<\/a>Golgotha Nouvelle version<\/p>",
"content_text": "L'id\u00e9e de changer revient comme une ritournelle, tu sais c'est un peu cette chanson que l'on fredonne sans savoir vraiment pourquoi ni comment et qui finit par nous agacer au bout d'un certain temps. Tout ce qui est plus fort que soi est aga\u00e7ant n'est-ce pas ? Tout ce que l'on ne maitrise ni ne contr\u00f4le pas l'est souvent aussi. Cette agacement je crois qu'il provient du petit enfant que l'on conserve au fond de nous-m\u00eames, et qui soudain comprend que beaucoup de choses dans la vie le d\u00e9passent. Qu'il ne ma\u00eetrise ni ne contr\u00f4le pas grand-chose.\n\nAlors je peux me dire que c'est enfantin de vouloir changer. C'est \u00e0 dire que j'imagine gr\u00e2ce \u00e0 l'illusion du changement devenir un autre. Mais quel autre si ce n'est celui qui esp\u00e8re parvenir \u00e0 s'adapter, c'est \u00e0 dire \u00e0 ma\u00eetriser en toutes circonstances l'impact provoqu\u00e9 par les circonstances.\n\nLorsque j'\u00e9tais gamin j'\u00e9tais fascin\u00e9 par l'eau. Y t'il quelque chose qui s'adapte mieux aux circonstances que celle-ci ? Et comment s'y prend t'elle ? C'\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 ce genre de question que je me posais lorsque j'allais m'asseoir au bord du Cher pour essayer de devenir un p\u00eacheur aussi habile que mon p\u00e8re.\n\nJe l'imaginais habile \u00e9videmment comment n'aurait-t 'il pas pu l'\u00eatre ?\n\nPar mim\u00e9tisme je m'effor\u00e7ais de m'extraire de quelque chose d\u00e9j\u00e0 pour me rendre vers un ailleurs imaginaire.\n\nIl me semble que si j'avais pu me filmer \u00e0 8 ou 9 ans en train de jeter ma ligne dans le fleuve j'aurais pu voir cette caricature \u00e0 la fois path\u00e9tique et \u00e9mouvante de ce petit gar\u00e7on effectuant des efforts insens\u00e9s pour devenir homme.\n\nPas n'importe quel homme, le p\u00e8re.\n\nLe pouvoir et la fascination dans lesquels j'avais gliss\u00e9 avec une facilit\u00e9 d\u00e9concertante m'avait totalement d\u00e9concert\u00e9.\n\nJe n'\u00e9tais plus une m\u00e9lodie, mais une cacophonie.\n\nL'admiration, la haine, l'amour et la crainte formaient alors une sensation omnipr\u00e9sente de panique qui m'interdisait l'acc\u00e8s \u00e0 qui j'\u00e9tais. Tout mon \u00eatre s'\u00e9lan\u00e7ait alors vers ce d\u00e9sir de ressembler \u00e0 ce p\u00e8re tout en d\u00e9testant souvent le r\u00e9sultat que j'obtenais.\n\nCela m'aga\u00e7ait beaucoup et d\u00e9clenchait aussi de formidables col\u00e8res contre le monde entier. Puis une fois la rage pass\u00e9e j'entrais alors dans une sorte de catatonie. Il me fallait m'enfouir dans un trou ou bien grimper au haut d'un arbre pour retrouver mes esprits. \n\nLe lieu commun se confondait avec un platitude infinie, qui souillait toute id\u00e9e d'horizon comme d'avenir . Au fond de moi lorsque je cherchais \u00e0 me distinguer au del\u00e0 de ce mod\u00e8le qu'imprimait mon p\u00e8re, je ne voyais rien. Et j'habillais ce rien d'oripeaux fantasques, abracadabrants lorsque parfois j'avais l'opportunit\u00e9 de prendre la parole.\n\nPour attirer l'attention des autres sur ce rien qui semblait m'envahir comme une nuit. Une sorte d'appel au secours \u00e0 peine dissimul\u00e9 qui provoquait \u00e9videmment l'effet contraire. La fuite ou l'\u00e9vitement, la mise \u00e0 l'\u00e9cart.\n\nCela se produisit tellement de fois dans dans cette enfance que peu \u00e0 peu l'\u00e9v\u00e8nement devint un os que je rongeais. Une obsession. \n\nCette peur ou l'ennui que je provoquais chez les autres finalement je crois que je m'en nourrissais. C'\u00e9tait sans doute ma seule v\u00e9ritable nourriture pour fortifier cette vuln\u00e9rabilit\u00e9 que j'avais peu \u00e0 peu d\u00e9couverte.\n\nRien n'\u00e9tait aussi intense \u00e0 cot\u00e9 de cette \u00e9motion qu'elle provoquait et qui me renvoyait \u00e0 une singularit\u00e9 impossible \u00e0 nommer.\n\nCette singularit\u00e9 devint une sorte de compagnie je crois. Une confidente. Du rien dont elle \u00e9tait issue elle se m\u00e9tamorphosa sans m\u00eame que je ne m'en aper\u00e7oive en tout.\n\nPuis mon enfance s'acheva, et j'entrais tout aussi lamentablement dans l'adolescence. J'esp\u00e9rais beaucoup dans le coll\u00e8ge et la multiplicit\u00e9 des sources d'enseignement. L'espoir d'un nouveau monde me pr\u00e9occupa quelques semaines, peut-\u00eatre quelques mois en raison de la force d'inertie. Puis je compris que je n'avais \u00e9chapp\u00e9 \u00e0 Charybde que pour aller buter contre Scylla.\n\nLa volont\u00e9 de ressembler \u00e0 mon p\u00e8re s'\u00e9vanouit doucement remplac\u00e9e par celle de ressembler \u00e0 d'autres, que ce soit des camarades ou des professeurs avec lesquels j'entretenais quelques affinit\u00e9s. J'empruntais leurs postures, leurs r\u00e9pliques, et jusqu'\u00e0 leurs mimiques \u00e0 seule fin de parvenir \u00e0 exister dans ce nouveau monde. Je m'\u00e9loignais encore de qui j'\u00e9tais pour devenir quelqu'un d'autre le temps de la journ\u00e9e d'\u00e9cole.\n\nPuis je rentrais et il me fallait toujours un espace temps particulier pour switcher du coll\u00e8ge \u00e0 la famille. Pour changer ce costume de coll\u00e9gien, en fils. J'avais saisi de plein fouet la notion de positionnement et de statut. Mais le probl\u00e8me \u00e9tait l'impossibilit\u00e9 d'effectuer des liens toujours avec ce rien au fond de moi. La singularit\u00e9 paraissait indiff\u00e9rente \u00e0 tous les efforts que j'essayais de faire pour m'int\u00e9grer dans ces diff\u00e9rents lieux et espaces. Et plus je faisais d'effort d'ailleurs plus il me semble que la pr\u00e9sence de cette singularit\u00e9 s'en trouvait comme renforc\u00e9e.\n\nCe qui se traduisait \u00e0 nouveau par des col\u00e8res, des d\u00e9pressions, ou encore des fr\u00e9n\u00e9sies \u00e9tranges d'aller courir dans les bois les champs \u00e0 perdre haleine, de lectures boulimiques , ou encore m'allonger sur le lit de ma petite chambre en ne faisant plus attention qu'au seul fait de respirer pour tenter de me d\u00e9barrasser de l'incessant tourbillon mental qui m'accablait.\n\nTout au long de ce processus je crois que j'ai \u00e9t\u00e9 obs\u00e9d\u00e9 par l'envie de changer, de pouvoir me d\u00e9barrasser de cette intuition terrifiante de n'\u00eatre rien. Une intuition aussi que cette intuition serait pr\u00e9monitoire. J'avais tellement la trouille d'\u00eatre ce rien qu'il ne pouvait \u00eatre qu'un d\u00e9sir que je ne parvenais pas \u00e0 assumer. \n\nUne sorte de fabrication imaginaire, une all\u00e9gorie ou une succession de m\u00e9taphores pour tenter d' \u00e9chapper \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 de la vie et de la mort.\n\nL'id\u00e9e de changer devait \u00e0 peu de chose pr\u00e8s \u00eatre du m\u00eame acabit que cette barre de points de vie suppl\u00e9mentaires qui s'affiche au haut de l'\u00e9cran d'un jeu vid\u00e9o.\n\nJe pouvais changer plusieurs fois, ce n'\u00e9tait pas un souci tant que j'avais encore quelques petits c\u0153urs allum\u00e9s avant le Game over d\u00e9finitif.\n\nEvidemment on peut consid\u00e9rer que la vie est un r\u00eave ou un jeu. Une sorte d'abstraction. On peut trouver une issue en imaginant cela aussi. En s'en persuadant.\n\nLorsqu'on est seul, il n'y a aucun probl\u00e8me.\n\nLes difficult\u00e9s viennent avec les autres et notamment ceux dont on finit par s'entourer et que l'on aime et que l'on entoure \u00e9galement d'attentions et de manifestations d'affections.\n\nCes relations intimes s'attaquent directement \u00e0 cet espace temps an\u00e9anti que l'on porte pour toujours au fond de soi.\n\nElles ne cessent de vouloir l'amadouer afin qu'on puisse l'oublier. Et cela fonctionne durant un temps.\n\nPuis il arrive que ce temps s'ach\u00e8ve. Le rien reprend possession de tous ses territoires \u00e0 l'occasion d'un changement d'hygrom\u00e9trie dans l'air, d'un nuage qui passe, d'un chat qui miaule.\n\nOn se retrouve alors nez \u00e0 nez avec ce rien, avec cette singularit\u00e9 d'\u00eatre aussi vieux qu'H\u00e9rode par ses art\u00e8res aussi na\u00eff qu'un nouveau n\u00e9 par ses cris et ses larmes lorsqu'on lui refuse le sein.\n\nAlors on prend une nouvelle toile, celle que l'on a rat\u00e9 hier et on recommence.\n\nPeu importe qu'on r\u00e9ussisse cette fois ci ou pas \u00e0 affronter ce rien les yeux dans les yeux. Ce n'est pas une question de victoire.\n\nC'est seulement accepter d'\u00eatre en vie pendant que nous le sommes tels que nous sommes.Golgotha Nouvelle version ",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/comment-le-beau-devient-le-laid.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/comment-le-beau-devient-le-laid.html",
"title": "Comment le beau devient le laid",
"date_published": "2021-06-24T05:14:31Z",
"date_modified": "2025-11-15T12:03:01Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "Une pr\u00e9occupation de peintre : le beau <\/h2>\n
En tant que peintre \u00e9videmment la beaut\u00e9 est un sujet de pr\u00e9occupation.<\/p>\n
Une sorte de tarte \u00e0 la cr\u00e8me si je peux dire.<\/p>\n
Il y aurait quelque chose d’imp\u00e9rieux qui gouvernerait toutes les intentions du peintre afin de les ramener tant bien que mal \u00e0 une id\u00e9e de beau.<\/p>\n
La question que l’on pourrait alors se poser si on avait un tant soit peu de jugeotte c’est de savoir si le beau est une notion subjective ou objective ?<\/p>\n
Elle est un peu des deux \u00e0 mon avis lorsqu’on d\u00e9bute.<\/p>\n
Une confusion s’op\u00e8re entre le gout personnel et l’opinion g\u00e9n\u00e9rale concernant la beaut\u00e9 dans laquelle nous baignons en toute inconscience.<\/p>\n
Parvenir \u00e0 effectuer le distinguo, n’est certes pas une sin\u00e9cure.<\/p>\n
Le beau est t’il une d\u00e9cision ?<\/h2>\n
Et puis il faut une sacr\u00e9e dose de vanit\u00e9 aussi pour d\u00e9clarer quelque chose comme \"c’est beau parce que j’ai d\u00e9cid\u00e9 que ce l’est tout simplement\" et persister afin d’\u00e9prouver ce sentiment tr\u00e8s particulier : celui de vouloir avoir raison.<\/p>\n
Cette d\u00e9cision est le fruit d’un choix et de nombreux renoncements.<\/p>\n
Mais malgr\u00e9 tous les efforts \u00e0 produire pour y parvenir nul ne peut en garantir la r\u00e9alit\u00e9 pas plus que la v\u00e9racit\u00e9.<\/p>\n
C’est un \"beau empirique\".<\/p>\n
Et cela tombe bien car nous sommes d\u00e9sormais dans l’\u00e8re la plus empirique qu’il soit.<\/p>\n
Si les grecs se perdaient autrefois dans les m\u00e9andres de la philosophie et des math\u00e9matiques pour r\u00eaver d’harmonie, notamment en architecture on voit clairement d\u00e9sormais le r\u00e9sultat de cette formidable perte de temps.<\/p>\n
Y a t’il encore beaucoup de temples hell\u00e8nes vaillants ? La plupart ne sont plus que ruines plus ou moins bucoliques.<\/p>\n
Ce qui n’est pas le cas du Colis\u00e9e \u00e0 Rome apog\u00e9e si l’on veut d’un apprentissage \"\u00e0 la dure\" ou dans \"le vif\" du sujet.<\/p>\n
C’est qu’il y a une grande diff\u00e9rence entre ceux qui r\u00e9fl\u00e9chissent et qui au bout de longues r\u00e9flexions parfois agissent, et ceux qui font, subissent des \u00e9checs puis recommencent.<\/p>\n
Le beau chez les anciens <\/h2>\n
Ce qui est beau pour un romain est sans doute ce qui dure, ce qui est utile et se mesure \u00e0 la sueur de tous les fronts qui l’ont b\u00e2ti. Depuis le premier muret , la premi\u00e8re route d\u00e9partementale, en passant par les aqueducs petits moyens puis grands.<\/p>\n
Alors que pour un Grec le beau est du domaine des Id\u00e9es et la plupart du temps il y reste.<\/p>\n
Cela fait r\u00e9fl\u00e9chir sur l’apprentissage en g\u00e9n\u00e9ral et en peinture en particulier.<\/p>\n
Faut-il donc un dipl\u00f4me sanctionnant un parcours intellectuel la plupart du temps et tr\u00e8s peu de pratique ?<\/p>\n
Ou bien faut il l’intensit\u00e9 et la pers\u00e9v\u00e9rance, l’obstination de vouloir seulement s’exprimer ?<\/p>\n
L’id\u00e9al serait de poss\u00e9der les deux \u00e9videmment mais ce n’est jamais vraiment le cas.<\/p>\n
Ce que l’on gagne en savoir, en connaissance agit de fa\u00e7on inversement proportionnelle \u00e0 l’intensit\u00e9, \u00e0 l’\u00e9nergie que l’on doit d\u00e9ployer en toute ignorance pour parvenir \u00e0 ses fins.<\/p>\n
C’est sans doute la raison pour laquelle tellement de dipl\u00f4m\u00e9s des Beaux-arts entament une carri\u00e8re dans le marketing ou sur Youtube plut\u00f4t que de s’acharner devant une toile, une sculpture.<\/p>\n
Pour en revenir \u00e0 nos moutons <\/h2>\n
Vous me direz c’est int\u00e9ressant mais comment le beau devient-il le laid ? puisque tu le dis, puisque en quelque sorte tu l’as promis ... c’est que forc\u00e9ment tu as une id\u00e9e l\u00e0 dessus, non ?<\/p>\n
C’est vrai j’ai une id\u00e9e. Mais ne croyez pas que cette id\u00e9e apparaisse dans mon esprit d’une fa\u00e7on claire, une id\u00e9e n’apparait jamais ainsi, ou du moins ce qui s’avance en tant que tel n’est jamais une id\u00e9e int\u00e9ressante.<\/p>\n
C’est plut\u00f4t une couche superficielle d’\u00e9l\u00e9ments qui s’agglutinent \u00e0 la va vite pour masquer autre chose. Et il faut d’abord s’int\u00e9resser \u00e0 cette pellicule et la gratter avec un minimum de patience pour la crever et apercevoir enfin se qui se d\u00e9robe pour \u00eatre captur\u00e9.<\/p>\n
L’Id\u00e9e comme le Beau se d\u00e9robent.<\/p>\n
C’est la raison pour laquelle la plupart des gens restent attach\u00e9s \u00e0 une notion collective, rassurante, facile de ces ces deux notions.<\/p>\n
Le beau un lieu commun d’o\u00f9 surgit la laideur ?<\/h2>\n
On se rassemble ainsi dans les id\u00e9es comme dans une notion de beaut\u00e9 d’une \u00e9poque<\/p>\n
Cela ne serait pas bien grave apr\u00e8s tout, s’il n’y avait cette fichue manie de tout vouloir s’approprier pour soi.<\/p>\n
C’est mon id\u00e9e, Moi je trouve \u00e7a beau et puis \u00e7a laid.<\/p>\n
Comme on le dit encore dans certaines campagnes : \"la fille la plus belle du monde ne peut donner que ce qu’elle a.\"<\/p>\n
C’est \u00e0 dire que ces mots d’ordre de l’Id\u00e9e et du Beau si rassurants puissent ils \u00eatre, si attrayants par le confort dans lequel ils nous installent sont comme un sein.<\/p>\n
On peut les p\u00e9trir autant que l’on veut il n’en sortira pas une seule goutte de lait.<\/p>\n
La disparition du banal <\/h2>\n
C’est lorsque on se d\u00e9tourne du sein comme du mot d’ordre qu’une fissure s’op\u00e8re, que la mati\u00e8re s’\u00e9carte myst\u00e9rieusement. C’est du plus profond de l’ennui et de l’\u00e0 quoi bon que soudain l’aurore pointe son joli minois.<\/p>\n
Eblouissement du banal jusqu’au plus haut degr\u00e9 du vertige !<\/p>\n
On l\u00e9vite sans m\u00eame le vouloir tout \u00e0 coup au dessus des cohortes qui s’\u00e9tripent et qui s’accolent.<\/p>\n
Comment le beau devient-il le laid ?<\/p>\n
Il n’y a qu’\u00e0 constater les d\u00e9g\u00e2ts, \u00e0 compter les points, \u00e0 ramasser les cadavres et les enterrer. Et m\u00eame si l’on veut pour marquer le coup graver des noms pour la post\u00e9rit\u00e9 \u00e0 la craie blanche.<\/p>\n
Le beau c’est un peu comme la connerie au bout du compte c’est la chose la mieux partag\u00e9e du monde.<\/p>\n
Sauf que chacun veut se l’approprier rien que pour soi envers et contre tous mine de rien. L’Id\u00e9e et la Beaut\u00e9 stigmatis\u00e9es par l’id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9.<\/p>\n
Et ce, m\u00eame dans un \u00e9tat dit d\u00e9mocratique, ce qui est plut\u00f4t fort de caf\u00e9 ! parce que d’embl\u00e9e on pourrait penser que c’est une pr\u00e9occupation de privil\u00e9gi\u00e9, pour ne pas dire de seigneur ou de bourgeois.<\/p>",
"content_text": "Une pr\u00e9occupation de peintre : le beau \n\nEn tant que peintre \u00e9videmment la beaut\u00e9 est un sujet de pr\u00e9occupation. \n\nUne sorte de tarte \u00e0 la cr\u00e8me si je peux dire.\n\nIl y aurait quelque chose d'imp\u00e9rieux qui gouvernerait toutes les intentions du peintre afin de les ramener tant bien que mal \u00e0 une id\u00e9e de beau. \n\nLa question que l'on pourrait alors se poser si on avait un tant soit peu de jugeotte c'est de savoir si le beau est une notion subjective ou objective ? \n\nElle est un peu des deux \u00e0 mon avis lorsqu'on d\u00e9bute.\n\nUne confusion s'op\u00e8re entre le gout personnel et l'opinion g\u00e9n\u00e9rale concernant la beaut\u00e9 dans laquelle nous baignons en toute inconscience.\n\nParvenir \u00e0 effectuer le distinguo, n'est certes pas une sin\u00e9cure.Le beau est t'il une d\u00e9cision ?\n\nEt puis il faut une sacr\u00e9e dose de vanit\u00e9 aussi pour d\u00e9clarer quelque chose comme \"c'est beau parce que j'ai d\u00e9cid\u00e9 que ce l'est tout simplement\" et persister afin d'\u00e9prouver ce sentiment tr\u00e8s particulier : celui de vouloir avoir raison.\n\nCette d\u00e9cision est le fruit d'un choix et de nombreux renoncements. \n\nMais malgr\u00e9 tous les efforts \u00e0 produire pour y parvenir nul ne peut en garantir la r\u00e9alit\u00e9 pas plus que la v\u00e9racit\u00e9.\n\nC'est un \"beau empirique\". \n\nEt cela tombe bien car nous sommes d\u00e9sormais dans l'\u00e8re la plus empirique qu'il soit.\n\nSi les grecs se perdaient autrefois dans les m\u00e9andres de la philosophie et des math\u00e9matiques pour r\u00eaver d'harmonie, notamment en architecture on voit clairement d\u00e9sormais le r\u00e9sultat de cette formidable perte de temps.\n\nY a t'il encore beaucoup de temples hell\u00e8nes vaillants ? La plupart ne sont plus que ruines plus ou moins bucoliques.\n\nCe qui n'est pas le cas du Colis\u00e9e \u00e0 Rome apog\u00e9e si l'on veut d'un apprentissage \"\u00e0 la dure\" ou dans \"le vif\" du sujet.\n\nC'est qu'il y a une grande diff\u00e9rence entre ceux qui r\u00e9fl\u00e9chissent et qui au bout de longues r\u00e9flexions parfois agissent, et ceux qui font, subissent des \u00e9checs puis recommencent.Le beau chez les anciens \n\nCe qui est beau pour un romain est sans doute ce qui dure, ce qui est utile et se mesure \u00e0 la sueur de tous les fronts qui l'ont b\u00e2ti. Depuis le premier muret , la premi\u00e8re route d\u00e9partementale, en passant par les aqueducs petits moyens puis grands.\n\nAlors que pour un Grec le beau est du domaine des Id\u00e9es et la plupart du temps il y reste.\n\nCela fait r\u00e9fl\u00e9chir sur l'apprentissage en g\u00e9n\u00e9ral et en peinture en particulier.\n\nFaut-il donc un dipl\u00f4me sanctionnant un parcours intellectuel la plupart du temps et tr\u00e8s peu de pratique ? \n\nOu bien faut il l'intensit\u00e9 et la pers\u00e9v\u00e9rance, l'obstination de vouloir seulement s'exprimer ?\n\nL'id\u00e9al serait de poss\u00e9der les deux \u00e9videmment mais ce n'est jamais vraiment le cas.\n\nCe que l'on gagne en savoir, en connaissance agit de fa\u00e7on inversement proportionnelle \u00e0 l'intensit\u00e9, \u00e0 l'\u00e9nergie que l'on doit d\u00e9ployer en toute ignorance pour parvenir \u00e0 ses fins.\n\nC'est sans doute la raison pour laquelle tellement de dipl\u00f4m\u00e9s des Beaux-arts entament une carri\u00e8re dans le marketing ou sur Youtube plut\u00f4t que de s'acharner devant une toile, une sculpture.Pour en revenir \u00e0 nos moutons \n\nVous me direz c'est int\u00e9ressant mais comment le beau devient-il le laid ? puisque tu le dis, puisque en quelque sorte tu l'as promis ... c'est que forc\u00e9ment tu as une id\u00e9e l\u00e0 dessus, non ?\n\nC'est vrai j'ai une id\u00e9e. Mais ne croyez pas que cette id\u00e9e apparaisse dans mon esprit d'une fa\u00e7on claire, une id\u00e9e n'apparait jamais ainsi, ou du moins ce qui s'avance en tant que tel n'est jamais une id\u00e9e int\u00e9ressante.\n\nC'est plut\u00f4t une couche superficielle d'\u00e9l\u00e9ments qui s'agglutinent \u00e0 la va vite pour masquer autre chose. Et il faut d'abord s'int\u00e9resser \u00e0 cette pellicule et la gratter avec un minimum de patience pour la crever et apercevoir enfin se qui se d\u00e9robe pour \u00eatre captur\u00e9.\n\nL'Id\u00e9e comme le Beau se d\u00e9robent. \n\nC'est la raison pour laquelle la plupart des gens restent attach\u00e9s \u00e0 une notion collective, rassurante, facile de ces ces deux notions.Le beau un lieu commun d'o\u00f9 surgit la laideur ?\n\nOn se rassemble ainsi dans les id\u00e9es comme dans une notion de beaut\u00e9 d'une \u00e9poque \n\nCela ne serait pas bien grave apr\u00e8s tout, s'il n'y avait cette fichue manie de tout vouloir s'approprier pour soi.\n\nC'est mon id\u00e9e, Moi je trouve \u00e7a beau et puis \u00e7a laid.\n\nComme on le dit encore dans certaines campagnes : \"la fille la plus belle du monde ne peut donner que ce qu'elle a.\"\n\nC'est \u00e0 dire que ces mots d'ordre de l'Id\u00e9e et du Beau si rassurants puissent ils \u00eatre, si attrayants par le confort dans lequel ils nous installent sont comme un sein.\n\nOn peut les p\u00e9trir autant que l'on veut il n'en sortira pas une seule goutte de lait.La disparition du banal \n\nC'est lorsque on se d\u00e9tourne du sein comme du mot d'ordre qu'une fissure s'op\u00e8re, que la mati\u00e8re s'\u00e9carte myst\u00e9rieusement. C'est du plus profond de l'ennui et de l'\u00e0 quoi bon que soudain l'aurore pointe son joli minois.\n\nEblouissement du banal jusqu'au plus haut degr\u00e9 du vertige !\n\nOn l\u00e9vite sans m\u00eame le vouloir tout \u00e0 coup au dessus des cohortes qui s'\u00e9tripent et qui s'accolent.\n\nComment le beau devient-il le laid ?\n\nIl n'y a qu'\u00e0 constater les d\u00e9g\u00e2ts, \u00e0 compter les points, \u00e0 ramasser les cadavres et les enterrer. Et m\u00eame si l'on veut pour marquer le coup graver des noms pour la post\u00e9rit\u00e9 \u00e0 la craie blanche.\n\nLe beau c'est un peu comme la connerie au bout du compte c'est la chose la mieux partag\u00e9e du monde.\n\nSauf que chacun veut se l'approprier rien que pour soi envers et contre tous mine de rien. L'Id\u00e9e et la Beaut\u00e9 stigmatis\u00e9es par l'id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9.\n\nEt ce, m\u00eame dans un \u00e9tat dit d\u00e9mocratique, ce qui est plut\u00f4t fort de caf\u00e9 ! parce que d'embl\u00e9e on pourrait penser que c'est une pr\u00e9occupation de privil\u00e9gi\u00e9, pour ne pas dire de seigneur ou de bourgeois.",
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"tags": ["peinture", "r\u00e9flexions sur l'art"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/desorientation.html",
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"title": "D\u00e9sorientation",
"date_published": "2021-06-21T08:36:47Z",
"date_modified": "2025-11-15T11:59:56Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "
\"Je ne sais pas o\u00f9 je vais\" est une des phrases r\u00e9currentes que j’ai entendue le plus avec \"je ne vais pas y arriver\", \"c’est moche\", \" je n’arrive \u00e0 rien\".<\/p>\n
Ces phrases m’ont beaucoup pos\u00e9 de probl\u00e8mes au d\u00e9but de ma carri\u00e8re d’enseignant car \u00e9videmment je me sentais responsable, ce ne pouvait \u00eatre que de ma faute si les \u00e9l\u00e8ves \u00e9mettaient des opinions que je consid\u00e9rais moi-m\u00eame comme n\u00e9gatives vis \u00e0 vis de la progression de leurs travaux.<\/p>\n
Pourtant la culpabilit\u00e9 poss\u00e8de certaines limites. Et \u00e0 force d’avoir les boyaux en chantier permanent j’ai cherch\u00e9 \u00e0 r\u00e9soudre ce probl\u00e8me peu \u00e0 peu en exp\u00e9rimentant ce concept de \"d\u00e9sorientation\".<\/p>\n
Je crois m\u00eame que d\u00e9sormais le c\u0153ur de mon m\u00e9tier est d’entrainer les \u00e9l\u00e8ves \u00e0 reconnaitre cet \u00e9tat de d\u00e9sorientation le plus rapidement possible. A se sentir \u00e0 l’aise si je peux dire avec le fait d’\u00eatre totalement d\u00e9sorient\u00e9 durant une bonne partie du temps de leur travaux.<\/p>\n
Pourquoi rendre \"confortable\" la d\u00e9sorientation <\/h2>\n
La plupart des gens se font des id\u00e9es de l\u00e0 o\u00f9 ils veulent se rendre, cela signifie qu’ils prennent une carte, ou plut\u00f4t d\u00e9sormais une application de GPS puis ils \u00e9tudient plus ou moins la route avec quelques crit\u00e8res comme le temps, la beaut\u00e9 du paysage \u00e0 traverser ou pas, Les diff\u00e9rentes villes o\u00f9 ils d\u00e9sireront s’arr\u00eater ou les contourner jusqu’\u00e0 parvenir enfin au but final.<\/p>\n
Il y a des lieux que l’on connait d\u00e9j\u00e0 et dont la familiarit\u00e9 procure un \"je ne sais quoi\" d’apaisant, et puis il y a tous les autres, inconnus que l’on d\u00e9couvre totalement diff\u00e9rents de ce que l’on a pu imaginer, m\u00eame si on s’est documenter.<\/p>\n
La sensation de r\u00e9alit\u00e9 balaie en g\u00e9n\u00e9ral toutes les autres.<\/p>\n
En peinture c’est souvent la m\u00eame chose.<\/p>\n
Si vous voulez vous lancer dans la reproduction d’un tableau il est fort possible que le r\u00e9sultat soit assez diff\u00e9rent de ce que vous aviez imagin\u00e9. C’est \u00e0 dire la copie parfaite \u00e0 s’y m\u00e9prendre de votre mod\u00e8le.<\/p>\n
Qu’allez vous ressentir en percevant soudain le gouffre qui s\u00e9pare l’original de la copie ?<\/p>\n
Et m\u00eame dans le cas o\u00f9 vous parviendriez \u00e0 reproduire le plus fid\u00e8lement cette copie sur quoi portera vraiment votre satisfaction ?<\/p>\n
Vous aurez r\u00e9ussi un challenge avec vous m\u00eame ?<\/p>\n
Vous aurez acquis un peu plus de confiance en vous dans le domaine de la copie ou de la peinture<\/p>\n
Et vous vous direz certainement que vous serez capable de recommencer pour retrouver le m\u00eame type de satisfaction par la suite.<\/p>\n
M\u00eame cette \u00e9motion deviendra une sorte de but en soi \u00e0 peine conscient la plupart du temps.<\/p>\n
Partir sans savoir o\u00f9 l’on va.<\/h2>\n
C’est ce que l’on ne fait jamais, on ne sait pas du tout ce qui risque de se produire, on a juste cette peur de ne pas savoir o\u00f9 aller et la plupart du temps elle nous g\u00e2che une belle partie du voyage ou du travail sur la toile.<\/p>\n
Souvent c’est parce l’on oublie l’\u00e9nonc\u00e9.<\/p>\n
Il y a toujours un \u00e9nonc\u00e9 \u00e9videmment.<\/p>\n
Par exemple j’aime assez le th\u00e8me du \"Labyrinthe\" en peinture qui permet d’explorer \u00e0 la fois la transparence, la notion de plans, et \u00e9videmment pour bien enfoncer le clou je raconte toute l’histoire sans oublier cet homme \u00e0 t\u00eate de taureau enferm\u00e9 l\u00e0 quelque part. C’est m\u00eame la raison pour laquelle le labyrinthe est cr\u00e9e. A la fois pour enfermer quelque chose de monstrueux, et pour tomber dessus lorsqu’on s’y engage.<\/p>\n
J’ai perdu quelques \u00e9l\u00e8ves \u00e0 jamais en proposant cet exercice.<\/p>\n
Car la premi\u00e8re chose avec laquelle il est difficile de trouver du confort est qu’il va falloir s’\u00e9garer dans les m\u00e9andres de ce travail.<\/p>\n
Les premi\u00e8res couches de peinture acrylique sont assez ingrates car je demande qu’elles soient aquarell\u00e9es, \u00e9tal\u00e9es en jus successifs.<\/p>\n
Cela finit par cr\u00e9er assez rapidement une surface boueuse sur laquelle tous les plans sont confondus. Il n’y a pas de profondeur, pas vraiment non plus de sens de lecture, pas d’indication d’issue. Voil\u00e0 donc l’\u00e9garement dans lequel on tombe rapidement en r\u00e9alisant cet exercice.<\/p>\n
Lorsqu’on s’\u00e9gare on ne perd pas pour autant le choix.<\/p>\n
On a le choix pour empirer la situation ou pour s’en sortir sans trop de casse.<\/p>\n
C’est dans ce moment qu’on devrait \u00eatre le plus attentif \u00e0 la fois \u00e0 la peinture et \u00e0 soi-m\u00eame.<\/p>\n
Dans cette ind\u00e9cision.<\/p>\n
Evidemment il ne faudrait pas qu’elle dure trop longtemps et je donne toujours quelques conseils \u00e0 ce moment l\u00e0.<\/p>\n
Mais la panique semble avoir aussi une sorte de vertu c’est qu’elle met en cause si je peux dire l’\u00e9go.<\/p>\n
Apr\u00e8s tout ce n’est pas vraiment un secret, cet homme taureau peut aussi bien \u00eatre une femme \u00e0 t\u00eate de m\u00e9duse.<\/p>\n
C’est l’\u00e9go qui n’est pas du tout content de ne pas pouvoir exercer son pouvoir de d\u00e9cision.<\/p>\n
Une bonne nouvelle qui r\u00e9compense les plus tenaces.<\/h2>\n
Ceux parmi les \u00e9l\u00e8ves qui confondent qui ils sont avec l’ego sont assez mal en point. c’est parmi eux que se situeront les d\u00e9serteurs. Ceux qui claqueront la porte de l’atelier avec d\u00e9pit. Pour ceux l\u00e0 je ne peux plus grand chose j’ai fini par l’admettre avec le temps et avec la culpabilit\u00e9 travers\u00e9e de long en large \u00e0 chaque fois. La culpabilit\u00e9 mon Minotaure personnel si on veut.<\/p>\n
Je ne courre plus apr\u00e8s ces \u00e9l\u00e8ves pour les rattraper par la manche et tenter de les rassurer. Je consid\u00e8re que chacun est responsable de ses actes et de ses choix et intervenir dans ce cas en basant sur mon exp\u00e9rience n’apporte en g\u00e9n\u00e9ral pas grand chose de bon.<\/p>\n
Ceux qui restent et qui gagnent ce combat avec leur propre ego d\u00e9couvre quelque chose qui se dissimule derri\u00e8re le minotaure.<\/p>\n
C’est leur propre version d’eux m\u00eame enfantine si j’ose dire ce qui n’est pas p\u00e9joratif bien au contraire.<\/p>\n
C’est en faisant retour vers cet enfant qu’il percevront la le\u00e7on qu’offre le labyrinthe et l’\u00e9garement qu’il leur a fallu traverser.<\/p>\n
Peu \u00e0 peu les plans se pr\u00e9cisent, la transparence appara\u00eet, des chemins deviennent de plus en plus perceptibles de strate en strate et ma foi lorsqu’on \u00f4te le ruban de masquage \u00e0 la fin de cet exercice il est tr\u00e8s rare que je n’aper\u00e7oive pas un contentement sur leurs visages.<\/p>",
"content_text": "\"Je ne sais pas o\u00f9 je vais\" est une des phrases r\u00e9currentes que j'ai entendue le plus avec \"je ne vais pas y arriver\", \"c'est moche\", \" je n'arrive \u00e0 rien\".\n\nCes phrases m'ont beaucoup pos\u00e9 de probl\u00e8mes au d\u00e9but de ma carri\u00e8re d'enseignant car \u00e9videmment je me sentais responsable, ce ne pouvait \u00eatre que de ma faute si les \u00e9l\u00e8ves \u00e9mettaient des opinions que je consid\u00e9rais moi-m\u00eame comme n\u00e9gatives vis \u00e0 vis de la progression de leurs travaux.\n\nPourtant la culpabilit\u00e9 poss\u00e8de certaines limites. Et \u00e0 force d'avoir les boyaux en chantier permanent j'ai cherch\u00e9 \u00e0 r\u00e9soudre ce probl\u00e8me peu \u00e0 peu en exp\u00e9rimentant ce concept de \"d\u00e9sorientation\".\n\nJe crois m\u00eame que d\u00e9sormais le c\u0153ur de mon m\u00e9tier est d'entrainer les \u00e9l\u00e8ves \u00e0 reconnaitre cet \u00e9tat de d\u00e9sorientation le plus rapidement possible. A se sentir \u00e0 l'aise si je peux dire avec le fait d'\u00eatre totalement d\u00e9sorient\u00e9 durant une bonne partie du temps de leur travaux.Pourquoi rendre \"confortable\" la d\u00e9sorientation \n\nLa plupart des gens se font des id\u00e9es de l\u00e0 o\u00f9 ils veulent se rendre, cela signifie qu'ils prennent une carte, ou plut\u00f4t d\u00e9sormais une application de GPS puis ils \u00e9tudient plus ou moins la route avec quelques crit\u00e8res comme le temps, la beaut\u00e9 du paysage \u00e0 traverser ou pas, Les diff\u00e9rentes villes o\u00f9 ils d\u00e9sireront s'arr\u00eater ou les contourner jusqu'\u00e0 parvenir enfin au but final.\n\nIl y a des lieux que l'on connait d\u00e9j\u00e0 et dont la familiarit\u00e9 procure un \"je ne sais quoi\" d'apaisant, et puis il y a tous les autres, inconnus que l'on d\u00e9couvre totalement diff\u00e9rents de ce que l'on a pu imaginer, m\u00eame si on s'est documenter.\n\nLa sensation de r\u00e9alit\u00e9 balaie en g\u00e9n\u00e9ral toutes les autres.\n\nEn peinture c'est souvent la m\u00eame chose.\n\nSi vous voulez vous lancer dans la reproduction d'un tableau il est fort possible que le r\u00e9sultat soit assez diff\u00e9rent de ce que vous aviez imagin\u00e9. C'est \u00e0 dire la copie parfaite \u00e0 s'y m\u00e9prendre de votre mod\u00e8le.\n\nQu'allez vous ressentir en percevant soudain le gouffre qui s\u00e9pare l'original de la copie ?\n\nEt m\u00eame dans le cas o\u00f9 vous parviendriez \u00e0 reproduire le plus fid\u00e8lement cette copie sur quoi portera vraiment votre satisfaction ? \n\nVous aurez r\u00e9ussi un challenge avec vous m\u00eame ?\n\nVous aurez acquis un peu plus de confiance en vous dans le domaine de la copie ou de la peinture\n\nEt vous vous direz certainement que vous serez capable de recommencer pour retrouver le m\u00eame type de satisfaction par la suite.\n\nM\u00eame cette \u00e9motion deviendra une sorte de but en soi \u00e0 peine conscient la plupart du temps.Partir sans savoir o\u00f9 l'on va.\n\nC'est ce que l'on ne fait jamais, on ne sait pas du tout ce qui risque de se produire, on a juste cette peur de ne pas savoir o\u00f9 aller et la plupart du temps elle nous g\u00e2che une belle partie du voyage ou du travail sur la toile.\n\nSouvent c'est parce l'on oublie l'\u00e9nonc\u00e9.\n\nIl y a toujours un \u00e9nonc\u00e9 \u00e9videmment.\n\nPar exemple j'aime assez le th\u00e8me du \"Labyrinthe\" en peinture qui permet d'explorer \u00e0 la fois la transparence, la notion de plans, et \u00e9videmment pour bien enfoncer le clou je raconte toute l'histoire sans oublier cet homme \u00e0 t\u00eate de taureau enferm\u00e9 l\u00e0 quelque part. C'est m\u00eame la raison pour laquelle le labyrinthe est cr\u00e9e. A la fois pour enfermer quelque chose de monstrueux, et pour tomber dessus lorsqu'on s'y engage.\n\nJ'ai perdu quelques \u00e9l\u00e8ves \u00e0 jamais en proposant cet exercice.\n\nCar la premi\u00e8re chose avec laquelle il est difficile de trouver du confort est qu'il va falloir s'\u00e9garer dans les m\u00e9andres de ce travail.\n\nLes premi\u00e8res couches de peinture acrylique sont assez ingrates car je demande qu'elles soient aquarell\u00e9es, \u00e9tal\u00e9es en jus successifs.\n\nCela finit par cr\u00e9er assez rapidement une surface boueuse sur laquelle tous les plans sont confondus. Il n'y a pas de profondeur, pas vraiment non plus de sens de lecture, pas d'indication d'issue. Voil\u00e0 donc l'\u00e9garement dans lequel on tombe rapidement en r\u00e9alisant cet exercice.\n\nLorsqu'on s'\u00e9gare on ne perd pas pour autant le choix.\n\nOn a le choix pour empirer la situation ou pour s'en sortir sans trop de casse.\n\nC'est dans ce moment qu'on devrait \u00eatre le plus attentif \u00e0 la fois \u00e0 la peinture et \u00e0 soi-m\u00eame.\n\nDans cette ind\u00e9cision.\n\nEvidemment il ne faudrait pas qu'elle dure trop longtemps et je donne toujours quelques conseils \u00e0 ce moment l\u00e0.\n\nMais la panique semble avoir aussi une sorte de vertu c'est qu'elle met en cause si je peux dire l'\u00e9go.\n\nApr\u00e8s tout ce n'est pas vraiment un secret, cet homme taureau peut aussi bien \u00eatre une femme \u00e0 t\u00eate de m\u00e9duse.\n\nC'est l'\u00e9go qui n'est pas du tout content de ne pas pouvoir exercer son pouvoir de d\u00e9cision.Une bonne nouvelle qui r\u00e9compense les plus tenaces.\n\nCeux parmi les \u00e9l\u00e8ves qui confondent qui ils sont avec l'ego sont assez mal en point. c'est parmi eux que se situeront les d\u00e9serteurs. Ceux qui claqueront la porte de l'atelier avec d\u00e9pit. Pour ceux l\u00e0 je ne peux plus grand chose j'ai fini par l'admettre avec le temps et avec la culpabilit\u00e9 travers\u00e9e de long en large \u00e0 chaque fois. La culpabilit\u00e9 mon Minotaure personnel si on veut.\n\nJe ne courre plus apr\u00e8s ces \u00e9l\u00e8ves pour les rattraper par la manche et tenter de les rassurer. Je consid\u00e8re que chacun est responsable de ses actes et de ses choix et intervenir dans ce cas en basant sur mon exp\u00e9rience n'apporte en g\u00e9n\u00e9ral pas grand chose de bon.\n\nCeux qui restent et qui gagnent ce combat avec leur propre ego d\u00e9couvre quelque chose qui se dissimule derri\u00e8re le minotaure. \n\nC'est leur propre version d'eux m\u00eame enfantine si j'ose dire ce qui n'est pas p\u00e9joratif bien au contraire.\n\nC'est en faisant retour vers cet enfant qu'il percevront la le\u00e7on qu'offre le labyrinthe et l'\u00e9garement qu'il leur a fallu traverser.\n\nPeu \u00e0 peu les plans se pr\u00e9cisent, la transparence appara\u00eet, des chemins deviennent de plus en plus perceptibles de strate en strate et ma foi lorsqu'on \u00f4te le ruban de masquage \u00e0 la fin de cet exercice il est tr\u00e8s rare que je n'aper\u00e7oive pas un contentement sur leurs visages.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/frottement.html",
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"title": "Frottement",
"date_published": "2021-06-20T05:27:34Z",
"date_modified": "2025-11-15T11:57:13Z",
"author": {"name": "Auteur"},
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Le frottement c\u2019est la base de tout alors on l\u2019\u00e9vite \u00e9videmment. On r\u00eave \u00e0 des Everest. Et puis on redescend.<\/p>\n
Je me souviens de cette obstination \u00e0 vouloir briquer le sol de lino d\u2019une chambre. Un acharnement. Un plaisir aux fronti\u00e8res du malsain lorsque la douleur siffle dans les ultrasons.<\/p>\n
Frotter sur le vif \u00e0 cr\u00fb des couleurs du blanc pour apaiser quelque chose au dedans comme au dehors.<\/p>\n
Une \u00e9rosion naturelle dans laquelle on glisse apais\u00e9 tout \u00e0 coup<\/p>\n
Puis on plisse les yeux on traverse la surface on arrive au del\u00e0 comme \u00e0 un point de d\u00e9part.<\/p>",
"content_text": "Le frottement c\u2019est la base de tout alors on l\u2019\u00e9vite \u00e9videmment. On r\u00eave \u00e0 des Everest. Et puis on redescend.\n\nJe me souviens de cette obstination \u00e0 vouloir briquer le sol de lino d\u2019une chambre. Un acharnement. Un plaisir aux fronti\u00e8res du malsain lorsque la douleur siffle dans les ultrasons.\n\nFrotter sur le vif \u00e0 cr\u00fb des couleurs du blanc pour apaiser quelque chose au dedans comme au dehors.\n\nUne \u00e9rosion naturelle dans laquelle on glisse apais\u00e9 tout \u00e0 coup \n\nPuis on plisse les yeux on traverse la surface on arrive au del\u00e0 comme \u00e0 un point de d\u00e9part.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/beances.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/beances.html",
"title": "B\u00e9ances",
"date_published": "2021-06-15T04:19:58Z",
"date_modified": "2025-11-15T11:54:32Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "
Elle se tient devant lui, assise \u00e0 cette table, et tout \u00e0 coup elle rit. Lui a cette Impression saugrenue de voir les soucoupes et les tasses l\u00e9viter d’une fa\u00e7on anarchique.<\/p>\n
Ce rire et la gravit\u00e9 dans laquelle il se maintient. Cette gravit\u00e9 \u00e0 laquelle il s’accroche encore pour avoir l’air de quelqu’un ou quelque chose. Une b\u00e9ance, un infini de vide, hors de lui et en lui, d\u00e9range tous les possibles qu’il feuill\u00e8te mentalement en qu\u00eate d’horizon.<\/p>\n
Iront ils au restaurant ? Puis au cin\u00e9ma ? puis chez elle ou chez lui ?<\/p>\n
Il tousse puis attrape la tasse en qu\u00eate d’une solidit\u00e9. Entre le pouce et l’index la rondeur de l’anse semble le rassurer un instant mais c’est sans compter sur le crescendo de ce rire qui s’envole vers les aigus.<\/p>\n
Il d\u00e9croche de l’instant pr\u00e9sent pour tenter de trouver la logique de cette rencontre. La m\u00e9moire pour contrer le vertige.<\/p>\n
Les premiers messages priv\u00e9s lui reviennent. Des propos raisonnables au d\u00e9but puis le premier \u00e9cart quand soudain elle le charrie sur son humour.<\/p>\n
Quelle carapace ! Vous vous prenez pour un intellectuel ? Je d\u00e9teste les intellectuels ce ne sont pas de bons coups en g\u00e9n\u00e9ral.<\/p>\n
Pourquoi se d\u00e9fend t’il \u00e0 cet instant pr\u00e9cis\u00e9ment de ne pas en \u00eatre un ? Et qu’est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire \"\u00eatre un bon coup\" ? Soudain il voit une file de silhouettes comme dans la chanson de Brel \"Au suivant\". Une naus\u00e9e bienfaitrice \u00e0 laquelle il s’agrippe d\u00e9sormais que le rire est \u00e0 son apog\u00e9e.<\/p>\n
Qu’est ce que je fous l\u00e0 se demande t’il.<\/p>\n
Elle s’arr\u00eate de rire instantan\u00e9ment comme si elle pouvait lire ses pens\u00e9es. Son regard devient grave et elle dit<\/p>\n
Vous n’aimez pas mon rire.<\/p>\n
Il est d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9. Tente de balbutier quelque chose mais \u00e7a ne sort pas. Une gorg\u00e9e de caf\u00e9 d\u00e9nouerait-t ’elle le n\u0153ud qui grossit au fond de la gorge ? Gagner un peu de temps... tout au plus.<\/p>\n
En m\u00eame temps il s’obstine. Il ne veut pas la voir se lever et partir. Elle n’est pas laide, les fines pattes d’oie au coin des yeux l’\u00e9meuvent. Au fond de la voix, mise \u00e0 part les artifices, une limpidit\u00e9 surnage. Comme une petite fille en train de se d\u00e9battre au beau milieu d’un fleuve.<\/p>\n
Il a ressorti sa botte de Nevers. Transformer les femmes en petites filles pour se rassurer.<\/p>\n
Peut-\u00eatre que ce rire est une sorte d’\u00e9preuve \u00e0 passer comme dans les romans chevaleresques. Il a plut\u00f4t l’air d’un Don Quichotte fatigu\u00e9, celui du second tome, quand le r\u00eave laisse place \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. Dulcin\u00e9e de Tobosco se transforme en Peggy la cochonne d’un obscur Muppet Show.<\/p>\n
Vous reprenez quelque chose ? parvient il enfin \u00e0 articuler . Et aussit\u00f4t il se sent fort, il bombe le torse l\u00e9g\u00e8rement et rectifie son axe, l’air de rien.<\/p>\n
Une menthe \u00e0 l’eau.<\/p>\n
Il en pleurerait. Il fait signe au serveur une menthe \u00e0 l’eau et un autre caf\u00e9.<\/p>\n
Puis il plante son regard dans son regard \u00e0 elle \u00e0 la recherche d’une trace d’humanit\u00e9.<\/p>\n
Et si vous me racontiez... demande t’il d’une voix grave de vieux maitre zen.<\/p>\n
D\u00e9sormais il s’en fiche, les buts se sont \u00e9vapor\u00e9s. C’est une belle fin de journ\u00e9e et il lui semble \u00eatre un survivant.<\/p>\n
Elle se met \u00e0 parler et sa voix change peu \u00e0 peu tandis qu’il l’\u00e9coute. Et la b\u00e9ance est une sorte de lieu commun dans lequel ils p\u00e9n\u00e8trent avec leur lot d’espoir et de d\u00e9ception pass\u00e9s.<\/p>\n
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"content_text": "Elle se tient devant lui, assise \u00e0 cette table, et tout \u00e0 coup elle rit. Lui a cette Impression saugrenue de voir les soucoupes et les tasses l\u00e9viter d'une fa\u00e7on anarchique.\n\nCe rire et la gravit\u00e9 dans laquelle il se maintient. Cette gravit\u00e9 \u00e0 laquelle il s'accroche encore pour avoir l'air de quelqu'un ou quelque chose. Une b\u00e9ance, un infini de vide, hors de lui et en lui, d\u00e9range tous les possibles qu'il feuill\u00e8te mentalement en qu\u00eate d'horizon.\n\nIront ils au restaurant ? Puis au cin\u00e9ma ? puis chez elle ou chez lui ?\n\nIl tousse puis attrape la tasse en qu\u00eate d'une solidit\u00e9. Entre le pouce et l'index la rondeur de l'anse semble le rassurer un instant mais c'est sans compter sur le crescendo de ce rire qui s'envole vers les aigus. \n\nIl d\u00e9croche de l'instant pr\u00e9sent pour tenter de trouver la logique de cette rencontre. La m\u00e9moire pour contrer le vertige.\n\nLes premiers messages priv\u00e9s lui reviennent. Des propos raisonnables au d\u00e9but puis le premier \u00e9cart quand soudain elle le charrie sur son humour. \n\nQuelle carapace ! Vous vous prenez pour un intellectuel ? Je d\u00e9teste les intellectuels ce ne sont pas de bons coups en g\u00e9n\u00e9ral.\n\nPourquoi se d\u00e9fend t'il \u00e0 cet instant pr\u00e9cis\u00e9ment de ne pas en \u00eatre un ? Et qu'est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire \"\u00eatre un bon coup\" ? Soudain il voit une file de silhouettes comme dans la chanson de Brel \"Au suivant\". Une naus\u00e9e bienfaitrice \u00e0 laquelle il s'agrippe d\u00e9sormais que le rire est \u00e0 son apog\u00e9e.\n\nQu'est ce que je fous l\u00e0 se demande t'il.\n\nElle s'arr\u00eate de rire instantan\u00e9ment comme si elle pouvait lire ses pens\u00e9es. Son regard devient grave et elle dit \n\nVous n'aimez pas mon rire.\n\nIl est d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9. Tente de balbutier quelque chose mais \u00e7a ne sort pas. Une gorg\u00e9e de caf\u00e9 d\u00e9nouerait-t 'elle le n\u0153ud qui grossit au fond de la gorge ? Gagner un peu de temps... tout au plus.\n\nEn m\u00eame temps il s'obstine. Il ne veut pas la voir se lever et partir. Elle n'est pas laide, les fines pattes d'oie au coin des yeux l'\u00e9meuvent. Au fond de la voix, mise \u00e0 part les artifices, une limpidit\u00e9 surnage. Comme une petite fille en train de se d\u00e9battre au beau milieu d'un fleuve.\n\nIl a ressorti sa botte de Nevers. Transformer les femmes en petites filles pour se rassurer.\n\nPeut-\u00eatre que ce rire est une sorte d'\u00e9preuve \u00e0 passer comme dans les romans chevaleresques. Il a plut\u00f4t l'air d'un Don Quichotte fatigu\u00e9, celui du second tome, quand le r\u00eave laisse place \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. Dulcin\u00e9e de Tobosco se transforme en Peggy la cochonne d'un obscur Muppet Show.\n\nVous reprenez quelque chose ? parvient il enfin \u00e0 articuler . Et aussit\u00f4t il se sent fort, il bombe le torse l\u00e9g\u00e8rement et rectifie son axe, l'air de rien.\n\nUne menthe \u00e0 l'eau.\n\nIl en pleurerait. Il fait signe au serveur une menthe \u00e0 l'eau et un autre caf\u00e9.\n\nPuis il plante son regard dans son regard \u00e0 elle \u00e0 la recherche d'une trace d'humanit\u00e9.\n\nEt si vous me racontiez... demande t'il d'une voix grave de vieux maitre zen.\n\nD\u00e9sormais il s'en fiche, les buts se sont \u00e9vapor\u00e9s. C'est une belle fin de journ\u00e9e et il lui semble \u00eatre un survivant.\n\nElle se met \u00e0 parler et sa voix change peu \u00e0 peu tandis qu'il l'\u00e9coute. Et la b\u00e9ance est une sorte de lieu commun dans lequel ils p\u00e9n\u00e8trent avec leur lot d'espoir et de d\u00e9ception pass\u00e9s.",
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"title": "Hyst\u00e9rie",
"date_published": "2021-06-14T06:03:24Z",
"date_modified": "2025-11-15T11:52:43Z",
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Tout commence par un agacement. Une gentille pagaille. L’arriv\u00e9e des femmes.<\/p>\n
Des solitudes, chacune ostensiblement inou\u00efe, qui s’agglutinent en bas des escaliers.<\/p>\n
Et presque aussit\u00f4t en estafette : les parfums lourds ou fruit\u00e9s qui les pr\u00e9c\u00e8dent, suivi des gloussements, des chuchotements, du bruit des talons hauts et plats, des froissements d’ \u00e9toffes... le mouvement d’une arm\u00e9e en marche s’acc\u00e9l\u00e9rant dans l’assaut des marches et des paliers et enfin la mar\u00e9e d\u00e9borde les portes de grande salle , l’envahit.<\/p>\n
Leurs voix putain leurs voix. C’est tellement impudique se dit-il , une exhibition d’ovaires en furie.<\/p>\n
L’homme assit \u00e0 son bureau connait la musique. Il a prit soin de fermer la porte, de baisser les stores \u00e0 mi fen\u00eatre. Une bonne demie heure d’avance pour ne pas avoir \u00e0 se m\u00ealer. Pour ne pas avoir \u00e0 sourire ni \u00e0 baisser la t\u00eate ni l\u00e2cher un bonjour, un comment allez-vous ? Cela fait des mois que ces rituels \u00e0 petit feu le tuent, qu’il sert les dents \u00e0 faire \u00e9clater la nacre et la fa\u00efence. Une \u00e9rosion qui ronge les hautes falaises de craie d’une cote imaginaire. Une fronti\u00e8re qui se confond peu \u00e0 peu avec cette h\u00e9sitation, entre le solide et le mou, et qu’il tente de dissimuler sous un sourire bienveillant.<\/p>\n
Il \u00e9crit un mot sur la page de son agenda \u00e9lectronique : lundi hyst\u00e9rie normale 9h02.<\/p>\n
Depuis des semaines il note et cela semble lui redonner une consistance. Oh pas grand chose juste un petit acte de r\u00e9sistance se dit-il. Pour ne pas sombrer totalement dans la folie qui a envahit le monde ou l’entreprise. Cette sauvagerie se profilant sous le rouge \u00e0 l\u00e8vres, cette b\u00eatise affubl\u00e9e d’un d\u00e9collet\u00e9e trop ouvert , tout ce bazar d’ \u00e9motions, cette sensiblerie drap\u00e9e dans le coton le lin la soie le cuir des escarpins.<\/p>\n
Accroch\u00e9 \u00e0 son agenda comme \u00e0 un mat l’homme se tient bien cal\u00e9 sur son si\u00e8ge, dos bien droit. Dans son esprit des images flottent o\u00f9 se m\u00ealent h\u00e9ros grecs, samoura\u00efs nippons le tout sur un air wagn\u00e9rien \u00e9videmment.<\/p>\n
La chevauch\u00e9e des Walkyries, une magnification des puissances obscures de l’ut\u00e9rus.<\/p>\n
Lorsqu’il pense \u00e0 toute cette journ\u00e9e qu’il lui faudra traverser comme un oc\u00e9an l’\u00e9c\u0153urement se l\u00e8ve.<\/p>\n
Il se l\u00e8ve et marche jusqu’\u00e0 la machine \u00e0 caf\u00e9. La sienne. Pour ne pas avoir surtout \u00e0 se rendre \u00e0 l’autre, collective.<\/p>\n
Le liquide noir dans la tasse blanche lui rappelle Talleyrand :<\/p>\n