tu regardes la d\u00e9finition de subir et de supporter dans le dico. Mais \u00e0 quel round t\u2019es es ? Pour tenir tu as utilis\u00e9 l\u2019espoir, le r\u00eave ,la rage, le d\u00e9sir, et bon sang m\u00eame l\u2019amour y est pass\u00e9. Tu ne te prends pas pour un champion pourtant, tu voudrais juste boxer ou peindre dans la bonne cat\u00e9gorie. Ton moteur c\u2019est quoi , pourquoi tu ne laisses pas tomber finalement? Tu as vendu 10 tableaux et tu n\u2019es pas content qu\u2019est ce qu\u2019il te faut encore ? Devenir impr\u00e9visible surprendre l\u2019adversaire. Etre comme \u2018oc\u00e9an, ciel et vent\u2026 Tais toi ! tu es bien plus grand que tes pens\u00e9es et tes mots. Boxe, peins, mais \u201ctais toi je t\u2019en prie\u201d comme dirait Raymond Carver ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img023-2.jpg?1748065124", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-aout-2018.html", "title": "29 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T04:20:48Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

A premi\u00e8re vue, c\u2019est cela l\u2019intuition et ce n\u2019est pas pour rien que l\u2019on parle de vue, de regard car l\u2019intuition n\u2019a rien \u00e0 voir avec l\u2019intellect, le raisonnement, l\u2019exp\u00e9rience. L\u2019intuition est sensible et non mentale. Pour les peintres l\u2019intuition peut se r\u00e9v\u00e9ler soudaine comme une lecture imm\u00e9diate, fulgurante de l\u2019ensemble des d\u00e9s\u00e9quilibres et \u00e9quilibres de couleurs qui se cherchent sur et dans une surface : la toile. Soudaine l\u2019intuition autant que v\u00e9rit\u00e9 temporaire, \u00e9blouissement devenant vision ou son contraire. On ne peut chercher la gr\u00e2ce en peinture comme au Carmel. Il faut une relation fig\u00e9e avec son tableau qui dure un certain temps , parfois m\u00eame longtemps pour qu\u2019enfin il d\u00e9livre son secret et que la gr\u00e2ce nous tombe dessus. Au Carmel on appelle cela l\u2019ennui, en peinture on appelle \u00e7a la gestation les deux sont n\u00e9cessaires sans \u00eatre pour autant li\u00e9s. Eug\u00e8ne Boudin est un peintre qui a eut de l\u2019intuition j\u2019en reste persuad\u00e9. Arriver \u00e0 nous faire voir de loin des choses qui de pr\u00e8s ressemblent \u00e0 des p\u00e2t\u00e9s, il a su conjuguer intuition et impression et entra\u00eener dans son sillage tous les impressionnistes bien plus connus du grand public. C\u2019est presque sur son lit de mort que Manet avouera sa filiation avec Boudin. Pollock aussi est un peintre de l\u2019intuition. Le sensible contrairement aux peintres de chevalet envahit le corps tout entier et c\u2019est la danse des t\u00e2ches, des coulures, comme la sueur, le sang les humeurs du peintre qui figent sur ses tableaux l\u2019intuition d\u2019un univers en mouvement perp\u00e9tuel proche de celui des scientifiques qui d\u00e9couvrent la physique quantique. Raisonner on peut le faire apr\u00e8s l\u2019intuition. Une fois l\u2019\u00e9blouissement pass\u00e9 on peut tenter de supputer, d\u2019analyser, de d\u00e9cortiquer mais il me semble que c\u2019est vou\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9chec d\u2019avance. Raisonner c\u2019est m\u00eame contre productif dans ce cas l\u00e0 puisqu\u2019on raisonne avec le mental qui est plac\u00e9 loin du c\u0153ur non sans raison, une raison qui nous d\u00e9passe sans aucun doute.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

5 heures. Les premiers chants d\u2019oiseaux r\u00e9veillent l\u2019aube. Les m\u00eames chants d\u2019oiseaux que j\u2019entendais il y a 16 ans lorsque je me rendais, vacillant, vers le dojo Zen. J\u2019habitais Lausanne \u00e0 cette \u00e9poque et j\u2019\u00e9tais en plein divorce. Je louais un petit appartement dans un quartier tranquille et je me morfondais terriblement. Comme je m\u2019\u00e9tais int\u00e9ress\u00e9 au bouddhisme de fa\u00e7on livresque durant de nombreuses ann\u00e9es je m\u2019\u00e9tais d\u00e9cid\u00e9 enfin de passer \u00e0 la pratique pour exp\u00e9rimenter physiquement ce que pouvait bien \u00eatre le Zen. C\u2019est dans les naufrages que l\u2019homme cherche une bou\u00e9e. Le dojo ouvrait ses portes vers 6h et la session commen\u00e7ait vers la demie ; \u00e7a sentait la soupe et un peu les pieds. J\u2019avais fait l\u2019acquisition d\u2019un zafu noir, ce coussin un peu dur sur lequel s\u2019asseoir face \u00e0 un mur blanc. J\u2019avais zapp\u00e9 la p\u00e9riode d\u2019apprentissage et j\u2019\u00e9tais directement entr\u00e9 dans le dur. Apparemment ma position ne devait pas \u00eatre trop mauvaise, je n\u2019ai jamais eu de r\u00e9flexion ou de conseil. La m\u00e9ditation commen\u00e7ait dans la douleur. Depuis la cheville gauche je sentais son cheminement vers mon genou, ma cuisse, mon foie, mes reins, mes omoplates pour redescendre de l\u2019autre cot\u00e9 par le m\u00eame chemin. Pour pallier le probl\u00e8me je m\u2019\u00e9tais aper\u00e7u qu\u2019en me concentrant sur ma respiration la douleur devenait plus supportable. En m\u00eame temps je n\u2019arr\u00eatais pas de me ressasser de faire le vide \u2026 j\u2019avais lu \u00e7a : faire le vide \u2026 mais c\u2019\u00e9tait plut\u00f4t du trop plein qui arrivait par vagues. La m\u00e9ditation continuait alors sur la respiration. C\u2019\u00e9tait elle qui permettait de r\u00e9guler la douleur, de l\u2019accepter, de la laisser aller son chemin comme les pens\u00e9es. Tout \u00e9tait sensible d\u2019une fa\u00e7on suraigu\u00eb, le moindre souffle dans la pi\u00e8ce, la cloche de l\u2019\u00e9glise pas loin, un toussotement, le froissement d\u2019une \u00e9toffe\u2026 et surtout bing ! le son du petit maillet sur le bol qui d\u2019un coup me r\u00e9veillait et me faisait chercher \u00e0 nouveau l\u2019appui de ma respiration en m\u00eame temps que la douleur, oubli\u00e9e par la r\u00eaverie revenait \u00e0 la charge. Je suis rest\u00e9 une ann\u00e9e \u00e0 me rendre presque chaque matin \u00e0 ces s\u00e9ances de zazen. Le temps que le divorce soit enfin prononc\u00e9 et que le canton de Vaud me d\u00e9clare ind\u00e9sirable et m\u2019assigne \u00e0 quitter le territoire. De retour sur Lyon, nouvel appartement, nouveau job j\u2019ai continu\u00e9 de pratiquer tout seul. Mais pas tr\u00e8s longtemps. J\u2019ai abandonn\u00e9 le bouddhisme sous toutes ses formes sans doute parce que je l\u2019associais \u00e0 une p\u00e9riode difficile et que les temps devenant meilleurs je n\u2019en avais plus besoin. Dans ma vie bien des fois arriv\u00e9 au trente sixi\u00e8me dessous il y a toujours eut des moments de gr\u00e2ce plus ou moins prolong\u00e9s qui me donnaient la force d\u2019entretenir l\u2019espoir. L\u2019intuition, le g\u00e9nie, le d\u00e9mon dans le sens grec ont toujours \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sents pour m\u2019aider \u00e0 trouver des points d\u2019appui. Dans les m\u00e9tiers ingrats que je visitais je formais des projets de voyages extraordinaires, que parfois m\u00eame j\u2019ai accomplis. Dans des p\u00e9riodes de d\u00e9s\u0153uvrement, \u00e0 Paris, la biblioth\u00e8que du Centre Georges Pompidou m\u2019\u00e9tait un sanctuaire dans lequel des guides invisibles m\u2019entra\u00eenaient vers Le Livre \u00e0 lire ce jour l\u00e0 \u2026parfois un trait\u00e9 de biologie, parfois un pr\u00e9cis de d\u00e9composition, parfois un livre sur l\u2019entomologie, une autre fois je rencontrais soudain Hildegarde de Bingen qui me parlait de la mort humide et de la mort s\u00e8che, un autre jour, c\u2019\u00e9tait Ma\u00eetre Eckhart qui me parlait de la n\u00e9cessit\u00e9 du plus grand d\u00e9nuement de l\u2019esprit afin que l\u2019Esprit puisse enfin y p\u00e9n\u00e9trer ;des trucs de cingl\u00e9s non ?\u2026 d\u2019autre jour Rabelais arrivait avec toute sa clique de mots rigolos, et le s\u00e9rieux Montaigne qui me faisait pleurer de joie et ce coquin d\u2019Henri Miller pour qui j\u2019\u00e9prouvais une sympathie incommensurable avant de ne plus pouvoir le voir en peinture. Et tout un tas d\u2019autres encore dont les noms ne me viennent plus \u00e0 l\u2019esprit.<\/p>\n<\/span>

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D\u00e9lire sur Lao Tseu :
\ne garde fronti\u00e8re le vit arriver tranquillement. \u00c0 califourchon sur son buffle, comme il se doit, Lao Tseu \u00e9tait un vieil homme d\u00e9sormais. Le garde porta une attention particuli\u00e8re aux oreilles du vieux, et c\u2019est ainsi qu\u2019il le reconnut : \u00e0 cause des lobes cons\u00e9quents, caract\u00e9ristique des garnements ou des sages.<\/p>\n

Ma\u00eetre Lao s\u2019en venait du pays de Chu fatigu\u00e9 du bruit du monde et s\u2019appr\u00eatait \u00e0 s\u2019en aller vers l\u2019ouest , se retirant de l\u2019histoire, de la politique et du pouvoir qu\u2019il n\u2019appr\u00e9cia jamais de fr\u00e9quenter \u00e0 contrario de son jeune \u00e9l\u00e8ve Confucius.<\/p>\n

Le garde \u00e9tait un homme intelligent.<\/p>\n

Tu t\u2019en vas sans rien nous laisser Vieux Ma\u00eetre ? lui demanda-t-il<\/p>\n

Lao Tseu le consid\u00e9ra un instant en se tripotant la barbe, qu\u2019il avait fort longue d\u00e9j\u00e0 \u00e0 sa naissance.<\/p>\n

Soit : dit il et , en tant que sp\u00e9cialiste des rites de deuils il consid\u00e9ra que l\u2019id\u00e9e de marquer le coup de son d\u00e9part \u00e9tait opportune.<\/p>\n

Et il s\u2019assit \u00e0 l\u2019ombre d\u2019un arbre pour \u00e9crire « le livre de la voie et de la vertu ». Dao de king ou Tao te king<\/p>\n

Puis une fois l\u2019ouvrage termin\u00e9 il passa la fronti\u00e8re et on ne le revit jamais .<\/p>\n

On peut trouver le livre facilement dans toute bonne librairie, les mots dans la traduction fran\u00e7aise sont simples. Cependant que la compr\u00e9hension de ceux ci demande toute une vie.<\/p>\n

Ainsi arriver \u00e0 une telle \u00e9conomie de moyens pour exprimer quelque chose est le r\u00e9sultat de bien des cheminements parfois complexes.<\/p>\n

Juste un exemple :<\/p>\n

« Dans le monde chacun d\u00e9cide du beau
\nEt cela devient le laid.<\/p>\n

Par le monde chacun d\u00e9cide du bien
\nEt cela devient le mal.<\/p>\n

L\u2019\u00eatre et le vide \u2018s\u2019engendrent
\nL\u2019un l\u2019autre.
\nFacile et difficile se compl\u00e8tent
\nLong et court se d\u00e9finissent
\nHaut et bas se rencontrent.<\/p>\n

L\u2019un l\u2019autre.
\nVoix et sons s\u2019accordent
\nAvant et apr\u00e8s se m\u00ealent.<\/p>\n

Ainsi le sage, du non-agir.
\nPratique l\u2019oeuvre
\nEt enseigne sans paroles.<\/p>\n

Multitudes d\u2019\u00eatres apparaissent
\nQu\u2019il ne rejette pas.
\nIl cr\u00e9e sans poss\u00e9der<\/p>\n

Agit sans rien attendre
\nNe s\u2019attache pas \u00e0 ses \u0153uvres<\/p>\n

Et dans cet abandon
\nNe demeure pas abandonn\u00e9. »<\/p>\n

Un peu plus tard en d\u00e9couvrant Cioran je m\u2019\u00e9tais dit que c\u2019\u00e9tait peut \u00eatre une r\u00e9incarnation de Lao Tseu. Notamment en lisant » l\u2019\u00e9lan vers le pire « <\/p>\n

« Chacun est pris \u00e0 son propre jeu, comme s\u2019il savait son destin par c\u0153ur. »<\/p>\n

Un peu plus tard le matin :
\nCe matin j\u2019\u00e9coute un Patrick Burensteinas qui raconte ce qu\u2019est pour lui l\u2019alchimie .. et \u00e0 un moment il dit : « quand il trouve de l\u2019or l\u2019alchimiste n\u2019en a plus besoin »
\nJe me demande ce que pourrait donner cette tournure d\u2019esprit en peinture \u00e7a pourrait \u00eatre :
\nquand je saurai peindre je n\u2019aurai plus besoin de toile ni de couleur ni de pinceaux<\/p>\n

Sur la notion de vide et de plein :
\nAutrefois lorsque mes yeux \u00e9taient encore jeunes j\u2019aimais lire et relire des textes \u00e0 la recherche d\u2019un sens de l\u2019existence \u2026 je vous rassure , loin de moi de vous en dresser la liste compl\u00e8te et puis chacun fera ses exp\u00e9riences Cependant j\u2019en retiendrais peut \u00eatre deux : Maitre Ekhart et Tchouang Tseu .Ma\u00eetre Eckhart applique un principe fr\u00e9quent au Moyen \u00c2ge : la discretio \u2013 il ne dit rien \u00e0 son propre sujet. Une digression dans le commentaire de la Gen\u00e8se, au sujet d\u2019une plante utilis\u00e9e en ophtalmologie, nous apprend un rare d\u00e9tail \u00e0 son sujet : il avait des probl\u00e8mes de vue, sans doute partiellement gu\u00e9ris.
\nTchouang Tseu quant \u00e0 lui disait que le monde « n\u2019a pas besoin d\u2019\u00eatre gouvern\u00e9 ; en fait, il ne devrait pas \u00eatre gouvern\u00e9 », et que
\n« le bon ordre r\u00e9sulte spontan\u00e9ment quand les choses sont laiss\u00e9es \u00e0 leur cours ».
\nLes deux parlent de d\u00e9tachement , de vide et de plein : propos qu\u2019un peintre peut adapter \u00e0 sa d\u00e9marche .<\/p>\n

Le but que l\u2019on se fixe dans la r\u00e9alisation d\u2019une toile devrait laisser la plus grande place dans un premier temps au d\u00e9sordre, \u00e0 l\u2019informe , au » hasard » m\u00eame pour un sujet » figuratif » . Ne pas avoir peur du vide de la toile est un acte de renoncement qui demande un certain courage . L\u2019acharnement \u00e0 remplir serait alors un moyen de parvenir au vide par l\u2019\u00e9puisement.
\nensuite il ne reste plus qu\u2019\u00e0 recouvrir de blanc et laisser \u00e7a et l\u00e0 percer quelques pans du myst\u00e8re.<\/p>\n

Et si au bout de cet \u00e9puisement, la gr\u00e2ce nous » tombait dessus » elle serait la bienvenue. Mais restons modeste le tableau se termine comme un voyage, une exp\u00e9rience, et l\u2019essentiel demeure dans l\u2019indicible.<\/p>\n<\/span>

\n
\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Reprise le 2\/03\/2024
\nQui parle ? parle t’il avec sa vraie langue ses mots ? Quelle part de mensonges encore \u00e0 l’\u00e9poque. Et toi quelle tol\u00e9rance conserveras-tu, tu la conserves ou tu l’effaces avec la touche suppr ?<\/p>\n<\/style>", "content_text": " A premi\u00e8re vue, c\u2019est cela l\u2019intuition et ce n\u2019est pas pour rien que l\u2019on parle de vue, de regard car l\u2019intuition n\u2019a rien \u00e0 voir avec l\u2019intellect, le raisonnement, l\u2019exp\u00e9rience. L\u2019intuition est sensible et non mentale. Pour les peintres l\u2019intuition peut se r\u00e9v\u00e9ler soudaine comme une lecture imm\u00e9diate, fulgurante de l\u2019ensemble des d\u00e9s\u00e9quilibres et \u00e9quilibres de couleurs qui se cherchent sur et dans une surface: la toile. Soudaine l\u2019intuition autant que v\u00e9rit\u00e9 temporaire, \u00e9blouissement devenant vision ou son contraire. On ne peut chercher la gr\u00e2ce en peinture comme au Carmel. Il faut une relation fig\u00e9e avec son tableau qui dure un certain temps , parfois m\u00eame longtemps pour qu\u2019enfin il d\u00e9livre son secret et que la gr\u00e2ce nous tombe dessus. Au Carmel on appelle cela l\u2019ennui, en peinture on appelle \u00e7a la gestation les deux sont n\u00e9cessaires sans \u00eatre pour autant li\u00e9s. Eug\u00e8ne Boudin est un peintre qui a eut de l\u2019intuition j\u2019en reste persuad\u00e9. Arriver \u00e0 nous faire voir de loin des choses qui de pr\u00e8s ressemblent \u00e0 des p\u00e2t\u00e9s, il a su conjuguer intuition et impression et entra\u00eener dans son sillage tous les impressionnistes bien plus connus du grand public. C\u2019est presque sur son lit de mort que Manet avouera sa filiation avec Boudin. Pollock aussi est un peintre de l\u2019intuition. Le sensible contrairement aux peintres de chevalet envahit le corps tout entier et c\u2019est la danse des t\u00e2ches, des coulures, comme la sueur, le sang les humeurs du peintre qui figent sur ses tableaux l\u2019intuition d\u2019un univers en mouvement perp\u00e9tuel proche de celui des scientifiques qui d\u00e9couvrent la physique quantique. Raisonner on peut le faire apr\u00e8s l\u2019intuition. Une fois l\u2019\u00e9blouissement pass\u00e9 on peut tenter de supputer, d\u2019analyser, de d\u00e9cortiquer mais il me semble que c\u2019est vou\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9chec d\u2019avance. Raisonner c\u2019est m\u00eame contre productif dans ce cas l\u00e0 puisqu\u2019on raisonne avec le mental qui est plac\u00e9 loin du c\u0153ur non sans raison, une raison qui nous d\u00e9passe sans aucun doute. 5 heures. Les premiers chants d\u2019oiseaux r\u00e9veillent l\u2019aube. Les m\u00eames chants d\u2019oiseaux que j\u2019entendais il y a 16 ans lorsque je me rendais, vacillant, vers le dojo Zen. J\u2019habitais Lausanne \u00e0 cette \u00e9poque et j\u2019\u00e9tais en plein divorce. Je louais un petit appartement dans un quartier tranquille et je me morfondais terriblement. Comme je m\u2019\u00e9tais int\u00e9ress\u00e9 au bouddhisme de fa\u00e7on livresque durant de nombreuses ann\u00e9es je m\u2019\u00e9tais d\u00e9cid\u00e9 enfin de passer \u00e0 la pratique pour exp\u00e9rimenter physiquement ce que pouvait bien \u00eatre le Zen. C\u2019est dans les naufrages que l\u2019homme cherche une bou\u00e9e. Le dojo ouvrait ses portes vers 6h et la session commen\u00e7ait vers la demie; \u00e7a sentait la soupe et un peu les pieds. J\u2019avais fait l\u2019acquisition d\u2019un zafu noir, ce coussin un peu dur sur lequel s\u2019asseoir face \u00e0 un mur blanc. J\u2019avais zapp\u00e9 la p\u00e9riode d\u2019apprentissage et j\u2019\u00e9tais directement entr\u00e9 dans le dur. Apparemment ma position ne devait pas \u00eatre trop mauvaise, je n\u2019ai jamais eu de r\u00e9flexion ou de conseil. La m\u00e9ditation commen\u00e7ait dans la douleur. Depuis la cheville gauche je sentais son cheminement vers mon genou, ma cuisse, mon foie, mes reins, mes omoplates pour redescendre de l\u2019autre cot\u00e9 par le m\u00eame chemin. Pour pallier le probl\u00e8me je m\u2019\u00e9tais aper\u00e7u qu\u2019en me concentrant sur ma respiration la douleur devenait plus supportable. En m\u00eame temps je n\u2019arr\u00eatais pas de me ressasser de faire le vide \u2026 j\u2019avais lu \u00e7a: faire le vide \u2026 mais c\u2019\u00e9tait plut\u00f4t du trop plein qui arrivait par vagues. La m\u00e9ditation continuait alors sur la respiration. C\u2019\u00e9tait elle qui permettait de r\u00e9guler la douleur, de l\u2019accepter, de la laisser aller son chemin comme les pens\u00e9es. Tout \u00e9tait sensible d\u2019une fa\u00e7on suraigu\u00eb, le moindre souffle dans la pi\u00e8ce, la cloche de l\u2019\u00e9glise pas loin, un toussotement, le froissement d\u2019une \u00e9toffe\u2026 et surtout bing ! le son du petit maillet sur le bol qui d\u2019un coup me r\u00e9veillait et me faisait chercher \u00e0 nouveau l\u2019appui de ma respiration en m\u00eame temps que la douleur, oubli\u00e9e par la r\u00eaverie revenait \u00e0 la charge. Je suis rest\u00e9 une ann\u00e9e \u00e0 me rendre presque chaque matin \u00e0 ces s\u00e9ances de zazen. Le temps que le divorce soit enfin prononc\u00e9 et que le canton de Vaud me d\u00e9clare ind\u00e9sirable et m\u2019assigne \u00e0 quitter le territoire. De retour sur Lyon, nouvel appartement, nouveau job j\u2019ai continu\u00e9 de pratiquer tout seul. Mais pas tr\u00e8s longtemps. J\u2019ai abandonn\u00e9 le bouddhisme sous toutes ses formes sans doute parce que je l\u2019associais \u00e0 une p\u00e9riode difficile et que les temps devenant meilleurs je n\u2019en avais plus besoin. Dans ma vie bien des fois arriv\u00e9 au trente sixi\u00e8me dessous il y a toujours eut des moments de gr\u00e2ce plus ou moins prolong\u00e9s qui me donnaient la force d\u2019entretenir l\u2019espoir. L\u2019intuition, le g\u00e9nie, le d\u00e9mon dans le sens grec ont toujours \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sents pour m\u2019aider \u00e0 trouver des points d\u2019appui. Dans les m\u00e9tiers ingrats que je visitais je formais des projets de voyages extraordinaires, que parfois m\u00eame j\u2019ai accomplis. Dans des p\u00e9riodes de d\u00e9s\u0153uvrement, \u00e0 Paris, la biblioth\u00e8que du Centre Georges Pompidou m\u2019\u00e9tait un sanctuaire dans lequel des guides invisibles m\u2019entra\u00eenaient vers Le Livre \u00e0 lire ce jour l\u00e0 \u2026parfois un trait\u00e9 de biologie, parfois un pr\u00e9cis de d\u00e9composition, parfois un livre sur l\u2019entomologie, une autre fois je rencontrais soudain Hildegarde de Bingen qui me parlait de la mort humide et de la mort s\u00e8che, un autre jour, c\u2019\u00e9tait Ma\u00eetre Eckhart qui me parlait de la n\u00e9cessit\u00e9 du plus grand d\u00e9nuement de l\u2019esprit afin que l\u2019Esprit puisse enfin y p\u00e9n\u00e9trer ;des trucs de cingl\u00e9s non ?\u2026 d\u2019autre jour Rabelais arrivait avec toute sa clique de mots rigolos, et le s\u00e9rieux Montaigne qui me faisait pleurer de joie et ce coquin d\u2019Henri Miller pour qui j\u2019\u00e9prouvais une sympathie incommensurable avant de ne plus pouvoir le voir en peinture. Et tout un tas d\u2019autres encore dont les noms ne me viennent plus \u00e0 l\u2019esprit. D\u00e9lire sur Lao Tseu: e garde fronti\u00e8re le vit arriver tranquillement. \u00c0 califourchon sur son buffle, comme il se doit, Lao Tseu \u00e9tait un vieil homme d\u00e9sormais. Le garde porta une attention particuli\u00e8re aux oreilles du vieux, et c\u2019est ainsi qu\u2019il le reconnut : \u00e0 cause des lobes cons\u00e9quents, caract\u00e9ristique des garnements ou des sages. Ma\u00eetre Lao s\u2019en venait du pays de Chu fatigu\u00e9 du bruit du monde et s\u2019appr\u00eatait \u00e0 s\u2019en aller vers l\u2019ouest , se retirant de l\u2019histoire, de la politique et du pouvoir qu\u2019il n\u2019appr\u00e9cia jamais de fr\u00e9quenter \u00e0 contrario de son jeune \u00e9l\u00e8ve Confucius. Le garde \u00e9tait un homme intelligent. Tu t\u2019en vas sans rien nous laisser Vieux Ma\u00eetre ? lui demanda-t-il Lao Tseu le consid\u00e9ra un instant en se tripotant la barbe, qu\u2019il avait fort longue d\u00e9j\u00e0 \u00e0 sa naissance. Soit: dit il et , en tant que sp\u00e9cialiste des rites de deuils il consid\u00e9ra que l\u2019id\u00e9e de marquer le coup de son d\u00e9part \u00e9tait opportune. Et il s\u2019assit \u00e0 l\u2019ombre d\u2019un arbre pour \u00e9crire \u00ab le livre de la voie et de la vertu \u00bb. Dao de king ou Tao te king Puis une fois l\u2019ouvrage termin\u00e9 il passa la fronti\u00e8re et on ne le revit jamais . On peut trouver le livre facilement dans toute bonne librairie, les mots dans la traduction fran\u00e7aise sont simples. Cependant que la compr\u00e9hension de ceux ci demande toute une vie. Ainsi arriver \u00e0 une telle \u00e9conomie de moyens pour exprimer quelque chose est le r\u00e9sultat de bien des cheminements parfois complexes. Juste un exemple : \u00ab Dans le monde chacun d\u00e9cide du beau Et cela devient le laid. Par le monde chacun d\u00e9cide du bien Et cela devient le mal. L\u2019\u00eatre et le vide \u2018s\u2019engendrent L\u2019un l\u2019autre. Facile et difficile se compl\u00e8tent Long et court se d\u00e9finissent Haut et bas se rencontrent. L\u2019un l\u2019autre. Voix et sons s\u2019accordent Avant et apr\u00e8s se m\u00ealent. Ainsi le sage, du non-agir. Pratique l\u2019oeuvre Et enseigne sans paroles. Multitudes d\u2019\u00eatres apparaissent Qu\u2019il ne rejette pas. Il cr\u00e9e sans poss\u00e9der Agit sans rien attendre Ne s\u2019attache pas \u00e0 ses \u0153uvres Et dans cet abandon Ne demeure pas abandonn\u00e9. \u00bb Un peu plus tard en d\u00e9couvrant Cioran je m\u2019\u00e9tais dit que c\u2019\u00e9tait peut \u00eatre une r\u00e9incarnation de Lao Tseu. Notamment en lisant \u00bb l\u2019\u00e9lan vers le pire \u00ab \u00ab Chacun est pris \u00e0 son propre jeu, comme s\u2019il savait son destin par c\u0153ur. \u00bb Un peu plus tard le matin : Ce matin j\u2019\u00e9coute un Patrick Burensteinas qui raconte ce qu\u2019est pour lui l\u2019alchimie .. et \u00e0 un moment il dit : \u00ab quand il trouve de l\u2019or l\u2019alchimiste n\u2019en a plus besoin \u00bb Je me demande ce que pourrait donner cette tournure d\u2019esprit en peinture \u00e7a pourrait \u00eatre : quand je saurai peindre je n\u2019aurai plus besoin de toile ni de couleur ni de pinceaux Sur la notion de vide et de plein: Autrefois lorsque mes yeux \u00e9taient encore jeunes j\u2019aimais lire et relire des textes \u00e0 la recherche d\u2019un sens de l\u2019existence \u2026 je vous rassure , loin de moi de vous en dresser la liste compl\u00e8te et puis chacun fera ses exp\u00e9riences Cependant j\u2019en retiendrais peut \u00eatre deux : Maitre Ekhart et Tchouang Tseu .Ma\u00eetre Eckhart applique un principe fr\u00e9quent au Moyen \u00c2ge : la discretio \u2013 il ne dit rien \u00e0 son propre sujet. Une digression dans le commentaire de la Gen\u00e8se, au sujet d\u2019une plante utilis\u00e9e en ophtalmologie, nous apprend un rare d\u00e9tail \u00e0 son sujet : il avait des probl\u00e8mes de vue, sans doute partiellement gu\u00e9ris. Tchouang Tseu quant \u00e0 lui disait que le monde \u00ab n\u2019a pas besoin d\u2019\u00eatre gouvern\u00e9 ; en fait, il ne devrait pas \u00eatre gouvern\u00e9 \u00bb, et que \u00ab le bon ordre r\u00e9sulte spontan\u00e9ment quand les choses sont laiss\u00e9es \u00e0 leur cours \u00bb. Les deux parlent de d\u00e9tachement , de vide et de plein : propos qu\u2019un peintre peut adapter \u00e0 sa d\u00e9marche . Le but que l\u2019on se fixe dans la r\u00e9alisation d\u2019une toile devrait laisser la plus grande place dans un premier temps au d\u00e9sordre, \u00e0 l\u2019informe , au \u00bb hasard \u00bb m\u00eame pour un sujet \u00bb figuratif \u00bb . Ne pas avoir peur du vide de la toile est un acte de renoncement qui demande un certain courage . L\u2019acharnement \u00e0 remplir serait alors un moyen de parvenir au vide par l\u2019\u00e9puisement. ensuite il ne reste plus qu\u2019\u00e0 recouvrir de blanc et laisser \u00e7a et l\u00e0 percer quelques pans du myst\u00e8re. Et si au bout de cet \u00e9puisement, la gr\u00e2ce nous \u00bb tombait dessus \u00bb elle serait la bienvenue. Mais restons modeste le tableau se termine comme un voyage, une exp\u00e9rience, et l\u2019essentiel demeure dans l\u2019indicible. Reprise le 2\/03\/2024 Qui parle ? parle t'il avec sa vraie langue ses mots ? Quelle part de mensonges encore \u00e0 l'\u00e9poque. Et toi quelle tol\u00e9rance conserveras-tu, tu la conserves ou tu l'effaces avec la touche suppr ? 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Nous regardons et ne voyons pas grand chose. Nous pensons et c\u2019est fichu. Nous pensons voir ce qui n\u2019a rien \u00e0 voir.
\nParce que nous sommes envahis par une foule d\u2019images parasites qui s\u2019interposent entre nous et la r\u00e9alit\u00e9.
\nDu coup nous fabriquons une r\u00e9alit\u00e9 commune si je puis dire mais ce n\u2019est pas la notre.
\nLe poids de la peinture au cours des \u00e2ges, toutes ces \u0153uvres formidables que nous conservons au fond de la r\u00e9tine il faudrait les balayer dans l\u2019instant pr\u00e9sent et revenir \u00e0 un \u00e9tat sans langage, sans souvenir, sans futur non plus.
\nJuste \u00eatre l\u00e0 les yeux bien ouverts . S\u2019y fier et domestiquer la main pour qu\u2019elle suive le trac\u00e9.
\nQu\u2019importe la maladresse car ce que l\u2019on recherche avant tout c\u2019est simplement notre adresse v\u00e9ritable qui ne ressemble \u00e0 nulle autre.
\nCombien de fois m\u2019a ton dit : c\u2019est moche \u00e7a va finir \u00e0 la corbeille \u2026\n
\u2013<\/b><\/span> recule toi, ferme les yeux, ouvre les \u00e0 nouveaux, tiens je mets un cadre pour voir \u2026.
\net maintenant ?
\nIl faut des ann\u00e9es de d\u00e9sapprentissage pour apprendre \u00e0 voir et en tant que prof c\u2019est aussi cela mon boulot que de d\u00e9tecter dans le moche le merveilleux qui s\u2019y cache.<\/p>", "content_text": "Nous regardons et ne voyons pas grand chose. Nous pensons et c\u2019est fichu. Nous pensons voir ce qui n\u2019a rien \u00e0 voir. Parce que nous sommes envahis par une foule d\u2019images parasites qui s\u2019interposent entre nous et la r\u00e9alit\u00e9. Du coup nous fabriquons une r\u00e9alit\u00e9 commune si je puis dire mais ce n\u2019est pas la notre. Le poids de la peinture au cours des \u00e2ges, toutes ces \u0153uvres formidables que nous conservons au fond de la r\u00e9tine il faudrait les balayer dans l\u2019instant pr\u00e9sent et revenir \u00e0 un \u00e9tat sans langage, sans souvenir, sans futur non plus. Juste \u00eatre l\u00e0 les yeux bien ouverts . S\u2019y fier et domestiquer la main pour qu\u2019elle suive le trac\u00e9. Qu\u2019importe la maladresse car ce que l\u2019on recherche avant tout c\u2019est simplement notre adresse v\u00e9ritable qui ne ressemble \u00e0 nulle autre. Combien de fois m\u2019a ton dit : c\u2019est moche \u00e7a va finir \u00e0 la corbeille \u2026 -recule toi, ferme les yeux, ouvre les \u00e0 nouveaux, tiens je mets un cadre pour voir \u2026. et maintenant ? Il faut des ann\u00e9es de d\u00e9sapprentissage pour apprendre \u00e0 voir et en tant que prof c\u2019est aussi cela mon boulot que de d\u00e9tecter dans le moche le merveilleux qui s\u2019y cache. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img096-2.jpg?1748065170", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/24-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/24-aout-2018.html", "title": "24 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T04:00:14Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Il peut t\u2019arriver parfois d\u2019\u00eatre d\u00e9courag\u00e9 par le r\u00e9sultat de ton travail. Sache que c\u2019est plut\u00f4t une bonne chose que ce d\u00e9couragement car il te permet de te remettre en question et pour un artiste c\u2019est une sorte de respiration. La certitude est nocive dans le sens ou elle te prive de prendre de nouveaux risques. Le doute est un moteur qui pars\u00e8me ton parcours d\u2019artiste d\u2019obstacles, de soucis, d\u2019\u00e9motions n\u00e9gatives et positives. De la m\u00eame fa\u00e7on qu\u2019une oeuvre se construit. Et en fait l\u2019oeuvre comme la vie ne veulent qu\u2019une seule chose : l\u2019\u00e9quilibre. Le d\u00e9couragement est souvent le pendant d\u2019un exc\u00e8s d\u2019enthousiasme. Du coup on ajuste petit \u00e0 petit l\u2019organisation du tableau , son contraste, sa tonalit\u00e9, le lourd et le l\u00e9ger, le doux et le rugueux. Plus que la beaut\u00e9 ( qu\u2019est ce que la beaut\u00e9 ?) c\u2019est cette impression d\u2019\u00e9quilibre qui r\u00e9conforte, qui d\u00e9clenche l\u2019\u00e9motion chez le spectateur. Et l\u2019\u00e9quilibre cela n\u2019a rien \u00e0 voir avec la sym\u00e9trie. Ce n\u2019est pas autant de lourd que de l\u00e9ger, autant de joies que de peines, autant de jours de vaches maigres que de jours sans soucis financiers. Quand on marche on risque \u00e0 chaque instant de se casser la figure. On finit par l\u2019oublier mais c\u2019est le d\u00e9s\u00e9quilibre qui provoque l\u2019\u00e9quilibre.<\/p>\n

reprise du 20\/11\/2022<\/p>\n

Le d\u00e9couragement comme bonne chose qui te permet de te remettre en question. Tu oublies de dire \u00e0 quel prix ; Et comme parfois tu aimerais avoir cette certitude dont tu passes ton temps \u00e0 te m\u00e9fier. C\u2019est plus une sorte d\u2019impr\u00e9cation comme si tu d\u00e9sirais te convaincre que tu as fait de bons choix. Mais quand tu regardes vraiment la teneur de ces choix elle est insaisissable. Elle n\u2019existe peut-\u00eatre m\u00eame pas du tout. Mais une chose est bien observ\u00e9e, c\u2019est la pr\u00e9sence de cycles. Bon an mal an ; tout le monde fait avec. A force de retrouver la m\u00eame antienne, le d\u00e9s\u00e9quilibre cr\u00e9e l\u2019\u00e9quilibre, tu trouves celle-ci de plus en plus vide de sens. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il faudrait des preuves pour \u00e9tayer cette proposition. Des preuves que tu en as vraiment saisi le sens exact.<\/p>\n

Illustration Huile sur toile 100\u00d7100 cm<\/p>\n

Reprise du 02\/03\/2024
\nUn peu moins optimiste, peut-\u00eatre plus franc, courageux, je dirais qu’on ne peut pas botter syst\u00e9matiquement en touche, qu’il faut passer par ces p\u00e9riodes de d\u00e9couragement. C’est ce qui nous rend humain, r\u00e9el.<\/p>", "content_text": "Il peut t\u2019arriver parfois d\u2019\u00eatre d\u00e9courag\u00e9 par le r\u00e9sultat de ton travail. Sache que c\u2019est plut\u00f4t une bonne chose que ce d\u00e9couragement car il te permet de te remettre en question et pour un artiste c\u2019est une sorte de respiration. La certitude est nocive dans le sens ou elle te prive de prendre de nouveaux risques. Le doute est un moteur qui pars\u00e8me ton parcours d\u2019artiste d\u2019obstacles, de soucis, d\u2019\u00e9motions n\u00e9gatives et positives. De la m\u00eame fa\u00e7on qu\u2019une oeuvre se construit. Et en fait l\u2019oeuvre comme la vie ne veulent qu\u2019une seule chose : l\u2019\u00e9quilibre. Le d\u00e9couragement est souvent le pendant d\u2019un exc\u00e8s d\u2019enthousiasme. Du coup on ajuste petit \u00e0 petit l\u2019organisation du tableau , son contraste, sa tonalit\u00e9, le lourd et le l\u00e9ger, le doux et le rugueux. Plus que la beaut\u00e9 ( qu\u2019est ce que la beaut\u00e9 ?) c\u2019est cette impression d\u2019\u00e9quilibre qui r\u00e9conforte, qui d\u00e9clenche l\u2019\u00e9motion chez le spectateur. Et l\u2019\u00e9quilibre cela n\u2019a rien \u00e0 voir avec la sym\u00e9trie. Ce n\u2019est pas autant de lourd que de l\u00e9ger, autant de joies que de peines, autant de jours de vaches maigres que de jours sans soucis financiers. Quand on marche on risque \u00e0 chaque instant de se casser la figure. On finit par l\u2019oublier mais c\u2019est le d\u00e9s\u00e9quilibre qui provoque l\u2019\u00e9quilibre. reprise du 20\/11\/2022 Le d\u00e9couragement comme bonne chose qui te permet de te remettre en question. Tu oublies de dire \u00e0 quel prix; Et comme parfois tu aimerais avoir cette certitude dont tu passes ton temps \u00e0 te m\u00e9fier. C\u2019est plus une sorte d\u2019impr\u00e9cation comme si tu d\u00e9sirais te convaincre que tu as fait de bons choix. Mais quand tu regardes vraiment la teneur de ces choix elle est insaisissable. Elle n\u2019existe peut-\u00eatre m\u00eame pas du tout. Mais une chose est bien observ\u00e9e, c\u2019est la pr\u00e9sence de cycles. Bon an mal an; tout le monde fait avec. A force de retrouver la m\u00eame antienne, le d\u00e9s\u00e9quilibre cr\u00e9e l\u2019\u00e9quilibre, tu trouves celle-ci de plus en plus vide de sens. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il faudrait des preuves pour \u00e9tayer cette proposition. Des preuves que tu en as vraiment saisi le sens exact. Illustration Huile sur toile 100\u00d7100 cm Reprise du 02\/03\/2024 Un peu moins optimiste, peut-\u00eatre plus franc, courageux, je dirais qu'on ne peut pas botter syst\u00e9matiquement en touche, qu'il faut passer par ces p\u00e9riodes de d\u00e9couragement. C'est ce qui nous rend humain, r\u00e9el. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/septentrion.jpg.webp?1748065227", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-aout-2018.html", "title": "22 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T03:48:39Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Une des difficult\u00e9s que tu rencontres quand tu r\u00e9alises un tableau c\u2019est celle de l\u2019assumer pleinement. Cela vaut la peine de regarder ce mot de plus pr\u00e8s. Assumer c\u2019est tout d\u2019abord prendre pour soi un acte, une parole, une r\u00e9alit\u00e9 qui vient de soi et qui est difficile \u00e0 accepter. C\u2019est aussi rendre volontaire ce qui \u00e9tait involontaire. Quand tu peins tu laisses aller les formes, les traits, les couleurs et les coulures. Tu ne sais pas o\u00f9 tu vas dans cet espace que repr\u00e9sente la toile. Mieux : tu ne veux pas savoir pour rester en \u00e9veil, pour ne pas dissiper l\u2019\u00e9nergie qui te traverse, tu voudrais ne pas penser, accorder ta confiance au hasard . Un plongeon vers le tout autre en toi Le tableau est l\u00e0 devant toi a la fin de cette \u00e9tape. Il ne repr\u00e9sente rien de connu.il est peut-\u00eatre violent, cacophonique, ou au contraire sans contraste, boueux. Prendre pour soi alors est difficile. Tu te dis que ce n\u2019est qu\u2019une \u00e9tape, un fond. Ce n\u2019est pas montrable imm\u00e9diatement.<\/p>\n

Reprise du 21\/11\/2022<\/p>\n

Pour ne pas avoir \u00e0 assumer une peinture que tu viens de faire tu la places dans le provisoire. Tu te dis que ce que tu viens de faire ne repr\u00e9sente qu\u2019une \u00e9tape, un d\u00e9but, que ce n\u2019est pas assez « bien ». Le fait de ne vouloir assumer que des choses « biens » et d\u2019\u00e9carter de « mauvaises » de « g\u00eanantes » dans une autre temporalit\u00e9. comme si tu \u00e9tais certain d\u2019\u00eatre encore l\u00e0 pour acc\u00e9der \u00e0 cette temporalit\u00e9 imaginaire. Tu dis pour ne pas avoir \u00e0 assumer une peinture mais beaucoup de choses sont comme \u00e7a, coinc\u00e9es entre deux notions de bien et mal. Dans un jugement que tu ne remets que rarement en question, un jugement qui pourrait bien \u00eatre compl\u00e8tement erron\u00e9.<\/p>\n

Illustration huile sur toile format 80\u00d780 ( collection particuli\u00e8re)<\/p>", "content_text": "Une des difficult\u00e9s que tu rencontres quand tu r\u00e9alises un tableau c\u2019est celle de l\u2019assumer pleinement. Cela vaut la peine de regarder ce mot de plus pr\u00e8s. Assumer c\u2019est tout d\u2019abord prendre pour soi un acte, une parole, une r\u00e9alit\u00e9 qui vient de soi et qui est difficile \u00e0 accepter. C\u2019est aussi rendre volontaire ce qui \u00e9tait involontaire. Quand tu peins tu laisses aller les formes, les traits, les couleurs et les coulures. Tu ne sais pas o\u00f9 tu vas dans cet espace que repr\u00e9sente la toile. Mieux: tu ne veux pas savoir pour rester en \u00e9veil, pour ne pas dissiper l\u2019\u00e9nergie qui te traverse, tu voudrais ne pas penser, accorder ta confiance au hasard . Un plongeon vers le tout autre en toi Le tableau est l\u00e0 devant toi a la fin de cette \u00e9tape. Il ne repr\u00e9sente rien de connu.il est peut-\u00eatre violent, cacophonique, ou au contraire sans contraste, boueux. Prendre pour soi alors est difficile. Tu te dis que ce n\u2019est qu\u2019une \u00e9tape, un fond. Ce n\u2019est pas montrable imm\u00e9diatement. Reprise du 21\/11\/2022 Pour ne pas avoir \u00e0 assumer une peinture que tu viens de faire tu la places dans le provisoire. Tu te dis que ce que tu viens de faire ne repr\u00e9sente qu\u2019une \u00e9tape, un d\u00e9but, que ce n\u2019est pas assez \u00ab bien \u00bb. Le fait de ne vouloir assumer que des choses \u00ab biens \u00bb et d\u2019\u00e9carter de \u00ab mauvaises \u00bb de \u00ab g\u00eanantes \u00bb dans une autre temporalit\u00e9. comme si tu \u00e9tais certain d\u2019\u00eatre encore l\u00e0 pour acc\u00e9der \u00e0 cette temporalit\u00e9 imaginaire. Tu dis pour ne pas avoir \u00e0 assumer une peinture mais beaucoup de choses sont comme \u00e7a, coinc\u00e9es entre deux notions de bien et mal. Dans un jugement que tu ne remets que rarement en question, un jugement qui pourrait bien \u00eatre compl\u00e8tement erron\u00e9. Illustration huile sur toile format 80\u00d780 ( collection particuli\u00e8re) ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/un-coin-de-campagne.jpg.webp?1748065104", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-aout-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-aout-2018.html", "title": "17 ao\u00fbt 2018", "date_published": "2024-03-02T03:37:31Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

texte de d\u00e9part <\/h3>\n

Tu penses trop, tu n’es pas l\u00e0 , tu te dis que tu n’y arrives pas et tu n’y arrives pas car tu programmes ton cerveau \u00e0 trouver toutes les solutions pour ne pas y arriver Alors laisse tomber, installe toi devant ta toile blanche, prend le plus gros de tous tes pinceaux et tend le bras Inspire profond\u00e9ment et ressent l’air p\u00e9n\u00e9trer par tes narines doucement, dans tes poumons, dans tout ton corps. Expire doucement et laisse aller la main qui tient le pinceau. Imagine une danse, c’est peut \u00eatre la danse d’un animal, d’un insecte, la danse d’une herbe balay\u00e9e par la brise, la danse du vent qui court sur la plaine, la danse des flammes dans une chemin\u00e9e, la danse de l’eau qui d\u00e9valent les pentes d’une colline, d’une montagne, la danse des pierres qui a commenc\u00e9 depuis la nuit des temps...Expire doucement et tu commences \u00e0 sentir ton \u00e9paule, ton bras, ton poignet et enfin ta main danser comme tous les \u00e9l\u00e9ments. Ferme les yeux et \u00e9coute le bruit du pinceau sec sur la surface de la toile Ne mets rien sur le pinceau que l’intention de le faire danser sur la toile. Recommence l’exercice avec un pinceau moyen, puis avec le plus l\u00e9ger de tous tes pinceaux. Toujours pas de couleur, pas d’eau.. laisse danser les pinceaux et respire<\/p>\n


\n

J’ai repris ce texte au mois de novembre 2022 : <\/i><\/p>\n

Tu n\u2019es pas l\u00e0, tu n\u2019y arrives pas. Inspire. Profond\u00e9ment. Imagine que tu danses. Laisse danser le corps le pinceau. Respire. Voil\u00e0 tu y es. Tu y arrives. Et ce n\u2019est plus toi. C\u2019est un pinceau qui danse (modifi\u00e9 le 20\/11\/2022.<\/p>\n

Aujourd’hui nous sommes en mars 2023 je le relis, le recopie sur ce nouveau site. Je n’ose plus y toucher.<\/p>\n


\n 27 d\u00e9cembre 2024 <\/strong> : J’ai d\u00e9couvert un nouvel outil pour classer mes notes de fa\u00e7on \u00e0 tisser des liens, entre tous mes textes , le nom de ce logiciel est Obsidian<\/strong> ; je l’avais d\u00e9j\u00e0 essay\u00e9 sur Windows, mais il m’a sembl\u00e9 d’acc\u00e8s compliqu\u00e9. Je viens de l’installer sur Ubuntu sans difficult\u00e9. Apr\u00e8s avoir visualis\u00e9 plusieurs vid\u00e9os dans l’espoir de trouver une marche \u00e0 suivre pour utiliser cet outil, je me rends compte que c’est \u00e0 moi de cr\u00e9er ma propre m\u00e9thode, afin de trouver des concepts, des mots cl\u00e9s, de les relier. Il semble que ce que l’on doit tout de suite accepter c’est que l’outil sera imparfait comme le raisonnement de d\u00e9part, ou l’intention qui me pousse \u00e0 vouloir utiliser cet outil est imparfaite, obscure, peut-\u00eatre m\u00eame temporaire, fugace. Mais pour cette journ\u00e9e j’ai ajout\u00e9 des mots cl\u00e9s qui n’existait pas hier encore \u00e0 ce billet.", "content_text": "{{{texte de d\u00e9part }}} Tu penses trop, tu n'es pas l\u00e0 , tu te dis que tu n'y arrives pas et tu n'y arrives pas car tu programmes ton cerveau \u00e0 trouver toutes les solutions pour ne pas y arriver Alors laisse tomber, installe toi devant ta toile blanche, prend le plus gros de tous tes pinceaux et tend le bras Inspire profond\u00e9ment et ressent l'air p\u00e9n\u00e9trer par tes narines doucement, dans tes poumons, dans tout ton corps. Expire doucement et laisse aller la main qui tient le pinceau. Imagine une danse, c'est peut \u00eatre la danse d'un animal, d'un insecte, la danse d'une herbe balay\u00e9e par la brise, la danse du vent qui court sur la plaine, la danse des flammes dans une chemin\u00e9e, la danse de l'eau qui d\u00e9valent les pentes d'une colline, d'une montagne, la danse des pierres qui a commenc\u00e9 depuis la nuit des temps...Expire doucement et tu commences \u00e0 sentir ton \u00e9paule, ton bras, ton poignet et enfin ta main danser comme tous les \u00e9l\u00e9ments. Ferme les yeux et \u00e9coute le bruit du pinceau sec sur la surface de la toile Ne mets rien sur le pinceau que l'intention de le faire danser sur la toile. Recommence l'exercice avec un pinceau moyen, puis avec le plus l\u00e9ger de tous tes pinceaux. Toujours pas de couleur, pas d'eau.. laisse danser les pinceaux et respire ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- {J'ai repris ce texte au mois de novembre 2022 : } Tu n\u2019es pas l\u00e0, tu n\u2019y arrives pas. Inspire. Profond\u00e9ment. Imagine que tu danses. Laisse danser le corps le pinceau. Respire. Voil\u00e0 tu y es. Tu y arrives. Et ce n\u2019est plus toi. C\u2019est un pinceau qui danse (modifi\u00e9 le 20\/11\/2022. Aujourd'hui nous sommes en mars 2023 je le relis, le recopie sur ce nouveau site. Je n'ose plus y toucher. {{ 27 d\u00e9cembre 2024 }} : J'ai d\u00e9couvert un nouvel outil pour classer mes notes de fa\u00e7on \u00e0 tisser des liens, entre tous mes textes , le nom de ce logiciel est {{Obsidian}}; je l'avais d\u00e9j\u00e0 essay\u00e9 sur Windows, mais il m'a sembl\u00e9 d'acc\u00e8s compliqu\u00e9. Je viens de l'installer sur Ubuntu sans difficult\u00e9. Apr\u00e8s avoir visualis\u00e9 plusieurs vid\u00e9os dans l'espoir de trouver une marche \u00e0 suivre pour utiliser cet outil, je me rends compte que c'est \u00e0 moi de cr\u00e9er ma propre m\u00e9thode, afin de trouver des concepts, des mots cl\u00e9s, de les relier. Il semble que ce que l'on doit tout de suite accepter c'est que l'outil sera imparfait comme le raisonnement de d\u00e9part, ou l'intention qui me pousse \u00e0 vouloir utiliser cet outil est imparfaite, obscure, peut-\u00eatre m\u00eame temporaire, fugace. Mais pour cette journ\u00e9e j'ai ajout\u00e9 des mots cl\u00e9s qui n'existait pas hier encore \u00e0 ce billet. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/pollock_en_train_de_peindre.jpg.webp?1748065067", "tags": ["peinture", "r\u00e9flexions sur l'art"] } ] }