{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/le-mensonge-de-l-art.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/le-mensonge-de-l-art.html", "title": "Le mensonge de l'art.", "date_published": "2019-10-30T06:26:36Z", "date_modified": "2025-06-25T05:24:49Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ce matin je me r\u00e9veille avec la gueule de bois. Nuit agit\u00e9e \u00e0 \u00e9laborer des argumentaires de vente, des arborescences d’offres de formations, des plans, des listes.<\/p>\n

Cela m’avait d\u00e9j\u00e0 fait \u00e7a je m’en souviens lorsque, il y a maintenant presque 30 ans, j’ai commenc\u00e9 \u00e0 jouer aux \u00e9checs. Je r\u00eavais les parties durant la nuit et je me r\u00e9veillais la t\u00eate dans le cul \u00e9videmment.<\/p>\n

Alors peut-\u00eatre que toi aussi tu ne dors pas tr\u00e8s bien en ce moment parce que tu ressasses ta journ\u00e9e pass\u00e9e ou celle \u00e0 venir. Tes r\u00eaves ressemblent \u00e0 de grosses lessiveuses d’o\u00f9 l’on t’extirpe rinc\u00e9, crev\u00e9 au matin.<\/p>\n

J’ai envie de dire que c’est plut\u00f4t une bonne nouvelle pour toi, c’est parce que quelque chose bouge au fond et que ton cerveau lance les d\u00e9s, invente des futurs possibles durant la nuit.<\/p>\n

On dit souvent que lorsqu’on veut trouver la solution \u00e0 un probl\u00e8me il faut s’endormir en y pensant et la solution arrive le matin. C’est vrai !<\/p>\n

Et tu vois, ce matin, la premi\u00e8re chose qui m’est venue \u00e0 l’esprit, avant m\u00eame de prendre mon caf\u00e9, c’est l’art.<\/p>\n

Et je me suis aper\u00e7u que je n’\u00e9tais plus du tout hypnotis\u00e9 par celui-ci d\u00e9sormais.<\/p>\n

Tu sais cet art tel que je l’ai ou que tu as toujours per\u00e7u ou tel qu’on te l’a toujours pr\u00e9sent\u00e9 et qui dans le fond (c’est dur \u00e0 avaler) mais tant pis, allez, je te le dis :<\/p>\n

L’art n’est rien d’autre qu’un gros mensonge de plus.<\/p>\n

Et oui, pendant que la Californie crame, que l’Amazonie crame, que l’Afrique crame, pendant que partout le monde est en train de cramer, de se d\u00e9liter, j’ai bien l’impression que tous les mensonges s’\u00e9ventent en m\u00eame temps et que tout est en train de s’\u00e9vaporer vers le ciel bleu.<\/p>\n

La d\u00e9mocratie, mensonge.<\/p>\n

La r\u00e9publique, mensonge.<\/p>\n

La politique, mensonge.<\/p>\n

Le terrorisme, mensonge.<\/p>\n

Bref, comme tout part en cacahu\u00e8te, pourquoi pas l’art aussi ?<\/p>\n

\u00c9videmment je n’invente pas le fil \u00e0 couper le beurre, l’art est d\u00e9j\u00e0 parti en cacahu\u00e8te depuis belle lurette avec la plupart des cr\u00e9ations inventori\u00e9es avec l’\u00e9tiquette « contemporaines ».<\/p>\n

\u00c9videmment les bidules en plastoque de Jeff Koons pos\u00e9s au centre de la cit\u00e9, c’est le pied de nez ultime \u00e0 toute vell\u00e9it\u00e9 de gravit\u00e9, de s\u00e9rieux dont pouvait encore s’aur\u00e9oler l’art jusqu’\u00e0 peu dans le fond.<\/p>\n

Alors effectivement, vu sous cet angle, comment ne pas rigoler de ceux qui gravement vont te parler d’art. Qui vont pontifier sur l’art.<\/p>\n

Tu auras alors deux solutions : leur rire au nez ou en sourire.<\/p>\n

D’un autre c\u00f4t\u00e9, l’art a toujours exist\u00e9. L’homme ne peut s’en passer.<\/p>\n

L’art du mensonge accompagne la recherche du beau depuis toujours et ce n’est pas un hasard si les deux marchent c\u00f4te \u00e0 c\u00f4te.<\/p>\n

Peut-\u00eatre n’est-ce plus tant le beau que l’on cherche d\u00e9sormais mais le juste, et cette d\u00e9rive du beau vers la justice est encore une errance j’en ai bien peur.<\/p>\n

Car tout de m\u00eame, lorsque je regarde les statues du pal\u00e9olithique, lorsque je regarde les cariatides \u00e9trusques, lorsque je sombre dans le regard obscur d’un Modigliani, quand je suis secou\u00e9 tout entier par les fronti\u00e8res inou\u00efes que Marc Rothko installe entre ses grands rectangles de peinture. Cette \u00e9motion n’est pas mensong\u00e8re. Elle est \u00e9cho, r\u00e9sonance face \u00e0 un silence, un myst\u00e8re. Est-ce pour autant le « beau », je ne sais pas.<\/p>\n

Et je ne parle m\u00eame pas de « l’\u00e9toilement tot\u00e9mique » des \u0153uvres chamaniques d’un Thierry Lambert qui par la sym\u00e9trie nous ram\u00e8ne \u00e0 un essentiel perdu dans le fond des temps.<\/p>\n

Le beau est devenu presque une banalit\u00e9 d\u00e9sormais. C’est d’ailleurs la seule chose que les gens disent dans mes vernissages globalement.<\/p>\n

Int\u00e9rieurement je leur dis : oui si vous voulez, c’est beau mais \u00e7a ne nourrit pas.<\/p>\n

La beaut\u00e9 ne nourrit pas au sens propre comme au figur\u00e9.<\/p>\n

La beaut\u00e9 des \u0153uvres d’art comme la beaut\u00e9 des femmes comme la beaut\u00e9 des romans, comme la beaut\u00e9 des mensonges, ce qui la rend belle justement c’est le myst\u00e8re qui g\u00e9n\u00e9ralement les accompagne.<\/p>\n

Que ce myst\u00e8re soudain vienne \u00e0 s’\u00e9venter, c’est comme un souffl\u00e9 qui retombe et on n’a plus qu’\u00e0 \u00eatre bienveillant avec la ma\u00eetresse de maison d\u00e9sol\u00e9e tout en n’en pensant pas moins en repartant.<\/p>", "content_text": " Ce matin je me r\u00e9veille avec la gueule de bois. Nuit agit\u00e9e \u00e0 \u00e9laborer des argumentaires de vente, des arborescences d'offres de formations, des plans, des listes. Cela m'avait d\u00e9j\u00e0 fait \u00e7a je m'en souviens lorsque, il y a maintenant presque 30 ans, j'ai commenc\u00e9 \u00e0 jouer aux \u00e9checs. Je r\u00eavais les parties durant la nuit et je me r\u00e9veillais la t\u00eate dans le cul \u00e9videmment. Alors peut-\u00eatre que toi aussi tu ne dors pas tr\u00e8s bien en ce moment parce que tu ressasses ta journ\u00e9e pass\u00e9e ou celle \u00e0 venir. Tes r\u00eaves ressemblent \u00e0 de grosses lessiveuses d'o\u00f9 l'on t'extirpe rinc\u00e9, crev\u00e9 au matin. J'ai envie de dire que c'est plut\u00f4t une bonne nouvelle pour toi, c'est parce que quelque chose bouge au fond et que ton cerveau lance les d\u00e9s, invente des futurs possibles durant la nuit. On dit souvent que lorsqu'on veut trouver la solution \u00e0 un probl\u00e8me il faut s'endormir en y pensant et la solution arrive le matin. C'est vrai ! Et tu vois, ce matin, la premi\u00e8re chose qui m'est venue \u00e0 l'esprit, avant m\u00eame de prendre mon caf\u00e9, c'est l'art. Et je me suis aper\u00e7u que je n'\u00e9tais plus du tout hypnotis\u00e9 par celui-ci d\u00e9sormais. Tu sais cet art tel que je l'ai ou que tu as toujours per\u00e7u ou tel qu'on te l'a toujours pr\u00e9sent\u00e9 et qui dans le fond (c'est dur \u00e0 avaler) mais tant pis, allez, je te le dis : L'art n'est rien d'autre qu'un gros mensonge de plus. Et oui, pendant que la Californie crame, que l'Amazonie crame, que l'Afrique crame, pendant que partout le monde est en train de cramer, de se d\u00e9liter, j'ai bien l'impression que tous les mensonges s'\u00e9ventent en m\u00eame temps et que tout est en train de s'\u00e9vaporer vers le ciel bleu. La d\u00e9mocratie, mensonge. La r\u00e9publique, mensonge. La politique, mensonge. Le terrorisme, mensonge. Bref, comme tout part en cacahu\u00e8te, pourquoi pas l'art aussi ? \u00c9videmment je n'invente pas le fil \u00e0 couper le beurre, l'art est d\u00e9j\u00e0 parti en cacahu\u00e8te depuis belle lurette avec la plupart des cr\u00e9ations inventori\u00e9es avec l'\u00e9tiquette \u00ab contemporaines \u00bb. \u00c9videmment les bidules en plastoque de Jeff Koons pos\u00e9s au centre de la cit\u00e9, c'est le pied de nez ultime \u00e0 toute vell\u00e9it\u00e9 de gravit\u00e9, de s\u00e9rieux dont pouvait encore s'aur\u00e9oler l'art jusqu'\u00e0 peu dans le fond. Alors effectivement, vu sous cet angle, comment ne pas rigoler de ceux qui gravement vont te parler d'art. Qui vont pontifier sur l'art. Tu auras alors deux solutions : leur rire au nez ou en sourire. D'un autre c\u00f4t\u00e9, l'art a toujours exist\u00e9. L'homme ne peut s'en passer. L'art du mensonge accompagne la recherche du beau depuis toujours et ce n'est pas un hasard si les deux marchent c\u00f4te \u00e0 c\u00f4te. Peut-\u00eatre n'est-ce plus tant le beau que l'on cherche d\u00e9sormais mais le juste, et cette d\u00e9rive du beau vers la justice est encore une errance j'en ai bien peur. Car tout de m\u00eame, lorsque je regarde les statues du pal\u00e9olithique, lorsque je regarde les cariatides \u00e9trusques, lorsque je sombre dans le regard obscur d'un Modigliani, quand je suis secou\u00e9 tout entier par les fronti\u00e8res inou\u00efes que Marc Rothko installe entre ses grands rectangles de peinture. Cette \u00e9motion n'est pas mensong\u00e8re. Elle est \u00e9cho, r\u00e9sonance face \u00e0 un silence, un myst\u00e8re. Est-ce pour autant le \u00ab beau \u00bb, je ne sais pas. Et je ne parle m\u00eame pas de \u00ab l'\u00e9toilement tot\u00e9mique \u00bb des \u0153uvres chamaniques d'un Thierry Lambert qui par la sym\u00e9trie nous ram\u00e8ne \u00e0 un essentiel perdu dans le fond des temps. Le beau est devenu presque une banalit\u00e9 d\u00e9sormais. C'est d'ailleurs la seule chose que les gens disent dans mes vernissages globalement. Int\u00e9rieurement je leur dis : oui si vous voulez, c'est beau mais \u00e7a ne nourrit pas. La beaut\u00e9 ne nourrit pas au sens propre comme au figur\u00e9. La beaut\u00e9 des \u0153uvres d'art comme la beaut\u00e9 des femmes comme la beaut\u00e9 des romans, comme la beaut\u00e9 des mensonges, ce qui la rend belle justement c'est le myst\u00e8re qui g\u00e9n\u00e9ralement les accompagne. Que ce myst\u00e8re soudain vienne \u00e0 s'\u00e9venter, c'est comme un souffl\u00e9 qui retombe et on n'a plus qu'\u00e0 \u00eatre bienveillant avec la ma\u00eetresse de maison d\u00e9sol\u00e9e tout en n'en pensant pas moins en repartant. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/28-octobre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/28-octobre-2019.html", "title": "28 octobre 2019", "date_published": "2019-10-28T06:41:00Z", "date_modified": "2025-08-24T23:56:48Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

La plupart des gens pensent qu\u2019il faut savoir dessiner, et que \u00e7a s\u2019apprend. Mais souviens-toi : enfant, tu ne te souciais pas de savoir dessiner ; tu dessinais, tout simplement. Et puis, que veut dire « bien dessiner » ? Par rapport \u00e0 qui, par rapport \u00e0 quoi ? Si « bien dessiner » existe, cela implique aussi « mal dessiner »\u2026 Mon crayon oscille entre les deux : j\u2019ai les chocottes, maman ! D\u2019accord, si tu feuillettes les carnets de croquis de L\u00e9onard de Vinci et que tu r\u00eaves de dessiner comme lui, il va falloir bosser un peu. Mais pourquoi voudrais-tu dessiner comme L\u00e9onard, puisque c\u2019est d\u00e9j\u00e0 fait, pli\u00e9, termin\u00e9 ? Il n\u2019y a qu\u2019un seul L\u00e9onard, et voil\u00e0. \u00c0 son \u00e9poque, il n\u2019y avait ni smartphones ni appareils photo num\u00e9riques pour capturer portraits ou paysages sans bavure. Aujourd\u2019hui, c\u2019est diff\u00e9rent. Tu peux bien s\u00fbr prendre \u00e7a comme un d\u00e9fi de dessiner aussi bien que lui, mais est-ce vraiment cela qui t\u2019apprendra \u00e0 dessiner ? Je ne le crois pas. Pour moi, dessiner, c\u2019est d\u2019abord s\u2019exprimer avec justesse, montrer qui l\u2019on est. La seule chose que tu puisses faire, c\u2019est dessiner comme tu le ressens. Et pour \u00e7a, il te faudra du temps, chaque jour, pour t\u2019y mettre et r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce que tu as produit. Au d\u00e9but, ton \u0153il sera presque aveugle : tu ne verras pas grand-chose et tu te diras peut-\u00eatre « bof, c\u2019est pas terrible, \u00e0 la corbeille\u2026 ». Erreur. Garde tout. Mets tes dessins dans une pochette, note la date et ta signature \u00e0 chaque fois. Tout ce que tu fais en dessin compte, tout est pr\u00e9cieux. Jeter tes dessins, c\u2019est dire que tu as perdu ton temps, que ton effort n\u2019a aucune valeur. L\u2019estime de soi est importante (sans en abuser, bien s\u00fbr). Ch\u00e9ris ce que tu produis et, dans quelques ann\u00e9es, ton \u0153il plus aiguis\u00e9 te montrera que ces premi\u00e8res esquisses portaient d\u00e9j\u00e0 la trace, les pr\u00e9mices d\u2019un talent \u00e0 venir. Quant \u00e0 « bien dessiner », c\u2019est souvent l\u2019avis des autres : c\u2019est facile de « bien dessiner » quand tes dessins ressemblent \u00e0 ce que la plupart attendent d\u2019un visage ou d\u2019un paysage. Mais au fond, « bien dessiner » est souvent un mensonge qu\u2019on se raconte \u00e0 soi-m\u00eame. Peut-\u00eatre que « savoir bien dessiner » n\u2019est qu\u2019un faux probl\u00e8me, une excuse pour ne pas se lancer vraiment. Dessiner, c\u2019est avant tout dessiner comme tu es, sans chercher \u00e0 imiter qui que ce soit. Et c\u2019est exactement ce que mart\u00e8le McDonald\u2019s quand il r\u00e9p\u00e8te « venez comme vous \u00eates ».<\/p>", "content_text": "La plupart des gens pensent qu\u2019il faut savoir dessiner, et que \u00e7a s\u2019apprend. Mais souviens-toi : enfant, tu ne te souciais pas de savoir dessiner ; tu dessinais, tout simplement. Et puis, que veut dire \u00ab bien dessiner \u00bb ? Par rapport \u00e0 qui, par rapport \u00e0 quoi ? Si \u00ab bien dessiner \u00bb existe, cela implique aussi \u00ab mal dessiner \u00bb\u2026 Mon crayon oscille entre les deux : j\u2019ai les chocottes, maman ! D\u2019accord, si tu feuillettes les carnets de croquis de L\u00e9onard de Vinci et que tu r\u00eaves de dessiner comme lui, il va falloir bosser un peu. Mais pourquoi voudrais-tu dessiner comme L\u00e9onard, puisque c\u2019est d\u00e9j\u00e0 fait, pli\u00e9, termin\u00e9 ? Il n\u2019y a qu\u2019un seul L\u00e9onard, et voil\u00e0. \u00c0 son \u00e9poque, il n\u2019y avait ni smartphones ni appareils photo num\u00e9riques pour capturer portraits ou paysages sans bavure. Aujourd\u2019hui, c\u2019est diff\u00e9rent. Tu peux bien s\u00fbr prendre \u00e7a comme un d\u00e9fi de dessiner aussi bien que lui, mais est-ce vraiment cela qui t\u2019apprendra \u00e0 dessiner ? Je ne le crois pas. Pour moi, dessiner, c\u2019est d\u2019abord s\u2019exprimer avec justesse, montrer qui l\u2019on est. La seule chose que tu puisses faire, c\u2019est dessiner comme tu le ressens. Et pour \u00e7a, il te faudra du temps, chaque jour, pour t\u2019y mettre et r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce que tu as produit. Au d\u00e9but, ton \u0153il sera presque aveugle : tu ne verras pas grand-chose et tu te diras peut-\u00eatre \u00ab bof, c\u2019est pas terrible, \u00e0 la corbeille\u2026 \u00bb. Erreur. Garde tout. Mets tes dessins dans une pochette, note la date et ta signature \u00e0 chaque fois. Tout ce que tu fais en dessin compte, tout est pr\u00e9cieux. Jeter tes dessins, c\u2019est dire que tu as perdu ton temps, que ton effort n\u2019a aucune valeur. L\u2019estime de soi est importante (sans en abuser, bien s\u00fbr). Ch\u00e9ris ce que tu produis et, dans quelques ann\u00e9es, ton \u0153il plus aiguis\u00e9 te montrera que ces premi\u00e8res esquisses portaient d\u00e9j\u00e0 la trace, les pr\u00e9mices d\u2019un talent \u00e0 venir. Quant \u00e0 \u00ab bien dessiner \u00bb, c\u2019est souvent l\u2019avis des autres : c\u2019est facile de \u00ab bien dessiner \u00bb quand tes dessins ressemblent \u00e0 ce que la plupart attendent d\u2019un visage ou d\u2019un paysage. Mais au fond, \u00ab bien dessiner \u00bb est souvent un mensonge qu\u2019on se raconte \u00e0 soi-m\u00eame. Peut-\u00eatre que \u00ab savoir bien dessiner \u00bb n\u2019est qu\u2019un faux probl\u00e8me, une excuse pour ne pas se lancer vraiment. Dessiner, c\u2019est avant tout dessiner comme tu es, sans chercher \u00e0 imiter qui que ce soit. Et c\u2019est exactement ce que mart\u00e8le McDonald\u2019s quand il r\u00e9p\u00e8te \u00ab venez comme vous \u00eates \u00bb.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/dessin-de-leonard.webp?1748065170", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/au-dela-de-l-art.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/au-dela-de-l-art.html", "title": "Au del\u00e0 de l'art", "date_published": "2019-10-20T06:31:57Z", "date_modified": "2025-06-25T05:22:47Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Au-del\u00e0 de l’art et du mensonge que nous inventons sans cesse pour approcher sa pr\u00e9sence silencieuse, c’est tout l’\u00eatre qui se tient immobile dans une attente ang\u00e9lique. Ang\u00e9lique, c’est-\u00e0-dire avec un sourire, les mains dans les poches, dans une sorte de d\u00e9sabusement inou\u00ef, entre les d\u00e9mons et les gentils qui s’empoignent sans rel\u00e2che dans leur soif immense de reconnaissance.<\/p>\n

Au-del\u00e0 de l’art, c’est sans doute ici que je me sens le mieux dans le fond, \u00e0 fumer avec l’ange et \u00e0 faire des ronds de fum\u00e9e.<\/p>\n

Au-del\u00e0 de l’art, tout ce brouhaha s’\u00e9vanouit lentement mais s\u00fbrement et alors tinte la clochette de la ros\u00e9e sur la feuille de catalpa, comme augment\u00e9e par tous les di\u00e8ses et les b\u00e9mols effondr\u00e9s.<\/p>\n

C’est sans doute l\u00e0 que la paix r\u00e9side, ici et l\u00e0 tout en m\u00eame temps.<\/p>\n

C’est cette intuition qui remonte \u00e0 loin et qui de temps en temps, dans une sorte de gr\u00e2ce parfum\u00e9e, me monte au nez.<\/p>\n

Au-del\u00e0 de l’art il n’y a plus d’urgence, plus de temporalit\u00e9, un dessin d’enfant vaut tout autant que celui des plus grands ma\u00eetres incontest\u00e9s.<\/p>\n

Au-del\u00e0 de l’art, n’est-ce pas ici et l\u00e0 le paradis finalement ?<\/p>", "content_text": " Au-del\u00e0 de l'art et du mensonge que nous inventons sans cesse pour approcher sa pr\u00e9sence silencieuse, c'est tout l'\u00eatre qui se tient immobile dans une attente ang\u00e9lique. Ang\u00e9lique, c'est-\u00e0-dire avec un sourire, les mains dans les poches, dans une sorte de d\u00e9sabusement inou\u00ef, entre les d\u00e9mons et les gentils qui s'empoignent sans rel\u00e2che dans leur soif immense de reconnaissance. Au-del\u00e0 de l'art, c'est sans doute ici que je me sens le mieux dans le fond, \u00e0 fumer avec l'ange et \u00e0 faire des ronds de fum\u00e9e. Au-del\u00e0 de l'art, tout ce brouhaha s'\u00e9vanouit lentement mais s\u00fbrement et alors tinte la clochette de la ros\u00e9e sur la feuille de catalpa, comme augment\u00e9e par tous les di\u00e8ses et les b\u00e9mols effondr\u00e9s. C'est sans doute l\u00e0 que la paix r\u00e9side, ici et l\u00e0 tout en m\u00eame temps. C'est cette intuition qui remonte \u00e0 loin et qui de temps en temps, dans une sorte de gr\u00e2ce parfum\u00e9e, me monte au nez. Au-del\u00e0 de l'art il n'y a plus d'urgence, plus de temporalit\u00e9, un dessin d'enfant vaut tout autant que celui des plus grands ma\u00eetres incontest\u00e9s. Au-del\u00e0 de l'art, n'est-ce pas ici et l\u00e0 le paradis finalement ? ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-octobre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-octobre-2019.html", "title": "17 octobre 2019", "date_published": "2019-10-17T05:29:00Z", "date_modified": "2025-04-30T15:55:33Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Tout \u00e0 coup, une vieille histoire refait surface. Celle d’\u0152dipe confront\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9nigme du sphinx, et un pr\u00e9nom surgit avec elle : Pandore. Que racontait-elle d\u00e9j\u00e0, cette histoire de bo\u00eete interdite, sous l\u2019injonction rus\u00e9e d\u2019H\u00e9siode dans Les Travaux et les Jours ?<\/p>\n

L\u2019\u00e9crivain s\u2019\u00e9tait bien s\u00fbr tromp\u00e9, confondant les traits de Zeus avec ceux du tout-puissant, en livrant un portrait honn\u00eate de sa col\u00e8re. Cette col\u00e8re, n\u00e9e du feu que Prom\u00e9th\u00e9e avait donn\u00e9 aux hommes.<\/p>\n

H\u00e9pha\u00efstos, taciturne, fa\u00e7onna Pandore dans l\u2019argile et l\u2019eau. Ath\u00e9na lui insuffla la vie et lui enseigna l\u2019art des t\u00e2ches manuelles, comme le tissage. N\u2019est-ce pas aussi tisser des mensonges que l\u2019on fait dans ces vieux r\u00e9cits ?<\/p>\n

Aphrodite lui conf\u00e9ra une beaut\u00e9 incomparable, et Apollon lui donna le talent d\u2019une musicienne hors pair. Enfin, Herm\u00e8s la dota du don de mentir, tout en glissant en elle cette « petite » qualit\u00e9 : la curiosit\u00e9.<\/p>\n

Les dieux, satisfaits de leur \u0153uvre, se gargarisaient d\u00e9j\u00e0 lorsque H\u00e9ra, dans un \u00e9lan irr\u00e9pressible, y ajouta la jalousie.<\/p>\n

\u00c9pim\u00e9th\u00e9e, le fr\u00e8re de Prom\u00e9th\u00e9e, d\u00e9couvrit Pandore. S\u00e9duit par sa beaut\u00e9, il l\u2019\u00e9pousa. Parmi les tr\u00e9sors de sa dot, il y avait la fameuse bo\u00eete. Une bo\u00eete que Zeus lui avait donn\u00e9e, en la mettant en garde : « Surtout, ne l\u2019ouvre pas. »<\/p>\n

\u00c9videmment, tu connais la suite, et voici o\u00f9 nous en sommes aujourd\u2019hui.<\/p>\n

Cette curiosit\u00e9, pr\u00e9sent\u00e9e comme un d\u00e9faut f\u00e9minin, me tracassait. Je cherchais en vain sa contrepartie masculine. Puis, \u00e0 l\u2019aube, j\u2019entendis le fracas des gal\u00e8res contre les m\u00e2ts, le claquement des voiles d\u00e9chir\u00e9es, et dans la lumi\u00e8re du soleil levant, j\u2019aper\u00e7us Ulysse d\u2019Ithaque, ce visage familier.<\/p>\n

Hom\u00e8re raconte que la col\u00e8re des dieux fit errer Ulysse pendant des ann\u00e9es, suite \u00e0 des propos malheureux qu’il avait tenus durant la guerre de Troie. Il aurait d\u00e9fi\u00e9 les dieux, niant la fatalit\u00e9.<\/p>\n

Encore une fois, la clique olympienne se ligue pour conspirer et s\u2019opposer. Mais je me demande : et si Ulysse, apr\u00e8s la boucherie de Troie, son adr\u00e9naline au plus haut, n\u2019avait pas tout simplement c\u00e9d\u00e9 \u00e0 sa propre curiosit\u00e9, cette fois-ci masculine ?<\/p>\n

Ainsi, cher lecteur, nous voil\u00e0 tous deux face \u00e0 la m\u00eame question, observ\u00e9e sous deux angles diff\u00e9rents : la curiosit\u00e9 f\u00e9minine, source de malheurs, et la curiosit\u00e9 masculine, moteur d\u2019actes h\u00e9ro\u00efques.<\/p>\n

Mais si l\u2019on joignait ces deux curiosit\u00e9s en une seule ? On d\u00e9couvrirait peut-\u00eatre que c\u2019est l\u00e0 la seule vraie raison des complots divins. \u00c0 croire que le divin, s\u2019ennuyant, ne trouve d\u2019amusement qu\u2019\u00e0 travers les jeux des mortels.<\/p>", "content_text": "Tout \u00e0 coup, une vieille histoire refait surface. Celle d'\u0152dipe confront\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9nigme du sphinx, et un pr\u00e9nom surgit avec elle : Pandore. Que racontait-elle d\u00e9j\u00e0, cette histoire de bo\u00eete interdite, sous l\u2019injonction rus\u00e9e d\u2019H\u00e9siode dans Les Travaux et les Jours ? L\u2019\u00e9crivain s\u2019\u00e9tait bien s\u00fbr tromp\u00e9, confondant les traits de Zeus avec ceux du tout-puissant, en livrant un portrait honn\u00eate de sa col\u00e8re. Cette col\u00e8re, n\u00e9e du feu que Prom\u00e9th\u00e9e avait donn\u00e9 aux hommes. H\u00e9pha\u00efstos, taciturne, fa\u00e7onna Pandore dans l\u2019argile et l\u2019eau. Ath\u00e9na lui insuffla la vie et lui enseigna l\u2019art des t\u00e2ches manuelles, comme le tissage. N\u2019est-ce pas aussi tisser des mensonges que l\u2019on fait dans ces vieux r\u00e9cits ? Aphrodite lui conf\u00e9ra une beaut\u00e9 incomparable, et Apollon lui donna le talent d\u2019une musicienne hors pair. Enfin, Herm\u00e8s la dota du don de mentir, tout en glissant en elle cette \"petite\" qualit\u00e9 : la curiosit\u00e9. Les dieux, satisfaits de leur \u0153uvre, se gargarisaient d\u00e9j\u00e0 lorsque H\u00e9ra, dans un \u00e9lan irr\u00e9pressible, y ajouta la jalousie. \u00c9pim\u00e9th\u00e9e, le fr\u00e8re de Prom\u00e9th\u00e9e, d\u00e9couvrit Pandore. S\u00e9duit par sa beaut\u00e9, il l\u2019\u00e9pousa. Parmi les tr\u00e9sors de sa dot, il y avait la fameuse bo\u00eete. Une bo\u00eete que Zeus lui avait donn\u00e9e, en la mettant en garde : \u00ab Surtout, ne l\u2019ouvre pas. \u00bb \u00c9videmment, tu connais la suite, et voici o\u00f9 nous en sommes aujourd\u2019hui. Cette curiosit\u00e9, pr\u00e9sent\u00e9e comme un d\u00e9faut f\u00e9minin, me tracassait. Je cherchais en vain sa contrepartie masculine. Puis, \u00e0 l\u2019aube, j\u2019entendis le fracas des gal\u00e8res contre les m\u00e2ts, le claquement des voiles d\u00e9chir\u00e9es, et dans la lumi\u00e8re du soleil levant, j\u2019aper\u00e7us Ulysse d\u2019Ithaque, ce visage familier. Hom\u00e8re raconte que la col\u00e8re des dieux fit errer Ulysse pendant des ann\u00e9es, suite \u00e0 des propos malheureux qu'il avait tenus durant la guerre de Troie. Il aurait d\u00e9fi\u00e9 les dieux, niant la fatalit\u00e9. Encore une fois, la clique olympienne se ligue pour conspirer et s\u2019opposer. Mais je me demande : et si Ulysse, apr\u00e8s la boucherie de Troie, son adr\u00e9naline au plus haut, n\u2019avait pas tout simplement c\u00e9d\u00e9 \u00e0 sa propre curiosit\u00e9, cette fois-ci masculine ? Ainsi, cher lecteur, nous voil\u00e0 tous deux face \u00e0 la m\u00eame question, observ\u00e9e sous deux angles diff\u00e9rents : la curiosit\u00e9 f\u00e9minine, source de malheurs, et la curiosit\u00e9 masculine, moteur d\u2019actes h\u00e9ro\u00efques. Mais si l\u2019on joignait ces deux curiosit\u00e9s en une seule ? On d\u00e9couvrirait peut-\u00eatre que c\u2019est l\u00e0 la seule vraie raison des complots divins. \u00c0 croire que le divin, s\u2019ennuyant, ne trouve d\u2019amusement qu\u2019\u00e0 travers les jeux des mortels.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/stage-fusain-4.jpg?1748065121", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/cette-froideur-qui-vient-du-style.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/cette-froideur-qui-vient-du-style.html", "title": "Cette froideur qui vient du style", "date_published": "2019-10-14T06:32:50Z", "date_modified": "2025-06-25T04:42:16Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\u00c0 l’anarchie des formes \u00e9vanescentes, au changement permanent, j’ai cherch\u00e9 une rambarde, un mur, un parapet pour ne pas sombrer tout entier dedans, mais c’\u00e9tait nettement moins int\u00e9ressant de regarder la vie comme \u00e7a, enferm\u00e9 dans mon atelier \u00e0 construire pierre \u00e0 pierre mon grand caveau pour la post\u00e9rit\u00e9.\nOn m’a dit : « Trouve ton style » et j’ai pens\u00e9 art fun\u00e9raire.\nC’est que dans le fond du fond je ne suis fait que de cette vie et de ce changement qui ne cesse de l’accoucher de vague en vague.\nSur mes toiles que j’ai confondues avec des planches de surf, je suis mont\u00e9 nu comme un ver pour commencer un voyage sur le haut des vagues qui ne s’est achev\u00e9 que r\u00e9cemment.\nMon d\u00e9faut, si l’on veut, c’est que je ne voulais pas crever avant d’avoir vu du pays. Au d\u00e9but j’avais mal saisi, j’ai pris des bus, des avions, et j’ai march\u00e9, march\u00e9 loin, tr\u00e8s loin, jusqu’\u00e0 tomber le cul par terre de fatigue.\nLa peinture m’a ouvert des pays que je ne connaissais pas, des paysages int\u00e9rieurs.\nAlors j’ai peint, peint et encore peint comme un gamin qui s’extasie de la r\u00e9p\u00e9tition jusqu’\u00e0 tomber encore une fois le cul par terre.\nLes gens m’ont dit : « Oh mais on dirait que ce n’est pas le m\u00eame peintre qui fait tous ces tableaux », les gens m’ont dit : « Oh comme c’est beau », mais ceux que j’ai le plus entendus, ce sont ceux qui n’ont rien dit.\nCeux-l\u00e0, j’ai tent\u00e9 de deviner leur silence et en m’engouffrant ainsi j’ai compris peu \u00e0 peu mon propre silence. En fait mes toiles n’\u00e9taient que mutisme alors que je les imaginais silence.\nJe suis encore le cul par terre de nouveau, mais quand je jette un coup d’\u0153il en arri\u00e8re je me dis : « Wouah, quel chemin ! » Je me f\u00e9licite, je m’acclame, je m’honore, je m’aime. Je m’aime plus, en fait, d\u00e9sormais, et peut-\u00eatre que tout ce chemin n’\u00e9tait l\u00e0 que pour cela et pour qu’en m\u00eame temps je me mette \u00e0 t’aimer mieux toi aussi.<\/p>", "content_text": " \u00c0 l'anarchie des formes \u00e9vanescentes, au changement permanent, j'ai cherch\u00e9 une rambarde, un mur, un parapet pour ne pas sombrer tout entier dedans, mais c'\u00e9tait nettement moins int\u00e9ressant de regarder la vie comme \u00e7a, enferm\u00e9 dans mon atelier \u00e0 construire pierre \u00e0 pierre mon grand caveau pour la post\u00e9rit\u00e9. On m'a dit : \u00ab Trouve ton style \u00bb et j'ai pens\u00e9 art fun\u00e9raire. C'est que dans le fond du fond je ne suis fait que de cette vie et de ce changement qui ne cesse de l'accoucher de vague en vague. Sur mes toiles que j'ai confondues avec des planches de surf, je suis mont\u00e9 nu comme un ver pour commencer un voyage sur le haut des vagues qui ne s'est achev\u00e9 que r\u00e9cemment. Mon d\u00e9faut, si l'on veut, c'est que je ne voulais pas crever avant d'avoir vu du pays. Au d\u00e9but j'avais mal saisi, j'ai pris des bus, des avions, et j'ai march\u00e9, march\u00e9 loin, tr\u00e8s loin, jusqu'\u00e0 tomber le cul par terre de fatigue. La peinture m'a ouvert des pays que je ne connaissais pas, des paysages int\u00e9rieurs. Alors j'ai peint, peint et encore peint comme un gamin qui s'extasie de la r\u00e9p\u00e9tition jusqu'\u00e0 tomber encore une fois le cul par terre. Les gens m'ont dit : \u00ab Oh mais on dirait que ce n'est pas le m\u00eame peintre qui fait tous ces tableaux \u00bb, les gens m'ont dit : \u00ab Oh comme c'est beau \u00bb, mais ceux que j'ai le plus entendus, ce sont ceux qui n'ont rien dit. Ceux-l\u00e0, j'ai tent\u00e9 de deviner leur silence et en m'engouffrant ainsi j'ai compris peu \u00e0 peu mon propre silence. En fait mes toiles n'\u00e9taient que mutisme alors que je les imaginais silence. Je suis encore le cul par terre de nouveau, mais quand je jette un coup d'\u0153il en arri\u00e8re je me dis : \u00ab Wouah, quel chemin ! \u00bb Je me f\u00e9licite, je m'acclame, je m'honore, je m'aime. Je m'aime plus, en fait, d\u00e9sormais, et peut-\u00eatre que tout ce chemin n'\u00e9tait l\u00e0 que pour cela et pour qu'en m\u00eame temps je me mette \u00e0 t'aimer mieux toi aussi. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/11-octobre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/11-octobre-2019.html", "title": "11 octobre 2019", "date_published": "2019-10-11T19:39:00Z", "date_modified": "2025-08-24T23:45:28Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Ses yeux, grands ouverts sous la morphine, \u00e9taient d\u2019une beaut\u00e9 saisissante et je lui ai murmur\u00e9 « tu peux y aller maintenant », la main de mon p\u00e8re pos\u00e9e sur la sienne parce que je le lui avais ordonn\u00e9, lui si souvent absent dans sa propre pr\u00e9sence ; c\u2019est alors, dans ce silence dense, que m\u2019est revenue sa phrase de toujours, nette, sans fioritures : « Tu prends tout par-dessus la jambe. » Longtemps, ce « tout » m\u2019a paru d\u00e9signer le m\u00eame d\u00e9tail ridicule et encombrant, ce petit sexe qui pend ; j\u2019y avais r\u00e9duit mon d\u00e9sir, mon esprit, mes ambitions, jusqu\u2019\u00e0 la caricature, sans comprendre l\u2019absurdit\u00e9 du cadre ; bien plus tard, j\u2019ai compris que cela pouvait tout aussi bien d\u00e9signer le tissu d\u2019un pantalon, un pan de short, un simple passage par-dessus le genou, et que ce redressement trivial aurait peut-\u00eatre chang\u00e9 ma trajectoire ; mais nous avions scell\u00e9, elle et moi, un pacte tacite o\u00f9 le sexe occupait le centre, un je-m\u2019en-foutisme \u00e0 deux voix ; je revois les retours d\u2019aube apr\u00e8s les nuits \u00e0 tra\u00eener pour rien, elle \u00e0 la cuisine, cigarette au filtre dor\u00e9, le rire nerveux avant la fl\u00e8che : « Mon putain de gar\u00e7on ! » ; je devinais, derri\u00e8re l\u2019injure tendre, un fantasme de libert\u00e9 pour elle-m\u00eame, et l\u2019aveu plus tard d\u2019un d\u00e9sir de fille, avec ces histoires d\u2019avortements manqu\u00e9s dont elle parlait en haussant les \u00e9paules ; « \u00e0 quelques centim\u00e8tres pr\u00e8s, tu n\u2019\u00e9tais qu\u2019une crotte », disait-elle, non pour m\u2019\u00e9craser, mais pour dire sa rage d\u2019\u00eatre enferm\u00e9e dans un r\u00f4le qu\u2019on lui avait assign\u00e9 ; elle aurait pu \u00eatre une artiste, je ne l\u2019\u00e9nonce pas en fils d\u00e9vou\u00e9 mais en t\u00e9moin : dans le buffet, un carnet \u00e0 spirale couvert de fusains, portraits retourn\u00e9s, gestes s\u00fbrs interrompus ; un soir, je l\u2019ai surprise \u00e0 mesurer la lumi\u00e8re sur le mur avec sa main, index tendu, comme on cadre avant la toile ; un matin, la valise \u00e9tait \u00e0 moiti\u00e9 pleine sous le lit, les horaires des cars pour Paris pli\u00e9s en deux sur la table, puis la valise a disparu et nous sommes rest\u00e9s ; j\u2019ai longtemps pens\u00e9 qu\u2019elle aurait d\u00fb suivre son instinct de fauve et nous laisser l\u00e0, pour se sauver elle-m\u00eame, et je lui en ai voulu de ne pas avoir eu cette force ; \u00e0 Cr\u00e9teil, dans la chambre blanche, j\u2019ai fait ce que je pouvais : imposer le geste \u00e0 mon p\u00e8re, tenir la sc\u00e8ne jusqu\u2019au bout, donner la permission de partir ; quand ce fut fait, je l\u2019ai emmen\u00e9 dehors avant qu\u2019il s\u2019effondre, et, devant le restaurant marocain de Limeil-Br\u00e9vannes, j\u2019ai l\u00e2ch\u00e9 la phrase la plus idiote et la plus juste de la journ\u00e9e : « Et si on allait se faire un couscous ? \u00c7a nous remonterait le moral » ; il a pleur\u00e9 pour de bon, enfin, et j\u2019ai pens\u00e9, peut-\u00eatre \u00e0 haute voix, que toute ma vie s\u2019\u00e9tait \u00e9crite sur ce malentendu : prendre les choses comme elles viennent, les porter « par-dessus la jambe », pas par d\u00e9sinvolture mais pour survivre ; il pleurait encore quand nous avons tourn\u00e9 sur le parking d\u00e9sert, et je n\u2019ai rien ajout\u00e9.<\/p>", "content_text": "Ses yeux, grands ouverts sous la morphine, \u00e9taient d\u2019une beaut\u00e9 saisissante et je lui ai murmur\u00e9 \u00ab tu peux y aller maintenant \u00bb, la main de mon p\u00e8re pos\u00e9e sur la sienne parce que je le lui avais ordonn\u00e9, lui si souvent absent dans sa propre pr\u00e9sence ; c\u2019est alors, dans ce silence dense, que m\u2019est revenue sa phrase de toujours, nette, sans fioritures : \u00ab Tu prends tout par-dessus la jambe. \u00bb Longtemps, ce \u00ab tout \u00bb m\u2019a paru d\u00e9signer le m\u00eame d\u00e9tail ridicule et encombrant, ce petit sexe qui pend ; j\u2019y avais r\u00e9duit mon d\u00e9sir, mon esprit, mes ambitions, jusqu\u2019\u00e0 la caricature, sans comprendre l\u2019absurdit\u00e9 du cadre ; bien plus tard, j\u2019ai compris que cela pouvait tout aussi bien d\u00e9signer le tissu d\u2019un pantalon, un pan de short, un simple passage par-dessus le genou, et que ce redressement trivial aurait peut-\u00eatre chang\u00e9 ma trajectoire ; mais nous avions scell\u00e9, elle et moi, un pacte tacite o\u00f9 le sexe occupait le centre, un je-m\u2019en-foutisme \u00e0 deux voix ; je revois les retours d\u2019aube apr\u00e8s les nuits \u00e0 tra\u00eener pour rien, elle \u00e0 la cuisine, cigarette au filtre dor\u00e9, le rire nerveux avant la fl\u00e8che : \u00ab Mon putain de gar\u00e7on ! \u00bb ; je devinais, derri\u00e8re l\u2019injure tendre, un fantasme de libert\u00e9 pour elle-m\u00eame, et l\u2019aveu plus tard d\u2019un d\u00e9sir de fille, avec ces histoires d\u2019avortements manqu\u00e9s dont elle parlait en haussant les \u00e9paules ; \u00ab \u00e0 quelques centim\u00e8tres pr\u00e8s, tu n\u2019\u00e9tais qu\u2019une crotte \u00bb, disait-elle, non pour m\u2019\u00e9craser, mais pour dire sa rage d\u2019\u00eatre enferm\u00e9e dans un r\u00f4le qu\u2019on lui avait assign\u00e9 ; elle aurait pu \u00eatre une artiste, je ne l\u2019\u00e9nonce pas en fils d\u00e9vou\u00e9 mais en t\u00e9moin : dans le buffet, un carnet \u00e0 spirale couvert de fusains, portraits retourn\u00e9s, gestes s\u00fbrs interrompus ; un soir, je l\u2019ai surprise \u00e0 mesurer la lumi\u00e8re sur le mur avec sa main, index tendu, comme on cadre avant la toile ; un matin, la valise \u00e9tait \u00e0 moiti\u00e9 pleine sous le lit, les horaires des cars pour Paris pli\u00e9s en deux sur la table, puis la valise a disparu et nous sommes rest\u00e9s ; j\u2019ai longtemps pens\u00e9 qu\u2019elle aurait d\u00fb suivre son instinct de fauve et nous laisser l\u00e0, pour se sauver elle-m\u00eame, et je lui en ai voulu de ne pas avoir eu cette force ; \u00e0 Cr\u00e9teil, dans la chambre blanche, j\u2019ai fait ce que je pouvais : imposer le geste \u00e0 mon p\u00e8re, tenir la sc\u00e8ne jusqu\u2019au bout, donner la permission de partir ; quand ce fut fait, je l\u2019ai emmen\u00e9 dehors avant qu\u2019il s\u2019effondre, et, devant le restaurant marocain de Limeil-Br\u00e9vannes, j\u2019ai l\u00e2ch\u00e9 la phrase la plus idiote et la plus juste de la journ\u00e9e : \u00ab Et si on allait se faire un couscous ? \u00c7a nous remonterait le moral \u00bb ; il a pleur\u00e9 pour de bon, enfin, et j\u2019ai pens\u00e9, peut-\u00eatre \u00e0 haute voix, que toute ma vie s\u2019\u00e9tait \u00e9crite sur ce malentendu : prendre les choses comme elles viennent, les porter \u00ab par-dessus la jambe \u00bb, pas par d\u00e9sinvolture mais pour survivre ; il pleurait encore quand nous avons tourn\u00e9 sur le parking d\u00e9sert, et je n\u2019ai rien ajout\u00e9.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/arrivc3a9-avant-dc3aatre-parti-4-1.webp?1748065197", "tags": ["\u00e9criture fragmentaire", "Autofiction et Introspection", "Esth\u00e9tique et Exp\u00e9rience Sensorielle"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/par-dessus-la-jambe.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/par-dessus-la-jambe.html", "title": "Par dessus la jambe", "date_published": "2019-10-11T03:44:17Z", "date_modified": "2025-06-25T04:36:23Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Cette expression qu’affectionne particuli\u00e8rement ma m\u00e8re lorsqu’elle me parle du fond des brumes excite encore comme une lueur qui trace sa voie depuis l’\u00e9v\u00e9nement de la fin vers je ne sais quoi, les protons de ma cervelle.<\/p>\n

Il y a un \u00e9rotisme av\u00e9r\u00e9 dans le ton emprunt\u00e9, m\u00eame sous l’emprise de la rage, de la col\u00e8re, chez elle \u00e0 m’affubler de petits noms d’oiseau et pour couronner le voyage \u00e0 chaque fois :<\/p>\n

« Tu prends tout par-dessus la jambe ! »<\/p>\n

Et que peut-il bien y avoir lorsque je baisse les yeux sur cette id\u00e9e du « tout » sinon ce petit sexe qui pendouille, premi\u00e8re \u00e9tape majeure de l’injonction larv\u00e9e.<\/p>\n

Durant de nombreuses ann\u00e9es, mon cerveau, mon d\u00e9sir, toutes mes maigres ambitions somme toute se plac\u00e8rent dans ce petit morceau de viande « par-dessus la jambe », simplement en raison d’une nullit\u00e9 magistrale en mati\u00e8re de logique.<\/p>\n

Car si j’avais compris alors que par-dessus la jambe je pouvais aussi sentir l’\u00e9toffe d’un short, d’un bermuda, d’un pantalon, je n’imagine m\u00eame pas \u00e0 quel point ma vie aurait pu prendre une direction tout \u00e0 fait diff\u00e9rente.<\/p>\n

Mais non, dans une complicit\u00e9 malsaine selon la morale commune, nous d\u00e9cid\u00e2mes, maman et moi, de placer le sexe au centre du « je-m’en-foutisme » profond dont nous \u00e9tions les malheureuses victimes finalement.<\/p>\n

D’ailleurs cela me revient par bouff\u00e9es : \u00e0 chaque fois que je revenais au matin de p\u00e9riples nocturnes et ce souvent bredouille, ne tentait-elle pas encore de consolider la pr\u00e9dominance de mes attributs m\u00e2les dans mon cr\u00e2ne abruti, par une autre expression qui prendra une place de choix dans mes annales :<\/p>\n

« Mon putain de gar\u00e7on. »<\/p>\n

Ainsi donc je prenais tout par-dessus la jambe comme elle pouvait sans doute fantasmer la libert\u00e9 des filles, si possible de joie, et secr\u00e8tement je devinais qu’il aurait mieux valu dans l’esprit maternel que je ne sois pas du sexe dont m’affublait le genre alors.<\/p>\n

Des ann\u00e9es plus tard, elle s’ouvrit \u00e0 moi de sombres histoires d’aiguilles \u00e0 tricoter et de son d\u00e9sir de fille. Et puis en riant et en tirant sur sa cigarette \u00e0 bout dor\u00e9 :<\/p>\n

« Tu sais, \u00e0 quelques centim\u00e8tres pr\u00e8s tu n’\u00e9tais qu’une crotte. »<\/p>\n

Bien que cela f\u00fbt blessant, je comprenais que cette derni\u00e8re expression qu’elle me lan\u00e7ait au visage comme dans une bataille de polochons n’\u00e9tait pas une volont\u00e9 de m’humilier moi mais elle finalement dans son insupportable condition de m\u00e8re de famille coinc\u00e9e, \u00e9triqu\u00e9e, prisonni\u00e8re de celle-ci.<\/p>\n

Elle aurait pu, selon son d\u00e9sir profond, devenir peut-\u00eatre une grande artiste ma m\u00e8re. Techniquement elle avait de quoi lorsque je regarde les quelques toiles qui me restent d’elle. Non, ce qui lui manquait c’\u00e9tait de se d\u00e9barrasser de sa m\u00e9moire compl\u00e8tement pour devenir enfin elle-m\u00eame. Elle aurait d\u00fb suivre son instinct de fauve et nous laisser crever derri\u00e8re elle en nous oubliant comme on oublie une erreur de parcours tout simplement, et je crois lui en avoir toujours plus ou moins voulu de ne pas avoir cette force, cette rage, cette volont\u00e9 tout simplement.<\/p>\n

Les derniers moments que je passai \u00e0 son chevet \u00e0 l’h\u00f4pital de Cr\u00e9teil, mon p\u00e8re m’accompagnait et il \u00e9tait presque totalement \u00e9teint, incapable de rien, les yeux embu\u00e9s, vautr\u00e9 dans son \u00e9go\u00efsme comme d’habitude.<\/p>\n

Je lui intimai l’ordre de prendre la main de maman et ensemble nous lui avons donn\u00e9 la permission de s’en aller. Elle avait les yeux grands ouverts, la morphine leur conf\u00e9rait une beaut\u00e9 \u00e0 couper le souffle.<\/p>\n

« Tu peux y aller vraiment maintenant » ai-je souffl\u00e9 \u00e0 son oreille et puis, comme mon p\u00e8re allait finir par s’effondrer totalement, je l’emmenai hors de la chambre, hors de l’h\u00f4pital, hors de Cr\u00e9teil.<\/p>\n

Arriv\u00e9 devant le marocain de Limeil, je le regardai et dis : « Et si on allait se taper un bon couscous, \u00e7a nous requinquerait non ? »<\/p>\n

Il pleura vraiment cette fois et me consid\u00e9ra et j’eus l’impression que lui aussi me d\u00e9clarait :<\/p>\n

« D\u00e9cid\u00e9ment tu prends vraiment tout par-dessus la jambe ! »<\/p>\n

Mais non, en fait il continua \u00e0 pleurer et gara la voiture. C’\u00e9tait un jour creux, il y avait plein de places libres, c’\u00e9tait un coup de chance.<\/p>", "content_text": " Cette expression qu'affectionne particuli\u00e8rement ma m\u00e8re lorsqu'elle me parle du fond des brumes excite encore comme une lueur qui trace sa voie depuis l'\u00e9v\u00e9nement de la fin vers je ne sais quoi, les protons de ma cervelle. Il y a un \u00e9rotisme av\u00e9r\u00e9 dans le ton emprunt\u00e9, m\u00eame sous l'emprise de la rage, de la col\u00e8re, chez elle \u00e0 m'affubler de petits noms d'oiseau et pour couronner le voyage \u00e0 chaque fois : \u00ab Tu prends tout par-dessus la jambe ! \u00bb Et que peut-il bien y avoir lorsque je baisse les yeux sur cette id\u00e9e du \u00ab tout \u00bb sinon ce petit sexe qui pendouille, premi\u00e8re \u00e9tape majeure de l'injonction larv\u00e9e. Durant de nombreuses ann\u00e9es, mon cerveau, mon d\u00e9sir, toutes mes maigres ambitions somme toute se plac\u00e8rent dans ce petit morceau de viande \u00ab par-dessus la jambe \u00bb, simplement en raison d'une nullit\u00e9 magistrale en mati\u00e8re de logique. Car si j'avais compris alors que par-dessus la jambe je pouvais aussi sentir l'\u00e9toffe d'un short, d'un bermuda, d'un pantalon, je n'imagine m\u00eame pas \u00e0 quel point ma vie aurait pu prendre une direction tout \u00e0 fait diff\u00e9rente. Mais non, dans une complicit\u00e9 malsaine selon la morale commune, nous d\u00e9cid\u00e2mes, maman et moi, de placer le sexe au centre du \u00ab je-m'en-foutisme \u00bb profond dont nous \u00e9tions les malheureuses victimes finalement. D'ailleurs cela me revient par bouff\u00e9es : \u00e0 chaque fois que je revenais au matin de p\u00e9riples nocturnes et ce souvent bredouille, ne tentait-elle pas encore de consolider la pr\u00e9dominance de mes attributs m\u00e2les dans mon cr\u00e2ne abruti, par une autre expression qui prendra une place de choix dans mes annales : \u00ab Mon putain de gar\u00e7on. \u00bb Ainsi donc je prenais tout par-dessus la jambe comme elle pouvait sans doute fantasmer la libert\u00e9 des filles, si possible de joie, et secr\u00e8tement je devinais qu'il aurait mieux valu dans l'esprit maternel que je ne sois pas du sexe dont m'affublait le genre alors. Des ann\u00e9es plus tard, elle s'ouvrit \u00e0 moi de sombres histoires d'aiguilles \u00e0 tricoter et de son d\u00e9sir de fille. Et puis en riant et en tirant sur sa cigarette \u00e0 bout dor\u00e9 : \u00ab Tu sais, \u00e0 quelques centim\u00e8tres pr\u00e8s tu n'\u00e9tais qu'une crotte. \u00bb Bien que cela f\u00fbt blessant, je comprenais que cette derni\u00e8re expression qu'elle me lan\u00e7ait au visage comme dans une bataille de polochons n'\u00e9tait pas une volont\u00e9 de m'humilier moi mais elle finalement dans son insupportable condition de m\u00e8re de famille coinc\u00e9e, \u00e9triqu\u00e9e, prisonni\u00e8re de celle-ci. Elle aurait pu, selon son d\u00e9sir profond, devenir peut-\u00eatre une grande artiste ma m\u00e8re. Techniquement elle avait de quoi lorsque je regarde les quelques toiles qui me restent d'elle. Non, ce qui lui manquait c'\u00e9tait de se d\u00e9barrasser de sa m\u00e9moire compl\u00e8tement pour devenir enfin elle-m\u00eame. Elle aurait d\u00fb suivre son instinct de fauve et nous laisser crever derri\u00e8re elle en nous oubliant comme on oublie une erreur de parcours tout simplement, et je crois lui en avoir toujours plus ou moins voulu de ne pas avoir cette force, cette rage, cette volont\u00e9 tout simplement. Les derniers moments que je passai \u00e0 son chevet \u00e0 l'h\u00f4pital de Cr\u00e9teil, mon p\u00e8re m'accompagnait et il \u00e9tait presque totalement \u00e9teint, incapable de rien, les yeux embu\u00e9s, vautr\u00e9 dans son \u00e9go\u00efsme comme d'habitude. Je lui intimai l'ordre de prendre la main de maman et ensemble nous lui avons donn\u00e9 la permission de s'en aller. Elle avait les yeux grands ouverts, la morphine leur conf\u00e9rait une beaut\u00e9 \u00e0 couper le souffle. \u00ab Tu peux y aller vraiment maintenant \u00bb ai-je souffl\u00e9 \u00e0 son oreille et puis, comme mon p\u00e8re allait finir par s'effondrer totalement, je l'emmenai hors de la chambre, hors de l'h\u00f4pital, hors de Cr\u00e9teil. Arriv\u00e9 devant le marocain de Limeil, je le regardai et dis : \u00ab Et si on allait se taper un bon couscous, \u00e7a nous requinquerait non ? \u00bb Il pleura vraiment cette fois et me consid\u00e9ra et j'eus l'impression que lui aussi me d\u00e9clarait : \u00ab D\u00e9cid\u00e9ment tu prends vraiment tout par-dessus la jambe ! \u00bb Mais non, en fait il continua \u00e0 pleurer et gara la voiture. C'\u00e9tait un jour creux, il y avait plein de places libres, c'\u00e9tait un coup de chance. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/recapituler.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/recapituler.html", "title": "R\u00e9capituler", "date_published": "2019-10-04T02:11:40Z", "date_modified": "2025-06-25T04:33:34Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Dans cette r\u00e9capitulation qui a d\u00e9marr\u00e9 voici maintenant une ann\u00e9e par l’entremise de ce blog, je revisite les lieux et les \u00eatres que j’ai crois\u00e9s dans cette vie, \u00e0 seule fin, je crois, de nous pardonner \u00e0 tous, tous les personnages de cette existence que j’ai travers\u00e9e, de d\u00e9nouer tous les n\u0153uds \u00e9nerg\u00e9tiques que les malentendus, les non-dits, les traumatismes auront form\u00e9s.<\/p>\n

C’est un travail chamanique v\u00e9ritable sans tambour ni trompette, mais r\u00e9alis\u00e9 tout de m\u00eame au rythme r\u00e9gulier des battements de c\u0153ur de ces nuits d’insomnie que je ne cesse plus d\u00e9sormais de traverser. Dans le creux de la nuit, install\u00e9 \u00e0 ma table, le tapotement des touches du clavier sert peut-\u00eatre d’incantation, d’invocation, et le voyage alors peut \u00e0 chaque fois recommencer, me conduisant \u00e0 revisiter le monde d’en bas, le monde du milieu et, de temps en temps aussi, le monde d’en haut.<\/p>\n

C’est un entra\u00eenement et une navigation \u00e0 la fois dans laquelle, \u00e0 l’aide de la cat\u00e9gorie et de l’\u00e9tiquette, seuls outils de classement qui sont \u00e0 ma disposition pour me rep\u00e9rer dans le labyrinthe form\u00e9 par tous ces textes, je me laisse conduire plus que je ne conduis quoi que ce soit en r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Au fond de moi, une confiance aveugle en ce quelque chose que repr\u00e9sente l’\u00e9criture ressemble \u00e0 la fois au fil d’Ariane et \u00e0 la nostalgie d’avoir \u00e9t\u00e9 un jour le petit poucet semant sur sa route, dans la for\u00eat, la nuit, de petits cailloux afin de retrouver son chemin en cas d’\u00e9garement majeur.<\/p>\n

Ce n’est pas une analyse, ce n’est sans doute pas vraiment un roman autobiographique, c’est autre chose, appelons cela un myst\u00e8re, au m\u00eame titre que jadis Thot, Seth ou Herm\u00e8s \u2013 peu importe son nom v\u00e9ritable \u2013 f\u00e9d\u00e9rait les curieux dans son cadre \u00e9gyptien.<\/p>\n

Il y a dans l’acte d’\u00e9crire une position incertaine du narrateur, qui parfois peut sembler se confondre avec celle de l’auteur, mais que l’auteur en aucun cas ne peut ignorer compl\u00e8tement. Il doit en m\u00eame temps retrouver la spontan\u00e9it\u00e9 des moments travers\u00e9s tout en conservant un \u0153il impartial, une forme d’ubiquit\u00e9 pour ne pas se laisser prendre par l’\u00e9motion parfois violente qui rena\u00eet de la visite des territoires fantomatiques. On pourrait aussi parler de sacrifice, car quelque chose de pr\u00e9cieux est ainsi jet\u00e9 en p\u00e2ture sur l’autel cr\u00e9\u00e9 par l’\u00e9criture.<\/p>\n

De toutes parts, des fant\u00f4mes surgissent autour de celui-ci pour s’abreuver de vie et d’\u00e9nergie qui leur redonnerait une solidit\u00e9, une existence. Le sang coule \u00e0 nouveau dans leurs veines. Et voici qu’au hasard de la ligne, de la respiration et du clavier, je retrouve par exemple cette expression famili\u00e8re de ma m\u00e8re lorsque, d\u00e9j\u00e0 enfant, je fuguais et qu’elle me reprochait alors, quand j’arrivais entre deux gendarmes, de s’\u00eatre fait un « sang d’encre » \u00e0 cause de moi.<\/p>\n

Je lui dois peut-\u00eatre alors bien cela, comme \u00e0 tant d’autres, de r\u00e9diger ces lignes, de laisser couler de mon insomnie ce sang d’encre aujourd’hui, afin de retrouver un sang neuf \u2013 si tant est que ce soit possible \u2013 et qu’il soit alors au service de la collectivit\u00e9, comme un cadeau que l’on laisserait en partant, en remerciement, tout simplement.<\/p>\n

La mort, l’id\u00e9e obs\u00e9dante de celle-ci ne m’a jamais l\u00e2ch\u00e9 depuis que j’ai compris que je ne serais jamais ici qu’un passager entre deux portes. L’id\u00e9e de la mort, c’est l’id\u00e9e de la porte encore close et que je ne cesse de vouloir ouvrir, confus\u00e9ment anim\u00e9 \u00e0 la fois par la crainte, l’espoir et la curiosit\u00e9. Je pers\u00e9v\u00e8re depuis le d\u00e9but, ce mot \u00e9trange qui contient \u00e0 la fois l’id\u00e9e de s\u00e9v\u00e9rit\u00e9 d’un p\u00e8re et en m\u00eame temps qui m’incite \u00e0 percer plus loin pour voir.<\/p>\n

Dans la tradition chamanique aussi, il est question de portes menant vers divers mondes, diverses dimensions de notre \u00eatre ou de l’univers, des dimensions dont on ne parlera jamais dans le monde qui nous entoure, que nous faisons tout pour rendre « rassurant ».<\/p>\n

Rassurant en raison de cette perception que nous avons tous de l’incompl\u00e9tude de notre vision, rassurant car nous avons pos\u00e9 des totems, des tabous pour \u00e9loigner les morts, les fant\u00f4mes, les esprits du centre n\u00e9vralgique de notre quotidien.<\/p>\n

Sans doute plongerions-nous \u00e0 nouveau dans ces croyances ancestrales, le monde en sa globalit\u00e9 en serait-il alors profond\u00e9ment modifi\u00e9 \u00e0 nouveau, sans doute aussi le syst\u00e8me consum\u00e9riste ou capitaliste dans lequel nous devons prendre toutes les assurances que l’on nous impose ou nous vend ne parviendrait-il plus \u00e0 survivre, tant on le trouverait d\u00e9cal\u00e9 de la r\u00e9alit\u00e9 dont je te parle doucement ici, cette r\u00e9alit\u00e9 qui accepte que les esprits sont l\u00e0, qu’ils l’ont toujours \u00e9t\u00e9 et qu’ils seront toujours l\u00e0 bien apr\u00e8s l’extinction de l’esp\u00e8ce humaine.<\/p>\n

Simplement, ils sont situ\u00e9s dans des dimensions la plupart du temps inaccessibles \u00e0 nos cinq sens, et ce n’est certes pas un hasard que la d\u00e9couverte de la m\u00e9canique quantique soit n\u00e9e au 20e si\u00e8cle, ce si\u00e8cle si effroyable par ses g\u00e9nocides, ses guerres, et qu’en m\u00eame temps on puisse assister \u00e0 la renaissance sur tous les continents d’un esprit populaire tourn\u00e9 \u00e0 nouveau vers la tradition chamanique.<\/p>\n

L’avenir de notre esp\u00e8ce d\u00e9pendra sans doute de notre mani\u00e8re de nous consid\u00e9rer par rapport \u00e0 la nature en acceptant de n’en \u00eatre pas le centre. Nous sommes connect\u00e9s, que nous le voulions ou non, avec l’ensemble de l’univers puisque nous en faisons partie int\u00e9grante, et l’ignorance ou l’\u00e9go\u00efsme nous ont plong\u00e9s dans une amn\u00e9sie au profit d’une poign\u00e9e de personnes qui ont d\u00e9cid\u00e9 d’employer leur passage sur terre pour jouir du pouvoir sur les autres de toutes les mani\u00e8res possibles, et ce sans vergogne, sans \u00e9thique v\u00e9ritable.<\/p>\n

Dans mon parcours, un personnage comme un double s’est peu \u00e0 peu impos\u00e9 sans m\u00eame que je ne m’en rende compte au d\u00e9but.<\/p>\n

La toute premi\u00e8re fois que j’ai le souvenir de l’avoir vu se manifester, la profonde solitude dans laquelle je me trouvais enfant et mon besoin d’amiti\u00e9 me l’auront fait confondre avec un ami.<\/p>\n

Mais en fait, de prime abord, c’\u00e9tait ce qu’on appelle commun\u00e9ment « un sale type », une sorte de vision en n\u00e9gatif le caract\u00e9risait principalement et il polluait mon univers dans sa totalit\u00e9, m’incitant tr\u00e8s t\u00f4t \u00e0 quitter celui-ci pour le rejoindre dans sa solitude qui, je le sentais, formait un parfait \u00e9cho \u00e0 la mienne.<\/p>\n

Une fois \u2013 et ce fut la premi\u00e8re et la derni\u00e8re en m\u00eame temps \u2013 je m’en ouvris \u00e0 mes parents en leur racontant que j’avais crois\u00e9 la nuit encore mon copain imaginaire, celui qui ne cessait de revenir dans mes r\u00eaves nocturnes et mes r\u00eaveries diurnes. Et alors on ne me prit \u00e9videmment pas au s\u00e9rieux, ce n’\u00e9tait qu’une lubie enfantine, un fantasme sans r\u00e9elle importance, et je crois que l’ami imaginaire et moi avons \u00e9t\u00e9 profond\u00e9ment bless\u00e9s par le refus ainsi essuy\u00e9 de la part des « grandes personnes » de notre existence li\u00e9e inextricablement. Dans le fond, ce d\u00e9ni des adultes nous aura permis d’exister encore plus farouchement, nous opposant \u00e0 eux, et notre cr\u00e9ativit\u00e9 alors fut sans bornes.<\/p>\n

Il s’en suivit bien des malentendus, bien des drames mineurs et majeurs par la suite, provoqu\u00e9s par notre volont\u00e9 farouche \u00e0 tous les deux de nous pr\u00e9server dans ce monde que nous avons consid\u00e9r\u00e9 comme « invers\u00e9 » et o\u00f9 les « gentils » ne seraient que des trompe-l’\u0153il, portant des masques, n’usant que du mensonge, o\u00f9 l’amour se manifesterait par la double contrainte constante de la gifle et du sourire.<\/p>\n

\u00c0 la mort de mon p\u00e8re, il y a de cela quelques ann\u00e9es d\u00e9sormais, j’\u00e9prouvais un grand vide car le mur qu’il aura repr\u00e9sent\u00e9 dans mon existence, sur lequel, comme un rabbin, je ne cessais de me cogner le cr\u00e2ne pour prier en m\u00eame temps que je l’insultais copieusement \u2013 ce mur donc \u2013 disparut comme par enchantement, \u00e0 se demander m\u00eame s’il avait jamais exist\u00e9 vraiment.<\/p>\n

Alors, peu \u00e0 peu, je compris confus\u00e9ment que son r\u00f4le, c’\u00e9tait moi qui le lui avais attribu\u00e9 dans mon th\u00e9\u00e2tre personnel, et que ce r\u00f4le, il avait bien voulu lui aussi l’endosser. Mais ma compr\u00e9hension \u00e9tait encore incompl\u00e8te, trop \u00e9gocentrique, je sentais bien que cela ne collait pas dans le sens o\u00f9 mon p\u00e8re et moi devenions dans cette version des choses des victimes.<\/p>\n

En creusant plus loin, je ne peux plus m’emp\u00eacher de voir bien plus loin que le bout de mon nez. Plus loin m\u00eame que notre rencontre sur cette terre. Nous sommes des amis dans le vrai sens de ce terme qui avons d\u00e9cid\u00e9 de nous incarner dans ces r\u00f4les \u00e0 seule fin de nous faire progresser mutuellement sur un nouveau plan, chacun de nous, ou tous les deux, comme on voudra bien le comprendre.<\/p>\n

La seule raison \u00e0 tout cela, tout ce grabuge, j’en suis persuad\u00e9 dans mon for int\u00e9rieur, est une histoire d’amour qui n’en finit pas de devenir consciente de plus en plus d’elle-m\u00eame au travers de toutes nos existences, de nos victoires comme de nos d\u00e9faites, toutes g\u00e9n\u00e9rations humaines confondues. Dans le fond, je ne trouve gu\u00e8re de meilleure d\u00e9finition que celle-ci pour \u00e9voquer la po\u00e9sie.<\/p>", "content_text": " Dans cette r\u00e9capitulation qui a d\u00e9marr\u00e9 voici maintenant une ann\u00e9e par l'entremise de ce blog, je revisite les lieux et les \u00eatres que j'ai crois\u00e9s dans cette vie, \u00e0 seule fin, je crois, de nous pardonner \u00e0 tous, tous les personnages de cette existence que j'ai travers\u00e9e, de d\u00e9nouer tous les n\u0153uds \u00e9nerg\u00e9tiques que les malentendus, les non-dits, les traumatismes auront form\u00e9s. C'est un travail chamanique v\u00e9ritable sans tambour ni trompette, mais r\u00e9alis\u00e9 tout de m\u00eame au rythme r\u00e9gulier des battements de c\u0153ur de ces nuits d'insomnie que je ne cesse plus d\u00e9sormais de traverser. Dans le creux de la nuit, install\u00e9 \u00e0 ma table, le tapotement des touches du clavier sert peut-\u00eatre d'incantation, d'invocation, et le voyage alors peut \u00e0 chaque fois recommencer, me conduisant \u00e0 revisiter le monde d'en bas, le monde du milieu et, de temps en temps aussi, le monde d'en haut. C'est un entra\u00eenement et une navigation \u00e0 la fois dans laquelle, \u00e0 l'aide de la cat\u00e9gorie et de l'\u00e9tiquette, seuls outils de classement qui sont \u00e0 ma disposition pour me rep\u00e9rer dans le labyrinthe form\u00e9 par tous ces textes, je me laisse conduire plus que je ne conduis quoi que ce soit en r\u00e9alit\u00e9. Au fond de moi, une confiance aveugle en ce quelque chose que repr\u00e9sente l'\u00e9criture ressemble \u00e0 la fois au fil d'Ariane et \u00e0 la nostalgie d'avoir \u00e9t\u00e9 un jour le petit poucet semant sur sa route, dans la for\u00eat, la nuit, de petits cailloux afin de retrouver son chemin en cas d'\u00e9garement majeur. Ce n'est pas une analyse, ce n'est sans doute pas vraiment un roman autobiographique, c'est autre chose, appelons cela un myst\u00e8re, au m\u00eame titre que jadis Thot, Seth ou Herm\u00e8s \u2013 peu importe son nom v\u00e9ritable \u2013 f\u00e9d\u00e9rait les curieux dans son cadre \u00e9gyptien. Il y a dans l'acte d'\u00e9crire une position incertaine du narrateur, qui parfois peut sembler se confondre avec celle de l'auteur, mais que l'auteur en aucun cas ne peut ignorer compl\u00e8tement. Il doit en m\u00eame temps retrouver la spontan\u00e9it\u00e9 des moments travers\u00e9s tout en conservant un \u0153il impartial, une forme d'ubiquit\u00e9 pour ne pas se laisser prendre par l'\u00e9motion parfois violente qui rena\u00eet de la visite des territoires fantomatiques. On pourrait aussi parler de sacrifice, car quelque chose de pr\u00e9cieux est ainsi jet\u00e9 en p\u00e2ture sur l'autel cr\u00e9\u00e9 par l'\u00e9criture. De toutes parts, des fant\u00f4mes surgissent autour de celui-ci pour s'abreuver de vie et d'\u00e9nergie qui leur redonnerait une solidit\u00e9, une existence. Le sang coule \u00e0 nouveau dans leurs veines. Et voici qu'au hasard de la ligne, de la respiration et du clavier, je retrouve par exemple cette expression famili\u00e8re de ma m\u00e8re lorsque, d\u00e9j\u00e0 enfant, je fuguais et qu'elle me reprochait alors, quand j'arrivais entre deux gendarmes, de s'\u00eatre fait un \u00ab sang d'encre \u00bb \u00e0 cause de moi. Je lui dois peut-\u00eatre alors bien cela, comme \u00e0 tant d'autres, de r\u00e9diger ces lignes, de laisser couler de mon insomnie ce sang d'encre aujourd'hui, afin de retrouver un sang neuf \u2013 si tant est que ce soit possible \u2013 et qu'il soit alors au service de la collectivit\u00e9, comme un cadeau que l'on laisserait en partant, en remerciement, tout simplement. La mort, l'id\u00e9e obs\u00e9dante de celle-ci ne m'a jamais l\u00e2ch\u00e9 depuis que j'ai compris que je ne serais jamais ici qu'un passager entre deux portes. L'id\u00e9e de la mort, c'est l'id\u00e9e de la porte encore close et que je ne cesse de vouloir ouvrir, confus\u00e9ment anim\u00e9 \u00e0 la fois par la crainte, l'espoir et la curiosit\u00e9. Je pers\u00e9v\u00e8re depuis le d\u00e9but, ce mot \u00e9trange qui contient \u00e0 la fois l'id\u00e9e de s\u00e9v\u00e9rit\u00e9 d'un p\u00e8re et en m\u00eame temps qui m'incite \u00e0 percer plus loin pour voir. Dans la tradition chamanique aussi, il est question de portes menant vers divers mondes, diverses dimensions de notre \u00eatre ou de l'univers, des dimensions dont on ne parlera jamais dans le monde qui nous entoure, que nous faisons tout pour rendre \u00ab rassurant \u00bb. Rassurant en raison de cette perception que nous avons tous de l'incompl\u00e9tude de notre vision, rassurant car nous avons pos\u00e9 des totems, des tabous pour \u00e9loigner les morts, les fant\u00f4mes, les esprits du centre n\u00e9vralgique de notre quotidien. Sans doute plongerions-nous \u00e0 nouveau dans ces croyances ancestrales, le monde en sa globalit\u00e9 en serait-il alors profond\u00e9ment modifi\u00e9 \u00e0 nouveau, sans doute aussi le syst\u00e8me consum\u00e9riste ou capitaliste dans lequel nous devons prendre toutes les assurances que l'on nous impose ou nous vend ne parviendrait-il plus \u00e0 survivre, tant on le trouverait d\u00e9cal\u00e9 de la r\u00e9alit\u00e9 dont je te parle doucement ici, cette r\u00e9alit\u00e9 qui accepte que les esprits sont l\u00e0, qu'ils l'ont toujours \u00e9t\u00e9 et qu'ils seront toujours l\u00e0 bien apr\u00e8s l'extinction de l'esp\u00e8ce humaine. Simplement, ils sont situ\u00e9s dans des dimensions la plupart du temps inaccessibles \u00e0 nos cinq sens, et ce n'est certes pas un hasard que la d\u00e9couverte de la m\u00e9canique quantique soit n\u00e9e au 20e si\u00e8cle, ce si\u00e8cle si effroyable par ses g\u00e9nocides, ses guerres, et qu'en m\u00eame temps on puisse assister \u00e0 la renaissance sur tous les continents d'un esprit populaire tourn\u00e9 \u00e0 nouveau vers la tradition chamanique. L'avenir de notre esp\u00e8ce d\u00e9pendra sans doute de notre mani\u00e8re de nous consid\u00e9rer par rapport \u00e0 la nature en acceptant de n'en \u00eatre pas le centre. Nous sommes connect\u00e9s, que nous le voulions ou non, avec l'ensemble de l'univers puisque nous en faisons partie int\u00e9grante, et l'ignorance ou l'\u00e9go\u00efsme nous ont plong\u00e9s dans une amn\u00e9sie au profit d'une poign\u00e9e de personnes qui ont d\u00e9cid\u00e9 d'employer leur passage sur terre pour jouir du pouvoir sur les autres de toutes les mani\u00e8res possibles, et ce sans vergogne, sans \u00e9thique v\u00e9ritable. Dans mon parcours, un personnage comme un double s'est peu \u00e0 peu impos\u00e9 sans m\u00eame que je ne m'en rende compte au d\u00e9but. La toute premi\u00e8re fois que j'ai le souvenir de l'avoir vu se manifester, la profonde solitude dans laquelle je me trouvais enfant et mon besoin d'amiti\u00e9 me l'auront fait confondre avec un ami. Mais en fait, de prime abord, c'\u00e9tait ce qu'on appelle commun\u00e9ment \u00ab un sale type \u00bb, une sorte de vision en n\u00e9gatif le caract\u00e9risait principalement et il polluait mon univers dans sa totalit\u00e9, m'incitant tr\u00e8s t\u00f4t \u00e0 quitter celui-ci pour le rejoindre dans sa solitude qui, je le sentais, formait un parfait \u00e9cho \u00e0 la mienne. Une fois \u2013 et ce fut la premi\u00e8re et la derni\u00e8re en m\u00eame temps \u2013 je m'en ouvris \u00e0 mes parents en leur racontant que j'avais crois\u00e9 la nuit encore mon copain imaginaire, celui qui ne cessait de revenir dans mes r\u00eaves nocturnes et mes r\u00eaveries diurnes. Et alors on ne me prit \u00e9videmment pas au s\u00e9rieux, ce n'\u00e9tait qu'une lubie enfantine, un fantasme sans r\u00e9elle importance, et je crois que l'ami imaginaire et moi avons \u00e9t\u00e9 profond\u00e9ment bless\u00e9s par le refus ainsi essuy\u00e9 de la part des \u00ab grandes personnes \u00bb de notre existence li\u00e9e inextricablement. Dans le fond, ce d\u00e9ni des adultes nous aura permis d'exister encore plus farouchement, nous opposant \u00e0 eux, et notre cr\u00e9ativit\u00e9 alors fut sans bornes. Il s'en suivit bien des malentendus, bien des drames mineurs et majeurs par la suite, provoqu\u00e9s par notre volont\u00e9 farouche \u00e0 tous les deux de nous pr\u00e9server dans ce monde que nous avons consid\u00e9r\u00e9 comme \u00ab invers\u00e9 \u00bb et o\u00f9 les \u00ab gentils \u00bb ne seraient que des trompe-l'\u0153il, portant des masques, n'usant que du mensonge, o\u00f9 l'amour se manifesterait par la double contrainte constante de la gifle et du sourire. \u00c0 la mort de mon p\u00e8re, il y a de cela quelques ann\u00e9es d\u00e9sormais, j'\u00e9prouvais un grand vide car le mur qu'il aura repr\u00e9sent\u00e9 dans mon existence, sur lequel, comme un rabbin, je ne cessais de me cogner le cr\u00e2ne pour prier en m\u00eame temps que je l'insultais copieusement \u2013 ce mur donc \u2013 disparut comme par enchantement, \u00e0 se demander m\u00eame s'il avait jamais exist\u00e9 vraiment. Alors, peu \u00e0 peu, je compris confus\u00e9ment que son r\u00f4le, c'\u00e9tait moi qui le lui avais attribu\u00e9 dans mon th\u00e9\u00e2tre personnel, et que ce r\u00f4le, il avait bien voulu lui aussi l'endosser. Mais ma compr\u00e9hension \u00e9tait encore incompl\u00e8te, trop \u00e9gocentrique, je sentais bien que cela ne collait pas dans le sens o\u00f9 mon p\u00e8re et moi devenions dans cette version des choses des victimes. En creusant plus loin, je ne peux plus m'emp\u00eacher de voir bien plus loin que le bout de mon nez. Plus loin m\u00eame que notre rencontre sur cette terre. Nous sommes des amis dans le vrai sens de ce terme qui avons d\u00e9cid\u00e9 de nous incarner dans ces r\u00f4les \u00e0 seule fin de nous faire progresser mutuellement sur un nouveau plan, chacun de nous, ou tous les deux, comme on voudra bien le comprendre. La seule raison \u00e0 tout cela, tout ce grabuge, j'en suis persuad\u00e9 dans mon for int\u00e9rieur, est une histoire d'amour qui n'en finit pas de devenir consciente de plus en plus d'elle-m\u00eame au travers de toutes nos existences, de nos victoires comme de nos d\u00e9faites, toutes g\u00e9n\u00e9rations humaines confondues. Dans le fond, je ne trouve gu\u00e8re de meilleure d\u00e9finition que celle-ci pour \u00e9voquer la po\u00e9sie. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-conscience-de-la-conscience.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-conscience-de-la-conscience.html", "title": "La conscience de la conscience.", "date_published": "2019-09-22T03:16:58Z", "date_modified": "2025-06-25T04:49:05Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Notre cerveau, d’apr\u00e8s les derni\u00e8res informations dont je dispose, est une bien \u00e9trange entit\u00e9. Il est froid, il n’\u00e9prouve aucune \u00e9motion, aucune douleur, et sa constitution est extraordinairement complexe, si bien qu’on ne sait toujours pas rivaliser avec celui-ci, notamment pour le mod\u00e9liser, pour cr\u00e9er des cerveaux, doter les machines de ceux-ci, ou m\u00eame s’en approcher. Lors de son d\u00e9veloppement, le cerveau de l’enfant, dans le ventre de la m\u00e8re, produit \u00e0 une vitesse sid\u00e9rante un nombre de cellules chaque seconde. En revanche le cerveau pr\u00e9frontal ne serait pas achev\u00e9 avant l’\u00e2ge de trente ans.<\/p>\n

On ne sait pas grand-chose comme je te le dis et surtout on ne sait pas si le cerveau et l’esprit ne sont qu’une seule et m\u00eame chose, on n’en sait absolument rien. On a beau faire de jolis films d’imagerie m\u00e9dicale de quelqu’un qui serait en train de penser, \u00e7a n’explique pas du tout si c’est le cerveau qui pense ou s’il entre en interaction avec autre chose, qu’on peut appeler l’esprit, en latin spiritus, qui anime.<\/p>\n

Possible que le cerveau ne soit qu’une interface, un p\u00e9riph\u00e9rique tout simplement ou une antenne pourquoi pas. Il existe en lui un centre de commandes (qu’on ne voit pas) pour chaque organe. Ainsi nous avons la possibilit\u00e9 de respirer durant 75 % de notre existence gr\u00e2ce \u00e0 ce centre de commande qui prend en charge, que nous le voulions ou pas, cette fonction vitale. Il suffirait que je t’en parle pour que tu te mettes \u00e0 pr\u00eater attention \u00e0 ta respiration et c’est l\u00e0 un myst\u00e8re encore : nous avons cette possibilit\u00e9 en tant qu’\u00eatre humain d’\u00eatre conscient du fait de respirer, et nous pouvons m\u00eame contr\u00f4ler notre respiration, ce que ne peut pas faire un animal. Le primate notamment est incapable de contr\u00f4ler sa respiration. Depuis Galien et ses dissections de cerveau de singe, environ 200 diff\u00e9rences ont \u00e9t\u00e9 relev\u00e9es entre un cerveau de singe et un cerveau humain. On ne saurait donc vraiment dire que l’homme descend naturellement du singe, il s’est pass\u00e9 quelque chose entre les deux assur\u00e9ment.<\/p>\n

En revanche il existe un centre de commande sur lequel nous n’avons pas la main, celui du c\u0153ur. En cas de d\u00e9t\u00e9rioration grave de celui-ci, lorsqu’il est clair que tout va se terminer, quelques millisecondes avant l’arr\u00eat cardiaque d\u00e9finitif, c’est bel et bien du cerveau que provient le signal de couper la machinerie.<\/p>\n

16 millions de cellules dans un cerveau de singe, 75 millions de cellules dans un cerveau humain. Bon, des fois on se demande \u00e0 quoi \u00e7a nous sert vu le r\u00e9sultat.<\/p>\n

Si on mettait bout \u00e0 bout l’ensemble des nerfs, des canaux du cerveau, on obtiendrait une distance \u00e9gale \u00e0 deux fois le tour de la terre.<\/p>\n

Entour\u00e9 par une glue pas tr\u00e8s rago\u00fbtante, le cerveau ne se laisse pas explorer ais\u00e9ment. Avec ses 5 \u00e9tages, il ressemble \u00e0 une forteresse imprenable.<\/p>\n

Qu’est-ce qui fait une telle diff\u00e9rence entre un cerveau de primate et un cerveau humain, pourquoi le cha\u00eenon manquant reste-t-il introuvable ? On peut \u00e9voquer tout un tas de th\u00e9ories y compris une intervention g\u00e9n\u00e9tique extraterrestre pourquoi pas, et celle-ci ne serait pas la plus loufoque de toutes.<\/p>\n

Quant \u00e0 l’esprit, \u00e0 la conscience, nul ne saurait expliquer ce que sont ces deux entit\u00e9s mais, peut-\u00eatre une piste int\u00e9ressante par la po\u00e9sie li\u00e9e \u00e0 l’astrophysique.<\/p>\n

En effet, si l’on observe la quantit\u00e9 inimaginable de cellules, de neurones et les connexions innombrables de chaque neurone avec les autres, si on fait le compte nous ne sommes pas loin du nombre d’\u00e9toiles, de corps c\u00e9lestes que nous sommes en mesure de compter dans l’univers connu... De plus on d\u00e9couvre d\u00e9sormais que tout est plus ou moins baignant dans l’\u00e9nergie noire ou la mati\u00e8re noire. Comme c’est \u00e9trange, nous avons aussi la m\u00eame \u00e9nigme dans notre cerveau, on appelle cela le corps noir...<\/p>\n

Il faut remonter \u00e0 l’alchimie sans doute pour effleurer quelques id\u00e9es d\u00e9j\u00e0 pens\u00e9es bien en amont de nos soi-disant d\u00e9couvertes scientifiques. Je ne vais pas en dire bien plus sur ce sujet car cela m\u00e9riterait un livre entier, mais cet esprit qui nous anime est familier de Paracelse notamment, mais de bien d’autres. L’esprit primordial, ou le Grand Esprit des Am\u00e9rindiens, ou encore Dieu, nous pouvons l’appeler par de multiples noms. Cela signifie juste que nous sentons bel et bien sa pr\u00e9sence sans toutefois pouvoir d\u00e9finir scientifiquement ce que c’est.<\/p>\n

Il en va un peu de m\u00eame pour la conscience. Aujourd’hui nous vivons une \u00e9poque formidable o\u00f9 les neurosciences, les neuroscientifiques sont \u00e0 la mode. Cependant aucun ne peut non plus vraiment dire ce qu’est la conscience. Est-ce un ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9lectrique produit par le cerveau ou autre chose ? On ne peut pas encore le dire mais je penche bien s\u00fbr pour autre chose qu’une ampoule qui s’allume et s’\u00e9teint.<\/p>\n

20 watts je crois, c’est la puissance dont le cerveau a besoin pour faire fonctionner toute la machinerie. Encore bien \u00e9trange qu’une si faible puissance puisse tant produire... De plus l’\u00e9lectricit\u00e9 dont il a besoin, il la produit lui-m\u00eame, on commence tout juste \u00e0 se pencher l\u00e0-dessus aussi.<\/p>\n

Il serait peut-\u00eatre bon de se tourner alors vers le Tibet qui pratique la m\u00e9ditation pleine conscience depuis belle lurette pour en savoir plus sur la conscience, sur l’esprit et le cerveau. Non, \u00e7a ne sera pas scientifique comme on a l’habitude de le concevoir, la belle affaire ! Pour avoir conscience de la conscience, il est n\u00e9cessaire d’avoir du recul comme de la consid\u00e9ration, ce mot formidable qui veut dire voir toutes les \u00e9toiles en m\u00eame temps.<\/p>", "content_text": " Notre cerveau, d'apr\u00e8s les derni\u00e8res informations dont je dispose, est une bien \u00e9trange entit\u00e9. Il est froid, il n'\u00e9prouve aucune \u00e9motion, aucune douleur, et sa constitution est extraordinairement complexe, si bien qu'on ne sait toujours pas rivaliser avec celui-ci, notamment pour le mod\u00e9liser, pour cr\u00e9er des cerveaux, doter les machines de ceux-ci, ou m\u00eame s'en approcher. Lors de son d\u00e9veloppement, le cerveau de l'enfant, dans le ventre de la m\u00e8re, produit \u00e0 une vitesse sid\u00e9rante un nombre de cellules chaque seconde. En revanche le cerveau pr\u00e9frontal ne serait pas achev\u00e9 avant l'\u00e2ge de trente ans. On ne sait pas grand-chose comme je te le dis et surtout on ne sait pas si le cerveau et l'esprit ne sont qu'une seule et m\u00eame chose, on n'en sait absolument rien. On a beau faire de jolis films d'imagerie m\u00e9dicale de quelqu'un qui serait en train de penser, \u00e7a n'explique pas du tout si c'est le cerveau qui pense ou s'il entre en interaction avec autre chose, qu'on peut appeler l'esprit, en latin spiritus, qui anime. Possible que le cerveau ne soit qu'une interface, un p\u00e9riph\u00e9rique tout simplement ou une antenne pourquoi pas. Il existe en lui un centre de commandes (qu'on ne voit pas) pour chaque organe. Ainsi nous avons la possibilit\u00e9 de respirer durant 75 % de notre existence gr\u00e2ce \u00e0 ce centre de commande qui prend en charge, que nous le voulions ou pas, cette fonction vitale. Il suffirait que je t'en parle pour que tu te mettes \u00e0 pr\u00eater attention \u00e0 ta respiration et c'est l\u00e0 un myst\u00e8re encore : nous avons cette possibilit\u00e9 en tant qu'\u00eatre humain d'\u00eatre conscient du fait de respirer, et nous pouvons m\u00eame contr\u00f4ler notre respiration, ce que ne peut pas faire un animal. Le primate notamment est incapable de contr\u00f4ler sa respiration. Depuis Galien et ses dissections de cerveau de singe, environ 200 diff\u00e9rences ont \u00e9t\u00e9 relev\u00e9es entre un cerveau de singe et un cerveau humain. On ne saurait donc vraiment dire que l'homme descend naturellement du singe, il s'est pass\u00e9 quelque chose entre les deux assur\u00e9ment. En revanche il existe un centre de commande sur lequel nous n'avons pas la main, celui du c\u0153ur. En cas de d\u00e9t\u00e9rioration grave de celui-ci, lorsqu'il est clair que tout va se terminer, quelques millisecondes avant l'arr\u00eat cardiaque d\u00e9finitif, c'est bel et bien du cerveau que provient le signal de couper la machinerie. 16 millions de cellules dans un cerveau de singe, 75 millions de cellules dans un cerveau humain. Bon, des fois on se demande \u00e0 quoi \u00e7a nous sert vu le r\u00e9sultat. Si on mettait bout \u00e0 bout l'ensemble des nerfs, des canaux du cerveau, on obtiendrait une distance \u00e9gale \u00e0 deux fois le tour de la terre. Entour\u00e9 par une glue pas tr\u00e8s rago\u00fbtante, le cerveau ne se laisse pas explorer ais\u00e9ment. Avec ses 5 \u00e9tages, il ressemble \u00e0 une forteresse imprenable. Qu'est-ce qui fait une telle diff\u00e9rence entre un cerveau de primate et un cerveau humain, pourquoi le cha\u00eenon manquant reste-t-il introuvable ? On peut \u00e9voquer tout un tas de th\u00e9ories y compris une intervention g\u00e9n\u00e9tique extraterrestre pourquoi pas, et celle-ci ne serait pas la plus loufoque de toutes. Quant \u00e0 l'esprit, \u00e0 la conscience, nul ne saurait expliquer ce que sont ces deux entit\u00e9s mais, peut-\u00eatre une piste int\u00e9ressante par la po\u00e9sie li\u00e9e \u00e0 l'astrophysique. En effet, si l'on observe la quantit\u00e9 inimaginable de cellules, de neurones et les connexions innombrables de chaque neurone avec les autres, si on fait le compte nous ne sommes pas loin du nombre d'\u00e9toiles, de corps c\u00e9lestes que nous sommes en mesure de compter dans l'univers connu... De plus on d\u00e9couvre d\u00e9sormais que tout est plus ou moins baignant dans l'\u00e9nergie noire ou la mati\u00e8re noire. Comme c'est \u00e9trange, nous avons aussi la m\u00eame \u00e9nigme dans notre cerveau, on appelle cela le corps noir... Il faut remonter \u00e0 l'alchimie sans doute pour effleurer quelques id\u00e9es d\u00e9j\u00e0 pens\u00e9es bien en amont de nos soi-disant d\u00e9couvertes scientifiques. Je ne vais pas en dire bien plus sur ce sujet car cela m\u00e9riterait un livre entier, mais cet esprit qui nous anime est familier de Paracelse notamment, mais de bien d'autres. L'esprit primordial, ou le Grand Esprit des Am\u00e9rindiens, ou encore Dieu, nous pouvons l'appeler par de multiples noms. Cela signifie juste que nous sentons bel et bien sa pr\u00e9sence sans toutefois pouvoir d\u00e9finir scientifiquement ce que c'est. Il en va un peu de m\u00eame pour la conscience. Aujourd'hui nous vivons une \u00e9poque formidable o\u00f9 les neurosciences, les neuroscientifiques sont \u00e0 la mode. Cependant aucun ne peut non plus vraiment dire ce qu'est la conscience. Est-ce un ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9lectrique produit par le cerveau ou autre chose ? On ne peut pas encore le dire mais je penche bien s\u00fbr pour autre chose qu'une ampoule qui s'allume et s'\u00e9teint. 20 watts je crois, c'est la puissance dont le cerveau a besoin pour faire fonctionner toute la machinerie. Encore bien \u00e9trange qu'une si faible puissance puisse tant produire... De plus l'\u00e9lectricit\u00e9 dont il a besoin, il la produit lui-m\u00eame, on commence tout juste \u00e0 se pencher l\u00e0-dessus aussi. Il serait peut-\u00eatre bon de se tourner alors vers le Tibet qui pratique la m\u00e9ditation pleine conscience depuis belle lurette pour en savoir plus sur la conscience, sur l'esprit et le cerveau. Non, \u00e7a ne sera pas scientifique comme on a l'habitude de le concevoir, la belle affaire ! Pour avoir conscience de la conscience, il est n\u00e9cessaire d'avoir du recul comme de la consid\u00e9ration, ce mot formidable qui veut dire voir toutes les \u00e9toiles en m\u00eame temps. ", "image": "", "tags": [] } ] }