{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Hopper-ou-l-elegance-de-l-insignifiant.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Hopper-ou-l-elegance-de-l-insignifiant.html", "title": "Hopper, ou l'\u00e9l\u00e9gance de l'insignifiant", "date_published": "2019-11-28T08:53:39Z", "date_modified": "2025-05-26T14:50:26Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Il y a cette station-service. Seule. Presque vide. « Gas », dit le tableau. Un mot. Court. Brut. Et pourtant, tout y est.<\/p>\n

Une lumi\u00e8re diffuse, en bout de journ\u00e9e peut-\u00eatre. Rien ne bouge. Ou si peu. L\u2019homme, silhouette pench\u00e9e, affair\u00e9e \u00e0 quelque chose. Un geste quotidien. R\u00e9p\u00e9t\u00e9 mille fois. Sans int\u00e9r\u00eat. Mais regardez mieux.<\/p>\n

« Mobilegas », lit-on sur la pancarte. On pense \u00e0 P\u00e9gase. On ne sait pas pourquoi. Peut-\u00eatre \u00e0 cause du cheval. Ou de l\u2019envol. Une image qui se d\u00e9robe. Hopper ne montre rien, il sugg\u00e8re. C\u2019est sa mani\u00e8re.<\/p>\n

La sc\u00e8ne, prise trop t\u00f4t. Ou trop tard. Un peu comme une photo manqu\u00e9e. Mais volontairement. C\u2019est l\u00e0 tout l\u2019art.<\/p>\n

Il y a chez Hopper un refus. Subtil. \u00c9l\u00e9gant. De raconter. De donner un sens. Il peint l\u2019interstice. Le battement vide entre deux actions. Ce qu\u2019on ignore, d\u2019ordinaire. Ce qu\u2019on oublie.<\/p>\n

Et c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment ce qui inqui\u00e8te.<\/p>\n

L\u2019« inqui\u00e9tante \u00e9tranget\u00e9 », disait Freud. Das Unheimliche. Hitchcock, lui aussi, connaissait \u00e7a. L\u2019homme qui regarde par la fen\u00eatre. Et rien ne se passe. Pas encore. Mais on reste. On attend. Parce qu\u2019on sait. Que quelque chose va arriver.<\/p>\n

Chez Hopper, c\u2019est pareil. L\u2019\u00e9v\u00e9nement est suspendu. Juste hors champ. La tension est dans la lumi\u00e8re. Dans la fixit\u00e9. Dans l\u2019ordinaire trop scrut\u00e9.<\/p>\n

Un bureau. Une femme. Un homme. C\u2019est « La nuit au bureau ». La sc\u00e8ne pourrait \u00eatre banale. Mais elle ne l\u2019est pas. La femme regarde l\u2019homme. Ou bien c\u2019est l\u2019inverse. Cela d\u00e9pend des esquisses. Hopper h\u00e9site. Puis tranche. Mais laisse le doute.<\/p>\n

Comme dans un flip-book silencieux, les regards s\u2019animent. L\u2019un vers l\u2019autre. L\u2019un contre l\u2019autre. Et rien ne se dit.<\/p>\n

Hopper n\u2019est pas r\u00e9aliste. Il est au-del\u00e0. Il peint ce que nous n\u2019osons plus voir. Ce que nous fuyons : le banal. L\u2019ennui. L\u2019attente.<\/p>\n

Il peint notre vie. Celle que nous ne regardons jamais.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": " Il y a cette station-service. Seule. Presque vide. \"Gas\", dit le tableau. Un mot. Court. Brut. Et pourtant, tout y est. Une lumi\u00e8re diffuse, en bout de journ\u00e9e peut-\u00eatre. Rien ne bouge. Ou si peu. L\u2019homme, silhouette pench\u00e9e, affair\u00e9e \u00e0 quelque chose. Un geste quotidien. R\u00e9p\u00e9t\u00e9 mille fois. Sans int\u00e9r\u00eat. Mais regardez mieux. \"Mobilegas\", lit-on sur la pancarte. On pense \u00e0 P\u00e9gase. On ne sait pas pourquoi. Peut-\u00eatre \u00e0 cause du cheval. Ou de l\u2019envol. Une image qui se d\u00e9robe. Hopper ne montre rien, il sugg\u00e8re. C\u2019est sa mani\u00e8re. La sc\u00e8ne, prise trop t\u00f4t. Ou trop tard. Un peu comme une photo manqu\u00e9e. Mais volontairement. C\u2019est l\u00e0 tout l\u2019art. Il y a chez Hopper un refus. Subtil. \u00c9l\u00e9gant. De raconter. De donner un sens. Il peint l\u2019interstice. Le battement vide entre deux actions. Ce qu\u2019on ignore, d\u2019ordinaire. Ce qu\u2019on oublie. Et c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment ce qui inqui\u00e8te. L\u2019\u00ab inqui\u00e9tante \u00e9tranget\u00e9 \u00bb, disait Freud. Das Unheimliche. Hitchcock, lui aussi, connaissait \u00e7a. L\u2019homme qui regarde par la fen\u00eatre. Et rien ne se passe. Pas encore. Mais on reste. On attend. Parce qu\u2019on sait. Que quelque chose va arriver. Chez Hopper, c\u2019est pareil. L\u2019\u00e9v\u00e9nement est suspendu. Juste hors champ. La tension est dans la lumi\u00e8re. Dans la fixit\u00e9. Dans l\u2019ordinaire trop scrut\u00e9. Un bureau. Une femme. Un homme. C\u2019est \"La nuit au bureau\". La sc\u00e8ne pourrait \u00eatre banale. Mais elle ne l\u2019est pas. La femme regarde l\u2019homme. Ou bien c\u2019est l\u2019inverse. Cela d\u00e9pend des esquisses. Hopper h\u00e9site. Puis tranche. Mais laisse le doute. Comme dans un flip-book silencieux, les regards s\u2019animent. L\u2019un vers l\u2019autre. L\u2019un contre l\u2019autre. Et rien ne se dit. Hopper n\u2019est pas r\u00e9aliste. Il est au-del\u00e0. Il peint ce que nous n\u2019osons plus voir. Ce que nous fuyons : le banal. L\u2019ennui. L\u2019attente. Il peint notre vie. Celle que nous ne regardons jamais. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/mobile.jpg?1748270793", "tags": ["peintres", "r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/24-novembre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/24-novembre-2019.html", "title": "24 novembre 2019", "date_published": "2019-11-24T07:23:00Z", "date_modified": "2025-07-17T21:50:29Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

\u00c9crire un livre a toujours \u00e9t\u00e9 l\u00e0, une t\u00e2che de fond. J\u2019y ai renonc\u00e9, faute de forme. Roman, essais, nouvelles, autofiction — je tentais de rapprocher ma production d\u2019une forme existante. Une forme rassurante. La question revient en voyant la quantit\u00e9 de textes \u00e9crits ici. Quant \u00e0 moi, je n\u2019en sais rien. J\u2019\u00e9cris au jour le jour, comme un paysan va aux champs. Parce que c\u2019est son quotidien. Parce que sans cela, il ne peut pas vivre. Un paysan vit de peu. De l\u2019amour de son travail, d\u2019eau fra\u00eeche, et d\u2019une r\u00e9gularit\u00e9 t\u00eatue.<\/p>", "content_text": "\u00c9crire un livre a toujours \u00e9t\u00e9 l\u00e0, une t\u00e2che de fond. J\u2019y ai renonc\u00e9, faute de forme. Roman, essais, nouvelles, autofiction \u2014 je tentais de rapprocher ma production d\u2019une forme existante. Une forme rassurante. La question revient en voyant la quantit\u00e9 de textes \u00e9crits ici. Quant \u00e0 moi, je n\u2019en sais rien. J\u2019\u00e9cris au jour le jour, comme un paysan va aux champs. Parce que c\u2019est son quotidien. Parce que sans cela, il ne peut pas vivre. Un paysan vit de peu. De l\u2019amour de son travail, d\u2019eau fra\u00eeche, et d\u2019une r\u00e9gularit\u00e9 t\u00eatue. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/lu-hui-peintre.jpg?1748065124", "tags": ["\u00e9criture fragmentaire", "Autofiction et Introspection", "peintres"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-novembre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-novembre-2019.html", "title": "17 novembre 2019", "date_published": "2019-11-17T07:19:00Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

La nuit existe. Elle est en nous. On peut \u00e9clairer la ville, la rue, la maison, elle ne dispara\u00eet pas. Elle ne dispara\u00eetra jamais.<\/p>\n

Je me souviens d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9 par un texte des pr\u00e9socratiques qui soulignait l\u2019importance que certains accordaient \u00e0 la nuit. Elle \u00e9tait l\u00e0 au tout d\u00e9but, et elle sera encore l\u00e0 apr\u00e8s que toute lumi\u00e8re aura disparu.<\/p>\n

La nuit est un territoire sans limite, et ce n\u2019est pas le jour qui p\u00e2lit, \u00e0 l\u2019aube de nos soci\u00e9t\u00e9s exsangues, qui pourra imposer une barri\u00e8re s\u00fbre \u00e0 celle-ci.<\/p>\n

La barbarie, que nous rejetons depuis si longtemps, l\u2019associant inconsciemment \u00e0 la nuit de l\u2019intelligence, \u00e0 la nuit de la bienveillance, \u00e0 la nuit de la civilisation, n\u2019existe pas vraiment.<\/p>\n

Elle n\u2019a jamais vraiment exist\u00e9, pas plus que toutes ces cr\u00e9atures invraisemblables que l\u2019on attribue \u00e0 la nuit.<\/p>\n

La barbarie agit toujours en plein jour, sous un soleil \u00e9clatant, celui-l\u00e0 m\u00eame que l\u2019on ne peut regarder en face, tant il aveugle.<\/p>\n

La nuit, tous les chats sont gris. Ils rev\u00eatent l\u2019uniforme de l\u2019indistinct, de l\u2019indiff\u00e9renci\u00e9, pour entrer dans l\u2019immanence.<\/p>\n

Qu\u2019une souris passe, elle est croqu\u00e9e. Qu\u2019une femelle passe, c\u2019est une femelle comme les autres. Pas besoin d\u2019entretenir de familiarit\u00e9 ou de reconnaissance.<\/p>\n

La nuit gomme les couleurs, tout comme elle gomme les sentiments personnels, et il arrive que nous perdions ainsi nos fameux points de rep\u00e8re.<\/p>\n

\u00c0 moins que l\u2019on ne l\u00e8ve la t\u00eate et que l\u2019on se fie aux constellations. Ces lumi\u00e8res, t\u00e9moins de leur disparition depuis des mill\u00e9naires, traversent la nuit pour guider les voyageurs.<\/p>", "content_text": "La nuit existe. Elle est en nous. On peut \u00e9clairer la ville, la rue, la maison, elle ne dispara\u00eet pas. Elle ne dispara\u00eetra jamais. Je me souviens d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9 par un texte des pr\u00e9socratiques qui soulignait l\u2019importance que certains accordaient \u00e0 la nuit. Elle \u00e9tait l\u00e0 au tout d\u00e9but, et elle sera encore l\u00e0 apr\u00e8s que toute lumi\u00e8re aura disparu. La nuit est un territoire sans limite, et ce n\u2019est pas le jour qui p\u00e2lit, \u00e0 l\u2019aube de nos soci\u00e9t\u00e9s exsangues, qui pourra imposer une barri\u00e8re s\u00fbre \u00e0 celle-ci. La barbarie, que nous rejetons depuis si longtemps, l\u2019associant inconsciemment \u00e0 la nuit de l\u2019intelligence, \u00e0 la nuit de la bienveillance, \u00e0 la nuit de la civilisation, n\u2019existe pas vraiment. Elle n\u2019a jamais vraiment exist\u00e9, pas plus que toutes ces cr\u00e9atures invraisemblables que l\u2019on attribue \u00e0 la nuit. La barbarie agit toujours en plein jour, sous un soleil \u00e9clatant, celui-l\u00e0 m\u00eame que l\u2019on ne peut regarder en face, tant il aveugle. La nuit, tous les chats sont gris. Ils rev\u00eatent l\u2019uniforme de l\u2019indistinct, de l\u2019indiff\u00e9renci\u00e9, pour entrer dans l\u2019immanence. Qu\u2019une souris passe, elle est croqu\u00e9e. Qu\u2019une femelle passe, c\u2019est une femelle comme les autres. Pas besoin d\u2019entretenir de familiarit\u00e9 ou de reconnaissance. La nuit gomme les couleurs, tout comme elle gomme les sentiments personnels, et il arrive que nous perdions ainsi nos fameux points de rep\u00e8re. \u00c0 moins que l\u2019on ne l\u00e8ve la t\u00eate et que l\u2019on se fie aux constellations. Ces lumi\u00e8res, t\u00e9moins de leur disparition depuis des mill\u00e9naires, traversent la nuit pour guider les voyageurs. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0150.jpg?1748065120", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-novembre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-novembre-2019.html", "title": "15 novembre 2019", "date_published": "2019-11-15T07:13:00Z", "date_modified": "2025-07-17T21:42:44Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

J\u2019ai pris l\u2019habitude d\u2019\u00e9crire chaque jour, et souvent chaque nuit. Le jour et la nuit se confondent dans l\u2019acte d\u2019\u00e9crire. Je me creuse moins la t\u00eate qu\u2019avant. Maintenant, il me suffit d\u2019ouvrir une page blanche, de poser un mot en guise de titre, et tout s\u2019\u00e9coule. Parfois trouble, parfois vif. \u00c9crire m\u2019aide \u00e0 tenir. Cela me resserre un peu avant de m\u2019\u00e9parpiller. Parfois utile. Parfois inutile. Selon. Je ne sais pas pourquoi je passe par l\u2019\u00e9criture plut\u00f4t que par la peinture. Je pourrais faire la m\u00eame chose avec le dessin. Me dire : « Allez, \u00e0 table. » Mais je n\u2019y arrive pas. Je me dis que je ne suis ni dessinateur, ni peintre. Que j\u2019ai encore emprunt\u00e9 un personnage. Que ce personnage n\u2019est pas moi. Ces jours-ci, je me pose la question : quoi dessiner ? quoi peindre ? Un vide encore.
\nQue je tente de combler maladroitement, en remplissant d\u2019autres trous autour. L\u2019\u00e9criture est sans doute une pelle. Une pelle ou une pioche. Qui creuse, et qui comble. Un aveu. Et quand je me demande \u00e0 qui cela est adress\u00e9, je pr\u00e9f\u00e8re m\u2019extraire d\u2019un coup de la chaise et me retrouver dehors, dans la cour, \u00e0 fumer, en regardant les paquets de neige fondre,sans tenir.<\/p>", "content_text": "J\u2019ai pris l\u2019habitude d\u2019\u00e9crire chaque jour, et souvent chaque nuit. Le jour et la nuit se confondent dans l\u2019acte d\u2019\u00e9crire. Je me creuse moins la t\u00eate qu\u2019avant. Maintenant, il me suffit d\u2019ouvrir une page blanche, de poser un mot en guise de titre, et tout s\u2019\u00e9coule. Parfois trouble, parfois vif. \u00c9crire m\u2019aide \u00e0 tenir. Cela me resserre un peu avant de m\u2019\u00e9parpiller. Parfois utile. Parfois inutile. Selon. Je ne sais pas pourquoi je passe par l\u2019\u00e9criture plut\u00f4t que par la peinture. Je pourrais faire la m\u00eame chose avec le dessin. Me dire : \u00ab Allez, \u00e0 table. \u00bb Mais je n\u2019y arrive pas. Je me dis que je ne suis ni dessinateur, ni peintre. Que j\u2019ai encore emprunt\u00e9 un personnage. Que ce personnage n\u2019est pas moi. Ces jours-ci, je me pose la question : quoi dessiner ? quoi peindre ? Un vide encore. Que je tente de combler maladroitement, en remplissant d\u2019autres trous autour. L\u2019\u00e9criture est sans doute une pelle. Une pelle ou une pioche. Qui creuse, et qui comble. Un aveu. Et quand je me demande \u00e0 qui cela est adress\u00e9, je pr\u00e9f\u00e8re m\u2019extraire d\u2019un coup de la chaise et me retrouver dehors, dans la cour, \u00e0 fumer, en regardant les paquets de neige fondre,sans tenir.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0253.jpg?1748065117", "tags": ["Autofiction et Introspection", "Temporalit\u00e9 et Ruptures"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/12-novembre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/12-novembre-2019.html", "title": "12 novembre 2019", "date_published": "2019-11-12T07:02:00Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n\n\t\t\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Dans les couloirs, encore, \u00e7a remonte : « Qu\u2019est-ce qu\u2019on va devenir ? »
\nCette perp\u00e9tuelle inqui\u00e9tude, qui chasse tout, du pr\u00e9sent comme du pass\u00e9.
\nUn \u00e9lan pour s\u2019extraire des tranch\u00e9es du moment pr\u00e9sent.<\/p>\n

Pas de petit coup de gnole, non. Juste un « Qu\u2019est-ce qu\u2019on va devenir ? »,
\nEt \u00e7a repart, comme en 14.<\/p>\n

On ne peut pas savoir,
\nEt c\u2019est bien fait.
\nOn ne peut pas savoir qu\u2019\u00e0 force de cavaler
\nVers les lendemains qui chantent, ou pas,
\nOn abrutit l\u2019avenir.<\/p>\n

On l\u2019\u00e9touffe dans l\u2019\u0153uf,
\nBien proprement.<\/p>\n

Qu\u2019est-ce qu\u2019on va devenir ?
\nC\u2019est un peu qu\u2019est-ce qu\u2019on a \u00e9t\u00e9 ?
\nC\u2019est d\u00e9serter.<\/p>", "content_text": "Dans les couloirs, encore, \u00e7a remonte : \"Qu\u2019est-ce qu\u2019on va devenir ?\" Cette perp\u00e9tuelle inqui\u00e9tude, qui chasse tout, du pr\u00e9sent comme du pass\u00e9. Un \u00e9lan pour s\u2019extraire des tranch\u00e9es du moment pr\u00e9sent. Pas de petit coup de gnole, non. Juste un \"Qu\u2019est-ce qu\u2019on va devenir ?\", Et \u00e7a repart, comme en 14. On ne peut pas savoir, Et c\u2019est bien fait. On ne peut pas savoir qu\u2019\u00e0 force de cavaler Vers les lendemains qui chantent, ou pas, On abrutit l\u2019avenir. On l\u2019\u00e9touffe dans l\u2019\u0153uf, Bien proprement. Qu\u2019est-ce qu\u2019on va devenir ? C\u2019est un peu qu\u2019est-ce qu\u2019on a \u00e9t\u00e9 ? C\u2019est d\u00e9serter.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0252.jpg?1748065070", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/devenir.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/devenir.html", "title": "Devenir", "date_published": "2019-11-12T06:01:08Z", "date_modified": "2025-06-27T02:21:12Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Dans les couloirs encore \u00e7a me remonte : « qu’est-ce qu’on va devenir ? »\nCette perp\u00e9tuelle inqui\u00e9tude qui expulse tout — pr\u00e9sent, pass\u00e9 —\ncet \u00e9lan pour s’extraire des tranch\u00e9es du pr\u00e9sent.\nPas de petit coup de gnole, non. Juste un « qu’est-ce qu’on va devenir ? »\net \u00e7a repart,\ncomme en 14.\nOn ne peut pas savoir.\nEt c’est bien fait.\nOn ne peut pas savoir qu’\u00e0 force de cavaler au feu des lendemains qui chantent ou pas,\non abrutit l’avenir,\non l’\u00e9touffe dans l’\u0153uf,\nbien proprement.\n« Qu’est-ce qu’on va devenir ? »\nC’est un peu « qu’est-ce qu’on a \u00e9t\u00e9 ? »\nC’est d\u00e9serter.<\/p>\n


\n

Dans les couloirs encore \u00e7a me remonte, cette petite phrase qui creuse : « qu’est-ce qu’on va devenir ? »\nCette perp\u00e9tuelle inqui\u00e9tude qui expulse tout du pr\u00e9sent comme du pass\u00e9, cet \u00e9lan d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9 pour s’extraire des tranch\u00e9es du pr\u00e9sent, sauter par-dessus aujourd’hui pour atterrir dans un demain forc\u00e9ment meilleur.\nPas de petit coup de gnole pour faire glisser, non. Juste un « qu’est-ce qu’on va devenir ? » machinal, et \u00e7a repart, l’engrenage, comme en 14, comme toujours.\nOn ne peut pas savoir ce qui nous attend.\nEt c’est bien fait pour nos gueules.\nOn ne peut pas savoir qu’\u00e0 force de cavaler au feu des lendemains qui chantent ou qui gueulent, on abrutit l’avenir, on l’\u00e9touffe dans l’\u0153uf, bien proprement, \u00e0 coups de projections anxieuses.\n« Qu’est-ce qu’on va devenir ? »\nAu fond, c’est un peu « qu’est-ce qu’on a \u00e9t\u00e9 ? » retourn\u00e9.\nC’est d\u00e9serter le moment pr\u00e9sent.\nC’est la grande fuite en avant perp\u00e9tuelle.<\/p>\n


\nDans les couloirs : « qu’est-ce qu’on va devenir ? »\nCette inqui\u00e9tude qui expulse tout.\nCet \u00e9lan pour fuir les tranch\u00e9es du pr\u00e9sent.\nPas de gnole. Juste la phrase.\nEt \u00e7a repart.\nComme en 14.\nOn ne peut pas savoir.\nC’est bien fait.\n\u00c0 force de cavaler vers les lendemains,\non abrutit l’avenir.\nOn l’\u00e9touffe.\nProprement.\n« Qu’est-ce qu’on va devenir ? »\n= « Qu’est-ce qu’on a \u00e9t\u00e9 ? »\n= D\u00e9serter.", "content_text": " Dans les couloirs encore \u00e7a me remonte : \u00ab qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb Cette perp\u00e9tuelle inqui\u00e9tude qui expulse tout \u2014 pr\u00e9sent, pass\u00e9 \u2014 cet \u00e9lan pour s'extraire des tranch\u00e9es du pr\u00e9sent. Pas de petit coup de gnole, non. Juste un \u00ab qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb et \u00e7a repart, comme en 14. On ne peut pas savoir. Et c'est bien fait. On ne peut pas savoir qu'\u00e0 force de cavaler au feu des lendemains qui chantent ou pas, on abrutit l'avenir, on l'\u00e9touffe dans l'\u0153uf, bien proprement. \u00ab Qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb C'est un peu \u00ab qu'est-ce qu'on a \u00e9t\u00e9 ? \u00bb C'est d\u00e9serter. Dans les couloirs encore \u00e7a me remonte, cette petite phrase qui creuse : \u00ab qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb Cette perp\u00e9tuelle inqui\u00e9tude qui expulse tout du pr\u00e9sent comme du pass\u00e9, cet \u00e9lan d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9 pour s'extraire des tranch\u00e9es du pr\u00e9sent, sauter par-dessus aujourd'hui pour atterrir dans un demain forc\u00e9ment meilleur. Pas de petit coup de gnole pour faire glisser, non. Juste un \u00ab qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb machinal, et \u00e7a repart, l'engrenage, comme en 14, comme toujours. On ne peut pas savoir ce qui nous attend. Et c'est bien fait pour nos gueules. On ne peut pas savoir qu'\u00e0 force de cavaler au feu des lendemains qui chantent ou qui gueulent, on abrutit l'avenir, on l'\u00e9touffe dans l'\u0153uf, bien proprement, \u00e0 coups de projections anxieuses. \u00ab Qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb Au fond, c'est un peu \u00ab qu'est-ce qu'on a \u00e9t\u00e9 ? \u00bb retourn\u00e9. C'est d\u00e9serter le moment pr\u00e9sent. C'est la grande fuite en avant perp\u00e9tuelle. Dans les couloirs : \u00ab qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb Cette inqui\u00e9tude qui expulse tout. Cet \u00e9lan pour fuir les tranch\u00e9es du pr\u00e9sent. Pas de gnole. Juste la phrase. Et \u00e7a repart. Comme en 14. On ne peut pas savoir. C'est bien fait. \u00c0 force de cavaler vers les lendemains, on abrutit l'avenir. On l'\u00e9touffe. Proprement. \u00ab Qu'est-ce qu'on va devenir ? \u00bb = \u00ab Qu'est-ce qu'on a \u00e9t\u00e9 ? \u00bb = D\u00e9serter. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/9-novembre-2019.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/9-novembre-2019.html", "title": "9 novembre 2019", "date_published": "2019-11-09T06:55:00Z", "date_modified": "2025-02-17T02:10:24Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Tout porte \u00e0 croire,
\nMais rien n\u2019est s\u00fbr.
\nM\u2019aimeras-tu encore demain,
\nComme je t\u2019aime aujourd\u2019hui ?<\/p>\n

Cet entre-deux pour \u00eatre Un,
\nSans toi ni moi,
\nEst-ce une pr\u00e9sence,
\nOu une absence ?<\/p>\n

Laissons la question en suspens,
\nEt profitons de ces instants,
\nO\u00f9 toi et moi,
\nC\u2019est entre nous.<\/p>\n

Plongeons dans ce naufrage,
\nPr\u00e9m\u00e9dit\u00e9 de l\u2019\u00eele.<\/p>\n

Tout porte \u00e0 croire,
\nMais rien n\u2019est s\u00fbr.
\nEt nos absences respectives
\nRempliront nos regards,
\nRedonnant \u00e0 la pr\u00e9sence de nos 20 ans
\nL\u2019amer secret
\nDes esp\u00e9rances.<\/p>", "content_text": "Tout porte \u00e0 croire, Mais rien n\u2019est s\u00fbr. M\u2019aimeras-tu encore demain, Comme je t\u2019aime aujourd\u2019hui ? Cet entre-deux pour \u00eatre Un, Sans toi ni moi, Est-ce une pr\u00e9sence, Ou une absence ? Laissons la question en suspens, Et profitons de ces instants, O\u00f9 toi et moi, C\u2019est entre nous. Plongeons dans ce naufrage, Pr\u00e9m\u00e9dit\u00e9 de l\u2019\u00eele. Tout porte \u00e0 croire, Mais rien n\u2019est s\u00fbr. Et nos absences respectives Rempliront nos regards, Redonnant \u00e0 la pr\u00e9sence de nos 20 ans L\u2019amer secret Des esp\u00e9rances.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/femme-en-rouge-1.jpg?1748065082", "tags": ["Autofiction et Introspection", "Temporalit\u00e9 et Ruptures", "Esth\u00e9tique et Exp\u00e9rience Sensorielle"] } ] }