{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-decembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-decembre-2018.html", "title": "29 d\u00e9cembre 2018", "date_published": "2018-12-29T08:42:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\nJ\u2019ai longtemps \u00e9t\u00e9 confus dans tous les domaines de ma vie a croire parfois que je mettais un point d\u2019honneur \u00e0 ne pas \u00eatre clair, si toutefois la clart\u00e9 est le contraire v\u00e9ritable de la confusion.<\/p>\n
Quelque chose en moi projetait comme la s\u00e8che, la pieuvre, le calamar,un nuage d\u2019encre afin de me dissimuler certainement en cas de danger. Pour tromper l\u2019adversaire, \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur ou \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de moi. Et cet adversaire maintenant que j\u2019y r\u00e9fl\u00e9chis pourrait \u00eatre \u00e0 la fois l\u2019\u00e9vidence comme la certitude et le sommeil que provoquent toujours chez moi ces deux mots.<\/p>\n
Car « moi je » voulais aller plus loin, je voulais \u00eatre le meilleur en quelque chose sans savoir vraiment bien quoi. Il le fallait cela m\u2019\u00e9tait consubstantiel pensais-je. Du moins c\u2019\u00e9tait l\u00e0 le mot d\u2019ordre servant d\u2019excuse \u00e0 une certaine forme d\u2019arrogance, de m\u00e9pris envers le reste de l\u2019humanit\u00e9 qui n\u2019\u00e9tait pas sur la m\u00eame fr\u00e9quence : lanterne \u00e9teintes et lanterne allum\u00e9es.<\/p>\n
D\u00e9s les bancs de l\u2019\u00e9cole je m\u2019\u00e9tais aper\u00e7u que seuls deux ou trois de mes camarades rev\u00eataient une importance pour moi , seule forme de r\u00e9alit\u00e9 tandis que la grande partie des autres, disparaissait dans un amas de contours incertains. Ceux que je ne choisissais pas de regarder n\u2019avaient alors pas acc\u00e8s \u00e0 l\u2019existence.<\/p>\n
Il y en allait ainsi de tout, du choix que j\u2019op\u00e9rais quand au degr\u00e9 d\u2019importance que j\u2019attribuais.<\/p>\n
j\u2019ai ainsi donn\u00e9 de l\u2019importance \u00e0 certains arbres particuli\u00e8rement les cerisiers et j\u2019ai un peu aim\u00e9 les h\u00eatres, les bouleaux, et les ch\u00eanes. \u00c9ventuellement le sureau qui me donnait de quoi fumer. tout le reste de l\u2019immense for\u00eat m\u2019est parfaitement inconnu. Et souvent je me suis jur\u00e9 qu\u2019un jour j\u2019ach\u00e8terais un manuel pour combler mes lacunes, cependant ce serment n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 tenu.<\/p>\n
Dans cette notion d\u2019importance donn\u00e9e aux choses, aux \u00eatres, le moteur, la motivation qui me poussait \u00e9tait souvent la curiosit\u00e9. alors que je n\u2019\u00e9tais en fait curieux que d\u2019une seule chose : explorer une version de moi-m\u00eame encore in\u00e9dite et ce peu importe que ce fusse en amiti\u00e9, en amour, la travers\u00e9e du miroir m\u2019\u00e9tait inconnue.<\/p>\n
Pourtant je le savais, intellectuellement, je ma\u00eetrisais cette notion d\u2019ego, de projection, de transfert, de rejet \u00e9galement, et voil\u00e0 ce qui sans doute m\u2019a retard\u00e9 le plus longtemps. Cette impression, cette fabrication mentale s\u2019appuyant \u00e0 la fois sur l\u2019instinct, l\u2019analogie et le livre mais assez peu sur le corps, sur le ressenti ni sur le c\u0153ur.<\/p>\n
D\u2019ailleurs tr\u00e8s longtemps j\u2019ai pens\u00e9 \u00eatre d\u00e9pourvu de cet organe. Ne me le disait on pas \u00e0 longueur de temps, « tu n\u2019as pas de c\u0153ur, mets y du c\u0153ur », je n\u2019avais pas de c\u0153ur \u00e0 avoir du c\u0153ur et voil\u00e0 tout.<\/p>\n
Moi c\u2019\u00e9tait plut\u00f4t la t\u00eate en premier et assez rapidement les jambes que je prenais \u00e0 mon cou quand on me crachait en pleine figure les vertus cardiaques<\/p>\n
C\u2019est que du fin fond de ma confusion je comprenais bien toutes les mailles, la toile enti\u00e8re parfois que tissait ce pr\u00e9tendu « c\u0153ur \u00e0 l\u2019ouvrage » et qui me paraissait m\u2019emp\u00eatrer dans plus de confusion encore \u00e0 chaque tentative de m\u2019en \u00e9chapper.<\/p>\n
Il doit en \u00eatre de tous les mots ainsi je le crains. Nous les utilisons comme des ombres s\u2019emparant d\u2019armes tranchantes, argent\u00e9es et luisantes dans la nuit de notre ignorance. Nous croyons savoir ce que veut dire aimer, nous croyons savoir ce que veut dire ha\u00efr, nous nous formons des images mentales associ\u00e9es \u00e0 ces mots et born\u00e9es par celles ci nous tra\u00e7ons des voies labyrinthiques que nous appelons alors , simplicit\u00e9, \u00e9vidence, clart\u00e9.<\/p>\n
En peinture je n\u2019ai jamais cess\u00e9 de savoir ces bornes et j\u2019ai souvent compris qu\u2019il fallait commencer par la confusion comme dans la vie. Laisser aller sa pente naturelle \u00e0 d\u00e9sordonner le monde ou la toile ce n\u2019est pas quand m\u00eame tout \u00e0 fait semblable.<\/p>\n
Les harmonies, les lumi\u00e8res \u00e9quilibr\u00e9es d\u2019avec les ombres que je n\u2019ai pu trouver en peinture, j\u2019ai pu les recouvrir et reprendre par dessus de nouvelles toiles, cependant que les d\u00e9faites, les guerres, les pr\u00e9tendues victoires obtenues au travers les ombres et les lumi\u00e8res de ma vie pass\u00e9e je les ai laiss\u00e9es dispara\u00eetre \u00e0 jamais dans la nuit de mon oubli.<\/p>\n
« A jamais dans la nuit de mon oubli » vous voyez on y croirait !<\/p>\n
Bien sur que non, rien n\u2019est oubli\u00e9 vraiment elles me hantent souvent la nuit et m\u00eame en pleine lumi\u00e8re d\u00e9sormais.<\/p>\n
Il ne peut y avoir de tol\u00e9rance sans conviction, du moins c\u2019est ce que l\u2019on pourrait imaginer puisqu\u2019on fait preuve d\u2019une pour d\u00e9couvrir l\u2019autre peu \u00e0 peu. Mais quand on part dans la vie sans aucune conviction quel curseur utiliser pour ajuster la tol\u00e9rance ?<\/p>\n
Alors je vous propose de modifier le mot conviction par intention et les choses s\u2019\u00e9claireront peut-\u00eatre d\u2019une lumi\u00e8re in\u00e9dite.<\/p>\n
Pour les chamanes la notion d\u2019intention est majeure, comme les notions d\u2019\u00e9nergie. Peu de choses dans le monde chamanique se produisent sur le plan mental, mais sur un plan \u00e9nerg\u00e9tique. Pour parvenir au plus haut degr\u00e9 de connaissance, ou de pouvoir, peu importe les mots que l\u2019on pourrait coller sur le sommet, deux qualit\u00e9s sont n\u00e9cessaires voire indispensables :<\/p>\n
Accepter de souffrir pour comprendre la quantit\u00e9 de tol\u00e9rance dont on peut faire preuve au travers d\u2019une forme d\u2019endurance \u00e0 la b\u00eatise, la sienne et celle des autres si l\u2019on veut. Quand je dis b\u00eatise il n\u2019y a vraiment rien de p\u00e9joratif, je parle bien de notre nature animale.<\/p>\n
La seconde chose est l\u2019impeccabilit\u00e9 que j\u2019appelle plus modestement la justesse. Cette justesse qui, si l\u2019on apprend \u00e0 rep\u00e9rer la fuite d\u2019\u00e9nergie en soi ou l\u2019app\u00e9tit qui commence \u00e0 sucer la notre chez autrui, r\u00e9agit de plus en plus rapidement et souplement \u00e0 tout d\u00e9bordement, de fa\u00e7on \u00e0 rester dans l\u2019axe.<\/p>\n
Nous ne savons pas grand chose des \u00e9changes gazeux et encore moins des \u00e9changes \u00e9nerg\u00e9tiques qui s\u2019op\u00e8rent entre les individus. J\u2019ai connu des ma\u00eetresses fabuleuses qui une fois que nous nous fussions s\u00e9par\u00e9s m\u2019avaient d\u00e9rob\u00e9 une tr\u00e8s grande part d\u2019\u00e9nergie et je ne parle pas ici de rapports sexuels uniquement. c\u2019est que l\u2019id\u00e9e de vampire n\u2019est pas venue du fond des temps par hasard , nous passons notre temps \u00e0 nous gorger de l\u2019\u00e9nergie des autres et eux de la notre.<\/p>\n
Je ne me souviens plus mais je ne serais pas \u00e9tonn\u00e9 que ce soit l\u2019\u00e9crivain Paul Claudel qui refusait m\u00eame de se masturber de peur de dilapider imprudemment sa pr\u00e9cieuse \u00e9nergie.. et ainsi de perdre son inspiration, sa cr\u00e9ativit\u00e9. A mon avis, il aura rater bien des moments de plaisir mais le postulat n\u2019\u00e9tait pas mauvais en soi.<\/p>\n
Les ermites aussi savent que s\u2019\u00e9loigner de la masse les pr\u00e9serve de d\u00e9penses inutiles, mais sans risque alors comment tester la tol\u00e9rance, comment construire une v\u00e9ritable conviction ? Et comment d\u00e9truire celle ci une fois construite \u2026 ?<\/p>\n
C\u2019est que peut-\u00eatre tous les chemins m\u00e8nent \u00e0 des « Rome » tr\u00e8s personnelles, nous arrivons avec une petite id\u00e9e en t\u00eate dans le monde de la confusion et c\u2019est toute cette confusion, ce chaos, qu\u2019il nous faudra traverser avec ce que j\u2019appelle « intention »<\/p>\n
Cette intention ne provient pas de notre r\u00e9flexion, le mental n\u2019est pas sa source, ni d\u2019ailleurs le c\u0153ur. On pourrait peut \u00eatre imaginer un intervalle entre deux fr\u00e9quences, plus qu\u2019une fr\u00e9quence vraiment, un tout petit vide entre deux voil\u00e0 ce serait cela l\u2019intention capable \u00e0 la fois de soulever des montagnes, de faire preuve peu \u00e0 peu d\u2019une tol\u00e9rance infinie, et d\u2019\u00e9carter ainsi un peu plus \u00e0 chaque cran la moindre de nos convictions.<\/p>\n
D\u00e9couvrir qu\u2019une intention existe au fond de soi est un jour de f\u00eate. Lui faire confiance et la suivre aveugl\u00e9ment n\u00e9cessite de traverser bien des d\u00e9serts cependant que parvenu \u00e0 l\u2019oasis, nous sommes capables de tout oublier ou presque, heureux enfin d\u2019\u00e9tancher notre soif tout simplement.<\/p>", "content_text": "J\u2019ai longtemps \u00e9t\u00e9 confus dans tous les domaines de ma vie a croire parfois que je mettais un point d\u2019honneur \u00e0 ne pas \u00eatre clair, si toutefois la clart\u00e9 est le contraire v\u00e9ritable de la confusion. Quelque chose en moi projetait comme la s\u00e8che, la pieuvre, le calamar,un nuage d\u2019encre afin de me dissimuler certainement en cas de danger. Pour tromper l\u2019adversaire, \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur ou \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de moi. Et cet adversaire maintenant que j\u2019y r\u00e9fl\u00e9chis pourrait \u00eatre \u00e0 la fois l\u2019\u00e9vidence comme la certitude et le sommeil que provoquent toujours chez moi ces deux mots. Car \u00ab moi je \u00bb voulais aller plus loin, je voulais \u00eatre le meilleur en quelque chose sans savoir vraiment bien quoi. Il le fallait cela m\u2019\u00e9tait consubstantiel pensais-je. Du moins c\u2019\u00e9tait l\u00e0 le mot d\u2019ordre servant d\u2019excuse \u00e0 une certaine forme d\u2019arrogance, de m\u00e9pris envers le reste de l\u2019humanit\u00e9 qui n\u2019\u00e9tait pas sur la m\u00eame fr\u00e9quence: lanterne \u00e9teintes et lanterne allum\u00e9es. D\u00e9s les bancs de l\u2019\u00e9cole je m\u2019\u00e9tais aper\u00e7u que seuls deux ou trois de mes camarades rev\u00eataient une importance pour moi , seule forme de r\u00e9alit\u00e9 tandis que la grande partie des autres, disparaissait dans un amas de contours incertains. Ceux que je ne choisissais pas de regarder n\u2019avaient alors pas acc\u00e8s \u00e0 l\u2019existence. Il y en allait ainsi de tout, du choix que j\u2019op\u00e9rais quand au degr\u00e9 d\u2019importance que j\u2019attribuais. j\u2019ai ainsi donn\u00e9 de l\u2019importance \u00e0 certains arbres particuli\u00e8rement les cerisiers et j\u2019ai un peu aim\u00e9 les h\u00eatres, les bouleaux, et les ch\u00eanes. \u00c9ventuellement le sureau qui me donnait de quoi fumer. tout le reste de l\u2019immense for\u00eat m\u2019est parfaitement inconnu. Et souvent je me suis jur\u00e9 qu\u2019un jour j\u2019ach\u00e8terais un manuel pour combler mes lacunes, cependant ce serment n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 tenu. Dans cette notion d\u2019importance donn\u00e9e aux choses, aux \u00eatres, le moteur, la motivation qui me poussait \u00e9tait souvent la curiosit\u00e9. alors que je n\u2019\u00e9tais en fait curieux que d\u2019une seule chose : explorer une version de moi-m\u00eame encore in\u00e9dite et ce peu importe que ce fusse en amiti\u00e9, en amour, la travers\u00e9e du miroir m\u2019\u00e9tait inconnue. Pourtant je le savais, intellectuellement, je ma\u00eetrisais cette notion d\u2019ego, de projection, de transfert, de rejet \u00e9galement, et voil\u00e0 ce qui sans doute m\u2019a retard\u00e9 le plus longtemps. Cette impression, cette fabrication mentale s\u2019appuyant \u00e0 la fois sur l\u2019instinct, l\u2019analogie et le livre mais assez peu sur le corps, sur le ressenti ni sur le c\u0153ur. D\u2019ailleurs tr\u00e8s longtemps j\u2019ai pens\u00e9 \u00eatre d\u00e9pourvu de cet organe. Ne me le disait on pas \u00e0 longueur de temps, \u00ab tu n\u2019as pas de c\u0153ur, mets y du c\u0153ur \u00bb, je n\u2019avais pas de c\u0153ur \u00e0 avoir du c\u0153ur et voil\u00e0 tout. Moi c\u2019\u00e9tait plut\u00f4t la t\u00eate en premier et assez rapidement les jambes que je prenais \u00e0 mon cou quand on me crachait en pleine figure les vertus cardiaques C\u2019est que du fin fond de ma confusion je comprenais bien toutes les mailles, la toile enti\u00e8re parfois que tissait ce pr\u00e9tendu \u00ab c\u0153ur \u00e0 l\u2019ouvrage \u00bb et qui me paraissait m\u2019emp\u00eatrer dans plus de confusion encore \u00e0 chaque tentative de m\u2019en \u00e9chapper. Il doit en \u00eatre de tous les mots ainsi je le crains. Nous les utilisons comme des ombres s\u2019emparant d\u2019armes tranchantes, argent\u00e9es et luisantes dans la nuit de notre ignorance. Nous croyons savoir ce que veut dire aimer, nous croyons savoir ce que veut dire ha\u00efr, nous nous formons des images mentales associ\u00e9es \u00e0 ces mots et born\u00e9es par celles ci nous tra\u00e7ons des voies labyrinthiques que nous appelons alors , simplicit\u00e9, \u00e9vidence, clart\u00e9. En peinture je n\u2019ai jamais cess\u00e9 de savoir ces bornes et j\u2019ai souvent compris qu\u2019il fallait commencer par la confusion comme dans la vie. Laisser aller sa pente naturelle \u00e0 d\u00e9sordonner le monde ou la toile ce n\u2019est pas quand m\u00eame tout \u00e0 fait semblable. Les harmonies, les lumi\u00e8res \u00e9quilibr\u00e9es d\u2019avec les ombres que je n\u2019ai pu trouver en peinture, j\u2019ai pu les recouvrir et reprendre par dessus de nouvelles toiles, cependant que les d\u00e9faites, les guerres, les pr\u00e9tendues victoires obtenues au travers les ombres et les lumi\u00e8res de ma vie pass\u00e9e je les ai laiss\u00e9es dispara\u00eetre \u00e0 jamais dans la nuit de mon oubli. \u00ab A jamais dans la nuit de mon oubli \u00bb vous voyez on y croirait ! Bien sur que non, rien n\u2019est oubli\u00e9 vraiment elles me hantent souvent la nuit et m\u00eame en pleine lumi\u00e8re d\u00e9sormais. {{{Sur la tol\u00e9rance et la conviction}}} Il ne peut y avoir de tol\u00e9rance sans conviction, du moins c\u2019est ce que l\u2019on pourrait imaginer puisqu\u2019on fait preuve d\u2019une pour d\u00e9couvrir l\u2019autre peu \u00e0 peu. Mais quand on part dans la vie sans aucune conviction quel curseur utiliser pour ajuster la tol\u00e9rance ? Alors je vous propose de modifier le mot conviction par intention et les choses s\u2019\u00e9claireront peut-\u00eatre d\u2019une lumi\u00e8re in\u00e9dite. Pour les chamanes la notion d\u2019intention est majeure, comme les notions d\u2019\u00e9nergie. Peu de choses dans le monde chamanique se produisent sur le plan mental, mais sur un plan \u00e9nerg\u00e9tique. Pour parvenir au plus haut degr\u00e9 de connaissance, ou de pouvoir, peu importe les mots que l\u2019on pourrait coller sur le sommet, deux qualit\u00e9s sont n\u00e9cessaires voire indispensables: Accepter de souffrir pour comprendre la quantit\u00e9 de tol\u00e9rance dont on peut faire preuve au travers d\u2019une forme d\u2019endurance \u00e0 la b\u00eatise, la sienne et celle des autres si l\u2019on veut. Quand je dis b\u00eatise il n\u2019y a vraiment rien de p\u00e9joratif, je parle bien de notre nature animale. La seconde chose est l\u2019impeccabilit\u00e9 que j\u2019appelle plus modestement la justesse. Cette justesse qui, si l\u2019on apprend \u00e0 rep\u00e9rer la fuite d\u2019\u00e9nergie en soi ou l\u2019app\u00e9tit qui commence \u00e0 sucer la notre chez autrui, r\u00e9agit de plus en plus rapidement et souplement \u00e0 tout d\u00e9bordement, de fa\u00e7on \u00e0 rester dans l\u2019axe. Nous ne savons pas grand chose des \u00e9changes gazeux et encore moins des \u00e9changes \u00e9nerg\u00e9tiques qui s\u2019op\u00e8rent entre les individus. J\u2019ai connu des ma\u00eetresses fabuleuses qui une fois que nous nous fussions s\u00e9par\u00e9s m\u2019avaient d\u00e9rob\u00e9 une tr\u00e8s grande part d\u2019\u00e9nergie et je ne parle pas ici de rapports sexuels uniquement. c\u2019est que l\u2019id\u00e9e de vampire n\u2019est pas venue du fond des temps par hasard , nous passons notre temps \u00e0 nous gorger de l\u2019\u00e9nergie des autres et eux de la notre. Je ne me souviens plus mais je ne serais pas \u00e9tonn\u00e9 que ce soit l\u2019\u00e9crivain Paul Claudel qui refusait m\u00eame de se masturber de peur de dilapider imprudemment sa pr\u00e9cieuse \u00e9nergie.. et ainsi de perdre son inspiration, sa cr\u00e9ativit\u00e9. A mon avis, il aura rater bien des moments de plaisir mais le postulat n\u2019\u00e9tait pas mauvais en soi. Les ermites aussi savent que s\u2019\u00e9loigner de la masse les pr\u00e9serve de d\u00e9penses inutiles, mais sans risque alors comment tester la tol\u00e9rance, comment construire une v\u00e9ritable conviction ? Et comment d\u00e9truire celle ci une fois construite \u2026 ? C\u2019est que peut-\u00eatre tous les chemins m\u00e8nent \u00e0 des \u00ab Rome \u00bb tr\u00e8s personnelles, nous arrivons avec une petite id\u00e9e en t\u00eate dans le monde de la confusion et c\u2019est toute cette confusion, ce chaos, qu\u2019il nous faudra traverser avec ce que j\u2019appelle \u00ab intention \u00bb Cette intention ne provient pas de notre r\u00e9flexion, le mental n\u2019est pas sa source, ni d\u2019ailleurs le c\u0153ur. On pourrait peut \u00eatre imaginer un intervalle entre deux fr\u00e9quences, plus qu\u2019une fr\u00e9quence vraiment, un tout petit vide entre deux voil\u00e0 ce serait cela l\u2019intention capable \u00e0 la fois de soulever des montagnes, de faire preuve peu \u00e0 peu d\u2019une tol\u00e9rance infinie, et d\u2019\u00e9carter ainsi un peu plus \u00e0 chaque cran la moindre de nos convictions. D\u00e9couvrir qu\u2019une intention existe au fond de soi est un jour de f\u00eate. Lui faire confiance et la suivre aveugl\u00e9ment n\u00e9cessite de traverser bien des d\u00e9serts cependant que parvenu \u00e0 l\u2019oasis, nous sommes capables de tout oublier ou presque, heureux enfin d\u2019\u00e9tancher notre soif tout simplement. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img069.webp?1748065131", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-decembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-decembre-2018.html", "title": "27 d\u00e9cembre 2018", "date_published": "2018-12-27T08:40:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\nCe n\u2019est pas le plus facile des m\u00e9tiers mais pour moi c\u2019est l\u2019un des plus beaux. En fait comprenons nous tous les m\u00e9tiers peuvent \u00eatre beaux cela d\u00e9pend surtout de l\u2019\u00e9tat d\u2019esprit de la personne qui oeuvre.<\/p>\n
Etre artiste et plus pr\u00e9cis\u00e9ment artiste peintre est le dernier m\u00e9tier que j\u2019ai choisi d\u2019effectuer apr\u00e8s de nombreux autres qui ne me permettaient plus de m\u2019exprimer. Ce m\u00e9tier ne me permet pas de vivre aussi bien que dans mes anciennes occupations qui, du reste si elles s\u00e9curisaient plus l\u2019atmosph\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale de ma vie, m\u2019obligeaient \u00e0 de nombreux compromis, \u00e0 ne pas r\u00e9v\u00e9ler pleinement ma personnalit\u00e9, \u00e0 me taire beaucoup par usure, par d\u00e9pit, par crainte aussi quelques fois de perdre mon emploi, de perdre ma s\u00e9curit\u00e9 financi\u00e8re.<\/p>\n
Cependant en r\u00e9fl\u00e9chissant bien cette pseudo s\u00e9curit\u00e9 financi\u00e8re n\u2019\u00e9tait qu\u2019un mot d\u2019ordre h\u00e9rit\u00e9 de p\u00e8re en fils, et la r\u00e9p\u00e9tition d\u2019un sch\u00e9ma ancestrale \u00e0 appliquer par un manque cruel d\u2019imagination.<\/p>\n
Quelle est la v\u00e9ritable richesse si ce ne sont pas les enfants que l\u2019on \u00e9l\u00e8ve, l\u2019\u00e9pouse que l\u2019on \u00e9paule, les amis que l\u2019on rencontre et avec lesquels on construit une amiti\u00e9, si ce n\u2019est pas toujours para\u00eetre plut\u00f4t qu\u2019\u00eatre tout simplement ?<\/p>\n
Car nous ne sommes vraiment que tr\u00e8s rarement nous m\u00eames au travers des circonstances brutales ou douces de l\u2019existence, nous sommes des copies plus ou moins am\u00e9lior\u00e9es d\u2019un syst\u00e8me \u00e9ducatif, social, \u00e9conomique et politique qui jugule la notion v\u00e9ritable d\u2019identit\u00e9 depuis tellement longtemps d\u00e9sormais. Syst\u00e8me qui craque de toutes parts et devant nous se dresse un inconnu qui comme toujours nous effraie nous rappelant trop bien l\u2019inconnu qui toujours sommeille au fond de nous.<\/p>\n
Quelle est donc la v\u00e9ritable richesse sinon aller au devant de cet inconnu qui est soi et pour ce faire pas besoin d\u2019argent mais du temps, et c\u2019est bien ce temps que l\u2019on ne nous permet pas de prendre facilement qui me parait \u00eatre le luxe le plus haut actuellement.<\/p>\n
Car il en faut du temps pour apprendre \u00e0 peindre par exemple, non pas qu\u2019il soit si difficile de ma\u00eetriser une technique, non cela est d\u00e9sormais \u00e0 la port\u00e9e d\u2019un grand nombre de personnes. Pour am\u00e9liorer le quotidien je suis moi-m\u00eame professeur et j\u2019enseigne la technique du dessin et le maniement des formes et des couleurs. Cependant que je reste toujours stup\u00e9fait par le manque de temps que pr\u00e9textent mes \u00e9l\u00e8ves.<\/p>\n
J\u2019ai beau dire, si vous voulez progresser, prenez une demi heure par jour pour dessiner, peindre, une demie heure ce n\u2019est pas grand chose mais si on le fait chaque jour, pendant 365 jours imaginez\u2026<\/p>\n
Et pourtant non , personne n\u2019y parvient invoquant chaque semaine lorsque je pose la question des pr\u00e9occupations tellement serr\u00e9es qu\u2019aucun interstice n\u2019a pu \u00eatre trouv\u00e9.<\/p>\n
Il m\u2019a fallut du temps pour comprendre comment g\u00e9rer celui-ci, pour qu\u2019\u00e0 la toute fin tout ne soit pas en vain, pour que perdure une partie pr\u00e9cieuse de mon \u00eatre inscrite dans le papier, le chant, la photographie ou la peinture, j\u2019ai test\u00e9 beaucoup de voies diverses accordant du temps \u00e0 chacune autant que le pouvais , parfois d\u2019une fa\u00e7on frugale, parfois avec exc\u00e8s.<\/p>\n
La r\u00e9gularit\u00e9 du m\u00e9tronome s\u2019accorde mal avec l\u2019id\u00e9e que l\u2019on se fait d\u2019un artiste. Elle s\u2019accorde d\u00e9j\u00e0 si mal dans le cadre que l\u2019on pose pour exercer le moindre labeur. On la subit en g\u00e9n\u00e9ral plus qu\u2019on la choisit cette r\u00e9gularit\u00e9.<\/p>\n
Alors devenir « libre » en tant qu\u2019artiste demande bien plus que de l\u2019application pour int\u00e9grer cette r\u00e9gularit\u00e9, pour diviser son temps en parcelles, pour segmenter l\u2019administratif du commercial, et du temps de cr\u00e9ation.<\/p>\n
Cela demande du temps et une certaine forme d\u2019abn\u00e9gation aussi.<\/p>\n
\u00c9tablir un emploi du temps et s\u2019y tenir demande de renoncer \u00e0 beaucoup de choses notamment \u00e0 la distraction.<\/p>\n
Je vous l\u2019avoue, j\u2019ai essay\u00e9 plein de moyens diverses pour tenter de mettre en place cet emploi du temps. Aucun n\u2019a pu tenir la route et toujours la distraction m\u2019attirait pour m\u2019extraire de ces contraintes insupportables que je m\u2019\u00e9tais fix\u00e9es.<\/p>\n
C\u2019est seulement qu\u2019il me manquait une intention v\u00e9ritable.<\/p>\n
cette intention ne se trouvait pas dans l\u2019envie de gagner de l\u2019argent, ni dans celle de r\u00e9aliser des \u0153uvres d\u2019o\u00f9 surgiraient l\u2019\u00e9vidence de ma ma\u00eetrise, encore moins dans l\u2019id\u00e9e de la beaut\u00e9 qui m\u2019aura celle ci fait perdre de nombreuses ann\u00e9es, non aucune de ses intentions ne pouvait \u00eatre vou\u00e9e au succ\u00e8s de la r\u00e9alisation d\u2019un v\u00e9ritable emploi du temps.<\/p>\n
Alors je me suis pench\u00e9 sur les t\u00e2ches d\u00e9j\u00e0 en place, les cours que je donne, l\u2019administratif \u00e0 r\u00e9gler, la communication sur les r\u00e9seaux sociaux \u00e0 ne pas n\u00e9gliger et dans chacune de ces t\u00e2ches j\u2019ai tent\u00e9 de donner le meilleur de ce que je pouvais, c\u2019est \u00e0 dire d\u2019\u00eatre le plus juste possible avec moi-m\u00eame tout d\u2019abord en esp\u00e9rant que cette justesse atteindrait les autres.<\/p>\n
Je ne dis pas que tout est en place d\u00e9sormais pour toujours, non il y a encore bien des choses \u00e0 am\u00e9liorer notamment cette propension \u00e0 vouloir trop donner d\u2019un coup comme si demain j\u2019allais mourir. J\u2019essaie de me restreindre d\u00e9sormais dans des cadres temporaires plus succincts.<\/p>\n
La cr\u00e9ation c\u2019est un peu comme l\u2019amour, donner tout d\u2019un seul coup ne sert \u00e0 rien et surtout \u00e0 ne pas durer, \u00e0 ne pas faire durer. C\u2019est sur le long terme que la passion s\u2019apaise et que la braise de la tendresse r\u00e9chauffe les vieux amants.<\/p>\n
Bien sur la tentation est grande d\u2019utiliser internet pour promouvoir mon travail et j\u2019y c\u00e8de d\u00e9sormais volontiers, non pas que j\u2019imagine atteindre \u00e0 une c\u00e9l\u00e9brit\u00e9 quelconque voir \u00e0 une client\u00e8le plus large, non cela ne me parait m\u00eame pas souhaitable pour l\u2019\u00e9quilibre fragile que j\u2019installe peu \u00e0 peu dans mon emploi du temps.<\/p>\n
Internet me permet de montrer mon travail, de sortir d\u2019une certaine fa\u00e7on de l\u2019atelier, de m\u2019exposer aussi moi-m\u00eame tel que je suis sans autre retenue que celle de vouloir rester juste. C\u2019est bien de cette justesse dont il s\u2019agit en fait et qui pourrait bien devenir l\u2019intention majeure de tout mon travail d\u2019homme comme de peintre.<\/p>\n
Cette justesse emprunte des voies parfois \u00e9tranges et peut-\u00eatre parfois aussi laborieuses encore mais je ne d\u00e9sesp\u00e8re pas, j\u2019adapte peu \u00e0 peu mon emploi du temps \u00e0 sa mesure et esp\u00e8re pour 2019 des \u0153uvres nouvelles en ad\u00e9quation avec celle ci plus que jamais encore auparavant.<\/p>\n
en lisant la col\u00e8re exprim\u00e9e par certaine chroniqueuse sur l\u2019art contemporain, je peux comprendre au del\u00e0 de son vocabulaire de fa\u00e7ade l\u2019indignation qu\u2019elle ressent quant \u00e0 une grande partie de l\u2019art en France aujourd\u2019hui qui serait d\u00e9laiss\u00e9e par les institutions qui pr\u00e9f\u00e8rent miser sur des plus values rapides et des retours sur investissements plus juteux avec le denier public. C\u2019est qu\u2019on a tous oubli\u00e9 le temps dans l\u2019affaire.<\/p>\n
Il faut du temps pour construire un emploi du temps efficace, du temps pour r\u00e9aliser des tableaux qui touchent vraiment l\u2019\u00e2me et l\u2019esprit, et la h\u00e2te des institutions \u00e0 vouloir courir plus vite que la musique en fabricant des artistes trop rapidement ne r\u00e9sistera sans doute pas \u00e0 la post\u00e9rit\u00e9 qui est en fait le v\u00e9ritable tamis du talent.<\/p>\n
Ce n\u2019est jamais dans l\u2019urgence qu\u2019on d\u00e9cr\u00e8te le juste et le beau, on peut tenter de l\u2019imposer bien sur mais cela ne sert de rien, il faut attendre h\u00e9las encore la dissipation des brumes pour parvenir \u00e0 retrouver l\u2019horizon.<\/p>\n
Dans ce grand bateau qui pourrait ressembler \u00e0 celui de la M\u00e9duse, nous voici les artistes inconnus naufrag\u00e9s de l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9. La faim et la soif et l\u2019absence de reconnaissance peut bien nous tenailler et nous rendre presque fous parfois, il faut les ignorer cela ne vient pas de nous, cela n\u2019est pas en nous. Nous sommes seulement le temps et nous n\u2019avons besoin en fait profond\u00e9ment de rien d\u2019autre que de justesse telle que nous la ressentons, toujours la m\u00eame \u00e0 la fois neuve et ancienne, toujours renouvel\u00e9e.<\/p>", "content_text": "Ce n\u2019est pas le plus facile des m\u00e9tiers mais pour moi c\u2019est l\u2019un des plus beaux. En fait comprenons nous tous les m\u00e9tiers peuvent \u00eatre beaux cela d\u00e9pend surtout de l\u2019\u00e9tat d\u2019esprit de la personne qui oeuvre. Etre artiste et plus pr\u00e9cis\u00e9ment artiste peintre est le dernier m\u00e9tier que j\u2019ai choisi d\u2019effectuer apr\u00e8s de nombreux autres qui ne me permettaient plus de m\u2019exprimer. Ce m\u00e9tier ne me permet pas de vivre aussi bien que dans mes anciennes occupations qui, du reste si elles s\u00e9curisaient plus l\u2019atmosph\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale de ma vie, m\u2019obligeaient \u00e0 de nombreux compromis, \u00e0 ne pas r\u00e9v\u00e9ler pleinement ma personnalit\u00e9, \u00e0 me taire beaucoup par usure, par d\u00e9pit, par crainte aussi quelques fois de perdre mon emploi, de perdre ma s\u00e9curit\u00e9 financi\u00e8re. Cependant en r\u00e9fl\u00e9chissant bien cette pseudo s\u00e9curit\u00e9 financi\u00e8re n\u2019\u00e9tait qu\u2019un mot d\u2019ordre h\u00e9rit\u00e9 de p\u00e8re en fils, et la r\u00e9p\u00e9tition d\u2019un sch\u00e9ma ancestrale \u00e0 appliquer par un manque cruel d\u2019imagination. Quelle est la v\u00e9ritable richesse si ce ne sont pas les enfants que l\u2019on \u00e9l\u00e8ve, l\u2019\u00e9pouse que l\u2019on \u00e9paule, les amis que l\u2019on rencontre et avec lesquels on construit une amiti\u00e9, si ce n\u2019est pas toujours para\u00eetre plut\u00f4t qu\u2019\u00eatre tout simplement ? Car nous ne sommes vraiment que tr\u00e8s rarement nous m\u00eames au travers des circonstances brutales ou douces de l\u2019existence, nous sommes des copies plus ou moins am\u00e9lior\u00e9es d\u2019un syst\u00e8me \u00e9ducatif, social, \u00e9conomique et politique qui jugule la notion v\u00e9ritable d\u2019identit\u00e9 depuis tellement longtemps d\u00e9sormais. Syst\u00e8me qui craque de toutes parts et devant nous se dresse un inconnu qui comme toujours nous effraie nous rappelant trop bien l\u2019inconnu qui toujours sommeille au fond de nous. Quelle est donc la v\u00e9ritable richesse sinon aller au devant de cet inconnu qui est soi et pour ce faire pas besoin d\u2019argent mais du temps, et c\u2019est bien ce temps que l\u2019on ne nous permet pas de prendre facilement qui me parait \u00eatre le luxe le plus haut actuellement. Car il en faut du temps pour apprendre \u00e0 peindre par exemple, non pas qu\u2019il soit si difficile de ma\u00eetriser une technique, non cela est d\u00e9sormais \u00e0 la port\u00e9e d\u2019un grand nombre de personnes. Pour am\u00e9liorer le quotidien je suis moi-m\u00eame professeur et j\u2019enseigne la technique du dessin et le maniement des formes et des couleurs. Cependant que je reste toujours stup\u00e9fait par le manque de temps que pr\u00e9textent mes \u00e9l\u00e8ves. J\u2019ai beau dire, si vous voulez progresser, prenez une demi heure par jour pour dessiner, peindre, une demie heure ce n\u2019est pas grand chose mais si on le fait chaque jour, pendant 365 jours imaginez\u2026 Et pourtant non , personne n\u2019y parvient invoquant chaque semaine lorsque je pose la question des pr\u00e9occupations tellement serr\u00e9es qu\u2019aucun interstice n\u2019a pu \u00eatre trouv\u00e9. Il m\u2019a fallut du temps pour comprendre comment g\u00e9rer celui-ci, pour qu\u2019\u00e0 la toute fin tout ne soit pas en vain, pour que perdure une partie pr\u00e9cieuse de mon \u00eatre inscrite dans le papier, le chant, la photographie ou la peinture, j\u2019ai test\u00e9 beaucoup de voies diverses accordant du temps \u00e0 chacune autant que le pouvais , parfois d\u2019une fa\u00e7on frugale, parfois avec exc\u00e8s. La r\u00e9gularit\u00e9 du m\u00e9tronome s\u2019accorde mal avec l\u2019id\u00e9e que l\u2019on se fait d\u2019un artiste. Elle s\u2019accorde d\u00e9j\u00e0 si mal dans le cadre que l\u2019on pose pour exercer le moindre labeur. On la subit en g\u00e9n\u00e9ral plus qu\u2019on la choisit cette r\u00e9gularit\u00e9. Alors devenir \u00ab libre \u00bb en tant qu\u2019artiste demande bien plus que de l\u2019application pour int\u00e9grer cette r\u00e9gularit\u00e9, pour diviser son temps en parcelles, pour segmenter l\u2019administratif du commercial, et du temps de cr\u00e9ation. Cela demande du temps et une certaine forme d\u2019abn\u00e9gation aussi. \u00c9tablir un emploi du temps et s\u2019y tenir demande de renoncer \u00e0 beaucoup de choses notamment \u00e0 la distraction. Je vous l\u2019avoue, j\u2019ai essay\u00e9 plein de moyens diverses pour tenter de mettre en place cet emploi du temps. Aucun n\u2019a pu tenir la route et toujours la distraction m\u2019attirait pour m\u2019extraire de ces contraintes insupportables que je m\u2019\u00e9tais fix\u00e9es. C\u2019est seulement qu\u2019il me manquait une intention v\u00e9ritable. cette intention ne se trouvait pas dans l\u2019envie de gagner de l\u2019argent, ni dans celle de r\u00e9aliser des \u0153uvres d\u2019o\u00f9 surgiraient l\u2019\u00e9vidence de ma ma\u00eetrise, encore moins dans l\u2019id\u00e9e de la beaut\u00e9 qui m\u2019aura celle ci fait perdre de nombreuses ann\u00e9es, non aucune de ses intentions ne pouvait \u00eatre vou\u00e9e au succ\u00e8s de la r\u00e9alisation d\u2019un v\u00e9ritable emploi du temps. Alors je me suis pench\u00e9 sur les t\u00e2ches d\u00e9j\u00e0 en place, les cours que je donne, l\u2019administratif \u00e0 r\u00e9gler, la communication sur les r\u00e9seaux sociaux \u00e0 ne pas n\u00e9gliger et dans chacune de ces t\u00e2ches j\u2019ai tent\u00e9 de donner le meilleur de ce que je pouvais, c\u2019est \u00e0 dire d\u2019\u00eatre le plus juste possible avec moi-m\u00eame tout d\u2019abord en esp\u00e9rant que cette justesse atteindrait les autres. Je ne dis pas que tout est en place d\u00e9sormais pour toujours, non il y a encore bien des choses \u00e0 am\u00e9liorer notamment cette propension \u00e0 vouloir trop donner d\u2019un coup comme si demain j\u2019allais mourir. J\u2019essaie de me restreindre d\u00e9sormais dans des cadres temporaires plus succincts. La cr\u00e9ation c\u2019est un peu comme l\u2019amour, donner tout d\u2019un seul coup ne sert \u00e0 rien et surtout \u00e0 ne pas durer, \u00e0 ne pas faire durer. C\u2019est sur le long terme que la passion s\u2019apaise et que la braise de la tendresse r\u00e9chauffe les vieux amants. Bien sur la tentation est grande d\u2019utiliser internet pour promouvoir mon travail et j\u2019y c\u00e8de d\u00e9sormais volontiers, non pas que j\u2019imagine atteindre \u00e0 une c\u00e9l\u00e9brit\u00e9 quelconque voir \u00e0 une client\u00e8le plus large, non cela ne me parait m\u00eame pas souhaitable pour l\u2019\u00e9quilibre fragile que j\u2019installe peu \u00e0 peu dans mon emploi du temps. Internet me permet de montrer mon travail, de sortir d\u2019une certaine fa\u00e7on de l\u2019atelier, de m\u2019exposer aussi moi-m\u00eame tel que je suis sans autre retenue que celle de vouloir rester juste. C\u2019est bien de cette justesse dont il s\u2019agit en fait et qui pourrait bien devenir l\u2019intention majeure de tout mon travail d\u2019homme comme de peintre. Cette justesse emprunte des voies parfois \u00e9tranges et peut-\u00eatre parfois aussi laborieuses encore mais je ne d\u00e9sesp\u00e8re pas, j\u2019adapte peu \u00e0 peu mon emploi du temps \u00e0 sa mesure et esp\u00e8re pour 2019 des \u0153uvres nouvelles en ad\u00e9quation avec celle ci plus que jamais encore auparavant. en lisant la col\u00e8re exprim\u00e9e par certaine chroniqueuse sur l\u2019art contemporain, je peux comprendre au del\u00e0 de son vocabulaire de fa\u00e7ade l\u2019indignation qu\u2019elle ressent quant \u00e0 une grande partie de l\u2019art en France aujourd\u2019hui qui serait d\u00e9laiss\u00e9e par les institutions qui pr\u00e9f\u00e8rent miser sur des plus values rapides et des retours sur investissements plus juteux avec le denier public. C\u2019est qu\u2019on a tous oubli\u00e9 le temps dans l\u2019affaire. Il faut du temps pour construire un emploi du temps efficace, du temps pour r\u00e9aliser des tableaux qui touchent vraiment l\u2019\u00e2me et l\u2019esprit, et la h\u00e2te des institutions \u00e0 vouloir courir plus vite que la musique en fabricant des artistes trop rapidement ne r\u00e9sistera sans doute pas \u00e0 la post\u00e9rit\u00e9 qui est en fait le v\u00e9ritable tamis du talent. Ce n\u2019est jamais dans l\u2019urgence qu\u2019on d\u00e9cr\u00e8te le juste et le beau, on peut tenter de l\u2019imposer bien sur mais cela ne sert de rien, il faut attendre h\u00e9las encore la dissipation des brumes pour parvenir \u00e0 retrouver l\u2019horizon. Dans ce grand bateau qui pourrait ressembler \u00e0 celui de la M\u00e9duse, nous voici les artistes inconnus naufrag\u00e9s de l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9. La faim et la soif et l\u2019absence de reconnaissance peut bien nous tenailler et nous rendre presque fous parfois, il faut les ignorer cela ne vient pas de nous, cela n\u2019est pas en nous. Nous sommes seulement le temps et nous n\u2019avons besoin en fait profond\u00e9ment de rien d\u2019autre que de justesse telle que nous la ressentons, toujours la m\u00eame \u00e0 la fois neuve et ancienne, toujours renouvel\u00e9e. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/justesse-et-spontaneite.webp?1748065082", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/26-decembre-2018.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/26-decembre-2018.html", "title": "26 d\u00e9cembre 2018", "date_published": "2018-12-26T08:37:00Z", "date_modified": "2025-10-29T18:26:47Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
On ne sait d’o\u00f9 elle vient, mais elle s’empare de tout notre \u00eatre : la m\u00e9lancolie. Les anciens l’attribuaient \u00e0 la bile noire, tout en notant qu’elle n’\u00e9pargnait pas le g\u00e9nie.\nMes premiers acc\u00e8s remontent \u00e0 cet \u00e9t\u00e9 dans le Bourbonnais, chez mes grands-parents. D\u00e8s mon arriv\u00e9e \u00e0 la gare, je sentis sa pr\u00e9sence. Cet ennui m\u00eal\u00e9 de solitude, ce \"\u00e0 quoi bon\" poivr\u00e9 d’un sentiment mortif\u00e8re d’infini.\nM\u00eame la p\u00eache - que j’adorais - ne parvenait \u00e0 m’en distraire. Jusqu’\u00e0 ce jour o\u00f9, assis avec mon ami Paula sur les marches d’une maison abandonn\u00e9e, un gravier nous atteignit. Un rire l\u00e9ger fendit l’air, et Babette surgit.\nPuis sa s\u0153ur a\u00een\u00e9e Nadine apparut, toute de blanc v\u00eatue, avec ses cheveux blonds et ses yeux de biche moqueurs. Coup de foudre imm\u00e9diat. Cette fille de cinq ans mon a\u00een\u00e9e m’extirpa de ma m\u00e9lancolie. Je devins parfaitement idiot, passant le reste des vacances dans un \u00e9tat d’apesanteur.\nLe soir, nous nous retrouvions apr\u00e8s le d\u00eener. Que de chemins avons-nous parcourus dans la nuit, nos d\u00e9sirs barricad\u00e9s de pudeur ! Sa hanche fr\u00f4lait ma main, mais jamais de contact \u00e9vident. Un accord tacite : cet \u00e9tat de fait dura jusqu’\u00e0 la fin des vacances.\n\u00c0 la rentr\u00e9e en pension, une lettre arriva. Son \u00e9criture fine, ses mots pudiques. Je lui r\u00e9pondis chaque jour, \u00e9chafaudant tout un roman.\nL’\u00e9t\u00e9 suivant, je revins au hameau sans pr\u00e9venir. En passant devant sa maison, je la vis dans les bras d’un gaillard en cuir, pendue \u00e0 son cou. Elle me fit un petit signe. Un sourire vint on ne sait comment sur mes l\u00e8vres. Je tournai les talons.\nJ’ai gard\u00e9 longtemps ses lettres. Ce n’est qu’\u00e0 trente ans, quand un nouvel amour arriva, que je les br\u00fblai.\nIl y a ainsi des histoires inscrites \u00e0 mi-chemin du r\u00e9el et du r\u00eave, comme ces tableaux rang\u00e9s dans mon atelier. Un ami dit : \"Qu’est-ce qu’un homme ? C’est tout ce qu’il ne montre pas.\" J’ai longtemps cach\u00e9, jugant cela insignifiant.\nMais mon chemin m’a appris qu’en partageant ces secrets, on \u00e9tablit des ponts entre les \u00eatres. Et parfois, dans la confusion des autres, mes histoires rencontrent un \u00e9cho.<\/p>", "content_text": " On ne sait d'o\u00f9 elle vient, mais elle s'empare de tout notre \u00eatre : la m\u00e9lancolie. Les anciens l'attribuaient \u00e0 la bile noire, tout en notant qu'elle n'\u00e9pargnait pas le g\u00e9nie. Mes premiers acc\u00e8s remontent \u00e0 cet \u00e9t\u00e9 dans le Bourbonnais, chez mes grands-parents. D\u00e8s mon arriv\u00e9e \u00e0 la gare, je sentis sa pr\u00e9sence. Cet ennui m\u00eal\u00e9 de solitude, ce \"\u00e0 quoi bon\" poivr\u00e9 d'un sentiment mortif\u00e8re d'infini. M\u00eame la p\u00eache - que j'adorais - ne parvenait \u00e0 m'en distraire. Jusqu'\u00e0 ce jour o\u00f9, assis avec mon ami Paula sur les marches d'une maison abandonn\u00e9e, un gravier nous atteignit. Un rire l\u00e9ger fendit l'air, et Babette surgit. Puis sa s\u0153ur a\u00een\u00e9e Nadine apparut, toute de blanc v\u00eatue, avec ses cheveux blonds et ses yeux de biche moqueurs. Coup de foudre imm\u00e9diat. Cette fille de cinq ans mon a\u00een\u00e9e m'extirpa de ma m\u00e9lancolie. Je devins parfaitement idiot, passant le reste des vacances dans un \u00e9tat d'apesanteur. Le soir, nous nous retrouvions apr\u00e8s le d\u00eener. Que de chemins avons-nous parcourus dans la nuit, nos d\u00e9sirs barricad\u00e9s de pudeur ! Sa hanche fr\u00f4lait ma main, mais jamais de contact \u00e9vident. Un accord tacite : cet \u00e9tat de fait dura jusqu'\u00e0 la fin des vacances. \u00c0 la rentr\u00e9e en pension, une lettre arriva. Son \u00e9criture fine, ses mots pudiques. Je lui r\u00e9pondis chaque jour, \u00e9chafaudant tout un roman. L'\u00e9t\u00e9 suivant, je revins au hameau sans pr\u00e9venir. En passant devant sa maison, je la vis dans les bras d'un gaillard en cuir, pendue \u00e0 son cou. Elle me fit un petit signe. Un sourire vint on ne sait comment sur mes l\u00e8vres. Je tournai les talons. J'ai gard\u00e9 longtemps ses lettres. Ce n'est qu'\u00e0 trente ans, quand un nouvel amour arriva, que je les br\u00fblai. Il y a ainsi des histoires inscrites \u00e0 mi-chemin du r\u00e9el et du r\u00eave, comme ces tableaux rang\u00e9s dans mon atelier. Un ami dit : \"Qu'est-ce qu'un homme ? C'est tout ce qu'il ne montre pas.\" J'ai longtemps cach\u00e9, jugant cela insignifiant. 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La mode est devenue fade, mais j’ai tent\u00e9 de devenir positif. Tout a commenc\u00e9 au travail, dans l’ennui.\nMon coll\u00e8gue P., expert en hypocrisie corporate, m’a initi\u00e9 aux auteurs new age m\u00ealant d\u00e9veloppement personnel et spiritualit\u00e9. Curieux, je me suis mis aux fleurs de Bach, \u00e0 Sai Baba, puis \u00e0 un stage de PNL.\n\u00c0 Grenoble, j’ai d\u00e9couvert un monde enchant\u00e9 o\u00f9 tout le monde se complimentait \u00e0 qui mieux mieux. Je suis ressorti \"augment\u00e9\" et me suis inscrit \u00e0 la suite - plus ch\u00e8re - en Belgique.\nLe stage de chamanisme fut le comble : dans une abbaye magnifique, j’ai rencontr\u00e9 une rouquine avec qui j’ai pratiqu\u00e9 les \"nettoyages \u00e9nerg\u00e9tiques\". Main dans la main, nous sentions les \u00e9nergies circuler. Tout aurait pu tourner \u00e0 la partouze, mais le lieu et le temps en ont d\u00e9cid\u00e9 autrement.\nDe retour \u00e0 Lyon, nous avons entam\u00e9 une relation houleuse entre deux \"mages\" qui s’envoient des sorts. Elle cherchait peut-\u00eatre un compagnon pour vieillir, moi je fuyais toute responsabilit\u00e9. Cette histoire m’aura au moins \u00e9veill\u00e9 le premier chakra - m\u00eame si je reste perplexe sur cette \u00e9nergie qui, partie du \"trou de balle\", devait atteindre le c\u0153ur...\nJ’ai finalement tout quitt\u00e9 pour l’inconnu, jetant les peintures obs\u00e9d\u00e9es de cette p\u00e9riode - vulves, matrices et sodomies - qui tentaient vainement de percer le myst\u00e8re de la vie par le bas.<\/p>\n
Le premier mensonge<\/strong><\/p>\n Mon premier mensonge ? Une maladie invent\u00e9e pour \u00e9viter l’\u00e9cole. J’avais si bien jou\u00e9 mon r\u00f4le que j’en ressentais les sympt\u00f4mes.\nCe premier mensonge en appela d’autres, puis vint le vol - d’abord dans le portefeuille de ma m\u00e8re, puis dans la caisse de mon grand-p\u00e8re sur les march\u00e9s parisiens. Le g\u00e9ant Totor feignait de vouloir me couper les oreilles avec son Opinel, tout le monde riait, m\u00eame le perroquet du bistrot qui criait \"menteur !\".\nPersonne ne me punissait vraiment. Je pris les adultes pour des idiots, et me crus malin. Des ann\u00e9es de larcins m\u00e9diocres s’ensuivirent.\nBien plus tard, visitant ma grand-m\u00e8re en maison de retraite, elle ne me reconnut pas. \"Mais vous \u00eates qui, jeune homme ?\" Cette fois, je me tus. C’\u00e9tait \u00e0 mon tour de faire semblant.\nJe crois que j’ai trouv\u00e9 l’art par lassitude du mensonge. Ayant d\u00e9tect\u00e9 en moi cette habilet\u00e9 \u00e0 travestir les faits, j’ai na\u00efvement cru pouvoir donner le change dans une \u0153uvre.\nLe vrai d\u00e9fi restait : trouver ce qui ne se montre pas, l’ellipse magistrale, le non-dit au-del\u00e0 de l’\u00e9vidence.<\/p>",
"content_text": " La mode est devenue fade, mais j'ai tent\u00e9 de devenir positif. Tout a commenc\u00e9 au travail, dans l'ennui. Mon coll\u00e8gue P., expert en hypocrisie corporate, m'a initi\u00e9 aux auteurs new age m\u00ealant d\u00e9veloppement personnel et spiritualit\u00e9. Curieux, je me suis mis aux fleurs de Bach, \u00e0 Sai Baba, puis \u00e0 un stage de PNL. \u00c0 Grenoble, j'ai d\u00e9couvert un monde enchant\u00e9 o\u00f9 tout le monde se complimentait \u00e0 qui mieux mieux. Je suis ressorti \"augment\u00e9\" et me suis inscrit \u00e0 la suite - plus ch\u00e8re - en Belgique. Le stage de chamanisme fut le comble : dans une abbaye magnifique, j'ai rencontr\u00e9 une rouquine avec qui j'ai pratiqu\u00e9 les \"nettoyages \u00e9nerg\u00e9tiques\". Main dans la main, nous sentions les \u00e9nergies circuler. Tout aurait pu tourner \u00e0 la partouze, mais le lieu et le temps en ont d\u00e9cid\u00e9 autrement. De retour \u00e0 Lyon, nous avons entam\u00e9 une relation houleuse entre deux \"mages\" qui s'envoient des sorts. Elle cherchait peut-\u00eatre un compagnon pour vieillir, moi je fuyais toute responsabilit\u00e9. Cette histoire m'aura au moins \u00e9veill\u00e9 le premier chakra - m\u00eame si je reste perplexe sur cette \u00e9nergie qui, partie du \"trou de balle\", devait atteindre le c\u0153ur... J'ai finalement tout quitt\u00e9 pour l'inconnu, jetant les peintures obs\u00e9d\u00e9es de cette p\u00e9riode - vulves, matrices et sodomies - qui tentaient vainement de percer le myst\u00e8re de la vie par le bas. **Le premier mensonge** Mon premier mensonge ? Une maladie invent\u00e9e pour \u00e9viter l'\u00e9cole. J'avais si bien jou\u00e9 mon r\u00f4le que j'en ressentais les sympt\u00f4mes. Ce premier mensonge en appela d'autres, puis vint le vol - d'abord dans le portefeuille de ma m\u00e8re, puis dans la caisse de mon grand-p\u00e8re sur les march\u00e9s parisiens. Le g\u00e9ant Totor feignait de vouloir me couper les oreilles avec son Opinel, tout le monde riait, m\u00eame le perroquet du bistrot qui criait \"menteur !\". Personne ne me punissait vraiment. Je pris les adultes pour des idiots, et me crus malin. Des ann\u00e9es de larcins m\u00e9diocres s'ensuivirent. Bien plus tard, visitant ma grand-m\u00e8re en maison de retraite, elle ne me reconnut pas. \"Mais vous \u00eates qui, jeune homme ?\" Cette fois, je me tus. C'\u00e9tait \u00e0 mon tour de faire semblant. Je crois que j'ai trouv\u00e9 l'art par lassitude du mensonge. Ayant d\u00e9tect\u00e9 en moi cette habilet\u00e9 \u00e0 travestir les faits, j'ai na\u00efvement cru pouvoir donner le change dans une \u0153uvre. Le vrai d\u00e9fi restait : trouver ce qui ne se montre pas, l'ellipse magistrale, le non-dit au-del\u00e0 de l'\u00e9vidence. ",
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"title": "22 d\u00e9cembre 2018",
"date_published": "2018-12-22T08:19:00Z",
"date_modified": "2025-10-29T18:12:07Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": " Le retour \u00e0 l’enfance<\/strong><\/p>\n Ce jour-l\u00e0, exc\u00e9d\u00e9, je me suis lev\u00e9 en disant : « \u00c7a va merde, je retourne en enfance ! »\nJ’ai balay\u00e9 toute la paperasse de la table, tout enfonc\u00e9 \u00e0 coups de talon dans un carton. Scotch\u00e9 cinq fois plut\u00f4t qu’une. Puis je me suis \u00e9tir\u00e9 en b\u00e2illant.\nEt j’ai commenc\u00e9 \u00e0 peindre comme un enfant. \u00c0 la gouache, sur du papier bon march\u00e9. Quelle r\u00e9v\u00e9lation ! Ces lignes maladroites, ces p\u00e2t\u00e9s - quelle jouissance ! C’\u00e9tait pour moi seul, pour le pur plaisir.\nJe peignais le Joueur de fl\u00fbte de Hamelin - allez savoir pourquoi. Des dizaines de petits tableaux en quelques jours. Ce retour \u00e0 l’enfance par la peinture m’a lav\u00e9 de quelque chose de mortif\u00e8re.\nJ’ai tout perdu dans mes d\u00e9m\u00e9nagements - on avance en restant l\u00e9ger. Mais pourquoi ce th\u00e8me ? Je n’en sais toujours rien.<\/p>\n
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