{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/planche-1-estonie-souvenirs-origines.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/planche-1-estonie-souvenirs-origines.html", "title": "Planche 1- Estonie, souvenirs, origines", "date_published": "2025-12-26T17:11:19Z", "date_modified": "2025-12-26T20:20:30Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
Cette compilation rassemble les passages cl\u00e9s sur l’h\u00e9ritage estonien, organis\u00e9s par th\u00e8mes narratifs majeurs.<\/p>\n
Le grand-p\u00e8re peintre, disparu avant ma naissance, figure centrale de la transmission familiale.<\/p>\n
21 d\u00e9cembre 2025<\/a><\/strong> — \"Johannes Musti est d’abord \u00e9voqu\u00e9 par une suite de suppositions : il est grand ou petit, selon l’humeur. Il quitte l’Estonie, fait un d\u00e9tour par Saint-P\u00e9tersbourg pour apprendre \u00e0 peindre, puis atterrit \u00e0 Epinay-sur-Seine pour participer \u00e0 la cr\u00e9ation des d\u00e9cors de cin\u00e9ma. D\u00e9j\u00e0 l\u00e0, le texte signale l’incertitude, la transmission lacunaire, la fabrique m\u00e9morielle : il boit, il a quatre enfants, il meurt.\"<\/em><\/p>\n 27 f\u00e9vrier 2022<\/a><\/strong>— \"Le p\u00e8re de ma m\u00e8re \u00e9tait peintre. Il s’\u00e9tait enfui d’Estonie peu apr\u00e8s la r\u00e9volution russe de 1917 et \u00e9tait devenu peintre de d\u00e9cors de cin\u00e9ma dans les Studio d’\u00c9pinay sur Seine, en r\u00e9gion parisienne. Peut-\u00eatre que ma m\u00e8re petite fille, tout comme moi, imaginait \u00e9galement que la peinture \u00e9tait un pouvoir magique dont il serait comme une \u00e9vidence d’h\u00e9riter.\"<\/em><\/p>\n 11 d\u00e9cembre 2019<\/a><\/strong> — \"Ce grand-p\u00e8re estonien, qui avait d\u00e9j\u00e0 d\u00fb sacrifier beaucoup pour quitter l’Estonie, se rendre \u00e0 Saint-Petersbourg pour \u00e9tudier l’art, avant la r\u00e9volution de 1917, puis d\u00e9cider de tout quitter encore pour s’exiler en France \u00e0 Paris, ce fant\u00f4me qui te hante depuis toujours, fut le mod\u00e8le que tu avais choisi sans m\u00eame en prendre conscience.\"<\/em><\/p>\n Ma grand-m\u00e8re Valentine et son second mari Vania, figures de la diaspora et de la reconstruction.<\/p>\n 18 d\u00e9cembre 2025<\/a><\/strong> — \"De Vania, je ne sais presque rien, et pourtant je le sais par c\u0153ur : c’est le paradoxe. On nous a appris \u00e0 parler bas de lui, comme d’une anomalie qu’on tol\u00e8re tant qu’elle ne fait pas de bruit. Un Russe chez des Estoniens, un homme qui vivait l\u00e0 ’depuis toujours’, donc personne ne se souvenait vraiment du d\u00e9but.\"<\/em><\/p>\n 15 mars 2023<\/a><\/strong>— \"\u00c0 la Varenne, l’appartement comptait trois pi\u00e8ces. L’une servait d’atelier de couture et de chambre pour ma grand-m\u00e8re estonienne, Valentine. Un nuage de fum\u00e9e y flottait en permanence. Elle fumait des ’disques bleus’. La cigarette lui avait \u00e9raill\u00e9 la voix. Elle confectionnait ses cravates, cigarette au coin des l\u00e8vres, sans cesser de travailler.\"<\/em><\/p>\n 27 f\u00e9vrier 2022<\/a><\/strong> — \"Avenue des piliers plant\u00e9e de part et d’autre de peupliers, \u00e0 la Varenne Chenneviere, trois petites marches une porte, lourde, un bref couloir, 4 pas et tout de suite la porte droite, Musti\/Antipine, deux noms, celui de ma grand-m\u00e8re estonienne et de mon beau grand p\u00e8re russe. Frappe avant d’entrer mais pas la peine la porte s’ouvre ils nous ont vu arriver par la fen\u00eatre.\"<\/em><\/p>\n Les violences historiques qui ont marqu\u00e9 le d\u00e9part et la m\u00e9moire familiale.<\/p>\n 5 ao\u00fbt 2024<\/a><\/strong> — \"Elle avait quitt\u00e9 l’Estonie avec son \u00e9poux en 1917, \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 les bolch\u00e9viques, ayant conquis les terres baltes, les mettaient \u00e0 feu et \u00e0 sang. En fait la v\u00e9rit\u00e9 je la su des ann\u00e9es apr\u00e8s, et encore apr\u00e8s de nombreux doutes et t\u00e2tonnements, la v\u00e9ritable raison de leur exil c’\u00e9tait \u00e0 cause des pogromes.\"<\/em><\/p>\n 18 janvier 2023<\/a><\/strong> — \"C’est durant la guerre que les trois fr\u00e8res de ma m\u00e8re et elle m\u00eame durent s’\u00e9loigner de Paris. On les confia \u00e0 des fermiers, dans la Creuse, en attendant que les choses se tassent. Ce qui ne l’emp\u00eacha pas d’\u00eatre conspu\u00e9e par les gamins des \u00e9coles qu’elle fr\u00e9quentait. ’Sale \u00e9trang\u00e8re’, le mot lui \u00e9tait rest\u00e9.\"<\/em><\/p>\n 5 d\u00e9cembre 2025<\/a><\/strong>— \"Le bricolage \u00e0 l’\u0153uvre : une mani\u00e8re de parler en ’je’ tout en gardant une distance de s\u00e9curit\u00e9. La naissance du dibbouk \u2013 ce double qui parle \u00e0 ma place et encaisse pour moi \u2013 doit remonter \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e0 cette p\u00e9riode, d’un secret conserv\u00e9 de m\u00e8re en fille depuis les pogroms d’Ukraine et de Bi\u00e9lorussie, et des quelques survivants r\u00e9fugi\u00e9s en Estonie.\"<\/em><\/p>\n La question de ce qui reste, de ce qui se transmet malgr\u00e9 les silences.<\/p>\n 25 d\u00e9cembre 2025<\/a><\/strong> — \"C’\u00e9tait l’accent lamentable de ma grand-m\u00e8re estonienne quand elle disait ’mon ch\u00e9ri’. ’Ma s\u00e9ri’, disait-elle, ’je ne comprends pas pourquoi t’acharnes, c’est un enfant il ne comprend rien.’ C’est sur ce mot, \u00e0 la fois m\u00e9thode et caresse lointaine d’une langue hach\u00e9e, que j’ai pu enfin trouver le sommeil.\"<\/em><\/p>\n 15 octobre 2019<\/a><\/strong> — \"Le fait est que j’ai aussi d\u00e9cid\u00e9 d’\u00eatre juif depuis quelques ann\u00e9es. Oh, c’\u00e9tait un secret de Polichinelle bien gard\u00e9. Ma grand-m\u00e8re estonienne, \u00e0 chaque fois que l’on abordait la religion, \u00e9ludait le sujet, elle allumait une Disque bleue, elle rejetait en avant une jolie bouff\u00e9e de fum\u00e9e bleut\u00e9e derri\u00e8re laquelle son regard d’acier disparaissait.\"<\/em><\/p>\n 18 ao\u00fbt 2021<\/a><\/strong> — \"Ma m\u00e8re est n\u00e9e sur le sol fran\u00e7ais en 1936 de parents estoniens. Durant toute sa vie elle n’a jamais cess\u00e9 de souffrir d’un d\u00e9racinement dont elle n’\u00e9tait pas l’actrice principale.\"<\/em><\/p>\n La rencontre avec Marc et le projet de film sur Eduard Wiiralt, peintre estonien contemporain de Johannes.<\/p>\n 21 d\u00e9cembre 2025<\/strong><\/a>* — <\/em>\"11 d\u00e9cembre 2019 — Ils arriv\u00e8rent en novembre. Deux hommes du Nord. Le plus grand, Estonien. L’autre, Russe. La grand-m\u00e8re pronon\u00e7a des mots dans une langue inconnue. Marc sourit. Ils \u00e9taient venus pour un film sur Eduard Wiiralt, peintre estonien que la grand-m\u00e8re avait connu \u00e0 Paris.\"*<\/p>\n
\n2. Valentine & Vania : l’exil et le salut<\/h3>\n
\n3. L’exil : pogroms, guerre, discrimination<\/h3>\n
\n4. Identit\u00e9 et transmission : l’h\u00e9ritage trou\u00e9<\/h3>\n
\n5. Marc et le projet Wiiralt : retour aux sources<\/h3>\n