{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/pourquoi-changer.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/pourquoi-changer.html", "title": "Pourquoi changer ?", "date_published": "2021-06-27T05:58:02Z", "date_modified": "2025-11-15T12:05:27Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

L’id\u00e9e de changer revient comme une ritournelle, tu sais c’est un peu cette chanson que l’on fredonne sans savoir vraiment pourquoi ni comment et qui finit par nous agacer au bout d’un certain temps. Tout ce qui est plus fort que soi est aga\u00e7ant n’est-ce pas ? Tout ce que l’on ne maitrise ni ne contr\u00f4le pas l’est souvent aussi. Cette agacement je crois qu’il provient du petit enfant que l’on conserve au fond de nous-m\u00eames, et qui soudain comprend que beaucoup de choses dans la vie le d\u00e9passent. Qu’il ne ma\u00eetrise ni ne contr\u00f4le pas grand-chose.<\/p>\n

Alors je peux me dire que c’est enfantin de vouloir changer. C’est \u00e0 dire que j’imagine gr\u00e2ce \u00e0 l’illusion du changement devenir un autre. Mais quel autre si ce n’est celui qui esp\u00e8re parvenir \u00e0 s’adapter, c’est \u00e0 dire \u00e0 ma\u00eetriser en toutes circonstances l’impact provoqu\u00e9 par les circonstances.<\/p>\n

Lorsque j’\u00e9tais gamin j’\u00e9tais fascin\u00e9 par l’eau. Y t’il quelque chose qui s’adapte mieux aux circonstances que celle-ci ? Et comment s’y prend t’elle ? C’\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 ce genre de question que je me posais lorsque j’allais m’asseoir au bord du Cher pour essayer de devenir un p\u00eacheur aussi habile que mon p\u00e8re.<\/p>\n

Je l’imaginais habile \u00e9videmment comment n’aurait-t ’il pas pu l’\u00eatre ?<\/p>\n

Par mim\u00e9tisme je m’effor\u00e7ais de m’extraire de quelque chose d\u00e9j\u00e0 pour me rendre vers un ailleurs imaginaire.<\/p>\n

Il me semble que si j’avais pu me filmer \u00e0 8 ou 9 ans en train de jeter ma ligne dans le fleuve j’aurais pu voir cette caricature \u00e0 la fois path\u00e9tique et \u00e9mouvante de ce petit gar\u00e7on effectuant des efforts insens\u00e9s pour devenir homme.<\/p>\n

Pas n’importe quel homme, le p\u00e8re.<\/p>\n

Le pouvoir et la fascination dans lesquels j’avais gliss\u00e9 avec une facilit\u00e9 d\u00e9concertante m’avait totalement d\u00e9concert\u00e9.<\/p>\n

Je n’\u00e9tais plus une m\u00e9lodie, mais une cacophonie.<\/p>\n

L’admiration, la haine, l’amour et la crainte formaient alors une sensation omnipr\u00e9sente de panique qui m’interdisait l’acc\u00e8s \u00e0 qui j’\u00e9tais. Tout mon \u00eatre s’\u00e9lan\u00e7ait alors vers ce d\u00e9sir de ressembler \u00e0 ce p\u00e8re tout en d\u00e9testant souvent le r\u00e9sultat que j’obtenais.<\/p>\n

Cela m’aga\u00e7ait beaucoup et d\u00e9clenchait aussi de formidables col\u00e8res contre le monde entier. Puis une fois la rage pass\u00e9e j’entrais alors dans une sorte de catatonie. Il me fallait m’enfouir dans un trou ou bien grimper au haut d’un arbre pour retrouver mes esprits.<\/p>\n

Le lieu commun se confondait avec un platitude infinie, qui souillait toute id\u00e9e d’horizon comme d’avenir . Au fond de moi lorsque je cherchais \u00e0 me distinguer au del\u00e0 de ce mod\u00e8le qu’imprimait mon p\u00e8re, je ne voyais rien. Et j’habillais ce rien d’oripeaux fantasques, abracadabrants lorsque parfois j’avais l’opportunit\u00e9 de prendre la parole.<\/p>\n

Pour attirer l’attention des autres sur ce rien qui semblait m’envahir comme une nuit. Une sorte d’appel au secours \u00e0 peine dissimul\u00e9 qui provoquait \u00e9videmment l’effet contraire. La fuite ou l’\u00e9vitement, la mise \u00e0 l’\u00e9cart.<\/p>\n

Cela se produisit tellement de fois dans dans cette enfance que peu \u00e0 peu l’\u00e9v\u00e8nement devint un os que je rongeais. Une obsession.<\/p>\n

Cette peur ou l’ennui que je provoquais chez les autres finalement je crois que je m’en nourrissais. C’\u00e9tait sans doute ma seule v\u00e9ritable nourriture pour fortifier cette vuln\u00e9rabilit\u00e9 que j’avais peu \u00e0 peu d\u00e9couverte.<\/p>\n

Rien n’\u00e9tait aussi intense \u00e0 cot\u00e9 de cette \u00e9motion qu’elle provoquait et qui me renvoyait \u00e0 une singularit\u00e9 impossible \u00e0 nommer.<\/p>\n

Cette singularit\u00e9 devint une sorte de compagnie je crois. Une confidente. Du rien dont elle \u00e9tait issue elle se m\u00e9tamorphosa sans m\u00eame que je ne m’en aper\u00e7oive en tout.<\/p>\n

Puis mon enfance s’acheva, et j’entrais tout aussi lamentablement dans l’adolescence. J’esp\u00e9rais beaucoup dans le coll\u00e8ge et la multiplicit\u00e9 des sources d’enseignement. L’espoir d’un nouveau monde me pr\u00e9occupa quelques semaines, peut-\u00eatre quelques mois en raison de la force d’inertie. Puis je compris que je n’avais \u00e9chapp\u00e9 \u00e0 Charybde que pour aller buter contre Scylla.<\/p>\n

La volont\u00e9 de ressembler \u00e0 mon p\u00e8re s’\u00e9vanouit doucement remplac\u00e9e par celle de ressembler \u00e0 d’autres, que ce soit des camarades ou des professeurs avec lesquels j’entretenais quelques affinit\u00e9s. J’empruntais leurs postures, leurs r\u00e9pliques, et jusqu’\u00e0 leurs mimiques \u00e0 seule fin de parvenir \u00e0 exister dans ce nouveau monde. Je m’\u00e9loignais encore de qui j’\u00e9tais pour devenir quelqu’un d’autre le temps de la journ\u00e9e d’\u00e9cole.<\/p>\n

Puis je rentrais et il me fallait toujours un espace temps particulier pour switcher du coll\u00e8ge \u00e0 la famille. Pour changer ce costume de coll\u00e9gien, en fils. J’avais saisi de plein fouet la notion de positionnement et de statut. Mais le probl\u00e8me \u00e9tait l’impossibilit\u00e9 d’effectuer des liens toujours avec ce rien au fond de moi. La singularit\u00e9 paraissait indiff\u00e9rente \u00e0 tous les efforts que j’essayais de faire pour m’int\u00e9grer dans ces diff\u00e9rents lieux et espaces. Et plus je faisais d’effort d’ailleurs plus il me semble que la pr\u00e9sence de cette singularit\u00e9 s’en trouvait comme renforc\u00e9e.<\/p>\n

Ce qui se traduisait \u00e0 nouveau par des col\u00e8res, des d\u00e9pressions, ou encore des fr\u00e9n\u00e9sies \u00e9tranges d’aller courir dans les bois les champs \u00e0 perdre haleine, de lectures boulimiques , ou encore m’allonger sur le lit de ma petite chambre en ne faisant plus attention qu’au seul fait de respirer pour tenter de me d\u00e9barrasser de l’incessant tourbillon mental qui m’accablait.<\/p>\n

Tout au long de ce processus je crois que j’ai \u00e9t\u00e9 obs\u00e9d\u00e9 par l’envie de changer, de pouvoir me d\u00e9barrasser de cette intuition terrifiante de n’\u00eatre rien. Une intuition aussi que cette intuition serait pr\u00e9monitoire. J’avais tellement la trouille d’\u00eatre ce rien qu’il ne pouvait \u00eatre qu’un d\u00e9sir que je ne parvenais pas \u00e0 assumer.<\/p>\n

Une sorte de fabrication imaginaire, une all\u00e9gorie ou une succession de m\u00e9taphores pour tenter d’ \u00e9chapper \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 de la vie et de la mort.<\/p>\n

L’id\u00e9e de changer devait \u00e0 peu de chose pr\u00e8s \u00eatre du m\u00eame acabit que cette barre de points de vie suppl\u00e9mentaires qui s’affiche au haut de l’\u00e9cran d’un jeu vid\u00e9o.<\/p>\n

Je pouvais changer plusieurs fois, ce n’\u00e9tait pas un souci tant que j’avais encore quelques petits c\u0153urs allum\u00e9s avant le Game over d\u00e9finitif.<\/p>\n

Evidemment on peut consid\u00e9rer que la vie est un r\u00eave ou un jeu. Une sorte d’abstraction. On peut trouver une issue en imaginant cela aussi. En s’en persuadant.<\/p>\n

Lorsqu’on est seul, il n’y a aucun probl\u00e8me.<\/p>\n

Les difficult\u00e9s viennent avec les autres et notamment ceux dont on finit par s’entourer et que l’on aime et que l’on entoure \u00e9galement d’attentions et de manifestations d’affections.<\/p>\n

Ces relations intimes s’attaquent directement \u00e0 cet espace temps an\u00e9anti que l’on porte pour toujours au fond de soi.<\/p>\n

Elles ne cessent de vouloir l’amadouer afin qu’on puisse l’oublier. Et cela fonctionne durant un temps.<\/p>\n

Puis il arrive que ce temps s’ach\u00e8ve. Le rien reprend possession de tous ses territoires \u00e0 l’occasion d’un changement d’hygrom\u00e9trie dans l’air, d’un nuage qui passe, d’un chat qui miaule.<\/p>\n

On se retrouve alors nez \u00e0 nez avec ce rien, avec cette singularit\u00e9 d’\u00eatre aussi vieux qu’H\u00e9rode par ses art\u00e8res aussi na\u00eff qu’un nouveau n\u00e9 par ses cris et ses larmes lorsqu’on lui refuse le sein.<\/p>\n

Alors on prend une nouvelle toile, celle que l’on a rat\u00e9 hier et on recommence.<\/p>\n

Peu importe qu’on r\u00e9ussisse cette fois ci ou pas \u00e0 affronter ce rien les yeux dans les yeux. Ce n’est pas une question de victoire.<\/p>\n

C’est seulement accepter d’\u00eatre en vie pendant que nous le sommes tels que nous sommes.<\/p>\n

\"\"<\/a>Golgotha Nouvelle version<\/p>", "content_text": "L'id\u00e9e de changer revient comme une ritournelle, tu sais c'est un peu cette chanson que l'on fredonne sans savoir vraiment pourquoi ni comment et qui finit par nous agacer au bout d'un certain temps. Tout ce qui est plus fort que soi est aga\u00e7ant n'est-ce pas ? Tout ce que l'on ne maitrise ni ne contr\u00f4le pas l'est souvent aussi. Cette agacement je crois qu'il provient du petit enfant que l'on conserve au fond de nous-m\u00eames, et qui soudain comprend que beaucoup de choses dans la vie le d\u00e9passent. Qu'il ne ma\u00eetrise ni ne contr\u00f4le pas grand-chose.\n\nAlors je peux me dire que c'est enfantin de vouloir changer. C'est \u00e0 dire que j'imagine gr\u00e2ce \u00e0 l'illusion du changement devenir un autre. Mais quel autre si ce n'est celui qui esp\u00e8re parvenir \u00e0 s'adapter, c'est \u00e0 dire \u00e0 ma\u00eetriser en toutes circonstances l'impact provoqu\u00e9 par les circonstances.\n\nLorsque j'\u00e9tais gamin j'\u00e9tais fascin\u00e9 par l'eau. Y t'il quelque chose qui s'adapte mieux aux circonstances que celle-ci ? Et comment s'y prend t'elle ? C'\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 ce genre de question que je me posais lorsque j'allais m'asseoir au bord du Cher pour essayer de devenir un p\u00eacheur aussi habile que mon p\u00e8re.\n\nJe l'imaginais habile \u00e9videmment comment n'aurait-t 'il pas pu l'\u00eatre ?\n\nPar mim\u00e9tisme je m'effor\u00e7ais de m'extraire de quelque chose d\u00e9j\u00e0 pour me rendre vers un ailleurs imaginaire.\n\nIl me semble que si j'avais pu me filmer \u00e0 8 ou 9 ans en train de jeter ma ligne dans le fleuve j'aurais pu voir cette caricature \u00e0 la fois path\u00e9tique et \u00e9mouvante de ce petit gar\u00e7on effectuant des efforts insens\u00e9s pour devenir homme.\n\nPas n'importe quel homme, le p\u00e8re.\n\nLe pouvoir et la fascination dans lesquels j'avais gliss\u00e9 avec une facilit\u00e9 d\u00e9concertante m'avait totalement d\u00e9concert\u00e9.\n\nJe n'\u00e9tais plus une m\u00e9lodie, mais une cacophonie.\n\nL'admiration, la haine, l'amour et la crainte formaient alors une sensation omnipr\u00e9sente de panique qui m'interdisait l'acc\u00e8s \u00e0 qui j'\u00e9tais. Tout mon \u00eatre s'\u00e9lan\u00e7ait alors vers ce d\u00e9sir de ressembler \u00e0 ce p\u00e8re tout en d\u00e9testant souvent le r\u00e9sultat que j'obtenais.\n\nCela m'aga\u00e7ait beaucoup et d\u00e9clenchait aussi de formidables col\u00e8res contre le monde entier. Puis une fois la rage pass\u00e9e j'entrais alors dans une sorte de catatonie. Il me fallait m'enfouir dans un trou ou bien grimper au haut d'un arbre pour retrouver mes esprits. \n\nLe lieu commun se confondait avec un platitude infinie, qui souillait toute id\u00e9e d'horizon comme d'avenir . Au fond de moi lorsque je cherchais \u00e0 me distinguer au del\u00e0 de ce mod\u00e8le qu'imprimait mon p\u00e8re, je ne voyais rien. Et j'habillais ce rien d'oripeaux fantasques, abracadabrants lorsque parfois j'avais l'opportunit\u00e9 de prendre la parole.\n\nPour attirer l'attention des autres sur ce rien qui semblait m'envahir comme une nuit. Une sorte d'appel au secours \u00e0 peine dissimul\u00e9 qui provoquait \u00e9videmment l'effet contraire. La fuite ou l'\u00e9vitement, la mise \u00e0 l'\u00e9cart.\n\nCela se produisit tellement de fois dans dans cette enfance que peu \u00e0 peu l'\u00e9v\u00e8nement devint un os que je rongeais. Une obsession. \n\nCette peur ou l'ennui que je provoquais chez les autres finalement je crois que je m'en nourrissais. C'\u00e9tait sans doute ma seule v\u00e9ritable nourriture pour fortifier cette vuln\u00e9rabilit\u00e9 que j'avais peu \u00e0 peu d\u00e9couverte.\n\nRien n'\u00e9tait aussi intense \u00e0 cot\u00e9 de cette \u00e9motion qu'elle provoquait et qui me renvoyait \u00e0 une singularit\u00e9 impossible \u00e0 nommer.\n\nCette singularit\u00e9 devint une sorte de compagnie je crois. Une confidente. Du rien dont elle \u00e9tait issue elle se m\u00e9tamorphosa sans m\u00eame que je ne m'en aper\u00e7oive en tout.\n\nPuis mon enfance s'acheva, et j'entrais tout aussi lamentablement dans l'adolescence. J'esp\u00e9rais beaucoup dans le coll\u00e8ge et la multiplicit\u00e9 des sources d'enseignement. L'espoir d'un nouveau monde me pr\u00e9occupa quelques semaines, peut-\u00eatre quelques mois en raison de la force d'inertie. Puis je compris que je n'avais \u00e9chapp\u00e9 \u00e0 Charybde que pour aller buter contre Scylla.\n\nLa volont\u00e9 de ressembler \u00e0 mon p\u00e8re s'\u00e9vanouit doucement remplac\u00e9e par celle de ressembler \u00e0 d'autres, que ce soit des camarades ou des professeurs avec lesquels j'entretenais quelques affinit\u00e9s. J'empruntais leurs postures, leurs r\u00e9pliques, et jusqu'\u00e0 leurs mimiques \u00e0 seule fin de parvenir \u00e0 exister dans ce nouveau monde. Je m'\u00e9loignais encore de qui j'\u00e9tais pour devenir quelqu'un d'autre le temps de la journ\u00e9e d'\u00e9cole.\n\nPuis je rentrais et il me fallait toujours un espace temps particulier pour switcher du coll\u00e8ge \u00e0 la famille. Pour changer ce costume de coll\u00e9gien, en fils. J'avais saisi de plein fouet la notion de positionnement et de statut. Mais le probl\u00e8me \u00e9tait l'impossibilit\u00e9 d'effectuer des liens toujours avec ce rien au fond de moi. La singularit\u00e9 paraissait indiff\u00e9rente \u00e0 tous les efforts que j'essayais de faire pour m'int\u00e9grer dans ces diff\u00e9rents lieux et espaces. Et plus je faisais d'effort d'ailleurs plus il me semble que la pr\u00e9sence de cette singularit\u00e9 s'en trouvait comme renforc\u00e9e.\n\nCe qui se traduisait \u00e0 nouveau par des col\u00e8res, des d\u00e9pressions, ou encore des fr\u00e9n\u00e9sies \u00e9tranges d'aller courir dans les bois les champs \u00e0 perdre haleine, de lectures boulimiques , ou encore m'allonger sur le lit de ma petite chambre en ne faisant plus attention qu'au seul fait de respirer pour tenter de me d\u00e9barrasser de l'incessant tourbillon mental qui m'accablait.\n\nTout au long de ce processus je crois que j'ai \u00e9t\u00e9 obs\u00e9d\u00e9 par l'envie de changer, de pouvoir me d\u00e9barrasser de cette intuition terrifiante de n'\u00eatre rien. Une intuition aussi que cette intuition serait pr\u00e9monitoire. J'avais tellement la trouille d'\u00eatre ce rien qu'il ne pouvait \u00eatre qu'un d\u00e9sir que je ne parvenais pas \u00e0 assumer. \n\nUne sorte de fabrication imaginaire, une all\u00e9gorie ou une succession de m\u00e9taphores pour tenter d' \u00e9chapper \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 de la vie et de la mort.\n\nL'id\u00e9e de changer devait \u00e0 peu de chose pr\u00e8s \u00eatre du m\u00eame acabit que cette barre de points de vie suppl\u00e9mentaires qui s'affiche au haut de l'\u00e9cran d'un jeu vid\u00e9o.\n\nJe pouvais changer plusieurs fois, ce n'\u00e9tait pas un souci tant que j'avais encore quelques petits c\u0153urs allum\u00e9s avant le Game over d\u00e9finitif.\n\nEvidemment on peut consid\u00e9rer que la vie est un r\u00eave ou un jeu. Une sorte d'abstraction. On peut trouver une issue en imaginant cela aussi. En s'en persuadant.\n\nLorsqu'on est seul, il n'y a aucun probl\u00e8me.\n\nLes difficult\u00e9s viennent avec les autres et notamment ceux dont on finit par s'entourer et que l'on aime et que l'on entoure \u00e9galement d'attentions et de manifestations d'affections.\n\nCes relations intimes s'attaquent directement \u00e0 cet espace temps an\u00e9anti que l'on porte pour toujours au fond de soi.\n\nElles ne cessent de vouloir l'amadouer afin qu'on puisse l'oublier. Et cela fonctionne durant un temps.\n\nPuis il arrive que ce temps s'ach\u00e8ve. Le rien reprend possession de tous ses territoires \u00e0 l'occasion d'un changement d'hygrom\u00e9trie dans l'air, d'un nuage qui passe, d'un chat qui miaule.\n\nOn se retrouve alors nez \u00e0 nez avec ce rien, avec cette singularit\u00e9 d'\u00eatre aussi vieux qu'H\u00e9rode par ses art\u00e8res aussi na\u00eff qu'un nouveau n\u00e9 par ses cris et ses larmes lorsqu'on lui refuse le sein.\n\nAlors on prend une nouvelle toile, celle que l'on a rat\u00e9 hier et on recommence.\n\nPeu importe qu'on r\u00e9ussisse cette fois ci ou pas \u00e0 affronter ce rien les yeux dans les yeux. 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Une pr\u00e9occupation de peintre : le beau <\/h2>\n

En tant que peintre \u00e9videmment la beaut\u00e9 est un sujet de pr\u00e9occupation.<\/p>\n

Une sorte de tarte \u00e0 la cr\u00e8me si je peux dire.<\/p>\n

Il y aurait quelque chose d’imp\u00e9rieux qui gouvernerait toutes les intentions du peintre afin de les ramener tant bien que mal \u00e0 une id\u00e9e de beau.<\/p>\n

La question que l’on pourrait alors se poser si on avait un tant soit peu de jugeotte c’est de savoir si le beau est une notion subjective ou objective ?<\/p>\n

Elle est un peu des deux \u00e0 mon avis lorsqu’on d\u00e9bute.<\/p>\n

Une confusion s’op\u00e8re entre le gout personnel et l’opinion g\u00e9n\u00e9rale concernant la beaut\u00e9 dans laquelle nous baignons en toute inconscience.<\/p>\n

Parvenir \u00e0 effectuer le distinguo, n’est certes pas une sin\u00e9cure.<\/p>\n

Le beau est t’il une d\u00e9cision ?<\/h2>\n

Et puis il faut une sacr\u00e9e dose de vanit\u00e9 aussi pour d\u00e9clarer quelque chose comme \"c’est beau parce que j’ai d\u00e9cid\u00e9 que ce l’est tout simplement\" et persister afin d’\u00e9prouver ce sentiment tr\u00e8s particulier : celui de vouloir avoir raison.<\/p>\n

Cette d\u00e9cision est le fruit d’un choix et de nombreux renoncements.<\/p>\n

Mais malgr\u00e9 tous les efforts \u00e0 produire pour y parvenir nul ne peut en garantir la r\u00e9alit\u00e9 pas plus que la v\u00e9racit\u00e9.<\/p>\n

C’est un \"beau empirique\".<\/p>\n

Et cela tombe bien car nous sommes d\u00e9sormais dans l’\u00e8re la plus empirique qu’il soit.<\/p>\n

Si les grecs se perdaient autrefois dans les m\u00e9andres de la philosophie et des math\u00e9matiques pour r\u00eaver d’harmonie, notamment en architecture on voit clairement d\u00e9sormais le r\u00e9sultat de cette formidable perte de temps.<\/p>\n

Y a t’il encore beaucoup de temples hell\u00e8nes vaillants ? La plupart ne sont plus que ruines plus ou moins bucoliques.<\/p>\n

Ce qui n’est pas le cas du Colis\u00e9e \u00e0 Rome apog\u00e9e si l’on veut d’un apprentissage \"\u00e0 la dure\" ou dans \"le vif\" du sujet.<\/p>\n

C’est qu’il y a une grande diff\u00e9rence entre ceux qui r\u00e9fl\u00e9chissent et qui au bout de longues r\u00e9flexions parfois agissent, et ceux qui font, subissent des \u00e9checs puis recommencent.<\/p>\n

Le beau chez les anciens <\/h2>\n

Ce qui est beau pour un romain est sans doute ce qui dure, ce qui est utile et se mesure \u00e0 la sueur de tous les fronts qui l’ont b\u00e2ti. Depuis le premier muret , la premi\u00e8re route d\u00e9partementale, en passant par les aqueducs petits moyens puis grands.<\/p>\n

Alors que pour un Grec le beau est du domaine des Id\u00e9es et la plupart du temps il y reste.<\/p>\n

Cela fait r\u00e9fl\u00e9chir sur l’apprentissage en g\u00e9n\u00e9ral et en peinture en particulier.<\/p>\n

Faut-il donc un dipl\u00f4me sanctionnant un parcours intellectuel la plupart du temps et tr\u00e8s peu de pratique ?<\/p>\n

Ou bien faut il l’intensit\u00e9 et la pers\u00e9v\u00e9rance, l’obstination de vouloir seulement s’exprimer ?<\/p>\n

L’id\u00e9al serait de poss\u00e9der les deux \u00e9videmment mais ce n’est jamais vraiment le cas.<\/p>\n

Ce que l’on gagne en savoir, en connaissance agit de fa\u00e7on inversement proportionnelle \u00e0 l’intensit\u00e9, \u00e0 l’\u00e9nergie que l’on doit d\u00e9ployer en toute ignorance pour parvenir \u00e0 ses fins.<\/p>\n

C’est sans doute la raison pour laquelle tellement de dipl\u00f4m\u00e9s des Beaux-arts entament une carri\u00e8re dans le marketing ou sur Youtube plut\u00f4t que de s’acharner devant une toile, une sculpture.<\/p>\n

Pour en revenir \u00e0 nos moutons <\/h2>\n

Vous me direz c’est int\u00e9ressant mais comment le beau devient-il le laid ? puisque tu le dis, puisque en quelque sorte tu l’as promis ... c’est que forc\u00e9ment tu as une id\u00e9e l\u00e0 dessus, non ?<\/p>\n

C’est vrai j’ai une id\u00e9e. Mais ne croyez pas que cette id\u00e9e apparaisse dans mon esprit d’une fa\u00e7on claire, une id\u00e9e n’apparait jamais ainsi, ou du moins ce qui s’avance en tant que tel n’est jamais une id\u00e9e int\u00e9ressante.<\/p>\n

C’est plut\u00f4t une couche superficielle d’\u00e9l\u00e9ments qui s’agglutinent \u00e0 la va vite pour masquer autre chose. Et il faut d’abord s’int\u00e9resser \u00e0 cette pellicule et la gratter avec un minimum de patience pour la crever et apercevoir enfin se qui se d\u00e9robe pour \u00eatre captur\u00e9.<\/p>\n

L’Id\u00e9e comme le Beau se d\u00e9robent.<\/p>\n

C’est la raison pour laquelle la plupart des gens restent attach\u00e9s \u00e0 une notion collective, rassurante, facile de ces ces deux notions.<\/p>\n

Le beau un lieu commun d’o\u00f9 surgit la laideur ?<\/h2>\n

On se rassemble ainsi dans les id\u00e9es comme dans une notion de beaut\u00e9 d’une \u00e9poque<\/p>\n

Cela ne serait pas bien grave apr\u00e8s tout, s’il n’y avait cette fichue manie de tout vouloir s’approprier pour soi.<\/p>\n

C’est mon id\u00e9e, Moi je trouve \u00e7a beau et puis \u00e7a laid.<\/p>\n

Comme on le dit encore dans certaines campagnes : \"la fille la plus belle du monde ne peut donner que ce qu’elle a.\"<\/p>\n

C’est \u00e0 dire que ces mots d’ordre de l’Id\u00e9e et du Beau si rassurants puissent ils \u00eatre, si attrayants par le confort dans lequel ils nous installent sont comme un sein.<\/p>\n

On peut les p\u00e9trir autant que l’on veut il n’en sortira pas une seule goutte de lait.<\/p>\n

La disparition du banal <\/h2>\n

C’est lorsque on se d\u00e9tourne du sein comme du mot d’ordre qu’une fissure s’op\u00e8re, que la mati\u00e8re s’\u00e9carte myst\u00e9rieusement. C’est du plus profond de l’ennui et de l’\u00e0 quoi bon que soudain l’aurore pointe son joli minois.<\/p>\n

Eblouissement du banal jusqu’au plus haut degr\u00e9 du vertige !<\/p>\n

On l\u00e9vite sans m\u00eame le vouloir tout \u00e0 coup au dessus des cohortes qui s’\u00e9tripent et qui s’accolent.<\/p>\n

Comment le beau devient-il le laid ?<\/p>\n

Il n’y a qu’\u00e0 constater les d\u00e9g\u00e2ts, \u00e0 compter les points, \u00e0 ramasser les cadavres et les enterrer. Et m\u00eame si l’on veut pour marquer le coup graver des noms pour la post\u00e9rit\u00e9 \u00e0 la craie blanche.<\/p>\n

Le beau c’est un peu comme la connerie au bout du compte c’est la chose la mieux partag\u00e9e du monde.<\/p>\n

Sauf que chacun veut se l’approprier rien que pour soi envers et contre tous mine de rien. L’Id\u00e9e et la Beaut\u00e9 stigmatis\u00e9es par l’id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9.<\/p>\n

Et ce, m\u00eame dans un \u00e9tat dit d\u00e9mocratique, ce qui est plut\u00f4t fort de caf\u00e9 ! parce que d’embl\u00e9e on pourrait penser que c’est une pr\u00e9occupation de privil\u00e9gi\u00e9, pour ne pas dire de seigneur ou de bourgeois.<\/p>", "content_text": "Une pr\u00e9occupation de peintre : le beau \n\nEn tant que peintre \u00e9videmment la beaut\u00e9 est un sujet de pr\u00e9occupation. \n\nUne sorte de tarte \u00e0 la cr\u00e8me si je peux dire.\n\nIl y aurait quelque chose d'imp\u00e9rieux qui gouvernerait toutes les intentions du peintre afin de les ramener tant bien que mal \u00e0 une id\u00e9e de beau. \n\nLa question que l'on pourrait alors se poser si on avait un tant soit peu de jugeotte c'est de savoir si le beau est une notion subjective ou objective ? \n\nElle est un peu des deux \u00e0 mon avis lorsqu'on d\u00e9bute.\n\nUne confusion s'op\u00e8re entre le gout personnel et l'opinion g\u00e9n\u00e9rale concernant la beaut\u00e9 dans laquelle nous baignons en toute inconscience.\n\nParvenir \u00e0 effectuer le distinguo, n'est certes pas une sin\u00e9cure.Le beau est t'il une d\u00e9cision ?\n\nEt puis il faut une sacr\u00e9e dose de vanit\u00e9 aussi pour d\u00e9clarer quelque chose comme \"c'est beau parce que j'ai d\u00e9cid\u00e9 que ce l'est tout simplement\" et persister afin d'\u00e9prouver ce sentiment tr\u00e8s particulier : celui de vouloir avoir raison.\n\nCette d\u00e9cision est le fruit d'un choix et de nombreux renoncements. \n\nMais malgr\u00e9 tous les efforts \u00e0 produire pour y parvenir nul ne peut en garantir la r\u00e9alit\u00e9 pas plus que la v\u00e9racit\u00e9.\n\nC'est un \"beau empirique\". \n\nEt cela tombe bien car nous sommes d\u00e9sormais dans l'\u00e8re la plus empirique qu'il soit.\n\nSi les grecs se perdaient autrefois dans les m\u00e9andres de la philosophie et des math\u00e9matiques pour r\u00eaver d'harmonie, notamment en architecture on voit clairement d\u00e9sormais le r\u00e9sultat de cette formidable perte de temps.\n\nY a t'il encore beaucoup de temples hell\u00e8nes vaillants ? La plupart ne sont plus que ruines plus ou moins bucoliques.\n\nCe qui n'est pas le cas du Colis\u00e9e \u00e0 Rome apog\u00e9e si l'on veut d'un apprentissage \"\u00e0 la dure\" ou dans \"le vif\" du sujet.\n\nC'est qu'il y a une grande diff\u00e9rence entre ceux qui r\u00e9fl\u00e9chissent et qui au bout de longues r\u00e9flexions parfois agissent, et ceux qui font, subissent des \u00e9checs puis recommencent.Le beau chez les anciens \n\nCe qui est beau pour un romain est sans doute ce qui dure, ce qui est utile et se mesure \u00e0 la sueur de tous les fronts qui l'ont b\u00e2ti. Depuis le premier muret , la premi\u00e8re route d\u00e9partementale, en passant par les aqueducs petits moyens puis grands.\n\nAlors que pour un Grec le beau est du domaine des Id\u00e9es et la plupart du temps il y reste.\n\nCela fait r\u00e9fl\u00e9chir sur l'apprentissage en g\u00e9n\u00e9ral et en peinture en particulier.\n\nFaut-il donc un dipl\u00f4me sanctionnant un parcours intellectuel la plupart du temps et tr\u00e8s peu de pratique ? \n\nOu bien faut il l'intensit\u00e9 et la pers\u00e9v\u00e9rance, l'obstination de vouloir seulement s'exprimer ?\n\nL'id\u00e9al serait de poss\u00e9der les deux \u00e9videmment mais ce n'est jamais vraiment le cas.\n\nCe que l'on gagne en savoir, en connaissance agit de fa\u00e7on inversement proportionnelle \u00e0 l'intensit\u00e9, \u00e0 l'\u00e9nergie que l'on doit d\u00e9ployer en toute ignorance pour parvenir \u00e0 ses fins.\n\nC'est sans doute la raison pour laquelle tellement de dipl\u00f4m\u00e9s des Beaux-arts entament une carri\u00e8re dans le marketing ou sur Youtube plut\u00f4t que de s'acharner devant une toile, une sculpture.Pour en revenir \u00e0 nos moutons \n\nVous me direz c'est int\u00e9ressant mais comment le beau devient-il le laid ? puisque tu le dis, puisque en quelque sorte tu l'as promis ... c'est que forc\u00e9ment tu as une id\u00e9e l\u00e0 dessus, non ?\n\nC'est vrai j'ai une id\u00e9e. Mais ne croyez pas que cette id\u00e9e apparaisse dans mon esprit d'une fa\u00e7on claire, une id\u00e9e n'apparait jamais ainsi, ou du moins ce qui s'avance en tant que tel n'est jamais une id\u00e9e int\u00e9ressante.\n\nC'est plut\u00f4t une couche superficielle d'\u00e9l\u00e9ments qui s'agglutinent \u00e0 la va vite pour masquer autre chose. Et il faut d'abord s'int\u00e9resser \u00e0 cette pellicule et la gratter avec un minimum de patience pour la crever et apercevoir enfin se qui se d\u00e9robe pour \u00eatre captur\u00e9.\n\nL'Id\u00e9e comme le Beau se d\u00e9robent. \n\nC'est la raison pour laquelle la plupart des gens restent attach\u00e9s \u00e0 une notion collective, rassurante, facile de ces ces deux notions.Le beau un lieu commun d'o\u00f9 surgit la laideur ?\n\nOn se rassemble ainsi dans les id\u00e9es comme dans une notion de beaut\u00e9 d'une \u00e9poque \n\nCela ne serait pas bien grave apr\u00e8s tout, s'il n'y avait cette fichue manie de tout vouloir s'approprier pour soi.\n\nC'est mon id\u00e9e, Moi je trouve \u00e7a beau et puis \u00e7a laid.\n\nComme on le dit encore dans certaines campagnes : \"la fille la plus belle du monde ne peut donner que ce qu'elle a.\"\n\nC'est \u00e0 dire que ces mots d'ordre de l'Id\u00e9e et du Beau si rassurants puissent ils \u00eatre, si attrayants par le confort dans lequel ils nous installent sont comme un sein.\n\nOn peut les p\u00e9trir autant que l'on veut il n'en sortira pas une seule goutte de lait.La disparition du banal \n\nC'est lorsque on se d\u00e9tourne du sein comme du mot d'ordre qu'une fissure s'op\u00e8re, que la mati\u00e8re s'\u00e9carte myst\u00e9rieusement. C'est du plus profond de l'ennui et de l'\u00e0 quoi bon que soudain l'aurore pointe son joli minois.\n\nEblouissement du banal jusqu'au plus haut degr\u00e9 du vertige !\n\nOn l\u00e9vite sans m\u00eame le vouloir tout \u00e0 coup au dessus des cohortes qui s'\u00e9tripent et qui s'accolent.\n\nComment le beau devient-il le laid ?\n\nIl n'y a qu'\u00e0 constater les d\u00e9g\u00e2ts, \u00e0 compter les points, \u00e0 ramasser les cadavres et les enterrer. Et m\u00eame si l'on veut pour marquer le coup graver des noms pour la post\u00e9rit\u00e9 \u00e0 la craie blanche.\n\nLe beau c'est un peu comme la connerie au bout du compte c'est la chose la mieux partag\u00e9e du monde.\n\nSauf que chacun veut se l'approprier rien que pour soi envers et contre tous mine de rien. L'Id\u00e9e et la Beaut\u00e9 stigmatis\u00e9es par l'id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9.\n\nEt ce, m\u00eame dans un \u00e9tat dit d\u00e9mocratique, ce qui est plut\u00f4t fort de caf\u00e9 ! parce que d'embl\u00e9e on pourrait penser que c'est une pr\u00e9occupation de privil\u00e9gi\u00e9, pour ne pas dire de seigneur ou de bourgeois.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1918.jpg?1763208111", "tags": ["peinture", "r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/desorientation.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/desorientation.html", "title": "D\u00e9sorientation", "date_published": "2021-06-21T08:36:47Z", "date_modified": "2025-11-15T11:59:56Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"Je ne sais pas o\u00f9 je vais\" est une des phrases r\u00e9currentes que j’ai entendue le plus avec \"je ne vais pas y arriver\", \"c’est moche\", \" je n’arrive \u00e0 rien\".<\/p>\n

Ces phrases m’ont beaucoup pos\u00e9 de probl\u00e8mes au d\u00e9but de ma carri\u00e8re d’enseignant car \u00e9videmment je me sentais responsable, ce ne pouvait \u00eatre que de ma faute si les \u00e9l\u00e8ves \u00e9mettaient des opinions que je consid\u00e9rais moi-m\u00eame comme n\u00e9gatives vis \u00e0 vis de la progression de leurs travaux.<\/p>\n

Pourtant la culpabilit\u00e9 poss\u00e8de certaines limites. Et \u00e0 force d’avoir les boyaux en chantier permanent j’ai cherch\u00e9 \u00e0 r\u00e9soudre ce probl\u00e8me peu \u00e0 peu en exp\u00e9rimentant ce concept de \"d\u00e9sorientation\".<\/p>\n

Je crois m\u00eame que d\u00e9sormais le c\u0153ur de mon m\u00e9tier est d’entrainer les \u00e9l\u00e8ves \u00e0 reconnaitre cet \u00e9tat de d\u00e9sorientation le plus rapidement possible. A se sentir \u00e0 l’aise si je peux dire avec le fait d’\u00eatre totalement d\u00e9sorient\u00e9 durant une bonne partie du temps de leur travaux.<\/p>\n

Pourquoi rendre \"confortable\" la d\u00e9sorientation <\/h2>\n

La plupart des gens se font des id\u00e9es de l\u00e0 o\u00f9 ils veulent se rendre, cela signifie qu’ils prennent une carte, ou plut\u00f4t d\u00e9sormais une application de GPS puis ils \u00e9tudient plus ou moins la route avec quelques crit\u00e8res comme le temps, la beaut\u00e9 du paysage \u00e0 traverser ou pas, Les diff\u00e9rentes villes o\u00f9 ils d\u00e9sireront s’arr\u00eater ou les contourner jusqu’\u00e0 parvenir enfin au but final.<\/p>\n

Il y a des lieux que l’on connait d\u00e9j\u00e0 et dont la familiarit\u00e9 procure un \"je ne sais quoi\" d’apaisant, et puis il y a tous les autres, inconnus que l’on d\u00e9couvre totalement diff\u00e9rents de ce que l’on a pu imaginer, m\u00eame si on s’est documenter.<\/p>\n

La sensation de r\u00e9alit\u00e9 balaie en g\u00e9n\u00e9ral toutes les autres.<\/p>\n

En peinture c’est souvent la m\u00eame chose.<\/p>\n

Si vous voulez vous lancer dans la reproduction d’un tableau il est fort possible que le r\u00e9sultat soit assez diff\u00e9rent de ce que vous aviez imagin\u00e9. C’est \u00e0 dire la copie parfaite \u00e0 s’y m\u00e9prendre de votre mod\u00e8le.<\/p>\n

Qu’allez vous ressentir en percevant soudain le gouffre qui s\u00e9pare l’original de la copie ?<\/p>\n

Et m\u00eame dans le cas o\u00f9 vous parviendriez \u00e0 reproduire le plus fid\u00e8lement cette copie sur quoi portera vraiment votre satisfaction ?<\/p>\n

Vous aurez r\u00e9ussi un challenge avec vous m\u00eame ?<\/p>\n

Vous aurez acquis un peu plus de confiance en vous dans le domaine de la copie ou de la peinture<\/p>\n

Et vous vous direz certainement que vous serez capable de recommencer pour retrouver le m\u00eame type de satisfaction par la suite.<\/p>\n

M\u00eame cette \u00e9motion deviendra une sorte de but en soi \u00e0 peine conscient la plupart du temps.<\/p>\n

Partir sans savoir o\u00f9 l’on va.<\/h2>\n

C’est ce que l’on ne fait jamais, on ne sait pas du tout ce qui risque de se produire, on a juste cette peur de ne pas savoir o\u00f9 aller et la plupart du temps elle nous g\u00e2che une belle partie du voyage ou du travail sur la toile.<\/p>\n

Souvent c’est parce l’on oublie l’\u00e9nonc\u00e9.<\/p>\n

Il y a toujours un \u00e9nonc\u00e9 \u00e9videmment.<\/p>\n

Par exemple j’aime assez le th\u00e8me du \"Labyrinthe\" en peinture qui permet d’explorer \u00e0 la fois la transparence, la notion de plans, et \u00e9videmment pour bien enfoncer le clou je raconte toute l’histoire sans oublier cet homme \u00e0 t\u00eate de taureau enferm\u00e9 l\u00e0 quelque part. C’est m\u00eame la raison pour laquelle le labyrinthe est cr\u00e9e. A la fois pour enfermer quelque chose de monstrueux, et pour tomber dessus lorsqu’on s’y engage.<\/p>\n

J’ai perdu quelques \u00e9l\u00e8ves \u00e0 jamais en proposant cet exercice.<\/p>\n

Car la premi\u00e8re chose avec laquelle il est difficile de trouver du confort est qu’il va falloir s’\u00e9garer dans les m\u00e9andres de ce travail.<\/p>\n

Les premi\u00e8res couches de peinture acrylique sont assez ingrates car je demande qu’elles soient aquarell\u00e9es, \u00e9tal\u00e9es en jus successifs.<\/p>\n

Cela finit par cr\u00e9er assez rapidement une surface boueuse sur laquelle tous les plans sont confondus. Il n’y a pas de profondeur, pas vraiment non plus de sens de lecture, pas d’indication d’issue. Voil\u00e0 donc l’\u00e9garement dans lequel on tombe rapidement en r\u00e9alisant cet exercice.<\/p>\n

Lorsqu’on s’\u00e9gare on ne perd pas pour autant le choix.<\/p>\n

On a le choix pour empirer la situation ou pour s’en sortir sans trop de casse.<\/p>\n

C’est dans ce moment qu’on devrait \u00eatre le plus attentif \u00e0 la fois \u00e0 la peinture et \u00e0 soi-m\u00eame.<\/p>\n

Dans cette ind\u00e9cision.<\/p>\n

Evidemment il ne faudrait pas qu’elle dure trop longtemps et je donne toujours quelques conseils \u00e0 ce moment l\u00e0.<\/p>\n

Mais la panique semble avoir aussi une sorte de vertu c’est qu’elle met en cause si je peux dire l’\u00e9go.<\/p>\n

Apr\u00e8s tout ce n’est pas vraiment un secret, cet homme taureau peut aussi bien \u00eatre une femme \u00e0 t\u00eate de m\u00e9duse.<\/p>\n

C’est l’\u00e9go qui n’est pas du tout content de ne pas pouvoir exercer son pouvoir de d\u00e9cision.<\/p>\n

Une bonne nouvelle qui r\u00e9compense les plus tenaces.<\/h2>\n

Ceux parmi les \u00e9l\u00e8ves qui confondent qui ils sont avec l’ego sont assez mal en point. c’est parmi eux que se situeront les d\u00e9serteurs. Ceux qui claqueront la porte de l’atelier avec d\u00e9pit. Pour ceux l\u00e0 je ne peux plus grand chose j’ai fini par l’admettre avec le temps et avec la culpabilit\u00e9 travers\u00e9e de long en large \u00e0 chaque fois. La culpabilit\u00e9 mon Minotaure personnel si on veut.<\/p>\n

Je ne courre plus apr\u00e8s ces \u00e9l\u00e8ves pour les rattraper par la manche et tenter de les rassurer. Je consid\u00e8re que chacun est responsable de ses actes et de ses choix et intervenir dans ce cas en basant sur mon exp\u00e9rience n’apporte en g\u00e9n\u00e9ral pas grand chose de bon.<\/p>\n

Ceux qui restent et qui gagnent ce combat avec leur propre ego d\u00e9couvre quelque chose qui se dissimule derri\u00e8re le minotaure.<\/p>\n

C’est leur propre version d’eux m\u00eame enfantine si j’ose dire ce qui n’est pas p\u00e9joratif bien au contraire.<\/p>\n

C’est en faisant retour vers cet enfant qu’il percevront la le\u00e7on qu’offre le labyrinthe et l’\u00e9garement qu’il leur a fallu traverser.<\/p>\n

Peu \u00e0 peu les plans se pr\u00e9cisent, la transparence appara\u00eet, des chemins deviennent de plus en plus perceptibles de strate en strate et ma foi lorsqu’on \u00f4te le ruban de masquage \u00e0 la fin de cet exercice il est tr\u00e8s rare que je n’aper\u00e7oive pas un contentement sur leurs visages.<\/p>", "content_text": "\"Je ne sais pas o\u00f9 je vais\" est une des phrases r\u00e9currentes que j'ai entendue le plus avec \"je ne vais pas y arriver\", \"c'est moche\", \" je n'arrive \u00e0 rien\".\n\nCes phrases m'ont beaucoup pos\u00e9 de probl\u00e8mes au d\u00e9but de ma carri\u00e8re d'enseignant car \u00e9videmment je me sentais responsable, ce ne pouvait \u00eatre que de ma faute si les \u00e9l\u00e8ves \u00e9mettaient des opinions que je consid\u00e9rais moi-m\u00eame comme n\u00e9gatives vis \u00e0 vis de la progression de leurs travaux.\n\nPourtant la culpabilit\u00e9 poss\u00e8de certaines limites. Et \u00e0 force d'avoir les boyaux en chantier permanent j'ai cherch\u00e9 \u00e0 r\u00e9soudre ce probl\u00e8me peu \u00e0 peu en exp\u00e9rimentant ce concept de \"d\u00e9sorientation\".\n\nJe crois m\u00eame que d\u00e9sormais le c\u0153ur de mon m\u00e9tier est d'entrainer les \u00e9l\u00e8ves \u00e0 reconnaitre cet \u00e9tat de d\u00e9sorientation le plus rapidement possible. A se sentir \u00e0 l'aise si je peux dire avec le fait d'\u00eatre totalement d\u00e9sorient\u00e9 durant une bonne partie du temps de leur travaux.Pourquoi rendre \"confortable\" la d\u00e9sorientation \n\nLa plupart des gens se font des id\u00e9es de l\u00e0 o\u00f9 ils veulent se rendre, cela signifie qu'ils prennent une carte, ou plut\u00f4t d\u00e9sormais une application de GPS puis ils \u00e9tudient plus ou moins la route avec quelques crit\u00e8res comme le temps, la beaut\u00e9 du paysage \u00e0 traverser ou pas, Les diff\u00e9rentes villes o\u00f9 ils d\u00e9sireront s'arr\u00eater ou les contourner jusqu'\u00e0 parvenir enfin au but final.\n\nIl y a des lieux que l'on connait d\u00e9j\u00e0 et dont la familiarit\u00e9 procure un \"je ne sais quoi\" d'apaisant, et puis il y a tous les autres, inconnus que l'on d\u00e9couvre totalement diff\u00e9rents de ce que l'on a pu imaginer, m\u00eame si on s'est documenter.\n\nLa sensation de r\u00e9alit\u00e9 balaie en g\u00e9n\u00e9ral toutes les autres.\n\nEn peinture c'est souvent la m\u00eame chose.\n\nSi vous voulez vous lancer dans la reproduction d'un tableau il est fort possible que le r\u00e9sultat soit assez diff\u00e9rent de ce que vous aviez imagin\u00e9. C'est \u00e0 dire la copie parfaite \u00e0 s'y m\u00e9prendre de votre mod\u00e8le.\n\nQu'allez vous ressentir en percevant soudain le gouffre qui s\u00e9pare l'original de la copie ?\n\nEt m\u00eame dans le cas o\u00f9 vous parviendriez \u00e0 reproduire le plus fid\u00e8lement cette copie sur quoi portera vraiment votre satisfaction ? \n\nVous aurez r\u00e9ussi un challenge avec vous m\u00eame ?\n\nVous aurez acquis un peu plus de confiance en vous dans le domaine de la copie ou de la peinture\n\nEt vous vous direz certainement que vous serez capable de recommencer pour retrouver le m\u00eame type de satisfaction par la suite.\n\nM\u00eame cette \u00e9motion deviendra une sorte de but en soi \u00e0 peine conscient la plupart du temps.Partir sans savoir o\u00f9 l'on va.\n\nC'est ce que l'on ne fait jamais, on ne sait pas du tout ce qui risque de se produire, on a juste cette peur de ne pas savoir o\u00f9 aller et la plupart du temps elle nous g\u00e2che une belle partie du voyage ou du travail sur la toile.\n\nSouvent c'est parce l'on oublie l'\u00e9nonc\u00e9.\n\nIl y a toujours un \u00e9nonc\u00e9 \u00e9videmment.\n\nPar exemple j'aime assez le th\u00e8me du \"Labyrinthe\" en peinture qui permet d'explorer \u00e0 la fois la transparence, la notion de plans, et \u00e9videmment pour bien enfoncer le clou je raconte toute l'histoire sans oublier cet homme \u00e0 t\u00eate de taureau enferm\u00e9 l\u00e0 quelque part. C'est m\u00eame la raison pour laquelle le labyrinthe est cr\u00e9e. A la fois pour enfermer quelque chose de monstrueux, et pour tomber dessus lorsqu'on s'y engage.\n\nJ'ai perdu quelques \u00e9l\u00e8ves \u00e0 jamais en proposant cet exercice.\n\nCar la premi\u00e8re chose avec laquelle il est difficile de trouver du confort est qu'il va falloir s'\u00e9garer dans les m\u00e9andres de ce travail.\n\nLes premi\u00e8res couches de peinture acrylique sont assez ingrates car je demande qu'elles soient aquarell\u00e9es, \u00e9tal\u00e9es en jus successifs.\n\nCela finit par cr\u00e9er assez rapidement une surface boueuse sur laquelle tous les plans sont confondus. Il n'y a pas de profondeur, pas vraiment non plus de sens de lecture, pas d'indication d'issue. Voil\u00e0 donc l'\u00e9garement dans lequel on tombe rapidement en r\u00e9alisant cet exercice.\n\nLorsqu'on s'\u00e9gare on ne perd pas pour autant le choix.\n\nOn a le choix pour empirer la situation ou pour s'en sortir sans trop de casse.\n\nC'est dans ce moment qu'on devrait \u00eatre le plus attentif \u00e0 la fois \u00e0 la peinture et \u00e0 soi-m\u00eame.\n\nDans cette ind\u00e9cision.\n\nEvidemment il ne faudrait pas qu'elle dure trop longtemps et je donne toujours quelques conseils \u00e0 ce moment l\u00e0.\n\nMais la panique semble avoir aussi une sorte de vertu c'est qu'elle met en cause si je peux dire l'\u00e9go.\n\nApr\u00e8s tout ce n'est pas vraiment un secret, cet homme taureau peut aussi bien \u00eatre une femme \u00e0 t\u00eate de m\u00e9duse.\n\nC'est l'\u00e9go qui n'est pas du tout content de ne pas pouvoir exercer son pouvoir de d\u00e9cision.Une bonne nouvelle qui r\u00e9compense les plus tenaces.\n\nCeux parmi les \u00e9l\u00e8ves qui confondent qui ils sont avec l'ego sont assez mal en point. c'est parmi eux que se situeront les d\u00e9serteurs. Ceux qui claqueront la porte de l'atelier avec d\u00e9pit. Pour ceux l\u00e0 je ne peux plus grand chose j'ai fini par l'admettre avec le temps et avec la culpabilit\u00e9 travers\u00e9e de long en large \u00e0 chaque fois. La culpabilit\u00e9 mon Minotaure personnel si on veut.\n\nJe ne courre plus apr\u00e8s ces \u00e9l\u00e8ves pour les rattraper par la manche et tenter de les rassurer. Je consid\u00e8re que chacun est responsable de ses actes et de ses choix et intervenir dans ce cas en basant sur mon exp\u00e9rience n'apporte en g\u00e9n\u00e9ral pas grand chose de bon.\n\nCeux qui restent et qui gagnent ce combat avec leur propre ego d\u00e9couvre quelque chose qui se dissimule derri\u00e8re le minotaure. \n\nC'est leur propre version d'eux m\u00eame enfantine si j'ose dire ce qui n'est pas p\u00e9joratif bien au contraire.\n\nC'est en faisant retour vers cet enfant qu'il percevront la le\u00e7on qu'offre le labyrinthe et l'\u00e9garement qu'il leur a fallu traverser.\n\nPeu \u00e0 peu les plans se pr\u00e9cisent, la transparence appara\u00eet, des chemins deviennent de plus en plus perceptibles de strate en strate et ma foi lorsqu'on \u00f4te le ruban de masquage \u00e0 la fin de cet exercice il est tr\u00e8s rare que je n'aper\u00e7oive pas un contentement sur leurs visages.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1813.jpg?1763207950", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/frottement.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/frottement.html", "title": "Frottement", "date_published": "2021-06-20T05:27:34Z", "date_modified": "2025-11-15T11:57:13Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Le frottement c\u2019est la base de tout alors on l\u2019\u00e9vite \u00e9videmment. On r\u00eave \u00e0 des Everest. Et puis on redescend.<\/p>\n

Je me souviens de cette obstination \u00e0 vouloir briquer le sol de lino d\u2019une chambre. Un acharnement. Un plaisir aux fronti\u00e8res du malsain lorsque la douleur siffle dans les ultrasons.<\/p>\n

Frotter sur le vif \u00e0 cr\u00fb des couleurs du blanc pour apaiser quelque chose au dedans comme au dehors.<\/p>\n

Une \u00e9rosion naturelle dans laquelle on glisse apais\u00e9 tout \u00e0 coup<\/p>\n

Puis on plisse les yeux on traverse la surface on arrive au del\u00e0 comme \u00e0 un point de d\u00e9part.<\/p>", "content_text": "Le frottement c\u2019est la base de tout alors on l\u2019\u00e9vite \u00e9videmment. On r\u00eave \u00e0 des Everest. Et puis on redescend.\n\nJe me souviens de cette obstination \u00e0 vouloir briquer le sol de lino d\u2019une chambre. Un acharnement. Un plaisir aux fronti\u00e8res du malsain lorsque la douleur siffle dans les ultrasons.\n\nFrotter sur le vif \u00e0 cr\u00fb des couleurs du blanc pour apaiser quelque chose au dedans comme au dehors.\n\nUne \u00e9rosion naturelle dans laquelle on glisse apais\u00e9 tout \u00e0 coup \n\nPuis on plisse les yeux on traverse la surface on arrive au del\u00e0 comme \u00e0 un point de d\u00e9part.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1805.jpg?1763207806", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/beances.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/beances.html", "title": "B\u00e9ances", "date_published": "2021-06-15T04:19:58Z", "date_modified": "2025-11-15T11:54:32Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Elle se tient devant lui, assise \u00e0 cette table, et tout \u00e0 coup elle rit. Lui a cette Impression saugrenue de voir les soucoupes et les tasses l\u00e9viter d’une fa\u00e7on anarchique.<\/p>\n

Ce rire et la gravit\u00e9 dans laquelle il se maintient. Cette gravit\u00e9 \u00e0 laquelle il s’accroche encore pour avoir l’air de quelqu’un ou quelque chose. Une b\u00e9ance, un infini de vide, hors de lui et en lui, d\u00e9range tous les possibles qu’il feuill\u00e8te mentalement en qu\u00eate d’horizon.<\/p>\n

Iront ils au restaurant ? Puis au cin\u00e9ma ? puis chez elle ou chez lui ?<\/p>\n

Il tousse puis attrape la tasse en qu\u00eate d’une solidit\u00e9. Entre le pouce et l’index la rondeur de l’anse semble le rassurer un instant mais c’est sans compter sur le crescendo de ce rire qui s’envole vers les aigus.<\/p>\n

Il d\u00e9croche de l’instant pr\u00e9sent pour tenter de trouver la logique de cette rencontre. La m\u00e9moire pour contrer le vertige.<\/p>\n

Les premiers messages priv\u00e9s lui reviennent. Des propos raisonnables au d\u00e9but puis le premier \u00e9cart quand soudain elle le charrie sur son humour.<\/p>\n

Quelle carapace ! Vous vous prenez pour un intellectuel ? Je d\u00e9teste les intellectuels ce ne sont pas de bons coups en g\u00e9n\u00e9ral.<\/p>\n

Pourquoi se d\u00e9fend t’il \u00e0 cet instant pr\u00e9cis\u00e9ment de ne pas en \u00eatre un ? Et qu’est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire \"\u00eatre un bon coup\" ? Soudain il voit une file de silhouettes comme dans la chanson de Brel \"Au suivant\". Une naus\u00e9e bienfaitrice \u00e0 laquelle il s’agrippe d\u00e9sormais que le rire est \u00e0 son apog\u00e9e.<\/p>\n

Qu’est ce que je fous l\u00e0 se demande t’il.<\/p>\n

Elle s’arr\u00eate de rire instantan\u00e9ment comme si elle pouvait lire ses pens\u00e9es. Son regard devient grave et elle dit<\/p>\n

Vous n’aimez pas mon rire.<\/p>\n

Il est d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9. Tente de balbutier quelque chose mais \u00e7a ne sort pas. Une gorg\u00e9e de caf\u00e9 d\u00e9nouerait-t ’elle le n\u0153ud qui grossit au fond de la gorge ? Gagner un peu de temps... tout au plus.<\/p>\n

En m\u00eame temps il s’obstine. Il ne veut pas la voir se lever et partir. Elle n’est pas laide, les fines pattes d’oie au coin des yeux l’\u00e9meuvent. Au fond de la voix, mise \u00e0 part les artifices, une limpidit\u00e9 surnage. Comme une petite fille en train de se d\u00e9battre au beau milieu d’un fleuve.<\/p>\n

Il a ressorti sa botte de Nevers. Transformer les femmes en petites filles pour se rassurer.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que ce rire est une sorte d’\u00e9preuve \u00e0 passer comme dans les romans chevaleresques. Il a plut\u00f4t l’air d’un Don Quichotte fatigu\u00e9, celui du second tome, quand le r\u00eave laisse place \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. Dulcin\u00e9e de Tobosco se transforme en Peggy la cochonne d’un obscur Muppet Show.<\/p>\n

Vous reprenez quelque chose ? parvient il enfin \u00e0 articuler . Et aussit\u00f4t il se sent fort, il bombe le torse l\u00e9g\u00e8rement et rectifie son axe, l’air de rien.<\/p>\n

Une menthe \u00e0 l’eau.<\/p>\n

Il en pleurerait. Il fait signe au serveur une menthe \u00e0 l’eau et un autre caf\u00e9.<\/p>\n

Puis il plante son regard dans son regard \u00e0 elle \u00e0 la recherche d’une trace d’humanit\u00e9.<\/p>\n

Et si vous me racontiez... demande t’il d’une voix grave de vieux maitre zen.<\/p>\n

D\u00e9sormais il s’en fiche, les buts se sont \u00e9vapor\u00e9s. C’est une belle fin de journ\u00e9e et il lui semble \u00eatre un survivant.<\/p>\n

Elle se met \u00e0 parler et sa voix change peu \u00e0 peu tandis qu’il l’\u00e9coute. Et la b\u00e9ance est une sorte de lieu commun dans lequel ils p\u00e9n\u00e8trent avec leur lot d’espoir et de d\u00e9ception pass\u00e9s.<\/p>\n

\"\"<\/p>", "content_text": "Elle se tient devant lui, assise \u00e0 cette table, et tout \u00e0 coup elle rit. Lui a cette Impression saugrenue de voir les soucoupes et les tasses l\u00e9viter d'une fa\u00e7on anarchique.\n\nCe rire et la gravit\u00e9 dans laquelle il se maintient. Cette gravit\u00e9 \u00e0 laquelle il s'accroche encore pour avoir l'air de quelqu'un ou quelque chose. Une b\u00e9ance, un infini de vide, hors de lui et en lui, d\u00e9range tous les possibles qu'il feuill\u00e8te mentalement en qu\u00eate d'horizon.\n\nIront ils au restaurant ? Puis au cin\u00e9ma ? puis chez elle ou chez lui ?\n\nIl tousse puis attrape la tasse en qu\u00eate d'une solidit\u00e9. Entre le pouce et l'index la rondeur de l'anse semble le rassurer un instant mais c'est sans compter sur le crescendo de ce rire qui s'envole vers les aigus. \n\nIl d\u00e9croche de l'instant pr\u00e9sent pour tenter de trouver la logique de cette rencontre. La m\u00e9moire pour contrer le vertige.\n\nLes premiers messages priv\u00e9s lui reviennent. Des propos raisonnables au d\u00e9but puis le premier \u00e9cart quand soudain elle le charrie sur son humour. \n\nQuelle carapace ! Vous vous prenez pour un intellectuel ? Je d\u00e9teste les intellectuels ce ne sont pas de bons coups en g\u00e9n\u00e9ral.\n\nPourquoi se d\u00e9fend t'il \u00e0 cet instant pr\u00e9cis\u00e9ment de ne pas en \u00eatre un ? Et qu'est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire \"\u00eatre un bon coup\" ? Soudain il voit une file de silhouettes comme dans la chanson de Brel \"Au suivant\". Une naus\u00e9e bienfaitrice \u00e0 laquelle il s'agrippe d\u00e9sormais que le rire est \u00e0 son apog\u00e9e.\n\nQu'est ce que je fous l\u00e0 se demande t'il.\n\nElle s'arr\u00eate de rire instantan\u00e9ment comme si elle pouvait lire ses pens\u00e9es. Son regard devient grave et elle dit \n\nVous n'aimez pas mon rire.\n\nIl est d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9. Tente de balbutier quelque chose mais \u00e7a ne sort pas. Une gorg\u00e9e de caf\u00e9 d\u00e9nouerait-t 'elle le n\u0153ud qui grossit au fond de la gorge ? Gagner un peu de temps... tout au plus.\n\nEn m\u00eame temps il s'obstine. Il ne veut pas la voir se lever et partir. Elle n'est pas laide, les fines pattes d'oie au coin des yeux l'\u00e9meuvent. Au fond de la voix, mise \u00e0 part les artifices, une limpidit\u00e9 surnage. Comme une petite fille en train de se d\u00e9battre au beau milieu d'un fleuve.\n\nIl a ressorti sa botte de Nevers. Transformer les femmes en petites filles pour se rassurer.\n\nPeut-\u00eatre que ce rire est une sorte d'\u00e9preuve \u00e0 passer comme dans les romans chevaleresques. Il a plut\u00f4t l'air d'un Don Quichotte fatigu\u00e9, celui du second tome, quand le r\u00eave laisse place \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. Dulcin\u00e9e de Tobosco se transforme en Peggy la cochonne d'un obscur Muppet Show.\n\nVous reprenez quelque chose ? parvient il enfin \u00e0 articuler . Et aussit\u00f4t il se sent fort, il bombe le torse l\u00e9g\u00e8rement et rectifie son axe, l'air de rien.\n\nUne menthe \u00e0 l'eau.\n\nIl en pleurerait. Il fait signe au serveur une menthe \u00e0 l'eau et un autre caf\u00e9.\n\nPuis il plante son regard dans son regard \u00e0 elle \u00e0 la recherche d'une trace d'humanit\u00e9.\n\nEt si vous me racontiez... demande t'il d'une voix grave de vieux maitre zen.\n\nD\u00e9sormais il s'en fiche, les buts se sont \u00e9vapor\u00e9s. C'est une belle fin de journ\u00e9e et il lui semble \u00eatre un survivant.\n\nElle se met \u00e0 parler et sa voix change peu \u00e0 peu tandis qu'il l'\u00e9coute. Et la b\u00e9ance est une sorte de lieu commun dans lequel ils p\u00e9n\u00e8trent avec leur lot d'espoir et de d\u00e9ception pass\u00e9s.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20210611_142233.jpg?1763207623", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/hysterie.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/hysterie.html", "title": "Hyst\u00e9rie", "date_published": "2021-06-14T06:03:24Z", "date_modified": "2025-11-15T11:52:43Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Tout commence par un agacement. Une gentille pagaille. L’arriv\u00e9e des femmes.<\/p>\n

Des solitudes, chacune ostensiblement inou\u00efe, qui s’agglutinent en bas des escaliers.<\/p>\n

Et presque aussit\u00f4t en estafette : les parfums lourds ou fruit\u00e9s qui les pr\u00e9c\u00e8dent, suivi des gloussements, des chuchotements, du bruit des talons hauts et plats, des froissements d’ \u00e9toffes... le mouvement d’une arm\u00e9e en marche s’acc\u00e9l\u00e9rant dans l’assaut des marches et des paliers et enfin la mar\u00e9e d\u00e9borde les portes de grande salle , l’envahit.<\/p>\n

Leurs voix putain leurs voix. C’est tellement impudique se dit-il , une exhibition d’ovaires en furie.<\/p>\n

L’homme assit \u00e0 son bureau connait la musique. Il a prit soin de fermer la porte, de baisser les stores \u00e0 mi fen\u00eatre. Une bonne demie heure d’avance pour ne pas avoir \u00e0 se m\u00ealer. Pour ne pas avoir \u00e0 sourire ni \u00e0 baisser la t\u00eate ni l\u00e2cher un bonjour, un comment allez-vous ? Cela fait des mois que ces rituels \u00e0 petit feu le tuent, qu’il sert les dents \u00e0 faire \u00e9clater la nacre et la fa\u00efence. Une \u00e9rosion qui ronge les hautes falaises de craie d’une cote imaginaire. Une fronti\u00e8re qui se confond peu \u00e0 peu avec cette h\u00e9sitation, entre le solide et le mou, et qu’il tente de dissimuler sous un sourire bienveillant.<\/p>\n

Il \u00e9crit un mot sur la page de son agenda \u00e9lectronique : lundi hyst\u00e9rie normale 9h02.<\/p>\n

Depuis des semaines il note et cela semble lui redonner une consistance. Oh pas grand chose juste un petit acte de r\u00e9sistance se dit-il. Pour ne pas sombrer totalement dans la folie qui a envahit le monde ou l’entreprise. Cette sauvagerie se profilant sous le rouge \u00e0 l\u00e8vres, cette b\u00eatise affubl\u00e9e d’un d\u00e9collet\u00e9e trop ouvert , tout ce bazar d’ \u00e9motions, cette sensiblerie drap\u00e9e dans le coton le lin la soie le cuir des escarpins.<\/p>\n

Accroch\u00e9 \u00e0 son agenda comme \u00e0 un mat l’homme se tient bien cal\u00e9 sur son si\u00e8ge, dos bien droit. Dans son esprit des images flottent o\u00f9 se m\u00ealent h\u00e9ros grecs, samoura\u00efs nippons le tout sur un air wagn\u00e9rien \u00e9videmment.<\/p>\n

La chevauch\u00e9e des Walkyries, une magnification des puissances obscures de l’ut\u00e9rus.<\/p>\n

Lorsqu’il pense \u00e0 toute cette journ\u00e9e qu’il lui faudra traverser comme un oc\u00e9an l’\u00e9c\u0153urement se l\u00e8ve.<\/p>\n

Il se l\u00e8ve et marche jusqu’\u00e0 la machine \u00e0 caf\u00e9. La sienne. Pour ne pas avoir surtout \u00e0 se rendre \u00e0 l’autre, collective.<\/p>\n

Le liquide noir dans la tasse blanche lui rappelle Talleyrand :<\/p>\n

Noir comme le diable Chaud comme l’enfer Pur comme un ange Doux comme l’amour.<\/em><\/h4>\n

C’\u00e9tait marqu\u00e9 quelque part dans son enfance sur un pot, comme un message, une proph\u00e9tie.<\/p>\n

Un d\u00e9gout de le boire sans sucre auquel lentement le palais s’habitue pour au final d\u00e9cider d’un plaisir, d’une satisfaction.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que le caf\u00e9 est un peu comme l’hyst\u00e9rie. Au d\u00e9but on a du mal et peut-\u00eatre qu’\u00e0 la fin on finira par y prendre gout.<\/p>\n

Il note caf\u00e9 et hyst\u00e9rie 9h05.<\/p>\n

Puis l’homme s’enfonce encore un peu plus loin dans le travail. D\u00e9sormais il s’acharne \u00e0 cr\u00e9er des formules de plus en plus complexes sur son tableur pour -esp\u00e8re t’il - gagner encore plus chaque jour en efficacit\u00e9.<\/p>", "content_text": "Tout commence par un agacement. Une gentille pagaille. L'arriv\u00e9e des femmes.\n\nDes solitudes, chacune ostensiblement inou\u00efe, qui s'agglutinent en bas des escaliers. \n\nEt presque aussit\u00f4t en estafette : les parfums lourds ou fruit\u00e9s qui les pr\u00e9c\u00e8dent, suivi des gloussements, des chuchotements, du bruit des talons hauts et plats, des froissements d' \u00e9toffes... le mouvement d'une arm\u00e9e en marche s'acc\u00e9l\u00e9rant dans l'assaut des marches et des paliers et enfin la mar\u00e9e d\u00e9borde les portes de grande salle , l'envahit.\n\nLeurs voix putain leurs voix. C'est tellement impudique se dit-il , une exhibition d'ovaires en furie. \n\nL'homme assit \u00e0 son bureau connait la musique. Il a prit soin de fermer la porte, de baisser les stores \u00e0 mi fen\u00eatre. Une bonne demie heure d'avance pour ne pas avoir \u00e0 se m\u00ealer. Pour ne pas avoir \u00e0 sourire ni \u00e0 baisser la t\u00eate ni l\u00e2cher un bonjour, un comment allez-vous ? Cela fait des mois que ces rituels \u00e0 petit feu le tuent, qu'il sert les dents \u00e0 faire \u00e9clater la nacre et la fa\u00efence. Une \u00e9rosion qui ronge les hautes falaises de craie d'une cote imaginaire. Une fronti\u00e8re qui se confond peu \u00e0 peu avec cette h\u00e9sitation, entre le solide et le mou, et qu'il tente de dissimuler sous un sourire bienveillant.\n\nIl \u00e9crit un mot sur la page de son agenda \u00e9lectronique : lundi hyst\u00e9rie normale 9h02. \n\nDepuis des semaines il note et cela semble lui redonner une consistance. Oh pas grand chose juste un petit acte de r\u00e9sistance se dit-il. Pour ne pas sombrer totalement dans la folie qui a envahit le monde ou l'entreprise. Cette sauvagerie se profilant sous le rouge \u00e0 l\u00e8vres, cette b\u00eatise affubl\u00e9e d'un d\u00e9collet\u00e9e trop ouvert , tout ce bazar d' \u00e9motions, cette sensiblerie drap\u00e9e dans le coton le lin la soie le cuir des escarpins.\n\nAccroch\u00e9 \u00e0 son agenda comme \u00e0 un mat l'homme se tient bien cal\u00e9 sur son si\u00e8ge, dos bien droit. Dans son esprit des images flottent o\u00f9 se m\u00ealent h\u00e9ros grecs, samoura\u00efs nippons le tout sur un air wagn\u00e9rien \u00e9videmment.\n\nLa chevauch\u00e9e des Walkyries, une magnification des puissances obscures de l'ut\u00e9rus.\n\nLorsqu'il pense \u00e0 toute cette journ\u00e9e qu'il lui faudra traverser comme un oc\u00e9an l'\u00e9c\u0153urement se l\u00e8ve.\n\nIl se l\u00e8ve et marche jusqu'\u00e0 la machine \u00e0 caf\u00e9. La sienne. Pour ne pas avoir surtout \u00e0 se rendre \u00e0 l'autre, collective.\n\nLe liquide noir dans la tasse blanche lui rappelle Talleyrand:Noir comme le diable Chaud comme l'enfer Pur comme un ange Doux comme l'amour.\n\nC'\u00e9tait marqu\u00e9 quelque part dans son enfance sur un pot, comme un message, une proph\u00e9tie.\n\nUn d\u00e9gout de le boire sans sucre auquel lentement le palais s'habitue pour au final d\u00e9cider d'un plaisir, d'une satisfaction.\n\nPeut-\u00eatre que le caf\u00e9 est un peu comme l'hyst\u00e9rie. Au d\u00e9but on a du mal et peut-\u00eatre qu'\u00e0 la fin on finira par y prendre gout. \n\nIl note caf\u00e9 et hyst\u00e9rie 9h05.\n\nPuis l'homme s'enfonce encore un peu plus loin dans le travail. D\u00e9sormais il s'acharne \u00e0 cr\u00e9er des formules de plus en plus complexes sur son tableur pour -esp\u00e8re t'il - gagner encore plus chaque jour en efficacit\u00e9.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1760.jpg?1763207544", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/solitude-du-voir.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/solitude-du-voir.html", "title": "Solitude du voir", "date_published": "2021-06-04T02:21:24Z", "date_modified": "2025-11-15T11:50:24Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Il existe une confusion de l’\u0153il dont on ne se rend pas compte, que l’on prend m\u00eame pour de la clart\u00e9 tant nous sommes install\u00e9s \u00e0 l’int\u00e9rieur de celle-ci.<\/p>\n

Aveugl\u00e9ment nous croyons voir et nous croyons que tous nous voyons les m\u00eames choses.<\/p>\n

Il ne nous vient pas l’id\u00e9e de nous interroger sur cette confusion tout simplement parce que nous n’en sommes pas conscients.<\/p>\n

Notre attention \u00e0 tout ce qui nous entoure, si elle est personnelle au d\u00e9but de notre vie, se recouvre peu \u00e0 peu de cette poussi\u00e8re cr\u00e9e par une sorte d’\u00e9rosion naturelle.<\/p>\n

Une poussi\u00e8re produite par les clich\u00e9s, un frottement -silex contre silex-qui peu \u00e0 peu comme une pellicule, un nouveau cristallin recouvre l’original.<\/p>\n

On ne s’en rend pas compte tant l’obsession d’appartenir \u00e0 un groupe prend le pas sur cette attention.<\/p>\n

Cette obsession de ressembler pour s’assembler produit sur la vision, lorsque nous tentons dans parler, une catastrophe silencieuse.<\/p>\n

On se heurte de nombreuses fois \u00e0 un mur qui , au bout du compte finit par se nommer limite.<\/p>\n

La limite est \u00e0 peu pr\u00e8s la m\u00eame que celle d’un ch\u00e2teau, d’un village, d’un pays, la limite est aussi une identit\u00e9 qui nous permet \u00e0 la fois d’identifier le semblable comme soi-m\u00eame dans nos \u00e9changes quotidiens.<\/p>\n

Sans cette limite assimil\u00e9e la vie serait inconfortable. Nous serions pensons nous \u00e9trangers les uns aux autres, voire pire \u00e9tranger \u00e0 nous-m\u00eames.<\/p>\n

Voil\u00e0 une bien \u00e9tonnante notion que celle du familier.<\/p>\n

Le familier c’est de l’\u00e9tranget\u00e9 oubli\u00e9e par l’habitude de regarder sans faire attention \u00e0 ce que l’on voit.<\/p>\n

C’est \u00e0 l’adolescence que cette notion de familier est remise en question par l’individu. Cependant qu’un ph\u00e9nom\u00e8ne extraordinaire accompagne cette remise en question. Nous rejetons un familier, celui que nous connaissons par la famille, par les limites impos\u00e9es par celle-ci et qui nous attribue un r\u00f4le. Le r\u00f4le d’enfant.<\/p>\n

La peur et le d\u00e9sir entrem\u00eal\u00e9s de p\u00e9n\u00e9trer dans la communaut\u00e9 des adultes nous obligent \u00e0 imaginer de nombreux comportements afin de nous diff\u00e9rencier de cet \u00e9tat, de ce r\u00f4le attribu\u00e9s par la famille.<\/p>\n

Nous tentons de nous extirper de l’ennui, de cette relation fig\u00e9e avec le monde qui nous entoure.<\/p>\n

Que ce soit en adoptant de nouveaux codes vestimentaires, en recherchant des groupes musicaux particuliers, en utilisant un langage appartenant \u00e0 la communaut\u00e9 \u00e0 laquelle nous briguons d’appartenir parce que nous pensons qu’ainsi ce sera plus facile, en \u00e9tant accompagn\u00e9 dans l’\u00e9preuve, dans une solidarit\u00e9 qui se b\u00e2tit par le \"contre\" de parvenir \u00e0 un \"pour\" in\u00e9dit.<\/p>\n

C’est la sempiternelle histoire des g\u00e9n\u00e9rations.<\/p>\n

C’est ainsi que nous pensons forger notre \"personnalit\u00e9\", mais en r\u00e9alit\u00e9 nous esquissons plut\u00f4t les pr\u00e9misses d’un personnage que nous souhaiterions devenir.<\/p>\n

Ce que nous voyons ne devient plus que de l’utile, du n\u00e9cessaire en accord avec la construction de ce personnage.<\/p>\n

Nous ne voulons pas voir autre chose.<\/p>\n

Et cet \"autre chose\" cette vision personnelle qui nous appartient depuis notre naissance s’enfonce doucement dans l’oubli.<\/p>\n

Elle ne disparait pas pour autant.<\/p>\n

Le narcissisme de l’adolescent en est une r\u00e9surgence.<\/p>\n

Lorsque notre vision essentielle se confond soudain avec notre propre image \u00e0 la surface des miroirs le risque est grand de se noyer dans celle-ci.<\/p>\n

Il est m\u00eame n\u00e9cessaire que nous nous y noyons juste ce qu’il faudra pour parvenir \u00e0 toucher le fond et remonter \u00e0 la surface transform\u00e9s soudain par l’asphyxie. Heureux, apais\u00e9 de respirer \u00e0 nouveau, pr\u00eat \u00e0 d\u00e9laisser cette mise en ab\u00eeme du Moi pour continuer le chemin vers Soi c’est \u00e0 dire aussi vers l’Autre.<\/p>\n

Ce sont la des rituels de passage tr\u00e8s anciens mais dont la mise en sc\u00e8ne n’est plus mise en valeur, en \"vision\" par notre soci\u00e9t\u00e9 dite moderne qui les nomme archa\u00efques, ou pire : ridicules.<\/p>\n

Ce narcissisme qui autrefois \u00e9tait repr\u00e9sent\u00e9 par un danger \u00e0 surmonter dans une s\u00e9rie d’\u00e9preuves plus ou moins manifestes et encadr\u00e9es par la communaut\u00e9 ne l’est plus.<\/p>\n

Les limites de l’adolescence comme du narcissisme sont devenus d’autant plus floues que le syst\u00e8me \u00e9conomique et politique dans lequel nous vivons semble avoir besoin de nous maintenir dans cet \u00e9tat infantile.<\/p>\n

Attirer notre attention, notre vision, en nous faisant briguer l’appartenance \u00e0 des groupes factices et \u00e9ph\u00e9m\u00e8res est devenu le mot d’ordre de la soci\u00e9t\u00e9 de consommation et des publicitaires qui ne cessent de nous abreuver de clich\u00e9s.<\/p>\n

Que peut donc faire l’individu emprisonn\u00e9 ainsi dans la solitude du consommateur ?<\/p>\n

Que peut donc faire l’individu qui a de l’argent et celui qui n’en n’a pas ?<\/p>\n

Y a t’il d’autre choix que de sombrer sans rel\u00e2che dans cette belle image sans jamais devenir adulte ?<\/p>\n

Ou bien devenir un consommateur dans un groupe de consommateurs ?<\/p>\n

Ce ne sont pas des perspectives r\u00e9jouissantes pour un adolescent et la r\u00e9volte, l’envie de tout casser n’est pas tr\u00e8s \u00e9tonnante.<\/p>\n

Lorsque je veux me souvenir de cette p\u00e9riode je retrouve presque aussit\u00f4t la chape de plomb que l’ennui a pos\u00e9 sur mes \u00e9paules et qui dura de nombreuses ann\u00e9es apr\u00e8s ce qu’on peut imaginer l’\u00e2ge l\u00e9gal du passage \u00e0 l’adulte.<\/p>\n

Mon adolescence dura certainement jusqu’aux abords de la cinquantaine.<\/p>\n

Je crois que j’ai du explorer tous les ab\u00eemes et les abysses du narcissisme en sautant r\u00e9guli\u00e8rement dans ma propre image par d\u00e9pit de ne rien pouvoir voir que celle-ci d’attrayant \u00e0 regarder v\u00e9ritablement.<\/p>\n

Cette solitude du voir est comme un athanor d’alchimiste, elle n’est qu’un contenant dont le contenu sera chauff\u00e9 \u00e0 blanc par le d\u00e9sir, la curiosit\u00e9, toutes les faims et toutes les soifs.<\/p>\n

Un cocon.<\/p>\n

C’est la d\u00e9couverte de l’art qui progressivement m’a permis de trouver un point d’appui pour m’extirper des gouffres et remonter peu \u00e0 peu sur une terre plus ferme.<\/p>\n

Cela ne s’est pas fait en une seule fois. Parfois je croyais m’agripper mais la solidit\u00e9 se dissolvait soudain et je ne faisais que retomber encore plus bas.<\/p>\n

Mais appr\u00e9hender ce myst\u00e8re avait suffit pour me donner le besoin de recommencer inlassablement \u00e0 m’agripper.<\/p>\n

Je suis all\u00e9 ainsi d’\u00e9chec en \u00e9chec, d’aveuglement en \u00e9blouissement.<\/p>\n

et je me d\u00e9sesp\u00e9rais bien sur avec la m\u00eame intensit\u00e9 que j’esp\u00e9rais aussi en contre partie.<\/p>\n

Je ne savais pas vraiment d’ailleurs pourquoi autant d’espoirs et de d\u00e9sespoirs passaient ainsi par qui j’\u00e9tais.<\/p>\n

Je subissais tout cela dans un aveuglement presque total.<\/p>\n

Jusqu’\u00e0 la cinquantaine o\u00f9 enfin je pu formuler cette question :<\/p>\n

Mais pourquoi est ce que cela ne fonctionne pas ?<\/p>\n

Comment puis me prendre autrement pour trouver l’apaisement enfin ?<\/p>\n

A partir de cet instant les choses s’enchain\u00e8rent sans que j’en sois conscient.<\/p>\n

Je tombais dans une grave d\u00e9pression, je d\u00e9missionnais de mon job et ne sachant pas ce que je pouvais faire de ma vie, j’ai fais le point sur ce que je voulais et ne voulais plus.<\/p>\n

Je voulais \u00eatre heureux et libre c’\u00e9tait les deux mots qui vinrent tout de suite.<\/p>\n

alors je me suis mis \u00e0 chercher les exp\u00e9riences auxquelles je pouvais associer ces deux mots et j’ai vu tout naturellement d’abord ma m\u00e8re en train de peindre et moi enfant \u00e0 ses cot\u00e9s.<\/p>\n

Puis je me suis vu moi m\u00eame en train de peindre lorsque j’\u00e9tais gamin.<\/p>\n

Tout un monde que j’avais totalement oubli\u00e9 a ressurgit soudain.<\/p>\n

Et l\u00e0 je me suis frapp\u00e9 le front j’ai pouss\u00e9 un eur\u00eaka.<\/p>\n

Je vais donner des cours de peinture pour gagner ma vie, et je vais me mettre \u00e0 peindre plus s\u00e9rieusement que je ne l’ai jamais fait de ma vie.<\/p>\n

Tout cela me rendra heureux et libre !<\/p>\n

Facile \u00e0 dire, un peu moins facile \u00e0 mettre en \u0153uvre.<\/p>\n

Mais ce n’est pas grave le temps qu’il faut une fois qu’on sait ce que l’on veut.<\/p>\n

Ce que j’ai d\u00e9couvert encore apr\u00e8s cette prise de conscience est d’une richesse incommensurable.<\/p>\n

Cette richesse ne sert pas \u00e0 payer les factures pour autant.<\/p>\n

Cette richesse permet de voir est c’est une nourriture in\u00e9puisable en m\u00eame temps qu’elle prodigue une solitude comme jamais je n’en ai eu conscience.<\/p>\n

Pour autant cette solitude n’est pas quelque chose de n\u00e9gatif comme souvent j’ai pu la consid\u00e9rer tant que je ne la comprenais pas.<\/p>\n

Ce n’est pas une solitude cr\u00e9e par le manque de reconnaissance, par le manque d’amour, par un manque quelconque d’ailleurs.<\/p>\n

C’est une solitude qui \u00e9claire toute une vie, et qui me rend transparent si je puis dire. C’est \u00e0 dire qui me permet de voir au del\u00e0 des nombreux jugements, au del\u00e0 des peurs et des espoirs, une r\u00e9alit\u00e9 que je per\u00e7ois telle qu’elle est, tout simplement, sur les carr\u00e9s et les rectangles de papier ou de tissus sur lesquels mes \u00e9l\u00e8ves se penchent, sur lesquels l’homme que je suis se penche aussi.<\/p>\n

Bien sur il y a des maladresses, bien sur il y a aussi l’excellence. Mais dans cette vision, gr\u00e2ce \u00e0 la solitude que m’offre cette vision la maladresse et l’excellence ne sont que des mots, je ne vois que la danse, que le mouvement, que la beaut\u00e9 des valeurs, des oppos\u00e9s , des contrastes et toute leur profondeur.<\/p>\n

Cette solitude n’enferme pas, tout au contraire elle rend heureux et libre.<\/p>", "content_text": "Il existe une confusion de l'\u0153il dont on ne se rend pas compte, que l'on prend m\u00eame pour de la clart\u00e9 tant nous sommes install\u00e9s \u00e0 l'int\u00e9rieur de celle-ci. \n\nAveugl\u00e9ment nous croyons voir et nous croyons que tous nous voyons les m\u00eames choses.\n\nIl ne nous vient pas l'id\u00e9e de nous interroger sur cette confusion tout simplement parce que nous n'en sommes pas conscients.\n\nNotre attention \u00e0 tout ce qui nous entoure, si elle est personnelle au d\u00e9but de notre vie, se recouvre peu \u00e0 peu de cette poussi\u00e8re cr\u00e9e par une sorte d'\u00e9rosion naturelle.\n\nUne poussi\u00e8re produite par les clich\u00e9s, un frottement -silex contre silex-qui peu \u00e0 peu comme une pellicule, un nouveau cristallin recouvre l'original.\n\nOn ne s'en rend pas compte tant l'obsession d'appartenir \u00e0 un groupe prend le pas sur cette attention.\n\nCette obsession de ressembler pour s'assembler produit sur la vision, lorsque nous tentons dans parler, une catastrophe silencieuse.\n\nOn se heurte de nombreuses fois \u00e0 un mur qui , au bout du compte finit par se nommer limite.\n\nLa limite est \u00e0 peu pr\u00e8s la m\u00eame que celle d'un ch\u00e2teau, d'un village, d'un pays, la limite est aussi une identit\u00e9 qui nous permet \u00e0 la fois d'identifier le semblable comme soi-m\u00eame dans nos \u00e9changes quotidiens.\n\nSans cette limite assimil\u00e9e la vie serait inconfortable. Nous serions pensons nous \u00e9trangers les uns aux autres, voire pire \u00e9tranger \u00e0 nous-m\u00eames.\n\nVoil\u00e0 une bien \u00e9tonnante notion que celle du familier.\n\nLe familier c'est de l'\u00e9tranget\u00e9 oubli\u00e9e par l'habitude de regarder sans faire attention \u00e0 ce que l'on voit.\n\nC'est \u00e0 l'adolescence que cette notion de familier est remise en question par l'individu. Cependant qu'un ph\u00e9nom\u00e8ne extraordinaire accompagne cette remise en question. Nous rejetons un familier, celui que nous connaissons par la famille, par les limites impos\u00e9es par celle-ci et qui nous attribue un r\u00f4le. Le r\u00f4le d'enfant. \n\nLa peur et le d\u00e9sir entrem\u00eal\u00e9s de p\u00e9n\u00e9trer dans la communaut\u00e9 des adultes nous obligent \u00e0 imaginer de nombreux comportements afin de nous diff\u00e9rencier de cet \u00e9tat, de ce r\u00f4le attribu\u00e9s par la famille.\n\nNous tentons de nous extirper de l'ennui, de cette relation fig\u00e9e avec le monde qui nous entoure.\n\nQue ce soit en adoptant de nouveaux codes vestimentaires, en recherchant des groupes musicaux particuliers, en utilisant un langage appartenant \u00e0 la communaut\u00e9 \u00e0 laquelle nous briguons d'appartenir parce que nous pensons qu'ainsi ce sera plus facile, en \u00e9tant accompagn\u00e9 dans l'\u00e9preuve, dans une solidarit\u00e9 qui se b\u00e2tit par le \"contre\" de parvenir \u00e0 un \"pour\" in\u00e9dit.\n\nC'est la sempiternelle histoire des g\u00e9n\u00e9rations.\n\nC'est ainsi que nous pensons forger notre \"personnalit\u00e9\", mais en r\u00e9alit\u00e9 nous esquissons plut\u00f4t les pr\u00e9misses d'un personnage que nous souhaiterions devenir.\n\nCe que nous voyons ne devient plus que de l'utile, du n\u00e9cessaire en accord avec la construction de ce personnage.\n\nNous ne voulons pas voir autre chose.\n\nEt cet \"autre chose\" cette vision personnelle qui nous appartient depuis notre naissance s'enfonce doucement dans l'oubli.\n\nElle ne disparait pas pour autant.\n\nLe narcissisme de l'adolescent en est une r\u00e9surgence.\n\nLorsque notre vision essentielle se confond soudain avec notre propre image \u00e0 la surface des miroirs le risque est grand de se noyer dans celle-ci. \n\nIl est m\u00eame n\u00e9cessaire que nous nous y noyons juste ce qu'il faudra pour parvenir \u00e0 toucher le fond et remonter \u00e0 la surface transform\u00e9s soudain par l'asphyxie. Heureux, apais\u00e9 de respirer \u00e0 nouveau, pr\u00eat \u00e0 d\u00e9laisser cette mise en ab\u00eeme du Moi pour continuer le chemin vers Soi c'est \u00e0 dire aussi vers l'Autre.\n\nCe sont la des rituels de passage tr\u00e8s anciens mais dont la mise en sc\u00e8ne n'est plus mise en valeur, en \"vision\" par notre soci\u00e9t\u00e9 dite moderne qui les nomme archa\u00efques, ou pire : ridicules.\n\nCe narcissisme qui autrefois \u00e9tait repr\u00e9sent\u00e9 par un danger \u00e0 surmonter dans une s\u00e9rie d'\u00e9preuves plus ou moins manifestes et encadr\u00e9es par la communaut\u00e9 ne l'est plus.\n\nLes limites de l'adolescence comme du narcissisme sont devenus d'autant plus floues que le syst\u00e8me \u00e9conomique et politique dans lequel nous vivons semble avoir besoin de nous maintenir dans cet \u00e9tat infantile.\n\nAttirer notre attention, notre vision, en nous faisant briguer l'appartenance \u00e0 des groupes factices et \u00e9ph\u00e9m\u00e8res est devenu le mot d'ordre de la soci\u00e9t\u00e9 de consommation et des publicitaires qui ne cessent de nous abreuver de clich\u00e9s.\n\nQue peut donc faire l'individu emprisonn\u00e9 ainsi dans la solitude du consommateur ?\n\nQue peut donc faire l'individu qui a de l'argent et celui qui n'en n'a pas ?\n\nY a t'il d'autre choix que de sombrer sans rel\u00e2che dans cette belle image sans jamais devenir adulte ?\n\nOu bien devenir un consommateur dans un groupe de consommateurs ?\n\nCe ne sont pas des perspectives r\u00e9jouissantes pour un adolescent et la r\u00e9volte, l'envie de tout casser n'est pas tr\u00e8s \u00e9tonnante.\n\nLorsque je veux me souvenir de cette p\u00e9riode je retrouve presque aussit\u00f4t la chape de plomb que l'ennui a pos\u00e9 sur mes \u00e9paules et qui dura de nombreuses ann\u00e9es apr\u00e8s ce qu'on peut imaginer l'\u00e2ge l\u00e9gal du passage \u00e0 l'adulte.\n\nMon adolescence dura certainement jusqu'aux abords de la cinquantaine.\n\nJe crois que j'ai du explorer tous les ab\u00eemes et les abysses du narcissisme en sautant r\u00e9guli\u00e8rement dans ma propre image par d\u00e9pit de ne rien pouvoir voir que celle-ci d'attrayant \u00e0 regarder v\u00e9ritablement.\n\nCette solitude du voir est comme un athanor d'alchimiste, elle n'est qu'un contenant dont le contenu sera chauff\u00e9 \u00e0 blanc par le d\u00e9sir, la curiosit\u00e9, toutes les faims et toutes les soifs.\n\nUn cocon.\n\nC'est la d\u00e9couverte de l'art qui progressivement m'a permis de trouver un point d'appui pour m'extirper des gouffres et remonter peu \u00e0 peu sur une terre plus ferme.\n\nCela ne s'est pas fait en une seule fois. Parfois je croyais m'agripper mais la solidit\u00e9 se dissolvait soudain et je ne faisais que retomber encore plus bas. \n\nMais appr\u00e9hender ce myst\u00e8re avait suffit pour me donner le besoin de recommencer inlassablement \u00e0 m'agripper. \n\nJe suis all\u00e9 ainsi d'\u00e9chec en \u00e9chec, d'aveuglement en \u00e9blouissement.\n\net je me d\u00e9sesp\u00e9rais bien sur avec la m\u00eame intensit\u00e9 que j'esp\u00e9rais aussi en contre partie.\n\nJe ne savais pas vraiment d'ailleurs pourquoi autant d'espoirs et de d\u00e9sespoirs passaient ainsi par qui j'\u00e9tais.\n\nJe subissais tout cela dans un aveuglement presque total.\n\nJusqu'\u00e0 la cinquantaine o\u00f9 enfin je pu formuler cette question :\n\nMais pourquoi est ce que cela ne fonctionne pas ?\n\nComment puis me prendre autrement pour trouver l'apaisement enfin ?\n\nA partir de cet instant les choses s'enchain\u00e8rent sans que j'en sois conscient.\n\nJe tombais dans une grave d\u00e9pression, je d\u00e9missionnais de mon job et ne sachant pas ce que je pouvais faire de ma vie, j'ai fais le point sur ce que je voulais et ne voulais plus.\n\nJe voulais \u00eatre heureux et libre c'\u00e9tait les deux mots qui vinrent tout de suite.\n\nalors je me suis mis \u00e0 chercher les exp\u00e9riences auxquelles je pouvais associer ces deux mots et j'ai vu tout naturellement d'abord ma m\u00e8re en train de peindre et moi enfant \u00e0 ses cot\u00e9s.\n\nPuis je me suis vu moi m\u00eame en train de peindre lorsque j'\u00e9tais gamin.\n\nTout un monde que j'avais totalement oubli\u00e9 a ressurgit soudain.\n\nEt l\u00e0 je me suis frapp\u00e9 le front j'ai pouss\u00e9 un eur\u00eaka.\n\nJe vais donner des cours de peinture pour gagner ma vie, et je vais me mettre \u00e0 peindre plus s\u00e9rieusement que je ne l'ai jamais fait de ma vie.\n\nTout cela me rendra heureux et libre !\n\nFacile \u00e0 dire, un peu moins facile \u00e0 mettre en \u0153uvre. \n\nMais ce n'est pas grave le temps qu'il faut une fois qu'on sait ce que l'on veut.\n\nCe que j'ai d\u00e9couvert encore apr\u00e8s cette prise de conscience est d'une richesse incommensurable. \n\nCette richesse ne sert pas \u00e0 payer les factures pour autant.\n\nCette richesse permet de voir est c'est une nourriture in\u00e9puisable en m\u00eame temps qu'elle prodigue une solitude comme jamais je n'en ai eu conscience.\n\nPour autant cette solitude n'est pas quelque chose de n\u00e9gatif comme souvent j'ai pu la consid\u00e9rer tant que je ne la comprenais pas.\n\nCe n'est pas une solitude cr\u00e9e par le manque de reconnaissance, par le manque d'amour, par un manque quelconque d'ailleurs.\n\nC'est une solitude qui \u00e9claire toute une vie, et qui me rend transparent si je puis dire. C'est \u00e0 dire qui me permet de voir au del\u00e0 des nombreux jugements, au del\u00e0 des peurs et des espoirs, une r\u00e9alit\u00e9 que je per\u00e7ois telle qu'elle est, tout simplement, sur les carr\u00e9s et les rectangles de papier ou de tissus sur lesquels mes \u00e9l\u00e8ves se penchent, sur lesquels l'homme que je suis se penche aussi.\n\nBien sur il y a des maladresses, bien sur il y a aussi l'excellence. Mais dans cette vision, gr\u00e2ce \u00e0 la solitude que m'offre cette vision la maladresse et l'excellence ne sont que des mots, je ne vois que la danse, que le mouvement, que la beaut\u00e9 des valeurs, des oppos\u00e9s , des contrastes et toute leur profondeur.\n\nCette solitude n'enferme pas, tout au contraire elle rend heureux et libre.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20210612_084731.jpg?1763206244", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/l-oeuvre-et-l-artiste.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/l-oeuvre-et-l-artiste.html", "title": "L'\u0153uvre et l'artiste", "date_published": "2021-06-01T03:14:25Z", "date_modified": "2025-11-15T11:28:30Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Hier je me rends chez le m\u00e9decin pour un petit souci et la consultation ne dure que 5 minutes. Aux murs de son cabinet des toiles magnifiques. Il m’apprend que c’est lui qui peint, et sa joie quasi enfantine d’avoir vendu sa premi\u00e8re toile. Lorsqu’il m’examinait quelques instants plus t\u00f4t j’avais \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9 par la fatigue que je lisais dans son regard, un \u0153il voil\u00e9 comme en ont les personnes malades du foie, les alcooliques. Et soudain nous parlons peinture et les traits de son visage se m\u00e9tamorphosent. Vraiment joyeux. J’attends la retraite et l\u00e0 je m’y mets \u00e0 fond me dit-il.<\/p>\n

Il me dit qu’il a un compte Instagram et que \u00e7a ne marche pas bien fort, du coup je lui donne quelques conseils et le soir je repense \u00e0 notre conversation je vais voir ce fameux compte. Il poste ses peintures avec quelques mots clefs et presque jamais de l\u00e9gende.<\/p>\n

Du coup je repense \u00e0 cela ce matin et au texte que je viens d’\u00e9crire sur l’artiste-peintre Christophe Houllier<\/a>, je m’interroge.<\/p>\n

Je crois que cela devient de plus en plus une \u00e9vidence que le public ne peut se satisfaire uniquement de voir des \u0153uvres. Il faut que l’artiste donne de lui-m\u00eame. Qu’il parle de lui, de son travail, des hauts et des bas qu’il rencontre sur son trajet. En un mot qu’il communique afin de trouver son public.<\/p>\n

Il y a encore beaucoup d’artistes qui ne le font pas ou le font mal. Moi-m\u00eame je ne peux pas vraiment dire que je sois un expert en la mati\u00e8re.<\/p>\n

D’un autre cot\u00e9 je ne souhaite pas non plus devenir cette sorte d’expert non plus. Je ne me formerais pas au copywriting afin d’acqu\u00e9rir tout un attirail de p\u00e8che pour hame\u00e7onner le chaland. Et \u00e7a me fait r\u00e9fl\u00e9chir aussi \u00e0 la fa\u00e7on dont il est possible de communiquer sur son travail, sur la r\u00e9flexion n\u00e9cessaire \u00e0 mener pour ce faire.<\/p>\n

Cela demande un sacr\u00e9 travail d\u00e9j\u00e0 pour mettre en place les outils basiques : un site internet, une page sur les r\u00e9seaux sociaux mais avec un peu d’acharnement et beaucoup de tutoriels il est assez simple d’y parvenir.<\/p>\n

C’est autre chose de penser \u00e0 son image, \u00e0 cette image que l’on veut donner de soi \u00e0 un public. Je crois qu’en art plus que dans n’importe quel domaine cette image ne doit absolument pas \u00eatre factice, frelat\u00e9e.<\/p>\n

Il y a eut des pr\u00e9c\u00e9dents o\u00f9 l’on voit qu’il s’agit plus d’un personnage invent\u00e9 de toutes pi\u00e8ces par l’homme pour propulser l’artiste. Je pense \u00e0 Gainsbourg, \u00e0 Dali, Blaise Cendrars, Picasso. En cr\u00e9ant un personnage ils posent une sorte de barri\u00e8re sur laquelle bute l’attention et celle-ci finit par s’y focaliser la plupart du temps. Cela suffira \u00e0 la plupart des gens pour se satisfaire et ainsi joindre les deux images, celle de l’\u0153uvre et de l’artiste.<\/p>\n

C’est une sorte d’emballage, du packaging de haute vol\u00e9e parfois.<\/p>\n

D’un autre cot\u00e9 si l’on communique na\u00efvement avec ses tripes et son c\u0153ur, le risque est grand d’\u00eatre consid\u00e9r\u00e9 comme na\u00eff, sympathique et neuneu tout \u00e0 la fois. C’est \u00e0 dire que la sinc\u00e9rit\u00e9 que l’on croit importante pour dire est presque toujours transform\u00e9e en autre chose. La plupart des gens se disant lucides ont peine \u00e0 y croire. Et du coup au lieu d’\u00eatre le ma\u00eetre de sa propre image comme dans la strat\u00e9gie pr\u00e9c\u00e9dente, l’artiste est victime en quelque sorte d’une image que peu \u00e0 peu construit son public.<\/p>\n

Oh lui c’est un artiste il est ravi.<\/p>\n

D’o\u00f9 parfois les cris les pleurs et les grincements de dents.<\/p>\n

Surtout si on attend quoique ce soit du public.<\/p>\n

La position la plus confortable est de ne rien attendre de personne mais de faire le job malgr\u00e9 tout.<\/p>\n

La priorit\u00e9 est de peindre et de faire tourner l’atelier pour les cours me concernant et j’ai presque instinctivement d\u00e9clin\u00e9 les propositions de galeries, de salons, d’expositions un peu trop pompeuses afin d’\u00e9chapper \u00e0 la kyrielle d’ennuis principalement les mondanit\u00e9s qui s’y attachent dans mon esprit.<\/p>\n

J’ai choisi na\u00efvement d’\u00eatre \"authentique\" et ce blog participe tr\u00e8s largement \u00e0 cet effort d’authenticit\u00e9.<\/p>\n

Cependant on peut se dire authentique, y croire et s’apercevoir au bout du compte qu’il ne s’agit que d’une fiction que l’on se raconte \u00e0 soi-m\u00eame.<\/p>\n

Toujours ce fameux ph\u00e9nom\u00e8ne de recul cher au peintre.<\/p>\n

C’est qu’il y a l’authenticit\u00e9 que l’on nous vend \u00e0 tour de bras et puis l’autre dont on ne parle gu\u00e8re.<\/p>\n

Il faut traverser la fiction de la premi\u00e8re pour d\u00e9couvrir avec stupeur la seconde. Et mesurer \u00e0 nouveau la montagne qui se dresse devant soi.<\/p>\n

Une des solutions que j’ai trouv\u00e9es pour pallier cette difficult\u00e9 de l’authenticit\u00e9 c’est d’essayer de ne rien censurer sur ce blog par exemple partant du postulat que de toutes fa\u00e7ons tout n’\u00e9tait que fiction, surtout la fameuse authenticit\u00e9.<\/p>\n

M\u00eame si je mets tout mon c\u0153ur, toute mon \u00e2me comme on dit parfois \u00e0 r\u00e9diger un texte je sais d’avance que je me leurre en bonne partie sur ces notions. Cependant je le fais malgr\u00e9 tout. Pour voir jusqu’o\u00f9 \u00e7a peut aller dans la folie, dans la b\u00eatise, dans le subterfuge, dans l’artifice que je ne suis absolument pas en mesure de voir au moment m\u00eame ou je m’y engage.<\/p>\n

Je crois qu’il y a autant d’efforts \u00e0 faire pour \u00e9crire, pour communiquer, pour livrer cette fameuse image de soi au public qu’il en faut pour parvenir \u00e0 devenir peintre. Les deux sont \u00e9troitement li\u00e9s dans mon esprit aujourd’hui.<\/p>\n

Il se peut m\u00eame que ces deux actions \u00e0 mener de front se nourrissent l’une l’autre et permettent ainsi d’\u00e9voluer.<\/p>\n

Dans le fond cela pose \u00e0 nouveau l’id\u00e9e d’une limite raisonnable si je puis dire entre ce qui peut int\u00e9resser le public et ce qui int\u00e9resse l’artiste de livrer sur lui-m\u00eame.<\/p>\n

Les trois quart des choses que l’on imagine importantes pour soi n’int\u00e9ressent que tr\u00e8s peu le public finalement mise \u00e0 part les voyeurs, les critiques d’art \u00e9ventuels, les chercheurs.<\/p>\n

Il faut faire des tests innombrables pour en \u00eatre certain.<\/p>\n

Amis artistes j’ai test\u00e9 pour vous ! Sur les centaines de textes \u00e9crits durant ces presque 3 ans de blogging je n’ai f\u00e9d\u00e9r\u00e9 qu’une petite audience et chacun de mes textes ne d\u00e9passe que tr\u00e8s rarement les 5 ou 6 likes.<\/p>\n

Mais ce n’\u00e9tait pas un but en soi d’avoir une foule de groupies, de fans de followers. Ce qui \u00e9tait important c’\u00e9tait de comprendre cette notion d’authenticit\u00e9 qui me bassine depuis des ann\u00e9es. C’\u00e9tait de parvenir aussi \u00e0 faire la part des choses entre ce qui m’int\u00e9resse moi et ce qui int\u00e9resse les autres dans le domaine de la peinture.<\/p>\n

En fait on ne retient que peu de choses de l’ \u0153uvre d’un artiste. Quelques pi\u00e8ces sur des milliers. C’est tout ce dont se rappellera le public. Ce n’est ni bien ni mal c’est comme \u00e7a.<\/p>\n

La satisfaction du peintre ne peut venir que de sa peinture et de ce qu’elle lui apprend sur lui, sur qui il est vraiment.<\/p>\n

c’est d\u00e9j\u00e0 un luxe inoui.<\/p>\n

\u00e7a ne r\u00e9sout pas cependant le probl\u00e8me du repas.<\/p>\n

Il faut vendre.<\/p>\n

Dans ce domaine on est souvent tent\u00e9 de vouloir r\u00e9inventer la roue. On se voudrait original, diff\u00e9rent des autres, parfois m\u00e9prisant lorsqu’on d\u00e9tecte les strat\u00e9gies cousues de fil blanc, lorsqu’on se dit :il ou elle y va fort de se mettre presque \u00e0 poil devant son tableau. C’est que ’l’id\u00e9e d’avoir absolument \u00e0 se d\u00e9marquer est tellement forte qu’elle en devient une obsession.<\/p>\n

On en revient.<\/p>\n

Il est n\u00e9cessaire d’en revenir pour passer au niveau d’apr\u00e8s, retrouver des vies, et un bonus non n\u00e9gligeable qui est cette s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, ce calme face \u00e0 toutes les observations que l’on pourrait nous faire sur l’\u0153uvre, comme sur nous m\u00eames.<\/p>\n

Comprendre ce que les gens per\u00e7oivent de tout \u00e7a est fascinant. Ce sont tout autant des fictions qu’ils s’inventent que nous le faisons nous m\u00eames.<\/p>\n

Il y a une grande diff\u00e9rence cependant entre la fiction et le mot que j’ai pris soin de garder pour la fin , le mensonge.<\/p>\n

La diff\u00e9rence c’est que la fiction aide \u00e0 mieux comprendre ce que l’on appelle la v\u00e9rit\u00e9 en tant qu’absence autour de laquelle on tourne de plus en plus \u00e9troitement sans pour autant l’atteindre jamais.<\/p>", "content_text": "Hier je me rends chez le m\u00e9decin pour un petit souci et la consultation ne dure que 5 minutes. Aux murs de son cabinet des toiles magnifiques. Il m'apprend que c'est lui qui peint, et sa joie quasi enfantine d'avoir vendu sa premi\u00e8re toile. Lorsqu'il m'examinait quelques instants plus t\u00f4t j'avais \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9 par la fatigue que je lisais dans son regard, un \u0153il voil\u00e9 comme en ont les personnes malades du foie, les alcooliques. Et soudain nous parlons peinture et les traits de son visage se m\u00e9tamorphosent. Vraiment joyeux. J'attends la retraite et l\u00e0 je m'y mets \u00e0 fond me dit-il.\n\nIl me dit qu'il a un compte Instagram et que \u00e7a ne marche pas bien fort, du coup je lui donne quelques conseils et le soir je repense \u00e0 notre conversation je vais voir ce fameux compte. Il poste ses peintures avec quelques mots clefs et presque jamais de l\u00e9gende.\n\nDu coup je repense \u00e0 cela ce matin et au texte que je viens d'\u00e9crire sur l'artiste-peintre Christophe Houllier, je m'interroge.\n\nJe crois que cela devient de plus en plus une \u00e9vidence que le public ne peut se satisfaire uniquement de voir des \u0153uvres. Il faut que l'artiste donne de lui-m\u00eame. Qu'il parle de lui, de son travail, des hauts et des bas qu'il rencontre sur son trajet. En un mot qu'il communique afin de trouver son public.\n\nIl y a encore beaucoup d'artistes qui ne le font pas ou le font mal. Moi-m\u00eame je ne peux pas vraiment dire que je sois un expert en la mati\u00e8re.\n\nD'un autre cot\u00e9 je ne souhaite pas non plus devenir cette sorte d'expert non plus. Je ne me formerais pas au copywriting afin d'acqu\u00e9rir tout un attirail de p\u00e8che pour hame\u00e7onner le chaland. Et \u00e7a me fait r\u00e9fl\u00e9chir aussi \u00e0 la fa\u00e7on dont il est possible de communiquer sur son travail, sur la r\u00e9flexion n\u00e9cessaire \u00e0 mener pour ce faire.\n\nCela demande un sacr\u00e9 travail d\u00e9j\u00e0 pour mettre en place les outils basiques : un site internet, une page sur les r\u00e9seaux sociaux mais avec un peu d'acharnement et beaucoup de tutoriels il est assez simple d'y parvenir.\n\nC'est autre chose de penser \u00e0 son image, \u00e0 cette image que l'on veut donner de soi \u00e0 un public. Je crois qu'en art plus que dans n'importe quel domaine cette image ne doit absolument pas \u00eatre factice, frelat\u00e9e.\n\nIl y a eut des pr\u00e9c\u00e9dents o\u00f9 l'on voit qu'il s'agit plus d'un personnage invent\u00e9 de toutes pi\u00e8ces par l'homme pour propulser l'artiste. Je pense \u00e0 Gainsbourg, \u00e0 Dali, Blaise Cendrars, Picasso. En cr\u00e9ant un personnage ils posent une sorte de barri\u00e8re sur laquelle bute l'attention et celle-ci finit par s'y focaliser la plupart du temps. Cela suffira \u00e0 la plupart des gens pour se satisfaire et ainsi joindre les deux images, celle de l'\u0153uvre et de l'artiste.\n\nC'est une sorte d'emballage, du packaging de haute vol\u00e9e parfois.\n\nD'un autre cot\u00e9 si l'on communique na\u00efvement avec ses tripes et son c\u0153ur, le risque est grand d'\u00eatre consid\u00e9r\u00e9 comme na\u00eff, sympathique et neuneu tout \u00e0 la fois. C'est \u00e0 dire que la sinc\u00e9rit\u00e9 que l'on croit importante pour dire est presque toujours transform\u00e9e en autre chose. La plupart des gens se disant lucides ont peine \u00e0 y croire. Et du coup au lieu d'\u00eatre le ma\u00eetre de sa propre image comme dans la strat\u00e9gie pr\u00e9c\u00e9dente, l'artiste est victime en quelque sorte d'une image que peu \u00e0 peu construit son public.\n\nOh lui c'est un artiste il est ravi.\n\nD'o\u00f9 parfois les cris les pleurs et les grincements de dents.\n\nSurtout si on attend quoique ce soit du public.\n\nLa position la plus confortable est de ne rien attendre de personne mais de faire le job malgr\u00e9 tout. \n\nLa priorit\u00e9 est de peindre et de faire tourner l'atelier pour les cours me concernant et j'ai presque instinctivement d\u00e9clin\u00e9 les propositions de galeries, de salons, d'expositions un peu trop pompeuses afin d'\u00e9chapper \u00e0 la kyrielle d'ennuis principalement les mondanit\u00e9s qui s'y attachent dans mon esprit.\n\nJ'ai choisi na\u00efvement d'\u00eatre \"authentique\" et ce blog participe tr\u00e8s largement \u00e0 cet effort d'authenticit\u00e9.\n\nCependant on peut se dire authentique, y croire et s'apercevoir au bout du compte qu'il ne s'agit que d'une fiction que l'on se raconte \u00e0 soi-m\u00eame.\n\nToujours ce fameux ph\u00e9nom\u00e8ne de recul cher au peintre.\n\nC'est qu'il y a l'authenticit\u00e9 que l'on nous vend \u00e0 tour de bras et puis l'autre dont on ne parle gu\u00e8re.\n\nIl faut traverser la fiction de la premi\u00e8re pour d\u00e9couvrir avec stupeur la seconde. Et mesurer \u00e0 nouveau la montagne qui se dresse devant soi.\n\nUne des solutions que j'ai trouv\u00e9es pour pallier cette difficult\u00e9 de l'authenticit\u00e9 c'est d'essayer de ne rien censurer sur ce blog par exemple partant du postulat que de toutes fa\u00e7ons tout n'\u00e9tait que fiction, surtout la fameuse authenticit\u00e9.\n\nM\u00eame si je mets tout mon c\u0153ur, toute mon \u00e2me comme on dit parfois \u00e0 r\u00e9diger un texte je sais d'avance que je me leurre en bonne partie sur ces notions. Cependant je le fais malgr\u00e9 tout. Pour voir jusqu'o\u00f9 \u00e7a peut aller dans la folie, dans la b\u00eatise, dans le subterfuge, dans l'artifice que je ne suis absolument pas en mesure de voir au moment m\u00eame ou je m'y engage.\n\nJe crois qu'il y a autant d'efforts \u00e0 faire pour \u00e9crire, pour communiquer, pour livrer cette fameuse image de soi au public qu'il en faut pour parvenir \u00e0 devenir peintre. Les deux sont \u00e9troitement li\u00e9s dans mon esprit aujourd'hui.\n\nIl se peut m\u00eame que ces deux actions \u00e0 mener de front se nourrissent l'une l'autre et permettent ainsi d'\u00e9voluer.\n\nDans le fond cela pose \u00e0 nouveau l'id\u00e9e d'une limite raisonnable si je puis dire entre ce qui peut int\u00e9resser le public et ce qui int\u00e9resse l'artiste de livrer sur lui-m\u00eame.\n\nLes trois quart des choses que l'on imagine importantes pour soi n'int\u00e9ressent que tr\u00e8s peu le public finalement mise \u00e0 part les voyeurs, les critiques d'art \u00e9ventuels, les chercheurs.\n\nIl faut faire des tests innombrables pour en \u00eatre certain.\n\nAmis artistes j'ai test\u00e9 pour vous ! Sur les centaines de textes \u00e9crits durant ces presque 3 ans de blogging je n'ai f\u00e9d\u00e9r\u00e9 qu'une petite audience et chacun de mes textes ne d\u00e9passe que tr\u00e8s rarement les 5 ou 6 likes.\n\nMais ce n'\u00e9tait pas un but en soi d'avoir une foule de groupies, de fans de followers. Ce qui \u00e9tait important c'\u00e9tait de comprendre cette notion d'authenticit\u00e9 qui me bassine depuis des ann\u00e9es. C'\u00e9tait de parvenir aussi \u00e0 faire la part des choses entre ce qui m'int\u00e9resse moi et ce qui int\u00e9resse les autres dans le domaine de la peinture.\n\nEn fait on ne retient que peu de choses de l' \u0153uvre d'un artiste. Quelques pi\u00e8ces sur des milliers. C'est tout ce dont se rappellera le public. Ce n'est ni bien ni mal c'est comme \u00e7a.\n\nLa satisfaction du peintre ne peut venir que de sa peinture et de ce qu'elle lui apprend sur lui, sur qui il est vraiment.\n\nc'est d\u00e9j\u00e0 un luxe inoui.\n\n\u00e7a ne r\u00e9sout pas cependant le probl\u00e8me du repas.\n\nIl faut vendre.\n\nDans ce domaine on est souvent tent\u00e9 de vouloir r\u00e9inventer la roue. On se voudrait original, diff\u00e9rent des autres, parfois m\u00e9prisant lorsqu'on d\u00e9tecte les strat\u00e9gies cousues de fil blanc, lorsqu'on se dit :il ou elle y va fort de se mettre presque \u00e0 poil devant son tableau. C'est que 'l'id\u00e9e d'avoir absolument \u00e0 se d\u00e9marquer est tellement forte qu'elle en devient une obsession.\n\nOn en revient.\n\nIl est n\u00e9cessaire d'en revenir pour passer au niveau d'apr\u00e8s, retrouver des vies, et un bonus non n\u00e9gligeable qui est cette s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, ce calme face \u00e0 toutes les observations que l'on pourrait nous faire sur l'\u0153uvre, comme sur nous m\u00eames.\n\nComprendre ce que les gens per\u00e7oivent de tout \u00e7a est fascinant. Ce sont tout autant des fictions qu'ils s'inventent que nous le faisons nous m\u00eames.\n\nIl y a une grande diff\u00e9rence cependant entre la fiction et le mot que j'ai pris soin de garder pour la fin , le mensonge.\n\nLa diff\u00e9rence c'est que la fiction aide \u00e0 mieux comprendre ce que l'on appelle la v\u00e9rit\u00e9 en tant qu'absence autour de laquelle on tourne de plus en plus \u00e9troitement sans pour autant l'atteindre jamais.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1748.jpg?1763206006", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ] }