{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/31-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/31-mars-2024.html", "title": "31 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T07:12:53Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Exorcis\u00e9, il s\u2019affale : Le voici, regardez \u00e7a, plus qu\u2019une baudruche vide d\u2019air, une enveloppe sans lettre sans adresse ni timbre. Le ciel bas gros de pluie, au-dessus d\u2019une caboche vide ; on le voit encore, il marche un peu courb\u00e9, c\u2019est presque un vieillard. Tout ce qu\u2019il peut dire \u00e0 pr\u00e9sent n\u2019est plus que fadaises, imbroglio, bribes de phrase dans importance. A outrepasser les limites il n\u2019est plus d\u2019aucune race, d\u2019 aucune esp\u00e8ce, paria de l\u2019univers, un insens\u00e9.<\/p>\n

Bien s\u00fbr cette d\u00e9faite est le reflet exact d\u2019un ancien fantasme. Une inversion salutaire. Il ignore encore \u00e0 quel point elle est salutaire.<\/p>\n

Hier, P.M. parle de la n\u00e9cessit\u00e9 de s\u2019en remettre \u00e0 un grand Tiers, Dieu, l\u2019Esp\u00e8ce, le Chocolat. Cette n\u00e9cessit\u00e9 sans quoi le mensonge ne dit pas la v\u00e9rit\u00e9. Cette n\u00e9cessit\u00e9 sans laquelle le mensonge serait un narcisse au bord d\u2019un \u00e9tang, un narcisse parmi d\u2019autres que le miroir de l\u2019\u00e9tang renvoie \u00e0 sa propre adulation ou d\u00e9testation, toutes deux erron\u00e9es.<\/p>\n

Et puis je me suis encore dissip\u00e9 dans une prostration famili\u00e8re. Sans doute parce qu\u2019on ne peut se passer de familier. Quoiqu\u2019on dise ou fasse afin de vouloir s\u2019en d\u00e9faire, elle s\u2019insinue depuis notre point le plus l\u00e2che, le plus faible. C\u2019est cette familiarit\u00e9 qu\u2019on veut ignorer qui peut aussi emprunter le visage du grand Vide, du grand Absent, du grand Soi.<\/p>\n

Le bureau est rest\u00e9 vide. Un parquet flambant neuf, ou presque. Comment ranger cette pi\u00e8ce vide maintenant est la question qui demeure, depuis deux jours ; en suspens. Des \u00e9tag\u00e8res, des casiers, des meubles assez vus ont \u00e9t\u00e9 descendus. Certains prendront la route de la d\u00e9chetterie, d\u2019autres de l\u2019Atelier.<\/p>\n

Sur le grand lit de la chambre d\u2019amis des piles de dossiers, des livres, des caisses encore bourr\u00e9es de c\u00e2bles, de cordons informatiques. Je n\u2019avais pas song\u00e9 avant de l\u2019\u00e9crire sous ces quelques lignes que ce pouvait \u00eatre l\u2019occasion d\u2019un changement v\u00e9ritable, mort et renouveau.<\/p>\n

J\u2019avais repouss\u00e9 le moment, sans doute parce qu\u2019en lisant une biographie d\u2019Henry Miller , \u00e0 l\u2019\u00e2ge de quarante ans, je m\u2019\u00e9tais dit que j\u2019avais encore beaucoup de temps pour me mettre \u00e0 lire vraiment. Toujours peur qu\u2019il soit trop tard ; et en m\u00eame temps ce jeu avec sa propre peur ; Et aujourd\u2019hui peur encore, qu\u2019il ne me reste plus suffisamment de temps pour lire d\u2019une fa\u00e7on in\u00e9dite, une phrase \u00e0 la fois et surtout d\u00e9couvrir ce grand Tiers \u00e0 la man\u0153uvre entre chaque signe de ponctuation, entre chaque silence. M\u00eame mort peut-on encore par, ce myst\u00e9rieux effet d »inertie, \u00eatre toujours si press\u00e9 de se rendre au bas d\u2019une page ?<\/p>\n

Il y a ainsi des attaches d\u2019une existence l\u2019autre, ce qu\u2019on nomme le pass\u00e9, aussi collantes et donc aga\u00e7antes, que de la bande Velcro<\/p>\n

Ce matin je me r\u00e9jouis de l\u2019anomalie qui emp\u00eacha de publier ce texte sur le nouveau cycle d\u2019\u00e9criture. C\u2019est que ce n\u2019\u00e9tait pas assez bon voil\u00e0 tout. On cherche des signes un peu partout quand on est insignifiant \u00e0 ce point.<\/p>\n

Cela m\u2019a permis d\u2019en \u00e9crire deux autres totalement diff\u00e9rents, comme si la diff\u00e9rence \u00e9tait pour moi la seul fa\u00e7on de remonter une pente. Pour le moment je les conserve \u00e0 l\u2019\u00e9tat de brouillon sur ce blog. Peut-\u00eatre que le changement s\u2019op\u00e8re ici aussi, dans la g\u00eane de publier ce dont je ne suis plus tr\u00e8s s\u00fbr. Dans l\u2019id\u00e9e aussi d\u2019un travail qu\u2019il faut mener plus loin. Id\u00e9e d\u00e9testable entre toutes mais dont le fait qu\u2019elle me r\u00e9pugne m\u2019oblige \u00e0 reconsid\u00e9rer la r\u00e9pugnance toute enti\u00e8re.<\/p>", "content_text": "Exorcis\u00e9, il s\u2019affale: Le voici, regardez \u00e7a, plus qu\u2019une baudruche vide d\u2019air, une enveloppe sans lettre sans adresse ni timbre. Le ciel bas gros de pluie, au-dessus d\u2019une caboche vide ; on le voit encore, il marche un peu courb\u00e9, c\u2019est presque un vieillard. Tout ce qu\u2019il peut dire \u00e0 pr\u00e9sent n\u2019est plus que fadaises, imbroglio, bribes de phrase dans importance. A outrepasser les limites il n\u2019est plus d\u2019aucune race, d\u2019 aucune esp\u00e8ce, paria de l\u2019univers, un insens\u00e9. Bien s\u00fbr cette d\u00e9faite est le reflet exact d\u2019un ancien fantasme. Une inversion salutaire. Il ignore encore \u00e0 quel point elle est salutaire. Hier, P.M. parle de la n\u00e9cessit\u00e9 de s\u2019en remettre \u00e0 un grand Tiers, Dieu, l\u2019Esp\u00e8ce, le Chocolat. Cette n\u00e9cessit\u00e9 sans quoi le mensonge ne dit pas la v\u00e9rit\u00e9. Cette n\u00e9cessit\u00e9 sans laquelle le mensonge serait un narcisse au bord d\u2019un \u00e9tang, un narcisse parmi d\u2019autres que le miroir de l\u2019\u00e9tang renvoie \u00e0 sa propre adulation ou d\u00e9testation, toutes deux erron\u00e9es. Et puis je me suis encore dissip\u00e9 dans une prostration famili\u00e8re. Sans doute parce qu\u2019on ne peut se passer de familier. Quoiqu\u2019on dise ou fasse afin de vouloir s\u2019en d\u00e9faire, elle s\u2019insinue depuis notre point le plus l\u00e2che, le plus faible. C\u2019est cette familiarit\u00e9 qu\u2019on veut ignorer qui peut aussi emprunter le visage du grand Vide, du grand Absent, du grand Soi. Le bureau est rest\u00e9 vide. Un parquet flambant neuf, ou presque. Comment ranger cette pi\u00e8ce vide maintenant est la question qui demeure, depuis deux jours; en suspens. Des \u00e9tag\u00e8res, des casiers, des meubles assez vus ont \u00e9t\u00e9 descendus. Certains prendront la route de la d\u00e9chetterie, d\u2019autres de l\u2019Atelier. Sur le grand lit de la chambre d\u2019amis des piles de dossiers, des livres, des caisses encore bourr\u00e9es de c\u00e2bles, de cordons informatiques. Je n\u2019avais pas song\u00e9 avant de l\u2019\u00e9crire sous ces quelques lignes que ce pouvait \u00eatre l\u2019occasion d\u2019un changement v\u00e9ritable, mort et renouveau. J\u2019avais repouss\u00e9 le moment, sans doute parce qu\u2019en lisant une biographie d\u2019Henry Miller , \u00e0 l\u2019\u00e2ge de quarante ans, je m\u2019\u00e9tais dit que j\u2019avais encore beaucoup de temps pour me mettre \u00e0 lire vraiment. Toujours peur qu\u2019il soit trop tard; et en m\u00eame temps ce jeu avec sa propre peur ; Et aujourd\u2019hui peur encore, qu\u2019il ne me reste plus suffisamment de temps pour lire d\u2019une fa\u00e7on in\u00e9dite, une phrase \u00e0 la fois et surtout d\u00e9couvrir ce grand Tiers \u00e0 la man\u0153uvre entre chaque signe de ponctuation, entre chaque silence. M\u00eame mort peut-on encore par, ce myst\u00e9rieux effet d \u00bbinertie, \u00eatre toujours si press\u00e9 de se rendre au bas d\u2019une page ? Il y a ainsi des attaches d\u2019une existence l\u2019autre, ce qu\u2019on nomme le pass\u00e9, aussi collantes et donc aga\u00e7antes, que de la bande Velcro Ce matin je me r\u00e9jouis de l\u2019anomalie qui emp\u00eacha de publier ce texte sur le nouveau cycle d\u2019\u00e9criture. C\u2019est que ce n\u2019\u00e9tait pas assez bon voil\u00e0 tout. On cherche des signes un peu partout quand on est insignifiant \u00e0 ce point. Cela m\u2019a permis d\u2019en \u00e9crire deux autres totalement diff\u00e9rents, comme si la diff\u00e9rence \u00e9tait pour moi la seul fa\u00e7on de remonter une pente. Pour le moment je les conserve \u00e0 l\u2019\u00e9tat de brouillon sur ce blog. Peut-\u00eatre que le changement s\u2019op\u00e8re ici aussi, dans la g\u00eane de publier ce dont je ne suis plus tr\u00e8s s\u00fbr. Dans l\u2019id\u00e9e aussi d\u2019un travail qu\u2019il faut mener plus loin. Id\u00e9e d\u00e9testable entre toutes mais dont le fait qu\u2019elle me r\u00e9pugne m\u2019oblige \u00e0 reconsid\u00e9rer la r\u00e9pugnance toute enti\u00e8re. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_9773.jpg?1748065064", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30-mars-2024.html", "title": "30 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:58:45Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Je recopie des textes de 2022. Sans enthousiasme. Peut-\u00eatre qu\u2019il faudra avoir le r\u00e9flexe de tout effacer au dernier moment, ne rien laisser, pas la moindre trace de ces b\u00eatises. Et je ne vois pas de Max \u00e0 l\u2019entour qui l\u2019emp\u00eacherait, qui sauverait tout cela. Ce sentiment double de joie et de d\u00e9sespoir que procure l\u2019\u00e9criture, et cette obstination \u00e0 persister. Comme le fameux K qui veut rencontrer le ma\u00eetre du Ch\u00e2teau, alors qu\u2019il sait d\u00e9j\u00e0 pertinemment que c\u2019est impossible. Que cette impossibilit\u00e9 fonde tout le texte. Prendre de la distance par tous les moyens possibles entre ce moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris et cet autre o\u00f9 le texte se publie est d\u00e9j\u00e0 une action mise en place. Le but semble pratique \u00e0 l\u2019origine, de ne pas me retrouver \u00e0 cours de texte pour conserver le rythme des publications quotidiennes auxquelles je veux, pour des raisons assez obscures, me plier. Mais je crois qu\u2019il y a plus qu\u2019un aspect pratique \u00e0 planifier ainsi ces publications dans l\u2019avenir. Une fa\u00e7on de prendre une distance aussi, comme malgr\u00e9 moi, comme \u00e0 regret aussi bien souvent. C\u2019est \u00e0 dire une injonction silencieuse \u00e0 me d\u00e9tacher ainsi de l\u2019imm\u00e9diate jouissance d\u2019\u00e9crire et de publier tout de go. Ce qui me rappelle \u00e0 quel point je suis d\u2019une lenteur d\u00e9sesp\u00e9rante alors que je m\u2019imagine souvent, ou je me suis imagin\u00e9 plut\u00f4t tout le contraire.<\/p>\n

Un nouveau cycle d\u2019\u00e9criture sur la nouvelle avec F. Qui ne commence pas bien puisque je ne suis pas parvenu \u00e0 publier sur la plateforme collective ce prologue, sorte de collection de post-it concernant l\u2019art de ranger ses livres. J\u2019y ai tout de suite vu comme un signe. Un signe que je ne devais sans doute plus participer \u00e0 cet ensemble. Que je devais m\u2019en \u00e9loigner, de cela aussi. Aussi je n\u2019ai pas cherch\u00e9 trop loin les raisons de l\u2019obstacle. J\u2019ai referm\u00e9 le site et j\u2019ai continu\u00e9 ma journ\u00e9e sans m\u00eame y repenser. C\u2019est maintenant que j\u2019\u00e9cris ces lignes que je veux bien m\u2019en souvenir ; que je retrouve le m\u00eame tiraillement entre le fait de participer ou de ne pas participer \u00e0 cette nouvelle aventure collective. Ce m\u00eame tiraillement entre la joie et le d\u00e9pit.<\/p>\n

La hantise du bavardage voire du ragot, de la m\u00e9disance, enfin, d\u2019une certaine bassesse qui s\u2019\u00e9crit parfois avec une extr\u00eame facilit\u00e9. C\u2019est ce dont je ne voudrais pas. Mais qui ne me l\u00e2che pas la jambe comme un roquet. Quelle image de l\u2019\u00e9criture ai-je donc qui la place sur un plan irr\u00e9el, une \u00e9l\u00e9gance inatteignable parce que pour se poursuivre elle n\u00e9cessite justement de ne jamais toucher au but.<\/p>\n

Toutes ces pens\u00e9es, confondues avec des m\u00e9diations et qui ne sont en somme que ruminations ne font pas un sujet d\u2019\u00e9criture. A moins de poss\u00e9der le g\u00e9nie d\u2019un Gogol, d\u2019un Dosto\u00efevski. Je repense \u00e0 cette nouvelle o\u00f9 un employ\u00e9 se rend chaque jour \u00e0 son bureau en empruntant la perspective Nevsky \u00e0 Saint P\u00e9tersbourg et qui maugr\u00e9e contre un homme, toujours le m\u00eame qui ne lui c\u00e8de pas le passage. Toute la nouvelle est fond\u00e9e sur la rumination de cet homme, sur son ressentiment, sur cette envie de vengeance, de prendre une revanche. Je n\u2019aimerais pas \u00eatre cet homme l\u00e0, et pourtant \u00e0 bien y penser en grande partie je le suis, bien sur que je le suis. C\u2019est exactement l\u00e0 o\u00f9 je perds le principal de mon temps.<\/p>\n

Quelle image de l\u2019\u00e9crivain n\u2019ai-je encore pas d\u00e9truite en moi que je ne puisse \u00e9crire encore comme je veux \u00e9crire du fond de moi-m\u00eame. Et comment \u00e9crire ce genre de chose sans passer pour un idiot fini. Comment le publier au regard des autres comme pour dire voyez ce que je suis, je ne suis que \u00e7a, rien d\u2019autre, et je suis tout \u00e0 fait d\u2019accord avec vos observations les plus acerbes \u00e0 mon encontre. Puis soudain ce retrait qui m\u2019entraine \u00e0 vouloir tout biffer, tout effacer, tout d\u00e9truire, pour m\u2019enterrer tout seul au plus profond d\u2019une solitude dont je ne pourrai jamais m\u00eame si j\u2019y mets de la bonne volont\u00e9, ressortir. L\u2019exp\u00e9rience de ce blog est enrichissante par son envers ; On imagine s\u2019\u00e9lancer vers le monde en publiant des articles qui veulent dire une v\u00e9rit\u00e9 puis on comprend que cette v\u00e9rit\u00e9 ne regarde que soi, qu\u2019elle n\u2019int\u00e9resse personne d\u2019autre, pas m\u00eame ceux qui parfois sont mine de s\u2019y int\u00e9resser. D\u2019ailleurs le temps, la distance, la r\u00e9gularit\u00e9 finissent, en creusant l\u2019\u00e9cart avec une certaine volatilit\u00e9 des lectures des lecteurs \u00e0 nous permettre de poser le doigt sur quelque chose de tr\u00e8s sp\u00e9cial : ce trou que l\u2019on creuse comme une tombe, et dont on n\u2019aimerait pas qu\u2019il s\u2019ach\u00e8ve en mausol\u00e9e.<\/p>", "content_text": "Je recopie des textes de 2022. Sans enthousiasme. Peut-\u00eatre qu\u2019il faudra avoir le r\u00e9flexe de tout effacer au dernier moment, ne rien laisser, pas la moindre trace de ces b\u00eatises. Et je ne vois pas de Max \u00e0 l\u2019entour qui l\u2019emp\u00eacherait, qui sauverait tout cela. Ce sentiment double de joie et de d\u00e9sespoir que procure l\u2019\u00e9criture, et cette obstination \u00e0 persister. Comme le fameux K qui veut rencontrer le ma\u00eetre du Ch\u00e2teau, alors qu\u2019il sait d\u00e9j\u00e0 pertinemment que c\u2019est impossible. Que cette impossibilit\u00e9 fonde tout le texte. Prendre de la distance par tous les moyens possibles entre ce moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris et cet autre o\u00f9 le texte se publie est d\u00e9j\u00e0 une action mise en place. Le but semble pratique \u00e0 l\u2019origine, de ne pas me retrouver \u00e0 cours de texte pour conserver le rythme des publications quotidiennes auxquelles je veux, pour des raisons assez obscures, me plier. Mais je crois qu\u2019il y a plus qu\u2019un aspect pratique \u00e0 planifier ainsi ces publications dans l\u2019avenir. Une fa\u00e7on de prendre une distance aussi, comme malgr\u00e9 moi, comme \u00e0 regret aussi bien souvent. C\u2019est \u00e0 dire une injonction silencieuse \u00e0 me d\u00e9tacher ainsi de l\u2019imm\u00e9diate jouissance d\u2019\u00e9crire et de publier tout de go. Ce qui me rappelle \u00e0 quel point je suis d\u2019une lenteur d\u00e9sesp\u00e9rante alors que je m\u2019imagine souvent, ou je me suis imagin\u00e9 plut\u00f4t tout le contraire. Un nouveau cycle d\u2019\u00e9criture sur la nouvelle avec F. Qui ne commence pas bien puisque je ne suis pas parvenu \u00e0 publier sur la plateforme collective ce prologue, sorte de collection de post-it concernant l\u2019art de ranger ses livres. J\u2019y ai tout de suite vu comme un signe. Un signe que je ne devais sans doute plus participer \u00e0 cet ensemble. Que je devais m\u2019en \u00e9loigner, de cela aussi. Aussi je n\u2019ai pas cherch\u00e9 trop loin les raisons de l\u2019obstacle. J\u2019ai referm\u00e9 le site et j\u2019ai continu\u00e9 ma journ\u00e9e sans m\u00eame y repenser. C\u2019est maintenant que j\u2019\u00e9cris ces lignes que je veux bien m\u2019en souvenir ; que je retrouve le m\u00eame tiraillement entre le fait de participer ou de ne pas participer \u00e0 cette nouvelle aventure collective. Ce m\u00eame tiraillement entre la joie et le d\u00e9pit. La hantise du bavardage voire du ragot, de la m\u00e9disance, enfin, d\u2019une certaine bassesse qui s\u2019\u00e9crit parfois avec une extr\u00eame facilit\u00e9. C\u2019est ce dont je ne voudrais pas. Mais qui ne me l\u00e2che pas la jambe comme un roquet. Quelle image de l\u2019\u00e9criture ai-je donc qui la place sur un plan irr\u00e9el, une \u00e9l\u00e9gance inatteignable parce que pour se poursuivre elle n\u00e9cessite justement de ne jamais toucher au but. Toutes ces pens\u00e9es, confondues avec des m\u00e9diations et qui ne sont en somme que ruminations ne font pas un sujet d\u2019\u00e9criture. A moins de poss\u00e9der le g\u00e9nie d\u2019un Gogol, d\u2019un Dosto\u00efevski. Je repense \u00e0 cette nouvelle o\u00f9 un employ\u00e9 se rend chaque jour \u00e0 son bureau en empruntant la perspective Nevsky \u00e0 Saint P\u00e9tersbourg et qui maugr\u00e9e contre un homme, toujours le m\u00eame qui ne lui c\u00e8de pas le passage. Toute la nouvelle est fond\u00e9e sur la rumination de cet homme, sur son ressentiment, sur cette envie de vengeance, de prendre une revanche. Je n\u2019aimerais pas \u00eatre cet homme l\u00e0, et pourtant \u00e0 bien y penser en grande partie je le suis, bien sur que je le suis. C\u2019est exactement l\u00e0 o\u00f9 je perds le principal de mon temps. Quelle image de l\u2019\u00e9crivain n\u2019ai-je encore pas d\u00e9truite en moi que je ne puisse \u00e9crire encore comme je veux \u00e9crire du fond de moi-m\u00eame. Et comment \u00e9crire ce genre de chose sans passer pour un idiot fini. Comment le publier au regard des autres comme pour dire voyez ce que je suis, je ne suis que \u00e7a, rien d\u2019autre, et je suis tout \u00e0 fait d\u2019accord avec vos observations les plus acerbes \u00e0 mon encontre. Puis soudain ce retrait qui m\u2019entraine \u00e0 vouloir tout biffer, tout effacer, tout d\u00e9truire, pour m\u2019enterrer tout seul au plus profond d\u2019une solitude dont je ne pourrai jamais m\u00eame si j\u2019y mets de la bonne volont\u00e9, ressortir. L\u2019exp\u00e9rience de ce blog est enrichissante par son envers; On imagine s\u2019\u00e9lancer vers le monde en publiant des articles qui veulent dire une v\u00e9rit\u00e9 puis on comprend que cette v\u00e9rit\u00e9 ne regarde que soi, qu\u2019elle n\u2019int\u00e9resse personne d\u2019autre, pas m\u00eame ceux qui parfois sont mine de s\u2019y int\u00e9resser. D\u2019ailleurs le temps, la distance, la r\u00e9gularit\u00e9 finissent, en creusant l\u2019\u00e9cart avec une certaine volatilit\u00e9 des lectures des lecteurs \u00e0 nous permettre de poser le doigt sur quelque chose de tr\u00e8s sp\u00e9cial : ce trou que l\u2019on creuse comme une tombe, et dont on n\u2019aimerait pas qu\u2019il s\u2019ach\u00e8ve en mausol\u00e9e.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j_209.jpg?1748065192", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29-mars-2024.html", "title": "29 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:57:48Z", "date_modified": "2025-09-18T15:40:48Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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La route est longue pour Tipperary, d\u2019ailleurs c\u2019est marqu\u00e9 sur le panneau de la ville d\u00e9sormais, et c\u2019est de l\u2019humour irlandais, pas tout \u00e0 fait le m\u00eame que le british, enfin c\u2019est sens\u00e9 \u00eatre marrant tout de m\u00eame. Qu\u2019est-ce qui a bien pu prendre \u00e0 Jack de chanter cette chanson en 1912 ; en 14 elle deviendra un chant guerrier ; il faut se m\u00e9fier de ce que l\u2019on \u00e9crit comme de ce que l\u2019on chante ; que ce soit pour se rendre \u00e0 Tipperary ou ailleurs. G. \u00e9tait bien content ; \u00e7a se voyait ; il dansait litt\u00e9ralement au beau milieu de la grande salle de l\u2019exposition son tas de papiers dans les mains ; une vingtaine de personnes \u00e9taient arriv\u00e9es quelques minutes auparavant ; on n\u2019y croyait m\u00eame plus ; il avait tout pr\u00e9par\u00e9 aux petits oignons ; gr\u00e2ce aux photos et vid\u00e9os que je lui avais envoy\u00e9es ; r\u00e9glage fin, 15 minutes chrono, 15 tableaux, un texte par tableau. Ensuite nous sommes revenus aux « Gourmands disent » rue Brossolette ; une entrec\u00f4te \u00e9norme ; je note en passant la bonne id\u00e9e de remplacer les frites par des navets en tranches comme accompagnement. G. me propose que nous r\u00e9it\u00e9rions en octobre prochain notre collaboration picturo-po\u00e9tique ; Ce sera au-del\u00e0 d\u2019Albertville, vers Moutiers, dans un village o\u00f9 vit S.B l\u2019actrice et son compagnon musicien c\u00e9l\u00e8bre de Jazz, qui sont d\u2019ailleurs des amis de notre futur h\u00f4te ; c\u2019est loin octobre je me suis dit ; est-ce que je serais encore vivant en octobre tout de suite apr\u00e8s. C. n\u2019a pas dit grand-chose, elle \u00e9tait tr\u00e8s calme ; ce qui l\u2019a change du tout au tout. Ils partent en voyage en Europe centrale cet \u00e9t\u00e9 \u00e0 la rencontre des personnes rencontr\u00e9es sur MyHeritage ; avec une carte Interrail. Ce qui me rappelle notre projet avort\u00e9 de nous rendre S. et moi, en Estonie, presque aussit\u00f4t. Ce journal est avant tout un journal. Il faut que je note des faits divers. Les \u00e9lucubrations litt\u00e9raires ou pseudo intellectuelles sont de trop. Ce qui peut me fournir une piste de relecture \u00e9ventuelle. En supprimant tout ce qui n\u2019est pas du fait brut, une bonne cure d\u2019amincissement. Le temps ne compte pas. Parfois je me retourne je me dis \u00e7a fait combien de temps mais le temps ne compte pas. Tout ce qui compte c\u2019est de faire le job chaque matin. Cette journ\u00e9e de dimanche s\u2019av\u00e8re d\u00e9j\u00e0 \u00e9puisante ; il faut vider tout le bureau et retirer les lattes du parquet afin que N. puisse le refaire \u00e0 neuf avec les anciennes lames de l\u2019ancien parquet de la cuisine ; celles qui n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 d\u00e9form\u00e9es par l\u2019inondation. Mais en m\u2019organisant bien cela ne devrait pas me prendre plus que la matin\u00e9e, ensuite si j\u2019ai fini avant 11h, je peux m\u00eame pr\u00e9voir un voyage \u00e0 la d\u00e9chetterie pour finir l\u2019affaire en beaut\u00e9.<\/p>", "content_text": "La route est longue pour Tipperary, d\u2019ailleurs c\u2019est marqu\u00e9 sur le panneau de la ville d\u00e9sormais, et c\u2019est de l\u2019humour irlandais, pas tout \u00e0 fait le m\u00eame que le british, enfin c\u2019est sens\u00e9 \u00eatre marrant tout de m\u00eame. Qu\u2019est-ce qui a bien pu prendre \u00e0 Jack de chanter cette chanson en 1912 ; en 14 elle deviendra un chant guerrier ; il faut se m\u00e9fier de ce que l\u2019on \u00e9crit comme de ce que l\u2019on chante ; que ce soit pour se rendre \u00e0 Tipperary ou ailleurs. G. \u00e9tait bien content ; \u00e7a se voyait ; il dansait litt\u00e9ralement au beau milieu de la grande salle de l\u2019exposition son tas de papiers dans les mains ; une vingtaine de personnes \u00e9taient arriv\u00e9es quelques minutes auparavant ; on n\u2019y croyait m\u00eame plus ; il avait tout pr\u00e9par\u00e9 aux petits oignons ; gr\u00e2ce aux photos et vid\u00e9os que je lui avais envoy\u00e9es ; r\u00e9glage fin, 15 minutes chrono, 15 tableaux, un texte par tableau. Ensuite nous sommes revenus aux \u00ab Gourmands disent \u00bb rue Brossolette ; une entrec\u00f4te \u00e9norme ; je note en passant la bonne id\u00e9e de remplacer les frites par des navets en tranches comme accompagnement. G. me propose que nous r\u00e9it\u00e9rions en octobre prochain notre collaboration picturo-po\u00e9tique ; Ce sera au-del\u00e0 d\u2019Albertville, vers Moutiers, dans un village o\u00f9 vit S.B l\u2019actrice et son compagnon musicien c\u00e9l\u00e8bre de Jazz, qui sont d\u2019ailleurs des amis de notre futur h\u00f4te ; c\u2019est loin octobre je me suis dit ; est-ce que je serais encore vivant en octobre tout de suite apr\u00e8s. C. n\u2019a pas dit grand-chose, elle \u00e9tait tr\u00e8s calme ; ce qui l\u2019a change du tout au tout. Ils partent en voyage en Europe centrale cet \u00e9t\u00e9 \u00e0 la rencontre des personnes rencontr\u00e9es sur MyHeritage ; avec une carte Interrail. Ce qui me rappelle notre projet avort\u00e9 de nous rendre S. et moi, en Estonie, presque aussit\u00f4t. Ce journal est avant tout un journal. Il faut que je note des faits divers. Les \u00e9lucubrations litt\u00e9raires ou pseudo intellectuelles sont de trop. Ce qui peut me fournir une piste de relecture \u00e9ventuelle. En supprimant tout ce qui n\u2019est pas du fait brut, une bonne cure d\u2019amincissement. Le temps ne compte pas. Parfois je me retourne je me dis \u00e7a fait combien de temps mais le temps ne compte pas. Tout ce qui compte c\u2019est de faire le job chaque matin. Cette journ\u00e9e de dimanche s\u2019av\u00e8re d\u00e9j\u00e0 \u00e9puisante ; il faut vider tout le bureau et retirer les lattes du parquet afin que N. puisse le refaire \u00e0 neuf avec les anciennes lames de l\u2019ancien parquet de la cuisine ; celles qui n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 d\u00e9form\u00e9es par l\u2019inondation. Mais en m\u2019organisant bien cela ne devrait pas me prendre plus que la matin\u00e9e, ensuite si j\u2019ai fini avant 11h, je peux m\u00eame pr\u00e9voir un voyage \u00e0 la d\u00e9chetterie pour finir l\u2019affaire en beaut\u00e9. 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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Le pr\u00e9texte du sujet, cette commodit\u00e9 de l\u2019histoire, cette distraction, l\u2019ensemble permet de dire \u00e0 peu pr\u00e8s tout et son contraire, dans un roman par exemple, et dans un stage de peinture aussi. Encore ce po\u00e8me d\u2019Aragon qui d\u00e9cid\u00e9ment me hante. Celui qui croyait au ciel \/celui qui n\u2019y croyait pas \/ tous deux adoraient la belle \/ prisonni\u00e8re des soldats. Avec le recul l\u2019ensemble est n\u00e9cessaire. Autrement dit pour tous les go\u00fbts. Et rien \u00e0 y redire puisque l\u2019ensemble est peut-\u00eatre la seule r\u00e9alit\u00e9 vraie. C\u2019est de l\u2019\u00eatre o\u00f9 il n\u2019est pas question d\u2019avoir. Il n\u2019y a de bataille que dans la t\u00eate, car tout est \u00e0 la fois fictif et v\u00e9ridique, le passage \u00e0 l\u2019acte vient de cette ignorance crasse qui pousse \u00e0 esp\u00e9rer un dehors, un au-del\u00e0. Est-ce que lorsqu\u2019on est mort on rit de tout cela ? , j\u2019y pense souvent. Comme si \u00eatre mort \u00e9cartait soudain tous les doutes, comme si la seule v\u00e9rit\u00e9 tangible, ind\u00e9niable \u00e9tait la mort d\u2019un \u00eatre que ce soit soi ou un autre pas d\u2019importance, la fosse commune devient l\u2019aboutissement. Et le ridicule des \u00e9pitaphes, l\u2019obsession de distinction des mausol\u00e9es, des chapelles et autres c\u00e9notaphes tout cela n\u2019est que du vide destin\u00e9 \u00e0 s\u2019opposer au plein encore et encore, en vain. Souvent j\u2019en appelle \u00e0 la mort ( sans rire ) c\u2019est la seule esp\u00e9rance qui ne me semble pas vaine puisque le fait semble in\u00e9luctable. Mourir et enfin voir tout cet ensemble, mourir et esp\u00e9rer que tout rentre enfin dans l\u2019ordre comme la poussi\u00e8re retourne \u00e0 la poussi\u00e8re. Rien d\u2019effrayant \u00e0 y penser, rien de d\u00e9sopilant non plus. C\u2019est affronter une capacit\u00e9 de soi capable ( ou non ) de consid\u00e9rer le myst\u00e8re, \u00e0 ne pas se laisser berner de trop par cette id\u00e9e que repr\u00e9sente le myst\u00e8re, cette peur et ce d\u00e9sir qu\u2019elle provoque instantan\u00e9ment. Mais ce n\u2019est toujours qu\u2019une id\u00e9e destin\u00e9e surtout \u00e0 anticiper le fait.<\/p>", "content_text": "Le pr\u00e9texte du sujet, cette commodit\u00e9 de l\u2019histoire, cette distraction, l\u2019ensemble permet de dire \u00e0 peu pr\u00e8s tout et son contraire, dans un roman par exemple, et dans un stage de peinture aussi. Encore ce po\u00e8me d\u2019Aragon qui d\u00e9cid\u00e9ment me hante. Celui qui croyait au ciel \/celui qui n\u2019y croyait pas \/ tous deux adoraient la belle \/ prisonni\u00e8re des soldats. Avec le recul l\u2019ensemble est n\u00e9cessaire. Autrement dit pour tous les go\u00fbts. Et rien \u00e0 y redire puisque l\u2019ensemble est peut-\u00eatre la seule r\u00e9alit\u00e9 vraie. C\u2019est de l\u2019\u00eatre o\u00f9 il n\u2019est pas question d\u2019avoir. Il n\u2019y a de bataille que dans la t\u00eate, car tout est \u00e0 la fois fictif et v\u00e9ridique, le passage \u00e0 l\u2019acte vient de cette ignorance crasse qui pousse \u00e0 esp\u00e9rer un dehors, un au-del\u00e0. Est-ce que lorsqu\u2019on est mort on rit de tout cela ? , j\u2019y pense souvent. Comme si \u00eatre mort \u00e9cartait soudain tous les doutes, comme si la seule v\u00e9rit\u00e9 tangible, ind\u00e9niable \u00e9tait la mort d\u2019un \u00eatre que ce soit soi ou un autre pas d\u2019importance, la fosse commune devient l\u2019aboutissement. Et le ridicule des \u00e9pitaphes, l\u2019obsession de distinction des mausol\u00e9es, des chapelles et autres c\u00e9notaphes tout cela n\u2019est que du vide destin\u00e9 \u00e0 s\u2019opposer au plein encore et encore, en vain. Souvent j\u2019en appelle \u00e0 la mort ( sans rire ) c\u2019est la seule esp\u00e9rance qui ne me semble pas vaine puisque le fait semble in\u00e9luctable. Mourir et enfin voir tout cet ensemble, mourir et esp\u00e9rer que tout rentre enfin dans l\u2019ordre comme la poussi\u00e8re retourne \u00e0 la poussi\u00e8re. Rien d\u2019effrayant \u00e0 y penser, rien de d\u00e9sopilant non plus. C\u2019est affronter une capacit\u00e9 de soi capable ( ou non ) de consid\u00e9rer le myst\u00e8re, \u00e0 ne pas se laisser berner de trop par cette id\u00e9e que repr\u00e9sente le myst\u00e8re, cette peur et ce d\u00e9sir qu\u2019elle provoque instantan\u00e9ment. Mais ce n\u2019est toujours qu\u2019une id\u00e9e destin\u00e9e surtout \u00e0 anticiper le fait.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j207.jpg?1748065106", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-mars-2024-82.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-mars-2024-82.html", "title": "27 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:55:43Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Comment vient la phrase, pas finir d\u2019y revenir, surement pas de l\u2019intelligence, cette intelligence v\u00e9n\u00e9r\u00e9e pour ce qu\u2019elle n\u2019est pas, ne fut jamais autrement que dans ma t\u00eate, une interpr\u00e9tation. C\u2019est diff\u00e9rent \u00e0 dire qu\u2019on renonce \u00e0 toute forme d\u2019intelligence car, pour soi surtout ; elle est source principale de difficult\u00e9s. Ce que tu appelles toi une intelligence c\u2019est de connecter des objets qui n\u2019ont de toute \u00e9vidence aucune raison de se connecter. Ton point de vue sur l\u2019intelligence est \u00e0 contre courant du point de vue g\u00e9n\u00e9ral. C\u2019est bien s\u00fbr un point de vue de tar\u00e9, qui tourne de fa\u00e7on excentrique autour d\u2019un axe tar\u00e9. Et c\u2019est ainsi que ce tout est foutu d\u2019avance, s\u2019 avance \u00e0 nouveau , sort de la noirceur, de la mine enfantine, de la caverne pour s\u2019aventurer en plein jour (fa\u00e7on de dire \u00e0 4h du matin) La difficult\u00e9 d\u2019\u00eatre intelligent ainsi que la soci\u00e9t\u00e9 veut des intelligents, c\u2019est cette facilit\u00e9 \u00e0 se fondre dans \u00e0 peu pr\u00e8s tout et n\u2019importe quoi sans difficult\u00e9 apparente. C\u2019est sujet verbe compl\u00e9ment sans bavure. Sans la moindre remise en question de la fa\u00e7on dont on utilise ce dictat : sujet verbe compl\u00e9ment. Mais si tu veux \u00eatre libre, encore que ce mot il faut s\u2019en m\u00e9fier, secoue le cocotier et la bobinette cherrera, et tu verras que la m\u00e8re grand bouffe le grand m\u00e9chant loup puis se pourl\u00e8che le bout des doigts ; c\u2019est ce qui cr\u00e9e la perl\u00e8che, ces crevasses au coin des l\u00e8vres. Le zozotement, ne pas s\u2019y fier. Si moi je ne sais m\u00eame pas —de fa\u00e7on intelligente n\u2019est-ce pas —ce que j\u2019\u00e9cris, c\u2019est bien qu\u2019une pr\u00e9sence provenant sans doute de l\u2019intelligence de la langue elle-m\u00eame se fiche compl\u00e8tement de cette sottise que je nomme mon intelligence. Et si je dis sans doute c\u2019est qu\u2019il ne faut pas du tout en avoir ou en \u00eatre. Cette confiance insens\u00e9e, cette foi, incroyablement difficile d\u2019acc\u00e8s, n\u00e9cessite je crois de flanquer sa propre intelligence dehors. Peut-\u00eatre qu\u2019un psychologue dirait c\u2019est \u00e0 cause du genre. La r\u00e9pudiation. Que ce soit une intelligence permettrait-il une d\u00e9rivation \u00e9lectrique de la hargne qui soit autre chose qu\u2019une pure imb\u00e9cilit\u00e9 ? Cette haine rencontr\u00e9e chez les andouilles vis \u00e0 vis des tripes n\u2019est-elle pas le comble. C\u2019est \u00e0 dire ce grenier \u00e0 grain qu\u2019on \u00e9graine comme des perles m\u00e9caniquement. je comprends que la fiction est une d\u00e9fense, un rempart, une commodit\u00e9. Un lieu aussi qui n\u2019est pas sans danger de se laisser aller \u00e0 bien d\u00e9crire, bien penser, bien parler, pour ne s\u2019adresser \u00e0 personne. Un lieu recul\u00e9 qui nous condamne \u00e0 devenir Cyclope apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 blous\u00e9 par cette salet\u00e9 de h\u00e9ros rus\u00e9, ce mod\u00e8le adul\u00e9 qui ber\u00e7a nos enfances \u00e0 grand renfort de chevaux de Troie. S\u2019opposer \u00e0 l\u2019intelligence est il de la b\u00eatise si on ne conna\u00eet en vrai ni l\u2019une ni l\u2019autre. Car je pourrais dire autant sur la b\u00eatise que sur l\u2019intelligence, le peu que je pourrais en dire ce serait strictement la m\u00eame chose. En fait de l\u2019\u00eatre ou de l\u2019avoir. Ce qui me fatigue, m\u2019\u00e9reinte, m\u2019emmerde. Ne peut on pas trouver ce lieu du ni l\u2019un ni l\u2019autre et de l\u2019un et l\u2019autre confondus. Ne peut-on pas reculer suffisamment du lieu du crime pour apercevoir l\u2019assassin ? En abandonnant aussi l\u2019habitude de cr\u00e9er des paragraphes, souvent de mani\u00e8re intuitive, vaguement \u00e0 chaque sensation d\u2019id\u00e9e, s\u2019\u00e9loignant d\u2019une certaine id\u00e9e de clart\u00e9, du bien pr\u00e9senter, bien paraitre, bien montrer, descendre encore plus profond\u00e9ment dans le comble ou la caverne, dans la nuit, l\u2019obscurit\u00e9. Car cette clart\u00e9 apprise est une nuit. Opposer une nuit \u00e0 une autre nuit. Idem pour ce soucis de justification des textes, qu\u2019ils s\u2019alignent bien \u00e0 gauche comme \u00e0 droite sans m\u00eame se poser la question de la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019une telle mise en page ou mise en forme du texte. Planter ainsi une esp\u00e8ce de drapeau. Un drapeau noir.<\/p>", "content_text": "Comment vient la phrase, pas finir d\u2019y revenir, surement pas de l\u2019intelligence, cette intelligence v\u00e9n\u00e9r\u00e9e pour ce qu\u2019elle n\u2019est pas, ne fut jamais autrement que dans ma t\u00eate, une interpr\u00e9tation. C\u2019est diff\u00e9rent \u00e0 dire qu\u2019on renonce \u00e0 toute forme d\u2019intelligence car, pour soi surtout; elle est source principale de difficult\u00e9s. Ce que tu appelles toi une intelligence c\u2019est de connecter des objets qui n\u2019ont de toute \u00e9vidence aucune raison de se connecter. Ton point de vue sur l\u2019intelligence est \u00e0 contre courant du point de vue g\u00e9n\u00e9ral. C\u2019est bien s\u00fbr un point de vue de tar\u00e9, qui tourne de fa\u00e7on excentrique autour d\u2019un axe tar\u00e9. Et c\u2019est ainsi que ce tout est foutu d\u2019avance, s\u2019 avance \u00e0 nouveau , sort de la noirceur, de la mine enfantine, de la caverne pour s\u2019aventurer en plein jour (fa\u00e7on de dire \u00e0 4h du matin) La difficult\u00e9 d\u2019\u00eatre intelligent ainsi que la soci\u00e9t\u00e9 veut des intelligents, c\u2019est cette facilit\u00e9 \u00e0 se fondre dans \u00e0 peu pr\u00e8s tout et n\u2019importe quoi sans difficult\u00e9 apparente. C\u2019est sujet verbe compl\u00e9ment sans bavure. Sans la moindre remise en question de la fa\u00e7on dont on utilise ce dictat : sujet verbe compl\u00e9ment. Mais si tu veux \u00eatre libre, encore que ce mot il faut s\u2019en m\u00e9fier, secoue le cocotier et la bobinette cherrera, et tu verras que la m\u00e8re grand bouffe le grand m\u00e9chant loup puis se pourl\u00e8che le bout des doigts; c\u2019est ce qui cr\u00e9e la perl\u00e8che, ces crevasses au coin des l\u00e8vres. Le zozotement, ne pas s\u2019y fier. Si moi je ne sais m\u00eame pas \u2014de fa\u00e7on intelligente n\u2019est-ce pas \u2014ce que j\u2019\u00e9cris, c\u2019est bien qu\u2019une pr\u00e9sence provenant sans doute de l\u2019intelligence de la langue elle-m\u00eame se fiche compl\u00e8tement de cette sottise que je nomme mon intelligence. Et si je dis sans doute c\u2019est qu\u2019il ne faut pas du tout en avoir ou en \u00eatre. Cette confiance insens\u00e9e, cette foi, incroyablement difficile d\u2019acc\u00e8s, n\u00e9cessite je crois de flanquer sa propre intelligence dehors. Peut-\u00eatre qu\u2019un psychologue dirait c\u2019est \u00e0 cause du genre. La r\u00e9pudiation. Que ce soit une intelligence permettrait-il une d\u00e9rivation \u00e9lectrique de la hargne qui soit autre chose qu\u2019une pure imb\u00e9cilit\u00e9 ? Cette haine rencontr\u00e9e chez les andouilles vis \u00e0 vis des tripes n\u2019est-elle pas le comble. C\u2019est \u00e0 dire ce grenier \u00e0 grain qu\u2019on \u00e9graine comme des perles m\u00e9caniquement. je comprends que la fiction est une d\u00e9fense, un rempart, une commodit\u00e9. Un lieu aussi qui n\u2019est pas sans danger de se laisser aller \u00e0 bien d\u00e9crire, bien penser, bien parler, pour ne s\u2019adresser \u00e0 personne. Un lieu recul\u00e9 qui nous condamne \u00e0 devenir Cyclope apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 blous\u00e9 par cette salet\u00e9 de h\u00e9ros rus\u00e9, ce mod\u00e8le adul\u00e9 qui ber\u00e7a nos enfances \u00e0 grand renfort de chevaux de Troie. S\u2019opposer \u00e0 l\u2019intelligence est il de la b\u00eatise si on ne conna\u00eet en vrai ni l\u2019une ni l\u2019autre. Car je pourrais dire autant sur la b\u00eatise que sur l\u2019intelligence, le peu que je pourrais en dire ce serait strictement la m\u00eame chose. En fait de l\u2019\u00eatre ou de l\u2019avoir. Ce qui me fatigue, m\u2019\u00e9reinte, m\u2019emmerde. Ne peut on pas trouver ce lieu du ni l\u2019un ni l\u2019autre et de l\u2019un et l\u2019autre confondus. Ne peut-on pas reculer suffisamment du lieu du crime pour apercevoir l\u2019assassin ? En abandonnant aussi l\u2019habitude de cr\u00e9er des paragraphes, souvent de mani\u00e8re intuitive, vaguement \u00e0 chaque sensation d\u2019id\u00e9e, s\u2019\u00e9loignant d\u2019une certaine id\u00e9e de clart\u00e9, du bien pr\u00e9senter, bien paraitre, bien montrer, descendre encore plus profond\u00e9ment dans le comble ou la caverne, dans la nuit, l\u2019obscurit\u00e9. Car cette clart\u00e9 apprise est une nuit. Opposer une nuit \u00e0 une autre nuit. Idem pour ce soucis de justification des textes, qu\u2019ils s\u2019alignent bien \u00e0 gauche comme \u00e0 droite sans m\u00eame se poser la question de la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019une telle mise en page ou mise en forme du texte. Planter ainsi une esp\u00e8ce de drapeau. 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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Toutes nos petites mesquineries nous paraissent insupportables. Elles le sont d\u2019autant plus chez les autres que nous refusons de les voir en nous. Et quand quelqu\u2019un disparait c\u2019est encore \u00e0 ses petites imperfections qu\u2019on s\u2019accroche pour se souvenir, et bien plus qu\u2019aux qualit\u00e9s. Les qualit\u00e9s on en parle pour se rattraper apr\u00e8s d\u2019avoir dit autant de m\u00e9chancet\u00e9s de son vivant. L\u2019\u00eatre humain est une bourrique donc je suis une bourrique voil\u00e0 les faits. Donc un saint de nos jours aurait l\u2019air d\u2019un ridicule achev\u00e9 s\u2019il se promenait dans les rues de la ville et qu\u2019il se mette \u00e0 prodiguer des miracles, des gu\u00e9risons. On ne laisserait pas de r\u00e9pit \u00e0 ce pauvre type que de l\u2019avoir tourn\u00e9 en ridicule jusqu\u2019\u00e0 la lie. Ce serait l\u2019hallali. Et pourtant je crois que je suis aussi tout \u00e0 fait un saint capable comme n\u2019importe quel saint de produire gu\u00e9risons, miracles et autres colifichets \u00e0 la demande. Sauf qu\u2019en tant que gentleman, je ne l\u2019\u00e9tale pas, je connais la musique je fais \u00e7a en sourdine, incognito.<\/p>\n

Apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 cyniques, soyons sto\u00efques quelques instants. ( comprendra qui pourra et rira )<\/p>\n

Le probl\u00e8me du sto\u00efque c\u2019est l\u2019\u00e9vacuation du r\u00e9sultat. Les d\u00e9chets. Et il en produit une quantit\u00e9 industrielle. A force de se contraindre \u00e0 regarder passer la caravane sans aboyer ni japper, l\u2019animal se constipe, les diverticules s\u2019encrassent, et quand \u00e7a ressort ( car tout sort apr\u00e8s \u00eatre entr\u00e9 c\u2019est une loi physique assez peu connue des riches sto\u00efques de ce monde) quand \u00e7a ressort \u00e7a a la consistance de la merde, l\u2019odeur de la merde, l\u2019aspect de la merde, c\u2019est donc de toute \u00e9vidence de la merde.<\/p>\n

Hier je me suis tellement retenu de me laisser aller comme ce vieux russe que je suis dans l\u2019effusion, qu\u2019en pens\u00e9e je me suis moi-m\u00eame pris dans les bras. Et j\u2019en ai ressenti \u00e0 la fois un peu de douleur car rouill\u00e9 pour m\u2019auto ass\u00e9ner ce genre d\u2019\u00e9treinte, et impression que le c\u0153ur s\u2019ouvrait comme un rideau de fer, s\u2019a\u00e9rait de printemps. Disons que les deux impressions ensemble fabriquaient un cocktail bien enivrant— Ce qui fait que j\u2019ai pu rester absolument de marbre devant ses pleurnicheries, pas peu fier.<\/p>\n

Tu cherches \u00e0 bien \u00e9crire ? Tu cherches \u00e0 bien \u00e9crire ? ( comme Robert Deniro devant sa glace dans Taxi Driver ) A quel moment tu sors ton flingue imaginaire par contre myst\u00e8re et boule de gomme. Mais tu peux te raser la t\u00eate si \u00e7a te chante, ce sera sans moi.<\/p>\n

Cette \u00e9crivaine C.D. mon dieu comme sa voix est crispante. Comment une voix peut-elle \u00eatre si d\u00e9sagr\u00e9able. Elle ne le peut pas en fait. Peut-\u00eatre que c\u2019est seulement un probl\u00e8me d\u2019oreille. Ce qui est assez paradoxal c\u2019est que j\u2019entends de moins en moins et quand de temps en temps \u00e7a m\u2019arrive, ce n\u2019est plus, la plupart du temps que du d\u00e9sagr\u00e9able.<\/p>\n

Peut-\u00eatre qu\u2019\u00e9tant d\u00e9sagr\u00e9able moi-m\u00eame, j\u2019attire le d\u00e9sagr\u00e9able comme la merde les mouches, sauf mon respect.<\/p>\n

Cette autod\u00e9rision ne plait pas du tout \u00e0 l\u2019intelligence artificielle ; peut-\u00eatre parce qu\u2019elle en est tout simplement incapable d\u2019en comprendre toute la subtilit\u00e9. L\u2019avantage. L\u2019intelligence artificielle ne conna\u00eet pas l\u2019humour juif. Grosse lacune !<\/p>", "content_text": "Toutes nos petites mesquineries nous paraissent insupportables. Elles le sont d\u2019autant plus chez les autres que nous refusons de les voir en nous. Et quand quelqu\u2019un disparait c\u2019est encore \u00e0 ses petites imperfections qu\u2019on s\u2019accroche pour se souvenir, et bien plus qu\u2019aux qualit\u00e9s. Les qualit\u00e9s on en parle pour se rattraper apr\u00e8s d\u2019avoir dit autant de m\u00e9chancet\u00e9s de son vivant. L\u2019\u00eatre humain est une bourrique donc je suis une bourrique voil\u00e0 les faits. Donc un saint de nos jours aurait l\u2019air d\u2019un ridicule achev\u00e9 s\u2019il se promenait dans les rues de la ville et qu\u2019il se mette \u00e0 prodiguer des miracles, des gu\u00e9risons. On ne laisserait pas de r\u00e9pit \u00e0 ce pauvre type que de l\u2019avoir tourn\u00e9 en ridicule jusqu\u2019\u00e0 la lie. Ce serait l\u2019hallali. Et pourtant je crois que je suis aussi tout \u00e0 fait un saint capable comme n\u2019importe quel saint de produire gu\u00e9risons, miracles et autres colifichets \u00e0 la demande. Sauf qu\u2019en tant que gentleman, je ne l\u2019\u00e9tale pas, je connais la musique je fais \u00e7a en sourdine, incognito. Apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 cyniques, soyons sto\u00efques quelques instants. ( comprendra qui pourra et rira ) Le probl\u00e8me du sto\u00efque c\u2019est l\u2019\u00e9vacuation du r\u00e9sultat. Les d\u00e9chets. Et il en produit une quantit\u00e9 industrielle. A force de se contraindre \u00e0 regarder passer la caravane sans aboyer ni japper, l\u2019animal se constipe, les diverticules s\u2019encrassent, et quand \u00e7a ressort ( car tout sort apr\u00e8s \u00eatre entr\u00e9 c\u2019est une loi physique assez peu connue des riches sto\u00efques de ce monde) quand \u00e7a ressort \u00e7a a la consistance de la merde, l\u2019odeur de la merde, l\u2019aspect de la merde, c\u2019est donc de toute \u00e9vidence de la merde. Hier je me suis tellement retenu de me laisser aller comme ce vieux russe que je suis dans l\u2019effusion, qu\u2019en pens\u00e9e je me suis moi-m\u00eame pris dans les bras. Et j\u2019en ai ressenti \u00e0 la fois un peu de douleur car rouill\u00e9 pour m\u2019auto ass\u00e9ner ce genre d\u2019\u00e9treinte, et impression que le c\u0153ur s\u2019ouvrait comme un rideau de fer, s\u2019a\u00e9rait de printemps. Disons que les deux impressions ensemble fabriquaient un cocktail bien enivrant\u2014 Ce qui fait que j\u2019ai pu rester absolument de marbre devant ses pleurnicheries, pas peu fier. Tu cherches \u00e0 bien \u00e9crire ? Tu cherches \u00e0 bien \u00e9crire ? ( comme Robert Deniro devant sa glace dans Taxi Driver ) A quel moment tu sors ton flingue imaginaire par contre myst\u00e8re et boule de gomme. Mais tu peux te raser la t\u00eate si \u00e7a te chante, ce sera sans moi. Cette \u00e9crivaine C.D. mon dieu comme sa voix est crispante. Comment une voix peut-elle \u00eatre si d\u00e9sagr\u00e9able. Elle ne le peut pas en fait. Peut-\u00eatre que c\u2019est seulement un probl\u00e8me d\u2019oreille. Ce qui est assez paradoxal c\u2019est que j\u2019entends de moins en moins et quand de temps en temps \u00e7a m\u2019arrive, ce n\u2019est plus, la plupart du temps que du d\u00e9sagr\u00e9able. Peut-\u00eatre qu\u2019\u00e9tant d\u00e9sagr\u00e9able moi-m\u00eame, j\u2019attire le d\u00e9sagr\u00e9able comme la merde les mouches, sauf mon respect. Cette autod\u00e9rision ne plait pas du tout \u00e0 l\u2019intelligence artificielle; peut-\u00eatre parce qu\u2019elle en est tout simplement incapable d\u2019en comprendre toute la subtilit\u00e9. L\u2019avantage. L\u2019intelligence artificielle ne conna\u00eet pas l\u2019humour juif. Grosse lacune !", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j205.jpg?1748065119", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/25-mars-2024.html", "title": "25 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:53:33Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Un peu avant sa mort il voulait mettre de l\u2019ordre dans sa vie. Mais en prenant la mesure de la t\u00e2che il eut une crise cardiaque.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il voulu se r\u00e9concilier avec ses ennemis mais en effectuant un rapide tour d\u2019horizon il vit que beaucoup \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 morts avant lui.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il se dit que ce serait tr\u00e8s bien d\u2019acheter un costume pour se rendre \u00e0 son propre enterrement.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il s\u2019int\u00e9ressa beaucoup au jardinage, la simple id\u00e9e de planter une graine, l\u2019arroser, apercevoir les premi\u00e8res pousses sortir de terre lui apporterait s\u00fbrement un grand r\u00e9confort. Il imagina tout cela dans le moindre d\u00e9tail, tellement qu\u2019il laissa tomber cette id\u00e9e car il l\u2019avait d\u00e9j\u00e0 beaucoup trop us\u00e9e.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il tenta d\u2019hurler \u00e0 la mort, en vain : quand c\u2019est pas l\u2019heure c\u2019est pas l\u2019heure.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il jeta beaucoup de vieilleries sans int\u00e9r\u00eat \u00e0 la d\u00e9chetterie, il s\u2019y serait bien jet\u00e9 lui aussi s\u2019il avait pu identifier la bonne benne. Celle des encombrants \u00e9tant condamn\u00e9e ce jour l\u00e0 car d\u00e9j\u00e0 pleine.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il fit le tour du monde et le trouva ridiculement petit, il prit rendez-vous chez l\u2019ophtalmologue<\/p>\n

Un peu avant sa mort il eut envie de r\u00e9diger ses m\u00e9moires mais celles-ci furent aussit\u00f4t si r\u00e9ticentes qu\u2019il fut forc\u00e9 d\u2019y renoncer.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il \u00e9prouva la n\u00e9cessit\u00e9 de faire un jeune pour perdre du poids, prendre moins de place, devenir plus l\u00e9ger.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il repensa \u00e0 l\u2019\u00e9pisode de Sodome et Gomorrhe et n\u2019\u00e9prouva pas la moindre difficult\u00e9 \u00e0 s\u2019imaginer \u00eatre une statue de sel plut\u00f4t qu\u2019un lapin de garenne.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il regarda sa montre il \u00e9tait dix heures dix, un oiseau s\u2019envola du prunus.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il pensa \u00e9crire un texte qui d\u00e9buterait par la locution un peu avant sa mort.<\/p>\n

un peu avant sa mort il n\u2019avait pas r\u00e9solu de croire ou de ne pas croire \u00e0 la vie \u00e9ternelle.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il d\u00e9roba un paquet de chamallows au supermarch\u00e9 de sa rue et les fit griller au bout d\u2019un b\u00e2ton dans sa cour avec le charbon de bois qu\u2019il lui restait de l\u2019\u00e9t\u00e9 dernier.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il eut envie de se baigner dans l\u2019eau glac\u00e9e de la Baltique.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il se d\u00e9barrassa de ses regrets de ses remords en se rendant \u00e0 la d\u00e9chetterie encore une derni\u00e8re fois.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il fit un signe de la main \u00e0 une inconnue qui resta de marbre, ce qui le fit rire.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il voulut lire Proust dans l\u2019espoir de retrouver tout ce temps perdu. Mais \u00e0 la seconde page il referma le livre et se souvint que le temps perdu ne se rattrape jamais.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il se demanda s\u2019il \u00e9tait de gauche ou de droite, puis il d\u00e9couvrit qu\u2019il avait \u00e9t\u00e9 bern\u00e9 par un mauvais sens de l\u2019orientation. Peut-\u00eatre qu\u2019apr\u00e8s tout il n\u2019avait \u00e9t\u00e9 rien d\u2019autre que dyslexique.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il se demanda s\u2019il avait apport\u00e9 quoique ce soit d\u2019utile au monde. Il chercha la d\u00e9finition d\u2019utile dans le dictionnaire pour \u00eatre bien s\u00fbr d\u2019\u00eatre en mesure de pouvoir peser le pour et le contre. Demain se disait-il je m\u2019attaquerai au Monde.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il t\u00e9l\u00e9phona \u00e0 ses enfants et leur dit que tout allait pour le mieux.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il acheta le journal l\u2019Equipe par simple curiosit\u00e9, pour ne pas mourir b\u00eate.<\/p>\n

Un peu avant sa mort il \u00e9crivit 20 000 mots sur un document Word puis il effectua la commande CRTL +A et il posa son index sur la touche SUPPR avec un immense soulagement.<\/p>", "content_text": "Un peu avant sa mort il voulait mettre de l\u2019ordre dans sa vie. Mais en prenant la mesure de la t\u00e2che il eut une crise cardiaque. Un peu avant sa mort il voulu se r\u00e9concilier avec ses ennemis mais en effectuant un rapide tour d\u2019horizon il vit que beaucoup \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 morts avant lui. Un peu avant sa mort il se dit que ce serait tr\u00e8s bien d\u2019acheter un costume pour se rendre \u00e0 son propre enterrement. Un peu avant sa mort il s\u2019int\u00e9ressa beaucoup au jardinage, la simple id\u00e9e de planter une graine, l\u2019arroser, apercevoir les premi\u00e8res pousses sortir de terre lui apporterait s\u00fbrement un grand r\u00e9confort. Il imagina tout cela dans le moindre d\u00e9tail, tellement qu\u2019il laissa tomber cette id\u00e9e car il l\u2019avait d\u00e9j\u00e0 beaucoup trop us\u00e9e. Un peu avant sa mort il tenta d\u2019hurler \u00e0 la mort, en vain : quand c\u2019est pas l\u2019heure c\u2019est pas l\u2019heure. Un peu avant sa mort il jeta beaucoup de vieilleries sans int\u00e9r\u00eat \u00e0 la d\u00e9chetterie, il s\u2019y serait bien jet\u00e9 lui aussi s\u2019il avait pu identifier la bonne benne. Celle des encombrants \u00e9tant condamn\u00e9e ce jour l\u00e0 car d\u00e9j\u00e0 pleine. Un peu avant sa mort il fit le tour du monde et le trouva ridiculement petit, il prit rendez-vous chez l\u2019ophtalmologue Un peu avant sa mort il eut envie de r\u00e9diger ses m\u00e9moires mais celles-ci furent aussit\u00f4t si r\u00e9ticentes qu\u2019il fut forc\u00e9 d\u2019y renoncer. Un peu avant sa mort il \u00e9prouva la n\u00e9cessit\u00e9 de faire un jeune pour perdre du poids, prendre moins de place, devenir plus l\u00e9ger. Un peu avant sa mort il repensa \u00e0 l\u2019\u00e9pisode de Sodome et Gomorrhe et n\u2019\u00e9prouva pas la moindre difficult\u00e9 \u00e0 s\u2019imaginer \u00eatre une statue de sel plut\u00f4t qu\u2019un lapin de garenne. Un peu avant sa mort il regarda sa montre il \u00e9tait dix heures dix, un oiseau s\u2019envola du prunus. Un peu avant sa mort il pensa \u00e9crire un texte qui d\u00e9buterait par la locution un peu avant sa mort. un peu avant sa mort il n\u2019avait pas r\u00e9solu de croire ou de ne pas croire \u00e0 la vie \u00e9ternelle. Un peu avant sa mort il d\u00e9roba un paquet de chamallows au supermarch\u00e9 de sa rue et les fit griller au bout d\u2019un b\u00e2ton dans sa cour avec le charbon de bois qu\u2019il lui restait de l\u2019\u00e9t\u00e9 dernier. Un peu avant sa mort il eut envie de se baigner dans l\u2019eau glac\u00e9e de la Baltique. Un peu avant sa mort il se d\u00e9barrassa de ses regrets de ses remords en se rendant \u00e0 la d\u00e9chetterie encore une derni\u00e8re fois. Un peu avant sa mort il fit un signe de la main \u00e0 une inconnue qui resta de marbre, ce qui le fit rire. Un peu avant sa mort il voulut lire Proust dans l\u2019espoir de retrouver tout ce temps perdu. Mais \u00e0 la seconde page il referma le livre et se souvint que le temps perdu ne se rattrape jamais. Un peu avant sa mort il se demanda s\u2019il \u00e9tait de gauche ou de droite, puis il d\u00e9couvrit qu\u2019il avait \u00e9t\u00e9 bern\u00e9 par un mauvais sens de l\u2019orientation. Peut-\u00eatre qu\u2019apr\u00e8s tout il n\u2019avait \u00e9t\u00e9 rien d\u2019autre que dyslexique. Un peu avant sa mort il se demanda s\u2019il avait apport\u00e9 quoique ce soit d\u2019utile au monde. Il chercha la d\u00e9finition d\u2019utile dans le dictionnaire pour \u00eatre bien s\u00fbr d\u2019\u00eatre en mesure de pouvoir peser le pour et le contre. Demain se disait-il je m\u2019attaquerai au Monde. Un peu avant sa mort il t\u00e9l\u00e9phona \u00e0 ses enfants et leur dit que tout allait pour le mieux. Un peu avant sa mort il acheta le journal l\u2019Equipe par simple curiosit\u00e9, pour ne pas mourir b\u00eate. Un peu avant sa mort il \u00e9crivit 20 000 mots sur un document Word puis il effectua la commande CRTL +A et il posa son index sur la touche SUPPR avec un immense soulagement. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/remington.jpg?1748065141", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/24-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/24-mars-2024.html", "title": "24 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:52:22Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Hier pass\u00e9 toute la journ\u00e9e chez J. \u00e0 C. Il n\u2019\u00e9tait plus possible de reporter. Aspiration d\u2019une grande bouff\u00e9e d\u2019air puis plong\u00e9e en apn\u00e9e depuis 9h45 jusqu\u2019\u00e0 19h30. Encore des r\u00e9flexions ( st\u00e9riles ) durant le trajet de retour qui tournaient autour du fait de ne plus \u00eatre dans le coup. Ce qui fait que j\u2019ai pratiquement tout loup\u00e9 de la tomb\u00e9e de la nuit sur le Pilat, sur les noms de couleurs que j\u2019aurais pu attribuer en m\u2019\u00e9vadant dans l\u2019atmosph\u00e8re paisible de la campagne environnante. C\u2019est S. qui conduisait. Nous avions d\u00e9cid\u00e9 de faire la route ensemble puisque le mardi elle se rend \u00e0 C pour voir sa m\u00e8re. Donc, je disais que le fait d\u2019\u00eatre has been occupait mon esprit parce que surtout j\u2019ai \u00e9prouv\u00e9 un mal de chien \u00e0 installer ce nouvel ordinateur en trois coups de cuill\u00e8re \u00e0 pot ainsi que j\u2019ai toujours eu l\u2019habitude de le faire. Mais surtout je vais trop vite. Il faudrait parler du magasin Darty. Et surtout de la fa\u00e7on tellement agressive dont le vendeur voulait coller un contrat d\u2019entretien \u00e0 J. 24 \u20ac et des poussi\u00e8res par mois, pour qu\u2019ils s\u2019engagent \u00e0 r\u00e9parer \u00e0 peu pr\u00e8s tout et n\u2019importe quoi du moule \u00e0 gaufre au lave-vaisselle en passant par le mobile et bien s\u00fbr l\u2019ordinateur. Et puis cette embrouille avec la remise. J\u2019avais demand\u00e9 si par hasard on ne pourrait pas b\u00e9n\u00e9ficier d\u2019une ristourne en payant comptant ( 409 euros au lieu de 429 \u20ac) Il faut bien tenter le coup d\u00e9sormais \u00e0 chaque achat important. Subterfuge du vendeur : grand sourire, mais bien s\u00fbr, et comment, je vous offre 20 \u20ac \u00e0 condition que vous acceptiez de payer le PC en trois ou quatre fois.<\/p>\n

« Ah bon parce que vous ne faites pas de remise si on paie cash ? »<\/p>\n

« eh non, d\u00e9sol\u00e9 je ne peux faire la remise que si vous passez par un financement »<\/p>\n

« je suis bien heureux de savoir qu\u2019il n\u2019y a pas que moi qui marche sur la t\u00eate je r\u00e9plique.<\/p>\n

Et d\u2019aller ensuite au guichet voir cette affaire de financement. Evidemment le taux d\u2019usure est \u00e0 18%, il a fallu supporter des explications alambiqu\u00e9es de la part d\u2019un vendeur n+1 qui d\u2019ailleurs fut interrompu par un n+2 pour nous r\u00e9expliquer le tout d\u2019une fa\u00e7on que je ne qualifie pas de limpide, mais d\u2019un peu plus compr\u00e9hensible pour des oreilles aguerries \u00e0 l\u2019entourloupe.<\/p>\n

« Donc tu n\u2019as pas de remise si tu ach\u00e8tes cet ordinateur cash, je dis \u00e0 J. qui avait perdu pied, et tu le payes 40 \u20ac de plus si tu prends le financement en trois fois. Sur ces 40, le magasin t\u2019offre 20 et tu as la sensation d\u00e9licieuse d\u2019avoir fait une bonne affaire alors qu\u2019il n\u2019en est rien.<\/p>\n

« vous oubliez le confort, r\u00e9pliqua \u00e0 cet instant le n+1 un gros chauve aux cheveux coup\u00e9s ras portant un teeshirt pour produire l\u2019effet d\u00e9contract\u00e9 de bon aloi dans ce genre de malversation.<\/p>\n

« tu parles d\u2019un confort, 140 \u20ac par mois quand m\u00eame et en plus si on ajoute les 24\u20ac et des poussi\u00e8res pour l\u2019autre entourloupe, bravo !<\/p>\n

« sinon il me faudrait une pi\u00e8ce d\u2019identit\u00e9 a r\u00e9pondu le n+1 douteux qui fit mine de ne pas avoir pris pour lui ma r\u00e9flexion \u00e0 voix haute.<\/p>\n

« Je crois que ma carte d\u2019identit\u00e9 est p\u00e9rim\u00e9e \u00e0 dit J en la tendant au gros chauve aux yeux tristes.<\/p>\n

« effectivement 2014, 2015, 2016, etc ( ce type compte en m\u00eame temps sur les doigts pour ne pas s\u2019y perdre en m\u00eame temps qu\u2019il fait son sketch )<\/p>\n

Il a fallu revenir \u00e0 C. r\u00e9cup\u00e9rer le passeport en cours de validit\u00e9 de J. C\u2019\u00e9tait \u00e0 5 minutes, nous f\u00eemes fissa tout en essayant de nous remettre de l\u2019enfumage qui avait du mal \u00e0 se dissiper.<\/p>\n

« Je ne veux pas payer plus que 409 \u20ac \u00e0 dit J. exc\u00e9d\u00e9e.<\/p>\n

« ok je vous fait 30\u20ac de remise a dit le gros en tee shirt pensant que \u00e7a allait passer.<\/p>\n

« non il faut faire 40 de remise pour tomber juste j\u2019ai dit.<\/p>\n

A un moment j\u2019ai \u00e9mis l\u2019hypoth\u00e8se qu\u2019on devrait payer les 429 \u20ac cash et se tirer mais J ne voulait pas l\u00e2cher l\u2019affaire.<\/p>\n

A la fin je ne sais plus qui a vraiment gagn\u00e9, mais j\u2019avais d\u00e9croch\u00e9, apr\u00e8s tout ce n\u2019\u00e9tait pas mon pognon.<\/p>\n

On \u00e9tait en train de garer la voiture de J quand il y a eu un coup de fil sur son mobile. Et \u00e0 cet instant j\u2019ai tout de suite compris que j\u2019avais oubli\u00e9 mon sac devant la banque du service client tellement ce gros type aux yeux morts nous avait embrouill\u00e9 la t\u00eate. Oublier mon sac est quelque chose que je ne fais jamais d\u2019ordinaire. Il y a \u00e0 peu pr\u00e8s toute ma vie \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur. \u00e7a m\u2019a fichu un coup de songer que j\u2019avais laiss\u00e9 ma vie devant ce type, comme si soudain elle n\u2019avait plus la moindre importance, que je m\u2019en fichais totalement. Que je n\u2019avais plus qu\u2019une id\u00e9e c\u2019est d\u2019en finir avec cette conversation totalement stupide \u00e0 propos d\u2019un ordi qui ne m\u2019appartiendrait m\u00eame pas.<\/p>\n

Ce qui au total nous aura entrain\u00e9 \u00e0 nous rendre trois fois chez Darty ce mardi matin avant m\u00eame que je ne d\u00e9marre le vrai boulot, c\u2019est \u00e0 dire r\u00e9cup\u00e9rer toutes les donn\u00e9es de l\u2019ancien ordinateur de j, d\u2019installer Ubuntu et les r\u00e9injecter dans le nouveau apr\u00e8s avoir vir\u00e9 Windows 11 car d\u00e9bile \u00e0 souhait puisque pour entrer dans l\u2019interface il faut, avant toute chose cr\u00e9er un compte Microsoft si on n\u2019en a pas. Ce qui est tout \u00e0 fait scandaleux aussi en passant.<\/p>\n

Ensuite nous avons pass\u00e9 un bon moment \u00e0 chercher un fa\u00e7on d\u2019installer Scrabble3 en fran\u00e7ais sur le nouvel ordinateur. J\u2019esp\u00e9rais y parvenir car J. \u00e9tait ok pour me laisser emporter le vieux que j\u2019aurais pu exploiter en r\u00e9cup\u00e9rant quelques pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es. Mais impossible de charger le dictionnaire en fran\u00e7ais. Il faudra que je prenne le temps d\u2019\u00e9tudier ce probl\u00e8me plus tard, tranquillement \u00e0 la maison.<\/p>\n

« Si tu me le trouves en fran\u00e7ais pas de soucis tu r\u00e9cup\u00e8res le vieux m\u2019a encore dit J. en nous quittant.<\/p>\n

S. m\u2019attendait en bas de l\u2019immeuble. Elle avait la figure bouffie de fatigue. Puis nous nous sommes enfonc\u00e9s dans la circulation dense \u00e0 cette heure de fin d\u2019apr\u00e8s-midi en ville, mais \u00e9trangement fluide sit\u00f4t que nous atteign\u00eemes l\u2019A7<\/p>\n

En allumant le plafonnier de la cuisine il y avait des dizaines et des dizaines de moucherons coll\u00e9s au plafond. S. \u00e9tait au bord de la crise de nerf.<\/p>\n

« Tu vois \u00e0 force de vouloir toujours retirer les toiles d\u2019araign\u00e9e j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 dire<\/p>\n

« Tais-toi a dit S, tais-toi je ne veux plus rien entendre pour aujourd\u2019hui »<\/p>", "content_text": "Hier pass\u00e9 toute la journ\u00e9e chez J. \u00e0 C. Il n\u2019\u00e9tait plus possible de reporter. Aspiration d\u2019une grande bouff\u00e9e d\u2019air puis plong\u00e9e en apn\u00e9e depuis 9h45 jusqu\u2019\u00e0 19h30. Encore des r\u00e9flexions ( st\u00e9riles ) durant le trajet de retour qui tournaient autour du fait de ne plus \u00eatre dans le coup. Ce qui fait que j\u2019ai pratiquement tout loup\u00e9 de la tomb\u00e9e de la nuit sur le Pilat, sur les noms de couleurs que j\u2019aurais pu attribuer en m\u2019\u00e9vadant dans l\u2019atmosph\u00e8re paisible de la campagne environnante. C\u2019est S. qui conduisait. Nous avions d\u00e9cid\u00e9 de faire la route ensemble puisque le mardi elle se rend \u00e0 C pour voir sa m\u00e8re. Donc, je disais que le fait d\u2019\u00eatre has been occupait mon esprit parce que surtout j\u2019ai \u00e9prouv\u00e9 un mal de chien \u00e0 installer ce nouvel ordinateur en trois coups de cuill\u00e8re \u00e0 pot ainsi que j\u2019ai toujours eu l\u2019habitude de le faire. Mais surtout je vais trop vite. Il faudrait parler du magasin Darty. Et surtout de la fa\u00e7on tellement agressive dont le vendeur voulait coller un contrat d\u2019entretien \u00e0 J. 24 \u20ac et des poussi\u00e8res par mois, pour qu\u2019ils s\u2019engagent \u00e0 r\u00e9parer \u00e0 peu pr\u00e8s tout et n\u2019importe quoi du moule \u00e0 gaufre au lave-vaisselle en passant par le mobile et bien s\u00fbr l\u2019ordinateur. Et puis cette embrouille avec la remise. J\u2019avais demand\u00e9 si par hasard on ne pourrait pas b\u00e9n\u00e9ficier d\u2019une ristourne en payant comptant ( 409 euros au lieu de 429 \u20ac) Il faut bien tenter le coup d\u00e9sormais \u00e0 chaque achat important. Subterfuge du vendeur : grand sourire, mais bien s\u00fbr, et comment, je vous offre 20 \u20ac \u00e0 condition que vous acceptiez de payer le PC en trois ou quatre fois. \u00ab Ah bon parce que vous ne faites pas de remise si on paie cash ?\u00bb \u00ab eh non, d\u00e9sol\u00e9 je ne peux faire la remise que si vous passez par un financement\u00bb \u00ab je suis bien heureux de savoir qu\u2019il n\u2019y a pas que moi qui marche sur la t\u00eate je r\u00e9plique. Et d\u2019aller ensuite au guichet voir cette affaire de financement. Evidemment le taux d\u2019usure est \u00e0 18%, il a fallu supporter des explications alambiqu\u00e9es de la part d\u2019un vendeur n+1 qui d\u2019ailleurs fut interrompu par un n+2 pour nous r\u00e9expliquer le tout d\u2019une fa\u00e7on que je ne qualifie pas de limpide, mais d\u2019un peu plus compr\u00e9hensible pour des oreilles aguerries \u00e0 l\u2019entourloupe. \u00abDonc tu n\u2019as pas de remise si tu ach\u00e8tes cet ordinateur cash, je dis \u00e0 J. qui avait perdu pied, et tu le payes 40 \u20ac de plus si tu prends le financement en trois fois. Sur ces 40, le magasin t\u2019offre 20 et tu as la sensation d\u00e9licieuse d\u2019avoir fait une bonne affaire alors qu\u2019il n\u2019en est rien. \u00ab vous oubliez le confort, r\u00e9pliqua \u00e0 cet instant le n+1 un gros chauve aux cheveux coup\u00e9s ras portant un teeshirt pour produire l\u2019effet d\u00e9contract\u00e9 de bon aloi dans ce genre de malversation. \u00ab tu parles d\u2019un confort, 140 \u20ac par mois quand m\u00eame et en plus si on ajoute les 24\u20ac et des poussi\u00e8res pour l\u2019autre entourloupe, bravo ! \u00ab sinon il me faudrait une pi\u00e8ce d\u2019identit\u00e9 a r\u00e9pondu le n+1 douteux qui fit mine de ne pas avoir pris pour lui ma r\u00e9flexion \u00e0 voix haute. \u00ab Je crois que ma carte d\u2019identit\u00e9 est p\u00e9rim\u00e9e \u00e0 dit J en la tendant au gros chauve aux yeux tristes. \u00ab effectivement 2014, 2015, 2016, etc ( ce type compte en m\u00eame temps sur les doigts pour ne pas s\u2019y perdre en m\u00eame temps qu\u2019il fait son sketch ) Il a fallu revenir \u00e0 C. r\u00e9cup\u00e9rer le passeport en cours de validit\u00e9 de J. C\u2019\u00e9tait \u00e0 5 minutes, nous f\u00eemes fissa tout en essayant de nous remettre de l\u2019enfumage qui avait du mal \u00e0 se dissiper. \u00ab Je ne veux pas payer plus que 409 \u20ac \u00e0 dit J. exc\u00e9d\u00e9e. \u00ab ok je vous fait 30\u20ac de remise a dit le gros en tee shirt pensant que \u00e7a allait passer. \u00ab non il faut faire 40 de remise pour tomber juste j\u2019ai dit. A un moment j\u2019ai \u00e9mis l\u2019hypoth\u00e8se qu\u2019on devrait payer les 429 \u20ac cash et se tirer mais J ne voulait pas l\u00e2cher l\u2019affaire. A la fin je ne sais plus qui a vraiment gagn\u00e9, mais j\u2019avais d\u00e9croch\u00e9, apr\u00e8s tout ce n\u2019\u00e9tait pas mon pognon. On \u00e9tait en train de garer la voiture de J quand il y a eu un coup de fil sur son mobile. Et \u00e0 cet instant j\u2019ai tout de suite compris que j\u2019avais oubli\u00e9 mon sac devant la banque du service client tellement ce gros type aux yeux morts nous avait embrouill\u00e9 la t\u00eate. Oublier mon sac est quelque chose que je ne fais jamais d\u2019ordinaire. Il y a \u00e0 peu pr\u00e8s toute ma vie \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur. \u00e7a m\u2019a fichu un coup de songer que j\u2019avais laiss\u00e9 ma vie devant ce type, comme si soudain elle n\u2019avait plus la moindre importance, que je m\u2019en fichais totalement. Que je n\u2019avais plus qu\u2019une id\u00e9e c\u2019est d\u2019en finir avec cette conversation totalement stupide \u00e0 propos d\u2019un ordi qui ne m\u2019appartiendrait m\u00eame pas. Ce qui au total nous aura entrain\u00e9 \u00e0 nous rendre trois fois chez Darty ce mardi matin avant m\u00eame que je ne d\u00e9marre le vrai boulot, c\u2019est \u00e0 dire r\u00e9cup\u00e9rer toutes les donn\u00e9es de l\u2019ancien ordinateur de j, d\u2019installer Ubuntu et les r\u00e9injecter dans le nouveau apr\u00e8s avoir vir\u00e9 Windows 11 car d\u00e9bile \u00e0 souhait puisque pour entrer dans l\u2019interface il faut, avant toute chose cr\u00e9er un compte Microsoft si on n\u2019en a pas. Ce qui est tout \u00e0 fait scandaleux aussi en passant. Ensuite nous avons pass\u00e9 un bon moment \u00e0 chercher un fa\u00e7on d\u2019installer Scrabble3 en fran\u00e7ais sur le nouvel ordinateur. J\u2019esp\u00e9rais y parvenir car J. \u00e9tait ok pour me laisser emporter le vieux que j\u2019aurais pu exploiter en r\u00e9cup\u00e9rant quelques pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es. Mais impossible de charger le dictionnaire en fran\u00e7ais. Il faudra que je prenne le temps d\u2019\u00e9tudier ce probl\u00e8me plus tard, tranquillement \u00e0 la maison. \u00ab Si tu me le trouves en fran\u00e7ais pas de soucis tu r\u00e9cup\u00e8res le vieux m\u2019a encore dit J. en nous quittant. S. m\u2019attendait en bas de l\u2019immeuble. Elle avait la figure bouffie de fatigue. Puis nous nous sommes enfonc\u00e9s dans la circulation dense \u00e0 cette heure de fin d\u2019apr\u00e8s-midi en ville, mais \u00e9trangement fluide sit\u00f4t que nous atteign\u00eemes l\u2019A7 En allumant le plafonnier de la cuisine il y avait des dizaines et des dizaines de moucherons coll\u00e9s au plafond. S. \u00e9tait au bord de la crise de nerf. \u00ab Tu vois \u00e0 force de vouloir toujours retirer les toiles d\u2019araign\u00e9e j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 dire \u00ab Tais-toi a dit S, tais-toi je ne veux plus rien entendre pour aujourd\u2019hui\u00bb", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j201-1.jpg?1748065071", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-mars-2024.html", "title": "23 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:51:22Z", "date_modified": "2025-09-18T15:39:58Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Est-ce que ce ne serait pas tout simplement un exc\u00e8s de modestie ? Si je ne relis jamais n\u2019est-ce pas pour respecter celui qui, \u00e0 l\u2019instant T \u00e9crit comme il le peut ce qu\u2019il \u00e9crit. Car \u00e0 se relire il arrive que l\u2019on se corrige. Mais qui est le on de cette histoire si on ne cesse jamais de le corriger, de vouloir le rectifier ?<\/p>\n

Et je me demande aussi si modestie est le bon mot. Si cette modestie passerait l\u2019\u00e9preuve de l\u2019orgueil. Autrement dit, est-ce que vraiment je suis en mesure croire que je ne me corrige pas parce que ce que j\u2019\u00e9cris \u00e0 l\u2019instant o\u00f9 je l\u2019\u00e9cris est tr\u00e8s bien tel que je l\u2019\u00e9cris. Bien sur que je ne peux pas penser une telle chose. Je ne le peux plus.<\/p>\n

S\u2019int\u00e9resser \u00e0 une chose, une seule. Une phrase que l\u2019on \u00e9crit, bon exemple. Avais je l\u2019intention d\u2019\u00e9crire quelque chose d\u2019important, ou bien n\u2019ayant aucune intention de d\u00e9part, \u00e9crire \u00e9tait-il pour moi une fa\u00e7on d\u2019en attraper une. Et donc j\u2019\u00e9crivais sans rel\u00e2che \u00e0 la poursuite d\u2019une intention qui n\u2019\u00e9tait pas bien claire, pas tr\u00e8s pr\u00e9cise, sauf d\u2019avoir l\u2019air d\u2019\u00eatre une intention. Mais bient\u00f4t je me demandais quand je pourrais savoir, si j\u2019en trouvais une, quelle t\u00eate pourrait aurait alors cette fameuse intention ? J\u2019essayais plusieurs choses, ou t\u00eates, un vrai jeu de massacre.<\/p>\n

L\u2019image de cette machine \u00e0 \u00e9crire, la plupart du temps une Remington, me renvoyait \u00e9trangement \u00e0 une autre image, celle d\u2019une machine \u00e0 coudre de la marque Singer. Le sentiment g\u00e9n\u00e9ral que j\u2019en \u00e9prouvais alors se situait quelque part entre la nostalgie et l\u2019apaisement. Peut-\u00eatre en raison du progr\u00e8s technologique qui durant ma vie m\u2019a conduit \u00e0 passer du porte-plume au clavier d\u2019ordinateur \u00e0 une vitesse qu\u2019avec du recul on peut juger ahurissante, et en m\u00eame temps ce n\u2019est pas si saugrenu d\u2019\u00e9tablir un lien entre ces deux instruments favorisant l\u2019id\u00e9e d\u2019un travail « manuel ». De plus si l\u2019on creuse un peu plus ce rapprochement d\u2019id\u00e9es, la couture n\u2019est pas si loin de ce que nous faisons lorsqu\u2019on d\u00e9sire mettre en forme un livre. D\u2019ailleurs c\u2019est le m\u00eame mot d\u2019ouvrage qui en r\u00e9sulte.<\/p>\n

La notion d\u2019\u0153uvre dans ma vie c\u2019est \u00e0 dire depuis les ann\u00e9es 60 jusqu\u2019\u00e0 ce jour, remplace la notion d\u2019ouvrage et si je cherche \u00e0 comprendre pourquoi tout de suite me vient l\u2019id\u00e9e de la notion d\u2019artiste ayant remplac\u00e9 celle d\u2019artisan.<\/p>\n

J\u2019ai mis\u00e9 beaucoup sur la cr\u00e9ativit\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9part ne voulant pas entendre grand chose de l\u2019apprentissage, du travail \u00e0 fournir, des traditions que nous sommes sens\u00e9s suivre pour parvenir \u00e0 une ma\u00eetrise. Je suis donc pass\u00e9 par beaucoup de difficult\u00e9s et de doutes, risquant de nombreuses fois d\u2019abandonner , de vouloir rentrer dans le rang, mais quelque chose d\u2019imp\u00e9rieux m\u2019en a toujours pr\u00e9serv\u00e9. Il y a donc une sorte de d\u00e9termination qui depuis le d\u00e9but ne cesse de me conduire \u00e0 m\u2019obstiner diront certains. Il fallait que je sache si cette d\u00e9termination provenait de la vanit\u00e9, de l\u2019orgueil, d\u2019un absolu manque de confiance en soi, ou bien d\u2019autre chose, un d\u00e9mon, un ange, une force ext\u00e9rieure ou int\u00e9rieure qui ne voulait pas s\u2019en laisser compter et qui toujours me ramenait \u00e0 sa propre intention myst\u00e9rieuse. Puis au bout de mes consid\u00e9rations sur cet attachement \u00e0 la cr\u00e9ativit\u00e9 seule, je basculai soudain, d\u2019abord imperceptiblement, comme un de ces grands arbres que l\u2019on coupe dans les for\u00eats d\u2019Estonie. Puis je m\u2019abattis de tout mon long sur le sol et je restais un long moment immobile.<\/p>\n

Il me semble que je suis encore l\u00e0, \u00e9tal\u00e9 et c\u2019est ainsi que je m\u2019\u00e9tale dans l\u2019\u00e9criture, par l\u2019\u00e9criture. Est-ce que je vais devenir une table, une chaise, une biblioth\u00e8que, une auge, du parquet dans une salle de danse, je ne sais pas. A ce point de mon immobilit\u00e9 tout semble possible.<\/p>", "content_text": "Est-ce que ce ne serait pas tout simplement un exc\u00e8s de modestie ? Si je ne relis jamais n\u2019est-ce pas pour respecter celui qui, \u00e0 l\u2019instant T \u00e9crit comme il le peut ce qu\u2019il \u00e9crit. Car \u00e0 se relire il arrive que l\u2019on se corrige. Mais qui est le on de cette histoire si on ne cesse jamais de le corriger, de vouloir le rectifier ? Et je me demande aussi si modestie est le bon mot. Si cette modestie passerait l\u2019\u00e9preuve de l\u2019orgueil. Autrement dit, est-ce que vraiment je suis en mesure croire que je ne me corrige pas parce que ce que j\u2019\u00e9cris \u00e0 l\u2019instant o\u00f9 je l\u2019\u00e9cris est tr\u00e8s bien tel que je l\u2019\u00e9cris. Bien sur que je ne peux pas penser une telle chose. Je ne le peux plus. S\u2019int\u00e9resser \u00e0 une chose, une seule. Une phrase que l\u2019on \u00e9crit, bon exemple. Avais je l\u2019intention d\u2019\u00e9crire quelque chose d\u2019important, ou bien n\u2019ayant aucune intention de d\u00e9part, \u00e9crire \u00e9tait-il pour moi une fa\u00e7on d\u2019en attraper une. Et donc j\u2019\u00e9crivais sans rel\u00e2che \u00e0 la poursuite d\u2019une intention qui n\u2019\u00e9tait pas bien claire, pas tr\u00e8s pr\u00e9cise, sauf d\u2019avoir l\u2019air d\u2019\u00eatre une intention. Mais bient\u00f4t je me demandais quand je pourrais savoir, si j\u2019en trouvais une, quelle t\u00eate pourrait aurait alors cette fameuse intention ? J\u2019essayais plusieurs choses, ou t\u00eates, un vrai jeu de massacre. L\u2019image de cette machine \u00e0 \u00e9crire, la plupart du temps une Remington, me renvoyait \u00e9trangement \u00e0 une autre image, celle d\u2019une machine \u00e0 coudre de la marque Singer. Le sentiment g\u00e9n\u00e9ral que j\u2019en \u00e9prouvais alors se situait quelque part entre la nostalgie et l\u2019apaisement. Peut-\u00eatre en raison du progr\u00e8s technologique qui durant ma vie m\u2019a conduit \u00e0 passer du porte-plume au clavier d\u2019ordinateur \u00e0 une vitesse qu\u2019avec du recul on peut juger ahurissante, et en m\u00eame temps ce n\u2019est pas si saugrenu d\u2019\u00e9tablir un lien entre ces deux instruments favorisant l\u2019id\u00e9e d\u2019un travail \u00ab manuel \u00bb. De plus si l\u2019on creuse un peu plus ce rapprochement d\u2019id\u00e9es, la couture n\u2019est pas si loin de ce que nous faisons lorsqu\u2019on d\u00e9sire mettre en forme un livre. D\u2019ailleurs c\u2019est le m\u00eame mot d\u2019ouvrage qui en r\u00e9sulte. La notion d\u2019\u0153uvre dans ma vie c\u2019est \u00e0 dire depuis les ann\u00e9es 60 jusqu\u2019\u00e0 ce jour, remplace la notion d\u2019ouvrage et si je cherche \u00e0 comprendre pourquoi tout de suite me vient l\u2019id\u00e9e de la notion d\u2019artiste ayant remplac\u00e9 celle d\u2019artisan. J\u2019ai mis\u00e9 beaucoup sur la cr\u00e9ativit\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9part ne voulant pas entendre grand chose de l\u2019apprentissage, du travail \u00e0 fournir, des traditions que nous sommes sens\u00e9s suivre pour parvenir \u00e0 une ma\u00eetrise. Je suis donc pass\u00e9 par beaucoup de difficult\u00e9s et de doutes, risquant de nombreuses fois d\u2019abandonner , de vouloir rentrer dans le rang, mais quelque chose d\u2019imp\u00e9rieux m\u2019en a toujours pr\u00e9serv\u00e9. Il y a donc une sorte de d\u00e9termination qui depuis le d\u00e9but ne cesse de me conduire \u00e0 m\u2019obstiner diront certains. Il fallait que je sache si cette d\u00e9termination provenait de la vanit\u00e9, de l\u2019orgueil, d\u2019un absolu manque de confiance en soi, ou bien d\u2019autre chose, un d\u00e9mon, un ange, une force ext\u00e9rieure ou int\u00e9rieure qui ne voulait pas s\u2019en laisser compter et qui toujours me ramenait \u00e0 sa propre intention myst\u00e9rieuse. Puis au bout de mes consid\u00e9rations sur cet attachement \u00e0 la cr\u00e9ativit\u00e9 seule, je basculai soudain, d\u2019abord imperceptiblement, comme un de ces grands arbres que l\u2019on coupe dans les for\u00eats d\u2019Estonie. Puis je m\u2019abattis de tout mon long sur le sol et je restais un long moment immobile. Il me semble que je suis encore l\u00e0, \u00e9tal\u00e9 et c\u2019est ainsi que je m\u2019\u00e9tale dans l\u2019\u00e9criture, par l\u2019\u00e9criture. 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Tout ce qui lui passe par la t\u00eate. Dans ce temps imparti, il \u00e9crit tout ce qu\u2019il veut. Cela peut varier au cours de l\u2019ann\u00e9e. Deux heures, trois, parfois il peut tirer jusqu\u2019\u00e0 quatre. Il dit que c\u2019est son habitude, que sans celle-ci il ne tient pas debout. Son \u00e9pouse dit qu\u2019il perd son temps. Au d\u00e9but il perdait du temps. Se demandant continuellement si ce qu\u2019il \u00e9crivait \u00e9tait int\u00e9ressant. Est-ce que ce que j\u2019\u00e9cris plaira aux gens. Est-ce que j\u2019\u00e9cris bien. Est-ce que ce que j\u2019\u00e9cris int\u00e9resse la moindre personne sur cette terre. Mais \u00e7a c\u2019\u00e9tait avant. On pourrait chercher une date. Le Covid, 2019. Il se souvient qu\u2019il faisait m\u00eame tr\u00e8s beau et chaud \u00e0 cette p\u00e9riode de l\u2019ann\u00e9e. Il a commenc\u00e9 \u00e0 cr\u00e9e cette habitude \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e0 ce moment l\u00e0. Ecrire en se fichant pas mal de savoir si cela int\u00e9ressait qui que ce soit.<\/p>\n

Il n\u2019a pas fait d\u2019\u00e9tudes. Son p\u00e8re non plus n\u2019en avait pas fait. Cela provoque toujours une sorte de frustration chez les gens qui n\u2019ont pas fait d\u2019\u00e9tudes. Ils imaginent que s\u2019ils en avaient fait leur vie aurait \u00e9t\u00e9 diff\u00e9rente.<\/p>\n

Pas plus lourd \u00e0 porter que le poids d\u2019un savoir imaginaire.<\/p>\n

Ce poids de frustrations que nous nous l\u00e9guons, c\u2019est peut-\u00eatre parce que justement c\u2019est un leg et que nous refusons de nous en d\u00e9faire.<\/p>\n

L\u2019id\u00e9e que tout un texte puisse se loger dans chacune des phrases qui le constitue ne le l\u00e2chait plus. Dans ses r\u00eaves il voyait se d\u00e9velopper des foug\u00e8res immenses. Cette image \u00e9tait associ\u00e9e \u00e0 un cours de math\u00e9matique sur la notion de fractales.<\/p>\n

Il faut s\u2019enfoncer dans quelque chose comme fait la graine lorsqu\u2019elle germe, se d\u00e9veloppe. Ce qui est \u00e9trange c\u2019est que plus ses racines s\u2019enfoncent dans le sol plus elle se d\u00e9veloppe \u00e9galement vers la lumi\u00e8re en surface. comme si l\u2019esprit de la plante cherchait son propre \u00e9quilibre, et quelle poss\u00e8de une sorte de libre arbitre dans la programmation g\u00e9n\u00e9tique de l\u2019esp\u00e8ce.<\/p>\n

Le chant des oiseaux arrivant jusqu\u2019\u00e0 lui semblait appartenir \u00e0 une autre dimension. Il lui semblait que ces chants avaient travers\u00e9 des espaces inou\u00efs pour parvenir \u00e0 son esprit. Puis il se mit \u00e0 d\u00e9cortiquer cette sensation. Le chant des oiseaux ne provenait sans doute de nulle par ailleurs que d\u2019un recoin oubli\u00e9 de son esprit.<\/p>\n

L\u2019utilisation de l\u2019imparfait indique bien \u00e0 quel point ce texte est loin d\u2019\u00eatre parfait.<\/p>\n

Le pass\u00e9 simple est un oxymore d\u00e9guis\u00e9. Mais il convient de ne pas le dire tout haut, et de continuer \u00e0 \u00e9crire il osa, il cria, il gueula pour indiquer une imm\u00e9diatet\u00e9 log\u00e9 dans le pass\u00e9, dans l\u2019imparfait.<\/p>\n

Je r\u00eave de pouvoir \u00e9crire au pr\u00e9sent mais je sais \u00e0 pr\u00e9sent que celui-ci n\u2019existe pas. Ce qui me rend inexistant par ricochet. Donc, il faut d\u2019abord accepter une certaine dose d\u2019inexistence pour \u00e9crire au pr\u00e9sent. J\u2019\u00e9crirais bien une Bible pour m\u2019exercer.<\/p>\n

Au d\u00e9but il n\u2019y a rien, puis il n\u2019y a toujours rien et enfin, \u00e0 la fin, rien non plus. Sauf cette phrase.<\/p>\n

Quelle victoire serait une v\u00e9ritable victoire aujourd\u2019hui ? —QVSUVA Kevesuva. Que le vent se l\u00e8ve et vole la poussi\u00e8re —QLVSLEVLP Kelvenslevevolapousieur<\/p>\n

C\u2019est par le son comme le\u00e7on que j\u2019apprends depuis toujours. Qu\u2019est-ce qui fonde cette id\u00e9e que seul le son dit la v\u00e9rit\u00e9. Parce qu\u2019une note est ronde ou pas. Parce qu\u2019une note peut \u00eatre juste ou fausse. Parce que sans silence il n\u2019y a pas de son. Parce que le son juste est le fruit d\u2019un silence dans le fond. Parce que tout ce qui n\u2019est pas calme me renvoie aussit\u00f4t \u00e0 mon intranquillit\u00e9 de surface et \u00e7a m\u2019agace.<\/p>\n

Pour qui \u00e9cris-tu sinon un meilleur toi-m\u00eame qui saura lire entre les lignes<\/p>", "content_text": "Tout ce qui lui passe par la t\u00eate. Dans ce temps imparti, il \u00e9crit tout ce qu\u2019il veut. Cela peut varier au cours de l\u2019ann\u00e9e. Deux heures, trois, parfois il peut tirer jusqu\u2019\u00e0 quatre. Il dit que c\u2019est son habitude, que sans celle-ci il ne tient pas debout. Son \u00e9pouse dit qu\u2019il perd son temps. Au d\u00e9but il perdait du temps. Se demandant continuellement si ce qu\u2019il \u00e9crivait \u00e9tait int\u00e9ressant. Est-ce que ce que j\u2019\u00e9cris plaira aux gens. Est-ce que j\u2019\u00e9cris bien. Est-ce que ce que j\u2019\u00e9cris int\u00e9resse la moindre personne sur cette terre. Mais \u00e7a c\u2019\u00e9tait avant. On pourrait chercher une date. Le Covid, 2019. Il se souvient qu\u2019il faisait m\u00eame tr\u00e8s beau et chaud \u00e0 cette p\u00e9riode de l\u2019ann\u00e9e. Il a commenc\u00e9 \u00e0 cr\u00e9e cette habitude \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e0 ce moment l\u00e0. Ecrire en se fichant pas mal de savoir si cela int\u00e9ressait qui que ce soit. Il n\u2019a pas fait d\u2019\u00e9tudes. Son p\u00e8re non plus n\u2019en avait pas fait. Cela provoque toujours une sorte de frustration chez les gens qui n\u2019ont pas fait d\u2019\u00e9tudes. Ils imaginent que s\u2019ils en avaient fait leur vie aurait \u00e9t\u00e9 diff\u00e9rente. Pas plus lourd \u00e0 porter que le poids d\u2019un savoir imaginaire. Ce poids de frustrations que nous nous l\u00e9guons, c\u2019est peut-\u00eatre parce que justement c\u2019est un leg et que nous refusons de nous en d\u00e9faire. L\u2019id\u00e9e que tout un texte puisse se loger dans chacune des phrases qui le constitue ne le l\u00e2chait plus. Dans ses r\u00eaves il voyait se d\u00e9velopper des foug\u00e8res immenses. Cette image \u00e9tait associ\u00e9e \u00e0 un cours de math\u00e9matique sur la notion de fractales. Il faut s\u2019enfoncer dans quelque chose comme fait la graine lorsqu\u2019elle germe, se d\u00e9veloppe. Ce qui est \u00e9trange c\u2019est que plus ses racines s\u2019enfoncent dans le sol plus elle se d\u00e9veloppe \u00e9galement vers la lumi\u00e8re en surface. comme si l\u2019esprit de la plante cherchait son propre \u00e9quilibre, et quelle poss\u00e8de une sorte de libre arbitre dans la programmation g\u00e9n\u00e9tique de l\u2019esp\u00e8ce. Le chant des oiseaux arrivant jusqu\u2019\u00e0 lui semblait appartenir \u00e0 une autre dimension. Il lui semblait que ces chants avaient travers\u00e9 des espaces inou\u00efs pour parvenir \u00e0 son esprit. Puis il se mit \u00e0 d\u00e9cortiquer cette sensation. Le chant des oiseaux ne provenait sans doute de nulle par ailleurs que d\u2019un recoin oubli\u00e9 de son esprit. L\u2019utilisation de l\u2019imparfait indique bien \u00e0 quel point ce texte est loin d\u2019\u00eatre parfait. Le pass\u00e9 simple est un oxymore d\u00e9guis\u00e9. Mais il convient de ne pas le dire tout haut, et de continuer \u00e0 \u00e9crire il osa, il cria, il gueula pour indiquer une imm\u00e9diatet\u00e9 log\u00e9 dans le pass\u00e9, dans l\u2019imparfait. Je r\u00eave de pouvoir \u00e9crire au pr\u00e9sent mais je sais \u00e0 pr\u00e9sent que celui-ci n\u2019existe pas. Ce qui me rend inexistant par ricochet. Donc, il faut d\u2019abord accepter une certaine dose d\u2019inexistence pour \u00e9crire au pr\u00e9sent. J\u2019\u00e9crirais bien une Bible pour m\u2019exercer. Au d\u00e9but il n\u2019y a rien, puis il n\u2019y a toujours rien et enfin, \u00e0 la fin, rien non plus. Sauf cette phrase. Quelle victoire serait une v\u00e9ritable victoire aujourd\u2019hui ? \u2014QVSUVA Kevesuva. Que le vent se l\u00e8ve et vole la poussi\u00e8re \u2014QLVSLEVLP Kelvenslevevolapousieur C\u2019est par le son comme le\u00e7on que j\u2019apprends depuis toujours. Qu\u2019est-ce qui fonde cette id\u00e9e que seul le son dit la v\u00e9rit\u00e9. Parce qu\u2019une note est ronde ou pas. Parce qu\u2019une note peut \u00eatre juste ou fausse. Parce que sans silence il n\u2019y a pas de son. Parce que le son juste est le fruit d\u2019un silence dans le fond. Parce que tout ce qui n\u2019est pas calme me renvoie aussit\u00f4t \u00e0 mon intranquillit\u00e9 de surface et \u00e7a m\u2019agace. Pour qui \u00e9cris-tu sinon un meilleur toi-m\u00eame qui saura lire entre les lignes ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j202.jpg?1748065195", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/21-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/21-mars-2024.html", "title": "21 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:49:26Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Parfois, il para\u00eet p\u00e9ter un plomb. Mais c\u2019est un acteur. Le terme de polarisation me vient \u00e0 l\u2019esprit. Il s\u2019en prend \u00e0 l\u2019\u00e9diteur. Il n\u2019y va pas de main morte. C\u2019est vrai, il a raison, c\u2019est scandaleux. Une fois de plus c\u2019est scandaleux de prendre les gens pour des cons \u00e0 un tel point. Est-ce la goutte d\u2019eau qui fait d\u00e9border le vase ? Pas s\u00fbr. A moins que ce ne soit une succession de petites choses qui fait que soudain il s\u2019en prenne \u00e0 l\u2019\u00e9diteur. Mais quand m\u00eame, il ach\u00e8te le livre. Il investit des euros dans sa col\u00e8re pour la faire fructifier ? Au bout du compte voil\u00e0 bien o\u00f9 j\u2019en suis. A me m\u00e9fier de tout. Je ne crois plus du tout \u00e0 la spontan\u00e9it\u00e9, surtout sur les r\u00e9seaux sociaux. A moins que ce ne soit encore que de moi que je parle. A moins que ce soit moi qui ne soit plus du tout spontan\u00e9. Qui calcule la moindre de mes gestes, paroles, pens\u00e9es. Et \u00e0 un point tel que je me retrouve soudain dans cette sorte de dimension parall\u00e8le d\u2019o\u00f9 l\u2019on peut scruter \u00e0 outrance le monde sans jamais rien faire soi-m\u00eame. Comme t\u00e9tanis\u00e9 par sa propre lucidit\u00e9.<\/p>\n

Je n\u2019en parle \u00e0 personne. Surtout pas \u00e0 mon \u00e9pouse. Il se peut que je sois devenu compl\u00e8tement cingl\u00e9. C\u2019est tellement facile de le devenir. A partir du moment o\u00f9 l\u2019on quitte la route, que l\u2019on s\u2019enfonce dans les voies de traverse. J\u2019ai cru que \u00e7a pouvait \u00eatre de la lucidit\u00e9, mais non, c\u2019est un autre genre d\u2019hypnose. On \u00e9change une hypnose contre une autre. Une hypnose plus flatteuse sans doute. On imagine \u00eatre lucide mais en fait, on est compl\u00e8tement cingl\u00e9.<\/p>\n

La mort, l\u2019id\u00e9e de la mort, du pourrissement, de la d\u00e9composition. Aspirer \u00e0 la mort au moins quatre \u00e0 cinq fois par jour n\u2019est certainement pas avoir envie de mourir. Tout au contraire c\u2019est vouloir une autre vie que celle-ci. C\u2019est enfantin. C\u2019est se retrouver \u00e0 porter un short alors qu\u2019on voit tous les autres porter des pantalons. C\u2019est sans doute une esp\u00e8ce de jalousie. On n\u2019arrive pas \u00e0 ses fins. Alors on voudrait tout effacer. On voudrait mourir. On voudrait se r\u00e9veiller dans un monde meilleur. Un monde dans lequel les pantalons descendent lentement du ciel et vous prodiguent des compliments.<\/p>\n

On voit le monde tel qu\u2019on est, on se couche comme on fait son lit. Le fait d\u2019en \u00eatre parfaitement conscient ne r\u00e9sout rien, ne console de rien. Le seul r\u00e9sultat tangible est une dentition en ruine \u00e0 force d\u2019avoir trop serr\u00e9 les dents.<\/p>\n

Je d\u00e9tecte d\u2019autant mieux les postures que je les ai toutes exp\u00e9riment\u00e9es. Certain(es) ne savent m\u00eame pas qu\u2019ils posent. Ils en sont parfaitement inconscients. Le temps que la fiction se dissipe, des ann\u00e9es peuvent passer. un demi si\u00e8cle en un simple claquement de doigt. R\u00e9veil ! Et en fin de course se retrouver gros Jean comme devant. Et c\u2019est encore une chance. Certain(es) meurent sans m\u00eame avoir v\u00e9cu— sans jamais avoir \u00e9prouv\u00e9 une sensation vraie.<\/p>\n

On ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Parce qu\u2019on veut absolument le savoir. Merde ! il suffit juste de le sentir. Si \u00e7a sent la merde c\u2019est r\u00e9el, le nez ne ment pas. Encore que. Depuis quelques semaines que j\u2019ai des sortes d\u2019hallucinations olfactives. Je crois dur comme fer que \u00e7a sent la merde et quand je regarde je ne vois pas de merde. Mais, je peux dire la m\u00eame chose quand j\u2019imagine que \u00e7a sent la rose. Pas de rose non plus. Preuve que l\u2019on est \u00e0 des ann\u00e9es lumi\u00e8res d\u2019une sensation vraie, on ne peut qu\u2019 imaginer le vrai le faux tout comme le bien et le mal. On imagine surtout que les choses sont aujourd\u2019hui devenues tristement binaires.<\/p>\n

En parlant de voies de traverse, j\u2019ai d\u00e9couvert une chaine africaine qui propose un tout autre point de vue sur l\u2019actualit\u00e9. On y voit Poutine r\u00e9pondre \u00e0 des questions sur les raisons du conflit actuel en Ukraine d\u2019une fa\u00e7on in\u00e9dite. Un v\u00e9ritable cours d\u2019histoire. Et au bout du compte on peut douter que cet homme soit le m\u00eame que le tar\u00e9 qu\u2019on nous pr\u00e9sente sur les m\u00e9dias de grands chemins. En pr\u00eatant attention aux mots employ\u00e9s par le pr\u00e9sentateur du JT parlant de l\u2019\u00e9lection en Russie, le mot « sacre » me fait lever les sourcils. Cela me conforte dans mes suppositions que tout est vraiment fait pour pr\u00e9senter le candidat sortant comme une sorte de personnage ubuesque. Donc, sans doute n\u2019est-ce pas tout \u00e0 fait faux, ni tout \u00e0 fait vrai. En revanche ce que je sens quand je vois tout le mal qu\u2019on se donne pour me dire ce qui est bien et mal c\u2019est qu\u2019on essaie de m\u2019influencer, de me fabriquer un avis, une opinion. Une chance que j\u2019ai encore ce reflexe de refuser d\u2019en avoir la moindre.<\/p>\n

Des \u00e9gr\u00e9gores se constituent de cette fa\u00e7on exactement. On lance des mots d\u2019ordre en sourdine, on ridiculise gentiment au d\u00e9but, puis \u00e7a s\u2019intensifie. Le mot complotiste naturellement surgit. Par exemple \u00e0 l\u2019occasion du congr\u00e8s de Limoges pr\u00e9parant une \u00e9ventuelle arriv\u00e9e des extraterrestres. Le reportage tout entier montr\u00e9 sous un angle caricatural, ridicule. La raison est de cr\u00e9er une sorte de consensus \u00e0 nouveau sur ce qui est aujourd\u2019hui ridicule, et, partant, en creux, bien entendu d\u2019indiquer ce qui l\u2019est. Ce monde sinistre o\u00f9 des enfants se font d\u00e9chiqueter par des obus dans la bande de Gaza, o\u00f9 plus de 500 000 morts sont d\u00e9sormais ensevelis dans les territoires du Kra\u00ef, de la limite du tol\u00e9rable pendant que des imb\u00e9ciles veulent construire un golf dans les Pyr\u00e9n\u00e9es Orientales dont le pluviom\u00e9trie est d\u00e9sormais celle du Sahel. Ce qui dans l\u2019ensemble est si affreux \u00e0 penser qu\u2019on est bien oblig\u00e9 de trouver une issue dans la d\u00e9rision. D\u2019ailleurs la d\u00e9rision est une arme de destruction massive que ma\u00eetrisent parfaitement les cr\u00e9ateurs d\u2019\u00e9gr\u00e9gores. Ce monde marche sur la t\u00eate, les t\u00eates pensantes raisonnent comme des pantoufles.<\/p>", "content_text": "Parfois, il para\u00eet p\u00e9ter un plomb. Mais c\u2019est un acteur. Le terme de polarisation me vient \u00e0 l\u2019esprit. Il s\u2019en prend \u00e0 l\u2019\u00e9diteur. Il n\u2019y va pas de main morte. C\u2019est vrai, il a raison, c\u2019est scandaleux. Une fois de plus c\u2019est scandaleux de prendre les gens pour des cons \u00e0 un tel point. Est-ce la goutte d\u2019eau qui fait d\u00e9border le vase ? Pas s\u00fbr. A moins que ce ne soit une succession de petites choses qui fait que soudain il s\u2019en prenne \u00e0 l\u2019\u00e9diteur. Mais quand m\u00eame, il ach\u00e8te le livre. Il investit des euros dans sa col\u00e8re pour la faire fructifier ? Au bout du compte voil\u00e0 bien o\u00f9 j\u2019en suis. A me m\u00e9fier de tout. Je ne crois plus du tout \u00e0 la spontan\u00e9it\u00e9, surtout sur les r\u00e9seaux sociaux. A moins que ce ne soit encore que de moi que je parle. A moins que ce soit moi qui ne soit plus du tout spontan\u00e9. Qui calcule la moindre de mes gestes, paroles, pens\u00e9es. Et \u00e0 un point tel que je me retrouve soudain dans cette sorte de dimension parall\u00e8le d\u2019o\u00f9 l\u2019on peut scruter \u00e0 outrance le monde sans jamais rien faire soi-m\u00eame. Comme t\u00e9tanis\u00e9 par sa propre lucidit\u00e9. Je n\u2019en parle \u00e0 personne. Surtout pas \u00e0 mon \u00e9pouse. Il se peut que je sois devenu compl\u00e8tement cingl\u00e9. C\u2019est tellement facile de le devenir. A partir du moment o\u00f9 l\u2019on quitte la route, que l\u2019on s\u2019enfonce dans les voies de traverse. J\u2019ai cru que \u00e7a pouvait \u00eatre de la lucidit\u00e9, mais non, c\u2019est un autre genre d\u2019hypnose. On \u00e9change une hypnose contre une autre. Une hypnose plus flatteuse sans doute. On imagine \u00eatre lucide mais en fait, on est compl\u00e8tement cingl\u00e9. La mort, l\u2019id\u00e9e de la mort, du pourrissement, de la d\u00e9composition. Aspirer \u00e0 la mort au moins quatre \u00e0 cinq fois par jour n\u2019est certainement pas avoir envie de mourir. Tout au contraire c\u2019est vouloir une autre vie que celle-ci. C\u2019est enfantin. C\u2019est se retrouver \u00e0 porter un short alors qu\u2019on voit tous les autres porter des pantalons. C\u2019est sans doute une esp\u00e8ce de jalousie. On n\u2019arrive pas \u00e0 ses fins. Alors on voudrait tout effacer. On voudrait mourir. On voudrait se r\u00e9veiller dans un monde meilleur. Un monde dans lequel les pantalons descendent lentement du ciel et vous prodiguent des compliments. On voit le monde tel qu\u2019on est, on se couche comme on fait son lit. Le fait d\u2019en \u00eatre parfaitement conscient ne r\u00e9sout rien, ne console de rien. Le seul r\u00e9sultat tangible est une dentition en ruine \u00e0 force d\u2019avoir trop serr\u00e9 les dents. Je d\u00e9tecte d\u2019autant mieux les postures que je les ai toutes exp\u00e9riment\u00e9es. Certain(es) ne savent m\u00eame pas qu\u2019ils posent. Ils en sont parfaitement inconscients. Le temps que la fiction se dissipe, des ann\u00e9es peuvent passer. un demi si\u00e8cle en un simple claquement de doigt. R\u00e9veil ! Et en fin de course se retrouver gros Jean comme devant. Et c\u2019est encore une chance. Certain(es) meurent sans m\u00eame avoir v\u00e9cu\u2014 sans jamais avoir \u00e9prouv\u00e9 une sensation vraie. On ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Parce qu\u2019on veut absolument le savoir. Merde ! il suffit juste de le sentir. Si \u00e7a sent la merde c\u2019est r\u00e9el, le nez ne ment pas. Encore que. Depuis quelques semaines que j\u2019ai des sortes d\u2019hallucinations olfactives. Je crois dur comme fer que \u00e7a sent la merde et quand je regarde je ne vois pas de merde. Mais, je peux dire la m\u00eame chose quand j\u2019imagine que \u00e7a sent la rose. Pas de rose non plus. Preuve que l\u2019on est \u00e0 des ann\u00e9es lumi\u00e8res d\u2019une sensation vraie, on ne peut qu\u2019 imaginer le vrai le faux tout comme le bien et le mal. On imagine surtout que les choses sont aujourd\u2019hui devenues tristement binaires. En parlant de voies de traverse, j\u2019ai d\u00e9couvert une chaine africaine qui propose un tout autre point de vue sur l\u2019actualit\u00e9. On y voit Poutine r\u00e9pondre \u00e0 des questions sur les raisons du conflit actuel en Ukraine d\u2019une fa\u00e7on in\u00e9dite. Un v\u00e9ritable cours d\u2019histoire. Et au bout du compte on peut douter que cet homme soit le m\u00eame que le tar\u00e9 qu\u2019on nous pr\u00e9sente sur les m\u00e9dias de grands chemins. En pr\u00eatant attention aux mots employ\u00e9s par le pr\u00e9sentateur du JT parlant de l\u2019\u00e9lection en Russie, le mot \u00ab sacre \u00bb me fait lever les sourcils. Cela me conforte dans mes suppositions que tout est vraiment fait pour pr\u00e9senter le candidat sortant comme une sorte de personnage ubuesque. Donc, sans doute n\u2019est-ce pas tout \u00e0 fait faux, ni tout \u00e0 fait vrai. En revanche ce que je sens quand je vois tout le mal qu\u2019on se donne pour me dire ce qui est bien et mal c\u2019est qu\u2019on essaie de m\u2019influencer, de me fabriquer un avis, une opinion. Une chance que j\u2019ai encore ce reflexe de refuser d\u2019en avoir la moindre. Des \u00e9gr\u00e9gores se constituent de cette fa\u00e7on exactement. On lance des mots d\u2019ordre en sourdine, on ridiculise gentiment au d\u00e9but, puis \u00e7a s\u2019intensifie. Le mot complotiste naturellement surgit. Par exemple \u00e0 l\u2019occasion du congr\u00e8s de Limoges pr\u00e9parant une \u00e9ventuelle arriv\u00e9e des extraterrestres. Le reportage tout entier montr\u00e9 sous un angle caricatural, ridicule. La raison est de cr\u00e9er une sorte de consensus \u00e0 nouveau sur ce qui est aujourd\u2019hui ridicule, et, partant, en creux, bien entendu d\u2019indiquer ce qui l\u2019est. Ce monde sinistre o\u00f9 des enfants se font d\u00e9chiqueter par des obus dans la bande de Gaza, o\u00f9 plus de 500 000 morts sont d\u00e9sormais ensevelis dans les territoires du Kra\u00ef, de la limite du tol\u00e9rable pendant que des imb\u00e9ciles veulent construire un golf dans les Pyr\u00e9n\u00e9es Orientales dont le pluviom\u00e9trie est d\u00e9sormais celle du Sahel. Ce qui dans l\u2019ensemble est si affreux \u00e0 penser qu\u2019on est bien oblig\u00e9 de trouver une issue dans la d\u00e9rision. D\u2019ailleurs la d\u00e9rision est une arme de destruction massive que ma\u00eetrisent parfaitement les cr\u00e9ateurs d\u2019\u00e9gr\u00e9gores. Ce monde marche sur la t\u00eate, les t\u00eates pensantes raisonnent comme des pantoufles.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/dallc2b7e-2024-02-29-08.16.50-reimagine-the-scene-with-the-first-person-singular-personified-as-a-woman-standing-in-front-of-a-mirror-surprised-to-see-she-has-grown-a-beard-symbo.jpg?1748065095", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/20-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/20-mars-2024.html", "title": "20 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:48:33Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

L\u2019intelligence artificielle est partout. Les applications, les sites, les vid\u00e9os, les images, les textes, elle est partout. Et cela me rappelle cette histoire de vieux sage essayant de pr\u00e9venir les villageois \u00e0 propos de l\u2019eau du puits devenue empoisonn\u00e9e. A la fin, il en boit lui aussi pour partager la folie collective puisque la folie est devenue la raison. Cela dit o\u00f9 se situe la folie, o\u00f9 se situe la raison, bien malin qui pourra le dire aujourd\u2019hui. Hier encore nous avions cette conversation \u00e0 l\u2019atelier. Une a d\u00e9cid\u00e9 de ne plus regarder les informations \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision. Une autre de se noyer dans des vid\u00e9os YouTube traitant de complotisme. Une autre encore pr\u00e9f\u00e8re aller marcher dans la campagne et de ne plus s\u2019int\u00e9resser du tout \u00e0 l\u2019actualit\u00e9. Nous sommes des boussoles dont l\u2019aiguille ne sait plus o\u00f9 donner de la t\u00eate, pour ne pas dire des girouettes. Et la diversion me semble \u00eatre le ma\u00eetre mot de tout cela. Pendant que l\u2019on nous divertit, le temps passe, les guerres, les crises pointent le bout de leur vilain nez, d\u00e9senchantement presque total, et les enfants, les adolescents s\u2019enfuient dans des jeux vid\u00e9os, ou sur des sites pornographiques. On ne peut pas demander de choses trop os\u00e9es \u00e0 l\u2019AI, m\u00eame non intentionnellement. Hier par exemple je demandais des images de centaures \u00e0 DALL-E 3 quand tout \u00e0 coup un encart rose a mis fin \u00e0 mon \u00e9lan, pr\u00e9textant que ma demande n\u2019\u00e9tait pas dans les clous. Sans doute \u00e0 cause de la nudit\u00e9 des bustes de centaures.<\/p>\n

Si tout le monde est fou pourquoi ne le serais-tu pas toi aussi. Et de d\u00e9ployer des projets d\u2019albums de coloriage pour enfant de 8-10 ans. 50 images en noir et blanc sur la mythologie japonaise. Puis en allant \u00e9tudier le march\u00e9 voir qu\u2019il n\u2019y a aucune demande sur le march\u00e9 fran\u00e7ais pour ce genre d\u2019album de coloriage. Donc, je voulais r\u00e9inventer encore une fois la roue. Je suis revenu \u00e0 un projet plus commun. Les D\u00e9esses et dieux de la mythologie grecque, mais en style manga. Apr\u00e8s plusieurs essais de prompt, j\u2019ai enfin r\u00e9ussi \u00e0 trouver le bon style de coloriage. Je me suis m\u00eame surpris \u00e0 flatter l\u2019AI, likant les images qu\u2019elle me proposait quand elles s\u2019am\u00e9liorait, la remerciant, la flattant, la cajolant. Voici donc la sagesse du jour. D\u00e9couverte de plusieurs sites gratuits avec un nombre de prompts limit\u00e9s. Parmi eux le site Ideogram. ( 25 essais mais on obtient \u00e0 chaque fois 4 d\u00e9clinaisons de l\u2019image) Voir aussi le site picWish pour am\u00e9liorer des images floues, ou les nettoyer, voire m\u00eame pour les photos en noir et blanc la possibilit\u00e9 de les coloriser. Sur Canvas il est possible aussi de faire appel \u00e0 l\u2019AI pour g\u00e9n\u00e9rer 4 images d\u2019une m\u00eame id\u00e9e. Beaucoup plus rapide que sur Dall-e. Mais gros probl\u00e8me avec les mains, elles poss\u00e8dent souvent 6 doigts. Pour l\u2019instant si l\u2019on d\u00e9sire un rendu texte correct, ideogram semble \u00eatre le plus performant. Pour le reste le site propose aussi un jeu de presets tr\u00e9s utile. D\u00e9vouverte du mode ukiyo-e ( int\u00e9ressant de constater que ce style naquit juste apr\u00e8s une d\u00e9liquescence totale du pouvoir central, suivi de guerres civiles, 1603-1868 comme une mani\u00e8re d\u2019exorcisme) La traduction de ce terme semble \u00eatre : images du monde flottant.<\/p>\n

Strat\u00e9gie : se d\u00e9p\u00eacher d\u2019avoir des id\u00e9es, car dans quelques semaines ou mois tous ces outils seront payants. Le tarif moyen d\u2019abonnement semble se stabiliser autour des 20 euros.<\/p>\n

Ensuite, r\u00e9gler ce probl\u00e8me du j\u2019aime j\u2019aime pas, quand tu n\u2019as que des pommes de terre \u00e0 becqueter, c\u2019est mieux de dire j\u2019adore les pommes de terre.<\/p>\n

Je regarde d\u00e9filer le fil d\u2019actualit\u00e9 de X sans broncher. Est-ce du chinois ?<\/p>\n

Parfois, il faut s\u2019\u00e9loigner de quelque chose pour mieux le voir tel qu\u2019il est, c\u2019est \u00e0 dire tel qu\u2019on n\u2019aurait jamais pu penser qu\u2019il soit.<\/p>", "content_text": "L\u2019intelligence artificielle est partout. Les applications, les sites, les vid\u00e9os, les images, les textes, elle est partout. Et cela me rappelle cette histoire de vieux sage essayant de pr\u00e9venir les villageois \u00e0 propos de l\u2019eau du puits devenue empoisonn\u00e9e. A la fin, il en boit lui aussi pour partager la folie collective puisque la folie est devenue la raison. Cela dit o\u00f9 se situe la folie, o\u00f9 se situe la raison, bien malin qui pourra le dire aujourd\u2019hui. Hier encore nous avions cette conversation \u00e0 l\u2019atelier. Une a d\u00e9cid\u00e9 de ne plus regarder les informations \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision. Une autre de se noyer dans des vid\u00e9os YouTube traitant de complotisme. Une autre encore pr\u00e9f\u00e8re aller marcher dans la campagne et de ne plus s\u2019int\u00e9resser du tout \u00e0 l\u2019actualit\u00e9. Nous sommes des boussoles dont l\u2019aiguille ne sait plus o\u00f9 donner de la t\u00eate, pour ne pas dire des girouettes. Et la diversion me semble \u00eatre le ma\u00eetre mot de tout cela. Pendant que l\u2019on nous divertit, le temps passe, les guerres, les crises pointent le bout de leur vilain nez, d\u00e9senchantement presque total, et les enfants, les adolescents s\u2019enfuient dans des jeux vid\u00e9os, ou sur des sites pornographiques. On ne peut pas demander de choses trop os\u00e9es \u00e0 l\u2019AI, m\u00eame non intentionnellement. Hier par exemple je demandais des images de centaures \u00e0 DALL-E 3 quand tout \u00e0 coup un encart rose a mis fin \u00e0 mon \u00e9lan, pr\u00e9textant que ma demande n\u2019\u00e9tait pas dans les clous. Sans doute \u00e0 cause de la nudit\u00e9 des bustes de centaures. Si tout le monde est fou pourquoi ne le serais-tu pas toi aussi. Et de d\u00e9ployer des projets d\u2019albums de coloriage pour enfant de 8-10 ans. 50 images en noir et blanc sur la mythologie japonaise. Puis en allant \u00e9tudier le march\u00e9 voir qu\u2019il n\u2019y a aucune demande sur le march\u00e9 fran\u00e7ais pour ce genre d\u2019album de coloriage. Donc, je voulais r\u00e9inventer encore une fois la roue. Je suis revenu \u00e0 un projet plus commun. Les D\u00e9esses et dieux de la mythologie grecque, mais en style manga. Apr\u00e8s plusieurs essais de prompt, j\u2019ai enfin r\u00e9ussi \u00e0 trouver le bon style de coloriage. Je me suis m\u00eame surpris \u00e0 flatter l\u2019AI, likant les images qu\u2019elle me proposait quand elles s\u2019am\u00e9liorait, la remerciant, la flattant, la cajolant. Voici donc la sagesse du jour. D\u00e9couverte de plusieurs sites gratuits avec un nombre de prompts limit\u00e9s. Parmi eux le site Ideogram. ( 25 essais mais on obtient \u00e0 chaque fois 4 d\u00e9clinaisons de l\u2019image) Voir aussi le site picWish pour am\u00e9liorer des images floues, ou les nettoyer, voire m\u00eame pour les photos en noir et blanc la possibilit\u00e9 de les coloriser. Sur Canvas il est possible aussi de faire appel \u00e0 l\u2019AI pour g\u00e9n\u00e9rer 4 images d\u2019une m\u00eame id\u00e9e. Beaucoup plus rapide que sur Dall-e. Mais gros probl\u00e8me avec les mains, elles poss\u00e8dent souvent 6 doigts. Pour l\u2019instant si l\u2019on d\u00e9sire un rendu texte correct, ideogram semble \u00eatre le plus performant. Pour le reste le site propose aussi un jeu de presets tr\u00e9s utile. D\u00e9vouverte du mode ukiyo-e ( int\u00e9ressant de constater que ce style naquit juste apr\u00e8s une d\u00e9liquescence totale du pouvoir central, suivi de guerres civiles, 1603-1868 comme une mani\u00e8re d\u2019exorcisme) La traduction de ce terme semble \u00eatre : images du monde flottant. Strat\u00e9gie : se d\u00e9p\u00eacher d\u2019avoir des id\u00e9es, car dans quelques semaines ou mois tous ces outils seront payants. Le tarif moyen d\u2019abonnement semble se stabiliser autour des 20 euros. Ensuite, r\u00e9gler ce probl\u00e8me du j\u2019aime j\u2019aime pas, quand tu n\u2019as que des pommes de terre \u00e0 becqueter, c\u2019est mieux de dire j\u2019adore les pommes de terre. Je regarde d\u00e9filer le fil d\u2019actualit\u00e9 de X sans broncher. Est-ce du chinois ? Parfois, il faut s\u2019\u00e9loigner de quelque chose pour mieux le voir tel qu\u2019il est, c\u2019est \u00e0 dire tel qu\u2019on n\u2019aurait jamais pu penser qu\u2019il soit. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/monde-flottant.jpg?1748065063", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/19-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/19-mars-2024.html", "title": "19 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:47:35Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

« Impossible en tout cas de ne pas voir avec quelle assurance, \u00e0 chaque instant de l\u2019entretien, le peintre se fiait au caract\u00e8re impr\u00e9vu de son inspiration et que seule cette confiance faisait son art, et \u00e0 bon droit, un travail presque scientifique. » Kafka, Journal, livre de poche, biblio, page 175<\/p>\n

Et de nos jours ce d\u00e9senchantement suite \u00e0 la r\u00e9pudiation du hasard, pensai-je aussit\u00f4t. Et avec quel aplomb. Du je je je \u00e0 tous les \u00e9tages. Et \u00e0 la fin me touchant le sommet du cr\u00e2ne, la fontanelle, il me vint l\u2019id\u00e9e aussi d\u2019une plaque tectonique mont\u00e9e sur une autre, un mouvement grin\u00e7ant de va et vient, comme en amour. Puis une sorte de fondu au noir. Et Charlie Chaplin, jeune, frondeur, faisant tourner sa canne, avec sa d\u00e9marche en canard caract\u00e9ristique. Mais \u00e0 une vitesse normale, sans saccade. Puis le tout se transformant en une grande f\u00eate, lampions, p\u00e9tards, cotillons et flonflons. Mais les maquillages ne tiennent pas. Ils d\u00e9goulinent. James Ensor est \u00e0 la barre.<\/p>\n

Je fis un ou deux pas en arri\u00e8re pile \u00e0 cet instant o\u00f9 une flaque de rouge \u00e0 l\u00e8vre fondu atteignit ma semelle. Si j\u2019avais pu, un salto arri\u00e8re eut \u00e9t\u00e9 \u00e0 cet instant l\u2019acte d\u00e9finitif le plus brillant de toute mon existence.<\/p>\n

Et cette impression de voir toute l\u2019infrastructure du r\u00e9seau des pens\u00e9es, avec leurs boulevards, leurs art\u00e8res p\u00e9riph\u00e9riques (vitesse limit\u00e9 et surveill\u00e9e) leurs impasses, leurs sens uniques, leurs sens giratoires, et tous les panneaux de signalisation charg\u00e9s d\u2019orienter, d\u2019acc\u00e9l\u00e9rer, de ralentir le flux d\u2019information.<\/p>\n

Dans une certaine mesure une ville est un cerveau monstrueux.<\/p>\n

Je suis de moins en moins motiv\u00e9 pour dispenser mes cours \u00e0 I. L\u2019impression de n\u2019\u00eatre qu\u2019un pion interchangeable, hier encore m\u2019a secou\u00e9 comme un cocotier, pour faire tomber mes derni\u00e8res illusions sur ce sujet. Ils ont donc trouv\u00e9 une rempla\u00e7ante presque aussit\u00f4t pour le poste de direction artistique. Une r\u00e9activit\u00e9 comme il se doit, sans un mot, et sans bavure. Et de lancer d\u00e9j\u00e0 de nouvelles strat\u00e9gies sur les d\u00e9combres de cet \u00e9chec anticip\u00e9, concernant ce th\u00e8me sur les J.O. Et toi tu es balay\u00e9, mis avec soin dans une petite pelle sans y penser, geste mille fois renouvel\u00e9 , puis dans le sac poubelle. Comme si tu avais pu penser, \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre, \u00eatre \u00e0 une place et soudain c\u2019est un r\u00eave dans un r\u00eave. Cependant aucune acrimonie, pas d\u2019amertume, un constat glacial. Tu n\u2019existerais donc que par les pens\u00e9es d\u2019exister que toi seul entretiens avec le monde. Et quand le monde change, se transforme, et il le fait \u00e0 chaque instant c\u2019est toute ton existence qui se modifie au diapason. Mais tu as tout de m\u00eame la possibilit\u00e9 de reculer de deux ou trois pas pour observer ce constat.<\/p>\n

Cette obstination \u00e0 ne pas vouloir penser \u00e0 quelque chose avant de le peindre, de l\u2019\u00e9crire—est une v\u00e9ritable obstination. Cette obstination est surement l\u2019\u0153uvre la plus authentique, v\u00e9ritable de toute ma vie.<\/p>\n

Id\u00e9e : celle ou celui qui m\u00e8ne une double-vie ( exercer un art de fa\u00e7on solitaire, \u00e9crire, peindre etc.) et le personnage envoy\u00e9 dans le monde ( vivre, travailler) m\u00e8ne des vies parall\u00e8les qui ne semblent jamais se toucher, comme l\u2019implique l\u2019id\u00e9e de parall\u00e9lisme. Jusqu\u2019au moment o\u00f9 cette grande v\u00e9rit\u00e9 g\u00e9om\u00e9trique ne tient plus, elle se fissure doucement, les parall\u00e8les se touchent bel et bien.<\/p>\n

Ainsi, depuis plusieurs mois \u00e0 chaque fois que j\u2019\u00e9cris ici j\u2019\u00e9cris aussi ailleurs tout autre chose, dans Scrivener. Quand je suis ici je ne suis pas dans Scrivener, et vice versa.<\/p>\n

Parfois, cette tentation de joindre les deux bouts, se faire se toucher les fils, de produire une \u00e9tincelle, un court circuit. J\u2019y pense et puis j\u2019oublie.<\/p>\n

l\u2019oubli est un grand sac \u00e0 charbon et moi le bougnat.<\/p>", "content_text": "\u00abImpossible en tout cas de ne pas voir avec quelle assurance, \u00e0 chaque instant de l\u2019entretien, le peintre se fiait au caract\u00e8re impr\u00e9vu de son inspiration et que seule cette confiance faisait son art, et \u00e0 bon droit, un travail presque scientifique.\u00bb Kafka, Journal, livre de poche, biblio, page 175 Et de nos jours ce d\u00e9senchantement suite \u00e0 la r\u00e9pudiation du hasard, pensai-je aussit\u00f4t. Et avec quel aplomb. Du je je je \u00e0 tous les \u00e9tages. Et \u00e0 la fin me touchant le sommet du cr\u00e2ne, la fontanelle, il me vint l\u2019id\u00e9e aussi d\u2019une plaque tectonique mont\u00e9e sur une autre, un mouvement grin\u00e7ant de va et vient, comme en amour. Puis une sorte de fondu au noir. Et Charlie Chaplin, jeune, frondeur, faisant tourner sa canne, avec sa d\u00e9marche en canard caract\u00e9ristique. Mais \u00e0 une vitesse normale, sans saccade. Puis le tout se transformant en une grande f\u00eate, lampions, p\u00e9tards, cotillons et flonflons. Mais les maquillages ne tiennent pas. Ils d\u00e9goulinent. James Ensor est \u00e0 la barre. Je fis un ou deux pas en arri\u00e8re pile \u00e0 cet instant o\u00f9 une flaque de rouge \u00e0 l\u00e8vre fondu atteignit ma semelle. Si j\u2019avais pu, un salto arri\u00e8re eut \u00e9t\u00e9 \u00e0 cet instant l\u2019acte d\u00e9finitif le plus brillant de toute mon existence. Et cette impression de voir toute l\u2019infrastructure du r\u00e9seau des pens\u00e9es, avec leurs boulevards, leurs art\u00e8res p\u00e9riph\u00e9riques (vitesse limit\u00e9 et surveill\u00e9e) leurs impasses, leurs sens uniques, leurs sens giratoires, et tous les panneaux de signalisation charg\u00e9s d\u2019orienter, d\u2019acc\u00e9l\u00e9rer, de ralentir le flux d\u2019information. Dans une certaine mesure une ville est un cerveau monstrueux. Je suis de moins en moins motiv\u00e9 pour dispenser mes cours \u00e0 I. L\u2019impression de n\u2019\u00eatre qu\u2019un pion interchangeable, hier encore m\u2019a secou\u00e9 comme un cocotier, pour faire tomber mes derni\u00e8res illusions sur ce sujet. Ils ont donc trouv\u00e9 une rempla\u00e7ante presque aussit\u00f4t pour le poste de direction artistique. Une r\u00e9activit\u00e9 comme il se doit, sans un mot, et sans bavure. Et de lancer d\u00e9j\u00e0 de nouvelles strat\u00e9gies sur les d\u00e9combres de cet \u00e9chec anticip\u00e9, concernant ce th\u00e8me sur les J.O. Et toi tu es balay\u00e9, mis avec soin dans une petite pelle sans y penser, geste mille fois renouvel\u00e9 , puis dans le sac poubelle. Comme si tu avais pu penser, \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre, \u00eatre \u00e0 une place et soudain c\u2019est un r\u00eave dans un r\u00eave. Cependant aucune acrimonie, pas d\u2019amertume, un constat glacial. Tu n\u2019existerais donc que par les pens\u00e9es d\u2019exister que toi seul entretiens avec le monde. Et quand le monde change, se transforme, et il le fait \u00e0 chaque instant c\u2019est toute ton existence qui se modifie au diapason. Mais tu as tout de m\u00eame la possibilit\u00e9 de reculer de deux ou trois pas pour observer ce constat. Cette obstination \u00e0 ne pas vouloir penser \u00e0 quelque chose avant de le peindre, de l\u2019\u00e9crire\u2014est une v\u00e9ritable obstination. Cette obstination est surement l\u2019\u0153uvre la plus authentique, v\u00e9ritable de toute ma vie. Id\u00e9e: celle ou celui qui m\u00e8ne une double-vie ( exercer un art de fa\u00e7on solitaire, \u00e9crire, peindre etc.) et le personnage envoy\u00e9 dans le monde ( vivre, travailler) m\u00e8ne des vies parall\u00e8les qui ne semblent jamais se toucher, comme l\u2019implique l\u2019id\u00e9e de parall\u00e9lisme. Jusqu\u2019au moment o\u00f9 cette grande v\u00e9rit\u00e9 g\u00e9om\u00e9trique ne tient plus, elle se fissure doucement, les parall\u00e8les se touchent bel et bien. Ainsi, depuis plusieurs mois \u00e0 chaque fois que j\u2019\u00e9cris ici j\u2019\u00e9cris aussi ailleurs tout autre chose, dans Scrivener. Quand je suis ici je ne suis pas dans Scrivener, et vice versa. Parfois, cette tentation de joindre les deux bouts, se faire se toucher les fils, de produire une \u00e9tincelle, un court circuit. J\u2019y pense et puis j\u2019oublie. l\u2019oubli est un grand sac \u00e0 charbon et moi le bougnat.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j200.jpg?1748065121", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/18-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/18-mars-2024.html", "title": "18 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:46:32Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Elle essaie toujours d\u2019attraper sa main. Mais celle-ci se d\u00e9robe. Peut-\u00eatre que le mot « attraper » n\u2019est pas le bon. « Saisir » n\u2019irait-il pas mieux ? Elle essaie d\u2019obtenir un contact. Mais la main ne cherche pas le contact, semble le fuir. Elle essaie d\u2019imaginer un autre mot. Prendre sa main ? \u00c7a ne marche pas non plus. Elle ne prend qu\u2019une main molle, une main morte. Elle voudrait hurler parfois. Mais elle ne fait que murmurer : « Tu pourrais quand m\u00eame me donner la main. » Le « quand m\u00eame » est de trop, elle le sent tout de suite. Mais ce qui est fait est fait.<\/p>\n

Elle essaie d\u2019oublier sa tristesse, son amertume, sa col\u00e8re. Elle se sent seule. Ils marchent ensemble c\u00f4te \u00e0 c\u00f4te. Elle voudrait qu\u2019il lui donne la main, mais il ne la donne pas. Sa main est enfonc\u00e9e dans une poche. Puis elle le voit avancer devant elle, prendre de la distance. Elle se sent encore plus seule. Mais elle ralentit le pas, elle ne veut pas le rattraper. Elle s\u2019arr\u00eate. Elle le voit qui continue seul, sans un regard en arri\u00e8re. Il s\u2019\u00e9loigne encore, il a l\u2019air plus petit. Voil\u00e0, il est petit, tout petit, c\u2019est un enfant qui croit \u00eatre un homme.<\/p>\n

Elle court vers lui et l\u2019enlace par derri\u00e8re. Il se rebiffe : « Tu es folle ? » Elle le regarde, elle voudrait qu\u2019il la regarde, mais non, il ne la voit m\u00eame pas.<\/p>\n

Donner la main dans le naufrage c\u2019est entra\u00eener l\u2019autre dans les profondeurs sombres auxquelles il n\u2019est pas entra\u00een\u00e9 pour respirer. Donner la main c\u2019est une sorte de cr\u00e9dit dont on sait d\u2019avance qu\u2019on ne peut payer les \u00e9ch\u00e9ances. Donner la main c\u2019est p\u00e9n\u00e9trer soudain dans quelque chose d\u2019inimaginable. Une bulle de savon aux parois si fragiles qu\u2019elle peut \u00e9clater \u00e0 la moindre occasion.<\/p>\n

A t\u2019il jamais prit la v\u00e9ritable mesure de donner la main ? Sa mesure personnelle, en dehors de tout sch\u00e9ma, tout clich\u00e9, toute rumeur.<\/p>\n

Liste tout ce qui te vient \u00e0 propos de ce texte<\/p>\n

Donner la main dans le naufrage, c\u2019est un geste \u00e0 la fois noble et tragique. C\u2019est tendre une bou\u00e9e de sauvetage \u00e0 l\u2019autre, tout en sachant que le poids de deux corps peut pr\u00e9cipiter les deux dans l\u2019ab\u00eeme. C\u2019est un pari risqu\u00e9, un acte de foi d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9, une ultime tentative de communion face \u00e0 l\u2019in\u00e9luctable.<\/p>\n

C\u2019est un cr\u00e9dit, en effet, un pr\u00eat d\u2019espoir assorti d\u2019une \u00e9ch\u00e9ance incertaine. Car qui peut garantir que l\u2019un aura la force de sauver l\u2019autre ? Qui peut pr\u00e9dire si la main tendue sera capable de hisser deux \u00eatres hors des flots tumultueux ?<\/p>\n

C\u2019est une intrusion, une effraction dans l\u2019intimit\u00e9 de l\u2019autre. C\u2019est p\u00e9n\u00e9trer dans un monde inconnu, un univers de peur et de douleur, un espace o\u00f9 la survie est le seul horizon. C\u2019est partager un destin bris\u00e9, une trag\u00e9die qui se joue en silence, dans les profondeurs insondables de l\u2019\u00e2me.<\/p>\n

C\u2019est une bulle de savon, fragile et \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Un mirage de s\u00e9curit\u00e9 dans un oc\u00e9an de dangers. Un instant de gr\u00e2ce vol\u00e9 \u00e0 l\u2019agonie, un sursis fragile avant le retour \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 implacable.<\/p>\n

Donner la main dans le naufrage, c\u2019est tout cela \u00e0 la fois. C\u2019est un acte de courage et de d\u00e9sespoir, un pari fou contre la mort, un ultime baiser d\u2019espoir dans la nuit du n\u00e9ant.<\/p>\n

Mais c\u2019est aussi un geste d\u2019amour. Un amour inconditionnel qui brave les dangers, un amour qui refuse l\u2019abandon, un amour qui se bat jusqu\u2019au bout, m\u00eame lorsque la lumi\u00e8re s\u2019\u00e9teint et que les t\u00e9n\u00e8bres engloutissent tout.<\/p>\n

Alors, oui, donner la main dans le naufrage est un geste risqu\u00e9, un pari incertain, une aventure p\u00e9rilleuse. Mais c\u2019est aussi un geste d\u2019une beaut\u00e9 infinie, un testament de l\u2019\u00e2me humaine face \u00e0 l\u2019adversit\u00e9, un hymne \u00e0 l\u2019espoir dans les t\u00e9n\u00e8bres du d\u00e9sespoir.<\/p>\n

A t\u2019il jamais prit la v\u00e9ritable mesure de donner la main ? Sa mesure personnelle, en dehors de tout sch\u00e9ma, tout clich\u00e9, toute rumeur.<\/p>\n

C\u2019est une question complexe, une question qui touche \u00e0 l\u2019essence m\u00eame de l\u2019\u00eatre humain. Car donner la main, ce n\u2019est pas simplement un geste physique. C\u2019est un acte de confiance, un partage d\u2019intimit\u00e9, une connexion profonde avec l\u2019autre.<\/p>\n

Pourtant, il est difficile de savoir si quelqu\u2019un a r\u00e9ellement pris la mesure de ce geste. Car cela d\u00e9pend de son v\u00e9cu, de ses exp\u00e9riences, de ses blessures et de ses espoirs.<\/p>\n

Pour certains, donner la main est un acte banal, presque anodin. Un simple geste de politesse ou d\u2019affection. Pour d\u2019autres, c\u2019est un geste lourd de sens, un symbole d\u2019engagement, de protection ou d\u2019amour.<\/p>\n

Alors, a-t-il vraiment compris ? A-t-il ressenti la chaleur et la force de cette main tendue ? A-t-il per\u00e7u la confiance et l\u2019espoir qui se cachaient derri\u00e8re ce simple geste ?<\/p>\n

Seul lui peut r\u00e9pondre \u00e0 cette question. Mais une chose est s\u00fbre : donner la main est un geste qui peut changer la vie d\u2019une personne.<\/p>\n

Voici quelques pistes pour explorer cette question :<\/p>\n

R\u00e9fl\u00e9chissez \u00e0 vos propres exp\u00e9riences. Quand avez-vous donn\u00e9 la main \u00e0 quelqu\u2019un ? Qu\u2019est-ce que cela signifiait pour vous ?
\nLisez des livres et des po\u00e8mes qui explorent le th\u00e8me de la main. Que symbolise la main dans ces \u0153uvres ?
\nParlez \u00e0 des gens de votre entourage. Demandez-leur ce que signifie pour eux donner la main.
\nEn explorant cette question, vous en apprendrez plus sur vous-m\u00eame et sur les autres. Vous d\u00e9couvrirez la puissance et la beaut\u00e9 d\u2019un geste simple qui peut transformer des vies.<\/p>\n

Ensuite, il eut envie d\u2019une cigarette, il observa un moment cette envie flotter dans son cr\u00e2ne. Il vit le mot TAXES en capitales, l\u2019envie lui passa. Mais ce qui est int\u00e9ressant c\u2019est l\u2019image de b\u00e9quille qui subsiste. La cigarette comme une b\u00e9quille. Handicap\u00e9 durant toutes ces ann\u00e9es o\u00f9 il fumait plus de deux paquets par jour, peut-\u00eatre aurait-il suffit qu\u2019il accepte une main tendue, qu\u2019il comprenne l\u2019importance d\u2019un tel geste. Ainsi, ne serait il pas r\u00e9duit d\u00e9sormais \u00e0 discuter \u00e0 c\u0153ur ouvert avec une intelligence artificielle.<\/p>", "content_text": "Elle essaie toujours d\u2019attraper sa main. Mais celle-ci se d\u00e9robe. Peut-\u00eatre que le mot \u00ab attraper \u00bb n\u2019est pas le bon. \u00ab Saisir \u00bb n\u2019irait-il pas mieux ? Elle essaie d\u2019obtenir un contact. Mais la main ne cherche pas le contact, semble le fuir. Elle essaie d\u2019imaginer un autre mot. Prendre sa main ? \u00c7a ne marche pas non plus. Elle ne prend qu\u2019une main molle, une main morte. Elle voudrait hurler parfois. Mais elle ne fait que murmurer : \u00ab Tu pourrais quand m\u00eame me donner la main. \u00bb Le \u00ab quand m\u00eame \u00bb est de trop, elle le sent tout de suite. Mais ce qui est fait est fait. Elle essaie d\u2019oublier sa tristesse, son amertume, sa col\u00e8re. Elle se sent seule. Ils marchent ensemble c\u00f4te \u00e0 c\u00f4te. Elle voudrait qu\u2019il lui donne la main, mais il ne la donne pas. Sa main est enfonc\u00e9e dans une poche. Puis elle le voit avancer devant elle, prendre de la distance. Elle se sent encore plus seule. Mais elle ralentit le pas, elle ne veut pas le rattraper. Elle s\u2019arr\u00eate. Elle le voit qui continue seul, sans un regard en arri\u00e8re. Il s\u2019\u00e9loigne encore, il a l\u2019air plus petit. Voil\u00e0, il est petit, tout petit, c\u2019est un enfant qui croit \u00eatre un homme. Elle court vers lui et l\u2019enlace par derri\u00e8re. Il se rebiffe : \u00ab Tu es folle ? \u00bb Elle le regarde, elle voudrait qu\u2019il la regarde, mais non, il ne la voit m\u00eame pas. Donner la main dans le naufrage c\u2019est entra\u00eener l\u2019autre dans les profondeurs sombres auxquelles il n\u2019est pas entra\u00een\u00e9 pour respirer. Donner la main c\u2019est une sorte de cr\u00e9dit dont on sait d\u2019avance qu\u2019on ne peut payer les \u00e9ch\u00e9ances. Donner la main c\u2019est p\u00e9n\u00e9trer soudain dans quelque chose d\u2019inimaginable. Une bulle de savon aux parois si fragiles qu\u2019elle peut \u00e9clater \u00e0 la moindre occasion. A t\u2019il jamais prit la v\u00e9ritable mesure de donner la main ? Sa mesure personnelle, en dehors de tout sch\u00e9ma, tout clich\u00e9, toute rumeur. Liste tout ce qui te vient \u00e0 propos de ce texte Donner la main dans le naufrage, c\u2019est un geste \u00e0 la fois noble et tragique. C\u2019est tendre une bou\u00e9e de sauvetage \u00e0 l\u2019autre, tout en sachant que le poids de deux corps peut pr\u00e9cipiter les deux dans l\u2019ab\u00eeme. C\u2019est un pari risqu\u00e9, un acte de foi d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9, une ultime tentative de communion face \u00e0 l\u2019in\u00e9luctable. C\u2019est un cr\u00e9dit, en effet, un pr\u00eat d\u2019espoir assorti d\u2019une \u00e9ch\u00e9ance incertaine. Car qui peut garantir que l\u2019un aura la force de sauver l\u2019autre ? Qui peut pr\u00e9dire si la main tendue sera capable de hisser deux \u00eatres hors des flots tumultueux ? C\u2019est une intrusion, une effraction dans l\u2019intimit\u00e9 de l\u2019autre. C\u2019est p\u00e9n\u00e9trer dans un monde inconnu, un univers de peur et de douleur, un espace o\u00f9 la survie est le seul horizon. C\u2019est partager un destin bris\u00e9, une trag\u00e9die qui se joue en silence, dans les profondeurs insondables de l\u2019\u00e2me. C\u2019est une bulle de savon, fragile et \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Un mirage de s\u00e9curit\u00e9 dans un oc\u00e9an de dangers. Un instant de gr\u00e2ce vol\u00e9 \u00e0 l\u2019agonie, un sursis fragile avant le retour \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 implacable. Donner la main dans le naufrage, c\u2019est tout cela \u00e0 la fois. C\u2019est un acte de courage et de d\u00e9sespoir, un pari fou contre la mort, un ultime baiser d\u2019espoir dans la nuit du n\u00e9ant. Mais c\u2019est aussi un geste d\u2019amour. Un amour inconditionnel qui brave les dangers, un amour qui refuse l\u2019abandon, un amour qui se bat jusqu\u2019au bout, m\u00eame lorsque la lumi\u00e8re s\u2019\u00e9teint et que les t\u00e9n\u00e8bres engloutissent tout. Alors, oui, donner la main dans le naufrage est un geste risqu\u00e9, un pari incertain, une aventure p\u00e9rilleuse. Mais c\u2019est aussi un geste d\u2019une beaut\u00e9 infinie, un testament de l\u2019\u00e2me humaine face \u00e0 l\u2019adversit\u00e9, un hymne \u00e0 l\u2019espoir dans les t\u00e9n\u00e8bres du d\u00e9sespoir. A t\u2019il jamais prit la v\u00e9ritable mesure de donner la main ? Sa mesure personnelle, en dehors de tout sch\u00e9ma, tout clich\u00e9, toute rumeur. C\u2019est une question complexe, une question qui touche \u00e0 l\u2019essence m\u00eame de l\u2019\u00eatre humain. Car donner la main, ce n\u2019est pas simplement un geste physique. C\u2019est un acte de confiance, un partage d\u2019intimit\u00e9, une connexion profonde avec l\u2019autre. Pourtant, il est difficile de savoir si quelqu\u2019un a r\u00e9ellement pris la mesure de ce geste. Car cela d\u00e9pend de son v\u00e9cu, de ses exp\u00e9riences, de ses blessures et de ses espoirs. Pour certains, donner la main est un acte banal, presque anodin. Un simple geste de politesse ou d\u2019affection. Pour d\u2019autres, c\u2019est un geste lourd de sens, un symbole d\u2019engagement, de protection ou d\u2019amour. Alors, a-t-il vraiment compris ? A-t-il ressenti la chaleur et la force de cette main tendue ? A-t-il per\u00e7u la confiance et l\u2019espoir qui se cachaient derri\u00e8re ce simple geste ? Seul lui peut r\u00e9pondre \u00e0 cette question. Mais une chose est s\u00fbre : donner la main est un geste qui peut changer la vie d\u2019une personne. Voici quelques pistes pour explorer cette question : R\u00e9fl\u00e9chissez \u00e0 vos propres exp\u00e9riences. Quand avez-vous donn\u00e9 la main \u00e0 quelqu\u2019un ? Qu\u2019est-ce que cela signifiait pour vous ? Lisez des livres et des po\u00e8mes qui explorent le th\u00e8me de la main. Que symbolise la main dans ces \u0153uvres ? Parlez \u00e0 des gens de votre entourage. Demandez-leur ce que signifie pour eux donner la main. En explorant cette question, vous en apprendrez plus sur vous-m\u00eame et sur les autres. Vous d\u00e9couvrirez la puissance et la beaut\u00e9 d\u2019un geste simple qui peut transformer des vies. Ensuite, il eut envie d\u2019une cigarette, il observa un moment cette envie flotter dans son cr\u00e2ne. Il vit le mot TAXES en capitales, l\u2019envie lui passa. Mais ce qui est int\u00e9ressant c\u2019est l\u2019image de b\u00e9quille qui subsiste. La cigarette comme une b\u00e9quille. Handicap\u00e9 durant toutes ces ann\u00e9es o\u00f9 il fumait plus de deux paquets par jour, peut-\u00eatre aurait-il suffit qu\u2019il accepte une main tendue, qu\u2019il comprenne l\u2019importance d\u2019un tel geste. Ainsi, ne serait il pas r\u00e9duit d\u00e9sormais \u00e0 discuter \u00e0 c\u0153ur ouvert avec une intelligence artificielle.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j199-1.webp?1748065218", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-mars-2024.html", "title": "17 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:45:10Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Je fus incapable de prendre une contenance \u00e0 leur \u00e9gard, incapable de les accepter ou de les refuser. (Journal de Kafka, livre de poche, biblio, page 174)<\/p>\n

J\u2019imagine qu\u2019un oiseau dans le ciel peut \u00e9prouver la m\u00eame difficult\u00e9. Quand le vent est tomb\u00e9, quand les courants magn\u00e9tiques invisibles ne le guident plus, il perd son cap et s\u2019effondre, comme une pierre, vers le sol.<\/p>\n

Je ne conna\u00eetrai plus jamais le syndrome de la page blanche parce que je suis vide, absolument vide. Tout ce que je peux dissimuler de noir le blanc, je le connais.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui, \u00e9crire un journal comme le faisait Kafka serait une pure imitation de Kafka. Et pourtant, je ne l\u2019imite pas. Je suis Kafka, voil\u00e0 tout. Comme je suis Calaferte, Semprun, Nin, Woolf, Lev\u00e9, L\u00e9autaud, C\u00e9line, Bloy. C\u2019est ainsi que je vis depuis toujours, en \u00e9tant un autre et cet autre est tout \u00e0 fait interchangeable. Cela m\u2019amusait autrefois, un peu moins, beaucoup moins d\u00e9sormais. On peut donc passer une vie enti\u00e8re dans un dressing \u00e0 essayer autant de tenues et se rendre compte \u00e0 la fin qu\u2019aucune vraiment ne nous convient. Manches trop longues ou trop courtes, revers d\u00e9mod\u00e9s, chaussures trop neuves ou trop us\u00e9es.<\/p>\n

Je crus pendant des ann\u00e9es avoir une sorte de pouvoir magique vis-\u00e0-vis des livres. Il suffirait seulement que j\u2019en prenne un en main pour savoir ce qu\u2019il contient. Et le meilleur ou le pire, c\u2019est qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9poque la force du toupet me faisait effectivement trouver \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur ce que j\u2019avais imagin\u00e9 y trouver. Une puissance infernale d\u2019autosuggestion, je ne vois que \u00e7a. Et c\u2019est tout l\u2019inverse aujourd\u2019hui. Des livres que je croyais conna\u00eetre comme ma poche dont le sens se d\u00e9robe absolument. Jusqu\u2019au sens de certaines phrases que je croyais acquis, et dont l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 aujourd\u2019hui me laisse h\u00e9b\u00e9t\u00e9 de stupeur. On ne peut pas tout mettre sur le dos de l\u2019\u00e2ge, de la vieillesse, de la d\u00e9pression, voire m\u00eame de la maladie. Je crois que les erreurs se situent toujours en amont, celles surtout qu\u2019on ne veut pas voir venir, qui nous croisent quand nous nous bouchons les yeux de refus de les voir, et qui en aval nous attendent patiemment.<\/p>\n

Plus je lis, moins j\u2019ai l\u2019impression de savoir ce que je lis, vraiment. Plus je lis, plus je vois se d\u00e9faire quelque chose, c\u2019est encore ce qu\u2019il n\u2019y a pas si longtemps je croyais \u00eatre moi. La lecture me dissout. Et ma foi, je ne peux pas dire que c\u2019est d\u00e9sagr\u00e9able ou agr\u00e9able. Je suis incapable de prendre une contenance vis-\u00e0-vis de cette observation, incapable de me dire c\u2019est cela ou ce n\u2019est pas cela. Ce qui fait que je suis cette pierre qui se prenait encore hier pour un oiseau ou le contraire, et que je peux voir, au ralenti, le sol se rapprocher de mon cr\u00e2ne. Cela me rappelle le grand calme dans le ciel juste avant que le parachute s\u2019ouvre, et m\u00eame une fois ouvert, ce moment de grande qui\u00e9tude \u00e0 traverser l\u2019ouate de diff\u00e9rentes altitudes, jusqu\u2019\u00e0 \u00e9prouver la douleur du choc dans tout le corps quand il atterrit enfin, retrouve sa pesanteur terrible.<\/p>\n

En m\u00eame temps, quelle importance de prendre une contenance. Quand on est vide, on est vide, ce n\u2019est pas un flacon, un pot, une contenance qui va y changer grand-chose.<\/p>\n

Publicit\u00e9s<\/p>\n

REPORT THIS ADCONFIDENTIALIT\u00c9
\nEt comme il \u00e9tait vide, que tout \u00e9tait vide, les murs, les parois s\u2019effondraient devant lui, sans fracas, sans bruit, silencieusement. C\u2019\u00e9tait le silence le grand myst\u00e8re maintenant, et dont bien s\u00fbr, de toute urgence, dont il fallait s\u2019occuper.<\/p>\n

Cette impossibilit\u00e9 de prendre une contenance me saute soudain aux yeux, ou \u00e0 la gorge. Combien d\u2019exemples pourrais-je citer ? Combien de cas de figure ? Des milliers, certainement. Et tout aussi bien d\u00e8s le d\u00e9but, dans l\u2019enfance, qu\u2019aujourd\u2019hui vieillard. Je pourrais m\u00eame dire que c\u2019est cette difficult\u00e9 \u00e0 prendre une contenance qui fonde mon existence toute enti\u00e8re. Difficult\u00e9 non pas \u00e0 en prendre une v\u00e9ritablement, mais \u00e0 prendre n\u2019importe quelle contenance parce qu\u2019il en faut absolument une de peur que les autres per\u00e7oivent que dans le fond vous n\u2019en poss\u00e9dez aucune, vous n\u2019\u00eates rien, vous \u00eates le vide incarn\u00e9.<\/p>\n

Comme tous les matins, une fois mon texte \u00e9crit, je le place \u00e0 la moulinette. J\u2019ai pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 utiliser Gemini de Google cette fois. Je copie tout le texte et le lui fourre dans la gueule. Le seul but est de tenter d\u2019avoir quelques pistes pour savoir ce que je peux bien vouloir \u00e9crire. C\u2019est toujours absurde et amusant \u00e0 la fois de voir les efforts de ces intelligences artificielles vous conseiller avec toute la bienveillance artificielle qu\u2019elles peuvent pour vous remettre dans « un droit chemin ». Le but \u00e9tant toujours le m\u00eame, \u00e9videmment : celui d\u2019\u00eatre<\/p>\n

« algorithmable pour un meilleur confort utilisateur ».<\/p>", "content_text": "Je fus incapable de prendre une contenance \u00e0 leur \u00e9gard, incapable de les accepter ou de les refuser. (Journal de Kafka, livre de poche, biblio, page 174) J\u2019imagine qu\u2019un oiseau dans le ciel peut \u00e9prouver la m\u00eame difficult\u00e9. Quand le vent est tomb\u00e9, quand les courants magn\u00e9tiques invisibles ne le guident plus, il perd son cap et s\u2019effondre, comme une pierre, vers le sol. Je ne conna\u00eetrai plus jamais le syndrome de la page blanche parce que je suis vide, absolument vide. Tout ce que je peux dissimuler de noir le blanc, je le connais. Aujourd\u2019hui, \u00e9crire un journal comme le faisait Kafka serait une pure imitation de Kafka. Et pourtant, je ne l\u2019imite pas. Je suis Kafka, voil\u00e0 tout. Comme je suis Calaferte, Semprun, Nin, Woolf, Lev\u00e9, L\u00e9autaud, C\u00e9line, Bloy. C\u2019est ainsi que je vis depuis toujours, en \u00e9tant un autre et cet autre est tout \u00e0 fait interchangeable. Cela m\u2019amusait autrefois, un peu moins, beaucoup moins d\u00e9sormais. On peut donc passer une vie enti\u00e8re dans un dressing \u00e0 essayer autant de tenues et se rendre compte \u00e0 la fin qu\u2019aucune vraiment ne nous convient. Manches trop longues ou trop courtes, revers d\u00e9mod\u00e9s, chaussures trop neuves ou trop us\u00e9es. Je crus pendant des ann\u00e9es avoir une sorte de pouvoir magique vis-\u00e0-vis des livres. Il suffirait seulement que j\u2019en prenne un en main pour savoir ce qu\u2019il contient. Et le meilleur ou le pire, c\u2019est qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9poque la force du toupet me faisait effectivement trouver \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur ce que j\u2019avais imagin\u00e9 y trouver. Une puissance infernale d\u2019autosuggestion, je ne vois que \u00e7a. Et c\u2019est tout l\u2019inverse aujourd\u2019hui. Des livres que je croyais conna\u00eetre comme ma poche dont le sens se d\u00e9robe absolument. Jusqu\u2019au sens de certaines phrases que je croyais acquis, et dont l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 aujourd\u2019hui me laisse h\u00e9b\u00e9t\u00e9 de stupeur. On ne peut pas tout mettre sur le dos de l\u2019\u00e2ge, de la vieillesse, de la d\u00e9pression, voire m\u00eame de la maladie. Je crois que les erreurs se situent toujours en amont, celles surtout qu\u2019on ne veut pas voir venir, qui nous croisent quand nous nous bouchons les yeux de refus de les voir, et qui en aval nous attendent patiemment. Plus je lis, moins j\u2019ai l\u2019impression de savoir ce que je lis, vraiment. Plus je lis, plus je vois se d\u00e9faire quelque chose, c\u2019est encore ce qu\u2019il n\u2019y a pas si longtemps je croyais \u00eatre moi. La lecture me dissout. Et ma foi, je ne peux pas dire que c\u2019est d\u00e9sagr\u00e9able ou agr\u00e9able. Je suis incapable de prendre une contenance vis-\u00e0-vis de cette observation, incapable de me dire c\u2019est cela ou ce n\u2019est pas cela. Ce qui fait que je suis cette pierre qui se prenait encore hier pour un oiseau ou le contraire, et que je peux voir, au ralenti, le sol se rapprocher de mon cr\u00e2ne. Cela me rappelle le grand calme dans le ciel juste avant que le parachute s\u2019ouvre, et m\u00eame une fois ouvert, ce moment de grande qui\u00e9tude \u00e0 traverser l\u2019ouate de diff\u00e9rentes altitudes, jusqu\u2019\u00e0 \u00e9prouver la douleur du choc dans tout le corps quand il atterrit enfin, retrouve sa pesanteur terrible. En m\u00eame temps, quelle importance de prendre une contenance. Quand on est vide, on est vide, ce n\u2019est pas un flacon, un pot, une contenance qui va y changer grand-chose. Publicit\u00e9s REPORT THIS ADCONFIDENTIALIT\u00c9 Et comme il \u00e9tait vide, que tout \u00e9tait vide, les murs, les parois s\u2019effondraient devant lui, sans fracas, sans bruit, silencieusement. C\u2019\u00e9tait le silence le grand myst\u00e8re maintenant, et dont bien s\u00fbr, de toute urgence, dont il fallait s\u2019occuper. Cette impossibilit\u00e9 de prendre une contenance me saute soudain aux yeux, ou \u00e0 la gorge. Combien d\u2019exemples pourrais-je citer ? Combien de cas de figure ? Des milliers, certainement. Et tout aussi bien d\u00e8s le d\u00e9but, dans l\u2019enfance, qu\u2019aujourd\u2019hui vieillard. Je pourrais m\u00eame dire que c\u2019est cette difficult\u00e9 \u00e0 prendre une contenance qui fonde mon existence toute enti\u00e8re. Difficult\u00e9 non pas \u00e0 en prendre une v\u00e9ritablement, mais \u00e0 prendre n\u2019importe quelle contenance parce qu\u2019il en faut absolument une de peur que les autres per\u00e7oivent que dans le fond vous n\u2019en poss\u00e9dez aucune, vous n\u2019\u00eates rien, vous \u00eates le vide incarn\u00e9. Comme tous les matins, une fois mon texte \u00e9crit, je le place \u00e0 la moulinette. J\u2019ai pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 utiliser Gemini de Google cette fois. Je copie tout le texte et le lui fourre dans la gueule. Le seul but est de tenter d\u2019avoir quelques pistes pour savoir ce que je peux bien vouloir \u00e9crire. C\u2019est toujours absurde et amusant \u00e0 la fois de voir les efforts de ces intelligences artificielles vous conseiller avec toute la bienveillance artificielle qu\u2019elles peuvent pour vous remettre dans \u00ab un droit chemin \u00bb. Le but \u00e9tant toujours le m\u00eame, \u00e9videmment : celui d\u2019\u00eatre \u00ab algorithmable pour un meilleur confort utilisateur \u00bb.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j198-1.jpg?1748065084", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/16-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/16-mars-2024.html", "title": "16 mars 2024", "date_published": "2024-07-22T06:44:08Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Ceux qui gagnent poss\u00e8dent entretiennent cultivent un savoir qui n\u2019est pas commun et qui ne doit, en aucun cas, le devenir. C\u2019est un savoir log\u00e9 au fin fond des terriers, dans le n\u0153ud compliqu\u00e9 que fabriquent les serpents qui s\u2019accouplent. Un savoir qui tire son essence des r\u00e9sines et des glues, des entailles des troncs. Un savoir qui co\u00fbte tout ce que l\u2019on peut recenser de solitude ici bas. C\u2019est un savoir de cyclope donc de Pos\u00e9idon, abyssal. C\u2019est l\u2019incendie de la biblioth\u00e8que d\u2019Alexandrie, sa raison d\u2019\u00eatre. C\u2019est un savoir chtonien \u00e0 l\u2019exact oppos\u00e9 du soleil, du ciel, de l\u2019azur. L\u2019atteindre n\u00e9cessite une grande multiplicit\u00e9 de refus qui s\u2019emboitent un \u00e0 un comme ces figurines peintes en rouge et noir, ces babas russes, pour arriver \u00e0 la plus petite qui ne laisse plus voir qu\u2019un immense rien, le n\u00e9ant primordial. Peut-\u00eatre le refus forcen\u00e9 de tout espoir m\u00e8ne \u00e0 cela. Et l\u2019argent envahit tout, ruisselle sur les d\u00e9combres de Kiev, d\u2019Alep, de Rafa comme un ant\u00e9p\u00e9nulti\u00e8me d\u00e9luge, comme la manifestation de ce savoir occulte qui gagne \u00e0 chaque coup quoiqu\u2019on en dise, in\u00e9luctablement.<\/p>\n

L\u2019espoir alors, c\u2019est le d\u00e9luge, l\u2019ultime. Un grand coup de balai qui remettra les pendules \u00e0 l\u2019heure, les barres au t, les points sur les i. Un chaos pour remettre de l\u2019ordre. Bien \u00e0 la mode du jour.<\/p>\n

Ecrire avant la pens\u00e9e de ce qu\u2019on \u00e9crit. Ecrire avant l\u2019ordre issu de ce chaos. Ecrire l\u2019insens\u00e9 avant qu\u2019il se fige dans un sens, celui de l\u2019entropie, du temps.<\/p>\n

Ecrire comme courir contre son ombre. Ou l\u2019inverse, laisser l\u2019ombre prendre le pas sur ce qui l\u2019a cr\u00e9e, le Soleil, la lumi\u00e8re, le jour. Ecrire participe peut-\u00eatre de l\u2019antidote, \u00e0 moins que ce ne soit qu\u2019une fa\u00e7on parmi d\u2019autres de s\u2019empoisonner l\u2019existence jour apr\u00e8s jour pour ne plus \u00eatre sensible \u00e0 n\u2019importe quel poison.<\/p>\n

On ne sait rien faire de la libert\u00e9 tant nous sommes esclaves de nos attentes. Et se r\u00eaver sans attente est un but d\u00e9bile, une attente aussi. Mais creuser l\u2019esclavage jusqu\u2019au filon de fer dont sont issues les cha\u00eenes, les boulets, peut d\u2019une certaine fa\u00e7on occuper l\u2019espace infini de l\u2019attente comme celui de la libert\u00e9.<\/p>\n

autrefois le mode proph\u00e9tique, quand tout autre mode n\u2019existe plus ou nous a abandonn\u00e9. La prof\u00e9ration, pour creuser des tunnels dans le vide. Pour recr\u00e9er du plein et partant du sens au sein de l\u2019insens\u00e9.<\/p>", "content_text": "Ceux qui gagnent poss\u00e8dent entretiennent cultivent un savoir qui n\u2019est pas commun et qui ne doit, en aucun cas, le devenir. C\u2019est un savoir log\u00e9 au fin fond des terriers, dans le n\u0153ud compliqu\u00e9 que fabriquent les serpents qui s\u2019accouplent. Un savoir qui tire son essence des r\u00e9sines et des glues, des entailles des troncs. Un savoir qui co\u00fbte tout ce que l\u2019on peut recenser de solitude ici bas. C\u2019est un savoir de cyclope donc de Pos\u00e9idon, abyssal. C\u2019est l\u2019incendie de la biblioth\u00e8que d\u2019Alexandrie, sa raison d\u2019\u00eatre. C\u2019est un savoir chtonien \u00e0 l\u2019exact oppos\u00e9 du soleil, du ciel, de l\u2019azur. L\u2019atteindre n\u00e9cessite une grande multiplicit\u00e9 de refus qui s\u2019emboitent un \u00e0 un comme ces figurines peintes en rouge et noir, ces babas russes, pour arriver \u00e0 la plus petite qui ne laisse plus voir qu\u2019un immense rien, le n\u00e9ant primordial. Peut-\u00eatre le refus forcen\u00e9 de tout espoir m\u00e8ne \u00e0 cela. Et l\u2019argent envahit tout, ruisselle sur les d\u00e9combres de Kiev, d\u2019Alep, de Rafa comme un ant\u00e9p\u00e9nulti\u00e8me d\u00e9luge, comme la manifestation de ce savoir occulte qui gagne \u00e0 chaque coup quoiqu\u2019on en dise, in\u00e9luctablement. L\u2019espoir alors, c\u2019est le d\u00e9luge, l\u2019ultime. Un grand coup de balai qui remettra les pendules \u00e0 l\u2019heure, les barres au t, les points sur les i. Un chaos pour remettre de l\u2019ordre. Bien \u00e0 la mode du jour. Ecrire avant la pens\u00e9e de ce qu\u2019on \u00e9crit. Ecrire avant l\u2019ordre issu de ce chaos. Ecrire l\u2019insens\u00e9 avant qu\u2019il se fige dans un sens, celui de l\u2019entropie, du temps. Ecrire comme courir contre son ombre. Ou l\u2019inverse, laisser l\u2019ombre prendre le pas sur ce qui l\u2019a cr\u00e9e, le Soleil, la lumi\u00e8re, le jour. Ecrire participe peut-\u00eatre de l\u2019antidote, \u00e0 moins que ce ne soit qu\u2019une fa\u00e7on parmi d\u2019autres de s\u2019empoisonner l\u2019existence jour apr\u00e8s jour pour ne plus \u00eatre sensible \u00e0 n\u2019importe quel poison. On ne sait rien faire de la libert\u00e9 tant nous sommes esclaves de nos attentes. Et se r\u00eaver sans attente est un but d\u00e9bile, une attente aussi. Mais creuser l\u2019esclavage jusqu\u2019au filon de fer dont sont issues les cha\u00eenes, les boulets, peut d\u2019une certaine fa\u00e7on occuper l\u2019espace infini de l\u2019attente comme celui de la libert\u00e9. autrefois le mode proph\u00e9tique, quand tout autre mode n\u2019existe plus ou nous a abandonn\u00e9. La prof\u00e9ration, pour creuser des tunnels dans le vide. Pour recr\u00e9er du plein et partant du sens au sein de l\u2019insens\u00e9.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j196-4.webp?1748065150", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-mars-2024.html", "title": "15 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T03:17:30Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Un titre de po\u00e8me peut r\u00e9sider longtemps en soi, une vie enti\u00e8re, ainsi La rose et le r\u00e9s\u00e9da d\u2019Aragon, par exemple, et \u00e0 ce moment, saperlipopette, me reste encore, r\u00e9siste \u00e0 l\u2019oubli, sans que je ne sache pourquoi, sans que je me souvienne du po\u00e8me entier \u00e0 part ce que tous se souviennent celui qui croyait au ciel celui qui n\u2019y croyait pas. Ce dont je me souviens, c\u2019est de l\u2019\u00e9motion qui nous \u00e9treignit tous quand, \u00e9tait-ce cet instituteur l\u00e0, ou cette autre, je ne sais plus, quelqu\u2019un lut \u00e0 haute voix ce po\u00e8me pour la premi\u00e8re fois. Cet \u00e9lan proche du patriotisme, celui des gradins du stade, cette hyst\u00e9rie qui fait grimper aux \u00e9chelles du fond des tranch\u00e9es pour se rendre sur la plaine, et tituber saoul\u00e9 de mots d\u2019ordre et de gniole, puis \u00e0 la fin fauch\u00e9 comme les bl\u00e9s, par \u2026<\/p>\n

Une \u00e9criture sans sujet ou une \u00e9criture o\u00f9 le sujet serait un leurre. C\u2019est \u00e0 dire le sel que l\u2019on met sur le queue des oiseaux. Passer du discursif \u00e0 l\u2019absence de sujet. Et la question de savoir qui donc s\u2019exprime et aussi \u00e0 qui.<\/p>\n

Si j\u2019\u00e9cris mon journal pour moi, c\u2019est qui moi. On peut dire une reconstruction. Parfois aussi une construction. Parfois, on n\u2019a m\u00eame pas besoin de dire quelque chose. (regarde ce parfois sortir du bois, comme un vieux cerf du brouillard)<\/p>\n

Quel est la plus petite unit\u00e9 dans ma t\u00eate, le paragraphe, la phrase le mot la syllabe, la lettre, le son, le silence ? autrement dit, qu\u2019est-ce qui d\u00e9clenche tout \u00e7a \u00e0 chaque fois.<\/p>\n

En rentrant hier soir de C. pluie fine et drue. J\u2019\u00e9coute F.C. une \u00e9mission sur Perec que je n\u2019\u00e9coute pas jusqu\u2019au bout. D\u2019ailleurs je crois que je n\u2019ai pas \u00e9cout\u00e9 le d\u00e9but non plus. Perec par hasard. Je pense \u00e9videmment \u00e0 cet ouvrage collectif dont parle F.B. et dans lequel il intervient. Mais on ne parle pas de \u00e7a. On parle de l\u2019adolescence de Perec. Quand il se retrouve parachut\u00e9 dans les beaux quartiers de Paris. Quand il est devenu orphelin, pupille de la nation. Et aussi les appr\u00e9ciations de ses professeurs. Pas terrible. Mais quelqu\u2019un parmi tout \u00e7a reconna\u00eet qu\u2019il est —tr\u00e8s intelligent— Sauf que : r\u00e9sultats m\u00e9diocres. Si l\u2019\u00e9cole \u00e9tait faite pour les gens intelligents ce serait beau \u00e0 voir me suis-je dis pile \u00e0 cet instant. Ce qui explique sans doute le fait que j\u2019ai peu d\u2019\u00e9l\u00e8ves moi-m\u00eame\/ je ne cherche pas \u00e0 rendre les gens intelligents, je pense que la plupart le sont d\u00e9j\u00e0\/ je leur parle d\u2019ailleurs en tant que tel \/ \u00e7a peut faire peur\/ \u00e7a fait peur.<\/p>\n

Je me souviens d\u2019une des toutes premi\u00e8res fois o\u00f9 cela m\u2019est arriv\u00e9 \u00e0 moi. La premi\u00e8re fois que j\u2019ai compris que j\u2019\u00e9tais intelligent vraiment. Ce fut un vertige. J\u2019ai cru que j\u2019allais mourir. Et, en fait effectivement quelque chose ou quelqu\u2019un est mort \u00e0 ce moment-l\u00e0.<\/p>\n

Puis, ce fut si insupportable que j\u2019ai pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 devenir fou. Ne plus entretenir la moindre relation avec quiconque qui me renverrait en pleine face mon intelligence ou ma folie et, par ricochet, l\u2019insupportable b\u00eatise de l\u2019ensemble que nous puissions former, plus ou moins temporairement.<\/p>\n

Se d\u00e9couvrir intelligent, est-ce la m\u00eame chose que sensible. Je me d\u00e9couvris surtout sensible ( surtout, c\u2019est le lapin blanc ) beaucoup trop sensible. Peut-\u00eatre aussi ai-je confondu l\u2019intelligence avec la sensibilit\u00e9, voire pire : de la sensiblerie. Dans un tel cas de figure, comment ne pas comprendre que je fus le pire des ben\u00eats.<\/p>\n

Les contes et l\u00e9gendes doivent y participer pour beaucoup. S\u2019accrocher au merveilleux, au fantastique, \u00e0 l\u2019histoire merveilleuse, au happy end. Une fois, c\u2019\u00e9tait en pleine overdose de mythologie grecque, l\u2019intuition a surgi comme un diable d\u2019une boite. Sous la lumi\u00e8re crue des Cyclades, dans les profondeurs des \u00eeles en g\u00e9n\u00e9ral, la b\u00e9ance des cavernes, l\u2019\u0153il unique du cyclope, du monstre d\u2019\u00e9go\u00efsme, ou d\u2019ind\u00e9pendance, du refus social. Je fus tout \u00e0 coup moi-m\u00eame Polyph\u00e8me, ce fut \u00e0 la fois terrifiant et enivrant, Dionysiaque.<\/p>", "content_text": "Un titre de po\u00e8me peut r\u00e9sider longtemps en soi, une vie enti\u00e8re, ainsi La rose et le r\u00e9s\u00e9da d\u2019Aragon, par exemple, et \u00e0 ce moment, saperlipopette, me reste encore, r\u00e9siste \u00e0 l\u2019oubli, sans que je ne sache pourquoi, sans que je me souvienne du po\u00e8me entier \u00e0 part ce que tous se souviennent celui qui croyait au ciel celui qui n\u2019y croyait pas. Ce dont je me souviens, c\u2019est de l\u2019\u00e9motion qui nous \u00e9treignit tous quand, \u00e9tait-ce cet instituteur l\u00e0, ou cette autre, je ne sais plus, quelqu\u2019un lut \u00e0 haute voix ce po\u00e8me pour la premi\u00e8re fois. Cet \u00e9lan proche du patriotisme, celui des gradins du stade, cette hyst\u00e9rie qui fait grimper aux \u00e9chelles du fond des tranch\u00e9es pour se rendre sur la plaine, et tituber saoul\u00e9 de mots d\u2019ordre et de gniole, puis \u00e0 la fin fauch\u00e9 comme les bl\u00e9s, par \u2026 Une \u00e9criture sans sujet ou une \u00e9criture o\u00f9 le sujet serait un leurre. C\u2019est \u00e0 dire le sel que l\u2019on met sur le queue des oiseaux. Passer du discursif \u00e0 l\u2019absence de sujet. Et la question de savoir qui donc s\u2019exprime et aussi \u00e0 qui. Si j\u2019\u00e9cris mon journal pour moi, c\u2019est qui moi. On peut dire une reconstruction. Parfois aussi une construction. Parfois, on n\u2019a m\u00eame pas besoin de dire quelque chose. (regarde ce parfois sortir du bois, comme un vieux cerf du brouillard) Quel est la plus petite unit\u00e9 dans ma t\u00eate, le paragraphe, la phrase le mot la syllabe, la lettre, le son, le silence ? autrement dit, qu\u2019est-ce qui d\u00e9clenche tout \u00e7a \u00e0 chaque fois. En rentrant hier soir de C. pluie fine et drue. J\u2019\u00e9coute F.C. une \u00e9mission sur Perec que je n\u2019\u00e9coute pas jusqu\u2019au bout. D\u2019ailleurs je crois que je n\u2019ai pas \u00e9cout\u00e9 le d\u00e9but non plus. Perec par hasard. Je pense \u00e9videmment \u00e0 cet ouvrage collectif dont parle F.B. et dans lequel il intervient. Mais on ne parle pas de \u00e7a. On parle de l\u2019adolescence de Perec. Quand il se retrouve parachut\u00e9 dans les beaux quartiers de Paris. Quand il est devenu orphelin, pupille de la nation. Et aussi les appr\u00e9ciations de ses professeurs. Pas terrible. Mais quelqu\u2019un parmi tout \u00e7a reconna\u00eet qu\u2019il est \u2014tr\u00e8s intelligent\u2014 Sauf que: r\u00e9sultats m\u00e9diocres. Si l\u2019\u00e9cole \u00e9tait faite pour les gens intelligents ce serait beau \u00e0 voir me suis-je dis pile \u00e0 cet instant. Ce qui explique sans doute le fait que j\u2019ai peu d\u2019\u00e9l\u00e8ves moi-m\u00eame\/ je ne cherche pas \u00e0 rendre les gens intelligents, je pense que la plupart le sont d\u00e9j\u00e0\/ je leur parle d\u2019ailleurs en tant que tel \/ \u00e7a peut faire peur\/ \u00e7a fait peur. Je me souviens d\u2019une des toutes premi\u00e8res fois o\u00f9 cela m\u2019est arriv\u00e9 \u00e0 moi. La premi\u00e8re fois que j\u2019ai compris que j\u2019\u00e9tais intelligent vraiment. Ce fut un vertige. J\u2019ai cru que j\u2019allais mourir. Et, en fait effectivement quelque chose ou quelqu\u2019un est mort \u00e0 ce moment-l\u00e0. Puis, ce fut si insupportable que j\u2019ai pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 devenir fou. Ne plus entretenir la moindre relation avec quiconque qui me renverrait en pleine face mon intelligence ou ma folie et, par ricochet, l\u2019insupportable b\u00eatise de l\u2019ensemble que nous puissions former, plus ou moins temporairement. Se d\u00e9couvrir intelligent, est-ce la m\u00eame chose que sensible. Je me d\u00e9couvris surtout sensible ( surtout, c\u2019est le lapin blanc ) beaucoup trop sensible. Peut-\u00eatre aussi ai-je confondu l\u2019intelligence avec la sensibilit\u00e9, voire pire : de la sensiblerie. Dans un tel cas de figure, comment ne pas comprendre que je fus le pire des ben\u00eats. Les contes et l\u00e9gendes doivent y participer pour beaucoup. S\u2019accrocher au merveilleux, au fantastique, \u00e0 l\u2019histoire merveilleuse, au happy end. Une fois, c\u2019\u00e9tait en pleine overdose de mythologie grecque, l\u2019intuition a surgi comme un diable d\u2019une boite. Sous la lumi\u00e8re crue des Cyclades, dans les profondeurs des \u00eeles en g\u00e9n\u00e9ral, la b\u00e9ance des cavernes, l\u2019\u0153il unique du cyclope, du monstre d\u2019\u00e9go\u00efsme, ou d\u2019ind\u00e9pendance, du refus social. Je fus tout \u00e0 coup moi-m\u00eame Polyph\u00e8me, ce fut \u00e0 la fois terrifiant et enivrant, Dionysiaque.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j196-1_1_.jpg?1748065183", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/14-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/14-mars-2024.html", "title": "14 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T03:14:32Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Dimanche, pass\u00e9 la journ\u00e9e avec M. C. seule venue pour le stage. Mais bonne discussion tout au long de la journ\u00e9e. A l\u2019heure du d\u00e9jeuner, S. nous a rejoint. On a ouvert une bouteille de Riesling et j\u2019ai fabriqu\u00e9 des toasts de saumon fum\u00e9 car plus de chips—il fallait le manger car la date de p\u00e9remption \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 d\u00e9pass\u00e9e depuis trois jours. Appr\u00e9hension en avalant la premi\u00e8re bouch\u00e9e. La peur d\u2019\u00eatre malade encore. Mais au point o\u00f9 j\u2019en suis, je me suis dit au final. Vaille que vaille ; appr\u00e9hension balay\u00e9e. Tous les meubles de la cuisine ont \u00e9t\u00e9 rel\u00e9gu\u00e9s dans le salon et la biblioth\u00e8que. La vaisselle empil\u00e9e \u00e7a et l\u00e0 sur des fauteuils, des consoles, des chaises. Quand on murmure dans la cuisine d\u00e9sormais, on se croit dans une caverne, \u00e7a r\u00e9sonne. Lundi matin N. doit venir poser le nouveau parquet ; \u00e7a va prendre une semaine, nous a t\u2019il dit. Aucune joie \u00e0 imaginer ce nouveau plancher. Aucune joie de rien en fait. Juste l\u2019id\u00e9e fixe de la mort prochaine qui emp\u00eache \u00e0 peu pr\u00e8s tout le reste. Qui oblit\u00e8re. Timbre. Le changement proche de saison sans doute. Et aussi le fait d\u2019avoir atteint l\u2019\u00e2ge o\u00f9 tout le monde s\u2019en va. Les trois fr\u00e8res de ma m\u00e8re et elle-m\u00eame, l\u2019\u00e2ge des grands-parents. Je p\u00e8se mentalement le pour le contre. Qu\u2019ai-je fait. Est-ce grave de n\u2019avoir rien fait. Je n\u2019en sais plus rien. Je crois que je m\u2019en fous. Puis, \u00e0 l\u2019appui de la conversation avec M.C, nous voici \u00e0 estimer la chance d\u2019avoir quand m\u00eame v\u00e9cu toutes ces choses, notamment le fait de pouvoir changer de boulot si facilement \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Pour un oui pour un non. Et aussi se souvenir d\u2019un certain humour qui n\u2019aurait plus cours aujourd\u2019hui. J\u2019ai tent\u00e9 d\u2019\u00e9voquer la carri\u00e8re solo de Mark Knopfler mais M.C ne connaissait pas. Nous sommes pass\u00e9s \u00e0 autre chose. Les communaut\u00e9s. Vivre \u00e0 plusieurs dans une ferme, faire pousser des racines. Tu connais Ol\u00e9ron ? Faire l\u2019amour sans y penser. Et tous ces copains copines de nationalit\u00e9s si diverses. On a eu tous les deux nos potes iraniens vietnamiens, maliens, kosovars, alg\u00e9riens. Les petits boulots. Le syst\u00e8me D. A la fin on finit quand m\u00eame par se dire qu\u2019on s\u2019est bien fait avoir. Qu\u2019on a \u0153uvr\u00e9 pour le grand capitalisme m\u00eame si on a pass\u00e9 une bonne partie de notre existence \u00e0 cracher dessus.<\/p>\n

Mais ce ne sont pas des choses que je voulais \u00e9crire ce matin. Je ne voulais pas \u00e9crire une chronique. Je voulais parler du r\u00e9el. Est-ce que ce n\u2019est pas de r\u00e9el dont je suis en train d\u2019\u00e9crire en ce moment \u2026 Donc je suis pass\u00e9 \u00e0 autre chose.<\/p>\n

J\u2019ai donc \u00e9cris le texte pour la proposition 8 de l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture. Sur la violence du geste. J\u2019ai essay\u00e9 de me d\u00e9faire des \u00e9motions en l\u2019\u00e9crivant. Pas facile. Mais en effectuant des r\u00e9p\u00e9titions, des jeux de mots, presque des calembours, l\u2019amusement a pris le pas. Ce n\u2019est pas non plus ce que je voulais \u00e9crire ce matin. Je ne sais pas en fait ce que je voulais \u00e9crire ce matin. Et, au final ce que je veux, voulais, aurais voulu, n\u2019a que tr\u00e8s peu d\u2019importance.<\/p>\n

Je voulais peut-\u00eatre me souvenir ou reconstruire quelque chose. R\u00e9parer une attention ab\u00eem\u00e9e par les pens\u00e9es qui s\u2019accumulent sur mes berges comme autant de d\u00e9chets qui rappelle l\u2019horrible Oise. Un fleuve. Je voulais retrouver un beau fleuve. Son lent et solennel \u00e9coulement, calme et paisible traversant la plaine, ici, \u00e0 Vallon en Sully. Me retrouver encore une fois sur le pont, apr\u00e8s avoir d\u00e9pos\u00e9 mon cartable \u00e0 mes pieds. Mes coudes sur la pierre dure et fraiche de la rembarde, menton appuy\u00e9 sur les avant-bras, le regard tentant de rejoindre le courant.<\/p>\n

Dire une \u00e9motion avec \u00e9motion ne fonctionne pas. Il faut parvenir \u00e0 effectuer quelques pas en arri\u00e8re, la voir, de loin, dans son enti\u00e8ret\u00e9. Peut-\u00eatre. Ou bien tout le contraire. Etre en plein milieu, s\u2019y noyer, couler compl\u00e8tement dans l\u2019\u00e9motion, suffoquer d\u2019\u00e9motion. Crever d\u2019\u00e9motion.<\/p>\n

J\u2019ai regard\u00e9 la conf\u00e9rence de Carole Bisenius-Penin sur le travail de Pierre M\u00e9nard <\/span>https:\/\/youtu.be\/uPpJtlvn58U?si=HCpXPrnpPrnt2McV<\/span><\/a> Cela m\u2019a rappel\u00e9 mes lectures de jeunesse de Calvino. Ce fantasme de litt\u00e9rature interactive. Ce qui m\u2019a projet\u00e9 de nouveau vers mon impossibilit\u00e9 d\u2019\u00e9crire de la fiction. Impossibilit\u00e9 qui tient au fait certainement de vouloir rester accroch\u00e9 \u00e0 des sch\u00e9mas anciens— Raconter une histoire. Manipuler beaucoup d\u2019adjectifs, de descriptions, sans oublier la toute puissance, l\u2019omniscience. Autant de choses impossibles donc d\u00e9sormais. Un conflit r\u00e9el entre ces deux tendances : \u00e9crire des histoires, \u00e9crire le r\u00e9el. Je crois que je cherche une fa\u00e7on, une forme de les r\u00e9unir, parfois il me semble m\u2019en approcher, d\u2019autres fois m\u2019en \u00e9loigner.<\/p>\n

Il y a une position \u00e0 tenir, une distance, une sorte d\u2019effacement, du m\u00eame acabit que la distance o\u00f9 se situe le mort dans son cercueil, n\u00e9cessaire d\u2019accepter, c\u2019est l\u2019acception le plus difficile sans doute. Une fois compl\u00e8tement mort on peut mieux d\u00e9cortiquer ce qu\u2019est le r\u00e9el, la vie, le texte, sa ponctuation, ses silences. A moins que ce ne soit encore qu\u2019un fantasme et c\u2019est tout.<\/p>\n

Ce qui me plait quand je peins c\u2019est surtout la surprise. C\u2019est de me dire soudain c\u2019est moi qui ai peint \u00e7a ? et d\u2019y reconna\u00eetre une sorte de lien intime provoque une satisfaction. C\u2019est cette intimit\u00e9 qui, dans l\u2019\u00e9criture, ne cesse de s\u2019enfuir. Au moment m\u00eame o\u00f9 je me dis c\u2019est \u00e7a, ce n\u2019est d\u00e9j\u00e0 plus \u00e7a. C\u2019est du cadavre.<\/p>", "content_text": "Dimanche, pass\u00e9 la journ\u00e9e avec M. C. seule venue pour le stage. Mais bonne discussion tout au long de la journ\u00e9e. A l\u2019heure du d\u00e9jeuner, S. nous a rejoint. On a ouvert une bouteille de Riesling et j\u2019ai fabriqu\u00e9 des toasts de saumon fum\u00e9 car plus de chips\u2014il fallait le manger car la date de p\u00e9remption \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 d\u00e9pass\u00e9e depuis trois jours. Appr\u00e9hension en avalant la premi\u00e8re bouch\u00e9e. La peur d\u2019\u00eatre malade encore. Mais au point o\u00f9 j\u2019en suis, je me suis dit au final. Vaille que vaille; appr\u00e9hension balay\u00e9e. Tous les meubles de la cuisine ont \u00e9t\u00e9 rel\u00e9gu\u00e9s dans le salon et la biblioth\u00e8que. La vaisselle empil\u00e9e \u00e7a et l\u00e0 sur des fauteuils, des consoles, des chaises. Quand on murmure dans la cuisine d\u00e9sormais, on se croit dans une caverne, \u00e7a r\u00e9sonne. Lundi matin N. doit venir poser le nouveau parquet; \u00e7a va prendre une semaine, nous a t\u2019il dit. Aucune joie \u00e0 imaginer ce nouveau plancher. Aucune joie de rien en fait. Juste l\u2019id\u00e9e fixe de la mort prochaine qui emp\u00eache \u00e0 peu pr\u00e8s tout le reste. Qui oblit\u00e8re. Timbre. Le changement proche de saison sans doute. Et aussi le fait d\u2019avoir atteint l\u2019\u00e2ge o\u00f9 tout le monde s\u2019en va. Les trois fr\u00e8res de ma m\u00e8re et elle-m\u00eame, l\u2019\u00e2ge des grands-parents. Je p\u00e8se mentalement le pour le contre. Qu\u2019ai-je fait. Est-ce grave de n\u2019avoir rien fait. Je n\u2019en sais plus rien. Je crois que je m\u2019en fous. Puis, \u00e0 l\u2019appui de la conversation avec M.C, nous voici \u00e0 estimer la chance d\u2019avoir quand m\u00eame v\u00e9cu toutes ces choses, notamment le fait de pouvoir changer de boulot si facilement \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Pour un oui pour un non. Et aussi se souvenir d\u2019un certain humour qui n\u2019aurait plus cours aujourd\u2019hui. J\u2019ai tent\u00e9 d\u2019\u00e9voquer la carri\u00e8re solo de Mark Knopfler mais M.C ne connaissait pas. Nous sommes pass\u00e9s \u00e0 autre chose. Les communaut\u00e9s. Vivre \u00e0 plusieurs dans une ferme, faire pousser des racines. Tu connais Ol\u00e9ron ? Faire l\u2019amour sans y penser. Et tous ces copains copines de nationalit\u00e9s si diverses. On a eu tous les deux nos potes iraniens vietnamiens, maliens, kosovars, alg\u00e9riens. Les petits boulots. Le syst\u00e8me D. A la fin on finit quand m\u00eame par se dire qu\u2019on s\u2019est bien fait avoir. Qu\u2019on a \u0153uvr\u00e9 pour le grand capitalisme m\u00eame si on a pass\u00e9 une bonne partie de notre existence \u00e0 cracher dessus. Mais ce ne sont pas des choses que je voulais \u00e9crire ce matin. Je ne voulais pas \u00e9crire une chronique. Je voulais parler du r\u00e9el. Est-ce que ce n\u2019est pas de r\u00e9el dont je suis en train d\u2019\u00e9crire en ce moment \u2026 Donc je suis pass\u00e9 \u00e0 autre chose. J\u2019ai donc \u00e9cris le texte pour la proposition 8 de l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture. Sur la violence du geste. J\u2019ai essay\u00e9 de me d\u00e9faire des \u00e9motions en l\u2019\u00e9crivant. Pas facile. Mais en effectuant des r\u00e9p\u00e9titions, des jeux de mots, presque des calembours, l\u2019amusement a pris le pas. Ce n\u2019est pas non plus ce que je voulais \u00e9crire ce matin. Je ne sais pas en fait ce que je voulais \u00e9crire ce matin. Et, au final ce que je veux, voulais, aurais voulu, n\u2019a que tr\u00e8s peu d\u2019importance. Je voulais peut-\u00eatre me souvenir ou reconstruire quelque chose. R\u00e9parer une attention ab\u00eem\u00e9e par les pens\u00e9es qui s\u2019accumulent sur mes berges comme autant de d\u00e9chets qui rappelle l\u2019horrible Oise. Un fleuve. Je voulais retrouver un beau fleuve. Son lent et solennel \u00e9coulement, calme et paisible traversant la plaine, ici, \u00e0 Vallon en Sully. Me retrouver encore une fois sur le pont, apr\u00e8s avoir d\u00e9pos\u00e9 mon cartable \u00e0 mes pieds. Mes coudes sur la pierre dure et fraiche de la rembarde, menton appuy\u00e9 sur les avant-bras, le regard tentant de rejoindre le courant. Dire une \u00e9motion avec \u00e9motion ne fonctionne pas. Il faut parvenir \u00e0 effectuer quelques pas en arri\u00e8re, la voir, de loin, dans son enti\u00e8ret\u00e9. Peut-\u00eatre. Ou bien tout le contraire. Etre en plein milieu, s\u2019y noyer, couler compl\u00e8tement dans l\u2019\u00e9motion, suffoquer d\u2019\u00e9motion. Crever d\u2019\u00e9motion. J\u2019ai regard\u00e9 la conf\u00e9rence de Carole Bisenius-Penin sur le travail de Pierre M\u00e9nard https:\/\/youtu.be\/uPpJtlvn58U?si=HCpXPrnpPrnt2McV Cela m\u2019a rappel\u00e9 mes lectures de jeunesse de Calvino. Ce fantasme de litt\u00e9rature interactive. Ce qui m\u2019a projet\u00e9 de nouveau vers mon impossibilit\u00e9 d\u2019\u00e9crire de la fiction. Impossibilit\u00e9 qui tient au fait certainement de vouloir rester accroch\u00e9 \u00e0 des sch\u00e9mas anciens\u2014 Raconter une histoire. Manipuler beaucoup d\u2019adjectifs, de descriptions, sans oublier la toute puissance, l\u2019omniscience. Autant de choses impossibles donc d\u00e9sormais. Un conflit r\u00e9el entre ces deux tendances : \u00e9crire des histoires, \u00e9crire le r\u00e9el. Je crois que je cherche une fa\u00e7on, une forme de les r\u00e9unir, parfois il me semble m\u2019en approcher, d\u2019autres fois m\u2019en \u00e9loigner. Il y a une position \u00e0 tenir, une distance, une sorte d\u2019effacement, du m\u00eame acabit que la distance o\u00f9 se situe le mort dans son cercueil, n\u00e9cessaire d\u2019accepter, c\u2019est l\u2019acception le plus difficile sans doute. Une fois compl\u00e8tement mort on peut mieux d\u00e9cortiquer ce qu\u2019est le r\u00e9el, la vie, le texte, sa ponctuation, ses silences. A moins que ce ne soit encore qu\u2019un fantasme et c\u2019est tout. Ce qui me plait quand je peins c\u2019est surtout la surprise. C\u2019est de me dire soudain c\u2019est moi qui ai peint \u00e7a ? et d\u2019y reconna\u00eetre une sorte de lien intime provoque une satisfaction. C\u2019est cette intimit\u00e9 qui, dans l\u2019\u00e9criture, ne cesse de s\u2019enfuir. Au moment m\u00eame o\u00f9 je me dis c\u2019est \u00e7a, ce n\u2019est d\u00e9j\u00e0 plus \u00e7a. C\u2019est du cadavre.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_9845_1_.jpg?1748065160", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/13-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/13-mars-2024.html", "title": "13 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T03:11:53Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Une nouvelle r\u00e9v\u00e9lation de possibles. Proposition emprunt\u00e9e \u00e0 Tous les mots sont adultes de F. quand il \u00e9voque ce que peuvent apporter les ateliers d\u2019\u00e9criture en prison, notamment la r\u00e9ception des textes qui en r\u00e9sultent, \u00e0 partir de ceux qui seront d\u00e9couverts. Et qui n\u2019est pas en prison d\u00e9sormais. Si libre que nous nous imaginons \u00eatre, le pr\u00e9jug\u00e9, le principe, la certitude, l\u2019habitude ont \u00e9galement leurs verrous, leurs barreaux, leurs gardiens. C\u2019est tout \u00e0 fait de cette nouvelle r\u00e9v\u00e9lation de possibles dont j\u2019ai besoin chaque jour. Que cela provienne des autres ou de moi-m\u00eame, quitte \u00e0 l\u2019inventer. Il faudra qu\u2019\u00e0 un moment je d\u00e9crive ce mouvement \u00e9tonnant qui se dessine \u00e0 partir du refus de tout protocole, vers cette sorte de connaissance intime de tout protocole. Et \u00e0 la fin ne plus \u00eatre que protocolaire ; ce serait bien l\u00e0 l\u2019ironie. Mais n\u2019anticipons pas. La g\u00e8ne occasionn\u00e9e par n\u2019importe quel \u00e9nonc\u00e9 math\u00e9matique se confond souvent avec les \u00e9nonc\u00e9s de ces propositions d\u2019\u00e9criture. Ma r\u00e9action \u00e0 ceci est \u00e0 peu pr\u00e8s la m\u00eame. Je n\u2019en fais qu\u2019\u00e0 ma t\u00eate. Je ne cherche pas \u00e0 comprendre car aussit\u00f4t une barri\u00e8re se dresse, m\u2019interdisant souvent de prendre avec c\u2019est \u00e0 dire cet ensemble, les autres et moi. C\u2019est un reliquat de toute puissance enfantine certainement. Une sorte de refus instinctif que l\u2019on pourrait vite confondre avec du m\u00e9pris, si la v\u00e9ritable raison n\u2019\u00e9tait en fait le manque de confiance en soi— en moi. Et donc de dire je ne comprends rien c\u2019est certain, je ne pourrai jamais rien comprendre, mais rien de grave, j\u2019y plonge t\u00eate en avant tout de m\u00eame. Parce qu\u2019au fond je sens bien que je ne suis pas moins humain que n\u2019importe qui. Et aussi qu\u2019avec l\u2019habitude j\u2019ai acquis un peu de d\u00e9tachement entre ce que je pense \u00eatre, ce que les autres pensent que je suis, et ce que je suis en r\u00e9alit\u00e9. C\u2019est \u00e0 dire un lot, le m\u00eame sac. Pas d\u2019importance.<\/p>\n

Lecture de blog, journal fant\u00f4me, sorte d\u2019effet miroir, et en m\u00eame temps cette r\u00e9flexion qu\u2019on \u00e9crit d\u2019abord pour soi, suivie assez rapidement d\u2019un doute . Puis d\u2019un haussement d\u2019\u00e9paule vis \u00e0 vis de ce doute. Ce n\u2019est pas encore temps, pour assurer la position.<\/p>\n

Tr\u00e8s difficile en ce moment de lire un livre en tournant les pages l\u2019une apr\u00e8s l\u2019autre. D\u00e9faut d\u2019attention, impression de d\u00e9j\u00e0 vu, boulimie ou fringale, c\u2019est pas \u00e7a. C\u2019est se d\u00e9faire d\u2019une mani\u00e8re de lire li\u00e9e \u00e0 l\u2019id\u00e9e du loisir, de l\u2019\u00e9vasion.<\/p>\n

Lire vraiment, en r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Lecture de Poe hier soir pour tenter de tromper l\u2019insomnie. Mais effet inverse. L\u2019excitation due \u00e0 l\u2019ironie relev\u00e9e dans les descriptions d\u2019int\u00e9rieurs Appalachiens, dans ce petit livre—qui serait digne de figurer parmi ceux utilis\u00e9s dans ces propositions d\u2019\u00e9criture : philosophie de l\u2019ameublement. A moins que ce ne soit gr\u00e2ce \u00e0 mon assiduit\u00e9 d\u2019y participer chaque semaine que d\u00e9sormais chaque livre soit une nouvelle r\u00e9v\u00e9lation de possibles justement.<\/p>\n

Remarque sur l\u2019utilisation fr\u00e9quente de ce « justement » Un peu trop fr\u00e9quente pour \u00eatre honn\u00eate. Sorte de mantra, utilis\u00e9e \u00e0 seule fin de tenter d\u2019\u00eatre juste, de m\u2019en souvenir \u00e0 d\u00e9faut de l\u2019\u00eatre vraiment ? Ou bien simple ameublement, sorte de mobilier h\u00e9rit\u00e9 dont on ne se souviendrait plus de l\u2019origine. Ce qui me laisse songeur quant \u00e0 ces mots utilis\u00e9s \u00e0 seule fin d\u2019apporter un poids, peut-\u00eatre une impression de poids seulement, ou de rythme, ou de v\u00e9racit\u00e9 \u00e0 la pens\u00e9e de l\u2019instant. Des mots qui viennent si naturellement sans y penser qu\u2019on ne les louperait pas si on se relisait. Le bon gout de l\u2019ameublement identique \u00e0 celui d\u2019utiliser les adverbes. Sauf que sur ce point je suis sans doute am\u00e9ricain, j\u2019ai le gout du jour, celui du petit bourgeois briguant ou fantasmant le bon gout d\u2019une aristocratie qui n\u2019existe probablement que dans mes r\u00eaves.<\/p>\n

D\u00e9sar\u00e7onn\u00e9 aussi en t\u00e9l\u00e9chargeant le logiciel Antidote pour mobile, essai gratuit pour un mois. Je n\u2019ai pas trouv\u00e9 la fa\u00e7on de l\u2019utiliser pour corriger des textes. Puis je d\u00e9couvre qu\u2019il faut utiliser une version web dont l\u2019abonnement me semble hors budget pour l\u2019instant. En \u00e9tudiant les propri\u00e9t\u00e9s cependant je d\u00e9couvre une refonte de l\u2019orthographe datant de 1990 qui autorise beaucoup de libert\u00e9s avec les accents circonflexes et les accents graves. Dans les param\u00e8tres de l\u2019application on peut m\u00eame choisir le genre de graphie traditionnelle ou rectifi\u00e9e. Tr\u00e8s d\u00e9concertant. Aucune envie de me mettre \u00e0 \u00e9crire de fa\u00e7on rectifi\u00e9e. Ce qui me propulse tout \u00e0 coup \u00e0 nouveau dans les m\u00e9andres d\u2019une m\u00e9ditation sur la vieillesse, sur le fait d\u2019\u00eatre « has been ». Puis d\u2019en rire, de refermer l\u2019IPad et de me dire que j\u2019ai stage toute la journ\u00e9e aujourd\u2019hui. Et de chercher quelques protocoles pour le mener \u00e0 bien. Voici toute l\u2019ironie de celui qui fait de la prose ( ou du protocole en cours de peinture ) sans savoir qu\u2019il en fait.<\/p>", "content_text": "Une nouvelle r\u00e9v\u00e9lation de possibles. Proposition emprunt\u00e9e \u00e0 Tous les mots sont adultes de F. quand il \u00e9voque ce que peuvent apporter les ateliers d\u2019\u00e9criture en prison, notamment la r\u00e9ception des textes qui en r\u00e9sultent, \u00e0 partir de ceux qui seront d\u00e9couverts. Et qui n\u2019est pas en prison d\u00e9sormais. Si libre que nous nous imaginons \u00eatre, le pr\u00e9jug\u00e9, le principe, la certitude, l\u2019habitude ont \u00e9galement leurs verrous, leurs barreaux, leurs gardiens. C\u2019est tout \u00e0 fait de cette nouvelle r\u00e9v\u00e9lation de possibles dont j\u2019ai besoin chaque jour. Que cela provienne des autres ou de moi-m\u00eame, quitte \u00e0 l\u2019inventer. Il faudra qu\u2019\u00e0 un moment je d\u00e9crive ce mouvement \u00e9tonnant qui se dessine \u00e0 partir du refus de tout protocole, vers cette sorte de connaissance intime de tout protocole. Et \u00e0 la fin ne plus \u00eatre que protocolaire; ce serait bien l\u00e0 l\u2019ironie. Mais n\u2019anticipons pas. La g\u00e8ne occasionn\u00e9e par n\u2019importe quel \u00e9nonc\u00e9 math\u00e9matique se confond souvent avec les \u00e9nonc\u00e9s de ces propositions d\u2019\u00e9criture. Ma r\u00e9action \u00e0 ceci est \u00e0 peu pr\u00e8s la m\u00eame. Je n\u2019en fais qu\u2019\u00e0 ma t\u00eate. Je ne cherche pas \u00e0 comprendre car aussit\u00f4t une barri\u00e8re se dresse, m\u2019interdisant souvent de prendre avec c\u2019est \u00e0 dire cet ensemble, les autres et moi. C\u2019est un reliquat de toute puissance enfantine certainement. Une sorte de refus instinctif que l\u2019on pourrait vite confondre avec du m\u00e9pris, si la v\u00e9ritable raison n\u2019\u00e9tait en fait le manque de confiance en soi\u2014 en moi. Et donc de dire je ne comprends rien c\u2019est certain, je ne pourrai jamais rien comprendre, mais rien de grave, j\u2019y plonge t\u00eate en avant tout de m\u00eame. Parce qu\u2019au fond je sens bien que je ne suis pas moins humain que n\u2019importe qui. Et aussi qu\u2019avec l\u2019habitude j\u2019ai acquis un peu de d\u00e9tachement entre ce que je pense \u00eatre, ce que les autres pensent que je suis, et ce que je suis en r\u00e9alit\u00e9. C\u2019est \u00e0 dire un lot, le m\u00eame sac. Pas d\u2019importance. Lecture de blog, journal fant\u00f4me, sorte d\u2019effet miroir, et en m\u00eame temps cette r\u00e9flexion qu\u2019on \u00e9crit d\u2019abord pour soi, suivie assez rapidement d\u2019un doute . Puis d\u2019un haussement d\u2019\u00e9paule vis \u00e0 vis de ce doute. Ce n\u2019est pas encore temps, pour assurer la position. Tr\u00e8s difficile en ce moment de lire un livre en tournant les pages l\u2019une apr\u00e8s l\u2019autre. D\u00e9faut d\u2019attention, impression de d\u00e9j\u00e0 vu, boulimie ou fringale, c\u2019est pas \u00e7a. C\u2019est se d\u00e9faire d\u2019une mani\u00e8re de lire li\u00e9e \u00e0 l\u2019id\u00e9e du loisir, de l\u2019\u00e9vasion. Lire vraiment, en r\u00e9alit\u00e9. Lecture de Poe hier soir pour tenter de tromper l\u2019insomnie. Mais effet inverse. L\u2019excitation due \u00e0 l\u2019ironie relev\u00e9e dans les descriptions d\u2019int\u00e9rieurs Appalachiens, dans ce petit livre\u2014qui serait digne de figurer parmi ceux utilis\u00e9s dans ces propositions d\u2019\u00e9criture : philosophie de l\u2019ameublement. A moins que ce ne soit gr\u00e2ce \u00e0 mon assiduit\u00e9 d\u2019y participer chaque semaine que d\u00e9sormais chaque livre soit une nouvelle r\u00e9v\u00e9lation de possibles justement. Remarque sur l\u2019utilisation fr\u00e9quente de ce \u00ab justement\u00bb Un peu trop fr\u00e9quente pour \u00eatre honn\u00eate. Sorte de mantra, utilis\u00e9e \u00e0 seule fin de tenter d\u2019\u00eatre juste, de m\u2019en souvenir \u00e0 d\u00e9faut de l\u2019\u00eatre vraiment ? Ou bien simple ameublement, sorte de mobilier h\u00e9rit\u00e9 dont on ne se souviendrait plus de l\u2019origine. Ce qui me laisse songeur quant \u00e0 ces mots utilis\u00e9s \u00e0 seule fin d\u2019apporter un poids, peut-\u00eatre une impression de poids seulement, ou de rythme, ou de v\u00e9racit\u00e9 \u00e0 la pens\u00e9e de l\u2019instant. Des mots qui viennent si naturellement sans y penser qu\u2019on ne les louperait pas si on se relisait. Le bon gout de l\u2019ameublement identique \u00e0 celui d\u2019utiliser les adverbes. Sauf que sur ce point je suis sans doute am\u00e9ricain, j\u2019ai le gout du jour, celui du petit bourgeois briguant ou fantasmant le bon gout d\u2019une aristocratie qui n\u2019existe probablement que dans mes r\u00eaves. D\u00e9sar\u00e7onn\u00e9 aussi en t\u00e9l\u00e9chargeant le logiciel Antidote pour mobile, essai gratuit pour un mois. Je n\u2019ai pas trouv\u00e9 la fa\u00e7on de l\u2019utiliser pour corriger des textes. Puis je d\u00e9couvre qu\u2019il faut utiliser une version web dont l\u2019abonnement me semble hors budget pour l\u2019instant. En \u00e9tudiant les propri\u00e9t\u00e9s cependant je d\u00e9couvre une refonte de l\u2019orthographe datant de 1990 qui autorise beaucoup de libert\u00e9s avec les accents circonflexes et les accents graves. Dans les param\u00e8tres de l\u2019application on peut m\u00eame choisir le genre de graphie traditionnelle ou rectifi\u00e9e. Tr\u00e8s d\u00e9concertant. Aucune envie de me mettre \u00e0 \u00e9crire de fa\u00e7on rectifi\u00e9e. Ce qui me propulse tout \u00e0 coup \u00e0 nouveau dans les m\u00e9andres d\u2019une m\u00e9ditation sur la vieillesse, sur le fait d\u2019\u00eatre \u00ab has been \u00bb. Puis d\u2019en rire, de refermer l\u2019IPad et de me dire que j\u2019ai stage toute la journ\u00e9e aujourd\u2019hui. Et de chercher quelques protocoles pour le mener \u00e0 bien. Voici toute l\u2019ironie de celui qui fait de la prose ( ou du protocole en cours de peinture ) sans savoir qu\u2019il en fait.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/ruines_1_.jpg?1748065126", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/12-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/12-mars-2024.html", "title": "12 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T03:08:01Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Si j\u2019avais de la suite dans les id\u00e9es, je serais joueur professionnel. H\u00e9las je ne suis qu\u2019un amateur. Tout au plus je n\u2019ai qu\u2019 une paire dont je me sers pour bluffer. Encore que le joueur ne cherche pas \u00e0 gagner autant qu\u2019\u00e0 perdre. Ou ni l\u2019un ni l\u2019autre. Le joueur joue, la vie passe. Elle est pass\u00e9e. Relire est terrible. Hier suis rest\u00e9 au moins deux heures sur un geste d\u2019enfance, perdu dans des \u00e9lucubrations sans fin. Car \u00e9videmment une m\u00e8ne \u00e0 une autre et ainsi de suite. en attendant la bille roule ( on entend l\u2019horrible bruit de tourniquet ) Les jeux sont faits et c\u2019est rouge, impair et passe.<\/p>\n

Je me sens comme parmi les derni\u00e8res gouttes d\u2019un \u00e9vier de cuisine qui se vide.<\/p>\n

— Et \u00e7a vous gratouille ou \u00e7a vous chatouille ?<\/p>\n

Sans rire on devient mou. Mourir est b\u00e2ti sur \u00e7a. Et de leur ton docte ils vous patafiolent en se payant vot\u2019 fiole. Sans agressivit\u00e9, car je n\u2019avais plus gu\u00e8re de temps devant moi, je leur tournai le dos et continuai mon chemin d\u00e9pourvu de but. Je ne m\u2019en plaignais pas. Ne m\u2019en r\u00e9jouissais pas non plus. C\u2019\u00e9tait comme \u00e7a. Exactement comme \u00e7a. Un jour comme-ci un jour comme \u00e7a. De deux choses l\u2019une — soit je suis compl\u00e8tement con, soit un g\u00e9nie— Pas de juste milieu n\u2019est-ce pas. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9ral les gens refusent leur g\u00e9nie car il p\u00e8se un poids d\u2019\u00e2ne mort \u00e0 porter.<\/p>\n

Encore un tout petit peu plus loin dit ce vieillard sur les \u00e9paules du jeune orgueilleux , je pense que ce village l\u00e0 n\u2019est pas le bon village, c\u2019est celui d\u2019apr\u00e8s. Mourir d\u2019\u00e9puisement \u00e0 encha\u00eener des t\u00e2ches idiotes, n\u2019est-ce pas notre lot commun\u2026 Il ne faut pas oublier de baisser la t\u00eate pour voir les chaussures du type pr\u00e9tentieux devant soi, \u00e7a remet les pendules \u00e0 l\u2019heure et \u00e7a sent moins mauvais que de l\u2019imaginer sur le tr\u00f4ne.<\/p>\n

La puanteur envahit parfois les berges du fleuve ( l\u2019Oise ) comme si charri\u00e9e par le courant. D\u2019amont vers l\u2019aval, il faut ainsi chaque matin avaler sa dose de relents d\u2019ordures, de pourriture. L\u2019apprentissage d\u2019une d\u00e9composition du monde ( ou de soi ce qui revient au m\u00eame ) A l\u2019\u00e9poque le chemin longeait le fleuve jusqu\u2019\u00e0 la gare. Il \u00e9tait question de brumes, de brouillard. Les contours n\u2019\u00e9taient pas tr\u00e8s nets. Il arrivait m\u00eame qu\u2019on n\u2019y voit rien du tout \u00e0 un m\u00e8tre devant soi. Et pourtant la confiance faisait le reste. On avan\u00e7ait pour se rendre \u00e0 l\u2019\u00e9cole, au boulot, \u00e0 l\u2019\u00e9glise, au pain, \u00e0 un rendez-vous, un enterrement, etc.<\/p>\n

Ce n\u2019est pas se souvenir le but. C\u2019est reconstruire quelque chose d\u2019effondr\u00e9 depuis avant soi, voire m\u00eame d\u00e9truit depuis des si\u00e8cles. Voire m\u00eame quelque chose qui n\u2019existe pas, qui n\u2019a jamais exist\u00e9. C\u2019est tr\u00e8s fugace. Mais insistant. Presque aussi insistant que fugace. C\u2019est parfois m\u00eame \u00e9nervant, aga\u00e7ant.<\/p>\n

Le pessimisme est aujourd\u2019hui une source d\u2019inspiration plus prolifique que jamais. Dois-je pour autant \u00eatre pessimiste \u00e0 tous les moments de la journ\u00e9e. Non, car \u00e7a ne sert \u00e0 rien la plupart du temps. D\u2019ailleurs, \u00eatre optimiste non plus ne sert plus \u00e0 grand chose non plus.<\/p>\n

Ceux qui s\u2019agacent de mon pessimisme sont tr\u00e8s probablement plus pessimistes que je ne le suis, sans le savoir. Encore que je ne sache rien, rien du tout. Voil\u00e0 le beau mantra qui s\u2019am\u00e8ne, pareil \u00e0 une licorne qui traverse la brume.<\/p>\n

C\u2019est vrai, il y a eu des horreurs sans nom. Mais n\u2019oublie pas les belles choses. Tout n\u2019est pas de la cervelle, il y a aussi de l\u2019\u0153il, de l\u2019oreille, du nez et du gout. les jours de chance, du toucher.<\/p>\n

Vous ne touchez pas vingt mille francs et vous allez directement en prison. C\u2019est ce qui \u00e9nerve puis soulage au Monopoly. Comme voir la distance se creuser aux petits chevaux. Se faire damer le pion. Voir sa reine tomber hors de l\u2019\u00e9chiquier.<\/p>", "content_text": " Si j\u2019avais de la suite dans les id\u00e9es, je serais joueur professionnel. H\u00e9las je ne suis qu\u2019un amateur. Tout au plus je n\u2019ai qu\u2019 une paire dont je me sers pour bluffer. Encore que le joueur ne cherche pas \u00e0 gagner autant qu\u2019\u00e0 perdre. Ou ni l\u2019un ni l\u2019autre. Le joueur joue, la vie passe. Elle est pass\u00e9e. Relire est terrible. Hier suis rest\u00e9 au moins deux heures sur un geste d\u2019enfance, perdu dans des \u00e9lucubrations sans fin. Car \u00e9videmment une m\u00e8ne \u00e0 une autre et ainsi de suite. en attendant la bille roule ( on entend l\u2019horrible bruit de tourniquet ) Les jeux sont faits et c\u2019est rouge, impair et passe. Je me sens comme parmi les derni\u00e8res gouttes d\u2019un \u00e9vier de cuisine qui se vide. \u2014 Et \u00e7a vous gratouille ou \u00e7a vous chatouille ? Sans rire on devient mou. Mourir est b\u00e2ti sur \u00e7a. Et de leur ton docte ils vous patafiolent en se payant vot\u2019 fiole. Sans agressivit\u00e9, car je n\u2019avais plus gu\u00e8re de temps devant moi, je leur tournai le dos et continuai mon chemin d\u00e9pourvu de but. Je ne m\u2019en plaignais pas. Ne m\u2019en r\u00e9jouissais pas non plus. C\u2019\u00e9tait comme \u00e7a. Exactement comme \u00e7a. Un jour comme-ci un jour comme \u00e7a. De deux choses l\u2019une \u2014 soit je suis compl\u00e8tement con, soit un g\u00e9nie\u2014 Pas de juste milieu n\u2019est-ce pas. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9ral les gens refusent leur g\u00e9nie car il p\u00e8se un poids d\u2019\u00e2ne mort \u00e0 porter. Encore un tout petit peu plus loin dit ce vieillard sur les \u00e9paules du jeune orgueilleux , je pense que ce village l\u00e0 n\u2019est pas le bon village, c\u2019est celui d\u2019apr\u00e8s. Mourir d\u2019\u00e9puisement \u00e0 encha\u00eener des t\u00e2ches idiotes, n\u2019est-ce pas notre lot commun\u2026 Il ne faut pas oublier de baisser la t\u00eate pour voir les chaussures du type pr\u00e9tentieux devant soi, \u00e7a remet les pendules \u00e0 l\u2019heure et \u00e7a sent moins mauvais que de l\u2019imaginer sur le tr\u00f4ne. La puanteur envahit parfois les berges du fleuve ( l\u2019Oise ) comme si charri\u00e9e par le courant. D\u2019amont vers l\u2019aval, il faut ainsi chaque matin avaler sa dose de relents d\u2019ordures, de pourriture. L\u2019apprentissage d\u2019une d\u00e9composition du monde ( ou de soi ce qui revient au m\u00eame ) A l\u2019\u00e9poque le chemin longeait le fleuve jusqu\u2019\u00e0 la gare. Il \u00e9tait question de brumes, de brouillard. Les contours n\u2019\u00e9taient pas tr\u00e8s nets. Il arrivait m\u00eame qu\u2019on n\u2019y voit rien du tout \u00e0 un m\u00e8tre devant soi. Et pourtant la confiance faisait le reste. On avan\u00e7ait pour se rendre \u00e0 l\u2019\u00e9cole, au boulot, \u00e0 l\u2019\u00e9glise, au pain, \u00e0 un rendez-vous, un enterrement, etc. Ce n\u2019est pas se souvenir le but. C\u2019est reconstruire quelque chose d\u2019effondr\u00e9 depuis avant soi, voire m\u00eame d\u00e9truit depuis des si\u00e8cles. Voire m\u00eame quelque chose qui n\u2019existe pas, qui n\u2019a jamais exist\u00e9. C\u2019est tr\u00e8s fugace. Mais insistant. Presque aussi insistant que fugace. C\u2019est parfois m\u00eame \u00e9nervant, aga\u00e7ant. Le pessimisme est aujourd\u2019hui une source d\u2019inspiration plus prolifique que jamais. Dois-je pour autant \u00eatre pessimiste \u00e0 tous les moments de la journ\u00e9e. Non, car \u00e7a ne sert \u00e0 rien la plupart du temps. D\u2019ailleurs, \u00eatre optimiste non plus ne sert plus \u00e0 grand chose non plus. Ceux qui s\u2019agacent de mon pessimisme sont tr\u00e8s probablement plus pessimistes que je ne le suis, sans le savoir. Encore que je ne sache rien, rien du tout. Voil\u00e0 le beau mantra qui s\u2019am\u00e8ne, pareil \u00e0 une licorne qui traverse la brume. C\u2019est vrai, il y a eu des horreurs sans nom. Mais n\u2019oublie pas les belles choses. Tout n\u2019est pas de la cervelle, il y a aussi de l\u2019\u0153il, de l\u2019oreille, du nez et du gout. les jours de chance, du toucher. Vous ne touchez pas vingt mille francs et vous allez directement en prison. C\u2019est ce qui \u00e9nerve puis soulage au Monopoly. Comme voir la distance se creuser aux petits chevaux. Se faire damer le pion. Voir sa reine tomber hors de l\u2019\u00e9chiquier. 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Ouvrir ce traitement de texte et noter ce qui vient lorsque \u00e7a vient. D\u00e9j\u00e0 quelques progr\u00e8s en utilisant cette astuce ( ruse ? ) de planifier la publication de tels textes sur le blog. J\u2019ai d\u00e9sormais toujours en moyenne, une semaine de billets en avance. C\u2019est assez \u00e9trange, voire parfois d\u00e9concertant. Est-ce de la triche ? je n\u2019en sais rien. Je crois que \u00e7a me laisserait assez indiff\u00e9rent que \u00e7a en soit.<\/p>\n

En tous cas nous sommes jeudi en fin d\u2019apr\u00e8s-midi, je me suis remis \u00e0 peindre un nouveau tableau grand format. Travaill\u00e9 trois heures ce matin et environ deux heures apr\u00e8s le d\u00e9jeuner. Je me sentais tellement bien \u00e0 n\u2019avoir de compte \u00e0 rendre \u00e0 personne. Aucune envie de demander un avis. Pas besoin d\u2019opinion. J\u2019ai m\u00e9lang\u00e9 mes couleurs avec application. C\u2019est tout juste si je ne tirais pas la langue comme le font les enfants parfois quand ils s\u2019appliquent. En s\u2019humectant les l\u00e8vres. Peut-\u00eatre le fait d\u2019humecter les l\u00e8vres offre t\u2019il un contact plus \u00e9troit avec l\u2019air ambiant, avec ce que l\u2019on croit \u00eatre une r\u00e9alit\u00e9. Mais les enfants ne pensent bien s\u00fbr pas \u00e0 ce genre de choses loufoques. ils peignent en tirant la langue et voil\u00e0 tout. Et de fil en aiguille, peu pr\u00e8s ma s\u00e9ance, en gravissant l\u2019escalier qui m\u00e8ne \u00e0 ce bureau j\u2019ai senti soudain dans ma paume le contact de ce vieux cerisier ; je devais avoir six ou sept ans et je grimpais aux arbres comme un forcen\u00e9. Ce cerisier devait \u00eatre tr\u00e8s \u00e2g\u00e9 puisque son tronc \u00e9tait perclus de lenticelles. Ce qui lui permettait des \u00e9changes gazeux avec son environnement. Evidemment j\u2019ignorais totalement ce genre de particularit\u00e9 chez les vieux arbres. Je posais une main en appui sur le tronc et je pouvais sentir sa mati\u00e8re, plus autant \u00e9lastique comme celle de l\u2019\u00e9corce des arbres jeunes. Il devait aussi y avoir quantit\u00e9 de stries, de motifs et peut-\u00eatre aussi un peu de lichen ; je conserve des flashs d\u2019images verd\u00e2tres et aussi la sensation assez pr\u00e9cise de cette sorte de poussi\u00e8re qui reste coll\u00e9e \u00e0 la pulpe des doigts quand on touche ces lichens. Ensuite je grimpais aussit\u00f4t sur la premi\u00e8re branche puis m\u2019\u00e9lan\u00e7ais vers la suivante et ainsi de suite, jusqu\u2019\u00e0 prendre une bonne distance avec le plateau des vaches. Evidemment j\u2019\u00e9cris \u00e7a \u00e0 64 ans, \u00e7a n\u2019a probablement rien \u00e0 voir avec ce que ce gamin pensait ou \u00e9prouvait. C\u2019est une r\u00e9\u00e9criture de cette sc\u00e8ne.<\/p>\n

Le temps des physiciens est une mesure. Un calcul entre deux points. Le temps des artistes est un fleuve. Nous voyons les \u00e9v\u00e9nements arriver en amont, du futur, ils nous arrivent dessus et nous vivons parfois avec intensit\u00e9 ces moments douloureux. Puis nous nous retournons, nous les voyons continuer leurs glissades vers l\u2019aval, encore \u00e9tonn\u00e9s d\u2019y avoir surv\u00e9cu, Dieu sait comment.<\/p>\n

Puis d\u2019autres \u00e9v\u00e9nement arrivent encore qui mobilisent notre attention. Ils d\u00e9boulent de l\u2019horizon, du futur. Tout petit au d\u00e9but, on les voit grossir au fur et \u00e0 mesure qu\u2019ils nous atteignent. Au bout d\u2019un moment cependant on arrive a les classer par taille par forme par impression. Les guerres, les massacres, les attentats, les mensonges gros comme des immeubles de quarante \u00e9tages. Puis quand ils repartent ils diminuent exactement de la m\u00eame fa\u00e7on exactement \u00e0 l\u2019inverse de la fa\u00e7on dont ils \u00e9taient arriv\u00e9s. Parmi tous ma mort. Mais ce seront les vivants qui la verront diminuer puis disparaitre \u00e0 un tournant du fleuve. Et tout est tr\u00e8s bien ainsi. Ce n\u2019est pas plus important que de toucher le tronc d\u2019un cerisier sans savoir ce que l\u2019on \u00e9prouve vraiment \u00e0 toucher un tronc de cerisier. Le discours n\u2019est qu\u2019un passe-temps.<\/p>", "content_text": "Ouvrir ce traitement de texte et noter ce qui vient lorsque \u00e7a vient. D\u00e9j\u00e0 quelques progr\u00e8s en utilisant cette astuce ( ruse ? ) de planifier la publication de tels textes sur le blog. J\u2019ai d\u00e9sormais toujours en moyenne, une semaine de billets en avance. C\u2019est assez \u00e9trange, voire parfois d\u00e9concertant. Est-ce de la triche ? je n\u2019en sais rien. Je crois que \u00e7a me laisserait assez indiff\u00e9rent que \u00e7a en soit. En tous cas nous sommes jeudi en fin d\u2019apr\u00e8s-midi, je me suis remis \u00e0 peindre un nouveau tableau grand format. Travaill\u00e9 trois heures ce matin et environ deux heures apr\u00e8s le d\u00e9jeuner. Je me sentais tellement bien \u00e0 n\u2019avoir de compte \u00e0 rendre \u00e0 personne. Aucune envie de demander un avis. Pas besoin d\u2019opinion. J\u2019ai m\u00e9lang\u00e9 mes couleurs avec application. C\u2019est tout juste si je ne tirais pas la langue comme le font les enfants parfois quand ils s\u2019appliquent. En s\u2019humectant les l\u00e8vres. Peut-\u00eatre le fait d\u2019humecter les l\u00e8vres offre t\u2019il un contact plus \u00e9troit avec l\u2019air ambiant, avec ce que l\u2019on croit \u00eatre une r\u00e9alit\u00e9. Mais les enfants ne pensent bien s\u00fbr pas \u00e0 ce genre de choses loufoques. ils peignent en tirant la langue et voil\u00e0 tout. Et de fil en aiguille, peu pr\u00e8s ma s\u00e9ance, en gravissant l\u2019escalier qui m\u00e8ne \u00e0 ce bureau j\u2019ai senti soudain dans ma paume le contact de ce vieux cerisier; je devais avoir six ou sept ans et je grimpais aux arbres comme un forcen\u00e9. Ce cerisier devait \u00eatre tr\u00e8s \u00e2g\u00e9 puisque son tronc \u00e9tait perclus de lenticelles. Ce qui lui permettait des \u00e9changes gazeux avec son environnement. Evidemment j\u2019ignorais totalement ce genre de particularit\u00e9 chez les vieux arbres. Je posais une main en appui sur le tronc et je pouvais sentir sa mati\u00e8re, plus autant \u00e9lastique comme celle de l\u2019\u00e9corce des arbres jeunes. Il devait aussi y avoir quantit\u00e9 de stries, de motifs et peut-\u00eatre aussi un peu de lichen; je conserve des flashs d\u2019images verd\u00e2tres et aussi la sensation assez pr\u00e9cise de cette sorte de poussi\u00e8re qui reste coll\u00e9e \u00e0 la pulpe des doigts quand on touche ces lichens. Ensuite je grimpais aussit\u00f4t sur la premi\u00e8re branche puis m\u2019\u00e9lan\u00e7ais vers la suivante et ainsi de suite, jusqu\u2019\u00e0 prendre une bonne distance avec le plateau des vaches. Evidemment j\u2019\u00e9cris \u00e7a \u00e0 64 ans, \u00e7a n\u2019a probablement rien \u00e0 voir avec ce que ce gamin pensait ou \u00e9prouvait. C\u2019est une r\u00e9\u00e9criture de cette sc\u00e8ne. Le temps des physiciens est une mesure. Un calcul entre deux points. Le temps des artistes est un fleuve. Nous voyons les \u00e9v\u00e9nements arriver en amont, du futur, ils nous arrivent dessus et nous vivons parfois avec intensit\u00e9 ces moments douloureux. Puis nous nous retournons, nous les voyons continuer leurs glissades vers l\u2019aval, encore \u00e9tonn\u00e9s d\u2019y avoir surv\u00e9cu, Dieu sait comment. Puis d\u2019autres \u00e9v\u00e9nement arrivent encore qui mobilisent notre attention. Ils d\u00e9boulent de l\u2019horizon, du futur. Tout petit au d\u00e9but, on les voit grossir au fur et \u00e0 mesure qu\u2019ils nous atteignent. Au bout d\u2019un moment cependant on arrive a les classer par taille par forme par impression. Les guerres, les massacres, les attentats, les mensonges gros comme des immeubles de quarante \u00e9tages. Puis quand ils repartent ils diminuent exactement de la m\u00eame fa\u00e7on exactement \u00e0 l\u2019inverse de la fa\u00e7on dont ils \u00e9taient arriv\u00e9s. Parmi tous ma mort. Mais ce seront les vivants qui la verront diminuer puis disparaitre \u00e0 un tournant du fleuve. Et tout est tr\u00e8s bien ainsi. Ce n\u2019est pas plus important que de toucher le tronc d\u2019un cerisier sans savoir ce que l\u2019on \u00e9prouve vraiment \u00e0 toucher un tronc de cerisier. Le discours n\u2019est qu\u2019un passe-temps.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j223.jpg?1748065180", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/10-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/10-mars-2024.html", "title": "10 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T02:59:07Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Hier j\u2019ai accroch\u00e9 47 tableaux \u00e0 la m\u00e9diath\u00e8que de l\u2019Arbresle. C\u2019est une grande salle, et je n\u2019ai pas peint que des grands tableaux. A l\u2019heure du d\u00e9jeuner un petit restaurant rue Pierre Brossolette ( la seule rue pi\u00e9tonne ) au 18 ? Plat du jour uniquement 13 \u20ac ( le caf\u00e9 est \u00e0 1.90 \u20ac) Y avait-il du miel sur le potiron, grande question laiss\u00e9e en suspens. De l\u00e0 o\u00f9 j\u2019\u00e9tais je pouvais voir le cuisinier. Son geste pour r\u00e9aliser un risotto ( \u00e0 la fois r\u00e9gulier, mais ferme, sans h\u00e9sitation ) m\u2019a fait r\u00e9fl\u00e9chir ensuite \u00e0 la raison pour laquelle j\u2019ai souvent rat\u00e9 le risotto.<\/p>\n

Par un raccourci ( audacieux ?) j\u2019emprunte la rue Brossolette jusqu\u2019au Mus\u00e9e de l\u2019Homme o\u00f9 est placard\u00e9e une lettre \u00e0 P\u00e9tain, ( c\u2019est If de Rudyard Kipling je crois \u2026 ) mais \u00e7a pourrait tout autant \u00eatre adress\u00e9 M.<\/p>\n

Si tu peux voir d\u00e9truit l\u2019ouvrage de ta vie
\nEt sans dire un seul mot te mettre \u00e0 reb\u00e2tir,
\nOu perdre en un seul coup le gain de cent parties
\nSans un geste et sans un soupir ;<\/p>\n

Si tu peux \u00eatre amant sans \u00eatre fou d\u2019amour,
\nSi tu peux \u00eatre fort sans cesser d\u2019\u00eatre tendre,
\nEt, te sentant ha\u00ef, sans ha\u00efr \u00e0 ton tour,
\nPourtant lutter et te d\u00e9fendre ;<\/p>\n

Si tu peux supporter d\u2019entendre tes paroles
\nTravesties par des gueux pour exciter des sots, ( \u00e7a c\u2019est v\u00e9ritablement costaud)
\nEt d\u2019entendre mentir sur toi leurs bouches folles
\nSans mentir toi-m\u00eame d\u2019un mot ;<\/p>\n

Si tu peux rester digne en \u00e9tant populaire,
\nSi tu peux rester peuple en conseillant les rois,
\nEt si tu peux aimer tous tes amis en fr\u00e8re,
\nSans qu\u2019aucun d\u2019eux soit tout pour toi ;<\/p>\n

Si tu sais m\u00e9diter, observer et conna\u00eetre,
\nSans jamais devenir sceptique ou destructeur,
\nR\u00eaver, mais sans laisser ton r\u00eave \u00eatre ton ma\u00eetre,
\nPenser sans n\u2019\u00eatre qu\u2019un penseur ;<\/p>\n

Si tu peux \u00eatre dur sans jamais \u00eatre en rage,
\nSi tu peux \u00eatre brave et jamais imprudent,
\nSi tu sais \u00eatre bon, si tu sais \u00eatre sage,
\nSans \u00eatre moral ni p\u00e9dant ;<\/p>\n

Si tu peux rencontrer Triomphe apr\u00e8s D\u00e9faite
\nEt recevoir ces deux menteurs d\u2019un m\u00eame front,
\nSi tu peux conserver ton courage et ta t\u00eate
\nQuand tous les autres les perdront,<\/p>\n

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
\nSeront \u00e0 tout jamais tes esclaves soumis,
\nEt, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
\nTu seras un homme, mon fils.<\/p>\n

Dans Wikip\u00e9dia la phrase ambigu\u00eb ( dr\u00f4le ?) sur Pierre Brossolette : Pendant son service militaire, il \u00e9pouse en 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude, ce avec l\u2019autorisation du g\u00e9n\u00e9ral Gouraud, gouverneur militaire de Paris.<\/p>\n

Mourir en regrettant ce que l\u2019on a fait de sa vie ( ou que l\u2019on n\u2019a pas fait ) voil\u00e0 certainement une pens\u00e9e qui g\u00e2che le plaisir.<\/p>\n

Mourir en ne pensant \u00e0 rien. Mourir sans m\u00eame y penser. Comme boire un verre d\u2019eau. Avaler la pilule. Ouvrir un parapluie. Passer \u00e0 autre chose.<\/p>\n

Le bruit du rideau de fer ( il se l\u00e8ve \u00e0 10h ) un bruit qui semble se nourrir de l\u2019id\u00e9e m\u00eame de la r\u00e9gularit\u00e9. Derri\u00e8re, des silhouettes se meuvent depuis des temps imm\u00e9moriaux. P\u00e9n\u00e9trer par les portes coulissantes ensuite. On ne meurt pas que sur un lit de mort. D\u00e8s qu\u2019on franchit des grilles, des portes coulissantes , on meurt un peu sans s\u2019en rendre compte.<\/p>\n

La couche de cr\u00e8me me surprit, me contraria, puis je passai outre. En tous cas risotto et potiron, c\u2019est nourrissant, on n\u2019a plus du tout faim apr\u00e8s.<\/p>\n

Parmi les id\u00e9es saugrenues je note celle-ci : chercher des livres de litt\u00e9rature anglaise « tomb\u00e9s dans le domaine public ». Les recopier dans mon traitement de texte, faire une jolie couverture, les publier ensuite sur Amazon KDP avec un nom d\u2019\u00e9diteur anglais. La difficult\u00e9 principale \u00e9tant de trouver le nom de la maison d\u2019\u00e9dition britannique procurant suffisamment de cr\u00e9dibilit\u00e9 pour que n\u2019importe quel \u00e9tudiant boutonneux anglosaxon pense que c\u2019est une v\u00e9ritable maison d\u2019\u00e9dition anglosaxonne. Id\u00e9e qu\u2019il est tout \u00e0 fait possible de d\u00e9velopper ensuite \u00e0 l\u2019international. ( En Turquie, chercher des auteurs turcs tomb\u00e9s dans le domaine public, par exemple, puis cette formalit\u00e9 \u00e9tant faite, passer aux choses s\u00e9rieuses)<\/p>\n

Cr\u00e9er une liste de maisons d\u2019\u00e9dition Australiennes ? En Nouvelle-Z\u00e9lande ? Albanaises ? Si \u00e7a ne rapporte rien que du temps perdu ce n\u2019est pas grave, l\u2019important \u00e9tant de rester coh\u00e9rent avec sa propre absurdit\u00e9.<\/p>", "content_text": "Hier j\u2019ai accroch\u00e9 47 tableaux \u00e0 la m\u00e9diath\u00e8que de l\u2019Arbresle. C\u2019est une grande salle, et je n\u2019ai pas peint que des grands tableaux. A l\u2019heure du d\u00e9jeuner un petit restaurant rue Pierre Brossolette ( la seule rue pi\u00e9tonne ) au 18 ? Plat du jour uniquement 13 \u20ac ( le caf\u00e9 est \u00e0 1.90 \u20ac) Y avait-il du miel sur le potiron, grande question laiss\u00e9e en suspens. De l\u00e0 o\u00f9 j\u2019\u00e9tais je pouvais voir le cuisinier. Son geste pour r\u00e9aliser un risotto ( \u00e0 la fois r\u00e9gulier, mais ferme, sans h\u00e9sitation ) m\u2019a fait r\u00e9fl\u00e9chir ensuite \u00e0 la raison pour laquelle j\u2019ai souvent rat\u00e9 le risotto. Par un raccourci ( audacieux ?) j\u2019emprunte la rue Brossolette jusqu\u2019au Mus\u00e9e de l\u2019Homme o\u00f9 est placard\u00e9e une lettre \u00e0 P\u00e9tain, ( c\u2019est If de Rudyard Kipling je crois \u2026 ) mais \u00e7a pourrait tout autant \u00eatre adress\u00e9 M. Si tu peux voir d\u00e9truit l\u2019ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre \u00e0 reb\u00e2tir, Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir ; Si tu peux \u00eatre amant sans \u00eatre fou d\u2019amour, Si tu peux \u00eatre fort sans cesser d\u2019\u00eatre tendre, Et, te sentant ha\u00ef, sans ha\u00efr \u00e0 ton tour, Pourtant lutter et te d\u00e9fendre ; Si tu peux supporter d\u2019entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, ( \u00e7a c\u2019est v\u00e9ritablement costaud) Et d\u2019entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-m\u00eame d\u2019un mot ; Si tu peux rester digne en \u00e9tant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois, Et si tu peux aimer tous tes amis en fr\u00e8re, Sans qu\u2019aucun d\u2019eux soit tout pour toi ; Si tu sais m\u00e9diter, observer et conna\u00eetre, Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, R\u00eaver, mais sans laisser ton r\u00eave \u00eatre ton ma\u00eetre, Penser sans n\u2019\u00eatre qu\u2019un penseur ; Si tu peux \u00eatre dur sans jamais \u00eatre en rage, Si tu peux \u00eatre brave et jamais imprudent, Si tu sais \u00eatre bon, si tu sais \u00eatre sage, Sans \u00eatre moral ni p\u00e9dant ; Si tu peux rencontrer Triomphe apr\u00e8s D\u00e9faite Et recevoir ces deux menteurs d\u2019un m\u00eame front, Si tu peux conserver ton courage et ta t\u00eate Quand tous les autres les perdront, Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront \u00e0 tout jamais tes esclaves soumis, Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire Tu seras un homme, mon fils. Dans Wikip\u00e9dia la phrase ambigu\u00eb ( dr\u00f4le ?) sur Pierre Brossolette : Pendant son service militaire, il \u00e9pouse en 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude, ce avec l\u2019autorisation du g\u00e9n\u00e9ral Gouraud, gouverneur militaire de Paris. Mourir en regrettant ce que l\u2019on a fait de sa vie ( ou que l\u2019on n\u2019a pas fait ) voil\u00e0 certainement une pens\u00e9e qui g\u00e2che le plaisir. Mourir en ne pensant \u00e0 rien. Mourir sans m\u00eame y penser. Comme boire un verre d\u2019eau. Avaler la pilule. Ouvrir un parapluie. Passer \u00e0 autre chose. Le bruit du rideau de fer ( il se l\u00e8ve \u00e0 10h ) un bruit qui semble se nourrir de l\u2019id\u00e9e m\u00eame de la r\u00e9gularit\u00e9. Derri\u00e8re, des silhouettes se meuvent depuis des temps imm\u00e9moriaux. P\u00e9n\u00e9trer par les portes coulissantes ensuite. On ne meurt pas que sur un lit de mort. D\u00e8s qu\u2019on franchit des grilles, des portes coulissantes , on meurt un peu sans s\u2019en rendre compte. La couche de cr\u00e8me me surprit, me contraria, puis je passai outre. En tous cas risotto et potiron, c\u2019est nourrissant, on n\u2019a plus du tout faim apr\u00e8s. Parmi les id\u00e9es saugrenues je note celle-ci : chercher des livres de litt\u00e9rature anglaise \u00ab tomb\u00e9s dans le domaine public \u00bb. Les recopier dans mon traitement de texte, faire une jolie couverture, les publier ensuite sur Amazon KDP avec un nom d\u2019\u00e9diteur anglais. La difficult\u00e9 principale \u00e9tant de trouver le nom de la maison d\u2019\u00e9dition britannique procurant suffisamment de cr\u00e9dibilit\u00e9 pour que n\u2019importe quel \u00e9tudiant boutonneux anglosaxon pense que c\u2019est une v\u00e9ritable maison d\u2019\u00e9dition anglosaxonne. Id\u00e9e qu\u2019il est tout \u00e0 fait possible de d\u00e9velopper ensuite \u00e0 l\u2019international. ( En Turquie, chercher des auteurs turcs tomb\u00e9s dans le domaine public, par exemple, puis cette formalit\u00e9 \u00e9tant faite, passer aux choses s\u00e9rieuses) Cr\u00e9er une liste de maisons d\u2019\u00e9dition Australiennes ? En Nouvelle-Z\u00e9lande ? Albanaises ? Si \u00e7a ne rapporte rien que du temps perdu ce n\u2019est pas grave, l\u2019important \u00e9tant de rester coh\u00e9rent avec sa propre absurdit\u00e9. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/222.jpg?1748065219", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/9-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/9-mars-2024.html", "title": "9 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T02:56:11Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Lecture de « journal d\u2019un inconnu » (St\u00e9pantchikovo). Puis, est-ce une r\u00e9jouissance vraiment ? Toujours cette id\u00e9e de comparer les \u00e2ges ( ?) quatre ans de plus que le grand auteur Fiodor Dosto\u00efevski. Toujours \u00e7a de pris. Il faut bien se r\u00e9conforter d\u2019une fa\u00e7on ou de l\u2019autre. En tous cas, tous les personnages pourraient tellement \u00eatre aussi bien lui que moi. Personne ne me croit jamais quand je dis \u00e0 haute voix que je ris \u00e0 en pleurer avec ses livres ( c\u2019est plus une phrase d\u2019un personnage de roman qu\u2019une phrase de journal ) Et donc je m\u2019arr\u00eate l\u00e0. Il ne faut pas tout m\u00e9langer. Et puis j\u2019ai cette exposition, il faut que je parte t\u00f4t. Tout un ensemble de bonne raison pour ne pas en dire plus. J\u2019adorerais en dire plus.<\/p>", "content_text": "Lecture de \u00ab journal d\u2019un inconnu \u00bb (St\u00e9pantchikovo). Puis, est-ce une r\u00e9jouissance vraiment ? Toujours cette id\u00e9e de comparer les \u00e2ges ( ?) quatre ans de plus que le grand auteur Fiodor Dosto\u00efevski. Toujours \u00e7a de pris. Il faut bien se r\u00e9conforter d\u2019une fa\u00e7on ou de l\u2019autre. En tous cas, tous les personnages pourraient tellement \u00eatre aussi bien lui que moi. Personne ne me croit jamais quand je dis \u00e0 haute voix que je ris \u00e0 en pleurer avec ses livres ( c\u2019est plus une phrase d\u2019un personnage de roman qu\u2019une phrase de journal ) Et donc je m\u2019arr\u00eate l\u00e0. Il ne faut pas tout m\u00e9langer. Et puis j\u2019ai cette exposition, il faut que je parte t\u00f4t. Tout un ensemble de bonne raison pour ne pas en dire plus. J\u2019adorerais en dire plus.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j221.jpg?1748065061", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/8-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/8-mars-2024.html", "title": "8 mars 2024", "date_published": "2024-06-13T02:49:19Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Le ridicule de tout cela est de plus en plus \u00e9vident. Et pourtant, je m\u2019obstine, tel un \u00e2ne b\u00e2t\u00e9. Je me souviens de ces r\u00e9dactions, de ces dissertations scolaires dont je n\u2019\u00e9tais pas peu fier, et aussi, des affronts essuy\u00e9s quand la note \u00e9tait un 9 ou un 10 sur 20. Cette impression d\u2019\u00eatre seul au monde, d\u00e9j\u00e0 \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Un naufrag\u00e9. Rien n\u2019a chang\u00e9. L\u2019impression que c\u2019est de pire en pire. La r\u00e8gle est l\u2019ennemie, qu\u2019elle soit de grammaire ou d\u2019orthographe. Je les entends d\u00e9j\u00e0, toutes ces vieilles voix de cr\u00e9celle. Il faut mettre la barre au t, le point sur le i. Et les accents, nom de Dieu ! Les accents. Tiens, \u00e7a me fait remonter quelque chose, les accents. L\u2019arriv\u00e9e en r\u00e9gion parisienne. Parmain. L\u2019Isle-Adam. « Tu sors de ta cambrousse, le gueux ? » — « Non mais, \u00e9coutez-le, comme il parle, le p\u00e9quenot celui-l\u00e0. » Et cette haine, tout \u00e0 coup, de cette langue pointue, lisse et sans bavure. En sourdine, bien entendu, pour ne pas m\u2019en prendre une. Ce serait bien facile, trop b\u00eate, de dire que mes fautes appartiennent \u00e0 la R\u00e9sistance. Et pourtant, il y a des chances. Un peu de gloriole bon march\u00e9. De l\u00e0 \u00e0 devenir communiste par la suite, logique implacable. On suit le mouvement, les yeux band\u00e9s. Et ce fameux libre arbitre, belle foutaise.<\/p>\n

Des hontes dont on h\u00e9rite, il faudra bien en faire quelque chose. C\u2019est l\u2019h\u00e9ritage. Le legs. Le fardeau qu\u2019on porte sur les \u00e9paules sans m\u00eame s\u2019en rendre compte. Des hontes et des ranc\u0153urs, des admirations candides \u00e9galement. Combien de fois encore, se raccrocher \u00e0 cette figure de l\u2019a\u00efeul instituteur de village, qui conna\u00eet son dictionnaire par c\u0153ur ? Cette v\u00e9n\u00e9ration entretenue impose une distance qu\u2019on ne saurait franchir, une distance qui nous renvoie au dernier rang de fa\u00e7on syst\u00e9matique.<\/p>\n

Trouve des excuses encore et encore pour ne pas t\u2019avouer clairement ton \u00e9lan vers l\u2019emballage plus que le contenu. En cela, ne vois-tu pas ta fa\u00e7on de te r\u00e9unir \u00e0 ce monde ? Belle et triste explication. Tout s\u2019expliquerait ainsi. \u00catre commun. Jamais tout \u00e0 fait propre. Trop propre serait suspect.<\/p>", "content_text": "Le ridicule de tout cela est de plus en plus \u00e9vident. Et pourtant, je m\u2019obstine, tel un \u00e2ne b\u00e2t\u00e9. Je me souviens de ces r\u00e9dactions, de ces dissertations scolaires dont je n\u2019\u00e9tais pas peu fier, et aussi, des affronts essuy\u00e9s quand la note \u00e9tait un 9 ou un 10 sur 20. Cette impression d\u2019\u00eatre seul au monde, d\u00e9j\u00e0 \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Un naufrag\u00e9. Rien n\u2019a chang\u00e9. L\u2019impression que c\u2019est de pire en pire. La r\u00e8gle est l\u2019ennemie, qu\u2019elle soit de grammaire ou d\u2019orthographe. Je les entends d\u00e9j\u00e0, toutes ces vieilles voix de cr\u00e9celle. Il faut mettre la barre au t, le point sur le i. Et les accents, nom de Dieu ! Les accents. Tiens, \u00e7a me fait remonter quelque chose, les accents. L\u2019arriv\u00e9e en r\u00e9gion parisienne. Parmain. L\u2019Isle-Adam. \u00ab Tu sors de ta cambrousse, le gueux ? \u00bb \u2014 \u00ab Non mais, \u00e9coutez-le, comme il parle, le p\u00e9quenot celui-l\u00e0. \u00bb Et cette haine, tout \u00e0 coup, de cette langue pointue, lisse et sans bavure. En sourdine, bien entendu, pour ne pas m\u2019en prendre une. Ce serait bien facile, trop b\u00eate, de dire que mes fautes appartiennent \u00e0 la R\u00e9sistance. Et pourtant, il y a des chances. Un peu de gloriole bon march\u00e9. De l\u00e0 \u00e0 devenir communiste par la suite, logique implacable. On suit le mouvement, les yeux band\u00e9s. Et ce fameux libre arbitre, belle foutaise. Des hontes dont on h\u00e9rite, il faudra bien en faire quelque chose. C\u2019est l\u2019h\u00e9ritage. Le legs. Le fardeau qu\u2019on porte sur les \u00e9paules sans m\u00eame s\u2019en rendre compte. Des hontes et des ranc\u0153urs, des admirations candides \u00e9galement. Combien de fois encore, se raccrocher \u00e0 cette figure de l\u2019a\u00efeul instituteur de village, qui conna\u00eet son dictionnaire par c\u0153ur ? Cette v\u00e9n\u00e9ration entretenue impose une distance qu\u2019on ne saurait franchir, une distance qui nous renvoie au dernier rang de fa\u00e7on syst\u00e9matique. Trouve des excuses encore et encore pour ne pas t\u2019avouer clairement ton \u00e9lan vers l\u2019emballage plus que le contenu. En cela, ne vois-tu pas ta fa\u00e7on de te r\u00e9unir \u00e0 ce monde ? Belle et triste explication. Tout s\u2019expliquerait ainsi. \u00catre commun. Jamais tout \u00e0 fait propre. Trop propre serait suspect. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/j_220.jpg?1748065119", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/7-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/7-mars-2024.html", "title": "7 mars 2024", "date_published": "2024-03-07T05:52:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Dans ce monde o\u00f9 toutes les valeurs semblent invers\u00e9es, je me demande soudain si faire de l\u2019argent avec la peinture, l\u2019\u00e9criture n\u2019est pas la meilleure preuve de modestie que l\u2019on pourrait s\u2019offrir \u00e0 soi-m\u00eame. Ce qui correspond en d\u00e9finitive \u00e0 biffer toute une vie de r\u00e9sistance, \u00e0 abdiquer. Et au final, mettre ce que l\u2019on imagine \u00eatre de l\u2019orgueil, de la vanit\u00e9 dans sa poche et son mouchoir par dessus. C\u2019est une vraie question. Le genre de question qu\u2019on ne peut pas \u00e9luder. Tout concourt ( petit con ?) d\u00e9sormais pour que cette question se pose et que la r\u00e9ponse soit affirmative d\u2019une fa\u00e7on \u00e9trangement naturelle. Peut-\u00eatre un peu trop naturelle pour l\u2019\u00eatre authentiquement. Ce que je comprends de cette tendance, appelons cela une tendance, c\u2019est que nul ( z\u00e9ro niet nada que dalle) ne saurait vivre totalement en dehors du monde. En rester indemne. Que nous sommes tous imbib\u00e9s ( glouglou) dans l\u2019immense masse de ruminations qui ne cessent de le traverser, de le remplir, de l\u2019envahir ( SPLATCHHH) tout entier ; et qu\u2019au bout du compte nous nous confondons avec cette rumination. Je, nous ne sommes plus rien d\u2019autre que cette rumination.<\/p>\n

Hier je regardais une vid\u00e9o de F. sur l\u2019\u00e9crivain Mark Baumer et j\u2019ai \u00e9t\u00e9 profond\u00e9ment touch\u00e9 par son parcours, son histoire. Pour moi il n\u2019est pas une victime de l\u2019absurdit\u00e9 dans laquelle a sombr\u00e9 notre soci\u00e9t\u00e9, il en est une sorte de h\u00e9ros tragique. Sa mort intervenue \u00e0 l\u2019\u00e2ge de 34 ans le fige dans un statut de star quasi anonyme \u00e0 part pour quelques initi\u00e9s de la litt\u00e9rature cr\u00e9ative. Et il est tout \u00e0 fait l\u00e9gitime d\u2019\u00e9prouver vis \u00e0 vis de cette histoire une sorte de douleur personnelle, intime. Comment lutter contre l\u2019absurdit\u00e9 de ce monde sans \u00eatre encore plus absurde en apparence, c\u2019est tout de suite ce qui me vient \u00e0 l\u2019esprit, parce que peut-\u00eatre c\u2019est ce que j\u2019ai toujours fait plus ou moins consciemment dans ma propre vie. Sauf que je suis sans doute bien moins courageux que Mark Baumer, que de nombreux autres auteurs qui se seront engag\u00e9s corps et \u00e2mes dans l\u2019acte d\u2019\u00e9crire.<\/p>\n

Nous sommes prisonniers de quelque chose que nous tenons trop souvent pour la r\u00e9alit\u00e9, la normalit\u00e9. Nous ne nous en rendons pas compte, nous r\u00e9sistons parfois de fa\u00e7on animale \u00e0 cette enfermement, c\u2019est \u00e0 dire de mani\u00e8re instinctive. Profond\u00e9ment, nous r\u00e9sistons mais nous ne savons pas contre quoi. Est-ce contre quelque chose du dehors ou du dedans ? toute l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 est bien l\u00e0. Nous avons confondu le dehors avec le dedans comme nous avons confondu le bien avec le mal, la satisfaction rapide de nos d\u00e9sirs les plus loufoques avec le bonheur, et l\u2019\u00e9go\u00efsme avec un sacerdoce artistique.<\/p>\n

Je reviens sur l\u2019id\u00e9e de la modestie. Je n\u2019aime pas le terme d\u2019humilit\u00e9 beaucoup trop galvaud\u00e9 \u00e0 mon sens. Il est utilis\u00e9 par une \u00e9lite \u00e0 laquelle j\u2019ai toujours refus\u00e9 visc\u00e9ralement d\u2019appartenir. Ces personnes poursuivant une qu\u00eate soi disant spirituelle, ces grenouilles qui veulent se faire aussi grosses qu\u2019un b\u0153uf ne se rendent m\u00eame pas \u00e0 l\u2019\u00e9vidence qu\u2019elles se contemplent le nombril. Que la recherche d\u2019humilit\u00e9 n\u2019est pouss\u00e9e que par leur vanit\u00e9, leur orgueil. Se faire une id\u00e9e haute de l\u2019humilit\u00e9 \u00e0 atteindre aujourd\u2019hui c\u2019est se faire une id\u00e9e du nombre hypoth\u00e9tique de followers qui vous likeront. C\u2019est tout autant absurde mais c\u2019est par cette absurdit\u00e9 m\u00eame que le monde d\u00e9sire tenir debout, il ne d\u00e9sire pas autre chose qu\u2019\u00eatre absurde en nommant cette absurdit\u00e9 la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Je n\u2019ai pas \u00e0 prendre un ton docte, \u00e0 me sentir sup\u00e9rieur \u00e0 qui que ce soit dans ce billet. Je veux dire que je peux \u00e9crire ces choses comme je les dirais \u00e0 un ami. Il n\u2019y a pas de pr\u00eache, pas de d\u00e9sir d\u2019influence, de manipulation—sauf peut-\u00eatre seulement vis \u00e0 vis de moi-m\u00eame pour tenter de me convaincre d\u2019un truc. J\u2019ai fait fausse route jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent dans la vision que j\u2019avais de l\u2019art, du monde de moi-m\u00eame, c\u2019est un gros morceau \u00e0 avaler. On n\u2019en finira donc jamais de se remettre en question. Peut-\u00eatre que j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 me mettre \u00e0 table pour l\u2019avaler il y a \u00e0 peu pr\u00e8s cinq ans. Dire comme je suis au bord de l\u2019indigestion. 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Ce que je comprends de cette tendance, appelons cela une tendance, c\u2019est que nul ( z\u00e9ro niet nada que dalle) ne saurait vivre totalement en dehors du monde. En rester indemne. Que nous sommes tous imbib\u00e9s ( glouglou) dans l\u2019immense masse de ruminations qui ne cessent de le traverser, de le remplir, de l\u2019envahir ( SPLATCHHH) tout entier; et qu\u2019au bout du compte nous nous confondons avec cette rumination. Je, nous ne sommes plus rien d\u2019autre que cette rumination. Hier je regardais une vid\u00e9o de F. sur l\u2019\u00e9crivain Mark Baumer et j\u2019ai \u00e9t\u00e9 profond\u00e9ment touch\u00e9 par son parcours, son histoire. Pour moi il n\u2019est pas une victime de l\u2019absurdit\u00e9 dans laquelle a sombr\u00e9 notre soci\u00e9t\u00e9, il en est une sorte de h\u00e9ros tragique. Sa mort intervenue \u00e0 l\u2019\u00e2ge de 34 ans le fige dans un statut de star quasi anonyme \u00e0 part pour quelques initi\u00e9s de la litt\u00e9rature cr\u00e9ative. Et il est tout \u00e0 fait l\u00e9gitime d\u2019\u00e9prouver vis \u00e0 vis de cette histoire une sorte de douleur personnelle, intime. Comment lutter contre l\u2019absurdit\u00e9 de ce monde sans \u00eatre encore plus absurde en apparence, c\u2019est tout de suite ce qui me vient \u00e0 l\u2019esprit, parce que peut-\u00eatre c\u2019est ce que j\u2019ai toujours fait plus ou moins consciemment dans ma propre vie. Sauf que je suis sans doute bien moins courageux que Mark Baumer, que de nombreux autres auteurs qui se seront engag\u00e9s corps et \u00e2mes dans l\u2019acte d\u2019\u00e9crire. Nous sommes prisonniers de quelque chose que nous tenons trop souvent pour la r\u00e9alit\u00e9, la normalit\u00e9. Nous ne nous en rendons pas compte, nous r\u00e9sistons parfois de fa\u00e7on animale \u00e0 cette enfermement, c\u2019est \u00e0 dire de mani\u00e8re instinctive. Profond\u00e9ment, nous r\u00e9sistons mais nous ne savons pas contre quoi. Est-ce contre quelque chose du dehors ou du dedans ? toute l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 est bien l\u00e0. Nous avons confondu le dehors avec le dedans comme nous avons confondu le bien avec le mal, la satisfaction rapide de nos d\u00e9sirs les plus loufoques avec le bonheur, et l\u2019\u00e9go\u00efsme avec un sacerdoce artistique. Je reviens sur l\u2019id\u00e9e de la modestie. Je n\u2019aime pas le terme d\u2019humilit\u00e9 beaucoup trop galvaud\u00e9 \u00e0 mon sens. Il est utilis\u00e9 par une \u00e9lite \u00e0 laquelle j\u2019ai toujours refus\u00e9 visc\u00e9ralement d\u2019appartenir. Ces personnes poursuivant une qu\u00eate soi disant spirituelle, ces grenouilles qui veulent se faire aussi grosses qu\u2019un b\u0153uf ne se rendent m\u00eame pas \u00e0 l\u2019\u00e9vidence qu\u2019elles se contemplent le nombril. Que la recherche d\u2019humilit\u00e9 n\u2019est pouss\u00e9e que par leur vanit\u00e9, leur orgueil. Se faire une id\u00e9e haute de l\u2019humilit\u00e9 \u00e0 atteindre aujourd\u2019hui c\u2019est se faire une id\u00e9e du nombre hypoth\u00e9tique de followers qui vous likeront. C\u2019est tout autant absurde mais c\u2019est par cette absurdit\u00e9 m\u00eame que le monde d\u00e9sire tenir debout, il ne d\u00e9sire pas autre chose qu\u2019\u00eatre absurde en nommant cette absurdit\u00e9 la r\u00e9alit\u00e9. Je n\u2019ai pas \u00e0 prendre un ton docte, \u00e0 me sentir sup\u00e9rieur \u00e0 qui que ce soit dans ce billet. Je veux dire que je peux \u00e9crire ces choses comme je les dirais \u00e0 un ami. Il n\u2019y a pas de pr\u00eache, pas de d\u00e9sir d\u2019influence, de manipulation\u2014sauf peut-\u00eatre seulement vis \u00e0 vis de moi-m\u00eame pour tenter de me convaincre d\u2019un truc. J\u2019ai fait fausse route jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent dans la vision que j\u2019avais de l\u2019art, du monde de moi-m\u00eame, c\u2019est un gros morceau \u00e0 avaler. On n\u2019en finira donc jamais de se remettre en question. Peut-\u00eatre que j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 me mettre \u00e0 table pour l\u2019avaler il y a \u00e0 peu pr\u00e8s cinq ans. Dire comme je suis au bord de l\u2019indigestion. Ou proche de la plus grande remise en question de ma vie tout simplement, modestement. 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Le pour et le contre dans mon cr\u00e2ne de piaf d\u00e9plum\u00e9 dansent la danse de Saint-Guy. Le bien et le mal c\u2019est comme la poussi\u00e8re ; il faut les chasser tous les matins de ton esprit mon p\u2019tit loup. Puis ouvrir en grand la fen\u00eatre du bureau, regarder le ciel, aspirer une bouff\u00e9e d\u2019air frais \u00e0 s\u2019en faire p\u00e9ter les poumons. Ciel bas, il pleut, la bruit de la pluie. 187 jours \u00e0 \u00e9crire des fadaises qui n\u2019int\u00e9ressent personne. M\u00eame pas toi pour dire toute la v\u00e9rit\u00e9. N\u2019est-il pas grand temps de prendre ce foutu taureau par les cornes et arr\u00eater de te branler. Ecrire en te flanquant dans un moule. Pourquoi tu ne mettrais pas \u00e0 \u00e9crire des histoires d\u2019amour par exemple ? Cent requ\u00eates Google en moyenne au cours des trente derniers jours. Mais si tu d\u00e9cides d\u2019\u00eatre malin, soies le jusqu\u2019au bout, tape histoire de sexe ou carr\u00e9ment histoire de cul. Voil\u00e0 la pente que suis ton esprit. Glissante. Comme si apr\u00e8s avoir voulu devenir une sorte de moine tu d\u00e9sirais virer coquin. Et le pour et le contre dans cette affaire est bien s\u00fbr en balance sur le fl\u00e9au tout \u00e0 fait vertical du pognon. Faire du pognon. Ce que tu es versatile mon pauvre vieux. Toujours la fuite en avant. Et en d\u00e9laissant la proie pour l\u2019ombre. Car dans ce cas pourquoi ne te mettrais-tu pas \u00e0 peindre ce que les gens veulent voir tout simplement. Des petites fleurs et des petits oiseaux. Pourquoi es tu toujours si m\u00e9prisant envers les \u00eatres, les choses, les id\u00e9es ? Tu veux \u00eatre \u00e0 l\u2019\u00e9cart mais la raison principale de cela est avant tout un sentiment d\u2019impuissance chronique face \u00e0 tout projet, \u00e0 toute possibilit\u00e9 de changement. Tu ne veux absolument pas changer, rester le m\u00eame, dans le m\u00eame jus, la m\u00eame merde. On dirait ton p\u00e8re quand il te parlait de ta vie telle que de son point de vue il la voyait. Et aujourd\u2019hui tu redeviens ce gamin paum\u00e9 qui ne comprend rien \u00e0 rien. Qui ne veut surtout rien comprendre. Et qui soudain se r\u00e9veille en disant Eureka alors qu\u2019il veut dire pouce, stop, basta. Qui a t\u2019il de honteux vraiment que tu n\u2019aies d\u00e9j\u00e0 travers\u00e9 pour t\u2019offusquer de la honte \u00e0 pr\u00e9sent. Toute honte bue, choisis-toi donc un pseudonyme et \u00e9cris des histoires de cul. C\u2019est apr\u00e8s tout une fa\u00e7on modeste et honn\u00eate de te rendre utile puisque selon les statistiques c\u2019est exactement ce que la plupart des gens recherchent, d\u00e9sirent, ach\u00e8tent. Ton probl\u00e8me de pognon r\u00e9gl\u00e9 tu pourras ensuite tr\u00e8s probablement r\u00eaver \u00e0 la r\u00e9solution urgente d\u2019un nouveau probl\u00e8me, et ainsi de suite. Tu vois, j\u2019avais raison dit le vieux dans ton cr\u00e2ne de piaf d\u00e9plum\u00e9. Logique. Les vieux doivent toujours avoir raison. Sinon ils deviendraient fous.<\/p>\n

Mon dernier mot s\u2019\u00e9vapore dans l\u2019air froid du matin. Tant mieux car il a une gueule de tueur — sans exag\u00e9rer, il pue la mort.<\/p>", "content_text": "Le pour et le contre dans mon cr\u00e2ne de piaf d\u00e9plum\u00e9 dansent la danse de Saint-Guy. Le bien et le mal c\u2019est comme la poussi\u00e8re; il faut les chasser tous les matins de ton esprit mon p\u2019tit loup. Puis ouvrir en grand la fen\u00eatre du bureau, regarder le ciel, aspirer une bouff\u00e9e d\u2019air frais \u00e0 s\u2019en faire p\u00e9ter les poumons. Ciel bas, il pleut, la bruit de la pluie. 187 jours \u00e0 \u00e9crire des fadaises qui n\u2019int\u00e9ressent personne. M\u00eame pas toi pour dire toute la v\u00e9rit\u00e9. N\u2019est-il pas grand temps de prendre ce foutu taureau par les cornes et arr\u00eater de te branler. Ecrire en te flanquant dans un moule. Pourquoi tu ne mettrais pas \u00e0 \u00e9crire des histoires d\u2019amour par exemple ? Cent requ\u00eates Google en moyenne au cours des trente derniers jours. Mais si tu d\u00e9cides d\u2019\u00eatre malin, soies le jusqu\u2019au bout, tape histoire de sexe ou carr\u00e9ment histoire de cul. Voil\u00e0 la pente que suis ton esprit. Glissante. Comme si apr\u00e8s avoir voulu devenir une sorte de moine tu d\u00e9sirais virer coquin. Et le pour et le contre dans cette affaire est bien s\u00fbr en balance sur le fl\u00e9au tout \u00e0 fait vertical du pognon. Faire du pognon. Ce que tu es versatile mon pauvre vieux. Toujours la fuite en avant. Et en d\u00e9laissant la proie pour l\u2019ombre. Car dans ce cas pourquoi ne te mettrais-tu pas \u00e0 peindre ce que les gens veulent voir tout simplement. Des petites fleurs et des petits oiseaux. Pourquoi es tu toujours si m\u00e9prisant envers les \u00eatres, les choses, les id\u00e9es ? Tu veux \u00eatre \u00e0 l\u2019\u00e9cart mais la raison principale de cela est avant tout un sentiment d\u2019impuissance chronique face \u00e0 tout projet, \u00e0 toute possibilit\u00e9 de changement. Tu ne veux absolument pas changer, rester le m\u00eame, dans le m\u00eame jus, la m\u00eame merde. On dirait ton p\u00e8re quand il te parlait de ta vie telle que de son point de vue il la voyait. Et aujourd\u2019hui tu redeviens ce gamin paum\u00e9 qui ne comprend rien \u00e0 rien. Qui ne veut surtout rien comprendre. Et qui soudain se r\u00e9veille en disant Eureka alors qu\u2019il veut dire pouce, stop, basta. Qui a t\u2019il de honteux vraiment que tu n\u2019aies d\u00e9j\u00e0 travers\u00e9 pour t\u2019offusquer de la honte \u00e0 pr\u00e9sent. Toute honte bue, choisis-toi donc un pseudonyme et \u00e9cris des histoires de cul. C\u2019est apr\u00e8s tout une fa\u00e7on modeste et honn\u00eate de te rendre utile puisque selon les statistiques c\u2019est exactement ce que la plupart des gens recherchent, d\u00e9sirent, ach\u00e8tent. Ton probl\u00e8me de pognon r\u00e9gl\u00e9 tu pourras ensuite tr\u00e8s probablement r\u00eaver \u00e0 la r\u00e9solution urgente d\u2019un nouveau probl\u00e8me, et ainsi de suite. Tu vois, j\u2019avais raison dit le vieux dans ton cr\u00e2ne de piaf d\u00e9plum\u00e9. Logique. Les vieux doivent toujours avoir raison. Sinon ils deviendraient fous. Mon dernier mot s\u2019\u00e9vapore dans l\u2019air froid du matin. Tant mieux car il a une gueule de tueur \u2014 sans exag\u00e9rer, il pue la mort. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/derriere_la_vitre.jpg?1748065092", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/5-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/5-mars-2024.html", "title": "5 mars 2024", "date_published": "2024-03-05T05:47:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ecrire une semaine enti\u00e8re de journal en une nuit cela n\u2019a pas de sens. Cela ressemble m\u00eame \u00e0 de la triche. Temp\u00e9rer cette ardeur d\u2019\u00e9crire sans arr\u00eat, se lib\u00e9rer d\u2019un trop plein ? R\u00e9gler \u00e7a. Comme on essaie de r\u00e9gler une vieille machine, et je pense aussit\u00f4t \u00e0 la Marino, la Marinoni de C. ( celle \u00e0 clich\u00e9 st\u00e9r\u00e9o) . Il \u00e9coutait ses moindres cliquetis, savait d\u2019embl\u00e9e o\u00f9 se diriger dans cette masse de ferraille. Le souvenir perdure. Est-ce vraiment le souvenir ou cet acharnement \u00e0 ne rien vouloir oublier. A vouloir tout conserver. La moindre minute d\u2019une vie toute enti\u00e8re rang\u00e9e ainsi dans un bocal \u00e9tiquet\u00e9 sur une \u00e9tag\u00e8re. Dans une immense salle, sorte de biblioth\u00e8que d\u2019Alexandrie, avant qu\u2019elle br\u00fble. Mais en m\u00eame temps quelle r\u00e8gle se donner si toutes ont au bout du compte \u00e9chou\u00e9. Il y a peu, je voyais tous ces oiseaux morts sur les plages de la c\u00f4te Atlantique. Morts de faim, disent les sp\u00e9cialistes. Trop de temp\u00eates, trop d\u2019effort \u00e0 fournir, la difficult\u00e9 de trouver du poisson qui dans ces cas-l\u00e0 se r\u00e9fugient dans des profondeurs inaccessibles. La plupart des cadavres appartient \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce des guillemots de Tro\u00efl. Rare. D\u00e9j\u00e0 en voie de disparition. J\u2019apprends leur nom au moment m\u00eame o\u00f9 ils s\u2019en vont. C\u2019est souvent le cas. A peine trouve-t-on quelque chose de neuf que d\u00e9j\u00e0 cela se dissipe s\u2019\u00e9vanouit, et pour finir disparait laisse un vide, une b\u00e9ance. Cette b\u00e9ance que l\u2019on cherche \u00e0 boucher avec des mots, prononc\u00e9s ou \u00e9crits et des noms de plante ou d\u2019oiseau. La notion de rythme dans l\u2019\u00e9criture comme dans la peinture. De longs textes trop souvent. Comme lorsqu\u2019on s\u2019attache beaucoup trop aux fonds passant couche apr\u00e8s couche jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019on y voie enfin quelque chose. En fait je l\u2019ai d\u00e9j\u00e0 dit certainement, le r\u00e9p\u00e8te, j\u2019\u00e9cris comme je peins, laborieusement. Sur une certaine fr\u00e9quence cela peut ressembler \u00e0 de la maestria autant dans la fa\u00e7on d\u2019harmoniser les couleurs sur la toile que d\u2019arranger certaines phrases ensemble, ou effectuer des liaisons entre plusieurs choses qui n\u2019ont d\u2019apparence pas de lien. Sur une autre fr\u00e9quence, comme pour ne pas \u00eatre trop submerg\u00e9 par la vanit\u00e9, pour s\u2019en extraire, se dire que la ma\u00eetrise est de la poudre aux yeux. Qu\u2019il manque un essentiel, d\u2019avoir quelque chose \u00e0 dire par exemple. Ainsi, par la r\u00e9gularit\u00e9 d\u2019une habitude entretenue depuis des ann\u00e9es je reproduis exactement ce que j\u2019ai d\u00e9j\u00e0 fait en me rendant tous les jours \u00e0 l\u2019usine, au bureau autrefois. Je fais des choses tout simplement parce qu\u2019il faut les faire, parce que c\u2019est comme \u00e7a. Bien sur ces deux fr\u00e9quences sont en conflit. Comment ne pourrait-il en \u00eatre autrement. Et puis parfois une troisi\u00e8me qui permet de voir les deux autres. La fr\u00e9quence du \u2018je n\u2019en ai strictement rien \u00e0 foutre\u2019. Sur celle-ci, je me fous comme de l\u2019an 40 de la maestria comme de la m\u00e9diocrit\u00e9, elles ne sont que mati\u00e8re et moi bleu immat\u00e9riel.<\/p>", "content_text": " Ecrire une semaine enti\u00e8re de journal en une nuit cela n\u2019a pas de sens. Cela ressemble m\u00eame \u00e0 de la triche. Temp\u00e9rer cette ardeur d\u2019\u00e9crire sans arr\u00eat, se lib\u00e9rer d\u2019un trop plein ? R\u00e9gler \u00e7a. Comme on essaie de r\u00e9gler une vieille machine, et je pense aussit\u00f4t \u00e0 la Marino, la Marinoni de C. ( celle \u00e0 clich\u00e9 st\u00e9r\u00e9o) . Il \u00e9coutait ses moindres cliquetis, savait d\u2019embl\u00e9e o\u00f9 se diriger dans cette masse de ferraille. Le souvenir perdure. Est-ce vraiment le souvenir ou cet acharnement \u00e0 ne rien vouloir oublier. A vouloir tout conserver. La moindre minute d\u2019une vie toute enti\u00e8re rang\u00e9e ainsi dans un bocal \u00e9tiquet\u00e9 sur une \u00e9tag\u00e8re. Dans une immense salle, sorte de biblioth\u00e8que d\u2019Alexandrie, avant qu\u2019elle br\u00fble. Mais en m\u00eame temps quelle r\u00e8gle se donner si toutes ont au bout du compte \u00e9chou\u00e9. Il y a peu, je voyais tous ces oiseaux morts sur les plages de la c\u00f4te Atlantique. Morts de faim, disent les sp\u00e9cialistes. Trop de temp\u00eates, trop d\u2019effort \u00e0 fournir, la difficult\u00e9 de trouver du poisson qui dans ces cas-l\u00e0 se r\u00e9fugient dans des profondeurs inaccessibles. La plupart des cadavres appartient \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce des guillemots de Tro\u00efl. Rare. D\u00e9j\u00e0 en voie de disparition. J\u2019apprends leur nom au moment m\u00eame o\u00f9 ils s\u2019en vont. C\u2019est souvent le cas. A peine trouve-t-on quelque chose de neuf que d\u00e9j\u00e0 cela se dissipe s\u2019\u00e9vanouit, et pour finir disparait laisse un vide, une b\u00e9ance. Cette b\u00e9ance que l\u2019on cherche \u00e0 boucher avec des mots, prononc\u00e9s ou \u00e9crits et des noms de plante ou d\u2019oiseau. La notion de rythme dans l\u2019\u00e9criture comme dans la peinture. De longs textes trop souvent. Comme lorsqu\u2019on s\u2019attache beaucoup trop aux fonds passant couche apr\u00e8s couche jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019on y voie enfin quelque chose. En fait je l\u2019ai d\u00e9j\u00e0 dit certainement, le r\u00e9p\u00e8te, j\u2019\u00e9cris comme je peins, laborieusement. Sur une certaine fr\u00e9quence cela peut ressembler \u00e0 de la maestria autant dans la fa\u00e7on d\u2019harmoniser les couleurs sur la toile que d\u2019arranger certaines phrases ensemble, ou effectuer des liaisons entre plusieurs choses qui n\u2019ont d\u2019apparence pas de lien. Sur une autre fr\u00e9quence, comme pour ne pas \u00eatre trop submerg\u00e9 par la vanit\u00e9, pour s\u2019en extraire, se dire que la ma\u00eetrise est de la poudre aux yeux. Qu\u2019il manque un essentiel, d\u2019avoir quelque chose \u00e0 dire par exemple. Ainsi, par la r\u00e9gularit\u00e9 d\u2019une habitude entretenue depuis des ann\u00e9es je reproduis exactement ce que j\u2019ai d\u00e9j\u00e0 fait en me rendant tous les jours \u00e0 l\u2019usine, au bureau autrefois. Je fais des choses tout simplement parce qu\u2019il faut les faire, parce que c\u2019est comme \u00e7a. Bien sur ces deux fr\u00e9quences sont en conflit. Comment ne pourrait-il en \u00eatre autrement. Et puis parfois une troisi\u00e8me qui permet de voir les deux autres. La fr\u00e9quence du \u2018je n\u2019en ai strictement rien \u00e0 foutre\u2019. Sur celle-ci, je me fous comme de l\u2019an 40 de la maestria comme de la m\u00e9diocrit\u00e9, elles ne sont que mati\u00e8re et moi bleu immat\u00e9riel. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/la_memoire.jpg?1748065161", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/4-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/4-mars-2024.html", "title": "4 mars 2024", "date_published": "2024-03-04T05:44:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je me distancie peu \u00e0 peu. En \u00e9crivant d\u2019avance sans effort, parvenu j\u2019arrive \u00e0 planifier 3 jours d\u2019avance. Toujours \u00e0 la m\u00eame heure, comme un coucou m\u00e9canique : 6:18. Lu un peu de T.C. hier en fin d\u2019apr\u00e8s-midi. L\u2019id\u00e9e de publier le journal par mois est s\u00e9duisante. J\u2019ai test\u00e9 aussi ses GPT\u2019s. Pas convaincu vraiment par celui promettant une correction orthographique et grammaticale. Ou plut\u00f4t pas compris. En revanche celui pour les images me permet de d\u00e9couvrir des astuces que j\u2019ignorais. De fil en aiguille en piochant par ci par l\u00e0, quelle image ! je me suis fourvoy\u00e9 \u00e0 nouveau sur GitHub. J\u2019ai r\u00e9install\u00e9 git sur ma machine. Mais en fin de compte \u00e7a n\u2019a pas servi \u00e0 grand-chose. J\u2019ai pass\u00e9 une demie journ\u00e9e \u00e0 fabriquer un site minimaliste pour me rendre compte \u00e0 la fin que le vrai travail n\u2019est pas l\u00e0. Le vrai travail est toujours pr\u00e9sent dans un coin du cr\u00e2ne, un genre de monstre du placard ; la relecture et r\u00e9\u00e9criture. En tous cas ce que je retiens de mon envie de blog minimaliste c\u2019est de parvenir \u00e0 me sauter par dessus, comme Klee parle de sauter par dessus le point gris ou noir je ne sais plus. Je me comprends. Je me comprends toujours bien mieux quand je ne sais plus. Oui ne pas \u00e9crire trop serait une bonne solution. Cela n\u00e9cessite des ressources, lesquelles ? le simple fait de se poser cette question indique que je n\u2019en dispose d\u2019aucune. Je suis de l\u2019esp\u00e8ce « bourrin » vieux cheval de traie— ou mule. Ane b\u00e2t\u00e9. J\u2019ai essay\u00e9 d\u2019ouvrir Ulysses sur l\u2019Ipad pour relire de vieux textes, depuis que je refuse de payer l\u2019abonnement je l\u2019ai ouvert une ou deux fois et puis referm\u00e9 car en lecture seule seulement, apparemment plus de possibilit\u00e9 d\u2019export. Il faudrait cr\u00e9er un script python pour aller farfouiller sur Icloud et r\u00e9cup\u00e9rer tous les textes. J\u2019avoue y avoir pens\u00e9 encore aujourd\u2019hui, mais pas fait de n\u0153ud \u00e0 mon mouchoir. je m\u2019y collerai \u00e0 l\u2019occasion d\u2019une prochaine crise de nostalgie. Le fait d\u2019\u00e9crire autant. Si \u00e9norm\u00e9ment a fini ( enfin ? ) par m\u2019amener \u00e0 un paradoxe. Celui d\u2019appr\u00e9cier de plus en plus lire des textes cours sur le blog des autres. De la po\u00e9sie bien sur, mais pas seulement. Et d\u2019admirer parfois tout ce qu\u2019a d\u00fb couter \u00e0 leurs auteur(es) cette bri\u00e8vet\u00e9. Il est possible aussi qu\u2019\u00e9crire comme je le fais aussi abondamment ne soit qu\u2019un r\u00e9flexe de s\u00e8che. Un nuage d\u2019encre. Cette attirance pour les carnets de T.C ( jusqu\u2019\u00e0 reproduire un clone de son site ) m\u2019indique aussi \u00e0 quel point il me sera impossible d\u2019utiliser sa m\u00e9thode sauf \u00e0 \u00e9laguer \u00e9norm\u00e9ment, \u00e0 amputer litt\u00e9ralement de nombreuses parties dans mes textes. Sans doute pour \u00eatre honn\u00eate n\u2019y aurait-il rien \u00e0 regretter de le faire. Peut-\u00eatre aussi s\u2019agit encore d\u2019une sorte de r\u00e9sistance. R\u00e9sister \u00e0 vouloir aller vers l\u2019essentiel comme c\u2019est tellement une mode d\u00e9sormais. La grande question c\u2019est : est-ce moi j\u2019ai envie de tout relire. Et presque aussit\u00f4t le d\u00e9gout, la naus\u00e9e d\u2019y penser. One minute, est une excellente id\u00e9e d\u2019entrainement \u00e0 l\u2019\u00e9criture. La fin du monde c\u2019est tous les jours, mais \u00e9crire celle de chacun durant une minute oblige \u00e0 l\u2019\u00e9crire justement durant cette minute comme contrainte. Evidemment je ne le ferai, je n\u2019ai plus une minute \u00e0 moi. Hier, nous \u00e9tions vendredi, T.L est venu sonner. Quelle surprise ! Il expose juste \u00e0 c\u00f4t\u00e9, mais l\u2019exposition ouvre ses portes le 8 mars date \u00e0 laquelle je serai \u00e0 l\u2019Arbresle, je ne pourrai donc pas venir \u00e0 son vernissage. Il a maigri ou vieilli. Cela fait plus de quatre ans qu\u2019on ne s\u2019\u00e9tait pas vus. J\u2019ai vu dans son regard que j\u2019avais vieilli \u00e9galement. Cet effroi d\u2019apercevoir le passage du temps sur les \u00eatres nous avons d\u00fb l\u2019\u00e9prouver simultan\u00e9ment. Mais n\u2019en avons pas dit le moindre mot. Juste un je tu suis es nous sommes bien content de te se nous voir. On aurait tr\u00e8s bien pu rester \u00e0 profiter du silence, assis tous les deux dans l\u2019atelier ( je lui ai offert du Ricola et des petits g\u00e2teaux) mais la timidit\u00e9 nous force \u00e0 parler, parler, parler. Je l\u2019ai lanc\u00e9 sur Butor, il me dit qu\u2019il est f\u00e2ch\u00e9 avec les femmes de Lucinges. Dommage. C\u2019est parce qu\u2019elles n\u2019ont jamais voulu m\u2019exposer alors qu\u2019il lui ( Michel Butor) avait promis de son vivant. Rien de nouveau vraiment. Je veux dire voil\u00e0 la teneur de la conversation quand on est timide. C\u2019est toujours plus ou moins la m\u00eame chose. Des r\u00e9criminations, des plaintes, des regrets. Souvent. Il n\u2019est pas rest\u00e9 bien longtemps, deux Ricola ( sans sucre je suis diab\u00e9tique) puis il est reparti vers S.H au pied de son Vercors.<\/p>", "content_text": " Je me distancie peu \u00e0 peu. En \u00e9crivant d\u2019avance sans effort, parvenu j\u2019arrive \u00e0 planifier 3 jours d\u2019avance. Toujours \u00e0 la m\u00eame heure, comme un coucou m\u00e9canique : 6:18. Lu un peu de T.C. hier en fin d\u2019apr\u00e8s-midi. L\u2019id\u00e9e de publier le journal par mois est s\u00e9duisante. J\u2019ai test\u00e9 aussi ses GPT\u2019s. Pas convaincu vraiment par celui promettant une correction orthographique et grammaticale. Ou plut\u00f4t pas compris. En revanche celui pour les images me permet de d\u00e9couvrir des astuces que j\u2019ignorais. De fil en aiguille en piochant par ci par l\u00e0, quelle image! je me suis fourvoy\u00e9 \u00e0 nouveau sur GitHub. J\u2019ai r\u00e9install\u00e9 git sur ma machine. Mais en fin de compte \u00e7a n\u2019a pas servi \u00e0 grand-chose. J\u2019ai pass\u00e9 une demie journ\u00e9e \u00e0 fabriquer un site minimaliste pour me rendre compte \u00e0 la fin que le vrai travail n\u2019est pas l\u00e0. Le vrai travail est toujours pr\u00e9sent dans un coin du cr\u00e2ne, un genre de monstre du placard; la relecture et r\u00e9\u00e9criture. En tous cas ce que je retiens de mon envie de blog minimaliste c\u2019est de parvenir \u00e0 me sauter par dessus, comme Klee parle de sauter par dessus le point gris ou noir je ne sais plus. Je me comprends. Je me comprends toujours bien mieux quand je ne sais plus. Oui ne pas \u00e9crire trop serait une bonne solution. Cela n\u00e9cessite des ressources, lesquelles ? le simple fait de se poser cette question indique que je n\u2019en dispose d\u2019aucune. Je suis de l\u2019esp\u00e8ce \u00ab bourrin \u00bb vieux cheval de traie\u2014 ou mule. Ane b\u00e2t\u00e9. J\u2019ai essay\u00e9 d\u2019ouvrir Ulysses sur l\u2019Ipad pour relire de vieux textes, depuis que je refuse de payer l\u2019abonnement je l\u2019ai ouvert une ou deux fois et puis referm\u00e9 car en lecture seule seulement, apparemment plus de possibilit\u00e9 d\u2019export. Il faudrait cr\u00e9er un script python pour aller farfouiller sur Icloud et r\u00e9cup\u00e9rer tous les textes. J\u2019avoue y avoir pens\u00e9 encore aujourd\u2019hui, mais pas fait de n\u0153ud \u00e0 mon mouchoir. je m\u2019y collerai \u00e0 l\u2019occasion d\u2019une prochaine crise de nostalgie. Le fait d\u2019\u00e9crire autant. Si \u00e9norm\u00e9ment a fini ( enfin ? ) par m\u2019amener \u00e0 un paradoxe. Celui d\u2019appr\u00e9cier de plus en plus lire des textes cours sur le blog des autres. De la po\u00e9sie bien sur, mais pas seulement. Et d\u2019admirer parfois tout ce qu\u2019a d\u00fb couter \u00e0 leurs auteur(es) cette bri\u00e8vet\u00e9. Il est possible aussi qu\u2019\u00e9crire comme je le fais aussi abondamment ne soit qu\u2019un r\u00e9flexe de s\u00e8che. Un nuage d\u2019encre. Cette attirance pour les carnets de T.C ( jusqu\u2019\u00e0 reproduire un clone de son site ) m\u2019indique aussi \u00e0 quel point il me sera impossible d\u2019utiliser sa m\u00e9thode sauf \u00e0 \u00e9laguer \u00e9norm\u00e9ment, \u00e0 amputer litt\u00e9ralement de nombreuses parties dans mes textes. Sans doute pour \u00eatre honn\u00eate n\u2019y aurait-il rien \u00e0 regretter de le faire. Peut-\u00eatre aussi s\u2019agit encore d\u2019une sorte de r\u00e9sistance. R\u00e9sister \u00e0 vouloir aller vers l\u2019essentiel comme c\u2019est tellement une mode d\u00e9sormais. La grande question c\u2019est : est-ce moi j\u2019ai envie de tout relire. Et presque aussit\u00f4t le d\u00e9gout, la naus\u00e9e d\u2019y penser. One minute, est une excellente id\u00e9e d\u2019entrainement \u00e0 l\u2019\u00e9criture. La fin du monde c\u2019est tous les jours, mais \u00e9crire celle de chacun durant une minute oblige \u00e0 l\u2019\u00e9crire justement durant cette minute comme contrainte. Evidemment je ne le ferai, je n\u2019ai plus une minute \u00e0 moi. Hier, nous \u00e9tions vendredi, T.L est venu sonner. Quelle surprise ! Il expose juste \u00e0 c\u00f4t\u00e9, mais l\u2019exposition ouvre ses portes le 8 mars date \u00e0 laquelle je serai \u00e0 l\u2019Arbresle, je ne pourrai donc pas venir \u00e0 son vernissage. Il a maigri ou vieilli. Cela fait plus de quatre ans qu\u2019on ne s\u2019\u00e9tait pas vus. J\u2019ai vu dans son regard que j\u2019avais vieilli \u00e9galement. Cet effroi d\u2019apercevoir le passage du temps sur les \u00eatres nous avons d\u00fb l\u2019\u00e9prouver simultan\u00e9ment. Mais n\u2019en avons pas dit le moindre mot. Juste un je tu suis es nous sommes bien content de te se nous voir. On aurait tr\u00e8s bien pu rester \u00e0 profiter du silence, assis tous les deux dans l\u2019atelier ( je lui ai offert du Ricola et des petits g\u00e2teaux) mais la timidit\u00e9 nous force \u00e0 parler, parler, parler. Je l\u2019ai lanc\u00e9 sur Butor, il me dit qu\u2019il est f\u00e2ch\u00e9 avec les femmes de Lucinges. Dommage. C\u2019est parce qu\u2019elles n\u2019ont jamais voulu m\u2019exposer alors qu\u2019il lui ( Michel Butor) avait promis de son vivant. Rien de nouveau vraiment. Je veux dire voil\u00e0 la teneur de la conversation quand on est timide. C\u2019est toujours plus ou moins la m\u00eame chose. Des r\u00e9criminations, des plaintes, des regrets. Souvent. 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\n\n \n\t\tReprésentation de la première personne du singulier personnifiée en femme, debout devant un miroir, surprise de découvrir qu'elle a fait pousser une barbe, symbolisant une réflexion sur l'identité et l'autoperception<\/a>\n
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Repr\u00e9sentation de la premi\u00e8re personne du singulier personnifi\u00e9e en femme, debout devant un miroir, surprise de d\u00e9couvrir qu\u2019elle a fait pousser une barbe, symbolisant une r\u00e9flexion sur l’identit\u00e9 et l’autoperception\n<\/div>\n\t
@patrickblanchon\n<\/div>\n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Ce n\u2019est pas un exploit, mais on ne devrait pas commencer une journ\u00e9e neuve avec une forme n\u00e9gative. Disons que j\u2019ai de gros doutes, voil\u00e0 tout. Le voir \u00e9crire tous les matins, \u00e7a me sid\u00e8re. D\u00e9cid\u00e9ment, j\u2019ai du mal \u00e0 placer le sujet avant le verbe. C\u2019est s\u00fbrement parce que je veux capter l\u2019attention, que l\u2019on m\u2019\u00e9coute jusqu\u2019au bout. Les Allemands font \u00e7a. Ils sont beaucoup plus disciplin\u00e9s dans leurs conversations. Mais \u00e7a me tuerait d\u2019\u00eatre allemande, je veux dire avec tout ce qu\u2019ils ont d\u00e9j\u00e0 fait \u00e0 la famille, m\u00eame s\u2019ils ont l\u2019air cool d\u00e9sormais. Personne n\u2019est cool sur cette plan\u00e8te. Rentre-toi \u00e7a dans le cr\u00e2ne, ma petite.<\/p>\n

Puis la premi\u00e8re personne du singulier se regarde dans la glace et voit qu\u2019elle a de la barbe. Je me suis laiss\u00e9e aller \u00e0 d\u00e9passer les bornes. Sacr\u00e9e premi\u00e8re personne du singulier.<\/p>\n

S. m\u2019a laiss\u00e9 20 \u20ac pour que j\u2019aille chez le coiffeur. Ce n\u2019est pas de la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9. Et en plus, ce sont mes 20 \u20ac qu\u2019elle me refile royalement, puisque, il y a deux jours, je lui ai donn\u00e9 50 \u20ac. Sachant qu\u2019elle a gagn\u00e9 plus de 110 \u20ac au vide-grenier dimanche. Mais elle l\u2019aura oubli\u00e9. Elle ne se souvient que de ce qui l\u2019arrange. Comme tout le monde. Mais la fa\u00e7on de poser le billet sur le plan de travail de la cuisine... « Tiens, v\u2019la 20 balles, va donc chez le coiffeur, je te rappelle que tu as une expo la semaine prochaine »... m\u2019a bouch\u00e9 un coin. Des fois, quand on est en couple, on peut douter de l\u2019\u00e2ge qu\u2019on a vraiment, juste selon la fa\u00e7on dont l\u2019autre nous parle. Des fois j\u2019ai 5 ans, des fois 10. En ce moment, gu\u00e8re au-del\u00e0 de 10. Ce qui me replonge dans d\u2019anciens \u00e9tats cataleptiques. Je la boucle, je me transforme en moule.<\/p>\n

Je l\u2019\u00e9coutai \u00e0 cet instant comme si j\u2019\u00e9tais dans son cr\u00e2ne et que je n\u2019avais qu\u2019\u00e0 tourner le bouton du son pour le mettre plus fort ou en sourdine. C\u2019\u00e9tait selon l\u2019humeur, le temps qu\u2019il faisait, comment j\u2019avais dormi, et l\u2019intensit\u00e9 de ma dose d\u2019inqui\u00e9tude quant \u00e0 l\u2019avenir. Parfois je m\u2019en voulais de ne pas \u00eatre un peu plus courageuse, de ne pas oser dire toute cette ranc\u0153ur. Parfois aussi, je ne disais rien car je n\u2019\u00e9tais pas s\u00fbre que cette ranc\u0153ur lui f\u00fbt vraiment adress\u00e9e. Pour dire toute la v\u00e9rit\u00e9, je me morfondais parce que je ne savais plus faire autrement que de me morfondre, de chercher un responsable au marasme dans lequel je m\u2019enfon\u00e7ais jour apr\u00e8s jour.<\/p>\n

Pendant qu\u2019elle ronge son frein, j\u2019emporte ma tasse de caf\u00e9 et grimpe \u00e0 l\u2019\u00e9tage. Toujours extr\u00eamement attentif aux sons, aux phrases qui me traversent. Surtout \u00e0 leurs intonations, bien plus qu\u2019au sens que je pourrais leur conf\u00e9rer. Attentif, c\u2019est \u00e7a. Un peu comme en \u00e9tat de m\u00e9ditation. Comme si, dans ma t\u00eate, j\u2019\u00e9tais assis en lotus. Et c\u2019\u00e9tait au point que j\u2019\u00e9prouvais quasi instantan\u00e9ment cette sensation douloureuse dans les genoux et les reins, d\u2019un type qui s\u2019efforce \u00e0 prendre du recul, soit pour peindre, soit pour \u00e9crire, enfin pour tenter de faire quelque chose de sa foutue vie.<\/p>\n

Le placement d\u2019une virgule me filant le vertige, je ne ponctue pas. Kafka dit quelque chose du genre, sauf que lui parle d\u2019honn\u00eatet\u00e9 au lieu de vertige. Enfin, ce n\u2019est certainement pas tout \u00e0 fait exact, mais c\u2019est ce qui me vient l\u00e0 tout de suite \u00e0 propos de la virgule : comment elle peut modifier notre rythme cardiaque, notre respiration, et l\u2019\u00e9quilibre pr\u00e9caire de toute notre chimie interne. La virgule et les parenth\u00e8ses sont des passages qui n\u2019en sont pas vraiment. Une image des Pyr\u00e9n\u00e9es me vient alors, de la neige \u00e9tincelante, d\u2019un versant l\u2019autre c\u2019est l\u2019Espagne, on n\u2019a pas vu d\u2019Allemand, pas de douanier non plus. Mais en levant la t\u00eate, il y a de grandes chances qu\u2019on aper\u00e7oive un rapace effectuant ses spirales matinales.<\/p>\n

Parmi le bric-\u00e0-brac que nous d\u00e9chargeons de la voiture —lorsque S. revient de chez I. qui lui a refil\u00e9 tout un tas de petites choses qu\u2019elle ne voulait plus— ce livre de James Germain F\u00e9vrier. Histoire de l\u2019\u00c9criture, Grande biblioth\u00e8que Payot. D\u00e9p\u00f4t l\u00e9gal 1995 ; il y avait eu une premi\u00e8re r\u00e9\u00e9dition en 1959, m\u00eame \u00e9diteur (mais la toute premi\u00e8re publication est de 1940). Une aubaine que j\u2019emporte loin des livres de psychologie qui remplissent le carton.<\/p>", "content_text": "Ce n\u2019est pas un exploit, mais on ne devrait pas commencer une journ\u00e9e neuve avec une forme n\u00e9gative. Disons que j\u2019ai de gros doutes, voil\u00e0 tout. Le voir \u00e9crire tous les matins, \u00e7a me sid\u00e8re. D\u00e9cid\u00e9ment, j\u2019ai du mal \u00e0 placer le sujet avant le verbe. C\u2019est s\u00fbrement parce que je veux capter l\u2019attention, que l\u2019on m\u2019\u00e9coute jusqu\u2019au bout. Les Allemands font \u00e7a. Ils sont beaucoup plus disciplin\u00e9s dans leurs conversations. Mais \u00e7a me tuerait d\u2019\u00eatre allemande, je veux dire avec tout ce qu\u2019ils ont d\u00e9j\u00e0 fait \u00e0 la famille, m\u00eame s\u2019ils ont l\u2019air cool d\u00e9sormais. Personne n\u2019est cool sur cette plan\u00e8te. Rentre-toi \u00e7a dans le cr\u00e2ne, ma petite. Puis la premi\u00e8re personne du singulier se regarde dans la glace et voit qu\u2019elle a de la barbe. Je me suis laiss\u00e9e aller \u00e0 d\u00e9passer les bornes. Sacr\u00e9e premi\u00e8re personne du singulier. S. m\u2019a laiss\u00e9 20 \u20ac pour que j\u2019aille chez le coiffeur. Ce n\u2019est pas de la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9. Et en plus, ce sont mes 20 \u20ac qu\u2019elle me refile royalement, puisque, il y a deux jours, je lui ai donn\u00e9 50 \u20ac. Sachant qu\u2019elle a gagn\u00e9 plus de 110 \u20ac au vide-grenier dimanche. Mais elle l\u2019aura oubli\u00e9. Elle ne se souvient que de ce qui l\u2019arrange. Comme tout le monde. Mais la fa\u00e7on de poser le billet sur le plan de travail de la cuisine... \u00ab Tiens, v\u2019la 20 balles, va donc chez le coiffeur, je te rappelle que tu as une expo la semaine prochaine \u00bb... m\u2019a bouch\u00e9 un coin. Des fois, quand on est en couple, on peut douter de l\u2019\u00e2ge qu\u2019on a vraiment, juste selon la fa\u00e7on dont l\u2019autre nous parle. Des fois j\u2019ai 5 ans, des fois 10. En ce moment, gu\u00e8re au-del\u00e0 de 10. Ce qui me replonge dans d\u2019anciens \u00e9tats cataleptiques. Je la boucle, je me transforme en moule. Je l\u2019\u00e9coutai \u00e0 cet instant comme si j\u2019\u00e9tais dans son cr\u00e2ne et que je n\u2019avais qu\u2019\u00e0 tourner le bouton du son pour le mettre plus fort ou en sourdine. C\u2019\u00e9tait selon l\u2019humeur, le temps qu\u2019il faisait, comment j\u2019avais dormi, et l\u2019intensit\u00e9 de ma dose d\u2019inqui\u00e9tude quant \u00e0 l\u2019avenir. Parfois je m\u2019en voulais de ne pas \u00eatre un peu plus courageuse, de ne pas oser dire toute cette ranc\u0153ur. Parfois aussi, je ne disais rien car je n\u2019\u00e9tais pas s\u00fbre que cette ranc\u0153ur lui f\u00fbt vraiment adress\u00e9e. Pour dire toute la v\u00e9rit\u00e9, je me morfondais parce que je ne savais plus faire autrement que de me morfondre, de chercher un responsable au marasme dans lequel je m\u2019enfon\u00e7ais jour apr\u00e8s jour. Pendant qu\u2019elle ronge son frein, j\u2019emporte ma tasse de caf\u00e9 et grimpe \u00e0 l\u2019\u00e9tage. Toujours extr\u00eamement attentif aux sons, aux phrases qui me traversent. Surtout \u00e0 leurs intonations, bien plus qu\u2019au sens que je pourrais leur conf\u00e9rer. Attentif, c\u2019est \u00e7a. Un peu comme en \u00e9tat de m\u00e9ditation. Comme si, dans ma t\u00eate, j\u2019\u00e9tais assis en lotus. Et c\u2019\u00e9tait au point que j\u2019\u00e9prouvais quasi instantan\u00e9ment cette sensation douloureuse dans les genoux et les reins, d\u2019un type qui s\u2019efforce \u00e0 prendre du recul, soit pour peindre, soit pour \u00e9crire, enfin pour tenter de faire quelque chose de sa foutue vie. Le placement d\u2019une virgule me filant le vertige, je ne ponctue pas. Kafka dit quelque chose du genre, sauf que lui parle d\u2019honn\u00eatet\u00e9 au lieu de vertige. Enfin, ce n\u2019est certainement pas tout \u00e0 fait exact, mais c\u2019est ce qui me vient l\u00e0 tout de suite \u00e0 propos de la virgule : comment elle peut modifier notre rythme cardiaque, notre respiration, et l\u2019\u00e9quilibre pr\u00e9caire de toute notre chimie interne. La virgule et les parenth\u00e8ses sont des passages qui n\u2019en sont pas vraiment. Une image des Pyr\u00e9n\u00e9es me vient alors, de la neige \u00e9tincelante, d\u2019un versant l\u2019autre c\u2019est l\u2019Espagne, on n\u2019a pas vu d\u2019Allemand, pas de douanier non plus. Mais en levant la t\u00eate, il y a de grandes chances qu\u2019on aper\u00e7oive un rapace effectuant ses spirales matinales. Parmi le bric-\u00e0-brac que nous d\u00e9chargeons de la voiture \u2014lorsque S. revient de chez I. qui lui a refil\u00e9 tout un tas de petites choses qu\u2019elle ne voulait plus\u2014 ce livre de James Germain F\u00e9vrier. Histoire de l\u2019\u00c9criture, Grande biblioth\u00e8que Payot. D\u00e9p\u00f4t l\u00e9gal 1995 ; il y avait eu une premi\u00e8re r\u00e9\u00e9dition en 1959, m\u00eame \u00e9diteur (mais la toute premi\u00e8re publication est de 1940). Une aubaine que j\u2019emporte loin des livres de psychologie qui remplissent le carton.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/dall.e_2024-02-29_08.16.50_-_reimagine_the_scene_with_the_first_person_singular_personified_as_a_woman_standing_in_front_of_a_mirror_surprised_to_see_she_has_grown_a_beard_symbo.jpg?1748065056", "tags": ["Autofiction et Introspection", "Temporalit\u00e9 et Ruptures"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/1er-mars-2024.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/1er-mars-2024.html", "title": "1er mars 2024", "date_published": "2024-03-01T05:35:00Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "<\/span>

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R\u00e9sister par tous les moyens \u00e0 l\u2019\u00e9coulement lin\u00e9aire des choses, des \u00eatres, des images, des pens\u00e9es, des r\u00eaves. Prendre le taureau par les cornes, gaiement, l\u00e9g\u00e8rement, comme ces danseurs sur une fresque entrevue \u00e0 Cnossos, en Cr\u00e8te. Mais en quelle ann\u00e9e d\u00e9j\u00e0 ? Un blanc. Ou danser avec les dauphins au-dessus du pr\u00e9cipice de notre incommensurable ignorance. \u00c9crire aujourd’hui le J.182 en ayant pr\u00e9vu de r\u00e9diger le J.181 demain \u00e0 l\u2019aube. Autant dire que je suis encore bloqu\u00e9 \u00e0 J.180, mais l\u2019insatisfaction persiste.<\/p>\n

L\u2019imp\u00e9rieux d\u00e9sir de dire des sottises se fait plus fort que n\u2019importe quelle autre r\u00e9alit\u00e9. Comme un fantoche sur un th\u00e9\u00e2tre de guerre perdue d\u2019avance — « Aller les gars, faut y aller, la fleur entre les dents, sabrons-les ces salauds ! » Et voil\u00e0 qu\u2019on se retrouve soudain \u00e0 cheval, face \u00e0 des chars d\u2019assaut, des tanks. Merde alors.<\/p>\n

O\u00f9 en \u00e9tais-je ? Ah oui, l\u2019id\u00e9e de Butor sur le prix des terrains \u00e0 Manhattan, o\u00f9 les terrains vagues sans construction valent plus cher que ceux o\u00f9 se dressent les gratte-ciel. Enfin, j\u2019avoue, j\u2019ai perdu le fil. Rouge ou non, il dispara\u00eet dans cette pelote de r\u00e9alit\u00e9 cousue de fil blanc. \u00c9crire, c\u2019est cavaler sur la steppe, comme un cavalier Mongol, un chaman poss\u00e9d\u00e9 par ses rituels. Le personnage prend le dessus sur l\u2019auteur, l\u2019auteur sur l\u2019homme — une justice \u00e0 sa mani\u00e8re.<\/p>\n

Je d\u00e9couvre par accident la beaut\u00e9 des petites choses, en appuyant sur « small » sans le vouloir. Les pattes de mouche sur l\u2019\u00e9cran, fascinantes. XL, c\u2019est autre chose, un cri. Mais revenons \u00e0 la normalit\u00e9, tant qu\u2019on le peut encore. La lin\u00e9arit\u00e9 d\u2019un r\u00e9cit, sa coh\u00e9rence, ne devrait pas poser question : des phrases simples, une id\u00e9e par paragraphe. Ne pas tout m\u00e9langer en trois mots. C\u2019est aga\u00e7ant.<\/p>\n

N\u2019as-tu jamais pens\u00e9 que tu \u00e9tais de la race des gallinac\u00e9es, une poule pondeuse, tous les jours asservie \u00e0 la t\u00e2che de pondre un \u0153uf, puis de vaquer on ne sait o\u00f9 ? Combien d\u2019\u0153ufs pond une poule dans sa vie ? Environ 1250, selon le stress, les vers de terre, les grains. Un \u00e9crivain est soumis \u00e0 des contraintes aussi naturelles qu\u2019une oie de Toulouse : 30 \u00e0 50 \u0153ufs par hiver pendant vingt ans. Combien d\u2019hivers encore ? Myst\u00e8re et boule de gomme.<\/p>\n

Plus je sens que je deviens fou, plus j\u2019ai le sentiment d\u2019\u00eatre dans le vrai. Le monde, lui, est fou ; on se passe le mot sans le dire, pour \u00e9viter de le prononcer.<\/p>\n

Le pr\u00e9sident de la France, seul contre tous, n\u2019a certainement pas lu le second tome de Don Quichotte. S\u2019il l\u2019avait lu, il \u00e9viterait de dire qu\u2019on enverra nos braves au casse-pipe. Franchement, j\u2019ai raison, non ? Oui, me r\u00e9pondis-je.<\/p>\n

La r\u00e9alit\u00e9, les « r\u00e9alit\u00e9s » disent les s\u00e9rieux, sont contraignantes, aussi in\u00e9vitables que l\u2019imp\u00f4t sur le revenu. Mais qu\u2019est-ce que le r\u00e9el, sinon une supposition ? Aller \u00e0 sa rencontre, c\u2019est une pri\u00e8re silencieuse. Mais avancer vers quelque chose qu\u2019on suppose r\u00e9el, c\u2019est autre chose. Des fils barbel\u00e9s, des miradors, des mitrailleurs \u00e0 l\u2019aff\u00fbt. Ici, c\u2019est notre r\u00e9alit\u00e9, vous n\u2019y \u00eates pas en odeur de saintet\u00e9. Vous puez l\u2019irr\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Je repense \u00e0 l\u2019enfance, \u00e0 gauler des noix, \u00e0 sentir cette enfance \u00e9chouer dans le bruit de chaque noix qui tombe. Une image lue quelque part, perdue dans les m\u00e9andres de ma m\u00e9moire. Pardonnez-moi. La po\u00e9sie est un fracas pour tous, ou peut-\u00eatre pour personne.<\/p>\n

Je ne sais plus. Tout m\u2019\u00e9chappe. La vie glisse entre mes doigts, se faufile entre les touches us\u00e9es de mon clavier, o\u00f9 les lettres s\u2019effacent lentement.<\/p>", "content_text": "R\u00e9sister par tous les moyens \u00e0 l\u2019\u00e9coulement lin\u00e9aire des choses, des \u00eatres, des images, des pens\u00e9es, des r\u00eaves. Prendre le taureau par les cornes, gaiement, l\u00e9g\u00e8rement, comme ces danseurs sur une fresque entrevue \u00e0 Cnossos, en Cr\u00e8te. Mais en quelle ann\u00e9e d\u00e9j\u00e0 ? Un blanc. Ou danser avec les dauphins au-dessus du pr\u00e9cipice de notre incommensurable ignorance. \u00c9crire aujourd'hui le J.182 en ayant pr\u00e9vu de r\u00e9diger le J.181 demain \u00e0 l\u2019aube. Autant dire que je suis encore bloqu\u00e9 \u00e0 J.180, mais l\u2019insatisfaction persiste. L\u2019imp\u00e9rieux d\u00e9sir de dire des sottises se fait plus fort que n\u2019importe quelle autre r\u00e9alit\u00e9. Comme un fantoche sur un th\u00e9\u00e2tre de guerre perdue d\u2019avance \u2014 \u00ab Aller les gars, faut y aller, la fleur entre les dents, sabrons-les ces salauds ! \u00bb Et voil\u00e0 qu\u2019on se retrouve soudain \u00e0 cheval, face \u00e0 des chars d\u2019assaut, des tanks. Merde alors. O\u00f9 en \u00e9tais-je ? Ah oui, l\u2019id\u00e9e de Butor sur le prix des terrains \u00e0 Manhattan, o\u00f9 les terrains vagues sans construction valent plus cher que ceux o\u00f9 se dressent les gratte-ciel. Enfin, j\u2019avoue, j\u2019ai perdu le fil. Rouge ou non, il dispara\u00eet dans cette pelote de r\u00e9alit\u00e9 cousue de fil blanc. \u00c9crire, c\u2019est cavaler sur la steppe, comme un cavalier Mongol, un chaman poss\u00e9d\u00e9 par ses rituels. Le personnage prend le dessus sur l\u2019auteur, l\u2019auteur sur l\u2019homme \u2014 une justice \u00e0 sa mani\u00e8re. Je d\u00e9couvre par accident la beaut\u00e9 des petites choses, en appuyant sur \u00ab small \u00bb sans le vouloir. Les pattes de mouche sur l\u2019\u00e9cran, fascinantes. XL, c\u2019est autre chose, un cri. Mais revenons \u00e0 la normalit\u00e9, tant qu\u2019on le peut encore. La lin\u00e9arit\u00e9 d\u2019un r\u00e9cit, sa coh\u00e9rence, ne devrait pas poser question : des phrases simples, une id\u00e9e par paragraphe. Ne pas tout m\u00e9langer en trois mots. C\u2019est aga\u00e7ant. N\u2019as-tu jamais pens\u00e9 que tu \u00e9tais de la race des gallinac\u00e9es, une poule pondeuse, tous les jours asservie \u00e0 la t\u00e2che de pondre un \u0153uf, puis de vaquer on ne sait o\u00f9 ? Combien d\u2019\u0153ufs pond une poule dans sa vie ? Environ 1250, selon le stress, les vers de terre, les grains. Un \u00e9crivain est soumis \u00e0 des contraintes aussi naturelles qu\u2019une oie de Toulouse : 30 \u00e0 50 \u0153ufs par hiver pendant vingt ans. Combien d\u2019hivers encore ? Myst\u00e8re et boule de gomme. Plus je sens que je deviens fou, plus j\u2019ai le sentiment d\u2019\u00eatre dans le vrai. Le monde, lui, est fou ; on se passe le mot sans le dire, pour \u00e9viter de le prononcer. Le pr\u00e9sident de la France, seul contre tous, n\u2019a certainement pas lu le second tome de Don Quichotte. S\u2019il l\u2019avait lu, il \u00e9viterait de dire qu\u2019on enverra nos braves au casse-pipe. Franchement, j\u2019ai raison, non ? Oui, me r\u00e9pondis-je. La r\u00e9alit\u00e9, les \u00ab r\u00e9alit\u00e9s \u00bb disent les s\u00e9rieux, sont contraignantes, aussi in\u00e9vitables que l\u2019imp\u00f4t sur le revenu. Mais qu\u2019est-ce que le r\u00e9el, sinon une supposition ? Aller \u00e0 sa rencontre, c\u2019est une pri\u00e8re silencieuse. Mais avancer vers quelque chose qu\u2019on suppose r\u00e9el, c\u2019est autre chose. Des fils barbel\u00e9s, des miradors, des mitrailleurs \u00e0 l\u2019aff\u00fbt. Ici, c\u2019est notre r\u00e9alit\u00e9, vous n\u2019y \u00eates pas en odeur de saintet\u00e9. Vous puez l\u2019irr\u00e9alit\u00e9. Je repense \u00e0 l\u2019enfance, \u00e0 gauler des noix, \u00e0 sentir cette enfance \u00e9chouer dans le bruit de chaque noix qui tombe. Une image lue quelque part, perdue dans les m\u00e9andres de ma m\u00e9moire. Pardonnez-moi. La po\u00e9sie est un fracas pour tous, ou peut-\u00eatre pour personne. Je ne sais plus. Tout m\u2019\u00e9chappe. La vie glisse entre mes doigts, se faufile entre les touches us\u00e9es de mon clavier, o\u00f9 les lettres s\u2019effacent lentement.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/dall.e_2024-02-28_09.26.49_-_create_a_hyper-realistic_scene_with_a_colder_more_muted_color_palette_reminiscent_of_scandinavian_crime_series__the_scene_includes_an_ancient_cretan.jpg?1748065117", "tags": ["\u00e9criture fragmentaire", "po\u00e9sie du quotidien"] } ] }