{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/15-mai-2022.html", "title": "15 mai 2022", "date_published": "2022-05-15T17:57:00Z", "date_modified": "2025-04-30T15:48:05Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Vachement bien ce plancher qui chante. 16h28 dimanche, enfin quelqu\u2019un entre \u00e0 l\u2019\u00e9tage. Je m\u2019\u00e9tais assoupi et gr\u00e2ce au plancher j\u2019ai pu me recomposer une t\u00eate \u00e0 peu pr\u00e8s digne de ce nom.<\/p>\n

“Je vois un b\u00e9b\u00e9” dit l\u2019homme<\/p>\n

Et un peu plus loin on dirait un violoniste \u2026 est-ce que c\u2019est bien \u00e7a un violoniste ?<\/p>\n

— c\u2019est vous qui voyez !<\/p>\n

Un dimanche de permanence. J\u2019avais oubli\u00e9 tout \u00e7a pendant dans mon assoupissement.<\/p>\n

De permanence.<\/p>\n

J\u2019ai \u00e9cout\u00e9 leurs pas qui tentaient de r\u00e9duire le plancher au silence, en vain bien s\u00fbr. La g\u00eane d\u2019une pesanteur \u00e7a se met sous cloche.<\/p>", "content_text": "Vachement bien ce plancher qui chante. 16h28 dimanche, enfin quelqu\u2019un entre \u00e0 l\u2019\u00e9tage. Je m\u2019\u00e9tais assoupi et gr\u00e2ce au plancher j\u2019ai pu me recomposer une t\u00eate \u00e0 peu pr\u00e8s digne de ce nom. \u201cJe vois un b\u00e9b\u00e9\u201d dit l\u2019homme Et un peu plus loin on dirait un violoniste \u2026 est-ce que c\u2019est bien \u00e7a un violoniste ? \u2014 c\u2019est vous qui voyez ! Un dimanche de permanence. J\u2019avais oubli\u00e9 tout \u00e7a pendant dans mon assoupissement. De permanence. J\u2019ai \u00e9cout\u00e9 leurs pas qui tentaient de r\u00e9duire le plancher au silence, en vain bien s\u00fbr. La g\u00eane d\u2019une pesanteur \u00e7a se met sous cloche.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_5769.webp?1748065086", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires", "r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/13-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/13-mai-2022.html", "title": "13 mai 2022", "date_published": "2022-05-13T17:55:00Z", "date_modified": "2024-12-10T18:55:43Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

En peinture la d\u00e9finition du contraste est la diff\u00e9rence entre deux valeurs. Plus il y a de diff\u00e9rence marqu\u00e9e entre le clair et l\u2019obscur plus le contraste est fort et inversement moins on parvient \u00e0 d\u00e9tecter de diff\u00e9rence entre les valeurs moins il y a de contraste.<\/p>\n

En pla\u00e7ant un contraste diff\u00e9rent \u00e0 chacun des trois plans d\u2019un tableau, en jouant donc sur la diff\u00e9rence des valeurs que l\u2019on utilise pour ce faire on cr\u00e9e ainsi une illusion de profondeur. Cela fonctionne aussi bien pour la peinture dite figurative que pour la peinture abstraite.<\/p>\n

Maintenant que peut signifier le contraste dans la vie de tous les jours ? Que pla\u00e7ons nous comme valeurs au premier plan de nos pr\u00e9occupations et surtout comment les mettons nous en opposition afin qu\u2019elles cr\u00e8vent l\u2019\u00e9cran de ce que nous appelons notre r\u00e9alit\u00e9 ?<\/p>\n

Peut-on imaginer aussi que certaines personnes ne se pr\u00e9occupent que tr\u00e8s peu des autres plans de l\u2019existence \u00e0 part le premier et encore que lorsqu\u2019ils y sont accul\u00e9s.<\/p>\n

Quels sont les trois plans d\u2019une vie s\u2019il fallait la peindre pour lui donner une profondeur ?<\/p>\n

Au premier plan on placerait donc les pr\u00e9occupations quotidiennes comme se nourrir, se reproduire ou se perp\u00e9trer, se prot\u00e9ger, qui participent des besoins \u00e9l\u00e9mentaires de n\u2019importe quel \u00eatre vivant. Ces valeurs si on peut utiliser ce terme poss\u00e8dent des contours, une nettet\u00e9 d\u2019une pr\u00e9cision indubitable.<\/p>\n

Puis une fois ces pr\u00e9occupations r\u00e9gl\u00e9es on s\u2019int\u00e9resserait seulement au plan moyen, on ferait un pas de cot\u00e9 de cette situation d\u2019urgence et on laisserait aller son esprit \u00e0 estimer une dur\u00e9e, n\u00e9cessaire pour effectuer des projets, anticiper l\u2019avenir.<\/p>\n

Et enfin au troisi\u00e8me plan le contraste entre les valeurs deviendrait faible indiquant tout en m\u00eame temps une notion de lointain comme de flou. Une sorte de « peut-\u00eatre », ou encore un « je ne sais quoi », un « presque rien ».<\/p>\n

Chacun des plans est indissociable des deux autres. On ne peut pas vraiment donner une importance plus grande \u00e0 l\u2019un qu\u2019\u00e0 l\u2019autre dans l\u2019absolu. Ils sont interd\u00e9pendants, on ne peut pas en supprimer un sans que le tableau soit r\u00e9duit \u00e0 n\u00e9ant. C\u2019est \u00e0 dire \u00e0 de la boue, ce que C\u00e9zanne \u00e9voque tr\u00e8s bien lorsqu\u2019il parle d\u2019un effondrement des plans les uns sur les autres.<\/p>\n

Comment alors prendre le recul n\u00e9cessaire pour voir le tableau dans sa globalit\u00e9 ?<\/p>\n


\nCette proximit\u00e9 de c\u0153ur ou d\u2019\u00e2me, et pourquoi pas de peau. De peau serait plus s\u00fbr. Cette sensation qui na\u00eet \u00e0 la lecture d\u2019un po\u00e8me qui fait mouche. L\u2019espace s\u2019en trouve agrandi comme le large et on peut entendre tr\u00e8s pr\u00e9cis\u00e9ment ce que murmure le monde et qu\u2019on n\u2019entend jamais. Parce que l\u2019on dit c\u2019est la mer, c\u2019est un oiseau, parce qu\u2019on a besoin de s\u2019appuyer sur des rembardes durant les croisi\u00e8res.\n

Hourra ! pour celles et ceux qui laissent passer au travers ce murmure et qui se d\u00e9sagr\u00e8gent tout entier pour nous le restituer, intact.<\/p>\n

Hourra\u2026 j\u2019utilise ce mot pour exorciser quelque chose je crois. Je l\u2019ai entendu dire r\u00e9cemment lors d\u2019un d\u00e9fil\u00e9 guerrier, et encore ailleurs apr\u00e8s une chasse \u00e0 courre, la mort d\u2019un grand cerf. Mais ces hourra l\u00e0 salissent le vrai hourra.<\/p>\n

Il n\u2019y en a qu\u2019un qui convienne c\u2019est celui qui vient aussit\u00f4t aux l\u00e8vres \u00e0 la lecture du po\u00e8me.<\/p>\n

Peut-\u00eatre qu\u2019\u00e0 la fin d\u2019une vie, on peut avoir cette chance juste avant de mourir.<\/p>\n

Cependant qu\u2019on ne peut plus rien modifier, on ne peut pas s\u2019amener en pleine exposition, comme Turner avec son petit pot de rouge pour peindre une bou\u00e9e afin de relever le premier plan.<\/p>\n

On ne peut pas le faire tant que l\u2019on pense une dur\u00e9e, et que l\u2019on est victime de celle-ci.<\/p>\n

Mais si on reste align\u00e9, droit dans ses bottes jusqu\u2019\u00e0 son dernier souffle, on sait que tout \u00e7a n\u2019est qu\u2019une formidable illusion, un r\u00eave ni plus ni moins.<\/p>\n

Alors m\u00eame \u00e0 ce moment l\u00e0, \u00e0 ce moment unique, bien sur que l\u2019on peut prendre toutes les couleurs que l\u2019on voudra pour r\u00e9parer les valeurs ou les contrastes mal fagot\u00e9s, ceux surtout qui ne nous conviennent pas \u00e0 cet instant car ils g\u00eanent la lisibilit\u00e9 d\u2019une profondeur. D\u2019une justesse de cette profondeur.<\/p>\n

Ce ne sont pour autant pas les couleurs qui comptent le plus dans un tableau, mais leurs valeurs et le contraste subtil si possible dont on se servira pour cr\u00e9er les plans et en m\u00eame temps leur donner le sens que nous avons saisit de la pr\u00e9cision et du flou, de la proximit\u00e9 et du lointain, du dicible et de l\u2019indicible.<\/p>\n

On parle aussi de personnages au caract\u00e8res contrast\u00e9s dans la litt\u00e9rature ou le cin\u00e9ma c\u2019est \u00e0 dire avec des intentions souvent contradictoires, des conflits internes. Tout l\u2019art de la narration alors consiste \u00e0 ne pas tout d\u00e9baller d\u2019un seul coup concernant ce genre de personnage, mais au contraire d\u2019amener progressivement le lecteur \u00e0 trouver les indices qui peuvent justifier ou expliquer ce caract\u00e8re contrast\u00e9.<\/p>\n

Les femmes souvent voient plus loin que le premier plan, c\u2019est mon exp\u00e9rience. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019au d\u00e9but elles ne veulent pas tenir compte des oppositions d\u2019un caract\u00e8re impossible, elles se situent presque aussit\u00f4t dans un plan moyen, dans un projet, un avenir qui m\u00e8ne leur regard embu\u00e9 vers un flou artistique finalement.<\/p>\n

Mais le probl\u00e8me de ce genre de caract\u00e8re dans la vraie vie, c\u2019est qu\u2019il devient aussi pr\u00e9visible que lassant. Et cette lassitude finit donc par oblit\u00e9rer l\u2019esp\u00e9rance.<\/p>\n

Ainsi le couple que formait mes parents d\u2019apr\u00e8s ce que j\u2019en ai compris \u00e9videmment, et qui n\u2019est que ma petite interpr\u00e9tation personnelle.<\/p>\n

A la fin on finit par ne plus se dire grand chose, il n\u2019y a plus aucun plan sur la com\u00e8te, plus de projet vraiment sauf d\u2019attendre l\u2019in\u00e9luctable pour encore avoir \u00e0 cr\u00e9er de la diff\u00e9rence, du contraste entre ce qui fut pr\u00e9sent et ce qui ne l\u2019est plus.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": "En peinture la d\u00e9finition du contraste est la diff\u00e9rence entre deux valeurs. Plus il y a de diff\u00e9rence marqu\u00e9e entre le clair et l\u2019obscur plus le contraste est fort et inversement moins on parvient \u00e0 d\u00e9tecter de diff\u00e9rence entre les valeurs moins il y a de contraste. En pla\u00e7ant un contraste diff\u00e9rent \u00e0 chacun des trois plans d\u2019un tableau, en jouant donc sur la diff\u00e9rence des valeurs que l\u2019on utilise pour ce faire on cr\u00e9e ainsi une illusion de profondeur. Cela fonctionne aussi bien pour la peinture dite figurative que pour la peinture abstraite. Maintenant que peut signifier le contraste dans la vie de tous les jours ? Que pla\u00e7ons nous comme valeurs au premier plan de nos pr\u00e9occupations et surtout comment les mettons nous en opposition afin qu\u2019elles cr\u00e8vent l\u2019\u00e9cran de ce que nous appelons notre r\u00e9alit\u00e9 ? Peut-on imaginer aussi que certaines personnes ne se pr\u00e9occupent que tr\u00e8s peu des autres plans de l\u2019existence \u00e0 part le premier et encore que lorsqu\u2019ils y sont accul\u00e9s. Quels sont les trois plans d\u2019une vie s\u2019il fallait la peindre pour lui donner une profondeur ? Au premier plan on placerait donc les pr\u00e9occupations quotidiennes comme se nourrir, se reproduire ou se perp\u00e9trer, se prot\u00e9ger, qui participent des besoins \u00e9l\u00e9mentaires de n\u2019importe quel \u00eatre vivant. Ces valeurs si on peut utiliser ce terme poss\u00e8dent des contours, une nettet\u00e9 d\u2019une pr\u00e9cision indubitable. Puis une fois ces pr\u00e9occupations r\u00e9gl\u00e9es on s\u2019int\u00e9resserait seulement au plan moyen, on ferait un pas de cot\u00e9 de cette situation d\u2019urgence et on laisserait aller son esprit \u00e0 estimer une dur\u00e9e, n\u00e9cessaire pour effectuer des projets, anticiper l\u2019avenir. Et enfin au troisi\u00e8me plan le contraste entre les valeurs deviendrait faible indiquant tout en m\u00eame temps une notion de lointain comme de flou. Une sorte de \u00ab peut-\u00eatre \u00bb, ou encore un \u00ab je ne sais quoi \u00bb, un \u00ab presque rien \u00bb. Chacun des plans est indissociable des deux autres. On ne peut pas vraiment donner une importance plus grande \u00e0 l\u2019un qu\u2019\u00e0 l\u2019autre dans l\u2019absolu. Ils sont interd\u00e9pendants, on ne peut pas en supprimer un sans que le tableau soit r\u00e9duit \u00e0 n\u00e9ant. C\u2019est \u00e0 dire \u00e0 de la boue, ce que C\u00e9zanne \u00e9voque tr\u00e8s bien lorsqu\u2019il parle d\u2019un effondrement des plans les uns sur les autres. Comment alors prendre le recul n\u00e9cessaire pour voir le tableau dans sa globalit\u00e9 ? Cette proximit\u00e9 de c\u0153ur ou d\u2019\u00e2me, et pourquoi pas de peau. De peau serait plus s\u00fbr. Cette sensation qui na\u00eet \u00e0 la lecture d\u2019un po\u00e8me qui fait mouche. L\u2019espace s\u2019en trouve agrandi comme le large et on peut entendre tr\u00e8s pr\u00e9cis\u00e9ment ce que murmure le monde et qu\u2019on n\u2019entend jamais. Parce que l\u2019on dit c\u2019est la mer, c\u2019est un oiseau, parce qu\u2019on a besoin de s\u2019appuyer sur des rembardes durant les croisi\u00e8res. Hourra! pour celles et ceux qui laissent passer au travers ce murmure et qui se d\u00e9sagr\u00e8gent tout entier pour nous le restituer, intact. Hourra\u2026 j\u2019utilise ce mot pour exorciser quelque chose je crois. Je l\u2019ai entendu dire r\u00e9cemment lors d\u2019un d\u00e9fil\u00e9 guerrier, et encore ailleurs apr\u00e8s une chasse \u00e0 courre, la mort d\u2019un grand cerf. Mais ces hourra l\u00e0 salissent le vrai hourra. Il n\u2019y en a qu\u2019un qui convienne c\u2019est celui qui vient aussit\u00f4t aux l\u00e8vres \u00e0 la lecture du po\u00e8me. Peut-\u00eatre qu\u2019\u00e0 la fin d\u2019une vie, on peut avoir cette chance juste avant de mourir. Cependant qu\u2019on ne peut plus rien modifier, on ne peut pas s\u2019amener en pleine exposition, comme Turner avec son petit pot de rouge pour peindre une bou\u00e9e afin de relever le premier plan. On ne peut pas le faire tant que l\u2019on pense une dur\u00e9e, et que l\u2019on est victime de celle-ci. Mais si on reste align\u00e9, droit dans ses bottes jusqu\u2019\u00e0 son dernier souffle, on sait que tout \u00e7a n\u2019est qu\u2019une formidable illusion, un r\u00eave ni plus ni moins. Alors m\u00eame \u00e0 ce moment l\u00e0, \u00e0 ce moment unique, bien sur que l\u2019on peut prendre toutes les couleurs que l\u2019on voudra pour r\u00e9parer les valeurs ou les contrastes mal fagot\u00e9s, ceux surtout qui ne nous conviennent pas \u00e0 cet instant car ils g\u00eanent la lisibilit\u00e9 d\u2019une profondeur. D\u2019une justesse de cette profondeur. Ce ne sont pour autant pas les couleurs qui comptent le plus dans un tableau, mais leurs valeurs et le contraste subtil si possible dont on se servira pour cr\u00e9er les plans et en m\u00eame temps leur donner le sens que nous avons saisit de la pr\u00e9cision et du flou, de la proximit\u00e9 et du lointain, du dicible et de l\u2019indicible. On parle aussi de personnages au caract\u00e8res contrast\u00e9s dans la litt\u00e9rature ou le cin\u00e9ma c\u2019est \u00e0 dire avec des intentions souvent contradictoires, des conflits internes. Tout l\u2019art de la narration alors consiste \u00e0 ne pas tout d\u00e9baller d\u2019un seul coup concernant ce genre de personnage, mais au contraire d\u2019amener progressivement le lecteur \u00e0 trouver les indices qui peuvent justifier ou expliquer ce caract\u00e8re contrast\u00e9. Les femmes souvent voient plus loin que le premier plan, c\u2019est mon exp\u00e9rience. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019au d\u00e9but elles ne veulent pas tenir compte des oppositions d\u2019un caract\u00e8re impossible, elles se situent presque aussit\u00f4t dans un plan moyen, dans un projet, un avenir qui m\u00e8ne leur regard embu\u00e9 vers un flou artistique finalement. Mais le probl\u00e8me de ce genre de caract\u00e8re dans la vraie vie, c\u2019est qu\u2019il devient aussi pr\u00e9visible que lassant. Et cette lassitude finit donc par oblit\u00e9rer l\u2019esp\u00e9rance. Ainsi le couple que formait mes parents d\u2019apr\u00e8s ce que j\u2019en ai compris \u00e9videmment, et qui n\u2019est que ma petite interpr\u00e9tation personnelle. A la fin on finit par ne plus se dire grand chose, il n\u2019y a plus aucun plan sur la com\u00e8te, plus de projet vraiment sauf d\u2019attendre l\u2019in\u00e9luctable pour encore avoir \u00e0 cr\u00e9er de la diff\u00e9rence, du contraste entre ce qui fut pr\u00e9sent et ce qui ne l\u2019est plus. 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Entamer un je\u00fbne suite \u00e0 la perception d\u2019un trop plein ou d\u2019un trop vide, ce qui revient \u00e0 la m\u00eame chose.
\nUn pingouin peut tenir 100 jours. On d\u00e9marre par le glucose, puis les lipides, il faut s\u2019arr\u00eater \u00e0 temps pour ne pas taper de trop dans les prot\u00e9ines et l\u2019usine se remet en route. La m\u00e9moire des cellules c\u2019est quelque chose\u2026 3 petits jours pour passer le cap de l\u2019inconfort, puis ensuite s\u2019installe une strat\u00e9gie d\u2019\u00e9conomie d\u2019\u00e9nergie. On ne se nourrit que de l\u2019int\u00e9rieur. On s\u2019abstient de parler, on esquive les conflits, on se d\u00e9place sur coussins d\u2019air, on zigzague entre la r\u00e9alit\u00e9 et la r\u00eaverie dans un \u00e9tat second. On ne je\u00fbne pas pour maigrir \u00e9videmment.<\/p>\n

On je\u00fbne parce qu\u2019on \u00e9prouve cette n\u00e9cessit\u00e9 imp\u00e9rieuse de l\u2019inconnu encore une fois de plus. Et on fait un bras d\u2019honneur \u00e0 la gabegie organis\u00e9e, celle de la bouffe, des gadgets qui ne servent \u00e0 rien, des bavardages et des querelles inutiles.<\/p>\n

On peint, on \u00e9crit un minimum comme de temps \u00e0 autre on boit un verre d\u2019eau en appr\u00e9ciant la gorg\u00e9e.<\/p>\n


\nL\u2019exp\u00e9rience est une chose, l\u2019exp\u00e9rience d\u2019une experience c\u2019est autre chose.\n

On peut extraire des conjonctures de la premi\u00e8re mais la seconde nous \u00e9chappe.<\/p>\n

Elle est en tant que principe, elle n\u2019est pas un objet pas plus que rien. Cette \u00e9vidence nous n\u2019en prenons conscience que dans un pr\u00e9sent o\u00f9 quelque chose s\u2019absente, une volont\u00e9 personnelle de “tirer profit” qui s\u2019\u00e9vanouit.<\/p>\n

On ne peut rien en faire ni en dire qui ne nous apparaisse pas aussit\u00f4t erron\u00e9, voire stupide et en tous cas inutile.<\/p>\n

Peindre un tableau est une exp\u00e9rience qui produira le tableau, mais l\u2019exp\u00e9rience de cette exp\u00e9rience nous reste \u00e9trang\u00e8re, comme une \u00e9vidence qui nous aveugle.<\/p>\n

Que le tableau soit r\u00e9ussit ou rat\u00e9 ne change rien \u00e0 cet aveuglement. Et c\u2019est peut-\u00eatre lorsqu\u2019on se dispense de ces deux mots, que l\u2019on s\u2019en d\u00e9livre ou d\u00e9barrasse qu\u2019alors la sensation est pour nous la plus “vraie” Il peut exister un plaisir simple de ne rien voir du tout. Que cette volont\u00e9 au dessus de notre volont\u00e9 se laisse enfin percevoir de fa\u00e7on fugace.<\/p>\n

Et que cette n\u00e9cessit\u00e9 de fugacit\u00e9 s\u2019oppose notre volont\u00e9 de dur\u00e9e elles seront l\u2019une comme l\u2019autre tout aussi n\u00e9cessaires<\/p>\n

Il est n\u00e9cessaire qu\u2019une \u0153uvre dure pour \u00e9prouver en m\u00eame temps la fugacit\u00e9, sans doute, de celle ou celui qui en est l\u2019instrument.<\/p>\n

Et que ces deux n\u00e9cessit\u00e9s ou volont\u00e9s, en apparence contraires, dansent dans le moment pr\u00e9sent est un myst\u00e8re pour toujours.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": "Entamer un je\u00fbne suite \u00e0 la perception d\u2019un trop plein ou d\u2019un trop vide, ce qui revient \u00e0 la m\u00eame chose. Un pingouin peut tenir 100 jours. On d\u00e9marre par le glucose, puis les lipides, il faut s\u2019arr\u00eater \u00e0 temps pour ne pas taper de trop dans les prot\u00e9ines et l\u2019usine se remet en route. La m\u00e9moire des cellules c\u2019est quelque chose\u2026 3 petits jours pour passer le cap de l\u2019inconfort, puis ensuite s\u2019installe une strat\u00e9gie d\u2019\u00e9conomie d\u2019\u00e9nergie. On ne se nourrit que de l\u2019int\u00e9rieur. On s\u2019abstient de parler, on esquive les conflits, on se d\u00e9place sur coussins d\u2019air, on zigzague entre la r\u00e9alit\u00e9 et la r\u00eaverie dans un \u00e9tat second. On ne je\u00fbne pas pour maigrir \u00e9videmment. On je\u00fbne parce qu\u2019on \u00e9prouve cette n\u00e9cessit\u00e9 imp\u00e9rieuse de l\u2019inconnu encore une fois de plus. Et on fait un bras d\u2019honneur \u00e0 la gabegie organis\u00e9e, celle de la bouffe, des gadgets qui ne servent \u00e0 rien, des bavardages et des querelles inutiles. On peint, on \u00e9crit un minimum comme de temps \u00e0 autre on boit un verre d\u2019eau en appr\u00e9ciant la gorg\u00e9e. L\u2019exp\u00e9rience est une chose, l\u2019exp\u00e9rience d\u2019une experience c\u2019est autre chose. On peut extraire des conjonctures de la premi\u00e8re mais la seconde nous \u00e9chappe. Elle est en tant que principe, elle n\u2019est pas un objet pas plus que rien. Cette \u00e9vidence nous n\u2019en prenons conscience que dans un pr\u00e9sent o\u00f9 quelque chose s\u2019absente, une volont\u00e9 personnelle de \u201ctirer profit\u201d qui s\u2019\u00e9vanouit. On ne peut rien en faire ni en dire qui ne nous apparaisse pas aussit\u00f4t erron\u00e9, voire stupide et en tous cas inutile. Peindre un tableau est une exp\u00e9rience qui produira le tableau, mais l\u2019exp\u00e9rience de cette exp\u00e9rience nous reste \u00e9trang\u00e8re, comme une \u00e9vidence qui nous aveugle. Que le tableau soit r\u00e9ussit ou rat\u00e9 ne change rien \u00e0 cet aveuglement. Et c\u2019est peut-\u00eatre lorsqu\u2019on se dispense de ces deux mots, que l\u2019on s\u2019en d\u00e9livre ou d\u00e9barrasse qu\u2019alors la sensation est pour nous la plus \u201cvraie\u201d Il peut exister un plaisir simple de ne rien voir du tout. Que cette volont\u00e9 au dessus de notre volont\u00e9 se laisse enfin percevoir de fa\u00e7on fugace. Et que cette n\u00e9cessit\u00e9 de fugacit\u00e9 s\u2019oppose notre volont\u00e9 de dur\u00e9e elles seront l\u2019une comme l\u2019autre tout aussi n\u00e9cessaires Il est n\u00e9cessaire qu\u2019une \u0153uvre dure pour \u00e9prouver en m\u00eame temps la fugacit\u00e9, sans doute, de celle ou celui qui en est l\u2019instrument. Et que ces deux n\u00e9cessit\u00e9s ou volont\u00e9s, en apparence contraires, dansent dans le moment pr\u00e9sent est un myst\u00e8re pour toujours.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image-11.png?1748065135", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/11-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/11-mai-2022.html", "title": "11 mai 2022", "date_published": "2022-05-11T17:44:00Z", "date_modified": "2025-05-01T20:28:54Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "<\/span>
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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Les premiers mois de la vie comptent plus que toute la vie. C\u2019est dans cet intervalle que la plupart de nos perceptions, sensations, d\u00e9sirs et peurs se codifient comme des programmes dont nous ne cesseront d\u2019explorer les variations tout au long de notre vie. Il est tr\u00e8s difficile de prendre de la distance avec ce programme, d\u2019en \u00e9tudier les occurrences, les r\u00e9p\u00e9titions, les boucles sans en \u00eatre sorti. Et si l\u2019on parvient \u00e0 s\u2019en sortir on se trouvera encore plus d\u00e9muni qu\u2019avant bien souvent car la libert\u00e9 de choisir soudain sa propre vie est encore une \u00e9preuve \u00e0 d\u00e9passer.<\/p>\n

Combien de tout ce que l\u2019on croyait cher, indispensable doit on laisser derri\u00e8re soi pour s\u2019extraire du programme ? Une multitude d\u2019\u00eatres, d\u2019objets, de pens\u00e9es, d\u2019id\u00e9es\u2026<\/p>\n

Pour parvenir \u00e0 encore plus de solitude se dira t\u2019on parfois non sans un certain d\u00e9pit.<\/p>\n

Ou bien pour rejoindre les autres plus intimement se dira t\u2019on aussi.<\/p>\n

Car \u00eatre vraiment seul est encore un fantasme, une peur, une chim\u00e8re.<\/p>\n

Tout est connect\u00e9 mais lorsque la conscience en prend conscience l\u2019utilit\u00e9 de le d\u00e9clarer tombe comme un fruit mur de l\u2019arbre.<\/p>\n

Que ce Je soit un dieu ou un diable quelle importance quand on ne sait m\u00eame plus d\u00e9sormais ce qu\u2019est d\u2019\u00eatre tout simplement humain.<\/p>\n

Cette fille dont je me souviens \u00e9tait un tr\u00e9sor, et aussi le dragon assit sur ce tr\u00e9sor.<\/p>\n

Depuis sa plus tendre enfance elle avait \u00e9t\u00e9 aim\u00e9e, choy\u00e9e, probablement comme une princesse et \u00e9videmment on la destinait \u00e0 \u00e9pouser un prince moderne, m\u00e9decin, chirurgien avocat, etc. Il a fallu qu\u2019elle jette son d\u00e9volu sur le miteux que j\u2019\u00e9tais \u00e0 18 ans. Un farfelu total, d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9 d\u2019avoir sans cesse \u00e0 prouver que j\u2019existe.<\/p>\n

Vivre sans avoir besoin de preuve c\u2019est quelque chose et \u00e7a se voit, \u00e7a se sent.<\/p>\n

Lorsqu\u2019on s\u2019est s\u00e9par\u00e9s elle m\u2019a vaguement parl\u00e9 d\u2019aller je ne sais o\u00f9 pour » faire de l\u2019humanitaire » une fois sa m\u00e9decine achev\u00e9e.<\/p>\n

C\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai compris que m\u00eame les dragons assis sur des tr\u00e9sors peuvent suffoquer et se culpabiliser d\u2019\u00eatre ce qu\u2019ils sont.<\/p>\n

Et dans mon for int\u00e9rieur je me souviens aussi d\u2019avoir esp\u00e9r\u00e9 qu\u2019elle renonce \u00e0 ces conneries, qu\u2019elle assume \u00e0 la fois le dragon et l\u2019or merde ! C\u2019eut \u00e9t\u00e9 la moindre des choses et je n\u2019aurais pas eu par la suite \u00e0 m\u2019endurcir autant apr\u00e8s une telle insulte \u00e0 mon intelligence.<\/p>\n

Je lui en ai \u00e9norm\u00e9ment voulu, en t\u00e2che de fond et durant des ann\u00e9es. Cela a occasionn\u00e9 des ravages car au moindre dragon je me transformais en Saint-Georges et je me barrais avec la caisse.<\/p>\n

Mais heureusement tout finit par m\u2019ennuyer et l\u2019ennui se transforme ensuite, comme le plomb en or, la rage brute en bienveillance, cet antichambre de la gr\u00e2ce.<\/p>\n

Puis quand la gr\u00e2ce s\u2019am\u00e8ne je la vois clairement et j\u2019y renonce<\/p>\n

On ne m\u2019y reprendra plus ; c\u2019est ce que je me dis \u00e0 chaque fois.<\/p>\n

Et bien sur je recommence, je recommence comme un tableau en balan\u00e7ant des couleurs en pagaille sur la surface blanche.<\/p>", "content_text": "Les premiers mois de la vie comptent plus que toute la vie. C\u2019est dans cet intervalle que la plupart de nos perceptions, sensations, d\u00e9sirs et peurs se codifient comme des programmes dont nous ne cesseront d\u2019explorer les variations tout au long de notre vie. Il est tr\u00e8s difficile de prendre de la distance avec ce programme, d\u2019en \u00e9tudier les occurrences, les r\u00e9p\u00e9titions, les boucles sans en \u00eatre sorti. Et si l\u2019on parvient \u00e0 s\u2019en sortir on se trouvera encore plus d\u00e9muni qu\u2019avant bien souvent car la libert\u00e9 de choisir soudain sa propre vie est encore une \u00e9preuve \u00e0 d\u00e9passer. Combien de tout ce que l\u2019on croyait cher, indispensable doit on laisser derri\u00e8re soi pour s\u2019extraire du programme ? Une multitude d\u2019\u00eatres, d\u2019objets, de pens\u00e9es, d\u2019id\u00e9es\u2026 Pour parvenir \u00e0 encore plus de solitude se dira t\u2019on parfois non sans un certain d\u00e9pit. Ou bien pour rejoindre les autres plus intimement se dira t\u2019on aussi. Car \u00eatre vraiment seul est encore un fantasme, une peur, une chim\u00e8re. Tout est connect\u00e9 mais lorsque la conscience en prend conscience l\u2019utilit\u00e9 de le d\u00e9clarer tombe comme un fruit mur de l\u2019arbre. Que ce Je soit un dieu ou un diable quelle importance quand on ne sait m\u00eame plus d\u00e9sormais ce qu\u2019est d\u2019\u00eatre tout simplement humain. Cette fille dont je me souviens \u00e9tait un tr\u00e9sor, et aussi le dragon assit sur ce tr\u00e9sor. Depuis sa plus tendre enfance elle avait \u00e9t\u00e9 aim\u00e9e, choy\u00e9e, probablement comme une princesse et \u00e9videmment on la destinait \u00e0 \u00e9pouser un prince moderne, m\u00e9decin, chirurgien avocat, etc. Il a fallu qu\u2019elle jette son d\u00e9volu sur le miteux que j\u2019\u00e9tais \u00e0 18 ans. Un farfelu total, d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9 d\u2019avoir sans cesse \u00e0 prouver que j\u2019existe. Vivre sans avoir besoin de preuve c\u2019est quelque chose et \u00e7a se voit, \u00e7a se sent. Lorsqu\u2019on s\u2019est s\u00e9par\u00e9s elle m\u2019a vaguement parl\u00e9 d\u2019aller je ne sais o\u00f9 pour \u00bb faire de l\u2019humanitaire \u00bb une fois sa m\u00e9decine achev\u00e9e. C\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai compris que m\u00eame les dragons assis sur des tr\u00e9sors peuvent suffoquer et se culpabiliser d\u2019\u00eatre ce qu\u2019ils sont. Et dans mon for int\u00e9rieur je me souviens aussi d\u2019avoir esp\u00e9r\u00e9 qu\u2019elle renonce \u00e0 ces conneries, qu\u2019elle assume \u00e0 la fois le dragon et l\u2019or merde ! C\u2019eut \u00e9t\u00e9 la moindre des choses et je n\u2019aurais pas eu par la suite \u00e0 m\u2019endurcir autant apr\u00e8s une telle insulte \u00e0 mon intelligence. Je lui en ai \u00e9norm\u00e9ment voulu, en t\u00e2che de fond et durant des ann\u00e9es. Cela a occasionn\u00e9 des ravages car au moindre dragon je me transformais en Saint-Georges et je me barrais avec la caisse. Mais heureusement tout finit par m\u2019ennuyer et l\u2019ennui se transforme ensuite, comme le plomb en or, la rage brute en bienveillance, cet antichambre de la gr\u00e2ce. Puis quand la gr\u00e2ce s\u2019am\u00e8ne je la vois clairement et j\u2019y renonce On ne m\u2019y reprendra plus ; c\u2019est ce que je me dis \u00e0 chaque fois. Et bien sur je recommence, je recommence comme un tableau en balan\u00e7ant des couleurs en pagaille sur la surface blanche. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_5371.jpg?1748065150", "tags": ["id\u00e9es"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/10-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/10-mai-2022.html", "title": "10 mai 2022", "date_published": "2022-05-10T16:23:00Z", "date_modified": "2024-12-10T17:23:39Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n
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acrylique sur papier, travail d’\u00e9l\u00e8ve\n<\/strong><\/div>\n\t \n\t \n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

La valeur est un mot important en peinture. En effet, la valeur est plus que la couleur elle-m\u00eame, c\u2019est elle qui cr\u00e9e l\u2019illusion d\u2019une profondeur, de par les diff\u00e9rents types de contrastes que l\u2019on distribuera dans les plans du tableau.<\/p>\n

Lorsque j\u2019\u00e9voque cette notion de valeur \u00e0 mes \u00e9l\u00e8ves je leur conseille de ne pas en prendre plus de trois ou 4 en incluant parmi celles-ci les basses ombres et les hautes lumi\u00e8res. Au-del\u00e0 de quatre, la confusion s\u2019installe rapidement, un peu comme dans la vie.<\/p>\n

Ce que nous nommons des valeurs dans la vie n’est-ce pas ce qui nous importe, ce qui nous guide et nous limite accessoirement. Avec le temps il est possible que le champs de ces valeurs pl\u00e9thorique au d\u00e9but se r\u00e9duisent drastiquement avec l’\u00e2ge, au m\u00eame titre que se restreignent le superflu, le divertissement commercial facile, l\u2019inutile. Et bien que je n’ai pas encore atteint l’\u00e2ge avanc\u00e9 o\u00f9 parviennent certains vieillards sages et malicieux il me semble que je peux d\u00e9ja pr\u00e9dire que le meilleur synonyme d’utile sera pour moi un jour le n\u00e9cessaire.Car n’est-il pas le signe le plus flagrants que l\u2019\u00e2ge est enfin atteint. On a de moins en moins envie de complication, ni de perdre son temps L\u2019id\u00e9e que la fin est proche nous rend plus circonspect concernant les hypoth\u00e8ses de s’\u00e9garer avant m\u00eame d’\u00eatre mort.
\nOn pourrait alors l’irrepressible envie, tout en invoquant le besoin de vouloir faire le point, comme un marin cherchant la meilleure route pour rentrer au port. Qu\u2019est-ce qui compte vraiment ? Que dois -je retenir de cette exp\u00e9rience de vivre ? Que laisserai-je derri\u00e8re moi ? Que me reste t\u2019il de ce qu\u2019autrefois et \u00e0 tort bien souuvent, j\u2019appelais mes valeurs ?
\nEt surtout ; comment est-ce que je veux vivre ces quelques heures jours, mois ou ann\u00e9es qu\u2019il me reste d\u00e9sormais s’il arrive soudain que j’ai enfin vue sur ce que je juge l’essentiel.<\/p>\n

M\u00eame si je sais que l’essentiel fluctue tout au long de la vie bien souvent \u00e0 force de confondre le but et la valeur.
\nA mon humble avis chaque but que nous nous fixons n\u2019a de v\u00e9ritable raison d\u2019\u00eatre que pour mieux appr\u00e9hender les valeurs qui nous fondent. Ou celles qui ne nous fondent en rien justement.<\/p>\n

Et, cela sera bien sur unique, diff\u00e9rent pour chacun.<\/p>\n

Ainsi, pour explorer la valeur libert\u00e9 qui m\u2019a toujours \u00e9t\u00e9 si ch\u00e8re je n\u2019ai pas cess\u00e9 de me mettre dans des positions d\u2019esclavage. Il en est de m\u00eame je crois de mon \u00e9lan vers l\u2019agitation pour \u00e9tudier cette autre valeur importante qu\u2019est la tranquillit\u00e9.<\/p>\n

J\u2019ai \u00e9tudi\u00e9 la vie comme la peinture de la m\u00eame fa\u00e7on : par les contrastes. C\u2019est \u00e0 dire tout simplement en cherchant \u00e0 percevoir la diff\u00e9rence entre deux valeurs.<\/p>\n

Comme si la seule v\u00e9rit\u00e9 personnelle ( autre valeur importante) que je pouvais accepter raisonnablement comme follement d\u2019ailleurs, se situait toujours \u00e0 la jonction, \u00e0 la fronti\u00e8re des oppos\u00e9s.<\/p>\n

J\u2019ai exp\u00e9riment\u00e9 la libert\u00e9 ainsi que je l\u2019ai comprise par moi-m\u00eame seul et \u00e0 diff\u00e9rents \u00e2ges de mon existence. Je sais parfois, je m’en souviens que la libert\u00e9 m’ennuie tout autant que si je me retrouvais enferm\u00e9 dans un cachot. J\u2019ai exp\u00e9riment\u00e9 l\u2019enfermement et j\u2019y ai d\u00e9couvert une forme de libert\u00e9 in\u00e9dite qui a aiguis\u00e9 ma curiosit\u00e9.<\/p>\n

Puis j\u2019ai perdu de cette curiosit\u00e9 qui n\u2019\u00e9tait pouss\u00e9e que par la volont\u00e9 d\u2019acqu\u00e9rir du savoir ou du pouvoir pour d\u00e9couvrir la compassion en voyant \u00e0 quel point tout le monde se d\u00e9bat plus ou moins avec ces histoires de buts et de valeurs.<\/p>\n

J\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 d\u2019\u00eatre sans but et sans valeur et je suis devenu soudain plus disciplin\u00e9 et moral que jamais en d\u00e9couvrant le quotidien et la r\u00e9gularit\u00e9.<\/p>\n

Ainsi j\u2019ai effectu\u00e9 mon travail de peintre jusqu\u2019au bout je m\u2019en rends compte \u00e0 pr\u00e9sent. Cela ne donne pas un r\u00e9sultat dont je puisse \u00eatre fier outre mesure. La fiert\u00e9 d\u2019ailleurs ne semble pas ou ne semble plus \u00eatre une valeur n\u00e9cessaire plus pas plus que l’orgueil qui se larve dans l’exc\u00e8s de m\u00e9sestime de soi, son reflet invers\u00e9.<\/p>\n

Au demeurant, remontent mes souvenirs de petit gar\u00e7on qui s\u2019interrogeait sur la vie, les questions essentielles : Qui suis-je ? d\u2019o\u00f9 est ce que je viens et ou est ce que je vais ? Autant de questions qui font faire cette moue presque m\u00e9prisante aux bouches adultes.<\/p>\n

J\u2019ai tent\u00e9 de trouver maintes fois des r\u00e9ponses \u00e0 ces questions et il faut bien aujourd\u2019hui accepter le fait qu\u2019aucune de celles ci n\u2019est r\u00e9ellement satisfaisante. Et peut-\u00eatre - est-ce seulement temporaire - il me semble que je perds peu \u00e0 peu ce besoin de vouloir partager les r\u00e9ponses \u00e0 ces vieilles questions. Je n\u2019ai pas de honte, je n\u2019en rougis pas, pas plus que je ne suis fier. Il n\u2019y a pas l\u00e0 de d\u00e9faite pas plus que de victoire.<\/p>\n

Ce que j\u2019ai appris je l\u2019ai appris avec chacun de mes organes diff\u00e9remment que ce soit la cervelle, le c\u0153ur, le colon, les reins, le foie, les couilles, et bien sur le p\u00e9nis sans oublier le trou du cul.<\/p>\n

Chacun de ces organes poss\u00e8de une science particuli\u00e8re de la vie. J\u2019aurais aim\u00e9 pouvoir en rendre compte au travers de mes peintures et de mes textes. Mais m\u00eame cela me semble inutile aujourd\u2019hui.<\/p>\n

J\u2019aurais pouss\u00e9 l\u2019absurdit\u00e9 \u00e0 l\u2019extr\u00eame de ce que je pouvais la supporter, et surement bien au del\u00e0 de ce que les proches qui m\u2019ont c\u00f4toy\u00e9 l\u2019accept\u00e8rent ou l\u2019acceptent encore.<\/p>\n

Evidemment j\u2019ai \u00e9tudi\u00e9 aussi le proche et le lointain par la m\u00eame occasion ainsi.<\/p>\n

Au bout de ce p\u00e9riple, j\u2019ai vraiment parfois la sensation tr\u00e8s nette de parvenir \u00e0 un bout, au bas du tableau, comme au bas de la page, \u00e0 la marge ; mais peut-\u00eatre n\u2019est-ce encore qu\u2019une peur ou un d\u00e9sir, au bout de ce p\u00e9riple donc, je m\u2019aper\u00e7ois qu\u2019il n\u2019y a pas de r\u00e9elle diff\u00e9rence entre deux valeurs que celle que l\u2019on choisit de leur attribuer.<\/p>\n

Dans l\u2019absolu et sans ce choix aucune diff\u00e9rence ne saurait les distinguer l\u2019une de l\u2019autre.<\/p>\n

Il n\u2019y a qu\u2019une immanence face \u00e0 l\u2019immanence, une immanence face \u00e0 elle-m\u00eame et ce n\u2019est restituable ni par la peinture ni par l\u2019\u00e9criture \u00e9videmment. Ce que l’on restitue c’est sans le sentier que nous empruntons pour tenter d’y parvenir. C\u2019est \u00e0 la fois un secret et un silence que l\u2019on emporte avec Soi pour rejoindre les feuilles dans le vent et les oiseaux du ciel.<\/p>", "content_text": "La valeur est un mot important en peinture. En effet, la valeur est plus que la couleur elle-m\u00eame, c\u2019est elle qui cr\u00e9e l\u2019illusion d\u2019une profondeur, de par les diff\u00e9rents types de contrastes que l\u2019on distribuera dans les plans du tableau. Lorsque j\u2019\u00e9voque cette notion de valeur \u00e0 mes \u00e9l\u00e8ves je leur conseille de ne pas en prendre plus de trois ou 4 en incluant parmi celles-ci les basses ombres et les hautes lumi\u00e8res. Au-del\u00e0 de quatre, la confusion s\u2019installe rapidement, un peu comme dans la vie. Ce que nous nommons des valeurs dans la vie n'est-ce pas ce qui nous importe, ce qui nous guide et nous limite accessoirement. Avec le temps il est possible que le champs de ces valeurs pl\u00e9thorique au d\u00e9but se r\u00e9duisent drastiquement avec l'\u00e2ge, au m\u00eame titre que se restreignent le superflu, le divertissement commercial facile, l\u2019inutile. Et bien que je n'ai pas encore atteint l'\u00e2ge avanc\u00e9 o\u00f9 parviennent certains vieillards sages et malicieux il me semble que je peux d\u00e9ja pr\u00e9dire que le meilleur synonyme d'utile sera pour moi un jour le n\u00e9cessaire.Car n'est-il pas le signe le plus flagrants que l\u2019\u00e2ge est enfin atteint. On a de moins en moins envie de complication, ni de perdre son temps L\u2019id\u00e9e que la fin est proche nous rend plus circonspect concernant les hypoth\u00e8ses de s'\u00e9garer avant m\u00eame d'\u00eatre mort. On pourrait alors l'irrepressible envie, tout en invoquant le besoin de vouloir faire le point, comme un marin cherchant la meilleure route pour rentrer au port. Qu\u2019est-ce qui compte vraiment ? Que dois -je retenir de cette exp\u00e9rience de vivre ? Que laisserai-je derri\u00e8re moi ? Que me reste t\u2019il de ce qu\u2019autrefois et \u00e0 tort bien souuvent, j\u2019appelais mes valeurs ? Et surtout; comment est-ce que je veux vivre ces quelques heures jours, mois ou ann\u00e9es qu\u2019il me reste d\u00e9sormais s'il arrive soudain que j'ai enfin vue sur ce que je juge l'essentiel. M\u00eame si je sais que l'essentiel fluctue tout au long de la vie bien souvent \u00e0 force de confondre le but et la valeur. A mon humble avis chaque but que nous nous fixons n\u2019a de v\u00e9ritable raison d\u2019\u00eatre que pour mieux appr\u00e9hender les valeurs qui nous fondent. Ou celles qui ne nous fondent en rien justement. Et, cela sera bien sur unique, diff\u00e9rent pour chacun. Ainsi, pour explorer la valeur libert\u00e9 qui m\u2019a toujours \u00e9t\u00e9 si ch\u00e8re je n\u2019ai pas cess\u00e9 de me mettre dans des positions d\u2019esclavage. Il en est de m\u00eame je crois de mon \u00e9lan vers l\u2019agitation pour \u00e9tudier cette autre valeur importante qu\u2019est la tranquillit\u00e9. J\u2019ai \u00e9tudi\u00e9 la vie comme la peinture de la m\u00eame fa\u00e7on: par les contrastes. C\u2019est \u00e0 dire tout simplement en cherchant \u00e0 percevoir la diff\u00e9rence entre deux valeurs. Comme si la seule v\u00e9rit\u00e9 personnelle ( autre valeur importante) que je pouvais accepter raisonnablement comme follement d\u2019ailleurs, se situait toujours \u00e0 la jonction, \u00e0 la fronti\u00e8re des oppos\u00e9s. J\u2019ai exp\u00e9riment\u00e9 la libert\u00e9 ainsi que je l\u2019ai comprise par moi-m\u00eame seul et \u00e0 diff\u00e9rents \u00e2ges de mon existence. Je sais parfois, je m'en souviens que la libert\u00e9 m'ennuie tout autant que si je me retrouvais enferm\u00e9 dans un cachot. J\u2019ai exp\u00e9riment\u00e9 l\u2019enfermement et j\u2019y ai d\u00e9couvert une forme de libert\u00e9 in\u00e9dite qui a aiguis\u00e9 ma curiosit\u00e9. Puis j\u2019ai perdu de cette curiosit\u00e9 qui n\u2019\u00e9tait pouss\u00e9e que par la volont\u00e9 d\u2019acqu\u00e9rir du savoir ou du pouvoir pour d\u00e9couvrir la compassion en voyant \u00e0 quel point tout le monde se d\u00e9bat plus ou moins avec ces histoires de buts et de valeurs. J\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 d\u2019\u00eatre sans but et sans valeur et je suis devenu soudain plus disciplin\u00e9 et moral que jamais en d\u00e9couvrant le quotidien et la r\u00e9gularit\u00e9. Ainsi j\u2019ai effectu\u00e9 mon travail de peintre jusqu\u2019au bout je m\u2019en rends compte \u00e0 pr\u00e9sent. Cela ne donne pas un r\u00e9sultat dont je puisse \u00eatre fier outre mesure. La fiert\u00e9 d\u2019ailleurs ne semble pas ou ne semble plus \u00eatre une valeur n\u00e9cessaire plus pas plus que l'orgueil qui se larve dans l'exc\u00e8s de m\u00e9sestime de soi, son reflet invers\u00e9. Au demeurant, remontent mes souvenirs de petit gar\u00e7on qui s\u2019interrogeait sur la vie, les questions essentielles : Qui suis-je ? d\u2019o\u00f9 est ce que je viens et ou est ce que je vais ? Autant de questions qui font faire cette moue presque m\u00e9prisante aux bouches adultes. J\u2019ai tent\u00e9 de trouver maintes fois des r\u00e9ponses \u00e0 ces questions et il faut bien aujourd\u2019hui accepter le fait qu\u2019aucune de celles ci n\u2019est r\u00e9ellement satisfaisante. Et peut-\u00eatre - est-ce seulement temporaire - il me semble que je perds peu \u00e0 peu ce besoin de vouloir partager les r\u00e9ponses \u00e0 ces vieilles questions. Je n\u2019ai pas de honte, je n\u2019en rougis pas, pas plus que je ne suis fier. Il n\u2019y a pas l\u00e0 de d\u00e9faite pas plus que de victoire. Ce que j\u2019ai appris je l\u2019ai appris avec chacun de mes organes diff\u00e9remment que ce soit la cervelle, le c\u0153ur, le colon, les reins, le foie, les couilles, et bien sur le p\u00e9nis sans oublier le trou du cul. Chacun de ces organes poss\u00e8de une science particuli\u00e8re de la vie. J\u2019aurais aim\u00e9 pouvoir en rendre compte au travers de mes peintures et de mes textes. Mais m\u00eame cela me semble inutile aujourd\u2019hui. J\u2019aurais pouss\u00e9 l\u2019absurdit\u00e9 \u00e0 l\u2019extr\u00eame de ce que je pouvais la supporter, et surement bien au del\u00e0 de ce que les proches qui m\u2019ont c\u00f4toy\u00e9 l\u2019accept\u00e8rent ou l\u2019acceptent encore. Evidemment j\u2019ai \u00e9tudi\u00e9 aussi le proche et le lointain par la m\u00eame occasion ainsi. Au bout de ce p\u00e9riple, j\u2019ai vraiment parfois la sensation tr\u00e8s nette de parvenir \u00e0 un bout, au bas du tableau, comme au bas de la page, \u00e0 la marge ; mais peut-\u00eatre n\u2019est-ce encore qu\u2019une peur ou un d\u00e9sir, au bout de ce p\u00e9riple donc, je m\u2019aper\u00e7ois qu\u2019il n\u2019y a pas de r\u00e9elle diff\u00e9rence entre deux valeurs que celle que l\u2019on choisit de leur attribuer. Dans l\u2019absolu et sans ce choix aucune diff\u00e9rence ne saurait les distinguer l\u2019une de l\u2019autre. Il n\u2019y a qu\u2019une immanence face \u00e0 l\u2019immanence, une immanence face \u00e0 elle-m\u00eame et ce n\u2019est restituable ni par la peinture ni par l\u2019\u00e9criture \u00e9videmment. Ce que l'on restitue c'est sans le sentier que nous empruntons pour tenter d'y parvenir. C\u2019est \u00e0 la fois un secret et un silence que l\u2019on emporte avec Soi pour rejoindre les feuilles dans le vent et les oiseaux du ciel.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_5683.jpg?1748065215", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/8-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/8-mai-2022.html", "title": "8 mai 2022", "date_published": "2022-05-08T07:45:00Z", "date_modified": "2025-05-01T20:30:55Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "<\/span>

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Acrylique sur papier travail d’\u00e9l\u00e8ve 2022\n<\/strong><\/div>\n\t \n\t \n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

S\u2019enfoncer sous la terre pour aller peindre, c\u2019\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 la tradition il y a 35000 ans.<\/p>\n

Rien de facile, rien de tapageur, pas d\u2019esbroufe.<\/p>\n

Je me sens dans cette proximit\u00e9 l\u00e0 avec ces femmes et ces hommes, avec leur progression dans l\u2019obscurit\u00e9 des galeries, des boyaux, des grottes. Humble face \u00e0 leurs intentions.<\/p>\n

Ici d\u00e9sormais plus de tigre \u00e0 dent de sabre, plus de mammouth, et la grotte doit \u00eatre, elle aussi repens\u00e9e, r\u00e9invent\u00e9e. Tout obstacle doit \u00eatre rafra\u00eechit.<\/p>\n

La jungle des clich\u00e9s, des mots d\u2019ordre, des slogans dans laquelle des furieux sont tapis, pr\u00eats \u00e0 bondir sur leur proie pour survivre.<\/p>\n

Le danger comme le myst\u00e8re, l\u2019effroi sont une n\u00e9cessit\u00e9 pour la paix, la lumi\u00e8re la s\u00e9curit\u00e9 , les uns ne vont pas sans les autres.<\/p>\n

Et parvenir \u00e0 identifier en chaque occasion en soi le pleutre comme la t\u00eate br\u00fbl\u00e9e se c\u00f4toyant dans cette danse est une \u00e9tape. Un virage qui m\u00e8ne vers encore plus d\u2019obscurit\u00e9, et plus de n\u00e9cessit\u00e9 aussi.<\/p>\n


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acrylique sur papier travail d’\u00e9l\u00e8ve 2022\n<\/strong><\/div>\n\t \n\t \n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

La notion d\u2019impeccabilit\u00e9 dont parle Castaneda, ce leurre n\u00e9cessaire pour tisser de l\u2019\u00e9trange, du myst\u00e9rieux lorsqu\u2019on est jeune\u2026et comment la compr\u00e9hension d\u2019un mot peut, elle aussi , se transformer avec le temps, avec l\u2019\u00e2ge jusqu\u2019\u00e0 \u00e9vincer au final tous ces mots, les rel\u00e9guer dans l\u2019inutile.<\/p>\n

Quand l\u2019attirance nous renvoie comme une brindille, apr\u00e8s un long voyage de l\u2019esprit, au travers de tout le compliqu\u00e9 que l\u2019on s\u2019invente , vers la berge, le clapotis permanent du simple.<\/p>\n

C\u2019est un \u00e9quilibre constitu\u00e9 de petits d\u00e9s\u00e9quilibres. Comme on tient le volant d\u2019une voiture, on corrige l\u2019axe par de petits gestes, des micro mouvements des bras et des poignets, sans m\u00eame en \u00eatre conscient.<\/p>\n

Pendant ce temps on pense \u00e0 tout un tas de choses, on attribue de l\u2019importance, une hi\u00e9rarchie, des priorit\u00e9s. On pense \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses roues pour ne pas dire \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses pompes.<\/p>\n


\nSortir de ses gonds c\u2019est ce qu\u2019on nous propose de ne surtout pas faire, et c\u2019est justement pour cela que je n\u2019h\u00e9site jamais.\n

C\u2019est spontan\u00e9, limpide.<\/p>\n

Sinon la r\u00e9serve l\u2019ulc\u00e8re l\u2019encaissement, le faux fuyant pour revenir comme un boomerang\u2026<\/p>\n

Donc comme lorsque je commence un tableau je n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 dire merde ou bite cul, con, couille ! tout haut.<\/p>\n

Puis je recule, un m\u00e8tre ou deux, une journ\u00e9e ou une semaine pour laisser reposer les choses, ou se dissiper l\u2019aveuglement.<\/p>\n

C\u2019est par ce mouvement seulement que j\u2019ai appris une certaine bienveillance et \u00e0 cr\u00e9er de la profondeur.<\/p>\n

Et ma foi si c\u2019\u00e9tait \u00e0 refaire j\u2019emprunterais s\u00fbrement le m\u00eame chemin pour parvenir au m\u00eame but, m\u00eame si je voulais faire autrement.<\/p>\n

Il y a une nature en toute chose, une fois qu\u2019on la d\u00e9couvre l\u2019\u00e9vidence est un baume.<\/p>\n


\nIl faut que le point gris saute par dessus lui-m\u00eame dit Paul Klee. C\u2019est applicable partout\u2026\n

On peut se complaire dans la tristesse et la boue comme dans la fr\u00e9n\u00e9sie de l\u2019hyst\u00e9rique, et ce durant un moment, ou sur les r\u00e9seaux sociaux, appartenir au concert g\u00e9n\u00e9ral bon an mal an\u2026<\/p>\n

Et tout \u00e0 coup s\u2019avancer et jouer sa propre partition en se fichant totalement des avis du chef d\u2019orchestre qui d\u2019ailleurs s\u2019en fiche tout autant en tournant le dos au public.<\/p>\n

Et puis il y a ce type buvant demi sur demi dans cette \u00e9ternit\u00e9 de l\u2019instant, d\u2019o\u00f9 surgit la m\u00e9moire, et qui dit :<\/p>\n

— le cul est le point noir de l\u2019esprit<\/p>\n

Et qui se tait \u00e0 nouveau.<\/p>", "content_text": " S\u2019enfoncer sous la terre pour aller peindre, c\u2019\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 la tradition il y a 35000 ans. Rien de facile, rien de tapageur, pas d\u2019esbroufe. Je me sens dans cette proximit\u00e9 l\u00e0 avec ces femmes et ces hommes, avec leur progression dans l\u2019obscurit\u00e9 des galeries, des boyaux, des grottes. Humble face \u00e0 leurs intentions. Ici d\u00e9sormais plus de tigre \u00e0 dent de sabre, plus de mammouth, et la grotte doit \u00eatre, elle aussi repens\u00e9e, r\u00e9invent\u00e9e. Tout obstacle doit \u00eatre rafra\u00eechit. La jungle des clich\u00e9s, des mots d\u2019ordre, des slogans dans laquelle des furieux sont tapis, pr\u00eats \u00e0 bondir sur leur proie pour survivre. Le danger comme le myst\u00e8re, l\u2019effroi sont une n\u00e9cessit\u00e9 pour la paix, la lumi\u00e8re la s\u00e9curit\u00e9 , les uns ne vont pas sans les autres. Et parvenir \u00e0 identifier en chaque occasion en soi le pleutre comme la t\u00eate br\u00fbl\u00e9e se c\u00f4toyant dans cette danse est une \u00e9tape. Un virage qui m\u00e8ne vers encore plus d\u2019obscurit\u00e9, et plus de n\u00e9cessit\u00e9 aussi. La notion d\u2019impeccabilit\u00e9 dont parle Castaneda, ce leurre n\u00e9cessaire pour tisser de l\u2019\u00e9trange, du myst\u00e9rieux lorsqu\u2019on est jeune\u2026et comment la compr\u00e9hension d\u2019un mot peut, elle aussi , se transformer avec le temps, avec l\u2019\u00e2ge jusqu\u2019\u00e0 \u00e9vincer au final tous ces mots, les rel\u00e9guer dans l\u2019inutile. Quand l\u2019attirance nous renvoie comme une brindille, apr\u00e8s un long voyage de l\u2019esprit, au travers de tout le compliqu\u00e9 que l\u2019on s\u2019invente , vers la berge, le clapotis permanent du simple. C\u2019est un \u00e9quilibre constitu\u00e9 de petits d\u00e9s\u00e9quilibres. Comme on tient le volant d\u2019une voiture, on corrige l\u2019axe par de petits gestes, des micro mouvements des bras et des poignets, sans m\u00eame en \u00eatre conscient. Pendant ce temps on pense \u00e0 tout un tas de choses, on attribue de l\u2019importance, une hi\u00e9rarchie, des priorit\u00e9s. On pense \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses roues pour ne pas dire \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses pompes. Sortir de ses gonds c\u2019est ce qu\u2019on nous propose de ne surtout pas faire, et c\u2019est justement pour cela que je n\u2019h\u00e9site jamais. C\u2019est spontan\u00e9, limpide. Sinon la r\u00e9serve l\u2019ulc\u00e8re l\u2019encaissement, le faux fuyant pour revenir comme un boomerang\u2026 Donc comme lorsque je commence un tableau je n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 dire merde ou bite cul, con, couille! tout haut. Puis je recule, un m\u00e8tre ou deux, une journ\u00e9e ou une semaine pour laisser reposer les choses, ou se dissiper l\u2019aveuglement. C\u2019est par ce mouvement seulement que j\u2019ai appris une certaine bienveillance et \u00e0 cr\u00e9er de la profondeur. Et ma foi si c\u2019\u00e9tait \u00e0 refaire j\u2019emprunterais s\u00fbrement le m\u00eame chemin pour parvenir au m\u00eame but, m\u00eame si je voulais faire autrement. Il y a une nature en toute chose, une fois qu\u2019on la d\u00e9couvre l\u2019\u00e9vidence est un baume. Il faut que le point gris saute par dessus lui-m\u00eame dit Paul Klee. C\u2019est applicable partout\u2026 On peut se complaire dans la tristesse et la boue comme dans la fr\u00e9n\u00e9sie de l\u2019hyst\u00e9rique, et ce durant un moment, ou sur les r\u00e9seaux sociaux, appartenir au concert g\u00e9n\u00e9ral bon an mal an\u2026 Et tout \u00e0 coup s\u2019avancer et jouer sa propre partition en se fichant totalement des avis du chef d\u2019orchestre qui d\u2019ailleurs s\u2019en fiche tout autant en tournant le dos au public. Et puis il y a ce type buvant demi sur demi dans cette \u00e9ternit\u00e9 de l\u2019instant, d\u2019o\u00f9 surgit la m\u00e9moire, et qui dit : \u2014 le cul est le point noir de l\u2019esprit Et qui se tait \u00e0 nouveau. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_5664.webp?1748065091", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires", "peintres"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/7-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/7-mai-2022.html", "title": "7 mai 2022", "date_published": "2022-05-07T07:40:00Z", "date_modified": "2024-12-10T08:40:31Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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L\u2019esclavage. On ne saurait dire \u00e0 quel point il est toujours pr\u00e9sent. Sous diff\u00e9rentes formes souvent insidieuses.<\/p>\n

Par exemple la bonne pens\u00e9e serait de lire chaque jour tout ce que chacun des abonn\u00e9s de ce blog publie.<\/p>\n

Il y a des jours o\u00f9 je me demande si cette bonne pens\u00e9e n\u2019est pas un joug aussi serr\u00e9 finalement que les fers anciens auquel on attachait les boulets.<\/p>\n

En parall\u00e8le bien s\u00fbr la mauvaise pens\u00e9e, qui est cette r\u00e9bellion permanente depuis l\u2019enfance envers toute forme d\u2019autorit\u00e9.<\/p>\n

1848 la date de l\u2019abolition de l\u2019esclavage \u2026 croit-on.<\/p>\n

Entre les deux, cet espace, un aquarium o\u00f9 vit le poisson rouge. Le voici le voil\u00e0 qui monte \u00e0 la surface pour plaquer ses l\u00e8vres contre la membrane t\u00e9nue du moment.<\/p>\n

Peut-\u00eatre bien que oui, peut-\u00eatre bien que non.<\/p>\n

Et puis l\u2019envie furieuse et jouissive de dire merde \u00e0 l\u2019algorithme, associ\u00e9e \u00e0 celle, s\u00e9duisante, de repartir une fois encore<\/p>\n

de z\u00e9ro.<\/p>", "content_text": " L\u2019esclavage. On ne saurait dire \u00e0 quel point il est toujours pr\u00e9sent. Sous diff\u00e9rentes formes souvent insidieuses. Par exemple la bonne pens\u00e9e serait de lire chaque jour tout ce que chacun des abonn\u00e9s de ce blog publie. Il y a des jours o\u00f9 je me demande si cette bonne pens\u00e9e n\u2019est pas un joug aussi serr\u00e9 finalement que les fers anciens auquel on attachait les boulets. En parall\u00e8le bien s\u00fbr la mauvaise pens\u00e9e, qui est cette r\u00e9bellion permanente depuis l\u2019enfance envers toute forme d\u2019autorit\u00e9. 1848 la date de l\u2019abolition de l\u2019esclavage \u2026 croit-on. Entre les deux, cet espace, un aquarium o\u00f9 vit le poisson rouge. Le voici le voil\u00e0 qui monte \u00e0 la surface pour plaquer ses l\u00e8vres contre la membrane t\u00e9nue du moment. Peut-\u00eatre bien que oui, peut-\u00eatre bien que non. Et puis l\u2019envie furieuse et jouissive de dire merde \u00e0 l\u2019algorithme, associ\u00e9e \u00e0 celle, s\u00e9duisante, de repartir une fois encore de z\u00e9ro.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image-10.webp?1748065063", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/6-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/6-mai-2022.html", "title": "6 mai 2022", "date_published": "2022-05-06T07:37:00Z", "date_modified": "2024-12-10T08:38:08Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n\n\t\t\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Et bien m\u00eame si j\u2019ai beaucoup d\u2019affection, de tendresse, tout ce que l\u2019on voudra, en ce qui concerne la chatte , je crois qu\u2019elle n\u2019est pas plus avanc\u00e9e que je ne le suis sur le plan pratique.<\/p>\n

Apr\u00e8s quelques \u00e9changes avec le voisin l\u2019autre jour, il a bien voulu placer une poubelle sous l\u2019auvent de son toit afin qu\u2019elle puisse sauter sur celle-ci et rejoindre la maison comme le ferait n\u2019importe quel f\u00e9lin normalement constitu\u00e9.<\/p>\n

Mais c\u2019est en vain. Elle tourne en rond dans la cour voisine en miaulant au secours aidez-moi, ou quelque chose que je traduis comme « viens me chercher » \u00e9videmment.<\/p>\n

Ce que je fais en pleine nuit , avec cette fois un escabeau.<\/p>\n

Je me retrouve \u00e0 nouveau debout sur le compteur EDF dans la rue \u00e0 vouloir basculer l\u2019escabeau par dessus le mur du voisin. Mais l\u2019engin est plus lourd que l\u2019\u00e9chelle que j\u2019avais utilis\u00e9e ( voir les \u00e9pisodes pr\u00e9c\u00e9dents )<\/p>\n

Donc je bascule le fichu escabeau qui p\u00e8se un \u00e2ne mort, et je m\u2019aper\u00e7ois qu\u2019il est trop court, que les pieds de l\u2019autre cot\u00e9 ne touchent pas le sol.<\/p>\n

La chatte est assise au milieu de la cour du voisin et me regarde faire en miaulant faiblement comme pour dire, c\u2019est quoi ce bidule, tu comptes vraiment que je monte l\u00e0 dessus ?<\/p>\n

j\u2019essaie de l\u2019appeler toujours avec au bout du bras l\u2019engin en esp\u00e9rant qu\u2019une lueur lui vienne pour sauter sur la premi\u00e8re marche et me rejoindre. Mais non.<\/p>\n

On se regarde d\u00e9pit\u00e9s tous les deux.<\/p>\n

Je ram\u00e8ne l\u2019escabeau cot\u00e9 rue, je pousse un juron de plus. Car tout de m\u00eame zut, elle pourrait faire un effort.<\/p>\n

Le voisin a bien plac\u00e9 la poubelle sous son versant du toit. Il ne suffirait que d\u2019un bond pour qu\u2019elle grimpe dessus et de l\u00e0 revienne vers la maison. Mais non, rien \u00e0 faire.<\/p>\n

Penaud, d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9, je reviens \u00e0 la maison mon escabeau au bout du bras. Il ne faut pas faire de bruit car dans la chambre au rez de chauss\u00e9e dort la petite fille. Ce serait la totale.<\/p>\n

Je me resserre un caf\u00e9, allume une nouvelle cigarette. Puis je me dis que \u00e7a n\u2019arrive qu\u2019\u00e0 moi ce genre de p\u00e9rip\u00e9tie et que ce n\u2019est surement pas par hasard. Qu\u2019il y a quelque chose \u00e0 comprendre, surtout lorsque cela se repr\u00e9sente plusieurs fois.<\/p>\n

Soit je me complique trop la vie, soit pas assez. Mais ce qui est sur de plus en plus c\u2019est que pas plus la chatte que moi n\u2019avons invent\u00e9 le fil \u00e0 couper le beurre, ni l\u2019eau chaude.<\/p>\n

On est aussi nigaud l\u2019un que l\u2019autre.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre que \u00e7a nous plait de nous sentir prisonniers, enferm\u00e9s dans ce genre de situation \u00e0 la noix.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que c\u2019est juste une caricature de prison qui nous permet de nous habituer \u00e0 d\u2019autres petit \u00e0 petit, \u00e0 mieux nous familiariser avec cette id\u00e9e\u2026<\/p>\n

Enfin, je suis all\u00e9 chercher le paquet de croquettes que j\u2019ai froiss\u00e9 pour qu\u2019elle reconnaisse le bruit par del\u00e0 les murs et les toits.<\/p>\n

L\u2019appel du ventre\u2026<\/p>\n

Encore faut-il \u00eatre suffisamment affam\u00e9 pour y pr\u00eater la moindre attention.<\/p>\n

Voil\u00e0 peut-\u00eatre la raison ultime, une faim v\u00e9ritable qui nous fera, \u00e0 elle comme \u00e0 moi, retrouver le chemin du bercail, en finir avec la stupidit\u00e9, ce pr\u00e9texte.<\/p>\n


\n<\/span>
\n
\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

L\u2019impression premi\u00e8re de d\u00e9sordre sur la toile ne provient que d\u2019une relation avec un ordre appris, ingurgit\u00e9 p\u00e9niblement.<\/p>\n

Un ordre qui serait commun mais \u00e9tranger \u00e0 une notion toute personnelle de ce que peut \u00eatre v\u00e9ritablement l\u2019ordre.<\/p>\n

Et qui est d\u2019ailleurs \u00e0 terme un fantasme.<\/p>\n

L\u2019ordre est une id\u00e9e, une injonction mentale qui se r\u00e9sume \u00e0 vouloir contr\u00f4ler, donner du sens, supprimer l\u2019al\u00e9a, \u00e9vincer le hasard tout en le faisant exister encore plus comme une entit\u00e9 g\u00eanante, ennemie.<\/p>\n

Mais comment peut- on vraiment nommer un d\u00e9sordre sans effectuer le constat de notre ignorance ?<\/p>\n

Et cette ignorance peut \u00e0 la fois tenir \u00e0 une incompr\u00e9hension des r\u00e8gles sur lesquelles s\u2019appuie une communaut\u00e9 et simultan\u00e9ment \u00e0 ce refus de s\u2019y attacher, puisque justement on, je, ne les comprend pas.<\/p>\n

Le d\u00e9sordre peut donc provenir d\u2019une r\u00e9volte bien sur, comme d\u2019un doute, d\u2019une inaptitude \u00e0 faire confiance au groupe.<\/p>\n

Se d\u00e9marquer par un d\u00e9sordre personnel et maintenir cet \u00e9cart syst\u00e9matiquement et longtemps dans une dur\u00e9e exige plus que de la col\u00e8re, de la tristesse, mais une t\u00e9nacit\u00e9 qui vient d\u2019un but dans l\u2019avenir.<\/p>\n

Ce but on ne le connait pas d\u2019une origine. C\u2019est juste la certitude qu\u2019il y en a un qui joue le r\u00f4le de combustible.<\/p>\n

Je remarque que ce blog est dans le m\u00eame d\u00e9sordre que mon atelier et que ce d\u00e9sordre est toujours la porte d\u2019entr\u00e9e de chacun de mes tableaux.<\/p>\n

Cependant lorsque je veux » ranger » c\u2019est \u00e0 dire la plupart du temps \u00e9liminer le superflu, r\u00e9sumer, simplifier, \u00e7a ne fonctionne que sur les tableaux. Parce que j\u2019accepte que ce soit ma fa\u00e7on personnelle, naturelle si je peux dire de ranger les choses \u00e0 ma sauce, sans me pr\u00e9occuper des autres.<\/p>\n

D\u2019o\u00f9 pas mal de sueurs froides, de maux en tous genres sit\u00f4t que je dois mettre en place des expositions.<\/p>\n

Le doute revient \u00e0 la charge, surtout quand je ne dors pas suffisamment comme ces derniers jours.<\/p>\n

Et si je m\u2019\u00e9tais tromp\u00e9 ?<\/p>\n

Et si tout cela n\u2019\u00e9tait que de la merde ?<\/p>\n

Et si j\u2019\u00e9tais tout simplement une grenouille qui veut se faire aussi grosse qu\u2019un b\u0153uf ?<\/p>\n

C\u2019est bien ce que je disais plus haut, sans la foi rien n\u2019est tenable.<\/p>\n

Et il est probablement n\u00e9cessaire aussi d\u2019en douter fortement, par p\u00e9riode, pour remettre un peu d\u2019ordre aussi dans une confusion incessante entre attirance et r\u00e9pulsion.<\/p>\n

Car s\u2019extraire de la gravit\u00e9, trouver le point exact o\u00f9 s\u2019effectue la sortie, l\u2019\u00e9vasion\u2026 l\u2019antigravit\u00e9 demande de se tenir \u00e0 une certaine distance de ces deux trous noirs tout en faisant partie int\u00e9grante de l\u2019observation.<\/p>\n

On peut r\u00e9sumer les choses plus simplement.<\/p>\n

Il n\u2019y a que la conscience, mais sans le doute, sans le d\u00e9sordre elle ne peut asseoir aucune certitude quant \u00e0 elle-m\u00eame. Tout comme l\u2019infini s\u2019appuie pour s\u2019\u00e9lancer plus avant sur le fini.<\/p>\n

Et quand le dialogue entre la toile et le peintre se nourrit comme par jeu de cette r\u00e9alit\u00e9 c\u2019est de la po\u00e9sie en couleur. Une po\u00e9sie personnelle qui ne se partage peut-\u00eatre pas.<\/p>\n

Il faut aussi beaucoup de t\u00e9nacit\u00e9 pour accepter le fait qu\u2019elle puisse ne pas se partager, qu\u2019elle puisse ne jamais se partager et continuer.<\/p>\n

La certitude qu\u2019un tableau ne pourra jamais se partager totalement, que nul n\u2019y trouvera ce que le peintre lui-m\u00eame y a d\u00e9pos\u00e9 et n\u2019a pas trouv\u00e9.<\/p>", "content_text": "Et bien m\u00eame si j\u2019ai beaucoup d\u2019affection, de tendresse, tout ce que l\u2019on voudra, en ce qui concerne la chatte , je crois qu\u2019elle n\u2019est pas plus avanc\u00e9e que je ne le suis sur le plan pratique. Apr\u00e8s quelques \u00e9changes avec le voisin l\u2019autre jour, il a bien voulu placer une poubelle sous l\u2019auvent de son toit afin qu\u2019elle puisse sauter sur celle-ci et rejoindre la maison comme le ferait n\u2019importe quel f\u00e9lin normalement constitu\u00e9. Mais c\u2019est en vain. Elle tourne en rond dans la cour voisine en miaulant au secours aidez-moi, ou quelque chose que je traduis comme \u00ab viens me chercher \u00bb \u00e9videmment. Ce que je fais en pleine nuit , avec cette fois un escabeau. Je me retrouve \u00e0 nouveau debout sur le compteur EDF dans la rue \u00e0 vouloir basculer l\u2019escabeau par dessus le mur du voisin. Mais l\u2019engin est plus lourd que l\u2019\u00e9chelle que j\u2019avais utilis\u00e9e ( voir les \u00e9pisodes pr\u00e9c\u00e9dents ) Donc je bascule le fichu escabeau qui p\u00e8se un \u00e2ne mort, et je m\u2019aper\u00e7ois qu\u2019il est trop court, que les pieds de l\u2019autre cot\u00e9 ne touchent pas le sol. La chatte est assise au milieu de la cour du voisin et me regarde faire en miaulant faiblement comme pour dire, c\u2019est quoi ce bidule, tu comptes vraiment que je monte l\u00e0 dessus ? j\u2019essaie de l\u2019appeler toujours avec au bout du bras l\u2019engin en esp\u00e9rant qu\u2019une lueur lui vienne pour sauter sur la premi\u00e8re marche et me rejoindre. Mais non. On se regarde d\u00e9pit\u00e9s tous les deux. Je ram\u00e8ne l\u2019escabeau cot\u00e9 rue, je pousse un juron de plus. Car tout de m\u00eame zut, elle pourrait faire un effort. Le voisin a bien plac\u00e9 la poubelle sous son versant du toit. Il ne suffirait que d\u2019un bond pour qu\u2019elle grimpe dessus et de l\u00e0 revienne vers la maison. Mais non, rien \u00e0 faire. Penaud, d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9, je reviens \u00e0 la maison mon escabeau au bout du bras. Il ne faut pas faire de bruit car dans la chambre au rez de chauss\u00e9e dort la petite fille. Ce serait la totale. Je me resserre un caf\u00e9, allume une nouvelle cigarette. Puis je me dis que \u00e7a n\u2019arrive qu\u2019\u00e0 moi ce genre de p\u00e9rip\u00e9tie et que ce n\u2019est surement pas par hasard. Qu\u2019il y a quelque chose \u00e0 comprendre, surtout lorsque cela se repr\u00e9sente plusieurs fois. Soit je me complique trop la vie, soit pas assez. Mais ce qui est sur de plus en plus c\u2019est que pas plus la chatte que moi n\u2019avons invent\u00e9 le fil \u00e0 couper le beurre, ni l\u2019eau chaude. On est aussi nigaud l\u2019un que l\u2019autre. Ou peut-\u00eatre que \u00e7a nous plait de nous sentir prisonniers, enferm\u00e9s dans ce genre de situation \u00e0 la noix. Peut-\u00eatre que c\u2019est juste une caricature de prison qui nous permet de nous habituer \u00e0 d\u2019autres petit \u00e0 petit, \u00e0 mieux nous familiariser avec cette id\u00e9e\u2026 Enfin, je suis all\u00e9 chercher le paquet de croquettes que j\u2019ai froiss\u00e9 pour qu\u2019elle reconnaisse le bruit par del\u00e0 les murs et les toits. L\u2019appel du ventre\u2026 Encore faut-il \u00eatre suffisamment affam\u00e9 pour y pr\u00eater la moindre attention. Voil\u00e0 peut-\u00eatre la raison ultime, une faim v\u00e9ritable qui nous fera, \u00e0 elle comme \u00e0 moi, retrouver le chemin du bercail, en finir avec la stupidit\u00e9, ce pr\u00e9texte. L\u2019impression premi\u00e8re de d\u00e9sordre sur la toile ne provient que d\u2019une relation avec un ordre appris, ingurgit\u00e9 p\u00e9niblement. Un ordre qui serait commun mais \u00e9tranger \u00e0 une notion toute personnelle de ce que peut \u00eatre v\u00e9ritablement l\u2019ordre. Et qui est d\u2019ailleurs \u00e0 terme un fantasme. L\u2019ordre est une id\u00e9e, une injonction mentale qui se r\u00e9sume \u00e0 vouloir contr\u00f4ler, donner du sens, supprimer l\u2019al\u00e9a, \u00e9vincer le hasard tout en le faisant exister encore plus comme une entit\u00e9 g\u00eanante, ennemie. Mais comment peut- on vraiment nommer un d\u00e9sordre sans effectuer le constat de notre ignorance ? Et cette ignorance peut \u00e0 la fois tenir \u00e0 une incompr\u00e9hension des r\u00e8gles sur lesquelles s\u2019appuie une communaut\u00e9 et simultan\u00e9ment \u00e0 ce refus de s\u2019y attacher, puisque justement on, je, ne les comprend pas. Le d\u00e9sordre peut donc provenir d\u2019une r\u00e9volte bien sur, comme d\u2019un doute, d\u2019une inaptitude \u00e0 faire confiance au groupe. Se d\u00e9marquer par un d\u00e9sordre personnel et maintenir cet \u00e9cart syst\u00e9matiquement et longtemps dans une dur\u00e9e exige plus que de la col\u00e8re, de la tristesse, mais une t\u00e9nacit\u00e9 qui vient d\u2019un but dans l\u2019avenir. Ce but on ne le connait pas d\u2019une origine. C\u2019est juste la certitude qu\u2019il y en a un qui joue le r\u00f4le de combustible. Je remarque que ce blog est dans le m\u00eame d\u00e9sordre que mon atelier et que ce d\u00e9sordre est toujours la porte d\u2019entr\u00e9e de chacun de mes tableaux. Cependant lorsque je veux \u00bb ranger \u00bb c\u2019est \u00e0 dire la plupart du temps \u00e9liminer le superflu, r\u00e9sumer, simplifier, \u00e7a ne fonctionne que sur les tableaux. Parce que j\u2019accepte que ce soit ma fa\u00e7on personnelle, naturelle si je peux dire de ranger les choses \u00e0 ma sauce, sans me pr\u00e9occuper des autres. D\u2019o\u00f9 pas mal de sueurs froides, de maux en tous genres sit\u00f4t que je dois mettre en place des expositions. Le doute revient \u00e0 la charge, surtout quand je ne dors pas suffisamment comme ces derniers jours. Et si je m\u2019\u00e9tais tromp\u00e9 ? Et si tout cela n\u2019\u00e9tait que de la merde ? Et si j\u2019\u00e9tais tout simplement une grenouille qui veut se faire aussi grosse qu\u2019un b\u0153uf ? C\u2019est bien ce que je disais plus haut, sans la foi rien n\u2019est tenable. Et il est probablement n\u00e9cessaire aussi d\u2019en douter fortement, par p\u00e9riode, pour remettre un peu d\u2019ordre aussi dans une confusion incessante entre attirance et r\u00e9pulsion. Car s\u2019extraire de la gravit\u00e9, trouver le point exact o\u00f9 s\u2019effectue la sortie, l\u2019\u00e9vasion\u2026 l\u2019antigravit\u00e9 demande de se tenir \u00e0 une certaine distance de ces deux trous noirs tout en faisant partie int\u00e9grante de l\u2019observation. On peut r\u00e9sumer les choses plus simplement. Il n\u2019y a que la conscience, mais sans le doute, sans le d\u00e9sordre elle ne peut asseoir aucune certitude quant \u00e0 elle-m\u00eame. Tout comme l\u2019infini s\u2019appuie pour s\u2019\u00e9lancer plus avant sur le fini. Et quand le dialogue entre la toile et le peintre se nourrit comme par jeu de cette r\u00e9alit\u00e9 c\u2019est de la po\u00e9sie en couleur. Une po\u00e9sie personnelle qui ne se partage peut-\u00eatre pas. Il faut aussi beaucoup de t\u00e9nacit\u00e9 pour accepter le fait qu\u2019elle puisse ne pas se partager, qu\u2019elle puisse ne jamais se partager et continuer. La certitude qu\u2019un tableau ne pourra jamais se partager totalement, que nul n\u2019y trouvera ce que le peintre lui-m\u00eame y a d\u00e9pos\u00e9 et n\u2019a pas trouv\u00e9.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/atelier-1.jpg?1748065066", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/5-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/5-mai-2022.html", "title": "5 mai 2022", "date_published": "2022-05-05T07:33:00Z", "date_modified": "2024-12-10T08:33:45Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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le cerisier Collection priv\u00e9e 2018 huile sur toile\n<\/strong><\/div>\n\t \n\t \n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Un enfant qui r\u00eave d\u2019\u00e9vasion ne peut la r\u00eaver qu\u2019avec ce qu\u2019il trouve tout autour de lui et en lui. Si d\u00e9risoires soient ses outils, et finalement si convenus. Le b\u00e2ton que l\u2019on \u00e9pluche et taille, quelque flaque d\u2019eau apr\u00e8s la pluie, le go\u00fbt acide de l\u2019oseille, et le chapardage de quelques cerises, de pommes et de radis.<\/p>\n

Quel choc alors de franchir le seuil d\u2019une autre maison, d\u2019une autre famille ! C\u2019est comme arriver sur une autre plan\u00e8te, un autre monde, un univers in\u00e9dit.<\/p>\n

Ici les gens parlent une autre langue et dont pourtant l\u2019accent est familier. Un \u00e9cho t\u00e9nu de quelque chose qui, dans l\u2019enfance de l\u2019enfance, est reconnu aussit\u00f4t et on s\u2019en nourrit avidement.<\/p>\n

Pas d\u2019autre \u00e9l\u00e9ment de comparaison que l\u2019ingestion de nourriture.<\/p>\n

cet emportement de la bouche vers la chair ,<\/p>\n

se jeter sur de la viande pour la mordre,<\/p>\n

la d\u00e9chirer \u00e0 pleines dents, presque sans la mastiquer,<\/p>\n

mais l\u2019avaler tout rond, goulument.<\/p>\n

Comparer les deux maisons, les deux familles, ces deux univers tellement distincts, se rendre compte de cette diff\u00e9rence comme d\u2019un gouffre. Sentir dans la poitrine le c\u0153ur qui bat et des sueurs froides en parall\u00e8les ferroviaires.<\/p>\n

Puis constater chez l\u2019autre l\u2019\u00e9l\u00e9gance du geste tenant la fourchette, cette pr\u00e9cision du geste qui conduit sans faille la nourriture \u00e0 la bouche, l\u2019absence d\u2019 empressement, le mouvement r\u00e9gulier des m\u00e2choires qui m\u00e2chent, malaxent les aliments. Suivre la bouch\u00e9e qui d\u00e9passe la glotte ou la luette puis disparait en faisant trembler un cartilage, une pomme d\u2019Adam.<\/p>\n

Et soudain sans comprendre d\u2019o\u00f9 elle vient, se retrouver aux prises avec une envie de meurtre.<\/p>\n

Ce besoin de comparer, d\u2019\u00e9valuer comme d\u2019avaler, c\u2019est une corde que l\u2019enfant tresse pour s\u2019\u00e9vader une fois l\u2019issue d\u00e9couverte. Pour s\u2019\u00e9vader ou pour se pendre.<\/p>\n

C\u2019est ne pas accepter ce qui est, tel que cela est. Caresses et brimades, mots d\u2019amour et d\u2019insultes entrem\u00eal\u00e9s.<\/p>\n

Voil\u00e0 comment participer \u00e0 l\u2019infini. En s\u2019y heurtant continuellement comme pour ne pas cesser de l\u2019\u00e9prouver , rester en contact, en s\u2019absentant pour la plus belle part comme la pire.<\/p>\n


\nPublier sur ce blog m\u2019oblige \u00e0 tenir en joue le ridicule en continu. Ma propre id\u00e9e de ridicule. De ne jamais la perdre de vue, comme une \u00e9vidence. Etre au del\u00e0 du contentement ou de l\u2019insatisfaction aussi, en acceptant le fait que publier c\u2019est r\u00e9duire en poudre le pr\u00e9sent en pass\u00e9. Ne plus s\u2019en pr\u00e9occuper ensuite. Comme si j\u2019allais de texte en texte comme \u00e0 cloche-pied l\u2019instant.\n

Travers\u00e9 comme je l\u2019ai d\u00e9j\u00e0 dit par le vent. Bien sur que tout cela c\u2019est du vent et en m\u00eame temps peut-\u00eatre pas que. Quelques feuilles vives encore, pas tout \u00e0 fait mortes y trainent.<\/p>\n

Mais \u00e0 peine cette pens\u00e9e m\u2019effleure qu\u2019elle aussi s\u2019en va, elle n\u2019existe d\u00e9j\u00e0 plus \u00e0 la fin de cette phrase.<\/p>\n

Cette pierre philosophale que nombreux cherchent, il me semble qu\u2019elle est en lien avec l\u2019instant pr\u00e9sent.<\/p>\n

Peut-\u00eatre aigue au moment du clic sur le bouton bleu.<\/p>\n

Qu\u2019avec lui.<\/p>\n

Cette pierre est l\u2019instant.<\/p>\n

Et si je parviens \u00e0 sauter ainsi de pierre en pierre comme d\u2019instant en instant, \u00e0 gu\u00e9<\/p>\n

mon corps entier peut bien pourrir<\/p>\n

mon esprit reste vif.<\/p>\n

J\u2019y pense et puis j\u2019oublie<\/p>\n

comme dans cette vieille chanson de Dutronc.<\/p>\n


\n<\/span>
\n
\n\n \n\t\t<\/a>\n
\n\t
visage sur papier 2018 gauthier 7 ans\n<\/strong><\/div>\n\t \n\t \n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

visage sur papier, Gauthier 7 ans
\nEcrire ainsi la nuit, quand tout le monde dort. Les petits enfants sont l\u00e0 pour une semaine. Ainsi les journ\u00e9es sont bourr\u00e9es \u00e0 craquer de petits moments qui s\u2019enchainent les uns aux autres sans que la distance ne soit requise. Surtout pas.<\/p>\n

Puis quand je me r\u00e9veille au bout de quelques heures de repos, toute cette distance neuve est l\u00e0.<\/p>\n

J\u2019ai toujours pratiqu\u00e9 ainsi. Entre l\u2019immanence et la distance qui me sert de ligne pour p\u00e9cher dans le courant des choses quelques \u00e9l\u00e9ments \u00e0 retenir, non pour m\u2019en souvenir, mais parce qu\u2019ils symbolisent quelque chose sur laquelle je n\u2019arrive pas \u00e0 poser vraiment le doigt. Une sorte d\u2019\u00e9nigme.<\/p>\n

Un peu comme un tableau finalement que je commence en \u00e9tat de transe, en me remettant au hasard, \u00e0 cette fameuse immanence, dans un premier temps. Puis je pose celui-ci sur le chevalet, je recule de quelques pas et c\u2019est seulement \u00e0 ce moment l\u00e0, lorsque j\u2019arrive \u00e0 une certaine distance que je peux d\u00e9couvrir quelque chose d\u2019insolite. Quelque chose qui ne sera pas un clich\u00e9. Et qui va alors si je peux utiliser ce mot : m\u2019inspirer.<\/p>\n

Puis la vie reprend ses droits et n\u00e9cessite d\u2019expirer.<\/p>\n

Ecrire ainsi c\u2019est une fa\u00e7on d\u2019expirer. Puis dans quelques semaines, quelques mois quelques ann\u00e9es, qu\u2019en sais-je, quand j\u2019aurais pris suffisamment de distance encore, tout cela m\u2019inspirera peut-\u00eatre. Mon projet s\u2019arr\u00eate souvent \u00e0 cela concernant ces textes. A un peut-\u00eatre.<\/p>\n

Mais cela tient plus de l\u2019incantation, d\u2019une petite chanson que l\u2019on se chante \u00e0 soi-m\u00eame.<\/p>\n

Pour que la vie passe vite et en m\u00eame temps intens\u00e9ment, profond\u00e9ment comme une entaille, cette notion de projet a toujours \u00e9t\u00e9 une sorte de d\u2019\u00e9tai ou de b\u00e9quille. Parce que je me sens handicap\u00e9 de la traverser ainsi sans y penser.<\/p>\n

je n\u2019ai pas ce courage l\u00e0.<\/p>", "content_text": " Un enfant qui r\u00eave d\u2019\u00e9vasion ne peut la r\u00eaver qu\u2019avec ce qu\u2019il trouve tout autour de lui et en lui. Si d\u00e9risoires soient ses outils, et finalement si convenus. Le b\u00e2ton que l\u2019on \u00e9pluche et taille, quelque flaque d\u2019eau apr\u00e8s la pluie, le go\u00fbt acide de l\u2019oseille, et le chapardage de quelques cerises, de pommes et de radis. Quel choc alors de franchir le seuil d\u2019une autre maison, d\u2019une autre famille ! C\u2019est comme arriver sur une autre plan\u00e8te, un autre monde, un univers in\u00e9dit. Ici les gens parlent une autre langue et dont pourtant l\u2019accent est familier. Un \u00e9cho t\u00e9nu de quelque chose qui, dans l\u2019enfance de l\u2019enfance, est reconnu aussit\u00f4t et on s\u2019en nourrit avidement. Pas d\u2019autre \u00e9l\u00e9ment de comparaison que l\u2019ingestion de nourriture. cet emportement de la bouche vers la chair , se jeter sur de la viande pour la mordre, la d\u00e9chirer \u00e0 pleines dents, presque sans la mastiquer, mais l\u2019avaler tout rond, goulument. Comparer les deux maisons, les deux familles, ces deux univers tellement distincts, se rendre compte de cette diff\u00e9rence comme d\u2019un gouffre. Sentir dans la poitrine le c\u0153ur qui bat et des sueurs froides en parall\u00e8les ferroviaires. Puis constater chez l\u2019autre l\u2019\u00e9l\u00e9gance du geste tenant la fourchette, cette pr\u00e9cision du geste qui conduit sans faille la nourriture \u00e0 la bouche, l\u2019absence d\u2019 empressement, le mouvement r\u00e9gulier des m\u00e2choires qui m\u00e2chent, malaxent les aliments. Suivre la bouch\u00e9e qui d\u00e9passe la glotte ou la luette puis disparait en faisant trembler un cartilage, une pomme d\u2019Adam. Et soudain sans comprendre d\u2019o\u00f9 elle vient, se retrouver aux prises avec une envie de meurtre. Ce besoin de comparer, d\u2019\u00e9valuer comme d\u2019avaler, c\u2019est une corde que l\u2019enfant tresse pour s\u2019\u00e9vader une fois l\u2019issue d\u00e9couverte. Pour s\u2019\u00e9vader ou pour se pendre. C\u2019est ne pas accepter ce qui est, tel que cela est. Caresses et brimades, mots d\u2019amour et d\u2019insultes entrem\u00eal\u00e9s. Voil\u00e0 comment participer \u00e0 l\u2019infini. En s\u2019y heurtant continuellement comme pour ne pas cesser de l\u2019\u00e9prouver , rester en contact, en s\u2019absentant pour la plus belle part comme la pire. Publier sur ce blog m\u2019oblige \u00e0 tenir en joue le ridicule en continu. Ma propre id\u00e9e de ridicule. De ne jamais la perdre de vue, comme une \u00e9vidence. Etre au del\u00e0 du contentement ou de l\u2019insatisfaction aussi, en acceptant le fait que publier c\u2019est r\u00e9duire en poudre le pr\u00e9sent en pass\u00e9. Ne plus s\u2019en pr\u00e9occuper ensuite. Comme si j\u2019allais de texte en texte comme \u00e0 cloche-pied l\u2019instant. Travers\u00e9 comme je l\u2019ai d\u00e9j\u00e0 dit par le vent. Bien sur que tout cela c\u2019est du vent et en m\u00eame temps peut-\u00eatre pas que. Quelques feuilles vives encore, pas tout \u00e0 fait mortes y trainent. Mais \u00e0 peine cette pens\u00e9e m\u2019effleure qu\u2019elle aussi s\u2019en va, elle n\u2019existe d\u00e9j\u00e0 plus \u00e0 la fin de cette phrase. Cette pierre philosophale que nombreux cherchent, il me semble qu\u2019elle est en lien avec l\u2019instant pr\u00e9sent. Peut-\u00eatre aigue au moment du clic sur le bouton bleu. Qu\u2019avec lui. Cette pierre est l\u2019instant. Et si je parviens \u00e0 sauter ainsi de pierre en pierre comme d\u2019instant en instant, \u00e0 gu\u00e9 mon corps entier peut bien pourrir mon esprit reste vif. J\u2019y pense et puis j\u2019oublie comme dans cette vieille chanson de Dutronc. visage sur papier, Gauthier 7 ans Ecrire ainsi la nuit, quand tout le monde dort. Les petits enfants sont l\u00e0 pour une semaine. Ainsi les journ\u00e9es sont bourr\u00e9es \u00e0 craquer de petits moments qui s\u2019enchainent les uns aux autres sans que la distance ne soit requise. Surtout pas. Puis quand je me r\u00e9veille au bout de quelques heures de repos, toute cette distance neuve est l\u00e0. J\u2019ai toujours pratiqu\u00e9 ainsi. Entre l\u2019immanence et la distance qui me sert de ligne pour p\u00e9cher dans le courant des choses quelques \u00e9l\u00e9ments \u00e0 retenir, non pour m\u2019en souvenir, mais parce qu\u2019ils symbolisent quelque chose sur laquelle je n\u2019arrive pas \u00e0 poser vraiment le doigt. Une sorte d\u2019\u00e9nigme. Un peu comme un tableau finalement que je commence en \u00e9tat de transe, en me remettant au hasard, \u00e0 cette fameuse immanence, dans un premier temps. Puis je pose celui-ci sur le chevalet, je recule de quelques pas et c\u2019est seulement \u00e0 ce moment l\u00e0, lorsque j\u2019arrive \u00e0 une certaine distance que je peux d\u00e9couvrir quelque chose d\u2019insolite. Quelque chose qui ne sera pas un clich\u00e9. Et qui va alors si je peux utiliser ce mot : m\u2019inspirer. Puis la vie reprend ses droits et n\u00e9cessite d\u2019expirer. Ecrire ainsi c\u2019est une fa\u00e7on d\u2019expirer. Puis dans quelques semaines, quelques mois quelques ann\u00e9es, qu\u2019en sais-je, quand j\u2019aurais pris suffisamment de distance encore, tout cela m\u2019inspirera peut-\u00eatre. Mon projet s\u2019arr\u00eate souvent \u00e0 cela concernant ces textes. A un peut-\u00eatre. Mais cela tient plus de l\u2019incantation, d\u2019une petite chanson que l\u2019on se chante \u00e0 soi-m\u00eame. Pour que la vie passe vite et en m\u00eame temps intens\u00e9ment, profond\u00e9ment comme une entaille, cette notion de projet a toujours \u00e9t\u00e9 une sorte de d\u2019\u00e9tai ou de b\u00e9quille. Parce que je me sens handicap\u00e9 de la traverser ainsi sans y penser. je n\u2019ai pas ce courage l\u00e0. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image-8.png?1748065217", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/4-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/4-mai-2022.html", "title": "4 mai 2022", "date_published": "2022-05-04T07:29:00Z", "date_modified": "2024-12-10T08:29:24Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

\n
\n\n\n\t\t\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Dans le journal de Kafka, qui \u00e9crivait lui aussi pas mal de conneries, il faut bien le dire, j\u2019avais \u00e9t\u00e9 ravi de d\u00e9couvrir une page sur laquelle il n\u2019y avait que deux mots.<\/p>\n

« Aujourd\u2019hui, rien. »<\/p>\n

C\u2019est dr\u00f4lement tentant.<\/p>\n

Et mensonger.<\/p>\n

Mais comme je ne suis plus vraiment \u00e0 un mensonge pr\u00e8s\u2026<\/p>\n

je crois que j\u2019ai plus peur de Google que du mensonge en g\u00e9n\u00e9ral, qui m\u2019accuserait de plagiat.<\/p>\n

Mais m\u00eame cette peur l\u00e0 \u00e0 quoi bon ?<\/p>\n

La nouvelle abrupte qu\u2019en moins de 2 minutes la fin du monde serait pli\u00e9e m\u2019atterre<\/p>\n

je n\u2019ai m\u00eame plus envie de me mettre en rogne, de tr\u00e9pigner.<\/p>\n

Je me demande juste comment d\u00e9penser chaque seconde qui reste un peu moins b\u00eatement que d\u2019habitude lorsque je me croyais \u00e9ternel.<\/p>\n

mais, m\u00eame \u00e7a me parait suspect.<\/p>\n

Comme s\u2019il fallait trouver du profit dans tout<\/p>\n

m\u00eame le pire, surtout dans le pire<\/p>\n

Tout \u00e7a \u00e0 cause des Grecs anciens et d\u2019une pens\u00e9e pratique \u00e0 la mords moi le n\u0153ud.<\/p>\n

Y a des jours o\u00f9 j\u2019adorerais \u00eatre n\u00e9 chinois hindou, modeste.<\/p>\n

Et \u00e7a ne me rassure m\u00eame pas<\/p>\n

de constater que je ne suis pas le seul.<\/p>\n<\/span>

\n
\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

En ce moment c\u2019est \u00e0 la quantit\u00e9 de blancs que je peux estimer un tableau. Ces blancs qui recouvrent la couleur surtout. Et qui n\u2019ont pas la m\u00eame charge \u00e9motionnelle que le blanc de r\u00e9serve. Ainsi ce tableau de Miro qui est cens\u00e9 \u00eatre une maternit\u00e9.<\/p>\n

Constater que d\u2019autres sont d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s par l\u00e0 est une \u00e9motion aussi.<\/p>", "content_text": " Dans le journal de Kafka, qui \u00e9crivait lui aussi pas mal de conneries, il faut bien le dire, j\u2019avais \u00e9t\u00e9 ravi de d\u00e9couvrir une page sur laquelle il n\u2019y avait que deux mots. \u00ab Aujourd\u2019hui, rien. \u00bb C\u2019est dr\u00f4lement tentant. Et mensonger. Mais comme je ne suis plus vraiment \u00e0 un mensonge pr\u00e8s\u2026 je crois que j\u2019ai plus peur de Google que du mensonge en g\u00e9n\u00e9ral, qui m\u2019accuserait de plagiat. Mais m\u00eame cette peur l\u00e0 \u00e0 quoi bon ? La nouvelle abrupte qu\u2019en moins de 2 minutes la fin du monde serait pli\u00e9e m\u2019atterre je n\u2019ai m\u00eame plus envie de me mettre en rogne, de tr\u00e9pigner. Je me demande juste comment d\u00e9penser chaque seconde qui reste un peu moins b\u00eatement que d\u2019habitude lorsque je me croyais \u00e9ternel. mais, m\u00eame \u00e7a me parait suspect. Comme s\u2019il fallait trouver du profit dans tout m\u00eame le pire, surtout dans le pire Tout \u00e7a \u00e0 cause des Grecs anciens et d\u2019une pens\u00e9e pratique \u00e0 la mords moi le n\u0153ud. Y a des jours o\u00f9 j\u2019adorerais \u00eatre n\u00e9 chinois hindou, modeste. Et \u00e7a ne me rassure m\u00eame pas de constater que je ne suis pas le seul. En ce moment c\u2019est \u00e0 la quantit\u00e9 de blancs que je peux estimer un tableau. Ces blancs qui recouvrent la couleur surtout. Et qui n\u2019ont pas la m\u00eame charge \u00e9motionnelle que le blanc de r\u00e9serve. Ainsi ce tableau de Miro qui est cens\u00e9 \u00eatre une maternit\u00e9. Constater que d\u2019autres sont d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s par l\u00e0 est une \u00e9motion aussi.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image-7.png?1748065226", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/3-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/3-mai-2022.html", "title": "3 mai 2022", "date_published": "2022-05-03T07:26:00Z", "date_modified": "2025-07-16T21:38:45Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

R\u00e9solution.
\nAutrement dit : tarte \u00e0 la cr\u00e8me, ailleurs, demain.<\/p>\n

Au moins une \u00e0 la minute en p\u00e9riode de crise.
\n-- Ouvrir un blog sur le jazz.
\n-- \u00c9tudier le sanskrit.
\n-- Couper les griffes de la chatte.
\n-- Tout plaquer, partir en for\u00eat.
\n-- Relire Jack London. Jules Verne.<\/p>\n

Un long moment devant le mur de jasmin me remet un peu d\u2019aplomb.<\/p>\n

Mais voil\u00e0 que \u00e7a me reprend.
\nCr\u00e9er des fiches personnages. Que de l\u2019action, pas de blabla.
\nIl marche. Il saute. Il ou elle hurle.<\/p>\n

Et les expos ?
\nFaire les listes. Revoir les prix. Noter les dates. Ne pas s\u2019embrouiller.<\/p>\n

Retourner devant le mur de jasmin — et de ch\u00e8vrefeuille. C\u2019est m\u00e9lang\u00e9.<\/p>\n

Payer l\u2019\u00e9lectricien.
\nArr\u00eater l\u2019abonnement podcast.
\nVider la m\u00e9moire de l\u2019iPad.
\nPeut-\u00eatre apprendre le chinois\u2026<\/p>\n

Refaire le site.
\nRetailler les images.
\n\u00c9crire des choses moins connes.<\/p>\n

Acheter du pain.
\nDes \u0153ufs.
\nDu lait — pour la p\u00e2te \u00e0 beignets.<\/p>\n

Pr\u00e9voir le cin\u00e9ma jeudi.
\nRester calme.
\nL\u2019enfant a dit \u00e0 son p\u00e8re qu\u2019il avait peur de s\u2019ennuyer chez nous.<\/p>\n

R\u00e9parer la trottinette.
\nAtelier tarte aux poires : mardi, donc cet apr\u00e8s-midi. 15-17h.<\/p>\n

Arr\u00eater de fumer.
\nArr\u00eater de prendre des r\u00e9solutions.
\nPrendre les choses comme elles viennent.
\nSurtout celles qui ne viennent pas.<\/p>\n

Scolaires. Voil\u00e0 le mot.<\/p>\n

J\u2019avais tent\u00e9 : timor\u00e9s, engonc\u00e9s, orgueilleux\u2026<\/p>\n

Non. Scolaires.<\/strong>
\nHourra.<\/strong>
\nVous \u00eates beaucoup trop scolaires.
\nVous devez d\u00e9border, nom de Dieu.<\/strong><\/p>", "content_text": " R\u00e9solution. Autrement dit : tarte \u00e0 la cr\u00e8me, ailleurs, demain. Au moins une \u00e0 la minute en p\u00e9riode de crise. \u2014 Ouvrir un blog sur le jazz. \u2014 \u00c9tudier le sanskrit. \u2014 Couper les griffes de la chatte. \u2014 Tout plaquer, partir en for\u00eat. \u2014 Relire Jack London. Jules Verne. Un long moment devant le mur de jasmin me remet un peu d\u2019aplomb. Mais voil\u00e0 que \u00e7a me reprend. Cr\u00e9er des fiches personnages. Que de l\u2019action, pas de blabla. Il marche. Il saute. Il ou elle hurle. Et les expos ? Faire les listes. Revoir les prix. Noter les dates. Ne pas s\u2019embrouiller. Retourner devant le mur de jasmin \u2014 et de ch\u00e8vrefeuille. C\u2019est m\u00e9lang\u00e9. Payer l\u2019\u00e9lectricien. Arr\u00eater l\u2019abonnement podcast. Vider la m\u00e9moire de l\u2019iPad. Peut-\u00eatre apprendre le chinois\u2026 Refaire le site. Retailler les images. \u00c9crire des choses moins connes. Acheter du pain. Des \u0153ufs. Du lait \u2014 pour la p\u00e2te \u00e0 beignets. Pr\u00e9voir le cin\u00e9ma jeudi. Rester calme. L\u2019enfant a dit \u00e0 son p\u00e8re qu\u2019il avait peur de s\u2019ennuyer chez nous. R\u00e9parer la trottinette. Atelier tarte aux poires : mardi, donc cet apr\u00e8s-midi. 15-17h. Arr\u00eater de fumer. Arr\u00eater de prendre des r\u00e9solutions. Prendre les choses comme elles viennent. Surtout celles qui ne viennent pas. Scolaires. Voil\u00e0 le mot. J\u2019avais tent\u00e9 : timor\u00e9s, engonc\u00e9s, orgueilleux\u2026 Non. **Scolaires.** **Hourra.** Vous \u00eates beaucoup trop scolaires. **Vous devez d\u00e9border, nom de Dieu.** ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image-4.webp?1748065171", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/2-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/2-mai-2022.html", "title": "2 mai 2022", "date_published": "2022-05-02T07:22:00Z", "date_modified": "2024-12-10T08:22:59Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

“Bien s\u00fbr que si, que je suis r\u00e9elle !” protesta Alice en se mettant \u00e0 pleurer.<\/p>\n

“Ce n\u2019est pas en pleurant que vous vous rendrez plus r\u00e9elle, fit remarquer Tweedledee ; et il n\u2019y a pas l\u00e0 de quoi pleurer.”<\/p>\n

“Si je n\u2019\u00e9tais pas r\u00e9elle, dit Alice \u2013 en riant \u00e0 demi \u00e0 travers ses larmes, tant tout cela lui semblait ridicule \u2013, je ne serais pas capable de pleurer.”<\/p>\n

“J\u2019esp\u00e8re que vous ne prenez pas ce qui coule de vos yeux pour de vraies larmes ?” demanda Tweedledum sur le ton du plus parfait m\u00e9pris.<\/p>\n

De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 du miroir, chapitre IV Lewis Carroll<\/p>\n

— La tristesse comme la joie sont des pi\u00e8ges qui ne servent qu\u2019\u00e0 capturer l\u2019attention de l\u2019autre. Et c\u2019est avec la plus grande froideur qu\u2019il faut d\u00e9sormais consid\u00e9rer toutes ces fichues \u00e9motions, d\u00e9clara tout \u00e0 coup Charlie.<\/p>\n

— Et le savez-vous, cher ami, dit-il en se retournant vers son cadet, savez-vous que la compassion obtenue ainsi par la ruse est un nectar, que sa robe est d\u2019un rouge plus chatoyant que celle du sang ?<\/p>\n

Puis, faisant encore mine de r\u00e9fl\u00e9chir un peu plus loin et comme pour lui-m\u00eame : Tout bien peser la compassion poss\u00e8de aussi un bien meilleur gout que celui du sang. Quoique l\u2019un n\u2019aille vraisemblablement pas sans l\u2019autre.<\/p>\n

Le soleil descendait sur l\u2019horizon et les champs de tournesols de chaque cot\u00e9 de la d\u00e9partementale avaient pris des tonalit\u00e9s couleur de rouille.<\/p>\n

Les deux jeunes gens n\u2019\u00e9taient pas seuls ils \u00e9taient accompagn\u00e9s de leurs ombres qui cherchaient \u00e0 s\u2019abreuver en s\u2019allongeant \u00e0 leur cot\u00e9s projetant leurs petites t\u00eates dans l\u2019ombre des foss\u00e9s. La pluie avait cess\u00e9 depuis quelques minutes et le clapotis de l\u2019eau filant sa pente, seul, signalait sa pr\u00e9sence avant de disparaitre tout en bas dans le vallon.<\/p>\n

— Est-ce que c\u2019est encore loin Charlie ? demanda le plus jeune \u00e0 son ain\u00e9.<\/p>\n

— Ne me dites pas que vous \u00eates d\u00e9j\u00e0 fatigu\u00e9 Louis, un peu de nerf ! C\u2019est tout \u00e0 fait le genre de question qu\u2019il ne sert \u00e0 rien de se poser . Puis, se reprenant. Nous arriverons avant la nuit je vous le promets, et cela devrait \u00eatre suffisant pour ne plus vous inqui\u00e9ter.<\/p>\n

— Mais j\u2019ai mal aux pieds et j\u2019ai faim tenta \u00e0 nouveau le plus jeune des deux gar\u00e7ons.<\/p>\n

Mais cette fois l\u2019ain\u00e9 resta silencieux et sans m\u00eame tourner le regard vers lui il acc\u00e9l\u00e9ra le pas.<\/p>\n

Ils \u00e9taient partis de la maison \u00e0 peine une heure avant l\u2019aube. Charlie avait nou\u00e9 les draps de leurs lits ensemble, puis il avait balanc\u00e9 cette corde de fortune par la fen\u00eatre du 1er \u00e9tage tout en prenant mille pr\u00e9cautions en l\u2019ouvrant pour ne pas la faire grincer et ne pas \u00e9veiller les autres habitants des lieux. Il avait soulev\u00e9 son jeune fr\u00e8re par les aisselles pour l\u2019aider \u00e0 descendre le premier tout en le rassurant qu\u2019il ne risquerait rien s\u2019il voulait bien lui faire confiance.<\/p>\n

Mais c\u2019\u00e9tait une recommandation inutile. Louis \u00e9tait en admiration totale pour son grand fr\u00e8re.<\/p>\n

Ils \u00e9taient ensuite arriv\u00e9s au bout de l\u2019all\u00e9e de graviers au grand portail et c\u2019est encore Charlie qui s\u2019\u00e9tait occup\u00e9 de l\u2019ouvrir avec minutie puis qui l\u2019avait soigneusement referm\u00e9 derri\u00e8re eux. L\u2019\u00e9clairage public dans le quartier o\u00f9 ils vivaient \u00e9tait chiche, un lampadaire sur deux poss\u00e9dait encore son ampoule intacte.<\/p>\n

— C\u2019est par l\u00e0 dit Charlie \u00e0 Louis n\u2019ayez pas peur, vous n\u2019avez qu\u2019\u00e0 attraper la sangle de mon sac-un petit sac tube dans lequel il avait rang\u00e9 quelques victuailles chip\u00e9es la veille \u00e0 la cuisine pendant que les autres \u00e9taient affal\u00e9s \u00e0 moiti\u00e9 endormis devant la t\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n

Puis ils avaient gravi la pente en s\u2019enfon\u00e7ant de plus en plus dans l\u2019obscurit\u00e9. Apr\u00e8s avoir march\u00e9 un moment ils virent le soleil se lever doucement alors qu\u2019ils parvenaient au sommet de la colline. Le spectacle \u00e9tait grandiose, des nappes de brumes montaient de la terre laissant distinguer entre leurs volutes d\u2019autres collines plus lointaines et tout pr\u00e8s d\u2019eux quelques arbres \u00e0 l\u2019aspect fantomatiques.<\/p>\n

Puis soudain la lumi\u00e8re avait jaillit pour repousser tous les doutes et les \u00e0 priori. La merveilleuse campagne du pays Bourbonnais leur apparut. Cela leur avait donn\u00e9 du baume au c\u0153ur, ils avaient pris le temps de grignoter quelque chose que Charlie avait tir\u00e9 de son sac tout en \u00e9non\u00e7ant son plan d\u2019action.<\/p>\n

— Nous allons devoir marcher toute la journ\u00e9e probablement, c\u2019est une \u00e9preuve qui demande du courage, de l\u2019endurance Louis. Si vous ne vous sentez pas capable il est encore temps de rebrousser chemin. De plus une fois parvenus l\u00e0-bas, le plus dur nous attendra encore. Je vous prie de bien vouloir r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout cela avant de prendre d\u00e9finitivement votre d\u00e9cision.<\/p>\n

— C\u2019est bon Charlie, je vous suivrais en enfer s\u2019il le faut ! avait r\u00e9pondu le jeune homme en essayant de mettre le plus de conviction possible dans cette r\u00e9plique qui appartenait \u00e0 l\u2019un des protagonistes de l\u2019une de ses bandes dessin\u00e9es favorites. Blek le Rock. Tu as pris de l\u2019eau , ajouta t\u2019il en oubliant le vouvoiement.<\/p>\n

— Vous avez pris de l\u2019eau ! Le repris son fr\u00e8re ain\u00e9. Et il extirpa du sac une gourde de plastique qu\u2019il lui tendit avec une pointe de m\u00e9pris.<\/p>\n

— Le tutoiement c\u2019est pour les faibles et les hypocrites cher ami, souvenez-vous en !<\/p>\n

Louis regarda son fr\u00e8re attentivement, mais le regard qu\u2019il trouva n\u2019appelait pas le moindre doute, il ne plaisantait pas, il croyait vraiment \u00e0 ce qu\u2019il disait. Pour la premi\u00e8re fois depuis qu\u2019ils \u00e9taient partis il \u00e9prouva un l\u00e9ger frisson qui n\u2019\u00e9tait pas du \u00e0 la temp\u00e9rature.<\/p>\n

La fin de l\u2019\u00e9t\u00e9 approchait et quelques instants auparavant il venait de s\u2019\u00e9ponger le front apr\u00e8s avoir gravit la grande cote du Cluzeau \u00e0 la sortie de Vallon en Sully.<\/p>\n

Les parents des jeunes gens s\u2019\u00e9taient lev\u00e9s comme \u00e0 l\u2019ordinaire. La femme avait pr\u00e9par\u00e9 le caf\u00e9 et en attendant qu\u2019il coule, elle \u00e9tait all\u00e9e allumer la t\u00e9l\u00e9vision pour suivre une \u00e9mission dans laquelle le couple de pr\u00e9sentateurs pr\u00e9sentait p\u00e8le m\u00eale : une recette de cuisine, quelques conseils de jardinage, et bien sur les divers outils et ustensiles n\u00e9cessaires pour r\u00e9aliser toutes ces choses. Sans omettre d\u2019indiquer le plus de facilit\u00e9s et de marches \u00e0 suivre possibles pour les acqu\u00e9rir soit en magasin, par t\u00e9l\u00e9phone ou par correspondance.<\/p>\n

Vers 10 h ne voyant aucun des deux enfants apparaitre la femme poussa la porte de leur chambre et resta bouche b\u00e9e en apercevant les deux lits jumeaux vides et la fen\u00eatre grande ouverte. Puis elle appela son mari.<\/p>\n

— Claude je crois que nous avons un probl\u00e8me. Elle adorait cette expression sans doute parce qu\u2019\u00e0 chaque fois qu\u2019elle la disait son mari lui r\u00e9pondait qu\u2019il n\u2019y avait jamais pas de probl\u00e8me mais que des solutions. Elle \u00e9tait assez curieuse de voir comment cette fois il allait trouver la solution.<\/p>\n

— Mais c\u2019est pas vrai dit l\u2019homme, quels petits cons !<\/p>\n

Puis il s\u2019en retourna vers la cuisine et s\u2019assit pour avaler son bol de caf\u00e9, le front barr\u00e9 de grosses rides qui signifiait ostensiblement l\u2019inqui\u00e9tude qui \u00e0 cet instant m\u00eame devait \u00eatre en train de le ronger. La femme s\u2019installa aussi et tout en beurrant les tartines ils commenc\u00e8rent \u00e0 \u00e9changer quelques hypoth\u00e8ses.<\/p>\n

— tu y as \u00e9t\u00e9 un peu fort avec Charly, tu n\u2019aurais pas d\u00fb le frapper autant et avec ta ceinture en plus, \u00e7a laisse des traces. Et puis quand tu commences tu ne sais pas t\u2019arr\u00eater, ce n\u2019est pas la premi\u00e8re fois. Il a failli s\u2019\u00e9vanouir encore la derni\u00e8re fois. On aurait l\u2019air fin de devoir appeler le m\u00e9decin.<\/p>\n

— Il m\u2019agace tellement que c\u2019est plus fort que moi. Et quand il me tient t\u00eate \u00e7a me rend carr\u00e9ment dingue.<\/p>\n

— Ce n\u2019est qu\u2019un gamin voyons Claude, tente de temporiser la femme. Il ne comprend pas, il ne comprend rien. tu ne peux pas lui demander autant, il n\u2019a pas v\u00e9cu ce que tu as v\u00e9cu \u00e0 son \u00e2ge. Les temps ont chang\u00e9 les enfants ne sont plus les m\u00eames.<\/p>\n

— Je vais prendre la voiture pour aller voir au canal s\u2019ils n\u2019y sont pas dit l\u2019homme en allumant une cigarette et exhalant lentement une premi\u00e8re bouff\u00e9e.<\/p>\n

— tu crois qu\u2019ils sont partis p\u00e9cher ?<\/p>\n

L\u2019homme ne r\u00e9pond pas il hausse les \u00e9paules.<\/p>\n

— Il faut qu\u2019ils choisissent sp\u00e9cialement le week-end pour m\u2019emmerder dit il d\u2019un ton fatigu\u00e9. Puis il enchaina avec un « on ne va tout de m\u00eame pas appeler la gendarmerie » \u2026 comme s\u2019il se parlait \u00e0 lui-m\u00eame cette fois.<\/p>\n

Le p\u00e8re avait referm\u00e9 le portail et rejoint son v\u00e9hicule gar\u00e9 devant la maison. Une Ami 8 flambant neuve, une voiture de service que lui pr\u00eatait la soci\u00e9t\u00e9 dans laquelle il travaillait. L\u2019odeur de cuir et de plastique neuf le rassura un peu, puis il d\u00e9marra pour se rendre dans la direction du canal.<\/p>\n

Avec un peu de chance ils seraient l\u00e0 se disait-il tout en n\u2019y croyant pas beaucoup. Il avait prit le temps de regarder le hangar o\u00f9 \u00e9tait rang\u00e9 le mat\u00e9riel de p\u00e8che et visiblement personne n\u2019y avait p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 depuis plusieurs jours.<\/p>\n

N\u00e9anmoins il rejoint le pont puis tourna vers l\u2019All\u00e9e des soupirs et gara son v\u00e9hicule pour se rendre \u00e0 l\u2019endroit favori des deux enfants lorsqu\u2019ils allaient p\u00e9cher. Bien sur il ne vit personne. Et il poussa un nouveau juron.<\/p>\n

Puis il prit encore un petit moment avant de tourner la clef de contact de l\u2019Ami 8, il alluma une cigarette pour faire le point.<\/p>\n

Qu\u2019allait il pouvoir dire aux gendarmes pour expliquer cette fugue car c\u2019\u00e9tait d\u00e9sormais une \u00e9vidence il s\u2019agissait de \u00e7a ni plus ni moins. Il s\u2019en voulait de tout un tas de choses soudainement, ce genre de choses auxquelles on ne pense gu\u00e8re mais qui reviennent par la bande en certaines occasions d\u00e9sagr\u00e9ables. Comme le fait d\u2019\u00eatre col\u00e9rique et impulsif par exemple. Comme le fait de ne pas savoir s\u2019arr\u00eater lorsqu\u2019il commen\u00e7ait \u00e0 frapper Charlie.<\/p>\n

Il n\u2019y avait personne \u00e0 l\u2019accueil lorsque l\u2019homme fit irruption dans le poste de gendarmerie. Au loin il lui sembla entendre des voix en train de discuter dans un bureau et il s\u2019engagea aussit\u00f4t dans le couloir qui menait vers celui-ci.<\/p>\n

Deux hommes en uniforme \u00e9taient attabl\u00e9s en train de boire un caf\u00e9 et ils furent surpris de le voir p\u00e9n\u00e9trer dans la pi\u00e8ce.<\/p>\n

— Je veux parler au responsable dit Claude avec un ton bourru. Il avait pris cette habitude de toujours vouloir s\u2019adresser au responsable. Que ce soit dans un magasin, dans une soci\u00e9t\u00e9 o\u00f9 il se rendait pour prospecter de nouveau clients pour son travail, au centre des imp\u00f4ts, \u00e0 la banque, il ne semblait pas pouvoir supporter de s\u2019adresser \u00e0 qui que ce soit d\u2019autre. Comme s\u2019il d\u00e9sirait adresser convenablement son effort que ce soit celui de placer ses produits ou de se d\u00e9verser sa col\u00e8re \u00e0 la bonne personne.<\/p>\n

Et la plupart du temps \u00e7a fonctionnait plut\u00f4t assez bien. D\u2019ailleurs pouvait il y avoir quelqu\u2019un d\u2019autre que la personne responsable qui pouvait r\u00e9ellement agir, prendre la moindre d\u00e9cision, dans une situation une configuration donn\u00e9e ? C\u2019\u00e9tait pour lui d\u2019une logique \u00e9l\u00e9mentaire.<\/p>\n

— Il n\u2019est pas l\u00e0 c\u2019est le week-end lui r\u00e9pondit-on tout en l\u2019enjoignant de rejoindre l\u2019accueil ou l\u2019un des brigadier reprit son poste derri\u00e8re le comptoir puis lui demanda quel \u00e9tait son probl\u00e8me.<\/p>\n

— Quel est v\u00f4tre probl\u00e8me Monsieur. Et c\u2019\u00e9tait dit avec un ton tellement m\u00e9prisant eut il l\u2019impression qu\u2019il sentit la col\u00e8re s\u2019emparer de lui imm\u00e9diatement.<\/p>\n

— Comment \u00e7a il n\u2019y a pas de responsable ? vous devez avoir un num\u00e9ro de t\u00e9l\u00e9phone o\u00f9 le joindre oui ou non ? appelez le. Lan\u00e7a t\u2019il exc\u00e9d\u00e9.<\/p>\n

— Et bien c\u2019est sa journ\u00e9e de cong\u00e9s r\u00e9pliqua l\u2019autre qui visiblement faisait un effort de patience. Mais si vous voulez bien m\u2019\u00e9noncer les faits\u2026<\/p>\n

— Ecoutez c\u2019est moi qui vous paie oui ou merde ? je ne vous demande jamais rien en g\u00e9n\u00e9ral mais l\u00e0 je ne veux m\u2019adresser qu\u2019\u00e0 votre responsable<\/p>\n

— Calmez vous s\u2019il vous plait je comprends que vous ayez un probl\u00e8me monsieur ce n\u2019est pas n\u00e9cessaire d\u2019\u00eatre impoli pour autant et je vous garantis que je peux tout \u00e0 fait m\u2019en occuper aussi bien que le responsable, nous sommes l\u00e0 pour \u00e7a.<\/p>\n

— Vous \u00eates vraiment une bande de branquignoles l\u00e2cha l\u2019homme soudainement. Puis il se souvint de la raison pour laquelle il avait pouss\u00e9 la porte de la gendarmerie. Il allait s\u2019en aller en claquant la porte lorsque tout \u00e0 coup il s\u2019en souvint.<\/p>\n

Peu avant 15 heures le temps se mit \u00e0 changer brutalement. Les deux enfants avaient trouv\u00e9 un coin paisible au bord de l\u2019Aumance \u00e0 la hauteur d\u2019H\u00e9risson pour d\u00e9jeuner. Ils eurent \u00e0 peine le temps de se r\u00e9fugier sous le pont que de grosses gouttes se mirent \u00e0 tomber.<\/p>\n

— On ne peut pas rester bloqu\u00e9 ici trop longtemps dit Charlie, il faut qu\u2019on y aille, et il fit un clin d\u2019\u0153il \u00e0 Louis en extirpant du fond de son sac deux Kway roul\u00e9s en boules compactes. Toujours se renseigner sur la m\u00e9t\u00e9o ajouta t\u2019il en tendant le v\u00eatement \u00e0 Louis.<\/p>\n

Et ils repartirent sous la pluie<\/p>\n

— On a encore combien de kilom\u00e8tres \u00e0 faire demanda Louis<\/p>\n

— Une bonne vingtaine encore il faut pas trainer et puis si on marche \u00e0 une bonne cadence si on se concentre sur la marche vous verrez qu\u2019on ne sentira bient\u00f4t plus la pluie. Il ne faut pas se laisser impressionner par les \u00e9motions pas plus que par les intemp\u00e9ries.<\/p>\n

Vers 22 heures le v\u00e9hicule de la gendarmerie se gara devant l\u2019Amy 8. La m\u00e8re \u00e9tait \u00e0 la fen\u00eatre derri\u00e8re les rideaux, c\u2019\u00e9tait presque la fin du film sur la une. Son regard alternait entre le poste de t\u00e9l\u00e9vision et ce qui \u00e9tait en train de se passer dehors. Elle vit les hommes en uniforme ouvrir les portes pour faire sortir les deux enfants en m\u00eame temps que John Wayne embrassait enfin Maureen O\u2019Hara. Et elle poussa un soupir de soulagement. Puis secoua le bras de son \u00e9poux assoupi sur le canap\u00e9.<\/p>\n

— R\u00e9veille toi on les a retrouv\u00e9s.<\/p>\n

— C\u2019est une dame de Saint-Bonnet qui nous a t\u00e9l\u00e9phon\u00e9 en les voyant errer dans le bourg dit l\u2019un gendarmes dont la moustache pensa t\u2019elle ressemblait \u00e0 celle d\u2019Errol Flynn.<\/p>\n

Il y eut des remerciements de la part des parents mais l\u2019un des deux gendarmes ajouta qu\u2019il y aurait une suite, que forc\u00e9ment une enqu\u00eate serait ouverte, car ce n\u2019\u00e9tait pas normal que des enfants si jeunes commencent \u00e0 fuguer.<\/p>\n

— Vous vous rendez compte 8 et 6 ans\u2026 c\u2019est compl\u00e8tement absurde ajouta le gendarme qui avait l\u2019\u00e2ge du p\u00e8re.<\/p>\n

Ils se regard\u00e8rent un instant en silence puis les flics salu\u00e8rent les parents et retourn\u00e8rent \u00e0 leur v\u00e9hicule.<\/p>\n

Les deux enfants \u00e9taient l\u00e0 au milieu du salon devant la t\u00e9l\u00e9.<\/p>\n

— Charlie que tu fasses des conneries \u2026 mais qu\u2019en plus tu entraines ton fr\u00e8re, ce n\u2019est pas possible dit le p\u00e8re en d\u00e9grafant sa ceinture.<\/p>\n

Puis il agrippa le gamin et comme d\u2019habitude il ne connut plus aucune limite.<\/p>\n

Mais Charlie tint bon. Il serra les dents aussi fort aussi longtemps qu\u2019il put.<\/p>\n

— La tristesse comme la joie, et toute la cohorte des \u00e9motions ne sont que des pi\u00e8ges pour capturer l\u2019attention se r\u00e9p\u00e9ta t\u2019il encore une fois avant de s\u2019\u00e9vanouir encore une fois, de ne plus rien sentir du tout<\/p>\n


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Il y a des cons qui savent tout sur tout. Parce qu\u2019ils se pensent « riches » nantis d\u2019une exp\u00e9rience particuli\u00e8re dont ils font une g\u00e9n\u00e9ralit\u00e9. De l\u00e0 \u00e0 ass\u00e9ner leur v\u00e9rit\u00e9 \u00e0 tout bout de champs pour un oui pour un non, comme pour toujours mieux la conforter, se rassurer, se barricader derri\u00e8re celle-ci.<\/p>\n

Nous sommes tous cons plus ou moins de cette m\u00eame fa\u00e7on. Et ce qui nous h\u00e9risse n\u2019est rien d\u2019autre que ce reflet projet\u00e9 par une intention trouble que nous apercevons \u00e0 la surface de ceux que nous nommons les autres.<\/p>\n

Mais ce ne seront jamais les autres vraiment, ce ne seront jamais autre chose que des satellites de nous m\u00eames tant que nous restons enferm\u00e9s dans cette pseudo v\u00e9rit\u00e9.<\/p>\n

Le r\u00e9seau social est le lieu id\u00e9al dans lequel tournent en rond toutes ces petites v\u00e9rit\u00e9s qu\u2019on ne cesse d\u2019assener dans le vide finalement.<\/p>\n

Il n\u2019a de social qu\u2019une apparence car ce n\u2019est pas autre chose qu\u2019un agglom\u00e9rat de solitudes retourn\u00e9es contre elles-m\u00eames, de singularit\u00e9s mal dig\u00e9r\u00e9es, une gr\u00e9garit\u00e9 de col\u00e8res, d\u2019\u00e9lans fumeux, d\u2019ignorances enfouies dans le p\u00e9remptoire le mot d\u2019ordre, le slogan.<\/p>\n

A de tr\u00e8s rares exceptions pr\u00e8s, suffisantes pour valider la r\u00e8gle ou pour donner l\u2019illusion qu\u2019il est possible de s\u2019\u00e9vader de cette taule communautaire.<\/p>\n

Il ne suffit pas d\u2019\u00eatre seulement , il faut encore beaucoup le paraitre. Mettre son grain de sel \u00e0 toutes les sauces, se donner la sensation de participer \u00e0 la man\u0153uvre.<\/p>\n

Je retrouve une saine fatigue enfin. Celle qui me guide depuis toujours \u00e0 me d\u00e9barrasser de tout ce qui ne convient pas, de ce qui m\u2019entrave pour voir, tout en sachant d\u00e9j\u00e0 que j\u2019y verrais encore moins. Que la moindre clart\u00e9 per\u00e7ue me vaudra de plus grandes opacit\u00e9s encore.<\/p>\n

Il suffit juste de prendre une bonne respiration, un peu de blanc et de nettoyer tout le bavardage, et tant pis si rien n\u2019en sort qu\u2019une pauvre image qui ne veut rien dire au monde sinon que je n\u2019ai pas grand chose \u00e0 lui dire.<\/p>", "content_text": "\u201cBien s\u00fbr que si, que je suis r\u00e9elle !\u201d protesta Alice en se mettant \u00e0 pleurer. \u201cCe n\u2019est pas en pleurant que vous vous rendrez plus r\u00e9elle, fit remarquer Tweedledee ; et il n\u2019y a pas l\u00e0 de quoi pleurer.\u201d \u201cSi je n\u2019\u00e9tais pas r\u00e9elle, dit Alice \u2013 en riant \u00e0 demi \u00e0 travers ses larmes, tant tout cela lui semblait ridicule \u2013, je ne serais pas capable de pleurer.\u201d \u201cJ\u2019esp\u00e8re que vous ne prenez pas ce qui coule de vos yeux pour de vraies larmes ?\u201d demanda Tweedledum sur le ton du plus parfait m\u00e9pris. De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 du miroir, chapitre IV Lewis Carroll \u2014La tristesse comme la joie sont des pi\u00e8ges qui ne servent qu\u2019\u00e0 capturer l\u2019attention de l\u2019autre. Et c\u2019est avec la plus grande froideur qu\u2019il faut d\u00e9sormais consid\u00e9rer toutes ces fichues \u00e9motions, d\u00e9clara tout \u00e0 coup Charlie. \u2014 Et le savez-vous, cher ami, dit-il en se retournant vers son cadet, savez-vous que la compassion obtenue ainsi par la ruse est un nectar, que sa robe est d\u2019un rouge plus chatoyant que celle du sang ? Puis, faisant encore mine de r\u00e9fl\u00e9chir un peu plus loin et comme pour lui-m\u00eame : Tout bien peser la compassion poss\u00e8de aussi un bien meilleur gout que celui du sang. Quoique l\u2019un n\u2019aille vraisemblablement pas sans l\u2019autre. Le soleil descendait sur l\u2019horizon et les champs de tournesols de chaque cot\u00e9 de la d\u00e9partementale avaient pris des tonalit\u00e9s couleur de rouille. Les deux jeunes gens n\u2019\u00e9taient pas seuls ils \u00e9taient accompagn\u00e9s de leurs ombres qui cherchaient \u00e0 s\u2019abreuver en s\u2019allongeant \u00e0 leur cot\u00e9s projetant leurs petites t\u00eates dans l\u2019ombre des foss\u00e9s. La pluie avait cess\u00e9 depuis quelques minutes et le clapotis de l\u2019eau filant sa pente, seul, signalait sa pr\u00e9sence avant de disparaitre tout en bas dans le vallon. \u2014 Est-ce que c\u2019est encore loin Charlie ? demanda le plus jeune \u00e0 son ain\u00e9. \u2014 Ne me dites pas que vous \u00eates d\u00e9j\u00e0 fatigu\u00e9 Louis, un peu de nerf ! C\u2019est tout \u00e0 fait le genre de question qu\u2019il ne sert \u00e0 rien de se poser . Puis, se reprenant. Nous arriverons avant la nuit je vous le promets, et cela devrait \u00eatre suffisant pour ne plus vous inqui\u00e9ter. \u2014 Mais j\u2019ai mal aux pieds et j\u2019ai faim tenta \u00e0 nouveau le plus jeune des deux gar\u00e7ons. Mais cette fois l\u2019ain\u00e9 resta silencieux et sans m\u00eame tourner le regard vers lui il acc\u00e9l\u00e9ra le pas. Ils \u00e9taient partis de la maison \u00e0 peine une heure avant l\u2019aube. Charlie avait nou\u00e9 les draps de leurs lits ensemble, puis il avait balanc\u00e9 cette corde de fortune par la fen\u00eatre du 1er \u00e9tage tout en prenant mille pr\u00e9cautions en l\u2019ouvrant pour ne pas la faire grincer et ne pas \u00e9veiller les autres habitants des lieux. Il avait soulev\u00e9 son jeune fr\u00e8re par les aisselles pour l\u2019aider \u00e0 descendre le premier tout en le rassurant qu\u2019il ne risquerait rien s\u2019il voulait bien lui faire confiance. Mais c\u2019\u00e9tait une recommandation inutile. Louis \u00e9tait en admiration totale pour son grand fr\u00e8re. Ils \u00e9taient ensuite arriv\u00e9s au bout de l\u2019all\u00e9e de graviers au grand portail et c\u2019est encore Charlie qui s\u2019\u00e9tait occup\u00e9 de l\u2019ouvrir avec minutie puis qui l\u2019avait soigneusement referm\u00e9 derri\u00e8re eux. L\u2019\u00e9clairage public dans le quartier o\u00f9 ils vivaient \u00e9tait chiche, un lampadaire sur deux poss\u00e9dait encore son ampoule intacte. \u2014 C\u2019est par l\u00e0 dit Charlie \u00e0 Louis n\u2019ayez pas peur, vous n\u2019avez qu\u2019\u00e0 attraper la sangle de mon sac-un petit sac tube dans lequel il avait rang\u00e9 quelques victuailles chip\u00e9es la veille \u00e0 la cuisine pendant que les autres \u00e9taient affal\u00e9s \u00e0 moiti\u00e9 endormis devant la t\u00e9l\u00e9vision. Puis ils avaient gravi la pente en s\u2019enfon\u00e7ant de plus en plus dans l\u2019obscurit\u00e9. Apr\u00e8s avoir march\u00e9 un moment ils virent le soleil se lever doucement alors qu\u2019ils parvenaient au sommet de la colline. Le spectacle \u00e9tait grandiose, des nappes de brumes montaient de la terre laissant distinguer entre leurs volutes d\u2019autres collines plus lointaines et tout pr\u00e8s d\u2019eux quelques arbres \u00e0 l\u2019aspect fantomatiques. Puis soudain la lumi\u00e8re avait jaillit pour repousser tous les doutes et les \u00e0 priori. La merveilleuse campagne du pays Bourbonnais leur apparut. Cela leur avait donn\u00e9 du baume au c\u0153ur, ils avaient pris le temps de grignoter quelque chose que Charlie avait tir\u00e9 de son sac tout en \u00e9non\u00e7ant son plan d\u2019action. \u2014 Nous allons devoir marcher toute la journ\u00e9e probablement, c\u2019est une \u00e9preuve qui demande du courage, de l\u2019endurance Louis. Si vous ne vous sentez pas capable il est encore temps de rebrousser chemin. De plus une fois parvenus l\u00e0-bas, le plus dur nous attendra encore. Je vous prie de bien vouloir r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout cela avant de prendre d\u00e9finitivement votre d\u00e9cision. \u2014 C\u2019est bon Charlie, je vous suivrais en enfer s\u2019il le faut ! avait r\u00e9pondu le jeune homme en essayant de mettre le plus de conviction possible dans cette r\u00e9plique qui appartenait \u00e0 l\u2019un des protagonistes de l\u2019une de ses bandes dessin\u00e9es favorites. Blek le Rock. Tu as pris de l\u2019eau , ajouta t\u2019il en oubliant le vouvoiement. \u2014 Vous avez pris de l\u2019eau! Le repris son fr\u00e8re ain\u00e9. Et il extirpa du sac une gourde de plastique qu\u2019il lui tendit avec une pointe de m\u00e9pris. \u2014 Le tutoiement c\u2019est pour les faibles et les hypocrites cher ami, souvenez-vous en ! Louis regarda son fr\u00e8re attentivement, mais le regard qu\u2019il trouva n\u2019appelait pas le moindre doute, il ne plaisantait pas, il croyait vraiment \u00e0 ce qu\u2019il disait. Pour la premi\u00e8re fois depuis qu\u2019ils \u00e9taient partis il \u00e9prouva un l\u00e9ger frisson qui n\u2019\u00e9tait pas du \u00e0 la temp\u00e9rature. La fin de l\u2019\u00e9t\u00e9 approchait et quelques instants auparavant il venait de s\u2019\u00e9ponger le front apr\u00e8s avoir gravit la grande cote du Cluzeau \u00e0 la sortie de Vallon en Sully. Les parents des jeunes gens s\u2019\u00e9taient lev\u00e9s comme \u00e0 l\u2019ordinaire. La femme avait pr\u00e9par\u00e9 le caf\u00e9 et en attendant qu\u2019il coule, elle \u00e9tait all\u00e9e allumer la t\u00e9l\u00e9vision pour suivre une \u00e9mission dans laquelle le couple de pr\u00e9sentateurs pr\u00e9sentait p\u00e8le m\u00eale: une recette de cuisine, quelques conseils de jardinage, et bien sur les divers outils et ustensiles n\u00e9cessaires pour r\u00e9aliser toutes ces choses. Sans omettre d\u2019indiquer le plus de facilit\u00e9s et de marches \u00e0 suivre possibles pour les acqu\u00e9rir soit en magasin, par t\u00e9l\u00e9phone ou par correspondance. Vers 10 h ne voyant aucun des deux enfants apparaitre la femme poussa la porte de leur chambre et resta bouche b\u00e9e en apercevant les deux lits jumeaux vides et la fen\u00eatre grande ouverte. Puis elle appela son mari. \u2014 Claude je crois que nous avons un probl\u00e8me. Elle adorait cette expression sans doute parce qu\u2019\u00e0 chaque fois qu\u2019elle la disait son mari lui r\u00e9pondait qu\u2019il n\u2019y avait jamais pas de probl\u00e8me mais que des solutions. Elle \u00e9tait assez curieuse de voir comment cette fois il allait trouver la solution. \u2014 Mais c\u2019est pas vrai dit l\u2019homme, quels petits cons ! Puis il s\u2019en retourna vers la cuisine et s\u2019assit pour avaler son bol de caf\u00e9, le front barr\u00e9 de grosses rides qui signifiait ostensiblement l\u2019inqui\u00e9tude qui \u00e0 cet instant m\u00eame devait \u00eatre en train de le ronger. La femme s\u2019installa aussi et tout en beurrant les tartines ils commenc\u00e8rent \u00e0 \u00e9changer quelques hypoth\u00e8ses. \u2014 tu y as \u00e9t\u00e9 un peu fort avec Charly, tu n\u2019aurais pas d\u00fb le frapper autant et avec ta ceinture en plus, \u00e7a laisse des traces. Et puis quand tu commences tu ne sais pas t\u2019arr\u00eater, ce n\u2019est pas la premi\u00e8re fois. Il a failli s\u2019\u00e9vanouir encore la derni\u00e8re fois. On aurait l\u2019air fin de devoir appeler le m\u00e9decin. \u2014 Il m\u2019agace tellement que c\u2019est plus fort que moi. Et quand il me tient t\u00eate \u00e7a me rend carr\u00e9ment dingue. \u2014 Ce n\u2019est qu\u2019un gamin voyons Claude, tente de temporiser la femme. Il ne comprend pas, il ne comprend rien. tu ne peux pas lui demander autant, il n\u2019a pas v\u00e9cu ce que tu as v\u00e9cu \u00e0 son \u00e2ge. Les temps ont chang\u00e9 les enfants ne sont plus les m\u00eames. \u2014 Je vais prendre la voiture pour aller voir au canal s\u2019ils n\u2019y sont pas dit l\u2019homme en allumant une cigarette et exhalant lentement une premi\u00e8re bouff\u00e9e. \u2014 tu crois qu\u2019ils sont partis p\u00e9cher ? L\u2019homme ne r\u00e9pond pas il hausse les \u00e9paules. \u2014 Il faut qu\u2019ils choisissent sp\u00e9cialement le week-end pour m\u2019emmerder dit il d\u2019un ton fatigu\u00e9. Puis il enchaina avec un \u00ab on ne va tout de m\u00eame pas appeler la gendarmerie \u00bb \u2026 comme s\u2019il se parlait \u00e0 lui-m\u00eame cette fois. Le p\u00e8re avait referm\u00e9 le portail et rejoint son v\u00e9hicule gar\u00e9 devant la maison. Une Ami 8 flambant neuve, une voiture de service que lui pr\u00eatait la soci\u00e9t\u00e9 dans laquelle il travaillait. L\u2019odeur de cuir et de plastique neuf le rassura un peu, puis il d\u00e9marra pour se rendre dans la direction du canal. Avec un peu de chance ils seraient l\u00e0 se disait-il tout en n\u2019y croyant pas beaucoup. Il avait prit le temps de regarder le hangar o\u00f9 \u00e9tait rang\u00e9 le mat\u00e9riel de p\u00e8che et visiblement personne n\u2019y avait p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 depuis plusieurs jours. N\u00e9anmoins il rejoint le pont puis tourna vers l\u2019All\u00e9e des soupirs et gara son v\u00e9hicule pour se rendre \u00e0 l\u2019endroit favori des deux enfants lorsqu\u2019ils allaient p\u00e9cher. Bien sur il ne vit personne. Et il poussa un nouveau juron. Puis il prit encore un petit moment avant de tourner la clef de contact de l\u2019Ami 8, il alluma une cigarette pour faire le point. Qu\u2019allait il pouvoir dire aux gendarmes pour expliquer cette fugue car c\u2019\u00e9tait d\u00e9sormais une \u00e9vidence il s\u2019agissait de \u00e7a ni plus ni moins. Il s\u2019en voulait de tout un tas de choses soudainement, ce genre de choses auxquelles on ne pense gu\u00e8re mais qui reviennent par la bande en certaines occasions d\u00e9sagr\u00e9ables. Comme le fait d\u2019\u00eatre col\u00e9rique et impulsif par exemple. Comme le fait de ne pas savoir s\u2019arr\u00eater lorsqu\u2019il commen\u00e7ait \u00e0 frapper Charlie. Il n\u2019y avait personne \u00e0 l\u2019accueil lorsque l\u2019homme fit irruption dans le poste de gendarmerie. Au loin il lui sembla entendre des voix en train de discuter dans un bureau et il s\u2019engagea aussit\u00f4t dans le couloir qui menait vers celui-ci. Deux hommes en uniforme \u00e9taient attabl\u00e9s en train de boire un caf\u00e9 et ils furent surpris de le voir p\u00e9n\u00e9trer dans la pi\u00e8ce. \u2014Je veux parler au responsable dit Claude avec un ton bourru. Il avait pris cette habitude de toujours vouloir s\u2019adresser au responsable. Que ce soit dans un magasin, dans une soci\u00e9t\u00e9 o\u00f9 il se rendait pour prospecter de nouveau clients pour son travail, au centre des imp\u00f4ts, \u00e0 la banque, il ne semblait pas pouvoir supporter de s\u2019adresser \u00e0 qui que ce soit d\u2019autre. Comme s\u2019il d\u00e9sirait adresser convenablement son effort que ce soit celui de placer ses produits ou de se d\u00e9verser sa col\u00e8re \u00e0 la bonne personne. Et la plupart du temps \u00e7a fonctionnait plut\u00f4t assez bien. D\u2019ailleurs pouvait il y avoir quelqu\u2019un d\u2019autre que la personne responsable qui pouvait r\u00e9ellement agir, prendre la moindre d\u00e9cision, dans une situation une configuration donn\u00e9e ? C\u2019\u00e9tait pour lui d\u2019une logique \u00e9l\u00e9mentaire. \u2014 Il n\u2019est pas l\u00e0 c\u2019est le week-end lui r\u00e9pondit-on tout en l\u2019enjoignant de rejoindre l\u2019accueil ou l\u2019un des brigadier reprit son poste derri\u00e8re le comptoir puis lui demanda quel \u00e9tait son probl\u00e8me. \u2014 Quel est v\u00f4tre probl\u00e8me Monsieur. Et c\u2019\u00e9tait dit avec un ton tellement m\u00e9prisant eut il l\u2019impression qu\u2019il sentit la col\u00e8re s\u2019emparer de lui imm\u00e9diatement. \u2014 Comment \u00e7a il n\u2019y a pas de responsable ? vous devez avoir un num\u00e9ro de t\u00e9l\u00e9phone o\u00f9 le joindre oui ou non ? appelez le. Lan\u00e7a t\u2019il exc\u00e9d\u00e9. \u2014 Et bien c\u2019est sa journ\u00e9e de cong\u00e9s r\u00e9pliqua l\u2019autre qui visiblement faisait un effort de patience. Mais si vous voulez bien m\u2019\u00e9noncer les faits\u2026 \u2014 Ecoutez c\u2019est moi qui vous paie oui ou merde ? je ne vous demande jamais rien en g\u00e9n\u00e9ral mais l\u00e0 je ne veux m\u2019adresser qu\u2019\u00e0 votre responsable \u2014 Calmez vous s\u2019il vous plait je comprends que vous ayez un probl\u00e8me monsieur ce n\u2019est pas n\u00e9cessaire d\u2019\u00eatre impoli pour autant et je vous garantis que je peux tout \u00e0 fait m\u2019en occuper aussi bien que le responsable, nous sommes l\u00e0 pour \u00e7a. \u2014 Vous \u00eates vraiment une bande de branquignoles l\u00e2cha l\u2019homme soudainement. Puis il se souvint de la raison pour laquelle il avait pouss\u00e9 la porte de la gendarmerie. Il allait s\u2019en aller en claquant la porte lorsque tout \u00e0 coup il s\u2019en souvint. Peu avant 15 heures le temps se mit \u00e0 changer brutalement. Les deux enfants avaient trouv\u00e9 un coin paisible au bord de l\u2019Aumance \u00e0 la hauteur d\u2019H\u00e9risson pour d\u00e9jeuner. Ils eurent \u00e0 peine le temps de se r\u00e9fugier sous le pont que de grosses gouttes se mirent \u00e0 tomber. \u2014 On ne peut pas rester bloqu\u00e9 ici trop longtemps dit Charlie, il faut qu\u2019on y aille, et il fit un clin d\u2019\u0153il \u00e0 Louis en extirpant du fond de son sac deux Kway roul\u00e9s en boules compactes. Toujours se renseigner sur la m\u00e9t\u00e9o ajouta t\u2019il en tendant le v\u00eatement \u00e0 Louis. Et ils repartirent sous la pluie \u2014 On a encore combien de kilom\u00e8tres \u00e0 faire demanda Louis \u2014 Une bonne vingtaine encore il faut pas trainer et puis si on marche \u00e0 une bonne cadence si on se concentre sur la marche vous verrez qu\u2019on ne sentira bient\u00f4t plus la pluie. Il ne faut pas se laisser impressionner par les \u00e9motions pas plus que par les intemp\u00e9ries. Vers 22 heures le v\u00e9hicule de la gendarmerie se gara devant l\u2019Amy 8. La m\u00e8re \u00e9tait \u00e0 la fen\u00eatre derri\u00e8re les rideaux, c\u2019\u00e9tait presque la fin du film sur la une. Son regard alternait entre le poste de t\u00e9l\u00e9vision et ce qui \u00e9tait en train de se passer dehors. Elle vit les hommes en uniforme ouvrir les portes pour faire sortir les deux enfants en m\u00eame temps que John Wayne embrassait enfin Maureen O\u2019Hara. Et elle poussa un soupir de soulagement. Puis secoua le bras de son \u00e9poux assoupi sur le canap\u00e9. \u2014R\u00e9veille toi on les a retrouv\u00e9s. \u2014 C\u2019est une dame de Saint-Bonnet qui nous a t\u00e9l\u00e9phon\u00e9 en les voyant errer dans le bourg dit l\u2019un gendarmes dont la moustache pensa t\u2019elle ressemblait \u00e0 celle d\u2019Errol Flynn. Il y eut des remerciements de la part des parents mais l\u2019un des deux gendarmes ajouta qu\u2019il y aurait une suite, que forc\u00e9ment une enqu\u00eate serait ouverte, car ce n\u2019\u00e9tait pas normal que des enfants si jeunes commencent \u00e0 fuguer. \u2014 Vous vous rendez compte 8 et 6 ans\u2026 c\u2019est compl\u00e8tement absurde ajouta le gendarme qui avait l\u2019\u00e2ge du p\u00e8re. Ils se regard\u00e8rent un instant en silence puis les flics salu\u00e8rent les parents et retourn\u00e8rent \u00e0 leur v\u00e9hicule. Les deux enfants \u00e9taient l\u00e0 au milieu du salon devant la t\u00e9l\u00e9. \u2014 Charlie que tu fasses des conneries \u2026 mais qu\u2019en plus tu entraines ton fr\u00e8re, ce n\u2019est pas possible dit le p\u00e8re en d\u00e9grafant sa ceinture. Puis il agrippa le gamin et comme d\u2019habitude il ne connut plus aucune limite. Mais Charlie tint bon. Il serra les dents aussi fort aussi longtemps qu\u2019il put. \u2014La tristesse comme la joie, et toute la cohorte des \u00e9motions ne sont que des pi\u00e8ges pour capturer l\u2019attention se r\u00e9p\u00e9ta t\u2019il encore une fois avant de s\u2019\u00e9vanouir encore une fois, de ne plus rien sentir du tout Il y a des cons qui savent tout sur tout. Parce qu\u2019ils se pensent \u00ab riches \u00bb nantis d\u2019une exp\u00e9rience particuli\u00e8re dont ils font une g\u00e9n\u00e9ralit\u00e9. De l\u00e0 \u00e0 ass\u00e9ner leur v\u00e9rit\u00e9 \u00e0 tout bout de champs pour un oui pour un non, comme pour toujours mieux la conforter, se rassurer, se barricader derri\u00e8re celle-ci. Nous sommes tous cons plus ou moins de cette m\u00eame fa\u00e7on. Et ce qui nous h\u00e9risse n\u2019est rien d\u2019autre que ce reflet projet\u00e9 par une intention trouble que nous apercevons \u00e0 la surface de ceux que nous nommons les autres. Mais ce ne seront jamais les autres vraiment, ce ne seront jamais autre chose que des satellites de nous m\u00eames tant que nous restons enferm\u00e9s dans cette pseudo v\u00e9rit\u00e9. Le r\u00e9seau social est le lieu id\u00e9al dans lequel tournent en rond toutes ces petites v\u00e9rit\u00e9s qu\u2019on ne cesse d\u2019assener dans le vide finalement. Il n\u2019a de social qu\u2019une apparence car ce n\u2019est pas autre chose qu\u2019un agglom\u00e9rat de solitudes retourn\u00e9es contre elles-m\u00eames, de singularit\u00e9s mal dig\u00e9r\u00e9es, une gr\u00e9garit\u00e9 de col\u00e8res, d\u2019\u00e9lans fumeux, d\u2019ignorances enfouies dans le p\u00e9remptoire le mot d\u2019ordre, le slogan. A de tr\u00e8s rares exceptions pr\u00e8s, suffisantes pour valider la r\u00e8gle ou pour donner l\u2019illusion qu\u2019il est possible de s\u2019\u00e9vader de cette taule communautaire. Il ne suffit pas d\u2019\u00eatre seulement , il faut encore beaucoup le paraitre. Mettre son grain de sel \u00e0 toutes les sauces, se donner la sensation de participer \u00e0 la man\u0153uvre. Je retrouve une saine fatigue enfin. Celle qui me guide depuis toujours \u00e0 me d\u00e9barrasser de tout ce qui ne convient pas, de ce qui m\u2019entrave pour voir, tout en sachant d\u00e9j\u00e0 que j\u2019y verrais encore moins. Que la moindre clart\u00e9 per\u00e7ue me vaudra de plus grandes opacit\u00e9s encore. Il suffit juste de prendre une bonne respiration, un peu de blanc et de nettoyer tout le bavardage, et tant pis si rien n\u2019en sort qu\u2019une pauvre image qui ne veut rien dire au monde sinon que je n\u2019ai pas grand chose \u00e0 lui dire. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_5591.jpg?1748065096", "tags": ["brouillons"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/1-mai-2022.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/1-mai-2022.html", "title": "1 mai 2022", "date_published": "2022-05-01T07:12:00Z", "date_modified": "2024-12-10T08:15:45Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n\n\t\t\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Le terme hypersensible utilis\u00e9 d\u00e9sormais \u00e0 toutes les sauces, bon sang comme il m\u2019agace. Comme tous ces mots valises qui permettent de s\u2019installer dans une case et de ne plus r\u00e9fl\u00e9chir par soi-m\u00eame. De plus en plus en cette \u00e9poque, ce qui peut mener chez moi, l\u2019agacement , certains jours, \u00e0 des sommets.<\/p>\n

Ou Z\u00e8bre. Dr\u00f4le de Z\u00e8bre disait ma grand-m\u00e8re.<\/p>\n

Rien de nouveau sous le soleil donc.<\/p>\n

Sauf que la connerie s\u2019est tellement r\u00e9pandue qu\u2019on ne le voit plus. Il faut de l\u2019original \u00e0 tout prix. En bas le bas de gamme et tout en haut le plus couteux, avec de temps \u00e0 autre une promo en t\u00eate de gondole.<\/p>\n

Hypersensibilit\u00e9, comment faire ? la promo dure trois jours et vous aurez un petit brin de muguet en prime aller on n\u2019est pas chien chez Leclerc.<\/p>\n

Je vais surement perdre des abonn\u00e9s au train o\u00f9 je vais. Pas grave, seront remplac\u00e9s par des marabouts.<\/p>\n

Finalement je m\u2019entends plut\u00f4t bien avec ces derniers. Ils en connaissent un sacr\u00e9 rayon sur la b\u00eatise humaine. On n\u2019\u00e9change jamais ensemble, pas besoin. Mais le seul fait qu\u2019il me fasse cet honneur de s\u2019abonner les uns apr\u00e8s les autres \u00e0 ce blog me fait sourire.<\/p>\n

Bon j\u2019ai bien quelques petites attaques de magie noire par ci par l\u00e0, venant des plus jeunes et moins exp\u00e9riment\u00e9s. Il faut bien que jeunesse se fasse comme on dit. Je ne leur en tiens pas rigueur si \u00e7a peut les aider \u00e0 am\u00e9liorer leur pratique pas de probl\u00e8me.<\/p>\n

Hypersensible vous dites ?<\/p>\n

bah oui, \u00e7a fait joli comme mot, mais moi j\u2019aurais seulement dit humain vous savez. Dans un monde de robots, ou les gens ne r\u00e9fl\u00e9chissent plus, un humain \u00e7a peut \u00eatre autant un hypersensible qu\u2019un marabout ou un chaman. C\u2019est m\u00eame que \u00e7a si vous voulez vraiment avoir mon avis.<\/p>\n


\nDu coup j\u2019enchaine avec l\u2019\u00e9veil. Ce mot l\u00e0 aussi quel plaie, et toute la pseudo spiritualit\u00e9 vendue en option au rayon d\u00e9veloppement personnel du d\u00e9cathlon du coin.\n

L\u2019\u00e9veil c\u2019est d\u2019une simplicit\u00e9 renversante et tout le monde en fait des caisses. Hallucinant vraiment \u00e0 quel point on est devenu nouille.<\/p>\n

Moi je me suis pris le portail de la maison familiale en pleine figure un jour de d\u00e9cembre 1966, le fer \u00e9tait gel\u00e9 ce qui m\u2019a z\u00e9br\u00e9 la figure quelques semaines.<\/p>\n

J\u2019ai appris en m\u00eame temps que le froid br\u00fble et que je n\u2019\u00e9tais pas celui que je croyais \u00eatre. J\u2019\u00e9tais une parfaite andouille. Quel \u00e9veil ! apr\u00e8s avoir cru \u00eatre Zorro Thierry la Fronde, Thibaud des Croisades, Bleck le rock, et le dernier des Mohicans.<\/p>\n

Je crois que les gens s\u2019ennuient trop ils confondent l\u2019ennui avec le sommeil, c\u2019est pour cette raison qu\u2019ils r\u00eavent d\u2019\u00e9veil.<\/p>\n

Alors qu\u2019ils leur suffirait de s\u2019occuper les mains, de faire un petit pas de cot\u00e9 pour s\u2019amuser tout simplement.<\/p>\n


\nTradition du repas dominical en famille. Une fois ou deux l\u2019an, \u00e7a va bien. Plus, ce serait trop abuser des bonnes choses, de la gourmandise.\n

La vieille dame de 91 ans viendra accompagn\u00e9e de ses grands et petits enfants. Se souviendra t\u2019elle des pr\u00e9noms, quelle importance\u2026<\/p>\n

Une journ\u00e9e ensoleill\u00e9e sans m\u00e9moire c\u2019est tr\u00e8s bien aussi.<\/p>\n


\nJ\u2019avais autrefois une habilet\u00e9 pour mordre au sang avec les mots. Beaucoup d\u2019ironie brillait. Et bon Dieu \u00e7a chauffait !\n

Comme un phare j\u2019attirais les naufrag\u00e9s de tout acabit, les d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9s, celles et ceux en manque de tout, surtout celles d\u2019ailleurs, et dans l\u2019ensemble, les d\u00e9sabus\u00e9s.<\/p>\n

Ca m\u2019est pass\u00e9. L\u2019ironie s\u2019est fini comme Capri. De temps en temps j\u2019essaie, comme le coyote qui continue \u00e0 courir alors qu\u2019il a les deux pattes arri\u00e8res dans le vide , et je me fracasse \u00e9videmment la tronche tout en bas sur l\u2019\u00e9vidence de l\u2019inutile.<\/p>\n

Je n\u2019\u00e9prouve plus autant cette envie de faire rire les autres non plus \u00e0 mes d\u00e9pens. D\u2019\u00eatre un clown, un Auguste qui fait toutes ces choses pour un sourire peut-\u00eatre mais ne tombe que sur des rires gras et suffisants.<\/p>\n

Cette m\u00e9chancet\u00e9, ce malheur se sont enfuis avec la jeunesse, assez tardivement.<\/p>\n

L\u2019humour a des limites certains jours. Il est m\u00eame tout \u00e0 fait d\u00e9testable.<\/p>\n

Et c\u2019est en le constatant chez l\u2019autre que le mien m\u2019est devenu encore plus d\u00e9testable tout \u00e0 coup.<\/p>\n

Est-ce une sorte de progr\u00e8s, une avanc\u00e9e vraiment ? moi qui ai toujours tant de mal \u00e0 m\u00e9priser, par peur de l\u2019\u00eatre en retour, il se pourrait qu\u2019enfin<\/p>\n

hourra ! j\u2019y arrive.<\/p>\n

Je ne sais pas si la gratitude est de circonstance. Mais qui ne tente rien n\u2019a rien, et peu importe j\u2019ai envie de le dire : un merci s\u2019impose.<\/p>\n

Merci pour apprendre aussi le m\u00e9pris, redescendre de la lune, tomber sur le plancher des vaches.<\/p>\n

Parviendrais je bient\u00f4t \u00e0 cracher \u00e0 la gueule d\u2019autrui<\/p>\n

pour \u00eatre r\u00e9solument comme tout le monde, j\u2019ai h\u00e2te !<\/p>\n

Quand on n\u2019a plus de politesse c\u2019est qu\u2019on n\u2019a plus d\u2019orgueil ni de fiert\u00e9<\/p>\n

Et moi je fus poli comme un gars laid \u00e9videmment j\u2019ai tout connu des mar\u00e9es, des grandes comme des petites.<\/p>\n

Celles qui d\u00e9feuillent les coquillages comme des marguerites pour en extraire le grain du sable.<\/p>\n

Le m\u00e9pris d\u2019un grain de sable vaut bien tout l\u2019or du monde, \u00e0 ma bourse perso.<\/p>\n

Mais qui le saura qui le pi\u00e9tine et s\u2019en fout comme de l\u2019an quarante<\/p>\n

aveugl\u00e9 par je ne sais quel miroir aux alouettes<\/p>\n

Du selfie c\u2019est bien mais avez vous essay\u00e9 l\u2019anti selfie ?<\/p>", "content_text": "Le terme hypersensible utilis\u00e9 d\u00e9sormais \u00e0 toutes les sauces, bon sang comme il m\u2019agace. Comme tous ces mots valises qui permettent de s\u2019installer dans une case et de ne plus r\u00e9fl\u00e9chir par soi-m\u00eame. De plus en plus en cette \u00e9poque, ce qui peut mener chez moi, l\u2019agacement , certains jours, \u00e0 des sommets. Ou Z\u00e8bre. Dr\u00f4le de Z\u00e8bre disait ma grand-m\u00e8re. Rien de nouveau sous le soleil donc. Sauf que la connerie s\u2019est tellement r\u00e9pandue qu\u2019on ne le voit plus. Il faut de l\u2019original \u00e0 tout prix. En bas le bas de gamme et tout en haut le plus couteux, avec de temps \u00e0 autre une promo en t\u00eate de gondole. Hypersensibilit\u00e9, comment faire ? la promo dure trois jours et vous aurez un petit brin de muguet en prime aller on n\u2019est pas chien chez Leclerc. Je vais surement perdre des abonn\u00e9s au train o\u00f9 je vais. Pas grave, seront remplac\u00e9s par des marabouts. Finalement je m\u2019entends plut\u00f4t bien avec ces derniers. Ils en connaissent un sacr\u00e9 rayon sur la b\u00eatise humaine. On n\u2019\u00e9change jamais ensemble, pas besoin. Mais le seul fait qu\u2019il me fasse cet honneur de s\u2019abonner les uns apr\u00e8s les autres \u00e0 ce blog me fait sourire. Bon j\u2019ai bien quelques petites attaques de magie noire par ci par l\u00e0, venant des plus jeunes et moins exp\u00e9riment\u00e9s. Il faut bien que jeunesse se fasse comme on dit. Je ne leur en tiens pas rigueur si \u00e7a peut les aider \u00e0 am\u00e9liorer leur pratique pas de probl\u00e8me. Hypersensible vous dites ? bah oui, \u00e7a fait joli comme mot, mais moi j\u2019aurais seulement dit humain vous savez. Dans un monde de robots, ou les gens ne r\u00e9fl\u00e9chissent plus, un humain \u00e7a peut \u00eatre autant un hypersensible qu\u2019un marabout ou un chaman. C\u2019est m\u00eame que \u00e7a si vous voulez vraiment avoir mon avis. Du coup j\u2019enchaine avec l\u2019\u00e9veil. Ce mot l\u00e0 aussi quel plaie, et toute la pseudo spiritualit\u00e9 vendue en option au rayon d\u00e9veloppement personnel du d\u00e9cathlon du coin. L\u2019\u00e9veil c\u2019est d\u2019une simplicit\u00e9 renversante et tout le monde en fait des caisses. Hallucinant vraiment \u00e0 quel point on est devenu nouille. Moi je me suis pris le portail de la maison familiale en pleine figure un jour de d\u00e9cembre 1966, le fer \u00e9tait gel\u00e9 ce qui m\u2019a z\u00e9br\u00e9 la figure quelques semaines. J\u2019ai appris en m\u00eame temps que le froid br\u00fble et que je n\u2019\u00e9tais pas celui que je croyais \u00eatre. J\u2019\u00e9tais une parfaite andouille. Quel \u00e9veil ! apr\u00e8s avoir cru \u00eatre Zorro Thierry la Fronde, Thibaud des Croisades, Bleck le rock, et le dernier des Mohicans. Je crois que les gens s\u2019ennuient trop ils confondent l\u2019ennui avec le sommeil, c\u2019est pour cette raison qu\u2019ils r\u00eavent d\u2019\u00e9veil. Alors qu\u2019ils leur suffirait de s\u2019occuper les mains, de faire un petit pas de cot\u00e9 pour s\u2019amuser tout simplement. Tradition du repas dominical en famille. Une fois ou deux l\u2019an, \u00e7a va bien. Plus, ce serait trop abuser des bonnes choses, de la gourmandise. La vieille dame de 91 ans viendra accompagn\u00e9e de ses grands et petits enfants. Se souviendra t\u2019elle des pr\u00e9noms, quelle importance\u2026 Une journ\u00e9e ensoleill\u00e9e sans m\u00e9moire c\u2019est tr\u00e8s bien aussi. J\u2019avais autrefois une habilet\u00e9 pour mordre au sang avec les mots. Beaucoup d\u2019ironie brillait. Et bon Dieu \u00e7a chauffait ! Comme un phare j\u2019attirais les naufrag\u00e9s de tout acabit, les d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9s, celles et ceux en manque de tout, surtout celles d\u2019ailleurs, et dans l\u2019ensemble, les d\u00e9sabus\u00e9s. Ca m\u2019est pass\u00e9. L\u2019ironie s\u2019est fini comme Capri. De temps en temps j\u2019essaie, comme le coyote qui continue \u00e0 courir alors qu\u2019il a les deux pattes arri\u00e8res dans le vide , et je me fracasse \u00e9videmment la tronche tout en bas sur l\u2019\u00e9vidence de l\u2019inutile. Je n\u2019\u00e9prouve plus autant cette envie de faire rire les autres non plus \u00e0 mes d\u00e9pens. D\u2019\u00eatre un clown, un Auguste qui fait toutes ces choses pour un sourire peut-\u00eatre mais ne tombe que sur des rires gras et suffisants. Cette m\u00e9chancet\u00e9, ce malheur se sont enfuis avec la jeunesse, assez tardivement. L\u2019humour a des limites certains jours. Il est m\u00eame tout \u00e0 fait d\u00e9testable. Et c\u2019est en le constatant chez l\u2019autre que le mien m\u2019est devenu encore plus d\u00e9testable tout \u00e0 coup. Est-ce une sorte de progr\u00e8s, une avanc\u00e9e vraiment ? moi qui ai toujours tant de mal \u00e0 m\u00e9priser, par peur de l\u2019\u00eatre en retour, il se pourrait qu\u2019enfin hourra ! j\u2019y arrive. Je ne sais pas si la gratitude est de circonstance. Mais qui ne tente rien n\u2019a rien, et peu importe j\u2019ai envie de le dire : un merci s\u2019impose. Merci pour apprendre aussi le m\u00e9pris, redescendre de la lune, tomber sur le plancher des vaches. Parviendrais je bient\u00f4t \u00e0 cracher \u00e0 la gueule d\u2019autrui pour \u00eatre r\u00e9solument comme tout le monde, j\u2019ai h\u00e2te ! Quand on n\u2019a plus de politesse c\u2019est qu\u2019on n\u2019a plus d\u2019orgueil ni de fiert\u00e9 Et moi je fus poli comme un gars laid \u00e9videmment j\u2019ai tout connu des mar\u00e9es, des grandes comme des petites. Celles qui d\u00e9feuillent les coquillages comme des marguerites pour en extraire le grain du sable. Le m\u00e9pris d\u2019un grain de sable vaut bien tout l\u2019or du monde, \u00e0 ma bourse perso. Mais qui le saura qui le pi\u00e9tine et s\u2019en fout comme de l\u2019an quarante aveugl\u00e9 par je ne sais quel miroir aux alouettes Du selfie c\u2019est bien mais avez vous essay\u00e9 l\u2019anti selfie ? ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image.png?1748065207", "tags": [] } ] }