{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/bilan-2022-voeu-pour-2023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/bilan-2022-voeu-pour-2023.html", "title": "Bilan 2022, v\u0153u pour 2023", "date_published": "2023-01-03T02:41:01Z", "date_modified": "2025-10-22T14:45:59Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
illustration<\/strong> peinture de Garouste Une femme enceinte qui chevauche un \u00e2ne, une belle all\u00e9gorie n’est-ce pas ...<\/p>\n Cette ann\u00e9e 2022 s’est achev\u00e9e. Et quelle ann\u00e9e ! Un peu plus de 10 000 visiteurs sont pass\u00e9s sur le blog soit 39% de plus qu’en 2021. 1008 articles ont \u00e9t\u00e9 publi\u00e9s. J’adresse donc de tr\u00e8s sinc\u00e8res remerciements \u00e0 toutes et tous , abonn\u00e9(es) ou non, pour l’attention, le temps pass\u00e9, et surtout l’indulgence vis \u00e0 vis des contenus publi\u00e9s sur celui-ci.<\/p>\n En commen\u00e7ant \u00e0 r\u00e9diger les premiers textes, il y a cinq ans d\u00e9sormais, loin d’imaginer que je pouvais faire preuve et vis \u00e0 vis de moi-m\u00eame d’abord, d’une telle r\u00e9gularit\u00e9 ou obstination afin d’\u00e9crire quelques lignes ou pages et les publier de fa\u00e7on quotidienne. Encore que je ne me souvienne pas de m’\u00eatre jamais forc\u00e9 \u00e0 \u00e9crire comme s’il s’agissait d’une corv\u00e9e, Au contraire, j’\u00e9prouve de plus en plus un plaisir louche \u00e0 pers\u00e9v\u00e9rer. Louche, car la notion de plaisir, mise en avant ainsi, me renvoie \u00e0 celle de confort, de jouissance, \u00e0 une d\u00e9sinvolture ou une nonchalance parfois. Et qui, sit\u00f4t que j’en prends conscience, aurait plut\u00f4t tendance \u00e0 m’exasp\u00e9rer. Surtout parce que la configuration de mon caract\u00e8re place le travail en t\u00eate, et donc la facilit\u00e9 que je ressens \u00e0 \u00e9crire au quotidien d\u00e9sormais comme une sorte de tare. Disons que je suis en v\u00e9n\u00e9ration du travail \u00e0 un point tel que je le place sur un pi\u00e9destal et que j’ai la sensation permanente que mon abstinence puisse \u00eatre la meilleure offrande \u00e0 lui adresser. En outre je n’ai jamais \u00e9prouv\u00e9 la certitude agr\u00e9able, cette fatigue qui surgit et indique que l’on a assez travaill\u00e9 pour prendre un repos bien m\u00e9rit\u00e9. Le corps m\u00e9dical, si c’\u00e9tait un effet de sa bont\u00e9 de se pencher sur mon cas, poserait un diagnostic plus juste que je ne suis en mesure de le faire quant \u00e0 cette d\u00e9pendance, cette addiction dans laquelle j’ai sombr\u00e9. Probable que je serais bien mieux \u00e0 ma place dans une maison de fous qu’ici, \u00e0 tourner en rond comme un derviche au centre de sa persistance. Impossible encore de dire o\u00f9 l’\u00e9criture conduira ce blog, j’ai abandonn\u00e9 tout plan trac\u00e9 sur la trajectoire des com\u00e8tes et c’est aussi un effet plut\u00f4t positif de 2022 que cette prise de conscience. C’est \u00e0 dire cette carotte que repr\u00e9sente , pour moi surtout, la notion de projet. Car parvenir \u00e0 en r\u00e9aliser le moindre serait mettre un pied dans la tombe \u00e9videmment. Achever un projet c’est s’achever soi-m\u00eame. Cela ne signifie pas pour autant que l’ignorance ou la providence ne s’affairent pas. Et puisque je renonce \u00e0 la carotte il ne me reste plus que le b\u00e2ton pour seconder l’inconscience-en laquelle je crois bien plus que de raison- pour continuer \u00e0 cheminer vers les buts qu’elle voudra bien. Aussi pas de projet d\u00e9clar\u00e9 en passant la douane de cette ann\u00e9e neuve sauf \u00e9videmment ceux enfouis tout au fond de ma poche et dont je ne parle pas de peur d’avoir \u00e0 payer trop de taxes. Sur ce plan moins on en dit mieux c’est, comme quoi il n’est jamais si tard que l’on imagine pour apprendre encore et s’ am\u00e9liorer vers qui nous sommes vraiment.<\/p>\n Pour conclure je vous souhaite tout de bon pour cette ann\u00e9e 2023 afin de me conformer \u00e0 l’usage au cas encore o\u00f9, parmi vous, certains ignoreraient que le temps n’existe pas, qu’il n’est que vue d’esprit et souvent born\u00e9 d’\u0153ill\u00e8res. V\u0153u unique donc, essentiel, que vous obteniez la plus belle largesse d’esprit et de c\u0153ur dont vous r\u00eavez.<\/p>",
"content_text": "{{illustration}} peinture de Garouste Une femme enceinte qui chevauche un \u00e2ne, une belle all\u00e9gorie n'est-ce pas ... \n\nCette ann\u00e9e 2022 s'est achev\u00e9e. Et quelle ann\u00e9e! Un peu plus de 10 000 visiteurs sont pass\u00e9s sur le blog soit 39% de plus qu'en 2021. 1008 articles ont \u00e9t\u00e9 publi\u00e9s. J'adresse donc de tr\u00e8s sinc\u00e8res remerciements \u00e0 toutes et tous , abonn\u00e9(es) ou non, pour l'attention, le temps pass\u00e9, et surtout l'indulgence vis \u00e0 vis des contenus publi\u00e9s sur celui-ci.\n\nEn commen\u00e7ant \u00e0 r\u00e9diger les premiers textes, il y a cinq ans d\u00e9sormais, loin d'imaginer que je pouvais faire preuve et vis \u00e0 vis de moi-m\u00eame d'abord, d'une telle r\u00e9gularit\u00e9 ou obstination afin d'\u00e9crire quelques lignes ou pages et les publier de fa\u00e7on quotidienne. Encore que je ne me souvienne pas de m'\u00eatre jamais forc\u00e9 \u00e0 \u00e9crire comme s'il s'agissait d'une corv\u00e9e, Au contraire, j'\u00e9prouve de plus en plus un plaisir louche \u00e0 pers\u00e9v\u00e9rer. Louche, car la notion de plaisir, mise en avant ainsi, me renvoie \u00e0 celle de confort, de jouissance, \u00e0 une d\u00e9sinvolture ou une nonchalance parfois. Et qui, sit\u00f4t que j'en prends conscience, aurait plut\u00f4t tendance \u00e0 m'exasp\u00e9rer. Surtout parce que la configuration de mon caract\u00e8re place le travail en t\u00eate, et donc la facilit\u00e9 que je ressens \u00e0 \u00e9crire au quotidien d\u00e9sormais comme une sorte de tare. Disons que je suis en v\u00e9n\u00e9ration du travail \u00e0 un point tel que je le place sur un pi\u00e9destal et que j'ai la sensation permanente que mon abstinence puisse \u00eatre la meilleure offrande \u00e0 lui adresser. En outre je n'ai jamais \u00e9prouv\u00e9 la certitude agr\u00e9able, cette fatigue qui surgit et indique que l'on a assez travaill\u00e9 pour prendre un repos bien m\u00e9rit\u00e9. Le corps m\u00e9dical, si c'\u00e9tait un effet de sa bont\u00e9 de se pencher sur mon cas, poserait un diagnostic plus juste que je ne suis en mesure de le faire quant \u00e0 cette d\u00e9pendance, cette addiction dans laquelle j'ai sombr\u00e9. Probable que je serais bien mieux \u00e0 ma place dans une maison de fous qu'ici, \u00e0 tourner en rond comme un derviche au centre de sa persistance. Impossible encore de dire o\u00f9 l'\u00e9criture conduira ce blog, j'ai abandonn\u00e9 tout plan trac\u00e9 sur la trajectoire des com\u00e8tes et c'est aussi un effet plut\u00f4t positif de 2022 que cette prise de conscience. C'est \u00e0 dire cette carotte que repr\u00e9sente , pour moi surtout, la notion de projet. Car parvenir \u00e0 en r\u00e9aliser le moindre serait mettre un pied dans la tombe \u00e9videmment. Achever un projet c'est s'achever soi-m\u00eame. Cela ne signifie pas pour autant que l'ignorance ou la providence ne s'affairent pas. Et puisque je renonce \u00e0 la carotte il ne me reste plus que le b\u00e2ton pour seconder l'inconscience-en laquelle je crois bien plus que de raison- pour continuer \u00e0 cheminer vers les buts qu'elle voudra bien. Aussi pas de projet d\u00e9clar\u00e9 en passant la douane de cette ann\u00e9e neuve sauf \u00e9videmment ceux enfouis tout au fond de ma poche et dont je ne parle pas de peur d'avoir \u00e0 payer trop de taxes. Sur ce plan moins on en dit mieux c'est, comme quoi il n'est jamais si tard que l'on imagine pour apprendre encore et s' am\u00e9liorer vers qui nous sommes vraiment. \n\nPour conclure je vous souhaite tout de bon pour cette ann\u00e9e 2023 afin de me conformer \u00e0 l'usage au cas encore o\u00f9, parmi vous, certains ignoreraient que le temps n'existe pas, qu'il n'est que vue d'esprit et souvent born\u00e9 d'\u0153ill\u00e8res. V\u0153u unique donc, essentiel, que vous obteniez la plus belle largesse d'esprit et de c\u0153ur dont vous r\u00eavez.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/27-janvier-2022.html",
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"title": "27 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-27T07:33:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:33:54Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> La remise en question est essentielle chez les artistes. Il ne faut pas en abuser pour autant, mais honte \u00e0 ceux qui ne cillent jamais, qui ne sont pas empoign\u00e9s par le doute, qui ne se remettent jamais en question.<\/p>\n Je pense \u00e0 un crabe. Je pense \u00e0 ce crustac\u00e9 qui pratique la tangente comme vecteur de d\u00e9placement. Et j\u2019admire. J\u2019admire d\u2019autant plus que je suis en ce moment en train de r\u00e9viser mes classiques : la divine proportion et la section dor\u00e9e. Une telle aust\u00e9rit\u00e9 s\u2019est abattue cet hiver qu\u2019il faut bien trouver sa pitance quelque part co\u00fbte que co\u00fbte, et, s\u2019il le faut, s\u2019en inventer de nouvelles \u00e0 partir du souvenir.<\/p>\n Toujours, le souvenir ne cesse d\u2019osciller dans chacun de nos instants avant de prendre lui aussi la tangente, de s\u2019\u00e9lancer vers l\u2019inconnu, le sans-nom, la soi-disant nouveaut\u00e9. Faire du neuf avec de l\u2019ancien est une constante. Comment faire autrement ? Certains se font capturer par la tendance, qui n\u2019est que fragilit\u00e9, d\u00e9jeuner de soleil.<\/p>\n Tenir compte de la tendance, certes, mais ne pas l\u2019adorer comme un ben\u00eat.<\/p>\n Il est possible que le nombre d\u2019or ne soit qu\u2019une simple vue de l\u2019esprit qui perdure, dont on se gargarise cycle apr\u00e8s cycle quand tout se barre en couille. Je veux dire comme ce fantasme d\u2019ordre qui revient lui aussi lorsqu\u2019on ne comprend plus du tout les vertus du fouillis. Lorsqu\u2019on s\u2019\u00e9gare si loin parfois que l\u2019urgence des balises et des rep\u00e8res nous ram\u00e8ne par de myst\u00e9rieux souffles \u00e0 la r\u00eaverie du concret.<\/p>\n Par chance, je suis mauvais en g\u00e9om\u00e9trie. Du moins, j\u2019ai toujours pr\u00e9serv\u00e9 l\u2019effort d\u2019y plonger t\u00eate en avant. Ma g\u00e9om\u00e9trie est personnelle, intime.<\/p>\n Je pourrais faire l\u2019\u00e9loge du crabe, en peindre quelques-uns, r\u00e9inventer la symbolique, rejoindre les visionnaires d\u00e9funts, les Klee, les Kandinsky, qui parlent de la rigidit\u00e9 des verticales et des horizontales comme autant de lignes ennemies.<\/p>\n Je pourrais faire mille choses qui soudain surgissent dans mon esprit. Mais je ne le fais pas.<\/p>\n J\u2019applique toujours en priorit\u00e9 sur moi-m\u00eame les lois que je d\u00e9c\u00e8le. Je ne le fais pas, je me mets dans la peau, la carapace du crabe, je prends la tangente et je cavale ventre \u00e0 terre, dans une ivresse m\u00eal\u00e9e d\u2019effroi et de d\u00e9sir.<\/p>\n Je r\u00e9pudie la tendance en usant jusqu\u2019\u00e0 la corde l\u2019ivresse des tangentes, je me tiens \u00e0 la pyramide. Pas celle des \u00c9gyptiens, non, celle des \u00e9ternels besoins.<\/p>",
"content_text": "La remise en question est essentielle chez les artistes. Il ne faut pas en abuser pour autant, mais honte \u00e0 ceux qui ne cillent jamais, qui ne sont pas empoign\u00e9s par le doute, qui ne se remettent jamais en question. Je pense \u00e0 un crabe. Je pense \u00e0 ce crustac\u00e9 qui pratique la tangente comme vecteur de d\u00e9placement. Et j\u2019admire. J\u2019admire d\u2019autant plus que je suis en ce moment en train de r\u00e9viser mes classiques : la divine proportion et la section dor\u00e9e. Une telle aust\u00e9rit\u00e9 s\u2019est abattue cet hiver qu\u2019il faut bien trouver sa pitance quelque part co\u00fbte que co\u00fbte, et, s\u2019il le faut, s\u2019en inventer de nouvelles \u00e0 partir du souvenir. Toujours, le souvenir ne cesse d\u2019osciller dans chacun de nos instants avant de prendre lui aussi la tangente, de s\u2019\u00e9lancer vers l\u2019inconnu, le sans-nom, la soi-disant nouveaut\u00e9. Faire du neuf avec de l\u2019ancien est une constante. Comment faire autrement ? Certains se font capturer par la tendance, qui n\u2019est que fragilit\u00e9, d\u00e9jeuner de soleil. Tenir compte de la tendance, certes, mais ne pas l\u2019adorer comme un ben\u00eat. Il est possible que le nombre d\u2019or ne soit qu\u2019une simple vue de l\u2019esprit qui perdure, dont on se gargarise cycle apr\u00e8s cycle quand tout se barre en couille. Je veux dire comme ce fantasme d\u2019ordre qui revient lui aussi lorsqu\u2019on ne comprend plus du tout les vertus du fouillis. Lorsqu\u2019on s\u2019\u00e9gare si loin parfois que l\u2019urgence des balises et des rep\u00e8res nous ram\u00e8ne par de myst\u00e9rieux souffles \u00e0 la r\u00eaverie du concret. Par chance, je suis mauvais en g\u00e9om\u00e9trie. Du moins, j\u2019ai toujours pr\u00e9serv\u00e9 l\u2019effort d\u2019y plonger t\u00eate en avant. Ma g\u00e9om\u00e9trie est personnelle, intime. Je pourrais faire l\u2019\u00e9loge du crabe, en peindre quelques-uns, r\u00e9inventer la symbolique, rejoindre les visionnaires d\u00e9funts, les Klee, les Kandinsky, qui parlent de la rigidit\u00e9 des verticales et des horizontales comme autant de lignes ennemies. Je pourrais faire mille choses qui soudain surgissent dans mon esprit. Mais je ne le fais pas. J\u2019applique toujours en priorit\u00e9 sur moi-m\u00eame les lois que je d\u00e9c\u00e8le. Je ne le fais pas, je me mets dans la peau, la carapace du crabe, je prends la tangente et je cavale ventre \u00e0 terre, dans une ivresse m\u00eal\u00e9e d\u2019effroi et de d\u00e9sir. Je r\u00e9pudie la tendance en usant jusqu\u2019\u00e0 la corde l\u2019ivresse des tangentes, je me tiens \u00e0 la pyramide. Pas celle des \u00c9gyptiens, non, celle des \u00e9ternels besoins.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/26-janvier-2022.html",
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"title": "26 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-26T07:29:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:29:40Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Je ne savais pas que la passion \u00e9tait comme ma bagnole et qu\u2019il fallait l\u2019entretenir. En g\u00e9n\u00e9ral, je ne vais chez le garagiste que lorsque j\u2019ai un probl\u00e8me : un voyant qui s\u2019allume, l\u2019airbag qui me comprime, le tuyau d\u2019\u00e9chappement qui fume. Cela s\u2019appelle de la n\u00e9gligence, d\u2019apr\u00e8s mon \u00e9pouse qui trouve toujours les bons mots pour adoucir les angles.<\/p>\n En ce qui concerne la passion, elle dit souvent aussi que je suis n\u00e9gligent. Et je lui fais confiance, puisque je l\u2019aime. Mais la n\u00e9gligence, c\u2019est un joli mot ; encore faut-il savoir pourquoi les gens s\u2019en servent \u00e0 votre \u00e9gard.<\/p>\n Une phrase qui me fait toujours rigoler, c\u2019est : « Un \u00e9go\u00efste, c\u2019est quelqu\u2019un qui ne pense pas \u00e0 moi. » Je la sors en cas d\u2019extr\u00eame n\u00e9cessit\u00e9, une fois par jour en moyenne.\n \u00c7a n\u2019am\u00e9liore jamais vraiment les choses, mais qu\u2019est-ce que \u00e7a fait du bien. Et puis, au bout du compte, lorsque la mayonnaise retombe, mon \u00e9pouse est la premi\u00e8re \u00e0 en rire. Elle apprend, j\u2019apprends, nous apprenons tous les jours gr\u00e2ce \u00e0 de petites phrases comme celle-ci, vous voyez.<\/p>\n Une autre chose qui revient beaucoup aussi, c\u2019est : « Je ne savais pas que tu \u00e9tais comme \u00e7a quand je t\u2019ai \u00e9pous\u00e9. »\n S\u2019asticoter ne fonctionne pas toujours, mais j\u2019avoue que lorsque cela fonctionne avec un ou une partenaire, le gros du boulot est amplement fait question entretien.<\/p>\n Sinon, oubliez ce qui est not\u00e9 dans les magazines, ce n\u2019est rien qu\u2019un tissu de conneries. Vous savez, toutes ces petites attentions que les amants se doivent comme des traites de cr\u00e9dit au jour le jour. J\u2019ai essay\u00e9 plusieurs fois, et avec des femmes diff\u00e9rentes : \u00e7a ne fonctionne pas. Je veux dire que la gentillesse ne suffit pas. Vous rendez l\u2019autre d\u00e9biteur, et c\u2019est extr\u00eamement \u00e9nervant d\u2019\u00eatre d\u00e9biteur.<\/p>\n \u00c9videmment, tous ces conseils que je vous prodigue tout \u00e0 fait gratuitement ne valent que pour les couples normaux. Je veux parler de tous ces couples pour qui traverser le mois ressemble \u00e0 une exp\u00e9dition de Paul-\u00c9mile Victor vers le P\u00f4le, et qui finissent pratiquement en lambeaux le 30. Quand la seconde lettre de rappel de la banque nous stup\u00e9fie par l\u2019agressivit\u00e9 de son ton, quand tous les voyants sont au rouge et que l\u2019on attend la visite d\u2019un huissier d\u2019un instant \u00e0 l\u2019autre.<\/p>\n L\u00e0, la passion est exacerb\u00e9e.<\/p>\n Pimenter le quotidien par tous les moyens possibles et imaginables, cela fonctionnera toujours, croyez-moi.<\/p>\n Par contre, si vous vivez une existence de nanti, sans aucun souci p\u00e9cuniaire, si tout vous est permis et que vous ne faites que patauger lamentablement dans l\u2019embarras du choix, vous pouvez \u00eatre certain que votre relation finira t\u00f4t ou tard en eau de boudin. C\u2019est ce que l\u2019on appelle, je crois, l\u2019ennui du quotidien.<\/p>\n Et dans ce cas de figure, m\u00eame si, par hasard, vous pensez soudain \u00e0 offrir un saphir ou un couteau suisse \u00e0 votre partenaire, comme \u00e7a, sans autre raison que le fait de vous rappeler qu\u2019il faut faire quelque chose, il y a de grandes chances pour que cette offrande devienne suspecte.\n Remarquez que si vous vous y prenez bien, vous pourrez retomber sur vos pieds et revenir \u00e0 mon premier conseil assez ais\u00e9ment ainsi, sans trop d\u2019effort.\n Et l\u00e0, vous revenez \u00e0 la normale en un tour de main. Vous pouvez laisser planer un lourd silence ou bien parler du couteau suisse qu\u2019elle vous a offert la veille, histoire de r\u00e9pliquer dans les clous.\n S\u2019ensuit une journ\u00e9e au poil, compos\u00e9e de pics, d\u2019estocs, de bouderies, de retrouvailles. Au pire, que risquez-vous vraiment ? \u00c9videmment, si vous vous trompez vraiment mutuellement, c\u2019est ballot, et dans ce cas mes conseils ne vous serviront de rien, puisque d\u00e9j\u00e0 la passion s\u2019en est all\u00e9e voir ailleurs si j\u2019y suis.<\/p>\n Prenez du temps pour vous asticoter chaque jour, sinon vous p\u00e9n\u00e9trerez dans la dangereuse zone de l\u2019indiff\u00e9rence mutuelle. Vous ne serez plus que des colocataires, voire pire, de bons amis.<\/p>\n Dans ce premier conseil, j\u2019ai gliss\u00e9 un bonus sans m\u00eame vous le dire. J\u2019ai m\u00eal\u00e9 savamment deux conseils en un : soigner toutes les petites attentions envers l\u2019autre, et en m\u00eame temps ne pas oublier de partager du temps avec elle ou lui.<\/p>\n Ne me remerciez pas.<\/p>\n Mon troisi\u00e8me conseil est de communiquer encore et toujours avec l\u2019autre. Et nous avons d\u00e9j\u00e0 vu que le ton, le contenu importaient finalement assez peu. Vous pouvez tenter la gentillesse, l\u2019amabilit\u00e9, la bienveillance aussi, de temps en temps, \u00e7a ne mange pas de pain. Mais rappelez-vous qu\u2019en mati\u00e8re de passion, la r\u00e9gularit\u00e9 se confond vite avec l\u2019ennui.<\/p>\n Pour mon propre compte, \u00e9changer dans la gentillesse m\u2019en apprend beaucoup moins que dans n\u2019importe quel autre registre, tout simplement parce que nous avons une id\u00e9e pr\u00e9con\u00e7ue, totalement artificielle de ce qu\u2019est la vraie gentillesse. \u00c0 chaque fois que je me suis retrouv\u00e9 face \u00e0 une femme gentille, pour ma part, je d\u00e9tectais de nombreux points communs avec des spots publicitaires qui cherchaient \u00e0 me vendre quelque chose. La g\u00eane, le malaise ressenti face \u00e0 un tel avilissement de l\u2019autre me h\u00e9risse le poil, et j\u2019en ai des frissons d\u2019effroi rien que de m\u2019en souvenir.<\/p>\n Se dire son amour mutuel, le clamer, le trompeter sera mon ant\u00e9p\u00e9nulti\u00e8me conseil. Mais l\u00e0, par piti\u00e9, ne sombrez pas non plus dans les clich\u00e9s. Ne dites pas avec votre mine de chien battu :\n \u00c7a, c\u2019est carr\u00e9ment le rem\u00e8de contre l\u2019amour : vous ouvrez la porte aux pires emmerdements, je pr\u00e9f\u00e8re vous pr\u00e9venir.<\/p>\n Ce sont ces petites phrases-l\u00e0 qui parlent du v\u00e9ritable amour, n\u2019en doutez pas.<\/p>\n Mon dernier conseil porte sur la sexualit\u00e9 (faites donc sortir les enfants). L\u00e0, je ne vais pas y aller par quatre chemins : la surprise, l\u2019\u00e9tonnement, la fantaisie, voil\u00e0 les ingr\u00e9dients qui fonctionnent \u00e0 tous les coups.<\/p>\n D\u2019ailleurs, achetez un futon : c\u2019est tellement inconfortable que cela vous obligera \u00e0 \u00eatre cr\u00e9atif. Et comme vous ne dormirez plus la nuit, que vous serez au radar le jour, abandonnez-vous \u00e0 la Providence qui fait toujours extr\u00eamement bien les choses. Aiguisez votre perception du moment propice pour r\u00e9aliser la b\u00eate \u00e0 deux dos. Et surtout, n\u2019ayez pas peur de l\u2019incongru, de l\u2019inconfortable, du mals\u00e9ant\u2026 les plus beaux orgasmes surgissent r\u00e9guli\u00e8rement de toutes ces bizarreries du temps et de l\u2019espace.<\/p>\n Avec tout \u00e7a, si vous foirez, \u00e7a ne sera s\u00fbrement pas de ma faute, et ne m\u2019envoyez pas de lettre recommand\u00e9e : je ne vais jamais les chercher.<\/p>",
"content_text": "Je ne savais pas que la passion \u00e9tait comme ma bagnole et qu\u2019il fallait l\u2019entretenir. En g\u00e9n\u00e9ral, je ne vais chez le garagiste que lorsque j\u2019ai un probl\u00e8me : un voyant qui s\u2019allume, l\u2019airbag qui me comprime, le tuyau d\u2019\u00e9chappement qui fume. Cela s\u2019appelle de la n\u00e9gligence, d\u2019apr\u00e8s mon \u00e9pouse qui trouve toujours les bons mots pour adoucir les angles. En ce qui concerne la passion, elle dit souvent aussi que je suis n\u00e9gligent. Et je lui fais confiance, puisque je l\u2019aime. Mais la n\u00e9gligence, c\u2019est un joli mot ; encore faut-il savoir pourquoi les gens s\u2019en servent \u00e0 votre \u00e9gard. Une phrase qui me fait toujours rigoler, c\u2019est : \u00ab Un \u00e9go\u00efste, c\u2019est quelqu\u2019un qui ne pense pas \u00e0 moi. \u00bb Je la sors en cas d\u2019extr\u00eame n\u00e9cessit\u00e9, une fois par jour en moyenne. \u2014 Tu as encore oubli\u00e9 de changer l\u2019ampoule dans la salle de bain, tu ne t\u2019int\u00e9resses vraiment pas \u00e0 la vie de la maison, ni d\u2019ailleurs \u00e0 moi, tu n\u2019es qu\u2019un \u00e9go\u00efste. \u2014 Un \u00e9go\u00efste, c\u2019est quelqu\u2019un qui ne pense pas \u00e0 moi, je r\u00e9plique. \u00c7a n\u2019am\u00e9liore jamais vraiment les choses, mais qu\u2019est-ce que \u00e7a fait du bien. Et puis, au bout du compte, lorsque la mayonnaise retombe, mon \u00e9pouse est la premi\u00e8re \u00e0 en rire. Elle apprend, j\u2019apprends, nous apprenons tous les jours gr\u00e2ce \u00e0 de petites phrases comme celle-ci, vous voyez. Une autre chose qui revient beaucoup aussi, c\u2019est : \u00ab Je ne savais pas que tu \u00e9tais comme \u00e7a quand je t\u2019ai \u00e9pous\u00e9. \u00bb \u2014 Oui, j\u2019ai perdu mon cheval blanc quelque part entre le vin d\u2019honneur et la mairie, je dis. Je me demande bien o\u00f9 il a pu passer\u2026 Et en passant, mon amour, nous nous sommes \u00e9pous\u00e9s l\u2019un l\u2019autre. Ne prends pas tout sur tes fr\u00eales \u00e9paules. S\u2019asticoter ne fonctionne pas toujours, mais j\u2019avoue que lorsque cela fonctionne avec un ou une partenaire, le gros du boulot est amplement fait question entretien. Sinon, oubliez ce qui est not\u00e9 dans les magazines, ce n\u2019est rien qu\u2019un tissu de conneries. Vous savez, toutes ces petites attentions que les amants se doivent comme des traites de cr\u00e9dit au jour le jour. J\u2019ai essay\u00e9 plusieurs fois, et avec des femmes diff\u00e9rentes : \u00e7a ne fonctionne pas. Je veux dire que la gentillesse ne suffit pas. Vous rendez l\u2019autre d\u00e9biteur, et c\u2019est extr\u00eamement \u00e9nervant d\u2019\u00eatre d\u00e9biteur. \u00c9videmment, tous ces conseils que je vous prodigue tout \u00e0 fait gratuitement ne valent que pour les couples normaux. Je veux parler de tous ces couples pour qui traverser le mois ressemble \u00e0 une exp\u00e9dition de Paul-\u00c9mile Victor vers le P\u00f4le, et qui finissent pratiquement en lambeaux le 30. Quand la seconde lettre de rappel de la banque nous stup\u00e9fie par l\u2019agressivit\u00e9 de son ton, quand tous les voyants sont au rouge et que l\u2019on attend la visite d\u2019un huissier d\u2019un instant \u00e0 l\u2019autre. L\u00e0, la passion est exacerb\u00e9e. Pimenter le quotidien par tous les moyens possibles et imaginables, cela fonctionnera toujours, croyez-moi. Par contre, si vous vivez une existence de nanti, sans aucun souci p\u00e9cuniaire, si tout vous est permis et que vous ne faites que patauger lamentablement dans l\u2019embarras du choix, vous pouvez \u00eatre certain que votre relation finira t\u00f4t ou tard en eau de boudin. C\u2019est ce que l\u2019on appelle, je crois, l\u2019ennui du quotidien. Et dans ce cas de figure, m\u00eame si, par hasard, vous pensez soudain \u00e0 offrir un saphir ou un couteau suisse \u00e0 votre partenaire, comme \u00e7a, sans autre raison que le fait de vous rappeler qu\u2019il faut faire quelque chose, il y a de grandes chances pour que cette offrande devienne suspecte. \u2014 Pourquoi donc m\u2019offre-t-il ou elle cela ? Remarquez que si vous vous y prenez bien, vous pourrez retomber sur vos pieds et revenir \u00e0 mon premier conseil assez ais\u00e9ment ainsi, sans trop d\u2019effort. \u2014 Pourquoi m\u2019offres-tu soudain des fleurs ? Tu as un truc \u00e0 te faire pardonner ? Tu as une ma\u00eetresse, etc. Et l\u00e0, vous revenez \u00e0 la normale en un tour de main. Vous pouvez laisser planer un lourd silence ou bien parler du couteau suisse qu\u2019elle vous a offert la veille, histoire de r\u00e9pliquer dans les clous. \u2014 Hum, tu penses \u00e7a parce que, peut-\u00eatre, ce couteau suisse que tu m\u2019as offert hier \u00e9tait une fa\u00e7on de noyer le poisson. Si \u00e7a se trouve, t\u2019as un amant aussi\u2026 S\u2019ensuit une journ\u00e9e au poil, compos\u00e9e de pics, d\u2019estocs, de bouderies, de retrouvailles. Au pire, que risquez-vous vraiment ? \u00c9videmment, si vous vous trompez vraiment mutuellement, c\u2019est ballot, et dans ce cas mes conseils ne vous serviront de rien, puisque d\u00e9j\u00e0 la passion s\u2019en est all\u00e9e voir ailleurs si j\u2019y suis. Prenez du temps pour vous asticoter chaque jour, sinon vous p\u00e9n\u00e9trerez dans la dangereuse zone de l\u2019indiff\u00e9rence mutuelle. Vous ne serez plus que des colocataires, voire pire, de bons amis. Dans ce premier conseil, j\u2019ai gliss\u00e9 un bonus sans m\u00eame vous le dire. J\u2019ai m\u00eal\u00e9 savamment deux conseils en un : soigner toutes les petites attentions envers l\u2019autre, et en m\u00eame temps ne pas oublier de partager du temps avec elle ou lui. Ne me remerciez pas. Mon troisi\u00e8me conseil est de communiquer encore et toujours avec l\u2019autre. Et nous avons d\u00e9j\u00e0 vu que le ton, le contenu importaient finalement assez peu. Vous pouvez tenter la gentillesse, l\u2019amabilit\u00e9, la bienveillance aussi, de temps en temps, \u00e7a ne mange pas de pain. Mais rappelez-vous qu\u2019en mati\u00e8re de passion, la r\u00e9gularit\u00e9 se confond vite avec l\u2019ennui. Pour mon propre compte, \u00e9changer dans la gentillesse m\u2019en apprend beaucoup moins que dans n\u2019importe quel autre registre, tout simplement parce que nous avons une id\u00e9e pr\u00e9con\u00e7ue, totalement artificielle de ce qu\u2019est la vraie gentillesse. \u00c0 chaque fois que je me suis retrouv\u00e9 face \u00e0 une femme gentille, pour ma part, je d\u00e9tectais de nombreux points communs avec des spots publicitaires qui cherchaient \u00e0 me vendre quelque chose. La g\u00eane, le malaise ressenti face \u00e0 un tel avilissement de l\u2019autre me h\u00e9risse le poil, et j\u2019en ai des frissons d\u2019effroi rien que de m\u2019en souvenir. Se dire son amour mutuel, le clamer, le trompeter sera mon ant\u00e9p\u00e9nulti\u00e8me conseil. Mais l\u00e0, par piti\u00e9, ne sombrez pas non plus dans les clich\u00e9s. Ne dites pas avec votre mine de chien battu : \u2014 Mon amour, comme je t\u2019aime, je ne pourrai jamais vivre sans toi\u2026 \u00c7a, c\u2019est carr\u00e9ment le rem\u00e8de contre l\u2019amour : vous ouvrez la porte aux pires emmerdements, je pr\u00e9f\u00e8re vous pr\u00e9venir. Ce sont ces petites phrases-l\u00e0 qui parlent du v\u00e9ritable amour, n\u2019en doutez pas. Mon dernier conseil porte sur la sexualit\u00e9 (faites donc sortir les enfants). L\u00e0, je ne vais pas y aller par quatre chemins : la surprise, l\u2019\u00e9tonnement, la fantaisie, voil\u00e0 les ingr\u00e9dients qui fonctionnent \u00e0 tous les coups. D\u2019ailleurs, achetez un futon : c\u2019est tellement inconfortable que cela vous obligera \u00e0 \u00eatre cr\u00e9atif. Et comme vous ne dormirez plus la nuit, que vous serez au radar le jour, abandonnez-vous \u00e0 la Providence qui fait toujours extr\u00eamement bien les choses. Aiguisez votre perception du moment propice pour r\u00e9aliser la b\u00eate \u00e0 deux dos. Et surtout, n\u2019ayez pas peur de l\u2019incongru, de l\u2019inconfortable, du mals\u00e9ant\u2026 les plus beaux orgasmes surgissent r\u00e9guli\u00e8rement de toutes ces bizarreries du temps et de l\u2019espace. Avec tout \u00e7a, si vous foirez, \u00e7a ne sera s\u00fbrement pas de ma faute, et ne m\u2019envoyez pas de lettre recommand\u00e9e : je ne vais jamais les chercher.",
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"title": "25 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-25T07:24:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:25:03Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Toutes ces pr\u00e9cautions pour ne pas blesser l\u2019autre, ne finissent-elles pas dans l\u2019\u00e9vitement ? Souvent, je m\u2019\u00e9carte volontairement des d\u00e9bats, de plus en plus. Je ne formule plus que des onomatop\u00e9es. L\u2019id\u00e9e, c\u2019est l\u2019humour, le d\u00e9risoire, comme Auguste face \u00e0 un Monsieur Loyal. C\u2019est aussi se casser la figure pour de bon, pour montrer que l\u2019on peut se relever et continuer. Que des choses peuvent nous blesser, bien s\u00fbr, mais que la vie est la plus forte.<\/p>\n Car qu\u2019est-ce qui est bless\u00e9 le plus souvent ? Ce n\u2019est pas la vie. La vie fait feu de tout bois.<\/p>\n Notre orgueil, l\u2019image que nous nous faisons de nous-m\u00eames ? Certainement.<\/p>\n Dans ce cas, les blessures sont des \u00e9tapes oblig\u00e9es, il faudrait pouvoir les consid\u00e9rer ainsi. \u00catre conscient que l\u2019on en est conscient n\u2019est encore pas suffisant.<\/p>\n S\u2019\u00e9lever au-dessus de cette conscience encore, non pas pour n\u2019\u00eatre bless\u00e9 de rien — ce serait inhumain.<\/p>\n \u00catre bless\u00e9, tomber, se voir ainsi chuter comme au ralenti, comme dans un accident de la route, puis s\u2019\u00e9vanouir et laisser les commandes \u00e0 ce qui doit advenir.<\/p>\n Cela requiert un niveau de confiance, pas un niveau de conscience.<\/p>\n Un niveau que je n\u2019atteins pas \u00e9videmment, que je ne veux pas atteindre non plus, car il ne serait encore qu\u2019une id\u00e9e, qu\u2019une pens\u00e9e. Ce ne serait pas \u00e7a.<\/p>",
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"title": "R\u00e9coltes",
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"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Illustration<\/strong> : Monet meules de foin.<\/p>\n J’en ai vu qui avaient \u00e0 peine sem\u00e9 qu’ils se pr\u00e9paraient d\u00e9j\u00e0 \u00e0 r\u00e9colter.<\/p>\n D’autres qui r\u00e9coltaient ce que d’autres encore avaient sem\u00e9.<\/p>\n Autour des r\u00e9coltes, des questions, des r\u00e9ponses, la m\u00eame ritournelle<\/p>\n Du sourire \u00e0 la morsure, \u00e0 la d\u00e9chirure.<\/p>\n Je me suis dit on verra plus tard.<\/p>\n Je ne veux pas participer \u00e0 la danse, ni aux feux de la Saint-Jean,<\/p>\n ni \u00e0 rien de toutes ces choses o\u00f9 la cruaut\u00e9 s’avance<\/p>\n \u00e0 pas de louve avec un joli sourire.<\/p>\n Je veux de la cruaut\u00e9 nue surtout.<\/p>\n Elle est apparue<\/p>\n Cette cruaut\u00e9 en moi.<\/p>\n Comme une \u00e9pouse.<\/p>\n Quelle occupation que celle-ci, la conjugale !<\/p>\n Et l’amour n’a pas grand chose \u00e0 voir dans cette histoire.<\/p>\n Pas cet amour l\u00e0 dont on parle tout autour des r\u00e9coltes.<\/p>\n On parle toujours d’autre chose bien sur, sans en parler vraiment.<\/p>\n On parle de la tristesse du fruit mur qui pourrit sur la banche<\/p>\n On parle au conditionnel avec des « si » et des « donc » et des « parce que ».<\/p>\n On parle affaire r\u00e9guli\u00e8rement, et de tout cet argent qui manque cruellement.<\/p>\n L’argent est le synonyme des r\u00e9coltes d\u00e9sormais.<\/p>\n C’est le symbole de nos vies, sa mesure et sa marque.<\/p>\n Est-ce tout ce que nous sommes ?<\/p>\n Pour la cruaut\u00e9 oui,<\/p>\n Souvent c’est ainsi et comment lui donner tort ?<\/p>\n Comment pourrais-je l’attendrir avec mes blagues et mes fleurs ?<\/p>\n Pourquoi voudrais-je m\u00eame l’attendrir ?<\/p>\n On ne joue pas avec le feu on s’y chauffe simplement ou on s’y br\u00fble.<\/p>\n A chacun de trouver la distance.<\/p>\n A chacun aussi de se jeter \u00e0 corps perdu dans la r\u00e9colte<\/p>\n ou d’apprendre un peu plus loin qu’il n’est raison, la patience.<\/p>\n M\u00eame si au bout on ne rencontre que lassitude et exasp\u00e9ration<\/p>\n Il s’agit aussi de tenir.<\/p>",
"content_text": "{{Illustration}}: Monet meules de foin.\n\nJ'en ai vu qui avaient \u00e0 peine sem\u00e9 qu'ils se pr\u00e9paraient d\u00e9j\u00e0 \u00e0 r\u00e9colter.\n\nD'autres qui r\u00e9coltaient ce que d'autres encore avaient sem\u00e9. \n\nAutour des r\u00e9coltes, des questions, des r\u00e9ponses, la m\u00eame ritournelle\n\nDu sourire \u00e0 la morsure, \u00e0 la d\u00e9chirure. \n\nJe me suis dit on verra plus tard. \n\nJe ne veux pas participer \u00e0 la danse, ni aux feux de la Saint-Jean,\n\nni \u00e0 rien de toutes ces choses o\u00f9 la cruaut\u00e9 s'avance \n\n\u00e0 pas de louve avec un joli sourire.\n\nJe veux de la cruaut\u00e9 nue surtout.\n\nElle est apparue\n\nCette cruaut\u00e9 en moi.\n\nComme une \u00e9pouse.\n\nQuelle occupation que celle-ci, la conjugale ! \n\nEt l'amour n'a pas grand chose \u00e0 voir dans cette histoire. \n\nPas cet amour l\u00e0 dont on parle tout autour des r\u00e9coltes.\n\nOn parle toujours d'autre chose bien sur, sans en parler vraiment.\n\nOn parle de la tristesse du fruit mur qui pourrit sur la banche\n\nOn parle au conditionnel avec des \"si\" et des \"donc\" et des \"parce que\".\n\nOn parle affaire r\u00e9guli\u00e8rement, et de tout cet argent qui manque cruellement.\n\nL'argent est le synonyme des r\u00e9coltes d\u00e9sormais.\n\nC'est le symbole de nos vies, sa mesure et sa marque.\n\nEst-ce tout ce que nous sommes ?\n\nPour la cruaut\u00e9 oui,\n\nSouvent c'est ainsi et comment lui donner tort ?\n\nComment pourrais-je l'attendrir avec mes blagues et mes fleurs ?\n\nPourquoi voudrais-je m\u00eame l'attendrir ?\n\nOn ne joue pas avec le feu on s'y chauffe simplement ou on s'y br\u00fble.\n\nA chacun de trouver la distance.\n\nA chacun aussi de se jeter \u00e0 corps perdu dans la r\u00e9colte \n\nou d'apprendre un peu plus loin qu'il n'est raison, la patience.\n\nM\u00eame si au bout on ne rencontre que lassitude et exasp\u00e9ration\n\nIl s'agit aussi de tenir.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-quoi-s-agit-il.html",
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"title": "De quoi s'agit-il ?",
"date_published": "2022-01-23T07:45:41Z",
"date_modified": "2025-10-22T14:44:13Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Illustration<\/strong> : Jean D\u00e9sir\u00e9 Bacoul\u00e8s Femme assise.<\/p>\n — Je suis perdu, je ne sais pas o\u00f9 je vais, je ne sais plus ce qu’il faut faire, de quoi s’agit-il vraiment ?<\/p>\n La litanie, toujours la m\u00eame. Enervante \u00e0 souhait au petit matin lorsque l’atelier est glac\u00e9. L’un de mes chauffages m’a l\u00e2ch\u00e9 et je ne sais pas quand je vais pouvoir le remplacer. Moi aussi je pourrais participer au concert. Quand donc tout \u00e7a va t’il s’am\u00e9liorer ? A la Beckett, quand donc est-ce qu’on va naitre enfin bordel ?<\/p>\n Mais je ne dis rien. Ce coup l\u00e0 je n’ai pas envie. Je me tais.<\/p>\n On me le reproche du regard. Avant c’\u00e9tait mieux, tu nous parlais de philosophie, on avait la sensation d’avoir un double cours. On en avait plus pour notre argent. On \u00e9tait heureux. Et maintenant, tu sembles absent. On t’a perdu.<\/p>\n Mon \u00e9pouse en profite pour rebondir.<\/p>\n — ah tu vois je ne suis pas la seule \u00e0 le dire.<\/p>\n Je ne sais pas quoi dire, en ai-je vraiment envie ? Ai-je envie de m’excuser, de me justifier de quoique ce soit ?<\/p>\n Je pourrais par exemple dire : trop de blabla, trop de magie tue la peinture. Mais je ne le dis pas.<\/p>\n J’allume une cigarette, je m’habitue au froid. Je pense \u00e0 tous ces po\u00e8mes qui me r\u00e9chauffent le matin, ils me glacent mais ils me r\u00e9chauffent. Le feu et la glace. Je mesure mon insignifiance \u00e0 l’aune de la po\u00e9sie, \u00e0 sa justesse, celle impossible \u00e0 exprimer justement.<\/p>\n De quoi s’agit-il donc ? De quoi \u00e7a parle ? Justement \u00e7a parle d’un certain silence que l’on recouvre de mots. Comment dire \u00e7a, comment faire comprendre que la peinture c’est la m\u00eame chose d\u00e9sormais que j’ai tant d\u00e9ploy\u00e9 d’artifices, pour justement entrainer tout ce petit monde vers le bon sens.<\/p>\n C’est comme l’amour, on s’en fait des id\u00e9es mais ces id\u00e9es ne servent \u00e0 rien dans la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n Il faut peindre comme il faut aimer dans une aust\u00e9rit\u00e9 d\u00e9pourvue de p\u00e9tards et de cotillons, il faut bannir l’atrocit\u00e9 des f\u00eates. Voil\u00e0 de quoi il s’agit mais comment le dire sans provoquer de nouvelles agitations, je ne le sais pas.<\/p>\n Je fais silence.<\/p>\n Un peu plus tard je d\u00e9couvre les peintures de Jean D\u00e9sir\u00e9 Bacoul\u00e8s au hasard de la navigation. Cette femme assise notamment. De quoi s’agit-il ? J’y trouve ma lassitude probablement.<\/p>",
"content_text": "{{Illustration}}: Jean D\u00e9sir\u00e9 Bacoul\u00e8s Femme assise. \n\n\u2014 Je suis perdu, je ne sais pas o\u00f9 je vais, je ne sais plus ce qu'il faut faire, de quoi s'agit-il vraiment ?\n\nLa litanie, toujours la m\u00eame. Enervante \u00e0 souhait au petit matin lorsque l'atelier est glac\u00e9. L'un de mes chauffages m'a l\u00e2ch\u00e9 et je ne sais pas quand je vais pouvoir le remplacer. Moi aussi je pourrais participer au concert. Quand donc tout \u00e7a va t'il s'am\u00e9liorer ? A la Beckett, quand donc est-ce qu'on va naitre enfin bordel ?\n\nMais je ne dis rien. Ce coup l\u00e0 je n'ai pas envie. Je me tais. \n\nOn me le reproche du regard. Avant c'\u00e9tait mieux, tu nous parlais de philosophie, on avait la sensation d'avoir un double cours. On en avait plus pour notre argent. On \u00e9tait heureux. Et maintenant, tu sembles absent. On t'a perdu.\n\nMon \u00e9pouse en profite pour rebondir.\n\n\u2014 ah tu vois je ne suis pas la seule \u00e0 le dire.\n\nJe ne sais pas quoi dire, en ai-je vraiment envie ? Ai-je envie de m'excuser, de me justifier de quoique ce soit ?\n\nJe pourrais par exemple dire : trop de blabla, trop de magie tue la peinture. Mais je ne le dis pas. \n\nJ'allume une cigarette, je m'habitue au froid. Je pense \u00e0 tous ces po\u00e8mes qui me r\u00e9chauffent le matin, ils me glacent mais ils me r\u00e9chauffent. Le feu et la glace. Je mesure mon insignifiance \u00e0 l'aune de la po\u00e9sie, \u00e0 sa justesse, celle impossible \u00e0 exprimer justement.\n\nDe quoi s'agit-il donc ? De quoi \u00e7a parle ? Justement \u00e7a parle d'un certain silence que l'on recouvre de mots. Comment dire \u00e7a, comment faire comprendre que la peinture c'est la m\u00eame chose d\u00e9sormais que j'ai tant d\u00e9ploy\u00e9 d'artifices, pour justement entrainer tout ce petit monde vers le bon sens.\n\nC'est comme l'amour, on s'en fait des id\u00e9es mais ces id\u00e9es ne servent \u00e0 rien dans la r\u00e9alit\u00e9.\n\nIl faut peindre comme il faut aimer dans une aust\u00e9rit\u00e9 d\u00e9pourvue de p\u00e9tards et de cotillons, il faut bannir l'atrocit\u00e9 des f\u00eates. Voil\u00e0 de quoi il s'agit mais comment le dire sans provoquer de nouvelles agitations, je ne le sais pas. \n\nJe fais silence.\n\nUn peu plus tard je d\u00e9couvre les peintures de Jean D\u00e9sir\u00e9 Bacoul\u00e8s au hasard de la navigation. Cette femme assise notamment. De quoi s'agit-il ? J'y trouve ma lassitude probablement.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-janvier-2022.html",
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"title": "23 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-23T07:16:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:16:29Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> Preuve d\u00e9j\u00e0, que la pagaye n\u2019est pas un vain mot, j\u2019ai trouv\u00e9 trois fa\u00e7ons de l\u2019\u00e9crire diff\u00e9remment :<\/p>\n Pagaye comme C\u00e9line : Paga\u00efe comme Cendrars : Pagaille comme Malraux : Allez, il faut choisir :<\/p>\n Am, stram, gram, C\u00e9line, en ce moment, m\u2019est le plus proche, donc : pagaye, \u00e7a ira.<\/p>\n Je pense \u00e0 la pagaye de mon disque dur. Sans d\u00e9conner, je n\u2019essaie pas de proposer une m\u00e9taphore, c\u2019est vraiment un bordel sans nom, une truie n\u2019y retrouverait pas ses petits. \u00c7a me reprend encore de vouloir mettre de l\u2019ordre. Signe des temps, j\u2019imagine. Tous voudraient mettre de l\u2019ordre partout, quand on les \u00e9coute attentivement : tous leurs discours, en gros, ne font que tourner en rond autour de \u00e7a.<\/p>\n Mon ordre est plus gros que le tien, plus beau, plus ceci, plus cela. \u00c7a doit influencer les masses, moi y compris.<\/p>\n Mais qu\u2019est-ce que cette pagaye ? D\u2019o\u00f9 vient-elle ?<\/p>\n Dans le dictionnaire des marins, ils en parlent : ils parlent de la pagale, qui est une fa\u00e7on de laisser tomber l\u2019ancre comme on s\u2019\u00e9croule sur le canap\u00e9 apr\u00e8s une journ\u00e9e de boulot. Plouf ! \u00c7a ira bien comme \u00e7a, et laissez tomber, pas besoin de carguer ni de serrer les voiles. Tout le monde dans la cambuse, on mange la soupe et on se couche, on verra bien demain.<\/p>\n Les m\u00eames disent aussi jeter en pagale tout un tas de choses h\u00e9t\u00e9roclites dans la cale, c\u2019est-\u00e0-dire en se foutant royalement de l\u2019encombrement que \u00e7a prendra. G\u00e9n\u00e9ralement bien plus de place ainsi « occup\u00e9e » que dans le rangement.<\/p>\n D\u2019ailleurs, prenez une pagaye et essayez de la mettre en ordre, et vous verrez un truc \u00e9trange. Il y a plein de choses qui ne servent strictement \u00e0 rien, ou alors les m\u00eames choses plusieurs fois, comme des tentatives de clonage de l\u2019inutile.<\/p>\n Servir \u00e0 rien. Je m\u2019arr\u00eate l\u00e0-dessus un petit instant, car la question est l\u00e0 :<\/p>\n Qu\u2019est-ce qui sert \u00e0 quelque chose, finalement ? Et nous, avec nos occupations, est-ce qu\u2019on sert \u00e0 quoi que ce soit, vraiment ?<\/p>\n Dans ce disque dur, qu\u2019y a-t-il donc de si important pour que je mette autant de pagaye par-dessus afin de ne pas le trouver ?<\/p>",
"content_text": "Preuve d\u00e9j\u00e0, que la pagaye n\u2019est pas un vain mot, j\u2019ai trouv\u00e9 trois fa\u00e7ons de l\u2019\u00e9crire diff\u00e9remment : Pagaye comme C\u00e9line : \u00ab Y avait \u00e0 cro\u00fbter chez lui et en abondance !\u2026 Du muscadet comme en bas, du saucisson, des artichauts et des petits suisses\u2026 en pagaye alors ! \u00bb (C\u00e9line, Mort \u00e0 cr\u00e9dit). Paga\u00efe comme Cendrars : \u00ab La paga\u00efe ? Mais c\u2019est quand les \u00e9v\u00e9nements d\u00e9bordent les r\u00e8glements \u00e9dict\u00e9s dans un \u00c9tat bien polic\u00e9 qui n\u2019a rien laiss\u00e9 \u00e0 l\u2019impr\u00e9vu \u00bb (Cendrars, La Main coup\u00e9e). Pagaille comme Malraux : \u00ab L\u00e0-bas, c\u2019est la pagaille effroyable : les pauvres vieux se pi\u00e9tinent dans les escaliers \u00bb (Malraux, L\u2019Espoir, 1937, p. 719). Allez, il faut choisir : Am, stram, gram, Pic et pic et col\u00e9gram, Bour et bour et ratatam, Am, stram, gram. C\u00e9line, en ce moment, m\u2019est le plus proche, donc : pagaye, \u00e7a ira. Je pense \u00e0 la pagaye de mon disque dur. Sans d\u00e9conner, je n\u2019essaie pas de proposer une m\u00e9taphore, c\u2019est vraiment un bordel sans nom, une truie n\u2019y retrouverait pas ses petits. \u00c7a me reprend encore de vouloir mettre de l\u2019ordre. Signe des temps, j\u2019imagine. Tous voudraient mettre de l\u2019ordre partout, quand on les \u00e9coute attentivement : tous leurs discours, en gros, ne font que tourner en rond autour de \u00e7a. Mon ordre est plus gros que le tien, plus beau, plus ceci, plus cela. \u00c7a doit influencer les masses, moi y compris. Mais qu\u2019est-ce que cette pagaye ? D\u2019o\u00f9 vient-elle ? Dans le dictionnaire des marins, ils en parlent : ils parlent de la pagale, qui est une fa\u00e7on de laisser tomber l\u2019ancre comme on s\u2019\u00e9croule sur le canap\u00e9 apr\u00e8s une journ\u00e9e de boulot. Plouf ! \u00c7a ira bien comme \u00e7a, et laissez tomber, pas besoin de carguer ni de serrer les voiles. Tout le monde dans la cambuse, on mange la soupe et on se couche, on verra bien demain. Les m\u00eames disent aussi jeter en pagale tout un tas de choses h\u00e9t\u00e9roclites dans la cale, c\u2019est-\u00e0-dire en se foutant royalement de l\u2019encombrement que \u00e7a prendra. G\u00e9n\u00e9ralement bien plus de place ainsi \u00ab occup\u00e9e \u00bb que dans le rangement. D\u2019ailleurs, prenez une pagaye et essayez de la mettre en ordre, et vous verrez un truc \u00e9trange. Il y a plein de choses qui ne servent strictement \u00e0 rien, ou alors les m\u00eames choses plusieurs fois, comme des tentatives de clonage de l\u2019inutile. Servir \u00e0 rien. Je m\u2019arr\u00eate l\u00e0-dessus un petit instant, car la question est l\u00e0 : Qu\u2019est-ce qui sert \u00e0 quelque chose, finalement ? Et nous, avec nos occupations, est-ce qu\u2019on sert \u00e0 quoi que ce soit, vraiment ? Dans ce disque dur, qu\u2019y a-t-il donc de si important pour que je mette autant de pagaye par-dessus afin de ne pas le trouver ?",
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"title": "Dire ce que tout le monde sait",
"date_published": "2022-01-22T10:20:39Z",
"date_modified": "2025-10-22T10:45:59Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Que puis-je dire que tu ne saches d\u00e9j\u00e0 ?<\/p>\n C\u2019est ce que je me dis dans le silence<\/p>\n Sans doute le sais tu<\/p>\n et l\u2019as tu oubli\u00e9<\/p>\n ou bien mis de c\u00f4t\u00e9<\/p>\n Car tu es occup\u00e9<\/p>\n \u00e0 dire tout autre chose<\/p>\n pour te pr\u00e9parer \u00e0 l\u2019oublier<\/p>\n Un jour tu me rejoindras dans le silence<\/p>\n Nous n\u2019\u00e9prouverons plus le besoin de fuir<\/p>\n Ce besoin de dire ce que tout le monde sait.<\/p>",
"content_text": "Que puis-je dire que tu ne saches d\u00e9j\u00e0 ? \n\nC\u2019est ce que je me dis dans le silence \n\nSans doute le sais tu \n\net l\u2019as tu oubli\u00e9 \n\nou bien mis de c\u00f4t\u00e9 \n\nCar tu es occup\u00e9 \n\n\u00e0 dire tout autre chose \n\npour te pr\u00e9parer \u00e0 l\u2019oublier\n\nUn jour tu me rejoindras dans le silence \n\nNous n\u2019\u00e9prouverons plus le besoin de fuir \n\nCe besoin de dire ce que tout le monde sait.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/22-janvier-2022.html",
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"title": "22 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-22T07:11:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:11:34Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> — Cher Sadhguru, je trouve bien plus facile de m\u2019\u00e9merveiller du monde naturel que de l\u2019humanit\u00e9\u2026 comment \u00eatre \u00e9merveill\u00e9 par les \u00eatres humains comme je le suis par le paon qui danse ?\n Il caille. J\u2019ai tourn\u00e9 \u00e0 fond le bouton du radiateur de la Dacia. Je viens d\u2019achever ma journ\u00e9e de travail, il est 21h30. Personnellement, \u00e0 cet instant, je suis \u00e9merveill\u00e9 que ma bagnole d\u00e9marre du premier coup. C\u2019est ce dialogue sur lequel je tombe. Ce dialogue entre un grand sage hindou et un de ses disciples. J\u2019ai fait une fausse manip en sortant du parking et YouTube me propose \u00e7a. Bon, je voulais plut\u00f4t \u00e9couter une \u00e9mission sur la peinture, mais j\u2019ai les mains prises parce que j\u2019allume une cigarette en m\u00eame temps. Ma tablette est \u00e0 c\u00f4t\u00e9, sur le si\u00e8ge passager. Laissons aller, pourquoi pas ? Trop crev\u00e9 pour r\u00e9sister.<\/p>\n Et puis en vrai, \u00e7a m\u2019interpelle aussit\u00f4t ce dialogue. Je suis intrigu\u00e9 parce que, moi non plus, je ne porte pas vraiment les \u00eatres humains dans mon c\u0153ur en ce moment. Je serais plut\u00f4t comme ce type qui pose sa question : \u00e0 vouloir m\u2019\u00e9merveiller des paons et de tout un tas de choses extraordinaires, plut\u00f4t que de tomber en pamoison devant n\u2019importe quel \u00eatre humain. M\u00eame si je voyais, \u00e0 cet instant pr\u00e9cis, sur le bas de la route, une tr\u00e8s belle femme faisant de l\u2019auto-stop avec un magnifique sourire aux l\u00e8vres, je ne m\u2019arr\u00eaterais pas. Rien que d\u2019y penser, je suis d\u00e9j\u00e0 d\u00e9go\u00fbt\u00e9 par ce long chemin \u00e0 effectuer pour revenir chez moi. De plus, j\u2019imagine qu\u2019il faudrait certainement nourrir une conversation, et \u00e7a me fatigue d\u2019avance.<\/p>\n Tenez, rien que d\u2019imaginer tout cela, je souris tristement. Car il y a une dizaine d\u2019ann\u00e9es, je n\u2019aurais pas agi ainsi. Je me serais arr\u00eat\u00e9, bien \u00e9videmment, et j\u2019aurais dit :\n Oui, je peux tout \u00e0 fait m\u2019\u00e9merveiller de la pr\u00e9sence d\u2019un oiseau au loin, plut\u00f4t que de celle d\u2019un \u00eatre humain. Moi aussi, je le peux d\u00e9sormais. Sans tomber dans le panneau.<\/p>\n J\u2019\u00e9coute la conversation entre le grand ma\u00eetre yogi et ses disciples, enfin le monologue. Il a l\u2019air d\u2019un vrai sage, Sadhguru. De temps en temps, je jette un coup d\u2019\u0153il sur l\u2019\u00e9cran : turban sur la t\u00eate, longue barbe blanche, petits yeux rieurs, posture de yoga en tailleur. Fascinant, allais-je dire. Pitoyable, me reprends-je.<\/p>\n Tout \u00e7a me renvoie des milliers d\u2019ann\u00e9es en arri\u00e8re, j\u2019ai l\u2019impression. Au temps o\u00f9 moi aussi, je m\u2019\u00e9merveillais des paons comme des \u00eatres humains, je ne faisais \u00e0 vrai dire pas de r\u00e9elle diff\u00e9rence. C\u2019est normal, car je vivais seul. D\u2019une certaine mani\u00e8re, je ne prenais aucun risque. Aucun paon, si magnifique soit-il, \u00e0 cette p\u00e9riode de ma vie, ne chiait dans mon salon, et lorsque moi-m\u00eame j\u2019\u00e9prouvais le besoin de me rendre aux toilettes, je n\u2019avais pas \u00e0 m\u2019agacer en constatant que quelqu\u2019un s\u2019y trouvait d\u00e9j\u00e0.<\/p>\n La route d\u00e9file, l\u2019ampoule du phare gauche a d\u00fb griller, car l\u2019intensit\u00e9 du faisceau est plus faible de ce c\u00f4t\u00e9 de la route. Tout comme dans ma cervelle, je pense. La partie droite est plus puissante que la gauche, qui rend toute analyse, tout calcul, toute strat\u00e9gie totalement ridicule d\u00e9sormais. \u00c9trange \u00e9poque que cette \u00e9poque du virus.<\/p>\n Ce type, ce yogi, il m\u2019est soudain sympathique, plein de bon sens surtout. J\u2019imagine presque aussit\u00f4t sa solitude. \u00catre oblig\u00e9 de s\u2019accoutrer ainsi, comme un yogi, un sage, pour dire ce qu\u2019il a \u00e0 dire afin que les gens veuillent bien prendre le temps de l\u2019\u00e9couter\u2026 d\u2019un seul coup, je rigole tout seul. Je me demande : pourquoi \u00e9prouver ce besoin d\u2019\u00eatre \u00e9cout\u00e9\u2026 ? Pourquoi s\u2019imposer aussi ce genre de « mission », si cela en est une ?<\/p>\n Avec ces p\u00e9riodes de confinement successives qui ont frapp\u00e9 le monde, nous avons \u00e9t\u00e9 oblig\u00e9s de cohabiter comme jamais auparavant. C\u2019est-\u00e0-dire que nous nous sommes retrouv\u00e9s confront\u00e9s \u00e0 nos contradictions les plus profondes. Ces merveilleuses femmes et hommes qui se jurent un amour \u00e9ternel sur les r\u00e9seaux sociaux, confin\u00e9s chez eux individuellement ou en famille, se seront sans doute aper\u00e7us de cette contradiction.<\/p>\n Aimer, adorer les gens de loin, c\u2019est tr\u00e8s facile. Vivre avec eux, partager le quotidien, beaucoup moins, m\u00eame si on en a souvent r\u00eav\u00e9.<\/p>\n Du coup, je pense \u00e0 cette exposition que j\u2019ai install\u00e9e dans mon village. C\u2019est mon \u00e9pouse qui se charge d\u2019effectuer les permanences, car je vais par monts et par vaux pour mes cours. J\u2019imagine que je suis un visiteur, je pousse la porte, et je vois tous ces tableaux accroch\u00e9s sur les murs de la galerie. Je les vois comme si ce n\u2019\u00e9tait pas moi qui les avais r\u00e9alis\u00e9s. Ils sont magnifiques, tout \u00e0 fait comme de beaux paons avec de jolies plumes. Est-ce que j\u2019aurais envie d\u2019en accrocher le moindre sur mes murs ? Et surtout de vivre avec chaque jour qu\u2019il me reste \u00e0 vivre\u2026<\/p>\n Bien s\u00fbr que non.<\/p>\n Chez moi, les tableaux ne restent pas en place. D\u2019un mois \u00e0 l\u2019autre, mon \u00e9pouse se charge de la d\u00e9co, qui est sans arr\u00eat renouvel\u00e9e. Cela entra\u00eene au d\u00e9tachement.<\/p>\n Mon \u00e9pouse\u2026 je pourrais aussi parler de la f\u00e9minit\u00e9, comment l\u2019immobile envoie tout le mobile valdinguer\u2026 et comment tout ce qui est merveilleux \u00e0 priori change totalement de visage selon la distance avec laquelle on le regarde. Mais je ne confonds pas les oiseaux avec les femmes non plus, du moins cela fait bien longtemps que je ne fais plus cette erreur.<\/p>\n Je ne veux pas mettre le lien vers la vid\u00e9o YouTube. Du coup, je cherche une image de ce yogi farceur, et je tombe sur une photographie en noir et blanc de lui jeune avec son \u00e9pouse. Je l\u2019aime beaucoup ainsi. Il a dans le regard quelque chose qui m\u2019explique la suite de son parcours. Ce m\u00e9lange de m\u00e9pris et d\u2019amour que le yoga doit certainement, avec le temps, trouver le moyen de r\u00e9unir dans une forme divertissante.<\/p>",
"content_text": "{\u2014 Cher Sadhguru, je trouve bien plus facile de m\u2019\u00e9merveiller du monde naturel que de l\u2019humanit\u00e9\u2026 comment \u00eatre \u00e9merveill\u00e9 par les \u00eatres humains comme je le suis par le paon qui danse ? \u2014 Eh bien\u2026 c\u2019est un \u00eatre humain, n\u2019est-ce pas ? Non non, je me demande si c\u2019est un oiseau qui pose une question\u2026 ? (petit rire) Eh bien, les \u00eatres humains n\u2019ont pas d\u2019aussi belles plumes que les paons\u2026} Il caille. J\u2019ai tourn\u00e9 \u00e0 fond le bouton du radiateur de la Dacia. Je viens d\u2019achever ma journ\u00e9e de travail, il est 21h30. Personnellement, \u00e0 cet instant, je suis \u00e9merveill\u00e9 que ma bagnole d\u00e9marre du premier coup. C\u2019est ce dialogue sur lequel je tombe. Ce dialogue entre un grand sage hindou et un de ses disciples. J\u2019ai fait une fausse manip en sortant du parking et YouTube me propose \u00e7a. Bon, je voulais plut\u00f4t \u00e9couter une \u00e9mission sur la peinture, mais j\u2019ai les mains prises parce que j\u2019allume une cigarette en m\u00eame temps. Ma tablette est \u00e0 c\u00f4t\u00e9, sur le si\u00e8ge passager. Laissons aller, pourquoi pas ? Trop crev\u00e9 pour r\u00e9sister. Et puis en vrai, \u00e7a m\u2019interpelle aussit\u00f4t ce dialogue. Je suis intrigu\u00e9 parce que, moi non plus, je ne porte pas vraiment les \u00eatres humains dans mon c\u0153ur en ce moment. Je serais plut\u00f4t comme ce type qui pose sa question : \u00e0 vouloir m\u2019\u00e9merveiller des paons et de tout un tas de choses extraordinaires, plut\u00f4t que de tomber en pamoison devant n\u2019importe quel \u00eatre humain. M\u00eame si je voyais, \u00e0 cet instant pr\u00e9cis, sur le bas de la route, une tr\u00e8s belle femme faisant de l\u2019auto-stop avec un magnifique sourire aux l\u00e8vres, je ne m\u2019arr\u00eaterais pas. Rien que d\u2019y penser, je suis d\u00e9j\u00e0 d\u00e9go\u00fbt\u00e9 par ce long chemin \u00e0 effectuer pour revenir chez moi. De plus, j\u2019imagine qu\u2019il faudrait certainement nourrir une conversation, et \u00e7a me fatigue d\u2019avance. Tenez, rien que d\u2019imaginer tout cela, je souris tristement. Car il y a une dizaine d\u2019ann\u00e9es, je n\u2019aurais pas agi ainsi. Je me serais arr\u00eat\u00e9, bien \u00e9videmment, et j\u2019aurais dit : \u2014 Mais bien s\u00fbr, \u00e0 votre service, montez ! Et avec le sourire en plus, le genre de sourire que l\u2019on imagine sinc\u00e8re, vous voyez\u2026 sinc\u00e8re un peu comme pour se prouver qu\u2019on l\u2019est. Oui, je peux tout \u00e0 fait m\u2019\u00e9merveiller de la pr\u00e9sence d\u2019un oiseau au loin, plut\u00f4t que de celle d\u2019un \u00eatre humain. Moi aussi, je le peux d\u00e9sormais. Sans tomber dans le panneau. J\u2019\u00e9coute la conversation entre le grand ma\u00eetre yogi et ses disciples, enfin le monologue. Il a l\u2019air d\u2019un vrai sage, Sadhguru. De temps en temps, je jette un coup d\u2019\u0153il sur l\u2019\u00e9cran : turban sur la t\u00eate, longue barbe blanche, petits yeux rieurs, posture de yoga en tailleur. Fascinant, allais-je dire. Pitoyable, me reprends-je. Tout \u00e7a me renvoie des milliers d\u2019ann\u00e9es en arri\u00e8re, j\u2019ai l\u2019impression. Au temps o\u00f9 moi aussi, je m\u2019\u00e9merveillais des paons comme des \u00eatres humains, je ne faisais \u00e0 vrai dire pas de r\u00e9elle diff\u00e9rence. C\u2019est normal, car je vivais seul. D\u2019une certaine mani\u00e8re, je ne prenais aucun risque. Aucun paon, si magnifique soit-il, \u00e0 cette p\u00e9riode de ma vie, ne chiait dans mon salon, et lorsque moi-m\u00eame j\u2019\u00e9prouvais le besoin de me rendre aux toilettes, je n\u2019avais pas \u00e0 m\u2019agacer en constatant que quelqu\u2019un s\u2019y trouvait d\u00e9j\u00e0. La route d\u00e9file, l\u2019ampoule du phare gauche a d\u00fb griller, car l\u2019intensit\u00e9 du faisceau est plus faible de ce c\u00f4t\u00e9 de la route. Tout comme dans ma cervelle, je pense. La partie droite est plus puissante que la gauche, qui rend toute analyse, tout calcul, toute strat\u00e9gie totalement ridicule d\u00e9sormais. \u00c9trange \u00e9poque que cette \u00e9poque du virus. Ce type, ce yogi, il m\u2019est soudain sympathique, plein de bon sens surtout. J\u2019imagine presque aussit\u00f4t sa solitude. \u00catre oblig\u00e9 de s\u2019accoutrer ainsi, comme un yogi, un sage, pour dire ce qu\u2019il a \u00e0 dire afin que les gens veuillent bien prendre le temps de l\u2019\u00e9couter\u2026 d\u2019un seul coup, je rigole tout seul. Je me demande : pourquoi \u00e9prouver ce besoin d\u2019\u00eatre \u00e9cout\u00e9\u2026 ? Pourquoi s\u2019imposer aussi ce genre de \u00ab mission \u00bb, si cela en est une ? Avec ces p\u00e9riodes de confinement successives qui ont frapp\u00e9 le monde, nous avons \u00e9t\u00e9 oblig\u00e9s de cohabiter comme jamais auparavant. C\u2019est-\u00e0-dire que nous nous sommes retrouv\u00e9s confront\u00e9s \u00e0 nos contradictions les plus profondes. Ces merveilleuses femmes et hommes qui se jurent un amour \u00e9ternel sur les r\u00e9seaux sociaux, confin\u00e9s chez eux individuellement ou en famille, se seront sans doute aper\u00e7us de cette contradiction. Aimer, adorer les gens de loin, c\u2019est tr\u00e8s facile. Vivre avec eux, partager le quotidien, beaucoup moins, m\u00eame si on en a souvent r\u00eav\u00e9. Du coup, je pense \u00e0 cette exposition que j\u2019ai install\u00e9e dans mon village. C\u2019est mon \u00e9pouse qui se charge d\u2019effectuer les permanences, car je vais par monts et par vaux pour mes cours. J\u2019imagine que je suis un visiteur, je pousse la porte, et je vois tous ces tableaux accroch\u00e9s sur les murs de la galerie. Je les vois comme si ce n\u2019\u00e9tait pas moi qui les avais r\u00e9alis\u00e9s. Ils sont magnifiques, tout \u00e0 fait comme de beaux paons avec de jolies plumes. Est-ce que j\u2019aurais envie d\u2019en accrocher le moindre sur mes murs ? Et surtout de vivre avec chaque jour qu\u2019il me reste \u00e0 vivre\u2026 Bien s\u00fbr que non. Chez moi, les tableaux ne restent pas en place. D\u2019un mois \u00e0 l\u2019autre, mon \u00e9pouse se charge de la d\u00e9co, qui est sans arr\u00eat renouvel\u00e9e. Cela entra\u00eene au d\u00e9tachement. Mon \u00e9pouse\u2026 je pourrais aussi parler de la f\u00e9minit\u00e9, comment l\u2019immobile envoie tout le mobile valdinguer\u2026 et comment tout ce qui est merveilleux \u00e0 priori change totalement de visage selon la distance avec laquelle on le regarde. Mais je ne confonds pas les oiseaux avec les femmes non plus, du moins cela fait bien longtemps que je ne fais plus cette erreur. Je ne veux pas mettre le lien vers la vid\u00e9o YouTube. Du coup, je cherche une image de ce yogi farceur, et je tombe sur une photographie en noir et blanc de lui jeune avec son \u00e9pouse. Je l\u2019aime beaucoup ainsi. Il a dans le regard quelque chose qui m\u2019explique la suite de son parcours. 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"title": "Blessure",
"date_published": "2022-01-21T07:56:07Z",
"date_modified": "2025-10-22T09:48:41Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Toutes ces pr\u00e9cautions pour ne pas blesser l’autre, ne finissent t’elles pas dans l’\u00e9vitement ? Souvent je m’\u00e9carte volontairement des d\u00e9bats, de plus en plus. Je ne formule plus que des onomatop\u00e9es. L’id\u00e9e c’est l’humour, le d\u00e9risoire, comme Auguste face \u00e0 un Monsieur Loyal. C’est aussi se casser la figure pour de bon pour montrer que l’on peut se relever et continuer. Que des choses peuvent nous blesser bien sur mais que la vie est la plus forte.<\/p>\n Car qu’est-ce qui est bless\u00e9 le plus souvent ? Ce n’est pas la vie. La vie fait feu de tout bois.<\/p>\n Notre orgueil, l’image que nous nous faisons de nous-m\u00eames ? certainement.<\/p>\n Dans ce cas les blessures sont des \u00e9tapes oblig\u00e9es, il faudrait pouvoir les consid\u00e9rer ainsi.<\/p>\n Etre conscient que l’on en est conscient n’est encore pas suffisant.<\/p>\n s’\u00e9lever au dessus de cette conscience encore non pas pour n’\u00eatre bless\u00e9 de rien, ce serait inhumain.<\/p>\n Etre bless\u00e9, tomber, se voir ainsi chuter comme au ralenti, comme dans un accident de la route, puis s’\u00e9vanouir et laisser les commandes \u00e0 ce qui doit advenir.<\/p>\n Cela requiert un niveau de confiance, pas un niveau de conscience.<\/p>\n Un niveau que je n’atteins pas \u00e9videmment, que je ne veux pas atteindre non plus car il ne serait encore qu’une id\u00e9e, qu’une pens\u00e9e, ce ne serait pas \u00e7a.<\/p>",
"content_text": "Toutes ces pr\u00e9cautions pour ne pas blesser l'autre, ne finissent t'elles pas dans l'\u00e9vitement ? Souvent je m'\u00e9carte volontairement des d\u00e9bats, de plus en plus. Je ne formule plus que des onomatop\u00e9es. L'id\u00e9e c'est l'humour, le d\u00e9risoire, comme Auguste face \u00e0 un Monsieur Loyal. C'est aussi se casser la figure pour de bon pour montrer que l'on peut se relever et continuer. Que des choses peuvent nous blesser bien sur mais que la vie est la plus forte.\n\nCar qu'est-ce qui est bless\u00e9 le plus souvent ? Ce n'est pas la vie. La vie fait feu de tout bois.\n\nNotre orgueil, l'image que nous nous faisons de nous-m\u00eames ? certainement.\n\nDans ce cas les blessures sont des \u00e9tapes oblig\u00e9es, il faudrait pouvoir les consid\u00e9rer ainsi.\n\nEtre conscient que l'on en est conscient n'est encore pas suffisant.\n\ns'\u00e9lever au dessus de cette conscience encore non pas pour n'\u00eatre bless\u00e9 de rien, ce serait inhumain.\n\nEtre bless\u00e9, tomber, se voir ainsi chuter comme au ralenti, comme dans un accident de la route, puis s'\u00e9vanouir et laisser les commandes \u00e0 ce qui doit advenir. \n\nCela requiert un niveau de confiance, pas un niveau de conscience.\n\nUn niveau que je n'atteins pas \u00e9videmment, que je ne veux pas atteindre non plus car il ne serait encore qu'une id\u00e9e, qu'une pens\u00e9e, ce ne serait pas \u00e7a.",
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"title": "Pan !",
"date_published": "2022-01-21T06:25:16Z",
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"content_html": " illustration<\/strong> : Dessin num\u00e9rique<\/p>\n Les gens paniquent facilement ces derniers jours. Pan ! un gamin fait \u00e9clater un sachet de papier et tout le monde se retrouve \u00e0 plat ventre.<\/p>\n C’est dr\u00f4le.<\/p>\n Je crois que nous adorons \u00e7a. On ne le montre pas \u00e9videmment. Ca ne se fait pas, c’est m\u00eame parfois honteux, mais on adore paniquer. Sinon pourquoi entrer dans la panique aussi ais\u00e9ment et aussi r\u00e9guli\u00e8rement.<\/p>\n Il y a m\u00eame des gens qui n’en ressortent jamais tellement ils adorent l’intensit\u00e9 que produit cette sensation \u00e9lectrique.<\/p>\n Pan ! Le dieu Pan avec ses cornes et ses sabots fourchus. Un beau diable de dieu.<\/p>\n Une addiction \u00e0 la panique comme \u00e0 l’alcool, au sexe , \u00e0 la marijuana c’est possible ?<\/p>\n Mais oui bien sur j’en suis persuad\u00e9 et derri\u00e8re tout cela l’all\u00e9gresse \u00e9videmment.<\/p>\n Au sein de nos plus belles paniques, une all\u00e9gresse, un enthousiasme, exactement ceux qu’on ne peut jamais laisser d\u00e9border quant tout est normal, calme, serein...<\/p>",
"content_text": "{{illustration}} : Dessin num\u00e9rique \n\nLes gens paniquent facilement ces derniers jours. Pan ! un gamin fait \u00e9clater un sachet de papier et tout le monde se retrouve \u00e0 plat ventre. \n\nC'est dr\u00f4le.\n\nJe crois que nous adorons \u00e7a. On ne le montre pas \u00e9videmment. Ca ne se fait pas, c'est m\u00eame parfois honteux, mais on adore paniquer. Sinon pourquoi entrer dans la panique aussi ais\u00e9ment et aussi r\u00e9guli\u00e8rement.\n\nIl y a m\u00eame des gens qui n'en ressortent jamais tellement ils adorent l'intensit\u00e9 que produit cette sensation \u00e9lectrique.\n\nPan! Le dieu Pan avec ses cornes et ses sabots fourchus. Un beau diable de dieu.\n\nUne addiction \u00e0 la panique comme \u00e0 l'alcool, au sexe , \u00e0 la marijuana c'est possible ?\n\nMais oui bien sur j'en suis persuad\u00e9 et derri\u00e8re tout cela l'all\u00e9gresse \u00e9videmment.\n\nAu sein de nos plus belles paniques, une all\u00e9gresse, un enthousiasme, exactement ceux qu'on ne peut jamais laisser d\u00e9border quant tout est normal, calme, serein... ",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/20-janvier-2022.html",
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"title": "20 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-20T07:04:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:04:32Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> Un jour, je tomberai tous les masques et je crierai : je m\u2019adore. Sans rire. Un jour, je prendrai cette chose tr\u00e8s au s\u00e9rieux. Mais l\u00e0, je regarde un oiseau ivre dans le ciel bleu. Ivre de vol. Je m\u2019adore, c\u2019est s\u00fbr. Je ne l\u2019ai pas lu dans les livres. Pas de bol. La graine est l\u00e0, en terre, c\u2019est l\u2019hiver, encore heureux, c\u2019est pas m\u00fbr. Pour le moment, j\u2019erre, j\u2019explore toutes les versions de l\u2019\u00e9chec pour \u00eatre s\u00fbr.<\/p>",
"content_text": "Un jour, je tomberai tous les masques et je crierai : je m\u2019adore. Sans rire. Un jour, je prendrai cette chose tr\u00e8s au s\u00e9rieux. Mais l\u00e0, je regarde un oiseau ivre dans le ciel bleu. Ivre de vol. Je m\u2019adore, c\u2019est s\u00fbr. Je ne l\u2019ai pas lu dans les livres. Pas de bol. La graine est l\u00e0, en terre, c\u2019est l\u2019hiver, encore heureux, c\u2019est pas m\u00fbr. Pour le moment, j\u2019erre, j\u2019explore toutes les versions de l\u2019\u00e9chec pour \u00eatre s\u00fbr.",
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"title": "La pagaye",
"date_published": "2022-01-20T06:23:07Z",
"date_modified": "2025-10-22T16:08:27Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Preuve d\u00e9j\u00e0 que la pagaye n’est pas un vain mot, j’ai trouv\u00e9 trois fa\u00e7ons de l’\u00e9crire diff\u00e9remment :<\/p>\n Pagaye<\/strong> comme C\u00e9line :<\/p>\n « Y avait \u00e0 cro\u00fbter chez lui et en abondance !... Du muscadet comme en bas, du saucisson, des artichauts et des petits suisses... en pagaye alors ! (C\u00e9line,Mort \u00e0 cr\u00e9dit<\/em>,).<\/em><\/p>\n Paga\u00efe<\/strong> comme Cendrars<\/p>\n La paga\u00efe ? Mais c’est quand les \u00e9v\u00e9nements d\u00e9bordent les r\u00e8glements \u00e9dict\u00e9s dans un \u00c9tat bien polic\u00e9 qui n’a rien laiss\u00e9 \u00e0 l’impr\u00e9vu (Cendrars,Main coup\u00e9<\/em>e).<\/em><\/p>\n Pagaille<\/strong> comme Malraux<\/p>\n L\u00e0-bas, c’est la pagaille effroyable : les pauvres vieux se pi\u00e9tinent dans les escaliers (Malraux,Espoir<\/em>, 1937, p.719).<\/em><\/p>\n Aller il faut choisir,<\/p>\n Am, stram, gram,Pic et pic et col\u00e9gram,Bour et bour et ratatam,Am, stram, gram.<\/em><\/p>\n C\u00e9line en ce moment m’est le plus proche donc : Pagaye \u00e7a ira.<\/p>\n Je pense \u00e0 la pagaye de mon disque dur. Sans d\u00e9conner, je n’essaie pas de proposer une m\u00e9taphore c’est vraiment un bordel sans nom, une truie n’y trouverait pas ses petits.<\/p>\n \u00e7a me reprend encore de vouloir mettre de l’ordre. Signe des temps j’imagine. Tous voudraient mettre de l’ordre partout, quand on les \u00e9coute attentivement tous leurs discours en gros ne font que tourner en rond autour de \u00e7a.<\/p>\n Mon ordre est plus gros que le tien, plus beau plus ceci plus cela.<\/p>\n \u00e7a doit influencer les masses, moi y compris.<\/p>\n Mais qu’est ce que cette pagaye ? D’o\u00f9 vient t’elle ?<\/p>\n Dans le dictionnaire des marins ils en parlent, ils parlent de la pagale <\/strong>qui est une fa\u00e7on de laisser tomber l’ancre comme on s’\u00e9croule sur le canap\u00e9 apr\u00e8s une journ\u00e9e de boulot. Plouf ! \u00e7a ira bien comme \u00e7a, et laissez tomber, pas besoin de carguer ni de serrer les voiles. Tout le monde dans la cambuse, on mange la soupe et on se couche, on verra bien demain.<\/p>\n Les m\u00eames disent aussi jeter en pagale <\/em>tout un tas de choses h\u00e9t\u00e9roclites dans la cale. C’est \u00e0 dire en se foutant royalement de l’encombrement que \u00e7a prendra. G\u00e9n\u00e9ralement bien plus de place ainsi »occup\u00e9e\" que dans le rangement.<\/p>\n D’ailleurs prenez une pagaye et essayez de la mettre en ordre et vous verrez un truc \u00e9trange. Il y a plein de choses qui ne servent strictement \u00e0 rien, ou alors les m\u00eames choses plusieurs fois comme des tentatives de clonage de l’inutile<\/p>\n Servir \u00e0 rien. Je m’arr\u00eate l\u00e0 dessus un petit instant. car la question est l\u00e0 :<\/p>\n Qu’est-ce qui sert \u00e0 quelque chose finalement ? Et nous avec nos occupations est-ce qu’on sert \u00e0 quoi que ce soit vraiment ?<\/p>\n Dans ce disque dur qui a t’il donc de si important pour que je mette autant de pagaye par dessus afin de ne pas le trouver ?<\/p>",
"content_text": "Preuve d\u00e9j\u00e0 que la pagaye n'est pas un vain mot, j'ai trouv\u00e9 trois fa\u00e7ons de l'\u00e9crire diff\u00e9remment : \n\nPagaye comme C\u00e9line :\n\n\"Y avait \u00e0 cro\u00fbter chez lui et en abondance!... Du muscadet comme en bas, du saucisson, des artichauts et des petits suisses... en pagaye alors! (C\u00e9line,Mort \u00e0 cr\u00e9dit,).\n\nPaga\u00efe comme Cendrars \n\nLa paga\u00efe? Mais c'est quand les \u00e9v\u00e9nements d\u00e9bordent les r\u00e8glements \u00e9dict\u00e9s dans un \u00c9tat bien polic\u00e9 qui n'a rien laiss\u00e9 \u00e0 l'impr\u00e9vu (Cendrars,Main coup\u00e9e).\n\nPagaille comme Malraux \n\nL\u00e0-bas, c'est la pagaille effroyable: les pauvres vieux se pi\u00e9tinent dans les escaliers (Malraux,Espoir, 1937, p.719).\n\nAller il faut choisir, \n\nAm, stram, gram,Pic et pic et col\u00e9gram,Bour et bour et ratatam,Am, stram, gram.\n\nC\u00e9line en ce moment m'est le plus proche donc : Pagaye \u00e7a ira.\n\nJe pense \u00e0 la pagaye de mon disque dur. Sans d\u00e9conner, je n'essaie pas de proposer une m\u00e9taphore c'est vraiment un bordel sans nom, une truie n'y trouverait pas ses petits.\n\n\u00e7a me reprend encore de vouloir mettre de l'ordre. Signe des temps j'imagine. Tous voudraient mettre de l'ordre partout, quand on les \u00e9coute attentivement tous leurs discours en gros ne font que tourner en rond autour de \u00e7a. \n\nMon ordre est plus gros que le tien, plus beau plus ceci plus cela.\n\n\u00e7a doit influencer les masses, moi y compris.\n\nMais qu'est ce que cette pagaye ? D'o\u00f9 vient t'elle ? \n\nDans le dictionnaire des marins ils en parlent, ils parlent de la pagale qui est une fa\u00e7on de laisser tomber l'ancre comme on s'\u00e9croule sur le canap\u00e9 apr\u00e8s une journ\u00e9e de boulot. Plouf ! \u00e7a ira bien comme \u00e7a, et laissez tomber, pas besoin de carguer ni de serrer les voiles. Tout le monde dans la cambuse, on mange la soupe et on se couche, on verra bien demain.\n\nLes m\u00eames disent aussi jeter en pagale tout un tas de choses h\u00e9t\u00e9roclites dans la cale. C'est \u00e0 dire en se foutant royalement de l'encombrement que \u00e7a prendra. G\u00e9n\u00e9ralement bien plus de place ainsi \"occup\u00e9e\" que dans le rangement.\n\nD'ailleurs prenez une pagaye et essayez de la mettre en ordre et vous verrez un truc \u00e9trange. Il y a plein de choses qui ne servent strictement \u00e0 rien, ou alors les m\u00eames choses plusieurs fois comme des tentatives de clonage de l'inutile \n\nServir \u00e0 rien. Je m'arr\u00eate l\u00e0 dessus un petit instant. car la question est l\u00e0 :\n\nQu'est-ce qui sert \u00e0 quelque chose finalement ? Et nous avec nos occupations est-ce qu'on sert \u00e0 quoi que ce soit vraiment ?\n\nDans ce disque dur qui a t'il donc de si important pour que je mette autant de pagaye par dessus afin de ne pas le trouver ?",
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"title": "Sadhguru",
"date_published": "2022-01-20T04:39:52Z",
"date_modified": "2025-10-22T09:35:06Z",
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"content_html": " — Cher Sadhguru je trouve bien plus facile de m’\u00e9merveiller du monde naturel que de l’humanit\u00e9 ... comment \u00eatre \u00e9merveill\u00e9 par les \u00eatres humains comme je le suis par le paon qui danse ?<\/p>\n — Et bien ... c’est un \u00eatre humain n’est-ce pas ? Non non, je me demande si c’est un oiseau qui pose une question ... ? (petit rire ) Et bien les \u00eatres humains n’ont pas d’aussi belles plumes que les paons...<\/p>\n<\/blockquote> Il caille. J’ai tourn\u00e9 \u00e0 fond le bouton du radiateur de la Dacia. Je viens d’achever ma journ\u00e9e de travail il est 21h30. Personnellement \u00e0 cet instant je suis \u00e9merveill\u00e9 que ma bagnole d\u00e9marre du premier coup.<\/p>\n C’est ce dialogue sur lequel je tombe. Ce dialogue entre un grand sage hindou et un de ses disciples, j’ai fait une fausse manip en sortant du parking et Youtube me propose \u00e7a. Bon je voulais plut\u00f4t \u00e9couter une \u00e9mission sur la peinture mais j’ai les mains prises, parce que j’allume une cigarette en m\u00eame temps, ma tablette est \u00e0 cot\u00e9, sur le si\u00e8ge passager. Laissons aller, pourquoi pas ? Trop crev\u00e9 pour r\u00e9sister.<\/p>\n Et puis en vrai \u00e7a m’interpelle aussit\u00f4t ce dialogue. Je suis intrigu\u00e9 parce que moi non plus je ne porte pas vraiment les \u00eatres humains dans mon c\u0153ur en ce moment. Je serais plut\u00f4t comme ce type qui pose sa question, \u00e0 vouloir m’\u00e9merveiller des paons, et de tout un tas de choses que je trouve extraordinaires, plut\u00f4t que de tomber en pamoison devant n’importe quel \u00eatre humain.<\/p>\n M\u00eame si je voyais \u00e0 cet instant pr\u00e9cis sur le bas de la route, une tr\u00e8s belle femme qui fait de l’auto stop avec un magnifique sourire aux l\u00e8vres, je ne m’arr\u00eaterais pas.<\/p>\n Rien que d’y penser je suis d\u00e9j\u00e0 d\u00e9gout\u00e9 par ce long chemin \u00e0 effectuer pour revenir chez moi.<\/p>\n De plus j’imagine qu’il faudrait certainement nourrir une conversation, et \u00e7a me fatigue d’avance.<\/p>\n Tenez, rien que d’imaginer tout cela je souris tristement. Car il y a une dizaine d’ann\u00e9es je n’aurais pas agi ainsi. Je me serais arr\u00eat\u00e9 bien \u00e9videmment et j’aurais dit<\/p>\n —Mais bien sur, \u00e0 votre service, montez et avec le sourire en plus , le genre de sourire que l’on imagine sinc\u00e8re vous voyez... sinc\u00e8re<\/em> un peu comme pour se prouver qu’on l’est.<\/p>\n Oui je peux tout \u00e0 fait m’\u00e9merveiller de la pr\u00e9sence d’un oiseau au loin, plut\u00f4t que de celle d’un \u00eatre humain. Moi aussi je le peux d\u00e9sormais. Sans tomber dans le panneau.<\/p>\n J’\u00e9coute la conversation entre le grand ma\u00eetre Yogi et ses disciples, enfin le monologue. Il a l’air d’un vrai sage Sadhguru. De temps en temps je jette un coup d’\u0153il sur l’\u00e9cran : turban sur la t\u00eate, longue barbe blanche, petits yeux rieurs, posture de yoga en tailleur. Fascinant j’allais dire.<\/p>\n Pitoyable je me reprends.<\/p>\n Tout \u00e7a me renvoie des milliers d’ann\u00e9es en arri\u00e8re j’ai l’impression. Au temps o\u00f9 moi aussi je m’\u00e9merveillais des paons comme des \u00eatres humains, je ne faisais \u00e0 vrai dire pas de r\u00e9elle diff\u00e9rence.<\/p>\n C’est normal car je vivais seul. D’une certaine mani\u00e8re je ne prenais aucun risque.<\/p>\n Aucun paon, si magnifique soit-t ’il, \u00e0 cette p\u00e9riode de ma vie, ne chie dans mon salon, et lorsque moi m\u00eame j’\u00e9prouve le besoin de me rendre aux toilettes, je n’ai pas \u00e0 m’agacer en constatant que quelqu’un s’y trouve d\u00e9j\u00e0.<\/p>\n La route d\u00e9file, l’ampoule du phare gauche a d\u00fb griller car l’intensit\u00e9 du faisceau est plus faible de ce cot\u00e9 de la route. Tout comme dans ma cervelle je pense. La partie droite est plus puissante que la gauche qui rend toute analyse, tout calcul, toute strat\u00e9gie totalement ridicule d\u00e9sormais.<\/p>\n Etrange \u00e9poque que cette \u00e9poque du virus.<\/p>\n Ce type, ce yogi, il m’est soudain sympathique, plein de bon sens surtout. J’imagine presque aussit\u00f4t sa solitude. Etre oblig\u00e9 de s’accoutrer ainsi, comme un yogi, un sage, pour dire ce qu’il a dire afin que les gens veuillent bien prendre le temps de l’\u00e9couter... d’un seul coup je rigole tout seul. Je me demande : pourquoi \u00e9prouver ce besoin d’\u00eatre \u00e9cout\u00e9 ...? Pourquoi s’imposer aussi ce genre de « mission » si cela en est une ?<\/p>\n Avec ces p\u00e9riodes de confinement successives qui ont frapp\u00e9 le monde nous avons \u00e9t\u00e9 oblig\u00e9 de cohabiter comme jamais auparavant nous ne l’avons fait. C’est \u00e0 dire que nous nous sommes retrouv\u00e9s confront\u00e9 \u00e0 nos contradictions les plus profondes.<\/p>\n Ces merveilleuses femmes et hommes qui se jurent un amour \u00e9ternel sur les r\u00e9seaux sociaux, confin\u00e9s chez eux individuellement ou en famille se seront sans doute aper\u00e7u de cette contradiction.<\/p>\n Aimer, adorer les gens de loin c’est tr\u00e8s facile. Vivre avec eux, partager le quotidien beaucoup moins, m\u00eame si on en a souvent r\u00eav\u00e9.<\/p>\n Du coup je pense \u00e0 cette exposition que j’ai install\u00e9e dans mon village. C’est mon \u00e9pouse qui se charge d’effectuer les permanences car je vais par monts et par vaux pour mes cours.<\/p>\n J’imagine que je suis un visiteur, je pousse la porte et je vois tous ces tableaux accroch\u00e9s sur les murs de la galerie. Je les vois comme si ce n’\u00e9tait pas moi qui les avais r\u00e9alis\u00e9s. Ils sont magnifiques, tout \u00e0 fait comme de beaux paons avec de jolies plumes. Est-ce que j’aurais pour envie d’en accrocher le moindre sur mes murs ? Et surtout vivre avec chaque jour qu’il me reste \u00e0 vivre ...<\/p>\n Bien sur que non.<\/p>\n Chez moi les tableaux ne restent pas en place. D’un mois l’autre mon \u00e9pouse se charge de la d\u00e9co qui est sans arr\u00eat renouvel\u00e9e. Cela entraine au d\u00e9tachement.<\/p>\n Mon \u00e9pouse... je pourrais aussi parler de la f\u00e9minit\u00e9, comment l’immobile envoie tout le mobile valdinguer ...et comment tout ce qui est merveilleux \u00e0 priori change totalement de visage selon la distance avec laquelle on le regarde. Mais je ne confonds pas les oiseaux avec les femmes non plus, du moins cela fait bien longtemps que je ne fais plus cette erreur.<\/p>\n Je ne veux pas mettre le lien vers la vid\u00e9o Youtube. Du coup je cherche une image de ce Yogi farceur et je tombe sur une photographie en noir et blanc de lui jeune avec son \u00e9pouse. Je l’aime beaucoup ainsi. Il a dans le regard quelque chose qui m’explique la suite de son parcours. Ce m\u00e9lange de m\u00e9pris et d’amour que le yoga doit certainement, avec le temps, trouver le moyen de r\u00e9unir dans une forme divertissante.<\/p>",
"content_text": "\n\n\u2014 Cher Sadhguru je trouve bien plus facile de m'\u00e9merveiller du monde naturel que de l'humanit\u00e9 ... comment \u00eatre \u00e9merveill\u00e9 par les \u00eatres humains comme je le suis par le paon qui danse ?\n\n\u2014 Et bien ... c'est un \u00eatre humain n'est-ce pas ? Non non, je me demande si c'est un oiseau qui pose une question ... ? (petit rire ) Et bien les \u00eatres humains n'ont pas d'aussi belles plumes que les paons... \n\nIl caille. J'ai tourn\u00e9 \u00e0 fond le bouton du radiateur de la Dacia. Je viens d'achever ma journ\u00e9e de travail il est 21h30. Personnellement \u00e0 cet instant je suis \u00e9merveill\u00e9 que ma bagnole d\u00e9marre du premier coup. \n\nC'est ce dialogue sur lequel je tombe. Ce dialogue entre un grand sage hindou et un de ses disciples, j'ai fait une fausse manip en sortant du parking et Youtube me propose \u00e7a. Bon je voulais plut\u00f4t \u00e9couter une \u00e9mission sur la peinture mais j'ai les mains prises, parce que j'allume une cigarette en m\u00eame temps, ma tablette est \u00e0 cot\u00e9, sur le si\u00e8ge passager. Laissons aller, pourquoi pas ? Trop crev\u00e9 pour r\u00e9sister.\n\nEt puis en vrai \u00e7a m'interpelle aussit\u00f4t ce dialogue. Je suis intrigu\u00e9 parce que moi non plus je ne porte pas vraiment les \u00eatres humains dans mon c\u0153ur en ce moment. Je serais plut\u00f4t comme ce type qui pose sa question, \u00e0 vouloir m'\u00e9merveiller des paons, et de tout un tas de choses que je trouve extraordinaires, plut\u00f4t que de tomber en pamoison devant n'importe quel \u00eatre humain.\n\nM\u00eame si je voyais \u00e0 cet instant pr\u00e9cis sur le bas de la route, une tr\u00e8s belle femme qui fait de l'auto stop avec un magnifique sourire aux l\u00e8vres, je ne m'arr\u00eaterais pas. \n\nRien que d'y penser je suis d\u00e9j\u00e0 d\u00e9gout\u00e9 par ce long chemin \u00e0 effectuer pour revenir chez moi. \n\nDe plus j'imagine qu'il faudrait certainement nourrir une conversation, et \u00e7a me fatigue d'avance.\n\nTenez, rien que d'imaginer tout cela je souris tristement. Car il y a une dizaine d'ann\u00e9es je n'aurais pas agi ainsi. Je me serais arr\u00eat\u00e9 bien \u00e9videmment et j'aurais dit \n\n\u2014Mais bien sur, \u00e0 votre service, montez et avec le sourire en plus , le genre de sourire que l'on imagine sinc\u00e8re vous voyez... sinc\u00e8re un peu comme pour se prouver qu'on l'est.\n\nOui je peux tout \u00e0 fait m'\u00e9merveiller de la pr\u00e9sence d'un oiseau au loin, plut\u00f4t que de celle d'un \u00eatre humain. Moi aussi je le peux d\u00e9sormais. Sans tomber dans le panneau.\n\nJ'\u00e9coute la conversation entre le grand ma\u00eetre Yogi et ses disciples, enfin le monologue. Il a l'air d'un vrai sage Sadhguru. De temps en temps je jette un coup d'\u0153il sur l'\u00e9cran: turban sur la t\u00eate, longue barbe blanche, petits yeux rieurs, posture de yoga en tailleur. Fascinant j'allais dire.\n\nPitoyable je me reprends.\n\nTout \u00e7a me renvoie des milliers d'ann\u00e9es en arri\u00e8re j'ai l'impression. Au temps o\u00f9 moi aussi je m'\u00e9merveillais des paons comme des \u00eatres humains, je ne faisais \u00e0 vrai dire pas de r\u00e9elle diff\u00e9rence.\n\nC'est normal car je vivais seul. D'une certaine mani\u00e8re je ne prenais aucun risque.\n\nAucun paon, si magnifique soit-t 'il, \u00e0 cette p\u00e9riode de ma vie, ne chie dans mon salon, et lorsque moi m\u00eame j'\u00e9prouve le besoin de me rendre aux toilettes, je n'ai pas \u00e0 m'agacer en constatant que quelqu'un s'y trouve d\u00e9j\u00e0.\n\nLa route d\u00e9file, l'ampoule du phare gauche a d\u00fb griller car l'intensit\u00e9 du faisceau est plus faible de ce cot\u00e9 de la route. Tout comme dans ma cervelle je pense. La partie droite est plus puissante que la gauche qui rend toute analyse, tout calcul, toute strat\u00e9gie totalement ridicule d\u00e9sormais.\n\nEtrange \u00e9poque que cette \u00e9poque du virus.\n\nCe type, ce yogi, il m'est soudain sympathique, plein de bon sens surtout. J'imagine presque aussit\u00f4t sa solitude. Etre oblig\u00e9 de s'accoutrer ainsi, comme un yogi, un sage, pour dire ce qu'il a dire afin que les gens veuillent bien prendre le temps de l'\u00e9couter... d'un seul coup je rigole tout seul. Je me demande : pourquoi \u00e9prouver ce besoin d'\u00eatre \u00e9cout\u00e9 ...? Pourquoi s'imposer aussi ce genre de \"mission\" si cela en est une ?\n\nAvec ces p\u00e9riodes de confinement successives qui ont frapp\u00e9 le monde nous avons \u00e9t\u00e9 oblig\u00e9 de cohabiter comme jamais auparavant nous ne l'avons fait. C'est \u00e0 dire que nous nous sommes retrouv\u00e9s confront\u00e9 \u00e0 nos contradictions les plus profondes. \n\nCes merveilleuses femmes et hommes qui se jurent un amour \u00e9ternel sur les r\u00e9seaux sociaux, confin\u00e9s chez eux individuellement ou en famille se seront sans doute aper\u00e7u de cette contradiction.\n\nAimer, adorer les gens de loin c'est tr\u00e8s facile. Vivre avec eux, partager le quotidien beaucoup moins, m\u00eame si on en a souvent r\u00eav\u00e9.\n\nDu coup je pense \u00e0 cette exposition que j'ai install\u00e9e dans mon village. C'est mon \u00e9pouse qui se charge d'effectuer les permanences car je vais par monts et par vaux pour mes cours.\n\nJ'imagine que je suis un visiteur, je pousse la porte et je vois tous ces tableaux accroch\u00e9s sur les murs de la galerie. Je les vois comme si ce n'\u00e9tait pas moi qui les avais r\u00e9alis\u00e9s. Ils sont magnifiques, tout \u00e0 fait comme de beaux paons avec de jolies plumes. Est-ce que j'aurais pour envie d'en accrocher le moindre sur mes murs ? Et surtout vivre avec chaque jour qu'il me reste \u00e0 vivre ... \n\nBien sur que non.\n\nChez moi les tableaux ne restent pas en place. D'un mois l'autre mon \u00e9pouse se charge de la d\u00e9co qui est sans arr\u00eat renouvel\u00e9e. Cela entraine au d\u00e9tachement.\n\nMon \u00e9pouse... je pourrais aussi parler de la f\u00e9minit\u00e9, comment l'immobile envoie tout le mobile valdinguer ...et comment tout ce qui est merveilleux \u00e0 priori change totalement de visage selon la distance avec laquelle on le regarde. Mais je ne confonds pas les oiseaux avec les femmes non plus, du moins cela fait bien longtemps que je ne fais plus cette erreur.\n\nJe ne veux pas mettre le lien vers la vid\u00e9o Youtube. Du coup je cherche une image de ce Yogi farceur et je tombe sur une photographie en noir et blanc de lui jeune avec son \u00e9pouse. Je l'aime beaucoup ainsi. Il a dans le regard quelque chose qui m'explique la suite de son parcours. Ce m\u00e9lange de m\u00e9pris et d'amour que le yoga doit certainement, avec le temps, trouver le moyen de r\u00e9unir dans une forme divertissante.",
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"title": "19 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-19T07:01:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T07:01:17Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> \u00c0 partir d\u2019un certain \u00e2ge, nous devenons les spectateurs de la com\u00e9die humaine. Nous descendons de l\u2019estrade et allons nous installer sur un strapontin. Et l\u00e0, c\u2019est avec un sentiment mitig\u00e9, constitu\u00e9 d\u2019un peu d\u2019effroi agr\u00e9ment\u00e9 de nombreux fous rires, que nous observons les com\u00e9diens s\u2019agiter l\u00e0-haut alors que nous sommes en bas, proche du trou du souffleur. Il nous vient alors une intuition\u2026 Et si c\u2019\u00e9tait enfin la derni\u00e8re ? La finale du spectacle ? Et si c\u2019\u00e9tait la fin tout simplement ? Il s\u2019agirait alors d\u2019un enterrement, le n\u00f4tre en l\u2019occurrence. Ce serait th\u00e9\u00e2tral encore, imaginez la mort de l\u2019acteur, peu importe lequel, star ou simple histrion. Car l\u2019intuition dit aussi que dans ce th\u00e9\u00e2tre, tous sont importants, le plus petit comme le plus grand, chacun sa n\u00e9cessit\u00e9, chacun vecteur d\u2019une action, d\u2019un rebondissement qui fera \u00e0 la fois rire et pleurer comme dans tout bon spectacle digne de ce nom. Une com\u00e9die. Cette prise de conscience de l\u2019importance de chacun au sein de la bouffonnade du tout\u2026 peut-\u00eatre est-ce ce m\u00e9lange d\u00e9tonant, un peu comme alcool et ecstasy, qui rend l\u2019id\u00e9e autrefois hideuse de la mort d\u00e9sormais douce, magnifique. J\u2019aimerais partir ainsi en bon perdant, sans le moindre ressentiment. Je m\u2019aper\u00e7ois aussi qu\u2019on ne peut pas arriver dans cet \u00e9tat magique d\u2019un claquement de doigt, bille en t\u00eate, la lubie pansant l\u2019angoisse, vieille histoire de jambe de bois. Non, c\u2019est le travail de toute une vie. Sans doute le seul vrai travail d\u2019une vie. Et le plus beau, c\u2019est qu\u2019il se fait sans que nous produisions le moindre effort, tant nous sommes distraits, tout entiers occup\u00e9s \u00e0 jouer la com\u00e9die.<\/p>",
"content_text": "\u00c0 partir d\u2019un certain \u00e2ge, nous devenons les spectateurs de la com\u00e9die humaine. Nous descendons de l\u2019estrade et allons nous installer sur un strapontin. Et l\u00e0, c\u2019est avec un sentiment mitig\u00e9, constitu\u00e9 d\u2019un peu d\u2019effroi agr\u00e9ment\u00e9 de nombreux fous rires, que nous observons les com\u00e9diens s\u2019agiter l\u00e0-haut alors que nous sommes en bas, proche du trou du souffleur. Il nous vient alors une intuition\u2026 Et si c\u2019\u00e9tait enfin la derni\u00e8re ? La finale du spectacle ? Et si c\u2019\u00e9tait la fin tout simplement ? Il s\u2019agirait alors d\u2019un enterrement, le n\u00f4tre en l\u2019occurrence. Ce serait th\u00e9\u00e2tral encore, imaginez la mort de l\u2019acteur, peu importe lequel, star ou simple histrion. Car l\u2019intuition dit aussi que dans ce th\u00e9\u00e2tre, tous sont importants, le plus petit comme le plus grand, chacun sa n\u00e9cessit\u00e9, chacun vecteur d\u2019une action, d\u2019un rebondissement qui fera \u00e0 la fois rire et pleurer comme dans tout bon spectacle digne de ce nom. Une com\u00e9die. Cette prise de conscience de l\u2019importance de chacun au sein de la bouffonnade du tout\u2026 peut-\u00eatre est-ce ce m\u00e9lange d\u00e9tonant, un peu comme alcool et ecstasy, qui rend l\u2019id\u00e9e autrefois hideuse de la mort d\u00e9sormais douce, magnifique. J\u2019aimerais partir ainsi en bon perdant, sans le moindre ressentiment. Je m\u2019aper\u00e7ois aussi qu\u2019on ne peut pas arriver dans cet \u00e9tat magique d\u2019un claquement de doigt, bille en t\u00eate, la lubie pansant l\u2019angoisse, vieille histoire de jambe de bois. Non, c\u2019est le travail de toute une vie. Sans doute le seul vrai travail d\u2019une vie. Et le plus beau, c\u2019est qu\u2019il se fait sans que nous produisions le moindre effort, tant nous sommes distraits, tout entiers occup\u00e9s \u00e0 jouer la com\u00e9die.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/18-janvier-2022.html",
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"title": "18 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-18T06:57:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:58:09Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> L\u2019exercice de la peinture est \u00e9troitement li\u00e9, pour chacun de nous, \u00e0 une vision personnelle du monde. Ou plut\u00f4t \u00e0 une interpr\u00e9tation personnelle, subjective de la r\u00e9alit\u00e9 comme de l\u2019imaginaire. Qu\u2019il s\u2019agisse d\u2019un enfant de 6 ans, d\u2019un adolescent de 15 ans ou d\u2019un adulte quel que soit son \u00e2ge, ce que nous pensons voir, comprendre, \u00eatre, tout ce que nous pensons, se refl\u00e8te sur le papier et sur la toile par l\u2019entremise du crayon, du pinceau ou de la truelle, s\u2019il le faut. Une fois la peinture achev\u00e9e, nous regardons celle-ci et nous \u00e9mettons un jugement. G\u00e9n\u00e9ralement de fa\u00e7on binaire : bien\/pas bien, beau\/moche, joyeux\/triste, etc. On remarquera que c\u2019est souvent binaire. Si on s\u2019arr\u00eatait quelques instants sur ces jugements, si on prenait un peu de recul surtout, en les observant, on pourrait alors se rendre compte \u00e0 quel point ces jugements nous sont aussi n\u00e9cessaires qu\u2019inutiles. N\u00e9cessaires parce qu\u2019\u00e0 chaque fois que nous effectuons quelque chose, nous \u00e9prouvons le besoin de mesurer cette chose selon une \u00e9chelle de valeurs dont on nous a appris qu\u2019elle s\u2019\u00e9tendait du pire \u00e0 l\u2019excellence. Inutiles si vous ignorez tout de l\u2019emprise de cette \u00e9chelle sur votre jugement. Sauf qu\u2019en peinture, lorsqu\u2019on d\u00e9bute, comment savoir o\u00f9 se situe vraiment le pire et le meilleur ? Pour un d\u00e9butant surtout, qu\u2019est-ce que le pire ? Qu\u2019est-ce que l\u2019excellence ? Nous l\u2019ignorons, car nous sommes aveugl\u00e9s, si l\u2019on veut, par ce qu\u2019on pourrait appeler des clich\u00e9s. Entre ma propre id\u00e9e du pire et de l\u2019excellence et une id\u00e9e collective, universelle du pire et de l\u2019excellence, se glissent ces clich\u00e9s, comme des r\u00e9flexes. On pourrait aussi s\u2019interroger sur la valeur intrins\u00e8que de cette id\u00e9e de beau collectif, de laideur collective, mais ce sera le sujet d\u2019un autre article. Nous nous r\u00e9f\u00e9rons au connu, \u00e0 ce que nous-m\u00eames pensons conna\u00eetre. Encore que ce mot soit ambigu. Disons plut\u00f4t \u00e0 ce que nous pensons savoir. Nous pensons savoir quelque chose sur la peinture tant que nous ne pratiquons pas la peinture. \u00c0 savoir le plus souvent que ce savoir provient du souvenir de toiles de ma\u00eetres aper\u00e7ues dans des livres, des magazines, des publications sur Internet, dans des articles, parfois aussi dans des mus\u00e9es. Nous acceptons de fa\u00e7on ob\u00e9issante, comme pense qu\u2019il doit ob\u00e9ir un \u00e9colier qui veut avoir de bonnes notes. Ainsi, sans r\u00e9fl\u00e9chir vraiment, nous relayons une id\u00e9e apprise du pire et de l\u2019excellence que la « sph\u00e8re de la Culture, de l\u2019Art, de la Peinture », si l\u2019on veut, nous impose de fa\u00e7on totalement inconsciente. Exactement comme des religions auxquelles on adh\u00e8re pour loger une foi qui, sans celles-ci, tournerait \u00e0 vide. Tout cela parce que l\u2019ob\u00e9issance est li\u00e9e \u00e0 une certaine confiance, que cette confiance aveugle, cette foi, nous emp\u00eache de voir vraiment avec nos propres yeux. Comment alors pourrions-nous rivaliser avec un Michelangelo, un L\u00e9onardo, un Van Gogh, un Renoir ? Comment pourrions-nous nous hisser \u00e0 cette hauteur prodigieuse ? Et en m\u00eame temps, nous consid\u00e9rons souvent nos propres r\u00e9alisations comme celles des enfants, comme quelque chose sans importance, d\u00e9risoire, sans valeur. Qu\u2019est-ce qui fait vraiment la diff\u00e9rence entre un tableau de Van Gogh et un dessin d\u2019enfant ? Dans l\u2019absolu, d\u2019o\u00f9 vient cette diff\u00e9rence ? Est-ce que cela s\u2019explique par la ma\u00eetrise du dessin, de la couleur, de la composition ? Est-ce que cela provient de l\u2019\u00e9motion que nous \u00e9prouvons parce qu\u2019il s\u2019agit de Vincent Van Gogh, dont nous connaissons plus ou moins la notori\u00e9t\u00e9, l\u2019histoire tragique de sa vie ? Parce que nous entretenons ce clich\u00e9 d\u2019un homme malheureux qui se jette dans la peinture en \u00e9pousant la figure embl\u00e9matique d\u2019un Christ clou\u00e9 sur une croix ? Sommes-nous objectifs lorsque nous regardons un tableau de Van Gogh ? Bien s\u00fbr que non. La plupart d\u2019entre nous ne voient pas le tableau r\u00e9ellement. M\u00eame en posant presque le nez dessus, nous ne le voyons pas. Quelque chose ne cesse de s\u2019interposer entre l\u2019\u0153il et la toile. C\u2019est la l\u00e9gende du peintre. Comme ce qui s\u2019interpose entre nos \u0153uvres personnelles, anonymes cette fois aux yeux des autres. L\u2019anonymat proc\u00e8de de la m\u00eame fa\u00e7on que la notori\u00e9t\u00e9, dans une direction inverse. Quelle valeur attribuer \u00e0 une \u0153uvre r\u00e9alis\u00e9e par un peintre inconnu ? Quelle cr\u00e9dibilit\u00e9 accordons-nous imm\u00e9diatement \u00e0 quelqu\u2019un dont nous ne savons rien, ni de son parcours, ni de la valeur marchande de ses \u0153uvres ? Cette valeur, ce jugement que nous portons sur l\u2019inconnu, sur l\u2019\u00e9tranger, ne sont-ils pas du m\u00eame tonneau que ceux que nous fabriquons \u00e0 l\u2019emporte-pi\u00e8ce sur nous-m\u00eames ? Sur ces parties inconnues de qui nous sommes vraiment ? Sur nos faits et gestes r\u00e9alis\u00e9s en toute inconscience et qui remontent soudain \u00e0 la surface de la conscience ? Ne les r\u00e9pudions-nous pas de la m\u00eame fa\u00e7on, sans m\u00eame prendre le temps de nous arr\u00eater sur les v\u00e9ritables raisons qui nous font justement les r\u00e9pudier si rapidement ? Tout cela parce que nous avons une id\u00e9e de fronti\u00e8re, encore une fois, entre le bien et le mal, le beau et le laid, le connu et l\u2019inconnu. Une id\u00e9e qui ne nous appartient pas vraiment, de surcro\u00eet, mais qui n\u2019est fabriqu\u00e9e que par la rumeur, les on-dit\u2026 N\u2019est-ce pas \u00e0 partir d\u2019un certain malaise, avant-coureur, pourrait-on dire, du contact r\u00e9el avec une r\u00e9alit\u00e9 inconnue, que nous fabriquons les couleurs de nos palettes de d\u00e9butant ? Elles sont souvent boueuses, ternes, sombres, ces couleurs. Et nous ne nous en rendons pas compte tout de suite. Ce malaise que nous appelons confusion, il n\u2019y a pas de jugement de valeur \u00e0 lui attribuer. Il fait totalement partie du processus de la peinture. Puis, au fur et \u00e0 mesure de la pratique, la confusion est identifi\u00e9e pour ce qu\u2019elle est. \u00c0 savoir l\u2019ignorance, surtout, de ce qu\u2019est notre clart\u00e9. Alors, peu \u00e0 peu, il n\u2019est pas rare que les spectateurs le signalent, chacun \u00e0 leur fa\u00e7on, en disant : « C\u2019est beau, c\u2019est lumineux, c\u2019est joyeux, c\u2019est bouleversant, etc. » \u00c0 partir de l\u00e0, il faudra aussi prendre un certain recul, ne pas se laisser hypnotiser par tous ces mots et comprendre que quelque chose de tr\u00e8s concret s\u2019est produit. Quelque chose de simple, et vous pourriez vous dire alors : Tiens, ma palette s\u2019est \u00e9claircie.<\/p>",
"content_text": "L\u2019exercice de la peinture est \u00e9troitement li\u00e9, pour chacun de nous, \u00e0 une vision personnelle du monde. Ou plut\u00f4t \u00e0 une interpr\u00e9tation personnelle, subjective de la r\u00e9alit\u00e9 comme de l\u2019imaginaire. Qu\u2019il s\u2019agisse d\u2019un enfant de 6 ans, d\u2019un adolescent de 15 ans ou d\u2019un adulte quel que soit son \u00e2ge, ce que nous pensons voir, comprendre, \u00eatre, tout ce que nous pensons, se refl\u00e8te sur le papier et sur la toile par l\u2019entremise du crayon, du pinceau ou de la truelle, s\u2019il le faut. Une fois la peinture achev\u00e9e, nous regardons celle-ci et nous \u00e9mettons un jugement. G\u00e9n\u00e9ralement de fa\u00e7on binaire : bien\/pas bien, beau\/moche, joyeux\/triste, etc. On remarquera que c\u2019est souvent binaire. Si on s\u2019arr\u00eatait quelques instants sur ces jugements, si on prenait un peu de recul surtout, en les observant, on pourrait alors se rendre compte \u00e0 quel point ces jugements nous sont aussi n\u00e9cessaires qu\u2019inutiles. N\u00e9cessaires parce qu\u2019\u00e0 chaque fois que nous effectuons quelque chose, nous \u00e9prouvons le besoin de mesurer cette chose selon une \u00e9chelle de valeurs dont on nous a appris qu\u2019elle s\u2019\u00e9tendait du pire \u00e0 l\u2019excellence. Inutiles si vous ignorez tout de l\u2019emprise de cette \u00e9chelle sur votre jugement. Sauf qu\u2019en peinture, lorsqu\u2019on d\u00e9bute, comment savoir o\u00f9 se situe vraiment le pire et le meilleur ? Pour un d\u00e9butant surtout, qu\u2019est-ce que le pire ? Qu\u2019est-ce que l\u2019excellence ? Nous l\u2019ignorons, car nous sommes aveugl\u00e9s, si l\u2019on veut, par ce qu\u2019on pourrait appeler des clich\u00e9s. Entre ma propre id\u00e9e du pire et de l\u2019excellence et une id\u00e9e collective, universelle du pire et de l\u2019excellence, se glissent ces clich\u00e9s, comme des r\u00e9flexes. On pourrait aussi s\u2019interroger sur la valeur intrins\u00e8que de cette id\u00e9e de beau collectif, de laideur collective, mais ce sera le sujet d\u2019un autre article. Nous nous r\u00e9f\u00e9rons au connu, \u00e0 ce que nous-m\u00eames pensons conna\u00eetre. Encore que ce mot soit ambigu. Disons plut\u00f4t \u00e0 ce que nous pensons savoir. Nous pensons savoir quelque chose sur la peinture tant que nous ne pratiquons pas la peinture. \u00c0 savoir le plus souvent que ce savoir provient du souvenir de toiles de ma\u00eetres aper\u00e7ues dans des livres, des magazines, des publications sur Internet, dans des articles, parfois aussi dans des mus\u00e9es. Nous acceptons de fa\u00e7on ob\u00e9issante, comme pense qu\u2019il doit ob\u00e9ir un \u00e9colier qui veut avoir de bonnes notes. Ainsi, sans r\u00e9fl\u00e9chir vraiment, nous relayons une id\u00e9e apprise du pire et de l\u2019excellence que la \u00ab sph\u00e8re de la Culture, de l\u2019Art, de la Peinture \u00bb, si l\u2019on veut, nous impose de fa\u00e7on totalement inconsciente. Exactement comme des religions auxquelles on adh\u00e8re pour loger une foi qui, sans celles-ci, tournerait \u00e0 vide. Tout cela parce que l\u2019ob\u00e9issance est li\u00e9e \u00e0 une certaine confiance, que cette confiance aveugle, cette foi, nous emp\u00eache de voir vraiment avec nos propres yeux. Comment alors pourrions-nous rivaliser avec un Michelangelo, un L\u00e9onardo, un Van Gogh, un Renoir ? Comment pourrions-nous nous hisser \u00e0 cette hauteur prodigieuse ? Et en m\u00eame temps, nous consid\u00e9rons souvent nos propres r\u00e9alisations comme celles des enfants, comme quelque chose sans importance, d\u00e9risoire, sans valeur. Qu\u2019est-ce qui fait vraiment la diff\u00e9rence entre un tableau de Van Gogh et un dessin d\u2019enfant ? Dans l\u2019absolu, d\u2019o\u00f9 vient cette diff\u00e9rence ? Est-ce que cela s\u2019explique par la ma\u00eetrise du dessin, de la couleur, de la composition ? Est-ce que cela provient de l\u2019\u00e9motion que nous \u00e9prouvons parce qu\u2019il s\u2019agit de Vincent Van Gogh, dont nous connaissons plus ou moins la notori\u00e9t\u00e9, l\u2019histoire tragique de sa vie ? Parce que nous entretenons ce clich\u00e9 d\u2019un homme malheureux qui se jette dans la peinture en \u00e9pousant la figure embl\u00e9matique d\u2019un Christ clou\u00e9 sur une croix ? Sommes-nous objectifs lorsque nous regardons un tableau de Van Gogh ? Bien s\u00fbr que non. La plupart d\u2019entre nous ne voient pas le tableau r\u00e9ellement. M\u00eame en posant presque le nez dessus, nous ne le voyons pas. Quelque chose ne cesse de s\u2019interposer entre l\u2019\u0153il et la toile. C\u2019est la l\u00e9gende du peintre. Comme ce qui s\u2019interpose entre nos \u0153uvres personnelles, anonymes cette fois aux yeux des autres. L\u2019anonymat proc\u00e8de de la m\u00eame fa\u00e7on que la notori\u00e9t\u00e9, dans une direction inverse. Quelle valeur attribuer \u00e0 une \u0153uvre r\u00e9alis\u00e9e par un peintre inconnu ? Quelle cr\u00e9dibilit\u00e9 accordons-nous imm\u00e9diatement \u00e0 quelqu\u2019un dont nous ne savons rien, ni de son parcours, ni de la valeur marchande de ses \u0153uvres ? Cette valeur, ce jugement que nous portons sur l\u2019inconnu, sur l\u2019\u00e9tranger, ne sont-ils pas du m\u00eame tonneau que ceux que nous fabriquons \u00e0 l\u2019emporte-pi\u00e8ce sur nous-m\u00eames ? Sur ces parties inconnues de qui nous sommes vraiment ? Sur nos faits et gestes r\u00e9alis\u00e9s en toute inconscience et qui remontent soudain \u00e0 la surface de la conscience ? Ne les r\u00e9pudions-nous pas de la m\u00eame fa\u00e7on, sans m\u00eame prendre le temps de nous arr\u00eater sur les v\u00e9ritables raisons qui nous font justement les r\u00e9pudier si rapidement ? Tout cela parce que nous avons une id\u00e9e de fronti\u00e8re, encore une fois, entre le bien et le mal, le beau et le laid, le connu et l\u2019inconnu. Une id\u00e9e qui ne nous appartient pas vraiment, de surcro\u00eet, mais qui n\u2019est fabriqu\u00e9e que par la rumeur, les on-dit\u2026 N\u2019est-ce pas \u00e0 partir d\u2019un certain malaise, avant-coureur, pourrait-on dire, du contact r\u00e9el avec une r\u00e9alit\u00e9 inconnue, que nous fabriquons les couleurs de nos palettes de d\u00e9butant ? Elles sont souvent boueuses, ternes, sombres, ces couleurs. Et nous ne nous en rendons pas compte tout de suite. Ce malaise que nous appelons confusion, il n\u2019y a pas de jugement de valeur \u00e0 lui attribuer. Il fait totalement partie du processus de la peinture. 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"title": "L'ennui mon ami",
"date_published": "2022-01-18T03:11:53Z",
"date_modified": "2025-10-22T09:46:24Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " <\/span>https:\/\/youtu.be\/vpW_eBJKw74<\/span><\/a><\/p>\n Je n’aimais pas l’ennui,<\/p>\n c’\u00e9tait un inconnu, un \u00e9tranger<\/p>\n Il \u00e9tait noir comme du charbon<\/p>\n et laid comme une fille sans maquillage.<\/p>\n Mais un jour,<\/p>\n un jour arrive toujours<\/p>\n o\u00f9 j’\u00e9tais tellement seul<\/p>\n qu’il n’y avait que lui.<\/p>\n L’ennui<\/p>\n \u00e0 qui parler.<\/p>\n On a appris \u00e0 se connaitre tout doucement<\/p>\n Il \u00e9tait plut\u00f4t rude, un sale type<\/p>\n toujours \u00e0 me contredire sans arret.<\/p>\n Un vrai salaud.<\/p>\n Et puis et puis vous savez comment c’est<\/p>\n les filles aussi disent quel sale type<\/p>\n et puis elles les \u00e9pousent.<\/p>\n ainsi va la vie.<\/p>\n Je ne peux pas dire qu’on soit vraiment amis<\/p>\n Mais on s’entraide \u00e7a c’est clair<\/p>\n Un voisinage intelligent<\/p>\n Une relation quasi conjugale,<\/p>\n tout compris et aussi le gnan gnan<\/p>\n sauf qu’on est ins\u00e9parables<\/p>\n Ah \u00e7a il m’a dans la peau le saligaud.<\/p>\n Alors que moi suis plus volage<\/p>\n je trompe l’ennui c’est y pas beau ?<\/p>",
"content_text": "https:\/\/youtu.be\/vpW_eBJKw74\n\nJe n'aimais pas l'ennui, \n\nc'\u00e9tait un inconnu, un \u00e9tranger \n\nIl \u00e9tait noir comme du charbon \n\net laid comme une fille sans maquillage.\n\nMais un jour, \n\nun jour arrive toujours \n\no\u00f9 j'\u00e9tais tellement seul \n\nqu'il n'y avait que lui.\n\nL'ennui \n\n\u00e0 qui parler.\n\nOn a appris \u00e0 se connaitre tout doucement\n\nIl \u00e9tait plut\u00f4t rude, un sale type \n\ntoujours \u00e0 me contredire sans arret.\n\nUn vrai salaud.\n\nEt puis et puis vous savez comment c'est \n\nles filles aussi disent quel sale type\n\net puis elles les \u00e9pousent.\n\nainsi va la vie.\n\nJe ne peux pas dire qu'on soit vraiment amis\n\nMais on s'entraide \u00e7a c'est clair\n\nUn voisinage intelligent \n\nUne relation quasi conjugale, \n\ntout compris et aussi le gnan gnan \n\nsauf qu'on est ins\u00e9parables \n\nAh \u00e7a il m'a dans la peau le saligaud.\n\nAlors que moi suis plus volage \n\nje trompe l'ennui c'est y pas beau ?",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/je-m-adore.html",
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"title": "Je m'adore",
"date_published": "2022-01-18T02:29:22Z",
"date_modified": "2025-10-22T14:41:09Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Un jour je tomberai tous les masques et je crierai<\/p>\n Je m’adore<\/p>\n Sans rire<\/p>\n un jour je prendrai cette chose<\/p>\n tr\u00e8s au s\u00e9rieux.<\/p>\n Mais l\u00e0<\/p>\n je regarde un oiseau ivre<\/p>\n dans le ciel bleu.<\/p>\n Ivre de vol.<\/p>\n Je m’adore c’est sur<\/p>\n Je ne l’ai pas lu dans les livres<\/p>\n Pas de bol.<\/p>\n La graine est l\u00e0 en terre<\/p>\n c’est l’hiver encore heureux<\/p>\n c’est pas mur.<\/p>\n Pour le moment j’erre, j’explore<\/p>\n Toutes les versions de l’\u00e9chec<\/p>\n Pour \u00eatre sur<\/p>",
"content_text": "Un jour je tomberai tous les masques et je crierai\n\nJe m'adore \n\nSans rire \n\nun jour je prendrai cette chose \n\ntr\u00e8s au s\u00e9rieux. \n\nMais l\u00e0 \n\nje regarde un oiseau ivre \n\ndans le ciel bleu.\n\nIvre de vol.\n\nJe m'adore c'est sur \n\nJe ne l'ai pas lu dans les livres\n\nPas de bol.\n\nLa graine est l\u00e0 en terre \n\nc'est l'hiver encore heureux \n\nc'est pas mur.\n\nPour le moment j'erre, j'explore \n\nToutes les versions de l'\u00e9chec \n\nPour \u00eatre sur ",
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"title": "Com\u00e9die",
"date_published": "2022-01-18T02:00:13Z",
"date_modified": "2025-10-22T14:38:55Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " \u00c0 partir d’un certain \u00e2ge nous devenons les spectateurs de la com\u00e9die humaine. Nous descendons de l’estrade et allons nous installer sur un strapontin.<\/p>\n Et l\u00e0, c’est avec un sentiment mitig\u00e9, constitu\u00e9 d’un peu d’effroi agr\u00e9ment\u00e9 de nombreux fous rires, que nous observons les com\u00e9diens s’agiter l\u00e0 haut alors que nous sommes en bas, proche du trou du souffleur.<\/p>\n Il nous vient alors une intuition... Et si c’\u00e9tait enfin la derni\u00e8re ? La finale du spectacle ? Et si c’\u00e9tait la fin tout simplement ?<\/p>\n Il s’agirait alors d’un enterrement, le notre en l’occurrence.<\/p>\n Ce serait th\u00e9\u00e2tral encore, imaginez la mort de l’ acteur, peu importe lequel, star ou simple histrion.<\/p>\n Car l’intuition dit aussi que dans ce th\u00e9\u00e2tre tous sont importants, le plus petit comme le plus grand , chacun sa n\u00e9cessit\u00e9, chacun vecteur d’une action, d’un rebondissement qui fera \u00e0 la fois rire et pleurer comme dans tout bon spectacle digne de ce nom.<\/p>\n Une com\u00e9die.<\/p>\n Cette prise de conscience de l’importance de chacun au sein de la bouffonnade du tout... peut-\u00eatre est-ce ce m\u00e9lange d\u00e9tonant , un peu comme alcool et ecstasy, qui rend l’id\u00e9e autrefois hideuse de la mort d\u00e9sormais douce, magnifique.<\/p>\n J’aimerais partir ainsi en bon perdant sans le moindre ressentiment.<\/p>\n Je m’aper\u00e7ois aussi qu’on ne peut pas arriver dans cet \u00e9tat magique d’un claquement de doigt, bille en t\u00eate, la lubie pansant l’angoisse, vieille histoire de jambe de bois.<\/p>\n Non c’est le travail de toute une vie. Sans doute le seul vrai<\/em> travail d’une vie.<\/p>\n Et le plus beau c’est qu’il se fait sans que nous produisions le moindre effort, tant nous sommes distraits, tout entiers occup\u00e9s \u00e0 jouer la com\u00e9die.<\/p>",
"content_text": "\u00c0 partir d'un certain \u00e2ge nous devenons les spectateurs de la com\u00e9die humaine. Nous descendons de l'estrade et allons nous installer sur un strapontin.\n\nEt l\u00e0, c'est avec un sentiment mitig\u00e9, constitu\u00e9 d'un peu d'effroi agr\u00e9ment\u00e9 de nombreux fous rires, que nous observons les com\u00e9diens s'agiter l\u00e0 haut alors que nous sommes en bas, proche du trou du souffleur.\n\nIl nous vient alors une intuition... Et si c'\u00e9tait enfin la derni\u00e8re ? La finale du spectacle ? Et si c'\u00e9tait la fin tout simplement ?\n\nIl s'agirait alors d'un enterrement, le notre en l'occurrence. \n\nCe serait th\u00e9\u00e2tral encore, imaginez la mort de l' acteur, peu importe lequel, star ou simple histrion.\n\nCar l'intuition dit aussi que dans ce th\u00e9\u00e2tre tous sont importants, le plus petit comme le plus grand , chacun sa n\u00e9cessit\u00e9, chacun vecteur d'une action, d'un rebondissement qui fera \u00e0 la fois rire et pleurer comme dans tout bon spectacle digne de ce nom.\n\nUne com\u00e9die.\n\nCette prise de conscience de l'importance de chacun au sein de la bouffonnade du tout... peut-\u00eatre est-ce ce m\u00e9lange d\u00e9tonant , un peu comme alcool et ecstasy, qui rend l'id\u00e9e autrefois hideuse de la mort d\u00e9sormais douce, magnifique.\n\nJ'aimerais partir ainsi en bon perdant sans le moindre ressentiment.\n\nJe m'aper\u00e7ois aussi qu'on ne peut pas arriver dans cet \u00e9tat magique d'un claquement de doigt, bille en t\u00eate, la lubie pansant l'angoisse, vieille histoire de jambe de bois.\n\nNon c'est le travail de toute une vie. Sans doute le seul vrai travail d'une vie.\n\nEt le plus beau c'est qu'il se fait sans que nous produisions le moindre effort, tant nous sommes distraits, tout entiers occup\u00e9s \u00e0 jouer la com\u00e9die.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/17-janvier-2022.html",
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"title": "17 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-17T06:52:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:53:08Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Une fois, un artiste a chi\u00e9 dans des bo\u00eetes de conserve, et \u00e7a s\u2019est bien vendu. Preuve que tout se vend, ou que les gens sont cons comme des balais ? Je ne sais pas. Plut\u00f4t la seconde, quand on en a marre de rouler en premi\u00e8re. Tout ne se vend pas, enfin pas encore, il faut se d\u00e9p\u00eacher. Dire ce qu\u2019il me passe par la t\u00eate. Dire merde \u00e0 la bo\u00eete, aux bo\u00eetes, ces petites bo\u00eetes. Pas de po\u00e9sie en bo\u00eete ! Et chevaucher les mots comme des chevaux mongols. Cavaler sur la steppe comme un Hun. Tout nu et sans selle. Sans selle, car le vent se fiche bien de la merde en bo\u00eete.<\/p>",
"content_text": "Une fois, un artiste a chi\u00e9 dans des bo\u00eetes de conserve, et \u00e7a s\u2019est bien vendu. Preuve que tout se vend, ou que les gens sont cons comme des balais ? Je ne sais pas. Plut\u00f4t la seconde, quand on en a marre de rouler en premi\u00e8re. Tout ne se vend pas, enfin pas encore, il faut se d\u00e9p\u00eacher. Dire ce qu\u2019il me passe par la t\u00eate. Dire merde \u00e0 la bo\u00eete, aux bo\u00eetes, ces petites bo\u00eetes. Pas de po\u00e9sie en bo\u00eete ! Et chevaucher les mots comme des chevaux mongols. Cavaler sur la steppe comme un Hun. Tout nu et sans selle. Sans selle, car le vent se fiche bien de la merde en bo\u00eete. ",
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"title": "La po\u00e9sie en bo\u00eete",
"date_published": "2022-01-16T08:59:57Z",
"date_modified": "2025-10-22T14:28:58Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " <\/span>https:\/\/youtu.be\/pN7zwDKvNHE<\/span><\/a><\/p>\n Une fois un artiste a chi\u00e9 dans des boites de conserve<\/p>\n et \u00e7a s\u2019est bien vendu.<\/p>\n Preuve que tout se vend<\/p>\n ou que les gens sont cons comme des balais ?<\/p>\n Je ne sais pas.<\/p>\n Plut\u00f4t la seconde quand on en a marre de rouler en premi\u00e8re.<\/p>\n Tout ne se vend pas, enfin pas encore, il faut se d\u00e9p\u00eacher.<\/p>\n Dire ce qu\u2019il me passe par la t\u00eate.<\/p>\n Dire merde \u00e0 la bo\u00eete, aux boites ,ces petites boites<\/p>\n Pas de po\u00e9sie en boite !<\/p>\n Et chevaucher les mots comme des chevaux mongols.<\/p>\n Cavaler sur la steppe comme un Hun.<\/p>\n Tout nu et sans selle.<\/p>\n Sans selle car le vent se fiche bien de la merde en boite.<\/p>",
"content_text": "https:\/\/youtu.be\/pN7zwDKvNHE\n\nUne fois un artiste a chi\u00e9 dans des boites de conserve \n\net \u00e7a s\u2019est bien vendu. \n\nPreuve que tout se vend \n\nou que les gens sont cons comme des balais ? \n\nJe ne sais pas.\n\nPlut\u00f4t la seconde quand on en a marre de rouler en premi\u00e8re.\n\nTout ne se vend pas, enfin pas encore, il faut se d\u00e9p\u00eacher.\n\nDire ce qu\u2019il me passe par la t\u00eate.\n\nDire merde \u00e0 la bo\u00eete, aux boites ,ces petites boites \n\nPas de po\u00e9sie en boite !\n\nEt chevaucher les mots comme des chevaux mongols.\n\nCavaler sur la steppe comme un Hun.\n\nTout nu et sans selle.\n\nSans selle car le vent se fiche bien de la merde en boite.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-mine-d-or.html",
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"title": "La mine d\u2019or",
"date_published": "2022-01-16T07:55:45Z",
"date_modified": "2025-10-22T09:38:36Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " En russe rien se dit Nietshevo<\/p>\n Je ne comprends rien<\/p>\n Ia Nietzsche et veau ni panne ni maille you<\/p>\n Mais justement c\u2019est l\u00e0 que je comprends le mieux<\/p>\n Et si c\u2019\u00e9tait lui qui \u00e9crivait des articles chaque jour \u2026 Le solitaire. « Dans les \u00e9crits d\u2019un solitaire, on per\u00e7oit toujours comme l\u2019\u00e9cho du d\u00e9sert,\u2026<\/p>\n La mine d\u2019or<\/a><\/cite><\/p>\n<\/blockquote>",
"content_text": "En russe rien se dit Nietshevo\n\nJe ne comprends rien \n\nIa Nietzsche et veau ni panne ni maille you \n\nMais justement c\u2019est l\u00e0 que je comprends le mieux \n\nEt si c\u2019\u00e9tait lui qui \u00e9crivait des articles chaque jour \u2026 Le solitaire. \u00ab Dans les \u00e9crits d\u2019un solitaire, on per\u00e7oit toujours comme l\u2019\u00e9cho du d\u00e9sert,\u2026La mine d\u2019or",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/16-janvier-2022.html",
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"title": "16 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-16T06:36:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:36:37Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Les blagues, les signes de connivence, la po\u00e9sie solaire, aujourd\u2019hui tout sonne creux . Je n\u2019y arrive pas. C\u2019est qu\u2019une chose manque. Je ne sais quoi. Je m\u2019enfonce \u00e9go\u00efstement dans le silence. Il y a des jours comme \u00e7a.<\/p>",
"content_text": "Les blagues, les signes de connivence, la po\u00e9sie solaire, aujourd\u2019hui tout sonne creux . Je n\u2019y arrive pas. C\u2019est qu\u2019une chose manque. Je ne sais quoi. Je m\u2019enfonce \u00e9go\u00efstement dans le silence. Il y a des jours comme \u00e7a.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-janvier-2022.html",
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"title": "15 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-15T06:33:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:33:38Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> J\u2019ai eu beau mettre tous les radiateurs \u00e0 fond, il fait froid dans l\u2019atelier, un froid intense. C\u2019est \u00e0 un point qu\u2019il n\u2019y a plus que cela, que cette id\u00e9e d\u2019intensit\u00e9 qui m\u2019occupe l\u2019esprit. Dehors, le vent a chass\u00e9 tous les nuages et il n\u2019y a plus que du ciel bleu. Et je ne vois qu\u2019un froid bleu. N\u2019ai-je rien d\u2019autre \u00e0 penser, \u00e0 faire ? Visiblement non. En ce moment, il n\u2019y a que cette question, l\u2019intensit\u00e9 que j\u2019attribue au froid et au ciel bleu. Tout \u00e0 l\u2019heure, mon \u00e9pouse me demandera : « Alors ? Tu as fait quelque chose ? » Je ne dirai rien, je secouerai la t\u00eate. Impossible d\u2019expliquer cette sensation de froid, son intensit\u00e9, ni l\u2019\u00e9trange effet que me procure aujourd\u2019hui le ciel bleu.<\/p>",
"content_text": "J\u2019ai eu beau mettre tous les radiateurs \u00e0 fond, il fait froid dans l\u2019atelier, un froid intense. C\u2019est \u00e0 un point qu\u2019il n\u2019y a plus que cela, que cette id\u00e9e d\u2019intensit\u00e9 qui m\u2019occupe l\u2019esprit. Dehors, le vent a chass\u00e9 tous les nuages et il n\u2019y a plus que du ciel bleu. Et je ne vois qu\u2019un froid bleu. N\u2019ai-je rien d\u2019autre \u00e0 penser, \u00e0 faire ? Visiblement non. En ce moment, il n\u2019y a que cette question, l\u2019intensit\u00e9 que j\u2019attribue au froid et au ciel bleu. Tout \u00e0 l\u2019heure, mon \u00e9pouse me demandera : \u00ab Alors ? Tu as fait quelque chose ? \u00bb Je ne dirai rien, je secouerai la t\u00eate. Impossible d\u2019expliquer cette sensation de froid, son intensit\u00e9, ni l\u2019\u00e9trange effet que me procure aujourd\u2019hui le ciel bleu.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/le-singe.html",
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"title": "Le singe",
"date_published": "2022-01-14T11:20:35Z",
"date_modified": "2025-10-22T09:36:52Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il y a un singe dans une cage que quelqu\u2019un a jug\u00e9 dr\u00f4le d\u2019affubler d\u2019un costume. Un grand costume dans lequel le singe flotte et qui le rend ridicule. Mais le singe ne sait pas ce qu\u2019est le ridicule.<\/p>\n Derri\u00e8re les barreaux de sa cage il aper\u00e7oit les visiteurs qui le montrent du doigt parfois en le prenant en piti\u00e9, parfois d\u2019un air condescendant, d\u2019autres fois encore en s\u2019esclaffant<\/p>\n — quel animal ridicule\u2026<\/p>\n Cependant le singe n\u2019est qu\u2019un singe et il ne comprend rien. Il tourne en rond dans sa cage et une id\u00e9e lui vient. Imiter chaque visiteur.<\/p>\n Aussi prend il un air de piti\u00e9 face \u00e0 tous ceux qui le regardent avec compassion, ou bien il d\u00e9couvre toutes ces dents face \u00e0 ceux qui rient, et parfois aussi il mime l\u2019indiff\u00e9rence face aux indiff\u00e9rents.<\/p>\n Mais dans le fond de sa t\u00eate de singe il ne sait rien de tous ces mots, m\u00eame en costume et si bon imitateur qu\u2019il soit, un singe reste un singe.<\/p>",
"content_text": "Il y a un singe dans une cage que quelqu\u2019un a jug\u00e9 dr\u00f4le d\u2019affubler d\u2019un costume. Un grand costume dans lequel le singe flotte et qui le rend ridicule. Mais le singe ne sait pas ce qu\u2019est le ridicule. \n\nDerri\u00e8re les barreaux de sa cage il aper\u00e7oit les visiteurs qui le montrent du doigt parfois en le prenant en piti\u00e9, parfois d\u2019un air condescendant, d\u2019autres fois encore en s\u2019esclaffant \n\n\u2014 quel animal ridicule\u2026\n\nCependant le singe n\u2019est qu\u2019un singe et il ne comprend rien. Il tourne en rond dans sa cage et une id\u00e9e lui vient. Imiter chaque visiteur.\n\nAussi prend il un air de piti\u00e9 face \u00e0 tous ceux qui le regardent avec compassion, ou bien il d\u00e9couvre toutes ces dents face \u00e0 ceux qui rient, et parfois aussi il mime l\u2019indiff\u00e9rence face aux indiff\u00e9rents.\n\nMais dans le fond de sa t\u00eate de singe il ne sait rien de tous ces mots, m\u00eame en costume et si bon imitateur qu\u2019il soit, un singe reste un singe.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/14-janvier-2022.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/14-janvier-2022.html",
"title": "14 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-14T06:29:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:29:41Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> Il y a un singe dans une cage que quelqu\u2019un a jug\u00e9 dr\u00f4le d\u2019affubler d\u2019un costume. Un grand costume dans lequel le singe flotte et qui le rend ridicule. Mais le singe ne sait pas ce qu\u2019est le ridicule. Derri\u00e8re les barreaux de sa cage, il aper\u00e7oit les visiteurs qui le montrent du doigt, parfois en le prenant en piti\u00e9, parfois d\u2019un air condescendant, et d\u2019autres fois encore en s\u2019esclaffant : « Quel animal ridicule\u2026 » Cependant, le singe n\u2019est qu\u2019un singe et il ne comprend rien. Il tourne en rond dans sa cage et une id\u00e9e lui vient : imiter chaque visiteur. Aussi prend-il un air de piti\u00e9 face \u00e0 tous ceux qui le regardent avec compassion, ou bien il d\u00e9couvre toutes ses dents face \u00e0 ceux qui rient, et parfois aussi il mime l\u2019indiff\u00e9rence face aux indiff\u00e9rents. Mais dans le fond de sa t\u00eate de singe, il ne sait rien de tous ces mots. M\u00eame en costume et si bon imitateur qu\u2019il soit, un singe reste un singe.<\/p>",
"content_text": "Il y a un singe dans une cage que quelqu\u2019un a jug\u00e9 dr\u00f4le d\u2019affubler d\u2019un costume. Un grand costume dans lequel le singe flotte et qui le rend ridicule. Mais le singe ne sait pas ce qu\u2019est le ridicule. Derri\u00e8re les barreaux de sa cage, il aper\u00e7oit les visiteurs qui le montrent du doigt, parfois en le prenant en piti\u00e9, parfois d\u2019un air condescendant, et d\u2019autres fois encore en s\u2019esclaffant : \u00ab Quel animal ridicule\u2026 \u00bb Cependant, le singe n\u2019est qu\u2019un singe et il ne comprend rien. Il tourne en rond dans sa cage et une id\u00e9e lui vient : imiter chaque visiteur. Aussi prend-il un air de piti\u00e9 face \u00e0 tous ceux qui le regardent avec compassion, ou bien il d\u00e9couvre toutes ses dents face \u00e0 ceux qui rient, et parfois aussi il mime l\u2019indiff\u00e9rence face aux indiff\u00e9rents. Mais dans le fond de sa t\u00eate de singe, il ne sait rien de tous ces mots. M\u00eame en costume et si bon imitateur qu\u2019il soit, un singe reste un singe. ",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/13-janvier-2022.html",
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"title": "13 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-13T06:22:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:22:55Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> Il fait beau. Il fait froid, mais beau. C\u2019est con comme phrase. Tellement con que soudain j\u2019ai eu une illumination. Eur\u00eaka ! Je suis d\u00e9sormais un g\u00e9nie ! Je fais mouche \u00e0 tous mes coups d\u00e9sormais, et je peux r\u00e9p\u00e9ter l\u2019op\u00e9ration sans les mains, sans les pieds. Badaboum ! M\u00eame la chute, tout \u00e0 fait bien ! Merci, mais \u00e0 qui ? Au Mignon, sors de ce corps, nom de Dieu !<\/p>",
"content_text": "Il fait beau. Il fait froid, mais beau. C\u2019est con comme phrase. Tellement con que soudain j\u2019ai eu une illumination. Eur\u00eaka ! Je suis d\u00e9sormais un g\u00e9nie ! Je fais mouche \u00e0 tous mes coups d\u00e9sormais, et je peux r\u00e9p\u00e9ter l\u2019op\u00e9ration sans les mains, sans les pieds. Badaboum ! M\u00eame la chute, tout \u00e0 fait bien ! Merci, mais \u00e0 qui ? Au Mignon, sors de ce corps, nom de Dieu !",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/12-janvier-2022.html",
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"title": "12 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-12T06:17:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:17:58Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> J\u2019aurais aim\u00e9 \u00e9crire des faits divers. Cela manque \u00e0 ma formation d\u2019\u00e9crivain. C\u2019est peut-\u00eatre en raison de cette lacune que je divague tellement en me servant d\u2019images, de m\u00e9taphores, de tout ce que j\u2019ai \u00e0 ma disposition finalement. Ce tr\u00e8s peu acquis sur les bancs d\u2019une scolarit\u00e9 tout \u00e0 fait approximative. Dans un canard local. Pas dans un grand journal, non, je n\u2019ai pas envie de faire des bornes. Disons une p\u00e9riph\u00e9rie d\u2019une cinquantaine de kilom\u00e8tres au max. Mettons jusqu\u2019\u00e0 Lyon ou Valence, puisque je suis exactement entre les deux. Encore qu\u2019en ville, pour trouver une place de stationnement, ce soit une gal\u00e8re. D\u2019ailleurs, j\u2019y vais le plus rarement possible, et de pr\u00e9f\u00e9rence en train. Enfin bref. Adult\u00e8res qui se terminent mal, meurtres en tous genres, vols de sac \u00e0 main, braquages d\u2019\u00e9piceries ou d\u2019\u00e9glises, vol \u00e0 l\u2019\u00e9talage, escroqueries de retrait\u00e9s, abus en tous genres, bref tout ce que peut contenir la cat\u00e9gorie merveilleuse des faits divers autant que vari\u00e9s. Bien s\u00fbr, je ne serais pas le premier. D\u2019autres y ont d\u00e9j\u00e0 pens\u00e9, notamment Truman Capote et Calaferte. D\u2019ailleurs, cette id\u00e9e, je la dois plus \u00e0 Calaferte qu\u2019\u00e0 Capote. C\u2019est dans une aridit\u00e9 de mots que le journaliste tente d\u2019\u00e9noncer par les faits la v\u00e9rit\u00e9 des faits et rien d\u2019autre. La v\u00e9rit\u00e9 des faits, c\u2019est seulement ce qui m\u2019int\u00e9resse certains jours. Et encore, retirons le mot « v\u00e9rit\u00e9 ». Les faits, juste les faits, pour les divers tissements, on verra \u00e7a plus tard.<\/p>",
"content_text": "J\u2019aurais aim\u00e9 \u00e9crire des faits divers. Cela manque \u00e0 ma formation d\u2019\u00e9crivain. C\u2019est peut-\u00eatre en raison de cette lacune que je divague tellement en me servant d\u2019images, de m\u00e9taphores, de tout ce que j\u2019ai \u00e0 ma disposition finalement. Ce tr\u00e8s peu acquis sur les bancs d\u2019une scolarit\u00e9 tout \u00e0 fait approximative. Dans un canard local. Pas dans un grand journal, non, je n\u2019ai pas envie de faire des bornes. Disons une p\u00e9riph\u00e9rie d\u2019une cinquantaine de kilom\u00e8tres au max. Mettons jusqu\u2019\u00e0 Lyon ou Valence, puisque je suis exactement entre les deux. Encore qu\u2019en ville, pour trouver une place de stationnement, ce soit une gal\u00e8re. D\u2019ailleurs, j\u2019y vais le plus rarement possible, et de pr\u00e9f\u00e9rence en train. Enfin bref. Adult\u00e8res qui se terminent mal, meurtres en tous genres, vols de sac \u00e0 main, braquages d\u2019\u00e9piceries ou d\u2019\u00e9glises, vol \u00e0 l\u2019\u00e9talage, escroqueries de retrait\u00e9s, abus en tous genres, bref tout ce que peut contenir la cat\u00e9gorie merveilleuse des faits divers autant que vari\u00e9s. Bien s\u00fbr, je ne serais pas le premier. D\u2019autres y ont d\u00e9j\u00e0 pens\u00e9, notamment Truman Capote et Calaferte. D\u2019ailleurs, cette id\u00e9e, je la dois plus \u00e0 Calaferte qu\u2019\u00e0 Capote. C\u2019est dans une aridit\u00e9 de mots que le journaliste tente d\u2019\u00e9noncer par les faits la v\u00e9rit\u00e9 des faits et rien d\u2019autre. La v\u00e9rit\u00e9 des faits, c\u2019est seulement ce qui m\u2019int\u00e9resse certains jours. Et encore, retirons le mot \u00ab v\u00e9rit\u00e9 \u00bb. Les faits, juste les faits, pour les divers tissements, on verra \u00e7a plus tard.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/11-janvier-2022.html",
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"title": "11 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-11T06:11:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:11:42Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> L\u2019obligation se heurte presque toujours au d\u00e9go\u00fbt lorsque je p\u00e9n\u00e8tre dans un supermarch\u00e9. Cet empressement \u00e0 s\u2019emparer de toutes ces denr\u00e9es accessibles dans les rayons me navre et m\u2019enivre. Parfois, je peux remplir tout un caddie de produits qui, si je me mettais \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir vraiment, remettraient totalement en question mes illusions, mes croyances en mati\u00e8re de peur et de besoin. Il y a quelque chose de profond\u00e9ment d\u00e9sesp\u00e9rant dans la sensation d\u2019avoir toutes ces choses que l\u2019on pousse devant soi, dans ce chariot, jusqu\u2019\u00e0 la caisse. \u00c0 ce moment-l\u00e0, je me sens comme un animal. Un \u00e9cureuil apeur\u00e9 dont les petits yeux noirs examinent le paysage. oscillations saccad\u00e9es, convulsions, petits sautillements avant-coureurs d’une panique. Le danger peut jaillir de partout. Notamment au moment de placer la carte bancaire sur la borne sans-fil ou dans la fente obscure. Toujours la trouille que le paiement soit refus\u00e9. Mais, si \u00e7a fonctionne, pas d’\u2019all\u00e9luia,, pas d’hourra, il n\u2019y a m\u00eame plus d\u2019explosion de joie. Je pousse le caddie plein jusqu\u2019\u00e0 mon v\u00e9hicule et remplis le coffre machinalement en songeant d\u00e9j\u00e0 \u00e0 autre chose, principalement \u00e0 tout ce que je ne poss\u00e8de pas, \u00e0 tout ce manque encore qu\u2019aucun supermarch\u00e9 ne pourra jamais combler aussi ais\u00e9ment que celui dont je m\u2019enfuis, la queue entre les jambes. Je ne me rassasie jamais de cet ersatz d\u2019opulence. Ce qui me rend louche toute id\u00e9e d\u2019opulence. Le poison est dans mes veines, voil\u00e0.<\/p>",
"content_text": "L\u2019obligation se heurte presque toujours au d\u00e9go\u00fbt lorsque je p\u00e9n\u00e8tre dans un supermarch\u00e9. Cet empressement \u00e0 s\u2019emparer de toutes ces denr\u00e9es accessibles dans les rayons me navre et m\u2019enivre. Parfois, je peux remplir tout un caddie de produits qui, si je me mettais \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir vraiment, remettraient totalement en question mes illusions, mes croyances en mati\u00e8re de peur et de besoin. Il y a quelque chose de profond\u00e9ment d\u00e9sesp\u00e9rant dans la sensation d\u2019avoir toutes ces choses que l\u2019on pousse devant soi, dans ce chariot, jusqu\u2019\u00e0 la caisse. \u00c0 ce moment-l\u00e0, je me sens comme un animal. Un \u00e9cureuil apeur\u00e9 dont les petits yeux noirs examinent le paysage. oscillations saccad\u00e9es, convulsions, petits sautillements avant-coureurs d'une panique. Le danger peut jaillir de partout. Notamment au moment de placer la carte bancaire sur la borne sans-fil ou dans la fente obscure. Toujours la trouille que le paiement soit refus\u00e9. Mais, si \u00e7a fonctionne, pas d'\u2019all\u00e9luia,, pas d'hourra, il n\u2019y a m\u00eame plus d\u2019explosion de joie. Je pousse le caddie plein jusqu\u2019\u00e0 mon v\u00e9hicule et remplis le coffre machinalement en songeant d\u00e9j\u00e0 \u00e0 autre chose, principalement \u00e0 tout ce que je ne poss\u00e8de pas, \u00e0 tout ce manque encore qu\u2019aucun supermarch\u00e9 ne pourra jamais combler aussi ais\u00e9ment que celui dont je m\u2019enfuis, la queue entre les jambes. Je ne me rassasie jamais de cet ersatz d\u2019opulence. Ce qui me rend louche toute id\u00e9e d\u2019opulence. Le poison est dans mes veines, voil\u00e0.",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/10-janvier-2022.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/10-janvier-2022.html",
"title": "10 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-10T06:00:00Z",
"date_modified": "2024-11-20T06:00:55Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": " Une nuit de sommeil enfin. Le genre de nuit capable de produire ces r\u00eaves du matin o\u00f9 l\u2019on sent que l\u2019on met le doigt, enfin, sur quelque chose d\u2019important, sur quelque chose qui nous \u00e9chappait. On se r\u00e9veille avec cette satisfaction \u00e9trange car, m\u00eame si on a pu entrevoir cette chose qui nous \u00e9chappe, si on a l\u2019impression bizarre de l\u2019avoir identifi\u00e9e, et ce d\u2019une mani\u00e8re extr\u00eamement pr\u00e9cise au moment m\u00eame du r\u00eave, aussit\u00f4t que nous nous \u00e9veillons, elle s\u2019enfuit. Ce qui, au bout du compte, laisse une impression mi-figue mi-raisin. Ce qui, au bout du compte, laisse penser, oblige \u00e0 penser, que la seule chose dont on peut \u00eatre \u00e0 peu pr\u00e8s s\u00fbr, au bout du compte, c\u2019est que nous courons encore et toujours apr\u00e8s cette chose jusqu\u2019au plus profond du r\u00eave avec l\u2019espoir de savoir ce que c\u2019est. La seule chose qui mobilise notre attention, c\u2019est cette compr\u00e9hension soudaine que l\u2019on entretient encore cet espoir, et ce quoiqu\u2019on dise durant la journ\u00e9e, quoiqu\u2019on pense durant celle-ci. L\u2019id\u00e9e claire que l\u2019on conserve de tout cela, c\u2019est qu\u2019on n\u2019est pas aussi d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9 qu\u2019on l\u2019imagine. Que cet espoir fait partie des besoins « physiologiques » de base, comme manger, dormir, boire et r\u00eaver.<\/p>\n<\/span> Hier, j\u2019avais dentiste. Je d\u00e9teste aller chez le dentiste. Se retrouver \u00e0 la merci, la gueule ouverte, de ces deux femmes bard\u00e9es d\u2019instruments de torture, rien qu\u2019\u00e0 y repenser me soul\u00e8ve le c\u0153ur. Une qui gratte, fouille, r\u00e2pe, lime et perce, tandis que l\u2019autre dirige le petit tuyau d\u2019aspiration de la bave.<\/p>\n — Tournez-vous plus vers moi, ouvrez grand la bouche, voil\u00e0, c\u2019est bien.<\/p>\n Pas d\u2019anesth\u00e9sie. Le souffle du froid qui cherche la douleur en d\u00e9tartrant l\u2019\u00e9mail. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019on ne peut plus trop se mentir. Lorsque les jointures des doigts deviennent blanches \u00e0 force de placer toute sa concentration sur le serrage des pognes pour pallier la peur, pour ne pas montrer \u00e0 quel point, putain, on est douillet. Et cette sensation de ridicule lorsqu\u2019on d\u00e9couvre que tout \u00e7a n\u2019est encore d\u00fb qu\u2019\u00e0 l\u2019imagination, \u00e0 la peur d\u2019avoir peur, \u00e0 la peur d\u2019avoir mal, essentiellement, cette peur capable de cr\u00e9er une estafette de la vraie douleur. \u00c0 classer dans la petite anthologie des \u00e9checs cuisants que rencontre le h\u00e9ros.<\/p>\n Pour essayer de prendre du recul, je pense \u00e0 ces p\u00e9riodes de guerre o\u00f9 l\u2019on torture les gens en leur arrachant les dents pour qu\u2019ils balancent des noms. La vache, je n\u2019ai pas grand-chose \u00e0 voir avec ces r\u00e9sistants. Possible que je livrerais p\u00e8re et m\u00e8re pour que \u00e7a s\u2019arr\u00eate. Mais je vis dans une \u00e9poque de merde, je vis la fin du monde, je vis dans un monde o\u00f9 l\u2019espoir s\u2019amenuise de jour en jour, d\u2019heure en heure. Je vis dans un monde o\u00f9 le seul h\u00e9ro\u00efsme qui nous est autoris\u00e9 est cet espoir de conserver un peu d\u2019espoir.<\/p>\n Et l\u00e0 je vois ce que j\u2019\u00e9cris. « Nous est autoris\u00e9. » Et toute l\u2019\u00e9tendue de ma parano\u00efa est s\u00fbrement contenue dans ces quelques mots. Ce qui en flanque encore un bon coup sur la nuque du pr\u00e9tendu r\u00e9volt\u00e9, de l\u2019artiste, de l\u2019\u00e9crivain, de cet orgueilleux, probablement plus trouille-cul que n\u2019importe quoi d\u2019autre. Ce pauvre type que je ne peux plus me cacher d\u00e9sormais d\u2019\u00eatre.<\/p>\n Il faut que ce soit autoris\u00e9, comprenez. Parce que si cet espoir justement ne nous \u00e9tait pas laiss\u00e9 comme on laisse du mou \u00e0 la cha\u00eene d\u2019un chien, sans doute ce chien cr\u00e8verait-il, et surtout serait parfaitement inutile \u00e0 son ma\u00eetre. Un chien en laisse sert \u00e0 quelque chose forc\u00e9ment. Et peut-\u00eatre que cette id\u00e9e claire, lumineuse, que je traquais au fil des r\u00eaves, n\u2019\u00e9tait rien d\u2019autre qu\u2019une sorte d\u2019\u00e9blouissement, d\u2019aveuglement pour ne pas voir ce chien, ces chiens en laisse et dont je fais partie int\u00e9grante.<\/p>\n Je veux dire que m\u00eame la contestation, la protestation, tout cela fait partie int\u00e9grante du processus soci\u00e9tal. On ne peut jamais \u00eatre totalement \u00e0 la marge quoiqu\u2019on pense ou dise. M\u00eame cingl\u00e9, enferm\u00e9 au fond d\u2019une cellule et ceint d\u2019une camisole de force, on sert encore \u00e0 quelque chose.<\/p>",
"content_text": "Une nuit de sommeil enfin. Le genre de nuit capable de produire ces r\u00eaves du matin o\u00f9 l\u2019on sent que l\u2019on met le doigt, enfin, sur quelque chose d\u2019important, sur quelque chose qui nous \u00e9chappait. On se r\u00e9veille avec cette satisfaction \u00e9trange car, m\u00eame si on a pu entrevoir cette chose qui nous \u00e9chappe, si on a l\u2019impression bizarre de l\u2019avoir identifi\u00e9e, et ce d\u2019une mani\u00e8re extr\u00eamement pr\u00e9cise au moment m\u00eame du r\u00eave, aussit\u00f4t que nous nous \u00e9veillons, elle s\u2019enfuit. Ce qui, au bout du compte, laisse une impression mi-figue mi-raisin. Ce qui, au bout du compte, laisse penser, oblige \u00e0 penser, que la seule chose dont on peut \u00eatre \u00e0 peu pr\u00e8s s\u00fbr, au bout du compte, c\u2019est que nous courons encore et toujours apr\u00e8s cette chose jusqu\u2019au plus profond du r\u00eave avec l\u2019espoir de savoir ce que c\u2019est. La seule chose qui mobilise notre attention, c\u2019est cette compr\u00e9hension soudaine que l\u2019on entretient encore cet espoir, et ce quoiqu\u2019on dise durant la journ\u00e9e, quoiqu\u2019on pense durant celle-ci. L\u2019id\u00e9e claire que l\u2019on conserve de tout cela, c\u2019est qu\u2019on n\u2019est pas aussi d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9 qu\u2019on l\u2019imagine. Que cet espoir fait partie des besoins \u00ab physiologiques \u00bb de base, comme manger, dormir, boire et r\u00eaver. Hier, j\u2019avais dentiste. Je d\u00e9teste aller chez le dentiste. Se retrouver \u00e0 la merci, la gueule ouverte, de ces deux femmes bard\u00e9es d\u2019instruments de torture, rien qu\u2019\u00e0 y repenser me soul\u00e8ve le c\u0153ur. Une qui gratte, fouille, r\u00e2pe, lime et perce, tandis que l\u2019autre dirige le petit tuyau d\u2019aspiration de la bave. \u2014 Tournez-vous plus vers moi, ouvrez grand la bouche, voil\u00e0, c\u2019est bien. Pas d\u2019anesth\u00e9sie. Le souffle du froid qui cherche la douleur en d\u00e9tartrant l\u2019\u00e9mail. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019on ne peut plus trop se mentir. Lorsque les jointures des doigts deviennent blanches \u00e0 force de placer toute sa concentration sur le serrage des pognes pour pallier la peur, pour ne pas montrer \u00e0 quel point, putain, on est douillet. Et cette sensation de ridicule lorsqu\u2019on d\u00e9couvre que tout \u00e7a n\u2019est encore d\u00fb qu\u2019\u00e0 l\u2019imagination, \u00e0 la peur d\u2019avoir peur, \u00e0 la peur d\u2019avoir mal, essentiellement, cette peur capable de cr\u00e9er une estafette de la vraie douleur. \u00c0 classer dans la petite anthologie des \u00e9checs cuisants que rencontre le h\u00e9ros. Pour essayer de prendre du recul, je pense \u00e0 ces p\u00e9riodes de guerre o\u00f9 l\u2019on torture les gens en leur arrachant les dents pour qu\u2019ils balancent des noms. La vache, je n\u2019ai pas grand-chose \u00e0 voir avec ces r\u00e9sistants. Possible que je livrerais p\u00e8re et m\u00e8re pour que \u00e7a s\u2019arr\u00eate. Mais je vis dans une \u00e9poque de merde, je vis la fin du monde, je vis dans un monde o\u00f9 l\u2019espoir s\u2019amenuise de jour en jour, d\u2019heure en heure. Je vis dans un monde o\u00f9 le seul h\u00e9ro\u00efsme qui nous est autoris\u00e9 est cet espoir de conserver un peu d\u2019espoir. Et l\u00e0 je vois ce que j\u2019\u00e9cris. \u00ab Nous est autoris\u00e9. \u00bb Et toute l\u2019\u00e9tendue de ma parano\u00efa est s\u00fbrement contenue dans ces quelques mots. Ce qui en flanque encore un bon coup sur la nuque du pr\u00e9tendu r\u00e9volt\u00e9, de l\u2019artiste, de l\u2019\u00e9crivain, de cet orgueilleux, probablement plus trouille-cul que n\u2019importe quoi d\u2019autre. Ce pauvre type que je ne peux plus me cacher d\u00e9sormais d\u2019\u00eatre. Il faut que ce soit autoris\u00e9, comprenez. Parce que si cet espoir justement ne nous \u00e9tait pas laiss\u00e9 comme on laisse du mou \u00e0 la cha\u00eene d\u2019un chien, sans doute ce chien cr\u00e8verait-il, et surtout serait parfaitement inutile \u00e0 son ma\u00eetre. Un chien en laisse sert \u00e0 quelque chose forc\u00e9ment. Et peut-\u00eatre que cette id\u00e9e claire, lumineuse, que je traquais au fil des r\u00eaves, n\u2019\u00e9tait rien d\u2019autre qu\u2019une sorte d\u2019\u00e9blouissement, d\u2019aveuglement pour ne pas voir ce chien, ces chiens en laisse et dont je fais partie int\u00e9grante. Je veux dire que m\u00eame la contestation, la protestation, tout cela fait partie int\u00e9grante du processus soci\u00e9tal. On ne peut jamais \u00eatre totalement \u00e0 la marge quoiqu\u2019on pense ou dise. M\u00eame cingl\u00e9, enferm\u00e9 au fond d\u2019une cellule et ceint d\u2019une camisole de force, on sert encore \u00e0 quelque chose. ",
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"title": "09 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-09T06:51:00Z",
"date_modified": "2024-11-17T06:52:04Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Longtemps je me suis couillonn\u00e9 tout seul et de bonne heure. Par exemple en ouvrant ce blog \u00e0 mon propre nom. En me disant tu vas cr\u00e9er un site o\u00f9 tu vas parler de la peinture de fa\u00e7on intelligible et correcte, que tout le monde pourra lire sans avoir de vertige. Sauf que, dans l\u2019art de s\u2019\u00e9garer, la rechute vers le bon sens est toujours \u00e0 pr\u00e9voir. J\u2019avoue que je ne l\u2019avais pas pr\u00e9vue ce coup l\u00e0. Et qu\u2019il m\u2019arrive de temps en temps d\u2019avoir le rouge au front, d\u2019\u00e9prouver un genre de honte fabuleuse lorsqu\u2019il m\u2019arrive de relire certains textes. A ce moment l\u00e0 je me dis putain tu aurais au moins pu prendre un pseudonyme. Que va penser un tel une telle qui dans la vraie vie me connait. J\u2019avoue que cette pens\u00e9e m\u2019a souvent taraud\u00e9. Mais en m\u00eame temps cette honte, cette g\u00e8ne, aura \u00e9t\u00e9 une magnifique alli\u00e9e pour progresser vers moi-m\u00eame vraiment. Car elle met en relief, cette honte, la binarit\u00e9 fatigante entre personnage publique et personnage priv\u00e9 si je puis dire. Entre mensonge et v\u00e9rit\u00e9. Lorsque j\u2019\u00e9cris je me fiche totalement de savoir si je mens ou si je dis la v\u00e9rit\u00e9, l\u2019\u00e9criture aplanit ce genre de dilemme qui n\u2019appartient qu\u2019\u00e0 la vie de tous les jours. Lorsque j\u2019\u00e9cris, je est un autre. Parfois il m\u2019arrive encore de l\u2019oublier, c\u2019est ce que j\u2019appelle « mes rechutes ». Ce sont des bribes de tous ces personnages que j\u2019ai emprunt\u00e9s \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre de mon existence et que j\u2019ai transport\u00e9es de mon imagination vers la vie de tous les jours. Cela vient surtout de ma formation d\u2019autodidacte. Personne par exemple ne m\u2019a jamais clairement expliqu\u00e9 qu\u2019un roman, m\u00eame s\u2019il empruntait beaucoup \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9, n\u2019\u00e9tait jamais autre chose qu\u2019une fiction. Je veux dire qu\u2019 \u00e0 mes d\u00e9buts, j\u2019\u00e9tais une bugne formidable, un couillon cosmique. Je vivais carr\u00e9ment tous les personnages qui me venaient \u00e0 l\u2019esprit. D\u2019o\u00f9 une suite interminable de malentendus avec mes proches, puis avec le monde en g\u00e9n\u00e9ral. Je ne me souviens plus tr\u00e8s bien du jour o\u00f9 j\u2019ai enfin compris le hiatus. Probablement \u00e0 la mort de mon p\u00e8re, puisqu\u2019aussit\u00f4t que je pense \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 c\u2019est son image en premier qui surgit. Je me revois encore dans la salle d\u2019attente du service o\u00f9 il a \u00e9t\u00e9 hospitalis\u00e9 \u00e0 Cr\u00e9teil. La femme de m\u00e9nage avait appel\u00e9 les pompiers en le trouvant \u00e9tendu au sol dans sa chambre. Puis elle m\u2019avait t\u00e9l\u00e9phon\u00e9 pour que je monte au plus vite depuis ma cambrousse. Ce qui avait bouscul\u00e9 tout un tas de choses en quelques instants. D\u2019abord mon boulot de l\u2019\u00e9poque que j\u2019ai du l\u00e2cher car le petit jeune homme qui \u00e9tait mon patron s\u2019impatientait de ce trop de temps que je prenais pour me rendre chez mon paternel , puis ma bagnole qui au cours d\u2019un voyage sur l\u2019autoroute m\u2019a l\u00e2ch\u00e9 et dont le prix du remorquage mis des mois a \u00eatre rembours\u00e9, \u00e0 temp\u00e9rament, sans compter les frais de r\u00e9paration. Mon vieux avait \u00e9t\u00e9 op\u00e9r\u00e9 d\u2019un cancer du pancr\u00e9as. Ce qui ne lui laissait pas \u00e9norm\u00e9ment d\u2019espoir, mais le peu tout de m\u00eame, suffisant, pour que nous nous y accrochions d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment. Puis le m\u00e9decin avait \u00e9voqu\u00e9 une chimio et l\u00e0 patatrac mon p\u00e8re a renonc\u00e9. Il n\u2019a pas pris ses m\u00e9doc, il est rest\u00e9 au lit \u00e0 caresser son chien et \u00e0 s\u2019abrutir de t\u00e9l\u00e9. Il n\u2019a m\u00eame plus ouvert le moindre roman policier ce qui fut le signe de la fin pour moi Et pourtant dans cette salle d\u2019attente je me souviens tr\u00e8s bien d\u2019avoir encore eu la force d\u2019imaginer, d\u2019interpr\u00e9ter, d\u2019\u00e9crire dans ma t\u00eate un texte en observant les personnes qui m\u2019entouraient. C\u2019\u00e9tait des \u00e9trangers dont la langue m\u2019\u00e9tait inconnue. Je traduisais leurs propos en me moquant un peu de la th\u00e9\u00e2tralit\u00e9 de leur ton, de leurs gestes, ils arrivaient par petites grappes avec \u00e9norm\u00e9ment d\u2019\u00e9clats de voix, d\u2019effusion. Sans doute qu\u2019un de leurs proches \u00e9tait l\u00e0, lui aussi, de l\u2019autre cot\u00e9 de la porte close en train de passer l\u2019arme \u00e0 gauche. Je me souviens que dans ce moment, l\u2019un des plus graves de ma vie, sans doute, j\u2019ai encore trouv\u00e9 le moyen d\u2019inventer un r\u00e9cit, une fiction. Ce fut le lendemain que le m\u00e9decin m\u2019appela de bonne heure.\"—Votre p\u00e8re n\u2019en a plus pour bien longtemps voulez vous venir aupr\u00e8s de lui ? Et l\u00e0 j\u2019ai dit non. Je me suis entendu dire ce non, c\u2019\u00e9tait affreux. Je ne voulais pas affronter cette r\u00e9alit\u00e9 l\u00e0. Et j\u2019ai laiss\u00e9 mon propre p\u00e8re crever tout seul comme un chien en me disant de toutes fa\u00e7ons il est dans le coma \u00e0 quoi cela servirait-il que je sois l\u00e0 pr\u00e8s de lui. Et aussi une petite voix de gamin bless\u00e9 \u00e0 mort me disait—le monstre cr\u00e8ve qu\u2019il aille au diable alors que l\u2019adulte en moi disait non c\u2019est pas un monstre, tout au plus un homme ignorant, un type lambda qui a fait comme il a pu et qui ne semblait pas pouvoir grand chose cot\u00e9 affectif comme tu le souhaitais toi le petit gars. Bref, pendant que je dialoguais ainsi avec moi-m\u00eame mon p\u00e8re est mort tout seul. J\u2019ai rat\u00e9 un sacr\u00e9 moment. C\u2019est \u00e0 partir de ce ratage que j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 soup\u00e7onner que \u00e7a ne tournait pas tr\u00e8s rond chez moi. Que je vivais plus dans l\u2019imaginaire que dans une quelconque r\u00e9alit\u00e9 commune. Du coup la suite m\u2019ouvrit les yeux. D\u2019abord la morgue o\u00f9 j\u2019eus l\u2019impression de voir un vieux gamin vid\u00e9 de toute la terreur et de la haine qu\u2019il m\u2019inspirait autrefois en tant qu\u2019homme. Puis un ou deux copains qui \u00e9taient l\u00e0 allez savoir comment et pourquoi. Enfin l\u2019enterrement l\u00e0 bas dans l\u2019Allier. Le convoi, les sandwichs que me tendait mon \u00e9pouse tandis que je tentais de ne pas perdre de vue le corbillard sur l\u2019autoroute. Je ne savais pas que la mort nous obligeait \u00e0 nous goinfrer autant, ceci dit en passant. Enfin l\u2019enterrement en lui m\u00eame, le croquemort qui disait un truc bateau compris dans la prestation, car je n\u2019avais rien pr\u00e9par\u00e9 \u00e0 lui faire lire, un tout petit comit\u00e9, mon fr\u00e8re qui jette une fleur et qui se retourne vers moi en disant —merde elle est tomb\u00e9e \u00e0 cot\u00e9 du cercueil. Comment voulez vous que je ne parvienne pas \u00e0 rire encore de tout ce merdier ? je veux dire au moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris ces choses. Car vraiment dans l\u2019instant pr\u00e9sent je n\u2019en menais pas large du tout. C\u2019\u00e9tait au del\u00e0 de l\u2019affreux, du d\u00e9sesp\u00e9rant, de l\u2019ennui tout court. Mais c\u2019est depuis lors que je vis ma vie avec une aust\u00e9rit\u00e9 quasi monastique. Et si j\u2019avais un conseil \u00e0 donner aux \u00e9crivains en herbe, ce serait exactement cela, de ne se fier qu\u2019aux faits, aux \u00e9v\u00e9nements tels qu\u2019ils sont dans leur vie de tous les jours, de bien s\u00e9parer l\u2019imagination de la vraie vie. Et avec \u00e7a ton mouchoir par l\u00e0 dessus, bon courage \u2026 Mais bon, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et puis \u00e0 chacun de faire sa propre exp\u00e9rience. De quoi je me m\u00eale. Donc du coup oui c\u2019est mon vrai nom, celui marqu\u00e9 sur ma carte d\u2019identit\u00e9 dont je me sers pour ce blog mais au bout du compte je me demande s\u2019il ne vaut pas autant qu\u2019un pseudonyme que j\u2019aurais pu inventer un jour. Car personne ne connait jamais personne, la plupart du temps on interpr\u00e8te tellement les faits, les gestes, les dires en pensant que tout cela est la r\u00e9alit\u00e9 alors que souvent on s\u2019\u00e9crit \u00e0 soi-m\u00eame un roman. Parfois ce n\u2019est qu\u2019un seul roman et inachev\u00e9 en plus par la mort de son auteur. La rechute c\u2019est aussi cela. C\u2019est se dire que la vie n\u2019est pas un roman, qu\u2019autour de nous il y a de vrais personnes en chair et en os qu\u2019il ne faudrait pas trop souvent heurter, abimer, ni non plus louer excessivement. Il faut se souvenir de temps \u00e0 autre aussi que la mort est l\u00e0 toujours qui rode et nous r\u00e9veille avec sa petite odeur de pourriture aigre douce. Et puis une fois la rechute pass\u00e9e, se remettre au boulot, encore et encore avec un \u0153il plus vif, plus de discernement et l\u2019amour peut parfois aider bien sur, mais il n\u2019est pas n\u00e9cessaire autant que la m\u00e9chancet\u00e9, la rage, la col\u00e8re et bien sur une bonne dose de d\u00e9sespoir.<\/p>",
"content_text": "Longtemps je me suis couillonn\u00e9 tout seul et de bonne heure. Par exemple en ouvrant ce blog \u00e0 mon propre nom. En me disant tu vas cr\u00e9er un site o\u00f9 tu vas parler de la peinture de fa\u00e7on intelligible et correcte, que tout le monde pourra lire sans avoir de vertige. Sauf que, dans l\u2019art de s\u2019\u00e9garer, la rechute vers le bon sens est toujours \u00e0 pr\u00e9voir. J\u2019avoue que je ne l\u2019avais pas pr\u00e9vue ce coup l\u00e0. Et qu\u2019il m\u2019arrive de temps en temps d\u2019avoir le rouge au front, d\u2019\u00e9prouver un genre de honte fabuleuse lorsqu\u2019il m\u2019arrive de relire certains textes. A ce moment l\u00e0 je me dis putain tu aurais au moins pu prendre un pseudonyme. Que va penser un tel une telle qui dans la vraie vie me connait. J\u2019avoue que cette pens\u00e9e m\u2019a souvent taraud\u00e9. Mais en m\u00eame temps cette honte, cette g\u00e8ne, aura \u00e9t\u00e9 une magnifique alli\u00e9e pour progresser vers moi-m\u00eame vraiment. Car elle met en relief, cette honte, la binarit\u00e9 fatigante entre personnage publique et personnage priv\u00e9 si je puis dire. Entre mensonge et v\u00e9rit\u00e9. Lorsque j\u2019\u00e9cris je me fiche totalement de savoir si je mens ou si je dis la v\u00e9rit\u00e9, l\u2019\u00e9criture aplanit ce genre de dilemme qui n\u2019appartient qu\u2019\u00e0 la vie de tous les jours. Lorsque j\u2019\u00e9cris, je est un autre. Parfois il m\u2019arrive encore de l\u2019oublier, c\u2019est ce que j\u2019appelle \u00ab mes rechutes \u00bb. Ce sont des bribes de tous ces personnages que j\u2019ai emprunt\u00e9s \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre de mon existence et que j\u2019ai transport\u00e9es de mon imagination vers la vie de tous les jours. Cela vient surtout de ma formation d\u2019autodidacte. Personne par exemple ne m\u2019a jamais clairement expliqu\u00e9 qu\u2019un roman, m\u00eame s\u2019il empruntait beaucoup \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9, n\u2019\u00e9tait jamais autre chose qu\u2019une fiction. Je veux dire qu\u2019 \u00e0 mes d\u00e9buts, j\u2019\u00e9tais une bugne formidable, un couillon cosmique. Je vivais carr\u00e9ment tous les personnages qui me venaient \u00e0 l\u2019esprit. D\u2019o\u00f9 une suite interminable de malentendus avec mes proches, puis avec le monde en g\u00e9n\u00e9ral. Je ne me souviens plus tr\u00e8s bien du jour o\u00f9 j\u2019ai enfin compris le hiatus. Probablement \u00e0 la mort de mon p\u00e8re, puisqu\u2019aussit\u00f4t que je pense \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 c\u2019est son image en premier qui surgit. Je me revois encore dans la salle d\u2019attente du service o\u00f9 il a \u00e9t\u00e9 hospitalis\u00e9 \u00e0 Cr\u00e9teil. La femme de m\u00e9nage avait appel\u00e9 les pompiers en le trouvant \u00e9tendu au sol dans sa chambre. Puis elle m\u2019avait t\u00e9l\u00e9phon\u00e9 pour que je monte au plus vite depuis ma cambrousse. Ce qui avait bouscul\u00e9 tout un tas de choses en quelques instants. D\u2019abord mon boulot de l\u2019\u00e9poque que j\u2019ai du l\u00e2cher car le petit jeune homme qui \u00e9tait mon patron s\u2019impatientait de ce trop de temps que je prenais pour me rendre chez mon paternel , puis ma bagnole qui au cours d\u2019un voyage sur l\u2019autoroute m\u2019a l\u00e2ch\u00e9 et dont le prix du remorquage mis des mois a \u00eatre rembours\u00e9, \u00e0 temp\u00e9rament, sans compter les frais de r\u00e9paration. Mon vieux avait \u00e9t\u00e9 op\u00e9r\u00e9 d\u2019un cancer du pancr\u00e9as. Ce qui ne lui laissait pas \u00e9norm\u00e9ment d\u2019espoir, mais le peu tout de m\u00eame, suffisant, pour que nous nous y accrochions d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment. Puis le m\u00e9decin avait \u00e9voqu\u00e9 une chimio et l\u00e0 patatrac mon p\u00e8re a renonc\u00e9. Il n\u2019a pas pris ses m\u00e9doc, il est rest\u00e9 au lit \u00e0 caresser son chien et \u00e0 s\u2019abrutir de t\u00e9l\u00e9. Il n\u2019a m\u00eame plus ouvert le moindre roman policier ce qui fut le signe de la fin pour moi Et pourtant dans cette salle d\u2019attente je me souviens tr\u00e8s bien d\u2019avoir encore eu la force d\u2019imaginer, d\u2019interpr\u00e9ter, d\u2019\u00e9crire dans ma t\u00eate un texte en observant les personnes qui m\u2019entouraient. C\u2019\u00e9tait des \u00e9trangers dont la langue m\u2019\u00e9tait inconnue. Je traduisais leurs propos en me moquant un peu de la th\u00e9\u00e2tralit\u00e9 de leur ton, de leurs gestes, ils arrivaient par petites grappes avec \u00e9norm\u00e9ment d\u2019\u00e9clats de voix, d\u2019effusion. Sans doute qu\u2019un de leurs proches \u00e9tait l\u00e0, lui aussi, de l\u2019autre cot\u00e9 de la porte close en train de passer l\u2019arme \u00e0 gauche. Je me souviens que dans ce moment, l\u2019un des plus graves de ma vie, sans doute, j\u2019ai encore trouv\u00e9 le moyen d\u2019inventer un r\u00e9cit, une fiction. Ce fut le lendemain que le m\u00e9decin m\u2019appela de bonne heure.\"\u2014Votre p\u00e8re n\u2019en a plus pour bien longtemps voulez vous venir aupr\u00e8s de lui ? Et l\u00e0 j\u2019ai dit non. Je me suis entendu dire ce non, c\u2019\u00e9tait affreux. Je ne voulais pas affronter cette r\u00e9alit\u00e9 l\u00e0. Et j\u2019ai laiss\u00e9 mon propre p\u00e8re crever tout seul comme un chien en me disant de toutes fa\u00e7ons il est dans le coma \u00e0 quoi cela servirait-il que je sois l\u00e0 pr\u00e8s de lui. Et aussi une petite voix de gamin bless\u00e9 \u00e0 mort me disait\u2014le monstre cr\u00e8ve qu\u2019il aille au diable alors que l\u2019adulte en moi disait non c\u2019est pas un monstre, tout au plus un homme ignorant, un type lambda qui a fait comme il a pu et qui ne semblait pas pouvoir grand chose cot\u00e9 affectif comme tu le souhaitais toi le petit gars. Bref, pendant que je dialoguais ainsi avec moi-m\u00eame mon p\u00e8re est mort tout seul. J\u2019ai rat\u00e9 un sacr\u00e9 moment. C\u2019est \u00e0 partir de ce ratage que j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 soup\u00e7onner que \u00e7a ne tournait pas tr\u00e8s rond chez moi. Que je vivais plus dans l\u2019imaginaire que dans une quelconque r\u00e9alit\u00e9 commune. Du coup la suite m\u2019ouvrit les yeux. D\u2019abord la morgue o\u00f9 j\u2019eus l\u2019impression de voir un vieux gamin vid\u00e9 de toute la terreur et de la haine qu\u2019il m\u2019inspirait autrefois en tant qu\u2019homme. Puis un ou deux copains qui \u00e9taient l\u00e0 allez savoir comment et pourquoi. Enfin l\u2019enterrement l\u00e0 bas dans l\u2019Allier. Le convoi, les sandwichs que me tendait mon \u00e9pouse tandis que je tentais de ne pas perdre de vue le corbillard sur l\u2019autoroute. Je ne savais pas que la mort nous obligeait \u00e0 nous goinfrer autant, ceci dit en passant. Enfin l\u2019enterrement en lui m\u00eame, le croquemort qui disait un truc bateau compris dans la prestation, car je n\u2019avais rien pr\u00e9par\u00e9 \u00e0 lui faire lire, un tout petit comit\u00e9, mon fr\u00e8re qui jette une fleur et qui se retourne vers moi en disant \u2014merde elle est tomb\u00e9e \u00e0 cot\u00e9 du cercueil. Comment voulez vous que je ne parvienne pas \u00e0 rire encore de tout ce merdier ? je veux dire au moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris ces choses. Car vraiment dans l\u2019instant pr\u00e9sent je n\u2019en menais pas large du tout. C\u2019\u00e9tait au del\u00e0 de l\u2019affreux, du d\u00e9sesp\u00e9rant, de l\u2019ennui tout court. Mais c\u2019est depuis lors que je vis ma vie avec une aust\u00e9rit\u00e9 quasi monastique. Et si j\u2019avais un conseil \u00e0 donner aux \u00e9crivains en herbe, ce serait exactement cela, de ne se fier qu\u2019aux faits, aux \u00e9v\u00e9nements tels qu\u2019ils sont dans leur vie de tous les jours, de bien s\u00e9parer l\u2019imagination de la vraie vie. Et avec \u00e7a ton mouchoir par l\u00e0 dessus, bon courage \u2026 Mais bon, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et puis \u00e0 chacun de faire sa propre exp\u00e9rience. De quoi je me m\u00eale. Donc du coup oui c\u2019est mon vrai nom, celui marqu\u00e9 sur ma carte d\u2019identit\u00e9 dont je me sers pour ce blog mais au bout du compte je me demande s\u2019il ne vaut pas autant qu\u2019un pseudonyme que j\u2019aurais pu inventer un jour. Car personne ne connait jamais personne, la plupart du temps on interpr\u00e8te tellement les faits, les gestes, les dires en pensant que tout cela est la r\u00e9alit\u00e9 alors que souvent on s\u2019\u00e9crit \u00e0 soi-m\u00eame un roman. Parfois ce n\u2019est qu\u2019un seul roman et inachev\u00e9 en plus par la mort de son auteur. La rechute c\u2019est aussi cela. C\u2019est se dire que la vie n\u2019est pas un roman, qu\u2019autour de nous il y a de vrais personnes en chair et en os qu\u2019il ne faudrait pas trop souvent heurter, abimer, ni non plus louer excessivement. Il faut se souvenir de temps \u00e0 autre aussi que la mort est l\u00e0 toujours qui rode et nous r\u00e9veille avec sa petite odeur de pourriture aigre douce. Et puis une fois la rechute pass\u00e9e, se remettre au boulot, encore et encore avec un \u0153il plus vif, plus de discernement et l\u2019amour peut parfois aider bien sur, mais il n\u2019est pas n\u00e9cessaire autant que la m\u00e9chancet\u00e9, la rage, la col\u00e8re et bien sur une bonne dose de d\u00e9sespoir. ",
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"title": "5 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-05T06:26:00Z",
"date_modified": "2024-11-17T06:26:28Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Je lis beaucoup, et souvent des choses aussi h\u00e9t\u00e9roclites que monomaniaques \u2013 \u00e0 petites doses, pour ne pas trop en abuser. Internet est un terrain fertile pour cela. L\u2019un des th\u00e8mes r\u00e9currents qui m\u2019interpelle est la soif de silence, exprim\u00e9e par certains, et qui fait \u00e9cho \u00e0 la mienne.<\/p>\n Curieusement, chaque fois que je lis sur le silence, une envie irr\u00e9pressible de faire du bruit monte en moi. Une r\u00e9action presque pavlovienne, comme ces interminables repas dominicaux de mon enfance o\u00f9, au milieu des palabres adultes, il \u00e9tait interdit aux enfants de parler. « Vous dites n\u2019importe quoi pour vous rendre int\u00e9ressants », nous lan\u00e7ait-on.<\/p>\n Ma grand-m\u00e8re paternelle, particuli\u00e8rement prompte \u00e0 brider notre effronterie, interrompait d\u2019un ton sec chaque mot que mon fr\u00e8re ou moi tentions de placer :\n Ce refrain, aussi aga\u00e7ant que comique, d\u00e9clenchait en nous un d\u00e9fi silencieux : troubler ces conversations autant qu\u2019il nous \u00e9tait possible. La cr\u00e9ativit\u00e9 devenait notre arme. Je lan\u00e7ais des provocations mi-s\u00e9rieuses, mi-insolentes :<\/p>\n — Pourquoi les pierres n\u2019auraient-elles pas une \u00e2me, comme les arbres et les insectes ?\n Ce jeu nous faisait rire, mon fr\u00e8re et moi, mais la frustration grondait sous la surface. Ces souvenirs me reviennent parfois, \u00e9trangement pr\u00e9cis, comme l\u2019eau d\u2019un \u00e9vier qui se vide en tourbillonnant de plus en plus vite.<\/p>\n Aujourd\u2019hui, les anecdotes familiales continuent, mais elles ont pris une tournure diff\u00e9rente. L., six ans, a sign\u00e9 un mot de l\u2019\u00e9cole \u00e0 la place de ses parents, comme une preuve d\u2019autonomie d\u00e9sarmante. J\u2019ai ri en l\u2019apprenant, bien s\u00fbr. Mais ma femme, moins amus\u00e9e, a vu dans cet acte un signe grave de d\u00e9sob\u00e9issance.<\/p>\n Nous avons \u00e9voqu\u00e9 les enfants d\u2019aujourd\u2019hui, qui semblent \u00e9voluer dans des r\u00e9alit\u00e9s plus complexes que les n\u00f4tres. « M. dealait des cartes Pok\u00e9mon il y a deux semaines », ai-je rappel\u00e9, entre l\u2019amusement et la perplexit\u00e9. Ces petits actes de r\u00e9bellion enfantine m\u2019apparaissent comme une mani\u00e8re pour eux d\u2019exprimer leur place dans un monde en mutation.<\/p>\n Je crois qu\u2019avec l\u2019\u00e2ge, nous ne nous souvenons pas si bien de notre propre enfance. Nous la reconstruisons, l\u2019enjolivons, lui donnons une coh\u00e9rence qu\u2019elle n\u2019a jamais eue. Chaque souvenir devient une fiction, chaque vide, une narration. Et pourtant, nous persistons \u00e0 chercher du sens dans ces fragments \u00e9pars, comme si l\u2019obligation de tirer des le\u00e7ons justifiait tout.<\/p>\n Alors, quoi faire de l\u2019information ? L. forge les signatures. M. revend des cartes Pok\u00e9mon. Est-ce une trag\u00e9die \u00e9ducative, ou simplement une part de ce th\u00e9\u00e2tre de l\u2019enfance qui nous \u00e9chappe toujours ?<\/p>\n — Tu m\u2019\u00e9nerves, tais-toi ! a fini par dire ma femme, exc\u00e9d\u00e9e par ma d\u00e9sinvolture. Une guerre finit toujours par s\u2019achever, laissant place \u00e0 la paix. Ces jours-ci, presque sans action, il semble que les r\u00eaves prennent une pr\u00e9cision \u00e9trange, surnaturelle.<\/p>\n Cette nuit, me voil\u00e0 dans un vaste appartement \u00e0 New York, recevant une femme \u00e9l\u00e9gante qui, avec une moue ind\u00e9chiffrable, examine notre d\u00e9coration. Elle tient sans doute une galerie chic, car dans un coin du loft, j\u2019aper\u00e7ois au sol une pile de dessins magnifiques, cens\u00e9s \u00eatre les miens.<\/p>\n \u00c0 la mine de plomb, ils montrent une foule de personnages f\u00e9minins. En y regardant de plus pr\u00e8s, je remarque que ces visages viennent d\u2019un autre temps, des ann\u00e9es 1920, \u00e0 en juger par les chapeaux qu\u2019elles portent.<\/p>\n L\u2019appartement, lui, est tr\u00e8s 70s, et mon \u00e9pouse en est fi\u00e8re : du papier peint aux larges formes rondes et aux couleurs vives habille les murs.<\/p>\n Sur un sofa, un livre de Kadar\u00e9, Le g\u00e9n\u00e9ral de l\u2019arm\u00e9e morte, tra\u00eene l\u00e0, comme une note discr\u00e8te dans le d\u00e9cor. Une sensation bizarre commence \u00e0 envahir tout le r\u00eave, jusqu\u2019\u00e0 ce que j\u2019entende ma propre voix l\u00e2cher, presque malgr\u00e9 moi :<\/p>\n — Dehors, s\u2019il vous pla\u00eet, ch\u00e8re petite madame : la vie, et rien d\u2019autre.<\/p>\n La femme me regarde, interloqu\u00e9e, laissant tomber une tenture qu\u2019elle examinait d\u2019un sourire d\u00e9daigneux. Ses talons r\u00e9sonnent sur le parquet tandis qu\u2019elle se dirige vers la sortie, accompagn\u00e9e par mon \u00e9pouse, qui tente de l\u2019apaiser.<\/p>\n — Revenez dans quelques jours, il sera de meilleure humeur, dit-elle.<\/p>\n Les voix s\u2019effacent peu \u00e0 peu, et me voil\u00e0 avec les dessins en main.<\/p>\n — Mais qui a dessin\u00e9 tout \u00e7a ? Ce n\u2019est pas moi.<\/p>\n — La vie, et rien d\u2019autre, tu dis ? Et comment allons-nous payer le loyer ? demande mon \u00e9pouse, plant\u00e9e devant moi maintenant.<\/p>\n Une dispute ordinaire s\u2019ensuit, o\u00f9 il est question de peurs, de revenus, de toutes ces petites inqui\u00e9tudes.<\/p>\n C\u2019est \u00e0 cet instant que j\u2019ai ouvert les yeux. La nuit \u00e9tait encore l\u00e0, mais une l\u00e9g\u00e8re lueur filtrait par la baie vitr\u00e9e. Je savais exactement o\u00f9 j\u2019\u00e9tais. \u00c0 mes c\u00f4t\u00e9s, un ronflement doux, presque attendrissant, r\u00e9sonnait.<\/p>\n Allong\u00e9 l\u00e0, je me suis mis \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 cette phrase : « la vie et rien d\u2019autre ». Elle semblait juste, dans le r\u00eave, mais peu \u00e0 peu elle s\u2019est transform\u00e9e en quelque chose de presque ridicule. Une d\u00e9fense, s\u00fbrement. Un instant plus tard, elle me parut simplement \u00e9vidente et banale, comme toutes ces v\u00e9rit\u00e9s qu\u2019on aime croire profondes.<\/p>",
"content_text": "Une guerre finit toujours par s\u2019achever, laissant place \u00e0 la paix. Ces jours-ci, presque sans action, il semble que les r\u00eaves prennent une pr\u00e9cision \u00e9trange, surnaturelle. Cette nuit, me voil\u00e0 dans un vaste appartement \u00e0 New York, recevant une femme \u00e9l\u00e9gante qui, avec une moue ind\u00e9chiffrable, examine notre d\u00e9coration. Elle tient sans doute une galerie chic, car dans un coin du loft, j\u2019aper\u00e7ois au sol une pile de dessins magnifiques, cens\u00e9s \u00eatre les miens. \u00c0 la mine de plomb, ils montrent une foule de personnages f\u00e9minins. En y regardant de plus pr\u00e8s, je remarque que ces visages viennent d\u2019un autre temps, des ann\u00e9es 1920, \u00e0 en juger par les chapeaux qu\u2019elles portent. L\u2019appartement, lui, est tr\u00e8s 70s, et mon \u00e9pouse en est fi\u00e8re : du papier peint aux larges formes rondes et aux couleurs vives habille les murs. Sur un sofa, un livre de Kadar\u00e9, Le g\u00e9n\u00e9ral de l\u2019arm\u00e9e morte, tra\u00eene l\u00e0, comme une note discr\u00e8te dans le d\u00e9cor. Une sensation bizarre commence \u00e0 envahir tout le r\u00eave, jusqu\u2019\u00e0 ce que j\u2019entende ma propre voix l\u00e2cher, presque malgr\u00e9 moi : \u2014 Dehors, s\u2019il vous pla\u00eet, ch\u00e8re petite madame : la vie, et rien d\u2019autre. La femme me regarde, interloqu\u00e9e, laissant tomber une tenture qu\u2019elle examinait d\u2019un sourire d\u00e9daigneux. Ses talons r\u00e9sonnent sur le parquet tandis qu\u2019elle se dirige vers la sortie, accompagn\u00e9e par mon \u00e9pouse, qui tente de l\u2019apaiser. \u2014 Revenez dans quelques jours, il sera de meilleure humeur, dit-elle. Les voix s\u2019effacent peu \u00e0 peu, et me voil\u00e0 avec les dessins en main. \u2014 Mais qui a dessin\u00e9 tout \u00e7a ? Ce n\u2019est pas moi. \u2014 La vie, et rien d\u2019autre, tu dis ? Et comment allons-nous payer le loyer ? demande mon \u00e9pouse, plant\u00e9e devant moi maintenant. Une dispute ordinaire s\u2019ensuit, o\u00f9 il est question de peurs, de revenus, de toutes ces petites inqui\u00e9tudes. C\u2019est \u00e0 cet instant que j\u2019ai ouvert les yeux. La nuit \u00e9tait encore l\u00e0, mais une l\u00e9g\u00e8re lueur filtrait par la baie vitr\u00e9e. Je savais exactement o\u00f9 j\u2019\u00e9tais. \u00c0 mes c\u00f4t\u00e9s, un ronflement doux, presque attendrissant, r\u00e9sonnait. Allong\u00e9 l\u00e0, je me suis mis \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 cette phrase : \u00ab la vie et rien d\u2019autre \u00bb. Elle semblait juste, dans le r\u00eave, mais peu \u00e0 peu elle s\u2019est transform\u00e9e en quelque chose de presque ridicule. Une d\u00e9fense, s\u00fbrement. Un instant plus tard, elle me parut simplement \u00e9vidente et banale, comme toutes ces v\u00e9rit\u00e9s qu\u2019on aime croire profondes.",
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"title": "02 janvier 2022",
"date_published": "2022-01-02T05:36:00Z",
"date_modified": "2024-11-14T05:39:41Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Le mien est toujours int\u00e9rieur. Et il englobe tout le plein ext\u00e9rieur. C\u2019est une d\u00e9couverte valant le premier pas de l\u2019homme sur la lune. Il n\u2019y a de v\u00e9ritable vide que l\u00e0, et dans lequel toutes les informations ressemblent \u00e0 ces \u00e9toiles filantes qu\u2019on imagine r\u00eaver. Parce que le r\u00eave est sans doute la seule issue valable, celle que j\u2019ai trouv\u00e9e, pour faire face au trop plein comme au trop vide. C\u2019est de ce vide je crois que mes mots viennent, ombres qui se meuvent indolentes et espi\u00e8gles sous la surface de la conscience. Mais parfois une gerbe, un bond, des \u00e9claboussures d\u00e9passent cette conscience elle-m\u00eame, une joie qui approfondit encore plus ce vide lorsque tout dispara\u00eet soudain. Comme le mot fin au bout d\u2019une s\u00e9rie de phrases de chauffe.<\/p>\n Un peu plus tard dans la journ\u00e9e :
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— Tu as encore oubli\u00e9 de changer l\u2019ampoule dans la salle de bain, tu ne t\u2019int\u00e9resses vraiment pas \u00e0 la vie de la maison, ni d\u2019ailleurs \u00e0 moi, tu n\u2019es qu\u2019un \u00e9go\u00efste.\n
— Un \u00e9go\u00efste, c\u2019est quelqu\u2019un qui ne pense pas \u00e0 moi, je r\u00e9plique.<\/p>\n
— Oui, j\u2019ai perdu mon cheval blanc quelque part entre le vin d\u2019honneur et la mairie, je dis. Je me demande bien o\u00f9 il a pu passer\u2026 Et en passant, mon amour, nous nous sommes \u00e9pous\u00e9s l\u2019un l\u2019autre. Ne prends pas tout sur tes fr\u00eales \u00e9paules.<\/p>\n
— Pourquoi donc m\u2019offre-t-il ou elle cela ?<\/p>\n
— Pourquoi m\u2019offres-tu soudain des fleurs ? Tu as un truc \u00e0 te faire pardonner ? Tu as une ma\u00eetresse, etc.<\/p>\n
— Hum, tu penses \u00e7a parce que, peut-\u00eatre, ce couteau suisse que tu m\u2019as offert hier \u00e9tait une fa\u00e7on de noyer le poisson. Si \u00e7a se trouve, t\u2019as un amant aussi\u2026<\/p>\n
— Mon amour, comme je t\u2019aime, je ne pourrai jamais vivre sans toi\u2026<\/p>\n
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\n« Y avait \u00e0 cro\u00fbter chez lui et en abondance !\u2026 Du muscadet comme en bas, du saucisson, des artichauts et des petits suisses\u2026 en pagaye alors ! » (C\u00e9line, Mort \u00e0 cr\u00e9dit).<\/p>\n
\n« La paga\u00efe ? Mais c\u2019est quand les \u00e9v\u00e9nements d\u00e9bordent les r\u00e8glements \u00e9dict\u00e9s dans un \u00c9tat bien polic\u00e9 qui n\u2019a rien laiss\u00e9 \u00e0 l\u2019impr\u00e9vu » (Cendrars, La Main coup\u00e9e).<\/p>\n
\n« L\u00e0-bas, c\u2019est la pagaille effroyable : les pauvres vieux se pi\u00e9tinent dans les escaliers » (Malraux, L\u2019Espoir, 1937, p. 719).<\/p>\n
\nPic et pic et col\u00e9gram,
\nBour et bour et ratatam,
\nAm, stram, gram.<\/p>\n
\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n
— Eh bien\u2026 c\u2019est un \u00eatre humain, n\u2019est-ce pas ? Non non, je me demande si c\u2019est un oiseau qui pose une question\u2026 ? (petit rire) Eh bien, les \u00eatres humains n\u2019ont pas d\u2019aussi belles plumes que les paons\u2026<\/i><\/p>\n
— Mais bien s\u00fbr, \u00e0 votre service, montez !
\nEt avec le sourire en plus, le genre de sourire que l\u2019on imagine sinc\u00e8re, vous voyez\u2026 sinc\u00e8re un peu comme pour se prouver qu\u2019on l\u2019est.<\/p>\n
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— Mais quand donc vas-tu te taire ?<\/p>\n
— L\u2019anglais, c\u2019est facile, il suffit de parler fran\u00e7ais \u00e0 l\u2019envers.<\/p>\n
\nJe n\u2019ai pas r\u00e9pondu. J\u2019ai remis mon casque audio et pouss\u00e9 le son \u00e0 fond.<\/p>",
"content_text": "Je lis beaucoup, et souvent des choses aussi h\u00e9t\u00e9roclites que monomaniaques \u2013 \u00e0 petites doses, pour ne pas trop en abuser. Internet est un terrain fertile pour cela. L\u2019un des th\u00e8mes r\u00e9currents qui m\u2019interpelle est la soif de silence, exprim\u00e9e par certains, et qui fait \u00e9cho \u00e0 la mienne. Curieusement, chaque fois que je lis sur le silence, une envie irr\u00e9pressible de faire du bruit monte en moi. Une r\u00e9action presque pavlovienne, comme ces interminables repas dominicaux de mon enfance o\u00f9, au milieu des palabres adultes, il \u00e9tait interdit aux enfants de parler. \u00ab Vous dites n\u2019importe quoi pour vous rendre int\u00e9ressants \u00bb, nous lan\u00e7ait-on. Ma grand-m\u00e8re paternelle, particuli\u00e8rement prompte \u00e0 brider notre effronterie, interrompait d\u2019un ton sec chaque mot que mon fr\u00e8re ou moi tentions de placer : \u2014 Mais quand donc vas-tu te taire ? Ce refrain, aussi aga\u00e7ant que comique, d\u00e9clenchait en nous un d\u00e9fi silencieux : troubler ces conversations autant qu\u2019il nous \u00e9tait possible. La cr\u00e9ativit\u00e9 devenait notre arme. Je lan\u00e7ais des provocations mi-s\u00e9rieuses, mi-insolentes : \u2014 Pourquoi les pierres n\u2019auraient-elles pas une \u00e2me, comme les arbres et les insectes ? \u2014 L\u2019anglais, c\u2019est facile, il suffit de parler fran\u00e7ais \u00e0 l\u2019envers. Ce jeu nous faisait rire, mon fr\u00e8re et moi, mais la frustration grondait sous la surface. Ces souvenirs me reviennent parfois, \u00e9trangement pr\u00e9cis, comme l\u2019eau d\u2019un \u00e9vier qui se vide en tourbillonnant de plus en plus vite. Aujourd\u2019hui, les anecdotes familiales continuent, mais elles ont pris une tournure diff\u00e9rente. L., six ans, a sign\u00e9 un mot de l\u2019\u00e9cole \u00e0 la place de ses parents, comme une preuve d\u2019autonomie d\u00e9sarmante. J\u2019ai ri en l\u2019apprenant, bien s\u00fbr. Mais ma femme, moins amus\u00e9e, a vu dans cet acte un signe grave de d\u00e9sob\u00e9issance. Nous avons \u00e9voqu\u00e9 les enfants d\u2019aujourd\u2019hui, qui semblent \u00e9voluer dans des r\u00e9alit\u00e9s plus complexes que les n\u00f4tres. \u00ab M. dealait des cartes Pok\u00e9mon il y a deux semaines \u00bb, ai-je rappel\u00e9, entre l\u2019amusement et la perplexit\u00e9. Ces petits actes de r\u00e9bellion enfantine m\u2019apparaissent comme une mani\u00e8re pour eux d\u2019exprimer leur place dans un monde en mutation. Je crois qu\u2019avec l\u2019\u00e2ge, nous ne nous souvenons pas si bien de notre propre enfance. Nous la reconstruisons, l\u2019enjolivons, lui donnons une coh\u00e9rence qu\u2019elle n\u2019a jamais eue. Chaque souvenir devient une fiction, chaque vide, une narration. Et pourtant, nous persistons \u00e0 chercher du sens dans ces fragments \u00e9pars, comme si l\u2019obligation de tirer des le\u00e7ons justifiait tout. Alors, quoi faire de l\u2019information ? L. forge les signatures. M. revend des cartes Pok\u00e9mon. Est-ce une trag\u00e9die \u00e9ducative, ou simplement une part de ce th\u00e9\u00e2tre de l\u2019enfance qui nous \u00e9chappe toujours ? \u2014 Tu m\u2019\u00e9nerves, tais-toi ! a fini par dire ma femme, exc\u00e9d\u00e9e par ma d\u00e9sinvolture. Je n\u2019ai pas r\u00e9pondu. J\u2019ai remis mon casque audio et pouss\u00e9 le son \u00e0 fond. ",
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"title": "03 janvier 2022",
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\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n
<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n
\nLe risque de vouloir faire de jolies phrases, des phrases percutantes, c\u2019est qu\u2019au bout du compte, il ne reste que \u00e7a : du joli, du percutant. Comme une journ\u00e9e d\u2019\u00e9t\u00e9 o\u00f9 il ne se passe absolument rien, \u00e0 part du soleil.
\nC\u2019est un peu comme peindre un tableau en ne misant que sur l\u2019habilet\u00e9. Des coups d\u2019\u00e9p\u00e9e dans l\u2019eau. Tout en surface, sans jamais atteindre la spontan\u00e9it\u00e9 des profondeurs.<\/p>",
"content_text": "Le mien est toujours int\u00e9rieur. Et il englobe tout le plein ext\u00e9rieur. C\u2019est une d\u00e9couverte valant le premier pas de l\u2019homme sur la lune. Il n\u2019y a de v\u00e9ritable vide que l\u00e0, et dans lequel toutes les informations ressemblent \u00e0 ces \u00e9toiles filantes qu\u2019on imagine r\u00eaver. Parce que le r\u00eave est sans doute la seule issue valable, celle que j\u2019ai trouv\u00e9e, pour faire face au trop plein comme au trop vide. C\u2019est de ce vide je crois que mes mots viennent, ombres qui se meuvent indolentes et espi\u00e8gles sous la surface de la conscience. Mais parfois une gerbe, un bond, des \u00e9claboussures d\u00e9passent cette conscience elle-m\u00eame, une joie qui approfondit encore plus ce vide lorsque tout dispara\u00eet soudain. Comme le mot fin au bout d\u2019une s\u00e9rie de phrases de chauffe. Un peu plus tard dans la journ\u00e9e : Le risque de vouloir faire de jolies phrases, des phrases percutantes, c\u2019est qu\u2019au bout du compte, il ne reste que \u00e7a : du joli, du percutant. Comme une journ\u00e9e d\u2019\u00e9t\u00e9 o\u00f9 il ne se passe absolument rien, \u00e0 part du soleil. C\u2019est un peu comme peindre un tableau en ne misant que sur l\u2019habilet\u00e9. Des coups d\u2019\u00e9p\u00e9e dans l\u2019eau. Tout en surface, sans jamais atteindre la spontan\u00e9it\u00e9 des profondeurs.",
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