{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-septembre-2018.html", "title": "30 septembre 2018", "date_published": "2018-09-30T19:56:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Ce serait la premi\u00e8re couleur, pr\u00e9existante avant toutes les autres. Couleur associ\u00e9e \u00e0 la phase de dissolution, de d\u00e9composition de la mati\u00e8re. Cette noirceur n\u2019a pas d\u2019autre qualit\u00e9 que celle qu\u2019on peut lui attribuer. Elle est neutre de nature. Il y a de la boue, de la merde, des humeurs, du sang et du sperme mais \u00e7a ne sent rien de particulier en dehors de l\u2019observateur la noirceur reste neutre scell\u00e9e comme la nuit ou le vide cosmique. Cette noirceur, comment \u00e9tablir sa pr\u00e9sence lorsqu\u2019on a les yeux du quotidien, le regard du si\u00e8cle et que tous les n\u00e9ons de la f\u00eate n\u2019ont pour seule fonction que d\u2019\u00e9clairer notre divertissement ? Comment savoir que sans celle ci , la « nigredo », nous ne sommes qu\u2019enfants perdus dans la r\u00eaverie de Dieu \u00e0 son 4 \u00e8me jour. Car bien sur on ne peut que le constater : la cr\u00e9ation n\u2019est encore termin\u00e9e et, si le Tr\u00e8s haut nous a fait \u00e0 sa ressemblance, nous avons encore 3 jours devant nous pour nous parfaire. Ou pas, n\u2019oublions pas le libre arbitre. Tout peut encore basculer \u00e0 l\u2019aurore, et en dormant nous r\u00eavons ou cauchemardons notre destin\u00e9e inconnue. Englu\u00e9s encore dans la noirceur qu\u2019il faut dissoudre jusqu\u2019\u00e0 la lie nous hurlons, pleurons, rions, courrons ,frappons, caressons alors que le silence nous couve de ses grands yeux sombres et brillants.
\nBob Dylan disait \u2018\u00e9coute dans le vent\u2019 et il avait raison. Il est bon de guetter le son de la nature et ce qu\u2019elle laisse au vent porter jusqu\u2019\u00e0 nos oreilles souvent bouch\u00e9es. Les forces de la noirceur et de la lumi\u00e8re ne l\u2019oublions sont toujours associ\u00e9es et je mettrais bien ma main \u00e0 couper ou au feu que ce n\u2019est pas une association de malfaiteurs. Apr\u00e8s sachant ce que donnent les paris, les plans sur la com\u00e8te et les ch\u00e2teaux en Espagne\u2026 F\u00e9minin et masculin veillez l\u2019une sur l\u2019autre tandis que la lune danse dans la nuit noire ivre de souvenirs, engross\u00e9e par le vieux soleil.<\/p>", "content_text": " Ce serait la premi\u00e8re couleur, pr\u00e9existante avant toutes les autres. Couleur associ\u00e9e \u00e0 la phase de dissolution, de d\u00e9composition de la mati\u00e8re. Cette noirceur n\u2019a pas d\u2019autre qualit\u00e9 que celle qu\u2019on peut lui attribuer. Elle est neutre de nature. Il y a de la boue, de la merde, des humeurs, du sang et du sperme mais \u00e7a ne sent rien de particulier en dehors de l\u2019observateur la noirceur reste neutre scell\u00e9e comme la nuit ou le vide cosmique. Cette noirceur, comment \u00e9tablir sa pr\u00e9sence lorsqu\u2019on a les yeux du quotidien, le regard du si\u00e8cle et que tous les n\u00e9ons de la f\u00eate n\u2019ont pour seule fonction que d\u2019\u00e9clairer notre divertissement ? Comment savoir que sans celle ci , la \u00ab nigredo \u00bb, nous ne sommes qu\u2019enfants perdus dans la r\u00eaverie de Dieu \u00e0 son 4 \u00e8me jour. Car bien sur on ne peut que le constater : la cr\u00e9ation n\u2019est encore termin\u00e9e et, si le Tr\u00e8s haut nous a fait \u00e0 sa ressemblance, nous avons encore 3 jours devant nous pour nous parfaire. Ou pas, n\u2019oublions pas le libre arbitre. Tout peut encore basculer \u00e0 l\u2019aurore, et en dormant nous r\u00eavons ou cauchemardons notre destin\u00e9e inconnue. Englu\u00e9s encore dans la noirceur qu\u2019il faut dissoudre jusqu\u2019\u00e0 la lie nous hurlons, pleurons, rions, courrons ,frappons, caressons alors que le silence nous couve de ses grands yeux sombres et brillants. Bob Dylan disait \u2018\u00e9coute dans le vent\u2019 et il avait raison. Il est bon de guetter le son de la nature et ce qu\u2019elle laisse au vent porter jusqu\u2019\u00e0 nos oreilles souvent bouch\u00e9es. Les forces de la noirceur et de la lumi\u00e8re ne l\u2019oublions sont toujours associ\u00e9es et je mettrais bien ma main \u00e0 couper ou au feu que ce n\u2019est pas une association de malfaiteurs. Apr\u00e8s sachant ce que donnent les paris, les plans sur la com\u00e8te et les ch\u00e2teaux en Espagne\u2026 F\u00e9minin et masculin veillez l\u2019une sur l\u2019autre tandis que la lune danse dans la nuit noire ivre de souvenirs, engross\u00e9e par le vieux soleil. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20180629_064735.jpg?1748065106", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-septembre-2018.html", "title": "29 septembre 2018", "date_published": "2018-09-29T19:53:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Le temps, quatri\u00e8me dimension de notre espace, d\u00e9sormais appel\u00e9 « espace-temps » est un param\u00e8tre incontournable en peinture. En combien de temps vais-je r\u00e9aliser cette toile ? devrait \u00eatre une contrainte que le peintre se donne pour calmer son exc\u00e8s de libert\u00e9 et sa toute puissance cr\u00e9atrice. Il est logique de penser qu\u2019une \u0153uvre d\u2019art n\u00e9cessite des dizaines d\u2019heures de travail et qu\u2019a contrario trois lignes plac\u00e9es au fusain sur une feuille de papier ne prennent que quelques secondes, ce qui ne retire en rien \u00e0 la beaut\u00e9 et \u00e0 l\u2019\u00e9motion que ces trois lignes peuvent susciter . En fait les deux se valent. L\u2019un n\u2019est pas plus « beau » ou « expressif » que l\u2019autre dans l\u2019absolu. Ces deux \u0153uvres ne sont que des \u00e9manations du temps dont disposait leur auteur pour les exprimer. Dans mes cours de peinture cette contrainte du temps, j\u2019ai finit par la proposer aux \u00e9l\u00e8ves qui malgr\u00e9 un plan de r\u00e9alisation assez pr\u00e9cis parfois pouvait \u00e9tendre la r\u00e9alisation d\u2019un tableau sur plusieurs mois, suivant le format choisi, la technique utilis\u00e9e, leur motivation comme leur assiduit\u00e9.\n
— Je veux faire \u00e7a !\n
— Ok mais en combien de temps ?
\nEt l\u00e0 cette question oblige \u00e0 prendre en compte quelque chose d\u2019autre : Evaluer la dur\u00e9e. De l\u00e0 \u00e0 imaginer un art du temps il n\u2019y a pas bien loin. Lorsqu\u2019on travaille \u00e0 l\u2019huile il est souhaitable d\u2019entreprendre plusieurs tableaux en m\u00eame temps suivant les temps de s\u00e9chage assez longs. Plusieurs formats \u00e9galement, changer le format peut acc\u00e9l\u00e9rer ou ralentir le temps. Choisir aussi des supports in\u00e9dits qui font qu\u2019on leur attribue une plus ou moins grande importance ( feuille de journal, carton, bristol r\u00e9cup\u00e9r\u00e9, papier d\u2019emballage etc ) car l\u2019importance qu\u2019on accorde ainsi permet de traverser des fronti\u00e8res in\u00e9dites \u00e9galement. Celles du mental notamment dont la propri\u00e9t\u00e9 est de tout passer au tamis de son contr\u00f4le. En Asie, l\u2019art du temps est plus un art du temps pr\u00e9sent, de l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9, m\u00eal\u00e9 \u00e0 la contrainte du geste juste. Mentalit\u00e9 diff\u00e9rente de la notre avide de r\u00e9sultats imm\u00e9diats, les peintres travaillent d\u2019abord la notion d\u2019imm\u00e9diat sans recherche de but. Il faudrait un jour qu\u2019un peintre se fasse creuset et r\u00e9unissent ces deux approches du temps\u2026 Peut-\u00eatre Fabienne Verdier y parvient elle mais encore isol\u00e9e son travail devrait attirer plus de peintres \u00e0 tenter l\u2019exp\u00e9rience alchimique. Dans cet art du temps il est d\u2019ailleurs possible que le mental soit le cyclope \u00e0 enivrer afin que l\u2019intuition agile et ses compagnons l\u2019audace, la fulgurance, la vitesse et la souplesse puissent enfin respirer \u00e0 l\u2019air libre.<\/p>\n

Sur la dissolution.<\/h3>\n

La dissolution est un terme bien connu des alchimistes qui savent l\u2019implication des actions effectu\u00e9es du microcosme vers le macrocosme. Lorsqu\u2019on chauffe un minerai \u00e0 une certaine temp\u00e9rature on » ouvre » ce minerai c\u2019est \u00e0 dire qu\u2019on lib\u00e8re celui ci d\u2019une gangue brute, sans valeur particuli\u00e8re pour le transmuter en un autre \u00e9tat plus subtil. Avec les progr\u00e8s de la physique quantique ou pas on commence \u00e0 comprendre que l\u2019observateur joue un r\u00f4le capital dans toute exp\u00e9rimentation qu\u2019il effectue. Nous ne sommes pas ext\u00e9rieurs \u00e0 ce que nous pensons, faisons, ressentons, exp\u00e9rimentons, nous sommes l\u2019exp\u00e9rience. C\u2019est pourquoi agir sur la dissolution du m\u00e9tal en le chauffant dissout aussi en nous quelques scories, et ce faisant nous am\u00e8ne, en pers\u00e9v\u00e9rant bien s\u00fbr, \u00e0 une qualit\u00e9 diff\u00e9rente de nous m\u00eame, si tant est que l\u2019or est plus pr\u00e9cieux que le plomb ce dont je ne suis pas du tout certain, il est clair que les deux m\u00e9taux sont d\u2019une composition diff\u00e9rente. En alchimie chercher l\u2019or est une tarte \u00e0 la cr\u00e8me, comme en notre \u00e9poque chercher la saintet\u00e9 ou la renomm\u00e9e revient \u00e0 la m\u00eame confusion des genres. D\u2019ailleurs les chercheurs cherchent parfois longtemps alors que les anciens trouv\u00e8res et autres troubadours trouvaient le mot juste pour illustrer une grande bataille, un haut fait ou bien juste rendre hommage \u00e0 la beaut\u00e9 des filles . L\u2019alchimiste, le peintre devraient se concentrer sur « trouver » plus que chercher car trouvant des miracles en l\u2019ext\u00e9rieur, et il y en a grand nombre, ils en trouveraient par \u00e9cho un grand nombre en eux m\u00eames. Encore que pour cela notre idole install\u00e9e , fixe et r\u00e9tive \u00e0 tout changement laisse passer le courant. C\u2019est en ce sens que le commencement demande de dissoudre l\u2019idole gentiment, sans trop la heurter non plus car elle aurait tendance comme le Bernard l\u2019Hermite \u00e0 se recroqueviller sur elle m\u00eame et \u00e0 procurer \u00e0 son possesseur des semelles de plomb sur son cheminement spirituel ou artistique.<\/p>", "content_text": " Le temps, quatri\u00e8me dimension de notre espace, d\u00e9sormais appel\u00e9 \u00ab espace-temps \u00bb est un param\u00e8tre incontournable en peinture. En combien de temps vais-je r\u00e9aliser cette toile? devrait \u00eatre une contrainte que le peintre se donne pour calmer son exc\u00e8s de libert\u00e9 et sa toute puissance cr\u00e9atrice. Il est logique de penser qu\u2019une \u0153uvre d\u2019art n\u00e9cessite des dizaines d\u2019heures de travail et qu\u2019a contrario trois lignes plac\u00e9es au fusain sur une feuille de papier ne prennent que quelques secondes, ce qui ne retire en rien \u00e0 la beaut\u00e9 et \u00e0 l\u2019\u00e9motion que ces trois lignes peuvent susciter . En fait les deux se valent. L\u2019un n\u2019est pas plus \u00ab beau \u00bb ou \u00ab expressif \u00bb que l\u2019autre dans l\u2019absolu. Ces deux \u0153uvres ne sont que des \u00e9manations du temps dont disposait leur auteur pour les exprimer. Dans mes cours de peinture cette contrainte du temps, j\u2019ai finit par la proposer aux \u00e9l\u00e8ves qui malgr\u00e9 un plan de r\u00e9alisation assez pr\u00e9cis parfois pouvait \u00e9tendre la r\u00e9alisation d\u2019un tableau sur plusieurs mois, suivant le format choisi, la technique utilis\u00e9e, leur motivation comme leur assiduit\u00e9. \u2014Je veux faire \u00e7a ! \u2014Ok mais en combien de temps ? Et l\u00e0 cette question oblige \u00e0 prendre en compte quelque chose d\u2019autre : Evaluer la dur\u00e9e. De l\u00e0 \u00e0 imaginer un art du temps il n\u2019y a pas bien loin. Lorsqu\u2019on travaille \u00e0 l\u2019huile il est souhaitable d\u2019entreprendre plusieurs tableaux en m\u00eame temps suivant les temps de s\u00e9chage assez longs. Plusieurs formats \u00e9galement, changer le format peut acc\u00e9l\u00e9rer ou ralentir le temps. Choisir aussi des supports in\u00e9dits qui font qu\u2019on leur attribue une plus ou moins grande importance ( feuille de journal, carton, bristol r\u00e9cup\u00e9r\u00e9, papier d\u2019emballage etc ) car l\u2019importance qu\u2019on accorde ainsi permet de traverser des fronti\u00e8res in\u00e9dites \u00e9galement. Celles du mental notamment dont la propri\u00e9t\u00e9 est de tout passer au tamis de son contr\u00f4le. En Asie, l\u2019art du temps est plus un art du temps pr\u00e9sent, de l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9, m\u00eal\u00e9 \u00e0 la contrainte du geste juste. Mentalit\u00e9 diff\u00e9rente de la notre avide de r\u00e9sultats imm\u00e9diats, les peintres travaillent d\u2019abord la notion d\u2019imm\u00e9diat sans recherche de but. Il faudrait un jour qu\u2019un peintre se fasse creuset et r\u00e9unissent ces deux approches du temps\u2026 Peut-\u00eatre Fabienne Verdier y parvient elle mais encore isol\u00e9e son travail devrait attirer plus de peintres \u00e0 tenter l\u2019exp\u00e9rience alchimique. Dans cet art du temps il est d\u2019ailleurs possible que le mental soit le cyclope \u00e0 enivrer afin que l\u2019intuition agile et ses compagnons l\u2019audace, la fulgurance, la vitesse et la souplesse puissent enfin respirer \u00e0 l\u2019air libre. {{{Sur la dissolution.}}} La dissolution est un terme bien connu des alchimistes qui savent l\u2019implication des actions effectu\u00e9es du microcosme vers le macrocosme. Lorsqu\u2019on chauffe un minerai \u00e0 une certaine temp\u00e9rature on \u00bb ouvre \u00bb ce minerai c\u2019est \u00e0 dire qu\u2019on lib\u00e8re celui ci d\u2019une gangue brute, sans valeur particuli\u00e8re pour le transmuter en un autre \u00e9tat plus subtil. Avec les progr\u00e8s de la physique quantique ou pas on commence \u00e0 comprendre que l\u2019observateur joue un r\u00f4le capital dans toute exp\u00e9rimentation qu\u2019il effectue. Nous ne sommes pas ext\u00e9rieurs \u00e0 ce que nous pensons, faisons, ressentons, exp\u00e9rimentons, nous sommes l\u2019exp\u00e9rience. C\u2019est pourquoi agir sur la dissolution du m\u00e9tal en le chauffant dissout aussi en nous quelques scories, et ce faisant nous am\u00e8ne, en pers\u00e9v\u00e9rant bien s\u00fbr, \u00e0 une qualit\u00e9 diff\u00e9rente de nous m\u00eame, si tant est que l\u2019or est plus pr\u00e9cieux que le plomb ce dont je ne suis pas du tout certain, il est clair que les deux m\u00e9taux sont d\u2019une composition diff\u00e9rente. En alchimie chercher l\u2019or est une tarte \u00e0 la cr\u00e8me, comme en notre \u00e9poque chercher la saintet\u00e9 ou la renomm\u00e9e revient \u00e0 la m\u00eame confusion des genres. D\u2019ailleurs les chercheurs cherchent parfois longtemps alors que les anciens trouv\u00e8res et autres troubadours trouvaient le mot juste pour illustrer une grande bataille, un haut fait ou bien juste rendre hommage \u00e0 la beaut\u00e9 des filles . L\u2019alchimiste, le peintre devraient se concentrer sur \u00ab trouver \u00bb plus que chercher car trouvant des miracles en l\u2019ext\u00e9rieur, et il y en a grand nombre, ils en trouveraient par \u00e9cho un grand nombre en eux m\u00eames. Encore que pour cela notre idole install\u00e9e , fixe et r\u00e9tive \u00e0 tout changement laisse passer le courant. C\u2019est en ce sens que le commencement demande de dissoudre l\u2019idole gentiment, sans trop la heurter non plus car elle aurait tendance comme le Bernard l\u2019Hermite \u00e0 se recroqueviller sur elle m\u00eame et \u00e0 procurer \u00e0 son possesseur des semelles de plomb sur son cheminement spirituel ou artistique. 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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

« L\u2019avait l\u2019 don, c\u2019est vrai, j\u2019en conviens,
\nL\u2019avait l\u2019 g\u00e9nie,
\nMais sans technique, un don n\u2019est rien
\nQu\u2019un\u2019 sal\u2019 manie\u2026
\nCertes, on ne se fait pas putain
\nComme on s\u2019 fait nonne.
\nC\u2019est du moins c\u2019 qu\u2019on pr\u00eache, en latin,<\/p>\n

A la Sorbonne\u2026 »<\/p>\n

Ce morceau du « mauvais sujet repenti » du tr\u00e8s regrett\u00e9 Georges Brassens trotte dans ma t\u00eate depuis ce matin, belle journ\u00e9e d\u2019automne, sans courrier, sans accroc, sans m\u00eame une t\u00e2che de peinture. En marchant vers le supermarch\u00e9 le plus proche de chez moi je siffloterais presque. Ce matin j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9, aussit\u00f4t pos\u00e9 le pied \u00e0 terre, que ce serait une bonne journ\u00e9e. Et du coup ma d\u00e9marche s\u2019en ressent, m\u00eame le dos semble moins vo\u00fbt\u00e9. Pas la moindre petite douleur articulaire non plus , ce sera vraiment une journ\u00e9e \u00e9patante. En marchant le cerveau est berc\u00e9 comme un b\u00e9b\u00e9, l\u2019\u00e2me pendouille agr\u00e9ablement quand le mental \u00e9tourdi de lumi\u00e8re n\u2019a aucune invective particuli\u00e8re \u00e0 formuler, sans contrainte tout en soi vagabonde. Donc un don sans technique ne serait qu\u2019une sale manie \u2026ne perdons pas le fil quand m\u00eame. La fin de la strophe fait tout de m\u00eame r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la Sorbonne en gage de s\u00e9rieux et c\u2019est encore toute la force des textes de Brassens. Le non-dit qui se planque derri\u00e8re le dit tout haut. Avoir un don et ne pas le travailler c\u2019est mal ; rappelons nous qu\u2019on nous enseigne au cat\u00e9chisme que nous sera compt\u00e9e l\u2019utilisation bonne ou mauvaise de nos talents. Il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans cette menace. Encore qu\u2019il ne faille pas forc\u00e9ment atteindre le purgatoire le paradis ou l\u2019enfer pour en faire l\u2019exp\u00e9rience. Combien d\u2019\u00e9l\u00e8ves avaient une facilit\u00e9 \u00e0 dessiner et ont laiss\u00e9 tomber car il fallait pratiquer ? Sans la motivation un don ne vaut pas grand chose non plus on dirait bien. D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 le don ne procure pas que des cons\u00e9quences agr\u00e9ables et je peux comprendre qu\u2019on l\u2019abandonne , qu\u2019on ne veuille plus le montrer . Celle ou celui qui le cultive s\u2019attire au mieux l\u2019envie sous toutes ses d\u00e9clinaisons y compris p\u00e9cuniaires au pire une arrogance plus ou moins prononc\u00e9e envers ceux qui en sont d\u00e9pourvus. C\u2019est que ce cadeau finalement, on pourrait le trouver louche, quelle contrepartie va t\u2019il falloir donner ? On ne se fait pas putain comme on se fait nonne, ajoute le po\u00e8te Et c\u2019est l\u2019avis de l\u2019institution , la fameuse Sorbonne.
\nMais la mienne peut bien diff\u00e9rer. J\u2019ai connu dans ma jeunesse des p\u00e9ripat\u00e9ticiennes tout \u00e0 fait convaincues d\u2019\u00eatre en lien avec le Tr\u00e8s Haut et qui avaient \u00e9lev\u00e9 leur pratique \u00e0 la hauteur d\u2019un sacerdoce. Nous allions, joyeuse compagnie, tous ensemble \u00e0 saint Eustache une fois l\u2019an en p\u00e8lerinage de je ne sais plus quoi et de la Sorbonne on s\u2019en cognait bien proprement.<\/p>\n

Il fait plut\u00f4t frisquet ce matin l\u00e0 dans la Grande Galerie du Louvre que je traverse avec ma ventouse planqu\u00e9e comme une arme le long de ma cuisse. Les toilettes des dames \u00e9tant encore bouch\u00e9es. Il y a juste devant le tr\u00e8s imposant Watteau, une jeune fille bien proprette qui a apport\u00e9 un pliant et qui dessine le visage du Gilles. J\u2019engagerais bien une conversation mais ma ventouse m\u2019encombre et je me contente de faire un l\u00e9ger crochet pour apercevoir son travail. Copie conforme\u2026 mince me suis je dit un sacr\u00e9 coup de crayon et puis je suis parti vers mon labeur en esquivant presque une glissade tant le parquet \u00e9tait reluisant et lisse. Ils viennent souvent, les \u00e9l\u00e8ves des Beaux Arts et d\u2019autres lieux sanctifi\u00e9s pour se faire la main sur les beaux tableaux du grand temple quasi pharaonique parigot. Cependant ils copient tous bien fid\u00e8lement, j\u2019en ai peu vu qui s\u2019inspiraient, qui interpr\u00e9taient \u00e0 leur fa\u00e7on. Sauf un qui \u00e9tait tout ch\u00e9tif, d\u00e9penaill\u00e9 et qui me rappelait Soutine. Lui ne regardait que sa feuille et pas du tout le tableau devant lequel il se trouvait. A priori on aurait pu penser qu\u2019il cherchait un abri et que c\u2019\u00e9tait une sorte de planque des mauvais jours . Mais non en regardant bien son travail , nous avions fini par sympathiser, il s\u2019inspirait mais ne reproduisait pas. Il y avait un air de famille lointain avec les tableaux que je croisais tous les jours , comme une sorte de continuit\u00e9 d\u2019un travail commenc\u00e9 bien avant lui. Je n\u2019ai jamais su ce qu\u2019il \u00e9tait devenu , un jour j\u2019ai quitt\u00e9 le Louvre pour une autre aventure et je ne l\u2019ai jamais revu.<\/p>", "content_text": " \u00ab L\u2019avait l\u2019 don, c\u2019est vrai, j\u2019en conviens, L\u2019avait l\u2019 g\u00e9nie, Mais sans technique, un don n\u2019est rien Qu\u2019un\u2019 sal\u2019 manie\u2026 Certes, on ne se fait pas putain Comme on s\u2019 fait nonne. C\u2019est du moins c\u2019 qu\u2019on pr\u00eache, en latin, A la Sorbonne\u2026 \u00bb Ce morceau du \u00ab mauvais sujet repenti \u00bb du tr\u00e8s regrett\u00e9 Georges Brassens trotte dans ma t\u00eate depuis ce matin, belle journ\u00e9e d\u2019automne, sans courrier, sans accroc, sans m\u00eame une t\u00e2che de peinture. En marchant vers le supermarch\u00e9 le plus proche de chez moi je siffloterais presque. Ce matin j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9, aussit\u00f4t pos\u00e9 le pied \u00e0 terre, que ce serait une bonne journ\u00e9e. Et du coup ma d\u00e9marche s\u2019en ressent, m\u00eame le dos semble moins vo\u00fbt\u00e9. Pas la moindre petite douleur articulaire non plus , ce sera vraiment une journ\u00e9e \u00e9patante. En marchant le cerveau est berc\u00e9 comme un b\u00e9b\u00e9, l\u2019\u00e2me pendouille agr\u00e9ablement quand le mental \u00e9tourdi de lumi\u00e8re n\u2019a aucune invective particuli\u00e8re \u00e0 formuler, sans contrainte tout en soi vagabonde. Donc un don sans technique ne serait qu\u2019une sale manie \u2026ne perdons pas le fil quand m\u00eame. La fin de la strophe fait tout de m\u00eame r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la Sorbonne en gage de s\u00e9rieux et c\u2019est encore toute la force des textes de Brassens. Le non-dit qui se planque derri\u00e8re le dit tout haut. Avoir un don et ne pas le travailler c\u2019est mal; rappelons nous qu\u2019on nous enseigne au cat\u00e9chisme que nous sera compt\u00e9e l\u2019utilisation bonne ou mauvaise de nos talents. Il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans cette menace. Encore qu\u2019il ne faille pas forc\u00e9ment atteindre le purgatoire le paradis ou l\u2019enfer pour en faire l\u2019exp\u00e9rience. Combien d\u2019\u00e9l\u00e8ves avaient une facilit\u00e9 \u00e0 dessiner et ont laiss\u00e9 tomber car il fallait pratiquer ? Sans la motivation un don ne vaut pas grand chose non plus on dirait bien. D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 le don ne procure pas que des cons\u00e9quences agr\u00e9ables et je peux comprendre qu\u2019on l\u2019abandonne , qu\u2019on ne veuille plus le montrer . Celle ou celui qui le cultive s\u2019attire au mieux l\u2019envie sous toutes ses d\u00e9clinaisons y compris p\u00e9cuniaires au pire une arrogance plus ou moins prononc\u00e9e envers ceux qui en sont d\u00e9pourvus. C\u2019est que ce cadeau finalement, on pourrait le trouver louche, quelle contrepartie va t\u2019il falloir donner ? On ne se fait pas putain comme on se fait nonne, ajoute le po\u00e8te Et c\u2019est l\u2019avis de l\u2019institution , la fameuse Sorbonne. Mais la mienne peut bien diff\u00e9rer. J\u2019ai connu dans ma jeunesse des p\u00e9ripat\u00e9ticiennes tout \u00e0 fait convaincues d\u2019\u00eatre en lien avec le Tr\u00e8s Haut et qui avaient \u00e9lev\u00e9 leur pratique \u00e0 la hauteur d\u2019un sacerdoce. Nous allions, joyeuse compagnie, tous ensemble \u00e0 saint Eustache une fois l\u2019an en p\u00e8lerinage de je ne sais plus quoi et de la Sorbonne on s\u2019en cognait bien proprement. Il fait plut\u00f4t frisquet ce matin l\u00e0 dans la Grande Galerie du Louvre que je traverse avec ma ventouse planqu\u00e9e comme une arme le long de ma cuisse. Les toilettes des dames \u00e9tant encore bouch\u00e9es. Il y a juste devant le tr\u00e8s imposant Watteau, une jeune fille bien proprette qui a apport\u00e9 un pliant et qui dessine le visage du Gilles. J\u2019engagerais bien une conversation mais ma ventouse m\u2019encombre et je me contente de faire un l\u00e9ger crochet pour apercevoir son travail. Copie conforme\u2026 mince me suis je dit un sacr\u00e9 coup de crayon et puis je suis parti vers mon labeur en esquivant presque une glissade tant le parquet \u00e9tait reluisant et lisse. Ils viennent souvent, les \u00e9l\u00e8ves des Beaux Arts et d\u2019autres lieux sanctifi\u00e9s pour se faire la main sur les beaux tableaux du grand temple quasi pharaonique parigot. Cependant ils copient tous bien fid\u00e8lement, j\u2019en ai peu vu qui s\u2019inspiraient, qui interpr\u00e9taient \u00e0 leur fa\u00e7on. Sauf un qui \u00e9tait tout ch\u00e9tif, d\u00e9penaill\u00e9 et qui me rappelait Soutine. Lui ne regardait que sa feuille et pas du tout le tableau devant lequel il se trouvait. A priori on aurait pu penser qu\u2019il cherchait un abri et que c\u2019\u00e9tait une sorte de planque des mauvais jours . Mais non en regardant bien son travail , nous avions fini par sympathiser, il s\u2019inspirait mais ne reproduisait pas. Il y avait un air de famille lointain avec les tableaux que je croisais tous les jours , comme une sorte de continuit\u00e9 d\u2019un travail commenc\u00e9 bien avant lui. Je n\u2019ai jamais su ce qu\u2019il \u00e9tait devenu , un jour j\u2019ai quitt\u00e9 le Louvre pour une autre aventure et je ne l\u2019ai jamais revu. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/le_tube_de_peinture.jpg?1748065106", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-septembre-2018.html", "title": "25 Septembre 2018", "date_published": "2018-09-25T19:27:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Dans les p\u00e9riodes difficiles il est n\u00e9cessaire de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce dont on a vraiment besoin pour vivre. Tant d\u2019\u00e9l\u00e9ments perturbateurs ne sont autour de soi que pour nous distraire, mais de quoi ? La distraction est un mot d\u2019ordre, une sorte d\u2019hypnose collective qui enrichit certains pendant qu\u2019elle en appauvrit d\u2019autres. De quoi voulons nous tant nous distraire ? Cette question ressass\u00e9e mille fois n\u2019a que peu de r\u00e9ponses. Et si c\u2019\u00e9tait l\u2019\u00e9chec et la mort et toutes leurs variantes. De l\u2019\u00e9chec car dans ce monde ou seule la r\u00e9ussite prime celui ci est devenu incompr\u00e9hensible. Et pourtant ceux qui r\u00e9ussissent sont ceux qui ont eu le plus d\u2019\u00e9checs, on \u00e9vite de trop y penser. Il serait int\u00e9ressant de r\u00e9habiliter la notion d\u2019\u00e9chec dans tous les domaines de notre vie, et ceux qui exercent une activit\u00e9 artistique soutenue devrait l\u2019accueillir en ami plus qu\u2019en ennemi. De la mort car nous pensons qu\u2019elle est la fin de tout, c\u2019est une insulte larv\u00e9e \u00e0 notre intelligence qui nous annule, nous biffe, nous raye de la carte de l\u2019existant vers un je ne sais quel n\u00e9ant . Ces deux choses dont on veut \u00e0 tout prix nous distraire, il devrait exister des \u00e9coles nouvelles ou elles seraient inscrites d\u00e9s le plus jeune age dans les programmes. Oui nous \u00e9chouons et oui nous mourrons. Regarder la t\u00e9l\u00e9 ou s\u2019enfiler des litres de bi\u00e8res ne changera rien \u00e0 cela. Alors comment aborder notre vie une fois cette chose \u00e9tablie ? De quoi ai je besoin pour vivre ? mais vraiment ? En tant que peintre j\u2019ai besoin de mat\u00e9riel pour peindre et donc d\u2019un peu d\u2019argent pour l\u2019acheter. Il me faut me loger et me nourrir ensuite afin de ne pas me prendre la t\u00eate et de pouvoir continuer \u00e0 peindre. donc de montrer mon travail r\u00e9guli\u00e8rement et tenter de vendre mes tableaux. Il y a des p\u00e9riodes plus fastes que d\u2019autres mais elles sont rares \u00e9videmment ; Car acheter un tableau ce n\u2019est pas une distraction. C\u2019est acheter un morceau d\u2019\u00e2me et l\u2019emporter avec soi. Bien sur au d\u00e9but on se dit c\u2019est super j\u2019ai vendu un tableau . Les premiers ne sont pas chers ni pour l\u2019acheteur ni pour le peintre. Au fur et mesure du temps le peintre produit de plus en plus d\u2019\u0153uvres qui ne sont pas toujours vendues, mais c\u2019est bien son \u00e2me qui s\u2019\u00e9tale de toile en toile , il parait qu\u2019elle est infinie l\u2019\u00e2me, mais pas le peintre . De la mort avant l\u2019accomplissement de je ne sais quelle t\u00e2che \u00e0 mener \u00e0 bien. Mais il n\u2019y a rien \u00e0 mettre apr\u00e8s la mort si ce n\u2019est encore de la distraction. C\u00e9sar Pavese a \u00e9crit « la mort viendra et elle aura tes yeux, » je pense que s\u2019il avait vieilli un peu plus il aurait sans doute supprim\u00e9 le « elle aura tes yeux. » De quoi ai je besoin pour vivre ? De lucidit\u00e9 me dis-je \u00e0 20 ans , de na\u00efvet\u00e9 \u00e0 40 ans .. de presque rien c’est l\u2019\u00e9tape d\u2019aujourd\u2019hui. Le renoncement qui est une des variantes de la mort devrait \u00e9galement \u00eatre consid\u00e9r\u00e9 comme une gr\u00e2ce qui comme tout le monde ne le sait pas ne se cherche pas mais nous tombe dessus comme l\u2019ennui. Juste un peu de temps, de la tranquillit\u00e9, et de l\u2019envie autant dire le plus luxueux rien que cela.<\/p>", "content_text": " Dans les p\u00e9riodes difficiles il est n\u00e9cessaire de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce dont on a vraiment besoin pour vivre. Tant d\u2019\u00e9l\u00e9ments perturbateurs ne sont autour de soi que pour nous distraire, mais de quoi ? La distraction est un mot d\u2019ordre, une sorte d\u2019hypnose collective qui enrichit certains pendant qu\u2019elle en appauvrit d\u2019autres. De quoi voulons nous tant nous distraire ? Cette question ressass\u00e9e mille fois n\u2019a que peu de r\u00e9ponses. Et si c\u2019\u00e9tait l\u2019\u00e9chec et la mort et toutes leurs variantes. De l\u2019\u00e9chec car dans ce monde ou seule la r\u00e9ussite prime celui ci est devenu incompr\u00e9hensible. Et pourtant ceux qui r\u00e9ussissent sont ceux qui ont eu le plus d\u2019\u00e9checs, on \u00e9vite de trop y penser. Il serait int\u00e9ressant de r\u00e9habiliter la notion d\u2019\u00e9chec dans tous les domaines de notre vie, et ceux qui exercent une activit\u00e9 artistique soutenue devrait l\u2019accueillir en ami plus qu\u2019en ennemi. De la mort car nous pensons qu\u2019elle est la fin de tout, c\u2019est une insulte larv\u00e9e \u00e0 notre intelligence qui nous annule, nous biffe, nous raye de la carte de l\u2019existant vers un je ne sais quel n\u00e9ant . Ces deux choses dont on veut \u00e0 tout prix nous distraire, il devrait exister des \u00e9coles nouvelles ou elles seraient inscrites d\u00e9s le plus jeune age dans les programmes. Oui nous \u00e9chouons et oui nous mourrons. Regarder la t\u00e9l\u00e9 ou s\u2019enfiler des litres de bi\u00e8res ne changera rien \u00e0 cela. Alors comment aborder notre vie une fois cette chose \u00e9tablie ? De quoi ai je besoin pour vivre ? mais vraiment ? En tant que peintre j\u2019ai besoin de mat\u00e9riel pour peindre et donc d\u2019un peu d\u2019argent pour l\u2019acheter. Il me faut me loger et me nourrir ensuite afin de ne pas me prendre la t\u00eate et de pouvoir continuer \u00e0 peindre. donc de montrer mon travail r\u00e9guli\u00e8rement et tenter de vendre mes tableaux. Il y a des p\u00e9riodes plus fastes que d\u2019autres mais elles sont rares \u00e9videmment; Car acheter un tableau ce n\u2019est pas une distraction. C\u2019est acheter un morceau d\u2019\u00e2me et l\u2019emporter avec soi. Bien sur au d\u00e9but on se dit c\u2019est super j\u2019ai vendu un tableau . Les premiers ne sont pas chers ni pour l\u2019acheteur ni pour le peintre. Au fur et mesure du temps le peintre produit de plus en plus d\u2019\u0153uvres qui ne sont pas toujours vendues, mais c\u2019est bien son \u00e2me qui s\u2019\u00e9tale de toile en toile , il parait qu\u2019elle est infinie l\u2019\u00e2me, mais pas le peintre . De la mort avant l\u2019accomplissement de je ne sais quelle t\u00e2che \u00e0 mener \u00e0 bien. Mais il n\u2019y a rien \u00e0 mettre apr\u00e8s la mort si ce n\u2019est encore de la distraction. C\u00e9sar Pavese a \u00e9crit \u00ab la mort viendra et elle aura tes yeux, \u00bb je pense que s\u2019il avait vieilli un peu plus il aurait sans doute supprim\u00e9 le \u00ab elle aura tes yeux. \u00bb De quoi ai je besoin pour vivre ? De lucidit\u00e9 me dis-je \u00e0 20 ans , de na\u00efvet\u00e9 \u00e0 40 ans .. de presque rien c'est l\u2019\u00e9tape d\u2019aujourd\u2019hui. Le renoncement qui est une des variantes de la mort devrait \u00e9galement \u00eatre consid\u00e9r\u00e9 comme une gr\u00e2ce qui comme tout le monde ne le sait pas ne se cherche pas mais nous tombe dessus comme l\u2019ennui. Juste un peu de temps, de la tranquillit\u00e9, et de l\u2019envie autant dire le plus luxueux rien que cela. 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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

On entend tout un tas de bruits divers, des caqu\u00e8tements, des p\u00e9piements, des gazouillis, des feulements feutr\u00e9s et des sifflements chichiteux sans oublier le vrombissement des insectes de tout acabit. Nous sommes en for\u00eat et l\u2019odeur de d\u00e9composition monte du sol, s\u2019insinue dans le tissus de nos v\u00eatements jusqu\u2019\u00e0 notre peau. Une tr\u00e8s grande activit\u00e9 r\u00e8gne ici, \u00e7a ne rigole pas, \u00e0 chaque instant quelqu\u2019un est d\u00e9vor\u00e9 ou d\u00e9vore l\u2019autre. Je suis avec mon ami T. et nous cheminons sur un sentier envahi par la v\u00e9g\u00e9tation. C\u2019est \u00e9pais, touffu, inextricable, gordien. Je l\u2019observe. Il n\u2019est pas bien gros, agile, et son regard est \u00e9tonnant car il ressemble \u00e0 celui de mon chat lorsque il fait semblant de roupiller. Il a l\u2019air de lire mes pens\u00e9es car en tranchant une liane d\u2019un coup sec et pr\u00e9cis il m\u2019annonce :-Dans la for\u00eat il ne faut rien regarder trop longtemps, sinon tu meurs. D\u00e9brouille toi avec \u00e7a me dis je \u2026 Et nous progressons encore plus loin, plus profond\u00e9ment dans le sous bois.
\nEn arrivant au campement dans une petite clairi\u00e8re nimb\u00e9e d\u2019une lumi\u00e8re glauque. T. m\u2019explique : « Quand tu es en train de chasser il faut faire attention de ne pas \u00eatre hypnotis\u00e9 par ton envie d\u2019avoir une proie. Il faut rester \u00e9veill\u00e9 \u00e0 tout ce qui se passe autour de toi. En for\u00eat le point fixe est comme une toile d\u2019araign\u00e9e dans laquelle la mouche se prend. Un pr\u00e9dateur est hypnotis\u00e9 par cette envie de bouffer sa proie.. du coup il ne sait pas qu\u2019un pr\u00e9dateur plus gros que lui est en train de le guetter \u2026 et c\u2019est ainsi du bas de la cha\u00eene alimentaire jusqu\u2019au sommet. La technique est donc d\u2019agrandir son champ de vision en plongeant dans un \u00e9tat de r\u00eave. C\u2019est le mental qui est le donneur d\u2019ordre des points fixes. R\u00eaver apaise le mental qui se retire et laisse la place \u00e0 l\u2019instinct si l\u2019on peut dire \u00e7a. Pour avancer dans la for\u00eat il faut juste conserver l\u2019intention d\u2019aller quelque part et s\u2019en souvenir dans le r\u00eave. Cela demande un peu d\u2019entrainement, mais tu n\u2019es pas plus idiot qu\u2019un autre tu devrais y arriver un jour. » Puis nous allum\u00e8rent des cigarettes et l\u2019odeur de d\u00e9composition disparue soudain comme par enchantement. J\u2019eus l\u2019impression qu\u2019une symphonie de chants, de cris, de craquements et de bruissements d\u2019ailes saluait la fin du jour. Il \u00e9tait temps de dormir enfin apr\u00e8s cette journ\u00e9e \u00e9tonnante.<\/p>", "content_text": "On entend tout un tas de bruits divers, des caqu\u00e8tements, des p\u00e9piements, des gazouillis, des feulements feutr\u00e9s et des sifflements chichiteux sans oublier le vrombissement des insectes de tout acabit. Nous sommes en for\u00eat et l\u2019odeur de d\u00e9composition monte du sol, s\u2019insinue dans le tissus de nos v\u00eatements jusqu\u2019\u00e0 notre peau. Une tr\u00e8s grande activit\u00e9 r\u00e8gne ici, \u00e7a ne rigole pas, \u00e0 chaque instant quelqu\u2019un est d\u00e9vor\u00e9 ou d\u00e9vore l\u2019autre. Je suis avec mon ami T. et nous cheminons sur un sentier envahi par la v\u00e9g\u00e9tation. C\u2019est \u00e9pais, touffu, inextricable, gordien. Je l\u2019observe. Il n\u2019est pas bien gros, agile, et son regard est \u00e9tonnant car il ressemble \u00e0 celui de mon chat lorsque il fait semblant de roupiller. Il a l\u2019air de lire mes pens\u00e9es car en tranchant une liane d\u2019un coup sec et pr\u00e9cis il m\u2019annonce :-Dans la for\u00eat il ne faut rien regarder trop longtemps, sinon tu meurs. D\u00e9brouille toi avec \u00e7a me dis je \u2026 Et nous progressons encore plus loin, plus profond\u00e9ment dans le sous bois. En arrivant au campement dans une petite clairi\u00e8re nimb\u00e9e d\u2019une lumi\u00e8re glauque. T. m\u2019explique : \u00ab Quand tu es en train de chasser il faut faire attention de ne pas \u00eatre hypnotis\u00e9 par ton envie d\u2019avoir une proie. Il faut rester \u00e9veill\u00e9 \u00e0 tout ce qui se passe autour de toi. En for\u00eat le point fixe est comme une toile d\u2019araign\u00e9e dans laquelle la mouche se prend. Un pr\u00e9dateur est hypnotis\u00e9 par cette envie de bouffer sa proie.. du coup il ne sait pas qu\u2019un pr\u00e9dateur plus gros que lui est en train de le guetter \u2026 et c\u2019est ainsi du bas de la cha\u00eene alimentaire jusqu\u2019au sommet. La technique est donc d\u2019agrandir son champ de vision en plongeant dans un \u00e9tat de r\u00eave. C\u2019est le mental qui est le donneur d\u2019ordre des points fixes. R\u00eaver apaise le mental qui se retire et laisse la place \u00e0 l\u2019instinct si l\u2019on peut dire \u00e7a. Pour avancer dans la for\u00eat il faut juste conserver l\u2019intention d\u2019aller quelque part et s\u2019en souvenir dans le r\u00eave. Cela demande un peu d\u2019entrainement, mais tu n\u2019es pas plus idiot qu\u2019un autre tu devrais y arriver un jour. \u00bb Puis nous allum\u00e8rent des cigarettes et l\u2019odeur de d\u00e9composition disparue soudain comme par enchantement. J\u2019eus l\u2019impression qu\u2019une symphonie de chants, de cris, de craquements et de bruissements d\u2019ailes saluait la fin du jour. Il \u00e9tait temps de dormir enfin apr\u00e8s cette journ\u00e9e \u00e9tonnante. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/listen_in_the_flowers.jpg?1748065225", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/04-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/04-septembre-2018.html", "title": "04 septembre 2018", "date_published": "2018-09-04T04:38:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Il y a des paysages, des personnages qui n\u2019attendent que toi pour exister.<\/p>\n

Tout le monde s\u2019agite et ne regarde plus. Les murs ce ne sont que des murs.<\/p>", "content_text": " Il y a des paysages, des personnages qui n\u2019attendent que toi pour exister. Tout le monde s\u2019agite et ne regarde plus. Les murs ce ne sont que des murs. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/mur1.jpg?1748065206", "tags": ["Murs"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/03-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/03-septembre-2018.html", "title": "03 septembre 2018", "date_published": "2018-09-03T04:34:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Dire \u00e0 quelqu\u2019un que ce qu\u2019il peint est super alors que lui m\u00eame n\u2019en est pas convaincu c\u2019est entrer en conflit avec l\u2019int\u00e9grit\u00e9 de cette personne. En revanche dire \u00e0 quelqu\u2019un que ce qu\u2019il peint t\u2019inspire l\u2019envie de manger du chocolat et ce faisant tu prends un petit carr\u00e9 et tu l\u2019avales avec une petite lueur taquine dans l\u2019\u0153il , c\u2019est bien plus \u00e9l\u00e9gant. C\u2019est la m\u00e9thode qu\u2019utilisait Milton Erickson dans ses entretiens avec ses patients. Il utilisait des phrases ou des actes de d\u00e9potentialisation<\/i> afin d\u2019interf\u00e9rer avec le sch\u00e9ma mental de son interlocuteur. Georges Marchais \u00e9tait un as dans son genre aussi pour d\u00e9router Elkabbach lors de ses interviews explosives. Dans ce processus on joue avec le conscient et l\u2019inconscient en m\u00eame temps. L\u2019astuce du carr\u00e9 du chocolat est un exemple parmi d\u2019autres.. l\u2019id\u00e9e \u00e9tant dans mon propos de d\u00e9router l\u2019attention vers un objet insolite sans ab\u00eemer l\u2019int\u00e9grit\u00e9 de l\u2019autre. Lorsque j\u2019enseigne le dessin et la peinture je mange rarement du chocolat. Par contre je parle de tout et de rien, souvent de sujets en d\u00e9cal\u00e9 qui accrochent le conscient de mes \u00e9l\u00e8ves plus ou moins. Ou alors je propose soudain de boire un caf\u00e9, un th\u00e9.. ou encore je prends des attitudes bizarres en m\u2019asseyant, en me levant, je joue avec leur attention de cette fa\u00e7on afin que l\u2019acte de peindre s\u2019\u00e9loigne du contr\u00f4le de la pens\u00e9e. Parfois je met de la musique et je joue sur le volume \u2026
\nD\u00e9router l\u2019attention pour qu\u2019elle laisse l\u2019inconscient s\u2019exprimer dans la peinture. Proposer des exercices r\u00e9p\u00e9titifs puis soudain introduire une contrainte suppl\u00e9mentaire. Proposer la contrainte de n\u2019utiliser que deux couleurs et soudain dire que les deux couleurs peuvent se m\u00e9langer\u2026 laisser la phrase en suspens\u2026 aller chercher le caf\u00e9.. Ah au fait tu peux aussi mettre du blanc j\u2019ai oubli\u00e9 de le dire .. J\u2019ai perdu pas mal d\u2019\u00e9l\u00e8ves avec cette fa\u00e7on de faire c\u2019est vrai. Peut-\u00eatre que je ne trouvais pas les bonnes clefs, les bonnes phrases, les bons gestes\u2026je n\u2019allais pas me contenter de leur apprendre la peinture, c\u2019est si peu de chose. Je cherchais une p\u00e9dagogie qui puisse allier \u00e0 la fois la connaissance technique et autre chose, cet autre chose par laquelle le vrai travail de peinture commence. Les gens qui sont partis \u00e9taient des touristes je crois. Ceux qui sont rest\u00e9s se font une joie de m\u2019apporter leurs travaux chaque semaine. Ils travaillent chez eux parce qu\u2019ils ont trouv\u00e9 l\u2019envie de peindre. Et bien sur nous prenons un caf\u00e9, le th\u00e9 pendant que je commente les travaux.<\/p>", "content_text": "Dire \u00e0 quelqu\u2019un que ce qu\u2019il peint est super alors que lui m\u00eame n\u2019en est pas convaincu c\u2019est entrer en conflit avec l\u2019int\u00e9grit\u00e9 de cette personne. En revanche dire \u00e0 quelqu\u2019un que ce qu\u2019il peint t\u2019inspire l\u2019envie de manger du chocolat et ce faisant tu prends un petit carr\u00e9 et tu l\u2019avales avec une petite lueur taquine dans l\u2019\u0153il , c\u2019est bien plus \u00e9l\u00e9gant. C\u2019est la m\u00e9thode qu\u2019utilisait Milton Erickson dans ses entretiens avec ses patients. Il utilisait des phrases ou des actes de {d\u00e9potentialisation} afin d\u2019interf\u00e9rer avec le sch\u00e9ma mental de son interlocuteur. Georges Marchais \u00e9tait un as dans son genre aussi pour d\u00e9router Elkabbach lors de ses interviews explosives. Dans ce processus on joue avec le conscient et l\u2019inconscient en m\u00eame temps. L\u2019astuce du carr\u00e9 du chocolat est un exemple parmi d\u2019autres.. l\u2019id\u00e9e \u00e9tant dans mon propos de d\u00e9router l\u2019attention vers un objet insolite sans ab\u00eemer l\u2019int\u00e9grit\u00e9 de l\u2019autre. Lorsque j\u2019enseigne le dessin et la peinture je mange rarement du chocolat. Par contre je parle de tout et de rien, souvent de sujets en d\u00e9cal\u00e9 qui accrochent le conscient de mes \u00e9l\u00e8ves plus ou moins. Ou alors je propose soudain de boire un caf\u00e9, un th\u00e9.. ou encore je prends des attitudes bizarres en m\u2019asseyant, en me levant, je joue avec leur attention de cette fa\u00e7on afin que l\u2019acte de peindre s\u2019\u00e9loigne du contr\u00f4le de la pens\u00e9e. Parfois je met de la musique et je joue sur le volume \u2026 D\u00e9router l\u2019attention pour qu\u2019elle laisse l\u2019inconscient s\u2019exprimer dans la peinture. Proposer des exercices r\u00e9p\u00e9titifs puis soudain introduire une contrainte suppl\u00e9mentaire. Proposer la contrainte de n\u2019utiliser que deux couleurs et soudain dire que les deux couleurs peuvent se m\u00e9langer\u2026 laisser la phrase en suspens\u2026 aller chercher le caf\u00e9.. Ah au fait tu peux aussi mettre du blanc j\u2019ai oubli\u00e9 de le dire .. J\u2019ai perdu pas mal d\u2019\u00e9l\u00e8ves avec cette fa\u00e7on de faire c\u2019est vrai. Peut-\u00eatre que je ne trouvais pas les bonnes clefs, les bonnes phrases, les bons gestes\u2026je n\u2019allais pas me contenter de leur apprendre la peinture, c\u2019est si peu de chose. Je cherchais une p\u00e9dagogie qui puisse allier \u00e0 la fois la connaissance technique et autre chose, cet autre chose par laquelle le vrai travail de peinture commence. Les gens qui sont partis \u00e9taient des touristes je crois. Ceux qui sont rest\u00e9s se font une joie de m\u2019apporter leurs travaux chaque semaine. Ils travaillent chez eux parce qu\u2019ils ont trouv\u00e9 l\u2019envie de peindre. Et bien sur nous prenons un caf\u00e9, le th\u00e9 pendant que je commente les travaux. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/fusain.jpg?1748065069", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/02-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/02-septembre-2018.html", "title": "02 septembre 2018", "date_published": "2018-09-02T04:21:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Dans le fond \u00e7a pourrait \u00eatre une d\u00e9marche solitaire. Je m\u2019assi\u00e9rais sur une pierre un matin et j\u2019attendrais que \u00e7a me vienne. Possible que la journ\u00e9e n\u2019y suffise pas, pas m\u00eame plusieurs, ni les nuits qui les accompagnent.
\nPourtant j\u2019ai d\u00e9j\u00e0 un nom. Mes parents me l\u2019ont donn\u00e9 \u00e0 ma naissance. Alors en quoi devenir peintre serait il associ\u00e9 \u00e0 un changement de nom ? Je me suis habitu\u00e9 \u00e0 la sonorit\u00e9 de ce nom d\u00e9sormais m\u00eame si cela n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 facile au d\u00e9but. Carlos Castaneda n\u2019a jamais chang\u00e9 de nom et semble avoir beaucoup brouill\u00e9 les pistes tant sur l\u2019ann\u00e9e et le lieux de sa naissance que sur l\u2019ensemble de sa biographie. Avait il d\u00e9j\u00e0 compris que ce n\u2019\u00e9tait pas le nom qui \u00e9tait important mais la l\u00e9gende qui s\u2019y attachait. Il n\u2019\u00e9tait pas sp\u00e9cialement mondain et ne devait pas rechercher \u00e0 se faire mousser particuli\u00e8rement. Peu d\u2019apparition publiques, et m\u00eame son d\u00e9c\u00e8s demeure emprunt de myst\u00e8re. Apr\u00e8s avoir relat\u00e9 ou fabriqu\u00e9 son aventure avec le vieux sorcier Yaqui dans ses ouvrages, peut-\u00eatre s\u2019est il rendu compte de la position sibylline qu\u2019occupe tout narrateur. Je est un autre ne pouvait pas \u00eatre mieux compris et m\u00eame d\u00e9velopp\u00e9 tout au long de son r\u00e9cit passionnant autour de la r\u00e9alit\u00e9, des r\u00e9alit\u00e9s environnantes. Le tonal et le nagual, termes qu\u2019il explique \u00e0 plusieurs reprises nous mettent sur la voie. Dans le tonal m\u00eame Dieu y est compris. Ce serait comme la nappe d\u2019une table et tous les objets pos\u00e9s sur celle ci.. Dieu, l\u2019univers, c\u2019est la nappe. Le nagual est tout ce qui entoure cette table. Il est invisible et nous ne pouvons y avoir acc\u00e8s que par de profondes modifications de conscience. Sa logique est proche de la m\u00e9canique quantique et m\u00eame plus affolante encore car m\u00eame la m\u00e9canique quantique appartient au tonal. Changer de nom ne fait pas traverser le tonal. Raconter sa vie la met \u00e0 distance. La vivre en ne croyant rien d\u2019acquis et en exp\u00e9rimentant par soi-m\u00eame les choses demande une impeccabilit\u00e9 qu\u2019on ne saurait partager. Dans le fond c\u2019est pas changer de nom l\u2019important c\u2019est pas de mentir le plus important , c\u2019est de rester impeccable au fond de soi comme un guerrier, une guerri\u00e8re pr\u00eat \u00e0 tout moment \u00e0 tout quitter pour traverser la porte.<\/p>\n

Il n\u2019est pas rare que les plus grands ma\u00eetres fassent le clown parfois consciemment et souvent inconsciemment. Ce qui d\u00e9stabilise leurs \u00e9l\u00e8ves qui, au bout de tant d\u2019efforts s\u2019attendent au pire \u00e0 un peu de compassion, au mieux \u00e0 une certaine reconnaissance. Mais non. Le rire du ma\u00eetre d\u00e9coiffe l\u2019\u00e9l\u00e8ve, le chauffe \u00e0 blanc avant de le laisser retomber dans un \u00e9tat atonique. Il y a longtemps que je ne me suis rendu au cirque d\u2019hiver \u00e0 Paris. La derni\u00e8re fois ce devait \u00eatre dans les ann\u00e9es 80 \u00e0 l\u2019occasion d\u2019interview de clowns que je r\u00e9alisais en vue d\u2019aider un ami. La figure de l\u2019Auguste me passionnait, et sans doute encore jeune, m\u2019allait elle comme un gant. Peut-\u00eatre aurez vous l\u2019occasion de tomber sur un tout petit livre d\u2019Henri Miller qui a pour titre » Le sourire au pied de l\u2019\u00e9chelle ». Si vous passez devant ne le ratez pas ! il y a vraiment l\u2019essentiel. L\u2019auguste tombe, se rel\u00e8ve, retombe, commet gaffe sur gaffe en se faisant reprendre par Monsieur Loyal et \u00e0 chaque fois c\u2019est de nous, public, que le rire fuse.. Il s\u2019en fout l\u2019auguste il continue \u00e0 faire ses erreurs, voire m\u00eame \u00e0 proportion de la f\u00e9rocit\u00e9 des rires il en comment encore plus. Lorsque le spectacle s\u2019ach\u00e8ve, que nous sortons dehors, la nuit est l\u00e0, je me souviens d\u2019un parfum de marrons grill\u00e9s qui flotte dans l\u2019air sans doute arrivant de la Bastille et remontant le boulevard des Filles du Calvaire. Peu de circulation, les caf\u00e9s sont d\u00e9peupl\u00e9s. Et du coup mon ami et moi \u00e9prouvons une sorte de soulagement. Toute la violence que nous avions avant d\u2019entrer au spectacle, cette \u00e9nergie brute de la jeunesse semble s\u2019\u00eatre dissip\u00e9e avec nos rires.
\nNous sommes paisibles et nous rentrons \u00e0 pied silencieusement pour ne pas perdre cette sensation rare.En marchant je me demandais le but de tout cela. Pourquoi les clowns, les augustes, ont ils pour vocation de nous d\u00e9barrasser de notre rire \u2026 Quelques jours plus tard j\u2019avais rendez vous avec Annie Fratellini dans son \u00e9cole de cirque \u00e0 la Villette. Je ne sais ce qui m\u2019a pris mais \u00e0 peine discutions nous depuis quelques minutes, je bouillonnais :<\/p>\n

\u2013<\/b><\/span> « Annie ne croyez vous pas que les moines zen et les clowns suivent une voie semblable ? »<\/p>\n

A son regard j\u2019ai compris que j\u2019avais touch\u00e9 une corde sensible chez elle. Elle opina du chef en disant oui \u00e7a se pourrait bien et puis je la quittais rapidement pour nous d\u00e9barrasser de cette g\u00e8ne qui s\u2019\u00e9tait install\u00e9e.<\/p>\n

Il n\u2019y avait rien d\u2019autre \u00e0 dire une fois ce constat \u00e9tabli. Parfois mon travail de peintre me rappelle celui d\u2019Auguste, tous ces ratages, ces \u00e9checs, ces demi r\u00e9ussites\u2026 l\u2019autre jour dans une exposition, deux dames sont entr\u00e9es et se sont mises \u00e0 voir des bestioles dans mes toiles :<\/p>\n

\u2013<\/b><\/span> oh c\u2019est rigolo on dirait un \u00e2ne<\/p>\n

\u2013<\/b><\/span> non moi je vois plut\u00f4t un boeuf<\/p>\n

Et alors j\u2019ai enfin compris et n\u2019ai pu qu\u2019esquisser un sourire.<\/p>", "content_text": "Dans le fond \u00e7a pourrait \u00eatre une d\u00e9marche solitaire. Je m\u2019assi\u00e9rais sur une pierre un matin et j\u2019attendrais que \u00e7a me vienne. Possible que la journ\u00e9e n\u2019y suffise pas, pas m\u00eame plusieurs, ni les nuits qui les accompagnent. Pourtant j\u2019ai d\u00e9j\u00e0 un nom. Mes parents me l\u2019ont donn\u00e9 \u00e0 ma naissance. Alors en quoi devenir peintre serait il associ\u00e9 \u00e0 un changement de nom ? Je me suis habitu\u00e9 \u00e0 la sonorit\u00e9 de ce nom d\u00e9sormais m\u00eame si cela n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 facile au d\u00e9but. Carlos Castaneda n\u2019a jamais chang\u00e9 de nom et semble avoir beaucoup brouill\u00e9 les pistes tant sur l\u2019ann\u00e9e et le lieux de sa naissance que sur l\u2019ensemble de sa biographie. Avait il d\u00e9j\u00e0 compris que ce n\u2019\u00e9tait pas le nom qui \u00e9tait important mais la l\u00e9gende qui s\u2019y attachait. Il n\u2019\u00e9tait pas sp\u00e9cialement mondain et ne devait pas rechercher \u00e0 se faire mousser particuli\u00e8rement. Peu d\u2019apparition publiques, et m\u00eame son d\u00e9c\u00e8s demeure emprunt de myst\u00e8re. Apr\u00e8s avoir relat\u00e9 ou fabriqu\u00e9 son aventure avec le vieux sorcier Yaqui dans ses ouvrages, peut-\u00eatre s\u2019est il rendu compte de la position sibylline qu\u2019occupe tout narrateur. Je est un autre ne pouvait pas \u00eatre mieux compris et m\u00eame d\u00e9velopp\u00e9 tout au long de son r\u00e9cit passionnant autour de la r\u00e9alit\u00e9, des r\u00e9alit\u00e9s environnantes. Le tonal et le nagual, termes qu\u2019il explique \u00e0 plusieurs reprises nous mettent sur la voie. Dans le tonal m\u00eame Dieu y est compris. Ce serait comme la nappe d\u2019une table et tous les objets pos\u00e9s sur celle ci.. Dieu, l\u2019univers, c\u2019est la nappe. Le nagual est tout ce qui entoure cette table. Il est invisible et nous ne pouvons y avoir acc\u00e8s que par de profondes modifications de conscience. Sa logique est proche de la m\u00e9canique quantique et m\u00eame plus affolante encore car m\u00eame la m\u00e9canique quantique appartient au tonal. Changer de nom ne fait pas traverser le tonal. Raconter sa vie la met \u00e0 distance. La vivre en ne croyant rien d\u2019acquis et en exp\u00e9rimentant par soi-m\u00eame les choses demande une impeccabilit\u00e9 qu\u2019on ne saurait partager. Dans le fond c\u2019est pas changer de nom l\u2019important c\u2019est pas de mentir le plus important , c\u2019est de rester impeccable au fond de soi comme un guerrier, une guerri\u00e8re pr\u00eat \u00e0 tout moment \u00e0 tout quitter pour traverser la porte. Il n\u2019est pas rare que les plus grands ma\u00eetres fassent le clown parfois consciemment et souvent inconsciemment. Ce qui d\u00e9stabilise leurs \u00e9l\u00e8ves qui, au bout de tant d\u2019efforts s\u2019attendent au pire \u00e0 un peu de compassion, au mieux \u00e0 une certaine reconnaissance. Mais non. Le rire du ma\u00eetre d\u00e9coiffe l\u2019\u00e9l\u00e8ve, le chauffe \u00e0 blanc avant de le laisser retomber dans un \u00e9tat atonique. Il y a longtemps que je ne me suis rendu au cirque d\u2019hiver \u00e0 Paris. La derni\u00e8re fois ce devait \u00eatre dans les ann\u00e9es 80 \u00e0 l\u2019occasion d\u2019interview de clowns que je r\u00e9alisais en vue d\u2019aider un ami. La figure de l\u2019Auguste me passionnait, et sans doute encore jeune, m\u2019allait elle comme un gant. Peut-\u00eatre aurez vous l\u2019occasion de tomber sur un tout petit livre d\u2019Henri Miller qui a pour titre \u00bb Le sourire au pied de l\u2019\u00e9chelle \u00bb. Si vous passez devant ne le ratez pas ! il y a vraiment l\u2019essentiel. L\u2019auguste tombe, se rel\u00e8ve, retombe, commet gaffe sur gaffe en se faisant reprendre par Monsieur Loyal et \u00e0 chaque fois c\u2019est de nous, public, que le rire fuse.. Il s\u2019en fout l\u2019auguste il continue \u00e0 faire ses erreurs, voire m\u00eame \u00e0 proportion de la f\u00e9rocit\u00e9 des rires il en comment encore plus. Lorsque le spectacle s\u2019ach\u00e8ve, que nous sortons dehors, la nuit est l\u00e0, je me souviens d\u2019un parfum de marrons grill\u00e9s qui flotte dans l\u2019air sans doute arrivant de la Bastille et remontant le boulevard des Filles du Calvaire. Peu de circulation, les caf\u00e9s sont d\u00e9peupl\u00e9s. Et du coup mon ami et moi \u00e9prouvons une sorte de soulagement. Toute la violence que nous avions avant d\u2019entrer au spectacle, cette \u00e9nergie brute de la jeunesse semble s\u2019\u00eatre dissip\u00e9e avec nos rires. Nous sommes paisibles et nous rentrons \u00e0 pied silencieusement pour ne pas perdre cette sensation rare.En marchant je me demandais le but de tout cela. Pourquoi les clowns, les augustes, ont ils pour vocation de nous d\u00e9barrasser de notre rire \u2026 Quelques jours plus tard j\u2019avais rendez vous avec Annie Fratellini dans son \u00e9cole de cirque \u00e0 la Villette. Je ne sais ce qui m\u2019a pris mais \u00e0 peine discutions nous depuis quelques minutes, je bouillonnais : -\u00ab Annie ne croyez vous pas que les moines zen et les clowns suivent une voie semblable ? \u00bb A son regard j\u2019ai compris que j\u2019avais touch\u00e9 une corde sensible chez elle. Elle opina du chef en disant oui \u00e7a se pourrait bien et puis je la quittais rapidement pour nous d\u00e9barrasser de cette g\u00e8ne qui s\u2019\u00e9tait install\u00e9e. Il n\u2019y avait rien d\u2019autre \u00e0 dire une fois ce constat \u00e9tabli. Parfois mon travail de peintre me rappelle celui d\u2019Auguste, tous ces ratages, ces \u00e9checs, ces demi r\u00e9ussites\u2026 l\u2019autre jour dans une exposition, deux dames sont entr\u00e9es et se sont mises \u00e0 voir des bestioles dans mes toiles : -oh c\u2019est rigolo on dirait un \u00e2ne -non moi je vois plut\u00f4t un boeuf Et alors j\u2019ai enfin compris et n\u2019ai pu qu\u2019esquisser un sourire. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/clown.jpg?1748065190", "tags": [] } ] }