{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/peinture-capitale-iconoclaste-du-21-eme-siecle.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/peinture-capitale-iconoclaste-du-21-eme-siecle.html", "title": "Peinture, capitale iconoclaste du 21 \u00e8me si\u00e8cle.", "date_published": "2022-07-22T04:28:32Z", "date_modified": "2025-09-19T00:18:42Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
<\/p>\n
Une ville qui serait l\u2019image d\u2019une ville, une image capitale d\u00e9truisant toute id\u00e9e de Capitale.<\/p>\n
Introduction \u00e0 la constitution d\u2019une table des mati\u00e8res.<\/p>\n
Toute cette fantasmagorie d\u00e9sormais, comme toujours, qui recouvre le mot peinture. M\u00eame la peinture en b\u00e2timent. Il s\u2019agirait pour avancer, c\u2019est \u00e0 dire peindre, de la rep\u00e9rer, de prendre au moins conscience de son impact sur le peintre comme sur la soci\u00e9t\u00e9 enti\u00e8re. Puis de la d\u00e9poser de son pi\u00e9destal, imaginaire tout autant.<\/p>\n
Pour reprendre une phrase de Walter Benjamin au d\u00e9but de Paris Capitale du 19eme si\u00e8cle<\/strong>, lorsqu\u2019il \u00e9voque l\u2019essence de l\u2019histoire au 19eme si\u00e8cle via Schopenhauer :<\/p>\n « L’OBJET de ce livre est une illusion exprim\u00e9e par Schopenhauer, dans cette formule que pour saisir l’essence de l’histoire il suffit de comparer H\u00e9rodote et la presse du matin. C’est l\u00e0 l’expression de la sensation de vertige caract\u00e9ristique pour la conception que le si\u00e8cle dernier se faisait de l’histoire. Elle correspond \u00e0 un point de vue qui compose le cours du monde d’une s\u00e9rie illimit\u00e9e de faits fig\u00e9s sous forme de choses. Le r\u00e9sidu caract\u00e9ristique de cette conception est ce qu’on a appel\u00e9 “l’Histoire de la Civilisation”, qui fait l’inventaire des formes de vie et des cr\u00e9ations de l’humanit\u00e9 point par point. Les richesses qui se trouvent ainsi collectionn\u00e9es dans l’aerarium de la civilisation apparaissent d\u00e9sormais comme identifi\u00e9es pour toujours. Cette conception fait bon march\u00e9 du fait qu’elles doivent non seulement leur existence mais encore leur transmission \u00e0 un effort constant de la soci\u00e9t\u00e9, un effort par o\u00f9 ces richesses se trouvent par surcro\u00eet \u00e9trangement alt\u00e9r\u00e9es. Notre enqu\u00eate se propose de montrer comment par suite de cette repr\u00e9sentation chosiste de la civilisation, les formes de vie nouvelle et les nouvelles cr\u00e9ations \u00e0 base \u00e9conomique et technique que nous devons au si\u00e8cle dernier entrent dans l’univers d’une fantasmagorie. Ces cr\u00e9ations « subissent cette “illumination” non pas seulement de mani\u00e8re th\u00e9orique, par une transposition id\u00e9ologique, mais bien dans l’imm\u00e9diatet\u00e9 de la pr\u00e9sence sensible. Elles se manifestent en tant que fantasmagories. »<\/p>\n Extrait de<\/p>\n Paris, capitale du XIXe si\u00e8cle<\/p>\n Walter BENJAMIN<\/p>\n<\/blockquote>\n S\u2019il fallait d\u00e9sormais imaginer une « capitale » de la peinture c\u2019est \u00e0 dire quelque chose d\u2019assez proche de l\u2019id\u00e9e premi\u00e8re que nous nous faisons aussit\u00f4t du mot, comme celle d\u2019une ville en t\u00eate de nombreuses autres quel en serait le plan, la table des mati\u00e8res, la structure,<\/p>\n Le fragment, l\u2019accumulation de fragments par th\u00e8mes et cat\u00e9gories, par mots clefs, semble \u00eatre d\u00e9sormais une solution viable, non pour pr\u00e9senter l\u2019exhaustivit\u00e9 d\u2019ailleurs fallacieuse d\u2019une nouvelle « exposition universelle » mais pour montrer au visiteur l\u2019absurdit\u00e9 d\u2019un tel but. Celui l\u00e0 m\u00eame qui perp\u00e9tuerait l\u2019illusion d\u2019exhaustivit\u00e9.<\/p>\n Tout au contraire par la multiplicit\u00e9 des th\u00e8mes, des cat\u00e9gories, des fragments indiquer la pr\u00e9sence d\u2019une histoire pr\u00e9sente depuis toujours mais occult\u00e9e car tordue, utilis\u00e9e par une minorit\u00e9 qui se sert du mot histoire comme du mot peinture, du mot Art pour prot\u00e9ger ses privil\u00e8ges, ses mensonges, comme un capital dont elle ne poss\u00e8de nul d\u00e9sir d,en d\u00e9voiler les tenants et aboutissants.<\/p>\n Des premi\u00e8res peintures rupestres jusqu\u2019au graffitis, le street art d\u2019aujourd\u2019hui il serait int\u00e9ressant de revenir aux faits, \u00e0 une r\u00e9alit\u00e9 objective, si tant est qu\u2019on puisse ne pas consid\u00e9rer cette objectivit\u00e9 comme une nouvelle fantasmagorie.<\/p>\n Quelle ville pourrait tenir lieu de Capitale de la peinture\u2026 aucune de toutes celles qui par r\u00e9flexe nous viendraient aussit\u00f4t \u00e0 l\u2019esprit. Ni Paris, ni New York, ni Tokyo ni Shanghai, pas m\u00eame Venise ni Florence,. Aucune de ces villes ne laisse un espace suffisamment « vierge » de toute fantasmagorie pour \u00eatre le creuset d\u2019une histoire diff\u00e9rente de toutes les autres \u00e0 propos de la peinture.<\/p>\n Pour la constitution d\u2019un tel ouvrage le format du livre serait presque aussit\u00f4t risible. Le livre tel qu\u2019on l\u2019aurait imagin\u00e9 jusqu\u2019ici en tant qu\u2019objet que l\u2019on pourrait s\u2019approprier afin de l\u2019avoir dans une biblioth\u00e8que. Puis que l\u2019on pourrait v\u00e9n\u00e9rer comme on v\u00e9n\u00e9rait autrefois les mannes et les idoles.<\/p>\n Internet pourrait \u00eatre un bon support dans ce qu\u2019il propose une image assez fid\u00e8le \u00e0 la monstruosit\u00e9 d\u2019un tel projet. Un site qui, a chaque fois qu\u2019on y p\u00e9n\u00e9trerait on en serait aussit\u00f4t comme expuls\u00e9 par la puissance de ses possibilit\u00e9s analogiques. Dont les id\u00e9es se propageraient comme autant de tra\u00een\u00e9es de poudre dans l\u2019\u0153il du lecteur, et qui en ferait ainsi le co cr\u00e9ateur anonyme.<\/p>\n Un site sur la peinture mais iconoclaste dans l\u2019id\u00e9e de d\u00e9truire des on dit, des rumeurs, des fables, en un mot l\u2019outil favori d\u2019un syst\u00e8me arrivant \u00e0 son terme et dont la survie ne tient qu\u2019aux images qu\u2019il d\u00e9tourne, iconoclaste lui-m\u00eame, selon son bon vouloir, son profit.<\/p>",
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Puis de la d\u00e9poser de son pi\u00e9destal, imaginaire tout autant.\n\nPour reprendre une phrase de Walter Benjamin au d\u00e9but de Paris Capitale du 19eme si\u00e8cle, lorsqu\u2019il \u00e9voque l\u2019essence de l\u2019histoire au 19eme si\u00e8cle via Schopenhauer : \n\n\u00ab L'OBJET de ce livre est une illusion exprim\u00e9e par Schopenhauer, dans cette formule que pour saisir l'essence de l'histoire il suffit de comparer H\u00e9rodote et la presse du matin. C'est l\u00e0 l'expression de la sensation de vertige caract\u00e9ristique pour la conception que le si\u00e8cle dernier se faisait de l'histoire. Elle correspond \u00e0 un point de vue qui compose le cours du monde d'une s\u00e9rie illimit\u00e9e de faits fig\u00e9s sous forme de choses. Le r\u00e9sidu caract\u00e9ristique de cette conception est ce qu'on a appel\u00e9 \u201cl'Histoire de la Civilisation\u201d, qui fait l'inventaire des formes de vie et des cr\u00e9ations de l'humanit\u00e9 point par point. Les richesses qui se trouvent ainsi collectionn\u00e9es dans l'aerarium de la civilisation apparaissent d\u00e9sormais comme identifi\u00e9es pour toujours. Cette conception fait bon march\u00e9 du fait qu'elles doivent non seulement leur existence mais encore leur transmission \u00e0 un effort constant de la soci\u00e9t\u00e9, un effort par o\u00f9 ces richesses se trouvent par surcro\u00eet \u00e9trangement alt\u00e9r\u00e9es. Notre enqu\u00eate se propose de montrer comment par suite de cette repr\u00e9sentation chosiste de la civilisation, les formes de vie nouvelle et les nouvelles cr\u00e9ations \u00e0 base \u00e9conomique et technique que nous devons au si\u00e8cle dernier entrent dans l'univers d'une fantasmagorie. Ces cr\u00e9ations \u00ab subissent cette \u201cillumination\u201d non pas seulement de mani\u00e8re th\u00e9orique, par une transposition id\u00e9ologique, mais bien dans l'imm\u00e9diatet\u00e9 de la pr\u00e9sence sensible. Elles se manifestent en tant que fantasmagories. \u00bb\n\nExtrait de \n\nParis, capitale du XIXe si\u00e8cle\n\nWalter BENJAMIN\n\nS\u2019il fallait d\u00e9sormais imaginer une \u00ab capitale \u00bb de la peinture c\u2019est \u00e0 dire quelque chose d\u2019assez proche de l\u2019id\u00e9e premi\u00e8re que nous nous faisons aussit\u00f4t du mot, comme celle d\u2019une ville en t\u00eate de nombreuses autres quel en serait le plan, la table des mati\u00e8res, la structure, \n\nLe fragment, l\u2019accumulation de fragments par th\u00e8mes et cat\u00e9gories, par mots clefs, semble \u00eatre d\u00e9sormais une solution viable, non pour pr\u00e9senter l\u2019exhaustivit\u00e9 d\u2019ailleurs fallacieuse d\u2019une nouvelle \u00ab exposition universelle \u00bb mais pour montrer au visiteur l\u2019absurdit\u00e9 d\u2019un tel but. Celui l\u00e0 m\u00eame qui perp\u00e9tuerait l\u2019illusion d\u2019exhaustivit\u00e9. \n\nTout au contraire par la multiplicit\u00e9 des th\u00e8mes, des cat\u00e9gories, des fragments indiquer la pr\u00e9sence d\u2019une histoire pr\u00e9sente depuis toujours mais occult\u00e9e car tordue, utilis\u00e9e par une minorit\u00e9 qui se sert du mot histoire comme du mot peinture, du mot Art pour prot\u00e9ger ses privil\u00e8ges, ses mensonges, comme un capital dont elle ne poss\u00e8de nul d\u00e9sir d,en d\u00e9voiler les tenants et aboutissants. \n\nDes premi\u00e8res peintures rupestres jusqu\u2019au graffitis, le street art d\u2019aujourd\u2019hui il serait int\u00e9ressant de revenir aux faits, \u00e0 une r\u00e9alit\u00e9 objective, si tant est qu\u2019on puisse ne pas consid\u00e9rer cette objectivit\u00e9 comme une nouvelle fantasmagorie.\n\nQuelle ville pourrait tenir lieu de Capitale de la peinture\u2026 aucune de toutes celles qui par r\u00e9flexe nous viendraient aussit\u00f4t \u00e0 l\u2019esprit. Ni Paris, ni New York, ni Tokyo ni Shanghai, pas m\u00eame Venise ni Florence,. Aucune de ces villes ne laisse un espace suffisamment \u00ab vierge \u00bb de toute fantasmagorie pour \u00eatre le creuset d\u2019une histoire diff\u00e9rente de toutes les autres \u00e0 propos de la peinture.\n\nPour la constitution d\u2019un tel ouvrage le format du livre serait presque aussit\u00f4t risible. Le livre tel qu\u2019on l\u2019aurait imagin\u00e9 jusqu\u2019ici en tant qu\u2019objet que l\u2019on pourrait s\u2019approprier afin de l\u2019avoir dans une biblioth\u00e8que. Puis que l\u2019on pourrait v\u00e9n\u00e9rer comme on v\u00e9n\u00e9rait autrefois les mannes et les idoles.\n\nInternet pourrait \u00eatre un bon support dans ce qu\u2019il propose une image assez fid\u00e8le \u00e0 la monstruosit\u00e9 d\u2019un tel projet. Un site qui, a chaque fois qu\u2019on y p\u00e9n\u00e9trerait on en serait aussit\u00f4t comme expuls\u00e9 par la puissance de ses possibilit\u00e9s analogiques. Dont les id\u00e9es se propageraient comme autant de tra\u00een\u00e9es de poudre dans l\u2019\u0153il du lecteur, et qui en ferait ainsi le co cr\u00e9ateur anonyme.\n\nUn site sur la peinture mais iconoclaste dans l\u2019id\u00e9e de d\u00e9truire des on dit, des rumeurs, des fables, en un mot l\u2019outil favori d\u2019un syst\u00e8me arrivant \u00e0 son terme et dont la survie ne tient qu\u2019aux images qu\u2019il d\u00e9tourne, iconoclaste lui-m\u00eame, selon son bon vouloir, son profit.",
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"title": "Disparitions",
"date_published": "2022-07-11T14:12:39Z",
"date_modified": "2025-05-24T06:54:08Z",
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"content_html": " Je ne vois plus Bernard. Chaque jour pourtant, il postait un extrait d\u2019article politique, quelques nouvelles du temps du c\u00f4t\u00e9 de Salon, et deux ou trois astuces informatiques — utiles pour un n\u00e9ophyte comme moi. Nous n\u2019\u00e9tions pas d\u2019accord sur grand-chose, politiquement parlant, mais on \u00e9changeait quelques commentaires, de ci de l\u00e0. Une mani\u00e8re de s\u2019accompagner dans le fil des jours. On se souhaitait bon week-end, on plaisantait parfois. Mais je ne vois plus Bernard. Du moins, plus ses billets.<\/p>\n Je ne vois plus non plus untel ou unetelle, dans la vraie vie. Non que j\u2019aie quelque grief \u00e0 leur encontre. On s\u2019habitue, je crois, \u00e0 ces absences, ces effacements. Avec l\u2019\u00e2ge, on cesse de tenir les comptes. Il y a mille raisons, bonnes ou mauvaises. Et les gens disparaissent<\/a> sans fracas. M\u00eame ceux qui partent en claquant la porte s\u2019effacent, et au bout d\u2019un moment, tout se vaut.<\/p>\n Mon \u00e9pouse, elle, entretient les liens. C\u2019est naturel chez elle. Elle s\u2019\u00e9tonne, \u00e9videmment, que je ne sois pas fait de la m\u00eame \u00e9toffe. Elle dit que je suis comme un seigneur fig\u00e9 sur son tr\u00f4ne, attendant que le monde vienne \u00e0 lui. Si c\u2019\u00e9tait possible — magique, disons —, que des gens apparaissent l\u00e0, dans mon salon (modeste, soit dit en passant), je ne serais pas tr\u00e8s \u00e0 l\u2019aise.<\/p>\n On ne choisit pas vraiment son go\u00fbt pour les autres, ni le soin que cela demande. Autrefois, je me for\u00e7ais un peu, mais \u00e7a ne donnait rien. Je me retrouvais \u00e0 d\u00eener chez des gens qui, pour la plupart, m\u2019\u00e9taient aussi \u00e9trangers que je le reste \u00e0 moi-m\u00eame. Socrate, d\u00e9j\u00e0, posait un dr\u00f4le de paradoxe : “Connais-toi toi-m\u00eame”, mais aussi “je sais que je ne sais rien”.<\/p>\n On peut avoir des affinit\u00e9s sans \u00eatre li\u00e9s \u00e0 la vie \u00e0 la mort. Et si ces affinit\u00e9s exigent d\u2019\u00eatre cultiv\u00e9es dans le sens du poil, je pr\u00e9f\u00e8re encore les laisser \u00e0 d\u2019autres. C\u2019est mon d\u00e9faut, sans doute : je ne sais pas profiter des relations humaines. La plupart du temps, je m\u2019efforce d\u2019en ressentir le besoin, comme ces envies qu\u2019on nous inocule \u00e0 coups de marketing. Et d\u00e8s que je m\u2019en rends compte, je supprime — comme les mails ind\u00e9sirables du matin.<\/p>\n Un de ces jours, je dispara\u00eetrai aussi. C\u2019est dans l\u2019ordre. Me regrettera-t-on ? M\u00eame les plus proches ? Illusoire, sans doute. Chacun gardera ce qu\u2019il voudra de moi. \u00c7a ne me regarde plus. Ce sera leur affaire, une affaire de m\u00e9moire, miroir de leur propre disparition.<\/p>\n\n