<\/span><\/a><\/p>",
"content_text": "Tu te tiens encore debout m\u00eame si la plupart du temps \u00e0 cette heure du matin on te verra assis. Et tu penses \u00e0 la souffrance g\u00e9n\u00e9rale. La souffrance du jour qui se l\u00e8ve avec le jour. On ne peut pas ne pas la voir n\u2019est-ce pas. Tu ne cherches plus \u00e0 t\u2019en convaincre puisque chaque jour tu la vois tu la vis. Tu supportes. Tu endures. Toutes les strat\u00e9gies sont \u00e0 recommencer chaque jour car c\u2019est par des angles d\u2019attaque insolites que cette souffrance revient. La curiosit\u00e9 peut-elle \u00eatre un atout vraiment d\u2019examiner comment elle te surprend encore et encore et toujours cette souffrance du monde. N\u2019aurais-tu pas autre chose de mieux \u00e0 faire, d\u00e9tourner les yeux pour ne plus l\u2019affronter en face. Mais elle est si pr\u00e9sente qu\u2019elle ne cesse de te terrasser d\u00e9sormais. Bien s\u00fbr la vuln\u00e9rabilit\u00e9 que tu attribues \u00e0 l\u2019\u00e2ge, \u00e0 la fatigue de lui voir au final toujours le m\u00eame nez au milieu de la figure. Vieille femme sans fard, impudique, obsc\u00e8ne. Et pourtant tellement humaine. On tente de s\u2019apaiser en ouvrant le traitement de texte, de s\u2019exercer gentiment \u00e0 la technique, au vocabulaire, \u00e0 revisiter de vieilles r\u00e8gles oubli\u00e9es de grammaire, mais on sent bien que l\u2019on cherche \u00e0 s\u2019\u00e9carter ainsi d\u2019un point \u00e0 vif, d\u2019une plaie sanguinolente, un point central. On prend son pouls, 90 battements par minute. On allume une nouvelle cigarette. On saisit la tasse de caf\u00e9 ti\u00e8de. On se d\u00e9bat. Une oscillation par petits gestes, de petits d\u00e9s\u00e9quilibres pour raffermir la croyance que l\u2019\u00e9quilibre le plus vrai provient de l\u2019asym\u00e9trie. Mais ce matin quelque chose tourne \u00e0 vide. Pas de joker. On doit se laver le regard des r\u00eaves. Entr\u00e9e de plain pied dans le cauchemar. Rester debout tout en s\u2019accrochant \u00e0 son si\u00e8ge \u00e0 sa cigarette \u00e0 cette tasse \u00e0 ce clavier. Se r\u00e9inventer une dentition pour se dire serre les dents. Et soudain le souvenir de cette histoire de veill\u00e9e fun\u00e8bre. Le corps de Schopenhauer. Un dentier qui se carapate sous l\u2019effet de la d\u00e9composition des chairs. La peur et le rire pour la contrer. Et encore l\u2019envie d\u2019\u00e9couter le canto general, de pleurer seul ici dans l\u2019atelier. Tout n\u2019est pas si pourri puisque il y a encore \u00e7a.https:\/\/youtu.be\/g0SgthJVbk4",
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"title": "continuer",
"date_published": "2022-11-17T12:46:36Z",
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"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "Peinture num\u00e9rique<\/p>\n
Fatigue habitude sommeil rare repos r\u00eave s\u2019asseoir souffler —repartir—d\u00e9j\u00e0 pour l\u2019ordinaire le minimum on conna\u00eet habitu\u00e9 roule \u00e0 vide la plus grande part du temps ne nous appartient pas dur \u00e0 comprendre accepter mais quand on le sait —la plus petite part du temps— on la r\u00e9chauffe mains jointes elle en devient immense la plus petite part du temps la garde t\u2019on pour soi pour autant non —l\u2019offrir du mieux qu\u2019on peut —ne pas pouvoir faire autrement et continuer comme —seul combat continuer —comme seul mot continuer assis debout et m\u00eame couch\u00e9 —en rampant en griffant les sols dans la boue dans la merde —dans l\u2019odeur du pain chaud du matin dans la puanteur des cadavres le soir —dans les d\u00e9serts blancs de nuit —quand on n\u2019a plus que ce mot pour —puiser tous les autres possibles ou impossibles —ceux que l\u2019on ne voudrait pas que l\u2019on puise mais que l\u2019on continuera \u00e0 chercher m\u00eame s\u2019ils n\u2019existent pas.<\/p>",
"content_text": "Peinture num\u00e9rique \n\nFatigue habitude sommeil rare repos r\u00eave s\u2019asseoir souffler \u2014repartir\u2014d\u00e9j\u00e0 pour l\u2019ordinaire le minimum on conna\u00eet habitu\u00e9 roule \u00e0 vide la plus grande part du temps ne nous appartient pas dur \u00e0 comprendre accepter mais quand on le sait \u2014la plus petite part du temps\u2014 on la r\u00e9chauffe mains jointes elle en devient immense la plus petite part du temps la garde t\u2019on pour soi pour autant non \u2014l\u2019offrir du mieux qu\u2019on peut \u2014ne pas pouvoir faire autrement et continuer comme \u2014seul combat continuer \u2014comme seul mot continuer assis debout et m\u00eame couch\u00e9 \u2014en rampant en griffant les sols dans la boue dans la merde \u2014dans l\u2019odeur du pain chaud du matin dans la puanteur des cadavres le soir \u2014dans les d\u00e9serts blancs de nuit \u2014quand on n\u2019a plus que ce mot pour \u2014puiser tous les autres possibles ou impossibles \u2014ceux que l\u2019on ne voudrait pas que l\u2019on puise mais que l\u2019on continuera \u00e0 chercher m\u00eame s\u2019ils n\u2019existent pas. ",
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"title": "Attirance et r\u00e9pulsion",
"date_published": "2022-11-17T05:06:48Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:35:01Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "
Se pencher attentivement sur le rythme attirance-r\u00e9pulsion. Que ce soit en peinture, dans l\u2019\u00e9criture et bien s\u00fbr les \u00eatres que l\u2019on c\u00f4toie. Comment ces rythmes naissent, \u00e0 quel moment la r\u00e9pulsion devient attirance ou le contraire. Ce n\u2019est jamais vraiment tranch\u00e9. Comme si toujours il fallait laisser une chance \u00e0 ce mouvement interne de s\u2019effectuer selon sa propre pente. Chez certains \u00eatres la r\u00e9alit\u00e9 des relations se construit ainsi par ce bin\u00f4me d\u2019\u00e9motions indissociables. Cela peut m\u00eame changer rapidement en l\u2019espace d\u2019un instant sans que rien ne soit arr\u00eat\u00e9. Sans qu\u2019un choix soit d\u00e9cid\u00e9 une bonne fois pour toutes. Ou alors si cela arrive c\u2019est que l\u2019autre est mort. Et encore ce n\u2019est m\u00eame pas vrai. Je repense \u00e0 la conversation de Villeneuve sur Berg. Cet homme qui vient dit-il d\u2019un univers bourgeois et qui devient \u00e9ducateur d\u2019abord dans le monde carc\u00e9ral des adolescents puis de la prostitution, de la d\u00e9linquance. Ce qu\u2019il dit sur l\u2019\u00e9tablissement des limites. A partir du moment o\u00f9 les jeunes sont astreint \u00e0 des horaires fixes pour se lever le matin, d\u00e9jeuner, travailler, s\u2019amuser, qu\u2019ils peuvent s\u2019appuyer sur des rep\u00e8res leurs conditions de vie peuvent nettement s\u2019am\u00e9liorer. N\u2019est-ce pas le propre des jeunes des ado d\u2019\u00eatre pris dans cette m\u00e9canique d\u2019attirances et de r\u00e9pulsions qui les domine. Et qui sait aujourd\u2019hui quand se termine cette fameuse adolescence. Dans ma t\u00eate je suis en m\u00eame temps jeune et vieux. Je suis toujours soumis \u00e0 l\u2019attirance r\u00e9pulsion comme un adolescent. Sauf que j\u2019en ai conscience que je continue \u00e0 \u00e9tudier ces forces en pr\u00e9sence perp\u00e9tuellement pr\u00e9sentes en chacun de nous. M\u00eame si sous pr\u00e9texte de maturit\u00e9 on pense les avoir dompt\u00e9es. Et que pour ce faire on se soit bard\u00e9 d\u2019habitudes de rituels ou d\u2019\u0153ill\u00e8res. Et on appelle \u00e7a la maturit\u00e9 ou la sagesse. Je dirais bien un gros mot \u00e0 ce point pr\u00e9cis de ma pens\u00e9e. Mais non. Un sourire suffit. Le sourire du chat du Cheshire. Ces derniers temps une attention plus accrue \u00e0 certains faits divers. Un jeune tue sa petite copine. Plusieurs fois. Attirance-r\u00e9pulsion dans sa version la plus ultime. Est-ce que j\u2019aurais pu tuer \u00e0 leur \u00e2ge, non car \u00e0 l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais trop tenu par une morale d\u00e9j\u00e0. Je connaissais un minimum de limites entre l\u2019imaginaire et la r\u00e9alit\u00e9 telle qu\u2019il en faut bien une pour vivre avec les autres. Par contre des pens\u00e9es de meurtre certes oui. Le fait que le passage \u00e0 l\u2019acte ne s\u2019effectue pas ou s\u2019effectue justement n\u2019est-ce pas du \u00e0 cette confusion entretenue entre le r\u00eave et le r\u00e9el. Toutes ces histoires \u00e0 dormir debout sur l\u2019amour... plus belle la vie, l\u2019amour est dans le pr\u00e8s, prendre les vessies pour des lanternes... mais allez vous \u00e9clairer la nuit ensuite avec une vessie \u00e0 bout de bras hein. Hier soir le groupe des adultes. J\u2019aurais d\u00fb m\u2019enregistrer. Je leur ai propos\u00e9 un exercice en peinture o\u00f9 l\u2019habituelle r\u00eaverie li\u00e9e \u00e0 la profondeur \u00e9tait bannie. Pas question que l\u2019on voit un paysage, pas question que l\u2019on utilise les plans pour s\u2019enfoncer dans la profondeur et cette r\u00eaverie. De la surface voil\u00e0 ce que je veux, tout et rien d\u2019autre dans l\u2019\u00e9paisseur et la surface. Du crade et surtout pas du joli ou du beau. Je crois avoir aper\u00e7u \u00e7a et l\u00e0 dans les regards de v\u00e9ritables lueurs meurtri\u00e8res. Une seule personne pour le moment a bien voulu jouer le jeu. Et encore pas assez crade. Mais je ne vais pas me plaindre que la mari\u00e9e soit trop belle aller.<\/p>\n


Surfaces, acrylique sur toile petits formats, travail d\u2019\u00e9l\u00e8ve.<\/p>",
"content_text": "Se pencher attentivement sur le rythme attirance-r\u00e9pulsion. Que ce soit en peinture, dans l\u2019\u00e9criture et bien s\u00fbr les \u00eatres que l\u2019on c\u00f4toie. Comment ces rythmes naissent, \u00e0 quel moment la r\u00e9pulsion devient attirance ou le contraire. Ce n\u2019est jamais vraiment tranch\u00e9. Comme si toujours il fallait laisser une chance \u00e0 ce mouvement interne de s\u2019effectuer selon sa propre pente. Chez certains \u00eatres la r\u00e9alit\u00e9 des relations se construit ainsi par ce bin\u00f4me d\u2019\u00e9motions indissociables. Cela peut m\u00eame changer rapidement en l\u2019espace d\u2019un instant sans que rien ne soit arr\u00eat\u00e9. Sans qu\u2019un choix soit d\u00e9cid\u00e9 une bonne fois pour toutes. Ou alors si cela arrive c\u2019est que l\u2019autre est mort. Et encore ce n\u2019est m\u00eame pas vrai. Je repense \u00e0 la conversation de Villeneuve sur Berg. Cet homme qui vient dit-il d\u2019un univers bourgeois et qui devient \u00e9ducateur d\u2019abord dans le monde carc\u00e9ral des adolescents puis de la prostitution, de la d\u00e9linquance. Ce qu\u2019il dit sur l\u2019\u00e9tablissement des limites. A partir du moment o\u00f9 les jeunes sont astreint \u00e0 des horaires fixes pour se lever le matin, d\u00e9jeuner, travailler, s\u2019amuser, qu\u2019ils peuvent s\u2019appuyer sur des rep\u00e8res leurs conditions de vie peuvent nettement s\u2019am\u00e9liorer. N\u2019est-ce pas le propre des jeunes des ado d\u2019\u00eatre pris dans cette m\u00e9canique d\u2019attirances et de r\u00e9pulsions qui les domine. Et qui sait aujourd\u2019hui quand se termine cette fameuse adolescence. Dans ma t\u00eate je suis en m\u00eame temps jeune et vieux. Je suis toujours soumis \u00e0 l\u2019attirance r\u00e9pulsion comme un adolescent. Sauf que j\u2019en ai conscience que je continue \u00e0 \u00e9tudier ces forces en pr\u00e9sence perp\u00e9tuellement pr\u00e9sentes en chacun de nous. M\u00eame si sous pr\u00e9texte de maturit\u00e9 on pense les avoir dompt\u00e9es. Et que pour ce faire on se soit bard\u00e9 d\u2019habitudes de rituels ou d\u2019\u0153ill\u00e8res. Et on appelle \u00e7a la maturit\u00e9 ou la sagesse. Je dirais bien un gros mot \u00e0 ce point pr\u00e9cis de ma pens\u00e9e. Mais non. Un sourire suffit. Le sourire du chat du Cheshire. Ces derniers temps une attention plus accrue \u00e0 certains faits divers. Un jeune tue sa petite copine. Plusieurs fois. Attirance-r\u00e9pulsion dans sa version la plus ultime. Est-ce que j\u2019aurais pu tuer \u00e0 leur \u00e2ge, non car \u00e0 l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais trop tenu par une morale d\u00e9j\u00e0. Je connaissais un minimum de limites entre l\u2019imaginaire et la r\u00e9alit\u00e9 telle qu\u2019il en faut bien une pour vivre avec les autres. Par contre des pens\u00e9es de meurtre certes oui. Le fait que le passage \u00e0 l\u2019acte ne s\u2019effectue pas ou s\u2019effectue justement n\u2019est-ce pas du \u00e0 cette confusion entretenue entre le r\u00eave et le r\u00e9el. Toutes ces histoires \u00e0 dormir debout sur l\u2019amour... plus belle la vie, l\u2019amour est dans le pr\u00e8s, prendre les vessies pour des lanternes... mais allez vous \u00e9clairer la nuit ensuite avec une vessie \u00e0 bout de bras hein. Hier soir le groupe des adultes. J\u2019aurais d\u00fb m\u2019enregistrer. Je leur ai propos\u00e9 un exercice en peinture o\u00f9 l\u2019habituelle r\u00eaverie li\u00e9e \u00e0 la profondeur \u00e9tait bannie. Pas question que l\u2019on voit un paysage, pas question que l\u2019on utilise les plans pour s\u2019enfoncer dans la profondeur et cette r\u00eaverie. De la surface voil\u00e0 ce que je veux, tout et rien d\u2019autre dans l\u2019\u00e9paisseur et la surface. Du crade et surtout pas du joli ou du beau. Je crois avoir aper\u00e7u \u00e7a et l\u00e0 dans les regards de v\u00e9ritables lueurs meurtri\u00e8res. Une seule personne pour le moment a bien voulu jouer le jeu. Et encore pas assez crade. Mais je ne vais pas me plaindre que la mari\u00e9e soit trop belle aller. Surfaces, acrylique sur toile petits formats, travail d\u2019\u00e9l\u00e8ve. ",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/je-l-ecoute-parler.html",
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"title": "je l\u2019\u00e9coute parler",
"date_published": "2022-11-14T12:04:31Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:38:18Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "
Bien plac\u00e9 au premier rang je l\u2019\u00e9coute parler. Le d\u00e9bit est rapide, les mots simples, le tout sans phrase excessivement longue, des poses bien mesur\u00e9es entre virgules et point. De tant \u00e0 autre surgissement d\u2019un point-virgule. D\u2019une pose significative , sugg\u00e9rant la suspension, mais le contenu ne m\u2019int\u00e9resse pas du tout. Nul besoin de comprendre le sens de ces phrases, du discours, du blabla. Je le regarde je ne l\u2019admire pas. Il me fait mal. Tout mon corps se rebiffe en l\u2019\u00e9coutant, de la chair \u00e0 l\u2019os du plus petit nerf au plus massif des tendons. Les mots en moi attaquent le corps comme des fauves. Ils ne le suppportent plus, les mots se r\u00e9voltent se rebellent. Ils sont comme des b\u00eates sauvages. Quand \u00e0 lui pensez vous que \u00e7a le g\u00eane, mais pas du tout. Il se tient comme un surfeur sur la cr\u00eate de cette putain de vague qu\u2019il conna\u00eet, qu\u2019il ma\u00eetrise. Aucune erreur. Aucune maladresse. Ce type ne doit pas \u00eatre humain. Il s\u2019agit d\u2019un mutant ou d\u2019un nouveau mod\u00e8le d\u2019andro\u00efde. Et je sais qu\u2019il ment. Il ment d\u2019une fa\u00e7on spectaculaire, \u00e9hont\u00e9e, sans la plus petite trace de remords de regret dans le blanc de l\u2019\u0153il. Il se tient sur la couche la plus superficielle du langage. Il n\u2019en d\u00e9mordra pas. En douce je sors mon portable pour ouvrir l\u2019appli photo. C\u2019est bien lui pas d\u2019ambigu\u00eft\u00e9 possible. J\u2019attends encore un peu, le temps de num\u00e9roter mes abattis, puis je bondis de mon si\u00e8ge sur l\u2019estrade et je lui tranche direct la carotide avec les dents. Son sang gicle sur mon visage chaud et \u00e9pais, pression \u00e9tonnamment ordinaire, normale du flux, si je prenais son pouls il n\u2019exc\u00e8derait m\u00eame pas 60 battements par minute. Il me regarde l\u00e9g\u00e8rement \u00e9tonn\u00e9, ses l\u00e8vres continuent \u00e0 balbutier quelque chose, il ne peut donc toujours pas s\u2019emp\u00eacher de jacqueter m\u00eame au moment de crever. Je l\u2019\u00e9coute encore, je sais que ce ne sera plus tr\u00e8s long avant qu\u2019il ne la ferme d\u00e9finitivement.<\/p>",
"content_text": "Bien plac\u00e9 au premier rang je l\u2019\u00e9coute parler. Le d\u00e9bit est rapide, les mots simples, le tout sans phrase excessivement longue, des poses bien mesur\u00e9es entre virgules et point. De tant \u00e0 autre surgissement d\u2019un point-virgule. D\u2019une pose significative , sugg\u00e9rant la suspension, mais le contenu ne m\u2019int\u00e9resse pas du tout. Nul besoin de comprendre le sens de ces phrases, du discours, du blabla. Je le regarde je ne l\u2019admire pas. Il me fait mal. Tout mon corps se rebiffe en l\u2019\u00e9coutant, de la chair \u00e0 l\u2019os du plus petit nerf au plus massif des tendons. Les mots en moi attaquent le corps comme des fauves. Ils ne le suppportent plus, les mots se r\u00e9voltent se rebellent. Ils sont comme des b\u00eates sauvages. Quand \u00e0 lui pensez vous que \u00e7a le g\u00eane, mais pas du tout. Il se tient comme un surfeur sur la cr\u00eate de cette putain de vague qu\u2019il conna\u00eet, qu\u2019il ma\u00eetrise. Aucune erreur. Aucune maladresse. Ce type ne doit pas \u00eatre humain. Il s\u2019agit d\u2019un mutant ou d\u2019un nouveau mod\u00e8le d\u2019andro\u00efde. Et je sais qu\u2019il ment. Il ment d\u2019une fa\u00e7on spectaculaire, \u00e9hont\u00e9e, sans la plus petite trace de remords de regret dans le blanc de l\u2019\u0153il. Il se tient sur la couche la plus superficielle du langage. Il n\u2019en d\u00e9mordra pas. En douce je sors mon portable pour ouvrir l\u2019appli photo. C\u2019est bien lui pas d\u2019ambigu\u00eft\u00e9 possible. J\u2019attends encore un peu, le temps de num\u00e9roter mes abattis, puis je bondis de mon si\u00e8ge sur l\u2019estrade et je lui tranche direct la carotide avec les dents. Son sang gicle sur mon visage chaud et \u00e9pais, pression \u00e9tonnamment ordinaire, normale du flux, si je prenais son pouls il n\u2019exc\u00e8derait m\u00eame pas 60 battements par minute. Il me regarde l\u00e9g\u00e8rement \u00e9tonn\u00e9, ses l\u00e8vres continuent \u00e0 balbutier quelque chose, il ne peut donc toujours pas s\u2019emp\u00eacher de jacqueter m\u00eame au moment de crever. Je l\u2019\u00e9coute encore, je sais que ce ne sera plus tr\u00e8s long avant qu\u2019il ne la ferme d\u00e9finitivement.",
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"title": "Le personnage et son auteur",
"date_published": "2022-11-10T18:31:12Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:21:44Z",
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Comment agir subtilement dans la r\u00e9alit\u00e9 du quotidien, sinon par un nombre ph\u00e9nom\u00e9nal de compromissions, de mensonges \u00e9hont\u00e9s, de mimiques d\u2019approbation entendues, de sourires complices, de petites tapes dans le dos, de mine contrite ou affect\u00e9e. Sans omettre l\u2019apprentissage de listes de mots favorisant une connexion avec les divers groupes humains auxquels on se retrouve contraint de partager des activit\u00e9s. Apprendre, par exemple, quelques noms de joueurs de football et leur position sur le terrain, peut permettre parfois de briser le silence pesant lors d\u2019un repas d\u2019entreprise. \u00c0 moins que cela n\u2019arrive comme un cheveu sur la soupe. Que l\u2019on devine presque aussit\u00f4t ainsi votre fond brutal, indocile, votre inaptitude crasse \u00e0 participer \u00e0 des conversations s\u00e9rieuses. Votre absence d\u2019\u00e0- propos se superposant tout \u00e0 coup \u00e0 votre manque criant de professionnalisme. Le seul fait d\u2019\u00eatre rep\u00e9r\u00e9 comme individu g\u00ean\u00e9 par l\u2019ennui, \u00e0 cet instant, atomisera tout espoir de carri\u00e8re par la suite. On se souviendra de vous comme le gars qui flanque du football sur la table, pauvre gars, aussi maladroitement que de la sauce bolognaise le jour des nouilles \u00e0 la cantine. Apprenons des listes de mots certes, mais \u00e9galement \u00e0 les utiliser \u00e0 bon escient. Un apprentissage long et fastidieux, mais souvent payant. Savoir jouer de la cornemuse sans pour autant l\u2019exhiber, une science d\u00e9licate qui authentifiera \u00e0 coup s\u00fbr votre personnage de gentleman.<\/p>\n
Pourquoi faire autant d\u2019effort pour un r\u00e9sultat somme toute si d\u00e9cevant ? Puisque au fond de vous, peu vous chaut d\u2019\u00eatre ce que vous n\u2019\u00eates pas. Vous le savez, vous vous indignez m\u00eame parfois. Mais, vous continuez parce que vous ignorez surtout comment faire autrement. C\u2019est une habitude bien ancr\u00e9e. Qu\u2019il vous prenne comme un refroidissement de vouloir tout \u00e0 coup changer d\u2019usage, c\u2019est encore pire. Vous sortez de vos gonds, employez un langage de barbare, arborez une tenue d\u00e9braill\u00e9e, misez tout sur un engouement soudain et absolument irr\u00e9fl\u00e9chi pour la provocation. Vous constaterez alors que l\u2019indiff\u00e9rence na\u00eet encore plus vite dans l\u2019\u0153il de vos interlocuteurs. Que vous soyez poli ou rustre, les gens s\u2019en foutent royalement. Tout ce qui compte, c’est le r\u00f4le qu\u2019ils vous attribuent pour une raison extr\u00eamement pr\u00e9cise. De plus, il semble y avoir autant de raisons que d\u2019\u00eatres humains sur la terre, et toutes peuvent para\u00eetre \u00e0 priori singuli\u00e8res. N\u00e9anmoins, avec de l\u2019entra\u00eenement, un peu d\u2019observations ajout\u00e9es \u00e0 quelques d\u00e9boires, une classification simple peut s\u2019\u00e9tablir. Surtout vous aider \u00e0 comprendre que ces raisons qui paraissent si nombreuses ne le sont que par pure dissimulation de la part de leurs \u00e9metteurs. Bouffer, baiser, accessoirement se reproduire, se sentir en s\u00e9curit\u00e9, avoir un toit au-dessus de la t\u00eate, acqu\u00e9rir un pouvoir sur autrui, voil\u00e0 en gros les principaux fondements. Une fois qu\u2019on le sait, la vie devient d\u00e9licieusement plus simple \u00e0 vivre. Et l’on peut m\u00eame s\u2019amuser \u00e0 constater la cr\u00e9ativit\u00e9 de nos contemporains qui s\u2019evertuent \u00e0 les \u00e9vincer derri\u00e8re un blabla path\u00e9tique, des gesticulations horripilantes, des sentiments de pacotille. Tout le monde ouvre sa porte le matin et refuse de sortir \u00e0 poil. La n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019un habit, d\u2019un costume, d\u2019une panoplie reconnaissable entre toutes fera de vous un type reconnaissable entre tous. Ainsi, la confiance na\u00eetra comme par magie avec l\u2019habitude prise de vous voir avec syst\u00e9matiquement le m\u00eame nez au milieu de la figure. Que soudain un accident se produise, un accroc m\u00eame l\u00e9ger, les jugements fuseront alors en priorit\u00e9 dans votre propre cervelle. Vous oubliez toujours que les gens n\u2019en ont strictement rien \u00e0 foutre de vous, de votre personnage tant que tout roule comme sur des roulettes. M\u00eame si vous chutez en plein milieu de la chauss\u00e9e, l\u2019unique personne qui trouvera cela con, qui se d\u00e9battra encore pour avoir l\u2019air, ce sera encore et toujours vous. Voici la r\u00e9alit\u00e9 dans laquelle nous vivons. Un th\u00e9\u00e2tre de fant\u00f4mes o\u00f9 chacun s\u2019imagine des histoires en continu pour tenter d\u2019incarner un tout petit peu quelque chose ou quelqu\u2019un. Le public, quel est-il, mais vous-m\u00eame toujours. Vous \u00eates de m\u00eame l’acteur et le narrateur de votre propre aventure. \u00c7a vous occupe. \u00c7a passe le temps. Pas grand-chose d\u2019autre sinon. En prendre conscience est une b\u00e9n\u00e9diction autant qu\u2019une mal\u00e9diction. Toujours ce foutu jugement sur tout ce qui vous arrive. Que pouvons-nous vraiment y faire, cela para\u00eet insoluble \u00e0 premi\u00e8re vue. Ensuite, il semble d\u00e9risoire de flanquer un coup de coude \u00e0 notre voisin en s\u2019exclamant tout \u00e0 coup:je viens de me r\u00e9veiller. Tu peux le faire aussi. Non non non, mauvaise id\u00e9e. Trop frontale. Continuez d’apprendre des listes de mots sans les utiliser n\u2019importe comment. Construisez-vous une perspective. Meme si elle n\u2019aboutit \u00e0 rien, cela vous aidera \u00e0 passer le temps plus agr\u00e9ablement. Sinon vous pouvez aussi adopter un chien, un chat, un perroquet, faire des enfants et vous en occuper. Vu sous un nouvel angle ce peut \u00eatre divertissant. Mais pas un mot sur ce que je viens de vous dire, gardons cela secret, absolument inutile de le r\u00e9pandre au tout venant.<\/p>",
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Votre absence d\u2019\u00e0- propos se superposant tout \u00e0 coup \u00e0 votre manque criant de professionnalisme. Le seul fait d\u2019\u00eatre rep\u00e9r\u00e9 comme individu g\u00ean\u00e9 par l\u2019ennui, \u00e0 cet instant, atomisera tout espoir de carri\u00e8re par la suite. On se souviendra de vous comme le gars qui flanque du football sur la table, pauvre gars, aussi maladroitement que de la sauce bolognaise le jour des nouilles \u00e0 la cantine. Apprenons des listes de mots certes, mais \u00e9galement \u00e0 les utiliser \u00e0 bon escient. Un apprentissage long et fastidieux, mais souvent payant. Savoir jouer de la cornemuse sans pour autant l\u2019exhiber, une science d\u00e9licate qui authentifiera \u00e0 coup s\u00fbr votre personnage de gentleman. \n\nPourquoi faire autant d\u2019effort pour un r\u00e9sultat somme toute si d\u00e9cevant ? Puisque au fond de vous, peu vous chaut d\u2019\u00eatre ce que vous n\u2019\u00eates pas. Vous le savez, vous vous indignez m\u00eame parfois. Mais, vous continuez parce que vous ignorez surtout comment faire autrement. C\u2019est une habitude bien ancr\u00e9e. Qu\u2019il vous prenne comme un refroidissement de vouloir tout \u00e0 coup changer d\u2019usage, c\u2019est encore pire. Vous sortez de vos gonds, employez un langage de barbare, arborez une tenue d\u00e9braill\u00e9e, misez tout sur un engouement soudain et absolument irr\u00e9fl\u00e9chi pour la provocation. Vous constaterez alors que l\u2019indiff\u00e9rence na\u00eet encore plus vite dans l\u2019\u0153il de vos interlocuteurs. Que vous soyez poli ou rustre, les gens s\u2019en foutent royalement. Tout ce qui compte, c'est le r\u00f4le qu\u2019ils vous attribuent pour une raison extr\u00eamement pr\u00e9cise. De plus, il semble y avoir autant de raisons que d\u2019\u00eatres humains sur la terre, et toutes peuvent para\u00eetre \u00e0 priori singuli\u00e8res. N\u00e9anmoins, avec de l\u2019entra\u00eenement, un peu d\u2019observations ajout\u00e9es \u00e0 quelques d\u00e9boires, une classification simple peut s\u2019\u00e9tablir. Surtout vous aider \u00e0 comprendre que ces raisons qui paraissent si nombreuses ne le sont que par pure dissimulation de la part de leurs \u00e9metteurs. Bouffer, baiser, accessoirement se reproduire, se sentir en s\u00e9curit\u00e9, avoir un toit au-dessus de la t\u00eate, acqu\u00e9rir un pouvoir sur autrui, voil\u00e0 en gros les principaux fondements. Une fois qu\u2019on le sait, la vie devient d\u00e9licieusement plus simple \u00e0 vivre. Et l'on peut m\u00eame s\u2019amuser \u00e0 constater la cr\u00e9ativit\u00e9 de nos contemporains qui s\u2019evertuent \u00e0 les \u00e9vincer derri\u00e8re un blabla path\u00e9tique, des gesticulations horripilantes, des sentiments de pacotille. Tout le monde ouvre sa porte le matin et refuse de sortir \u00e0 poil. La n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019un habit, d\u2019un costume, d\u2019une panoplie reconnaissable entre toutes fera de vous un type reconnaissable entre tous. Ainsi, la confiance na\u00eetra comme par magie avec l\u2019habitude prise de vous voir avec syst\u00e9matiquement le m\u00eame nez au milieu de la figure. Que soudain un accident se produise, un accroc m\u00eame l\u00e9ger, les jugements fuseront alors en priorit\u00e9 dans votre propre cervelle. Vous oubliez toujours que les gens n\u2019en ont strictement rien \u00e0 foutre de vous, de votre personnage tant que tout roule comme sur des roulettes. M\u00eame si vous chutez en plein milieu de la chauss\u00e9e, l\u2019unique personne qui trouvera cela con, qui se d\u00e9battra encore pour avoir l\u2019air, ce sera encore et toujours vous. Voici la r\u00e9alit\u00e9 dans laquelle nous vivons. Un th\u00e9\u00e2tre de fant\u00f4mes o\u00f9 chacun s\u2019imagine des histoires en continu pour tenter d\u2019incarner un tout petit peu quelque chose ou quelqu\u2019un. Le public, quel est-il, mais vous-m\u00eame toujours. Vous \u00eates de m\u00eame l'acteur et le narrateur de votre propre aventure. \u00c7a vous occupe. \u00c7a passe le temps. Pas grand-chose d\u2019autre sinon. En prendre conscience est une b\u00e9n\u00e9diction autant qu\u2019une mal\u00e9diction. Toujours ce foutu jugement sur tout ce qui vous arrive. Que pouvons-nous vraiment y faire, cela para\u00eet insoluble \u00e0 premi\u00e8re vue. Ensuite, il semble d\u00e9risoire de flanquer un coup de coude \u00e0 notre voisin en s\u2019exclamant tout \u00e0 coup:je viens de me r\u00e9veiller. Tu peux le faire aussi. Non non non, mauvaise id\u00e9e. Trop frontale. Continuez d'apprendre des listes de mots sans les utiliser n\u2019importe comment. Construisez-vous une perspective. Meme si elle n\u2019aboutit \u00e0 rien, cela vous aidera \u00e0 passer le temps plus agr\u00e9ablement. Sinon vous pouvez aussi adopter un chien, un chat, un perroquet, faire des enfants et vous en occuper. Vu sous un nouvel angle ce peut \u00eatre divertissant. Mais pas un mot sur ce que je viens de vous dire, gardons cela secret, absolument inutile de le r\u00e9pandre au tout venant. ",
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"title": "duret\u00e9",
"date_published": "2022-11-10T07:07:22Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:36:21Z",
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Une duret\u00e9 qui jusque l\u00e0 fut prioritaire, n\u00e9cessaire \u00e0 la survie. Un imp\u00e9ratif cat\u00e9gorique sur lequel par d\u00e9finition il m\u2019aura \u00e9t\u00e9 impossible de revenir. Une histoire ancienne de renard capable de s\u2019amputer seul d\u2019une patte une fois le constat \u00e9tabli du pi\u00e8ge referm\u00e9e sur elle. Cette duret\u00e9 remonte \u00e0 aussi loin que je puisse me souvenir. M\u00eame si autrefois, pour att\u00e9nuer son emprise, j\u2019avais trouv\u00e9 fortuitement, inconsciemment la solution de me scinder en deux, cr\u00e9ant soudain vers l\u2019\u00e2ge de 4 ou 5 ans un compagnon<\/em> imaginaire. C\u2019\u00e9tait un \u00eatre assez terrifiant, toute la part d\u2019ombre lui avait \u00e9t\u00e9 attribu\u00e9e afin que le peu de moi qui restait alors luise, bien qu\u2019assez faiblement. Afin que je me permette de me r\u00e9fugier tout entier dans cette faible lueur. D\u2019ailleurs les grandes clart\u00e9s m\u2019\u00e9berluaient. Les jours de grand soleil m\u2019aveuglaient. Toute ma vie j\u2019ai toujours choisi des int\u00e9rieurs peu \u00e9clair\u00e9s, une formation du go\u00fbt guid\u00e9e par la n\u00e9cessit\u00e9, par la duret\u00e9. Il m\u2019\u00e9tait impossible d\u2019appara\u00eetre en pleine lumi\u00e8re. J\u2019aurais \u00e9t\u00e9 beaucoup trop visible et partant trop vuln\u00e9rable. Mon p\u00e8re aussi pr\u00e9f\u00e9rait la p\u00e9nombre. Les derni\u00e8res ann\u00e9es de sa vie il les a pass\u00e9es dans la chambre conjugale, apr\u00e8s le d\u00e9c\u00e8s de ma m\u00e8re. Volets ferm\u00e9s lampe de chevet faible intensit\u00e9. Il pouvait rester au lit toute la sainte journ\u00e9e apr\u00e8s avoir accompli le minimum de rituels lui permettant encore d\u2019appara\u00eetre un peu humain, un peu normal. Le caf\u00e9 \u00e9tait programm\u00e9 de la veille, pr\u00e9vu pour couler a 6 heures le lendemain. \u00c0 six heures trente il p\u00e9n\u00e9trait dans sa salle de bain, se douchait, se rasait, s\u2019aspergeant d\u2019un parfum que je peux encore sentir parfois lorsque je monte au grenier, que le courage me prend de farfouiller dans les cartons que j\u2019ai \u00e0 peine d\u00e9ball\u00e9s depuis la vente de la maison, le d\u00e9m\u00e9nagement. A sept heure promenade en for\u00eat avec la chienne. A neuf heure courses chez Leader Price. C\u2019\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s tout. Je crois que mon p\u00e8re poss\u00e9dait cette duret\u00e9 et qu\u2019il me l\u2019a l\u00e9gu\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t. Non par m\u00e9chancet\u00e9, non par b\u00eatise. Mais parce qu\u2019il l\u2019aura consid\u00e9r\u00e9e comme sa meilleure alli\u00e9e lui aussi, n\u00e9cessaire \u00e0 sa propre survie, puis \u00e0 la survie de notre famille. L\u2019\u00e9ducation qu\u2019il me dispensa fut abrupte. Ce fut comme se jeter du haut d\u2019une falaise presque \u00e0 chaque fois. Apprendre \u00e0 nager par exemple ne se r\u00e9solvait pas autrement que de me jeter \u00e0 l\u2019eau et m\u2019encourager ensuite \u00e0 me d\u00e9brouiller. \u00c9tais-je curieux d\u2019un objet, il me le mettait dans les mains pour que je l\u2019exp\u00e9rimente dans ce qu\u2019il consid\u00e9rait \u00eatre une r\u00e9alit\u00e9. Ainsi l\u2019allume-cigare de l\u2019ami-8. Il me conseilla de mettre un doigt sur la partie cramoisie pour que je me crame la pulpe du doigt. Ainsi par cette exp\u00e9rience, cet enseignement il savait que je ne jouerais plus avec si par hasard il devait me laisser seul dans le v\u00e9hicule pendant qu\u2019il irait acheter le pain. Son jugement sur les gens \u00e9tait d\u2019une duret\u00e9 sans concession. Assez binaire toutefois quand j\u2019y repense mais pas pire que ce que nous faisons tous plus ou moins hypocritement. Il y avait les cons, nombreux, et les types biens, rares. Quant aux femmes rares aussi \u00e9taient celles qui ne fussent pas des idiotes accomplies \u00e0 commencer par ma m\u00e8re. Ou des putes ce qui pour lui devait probablement \u00eatre synonymes. En tous cas des emmerdeuses quasiment toutes sans exception cette fois. Il le disait si ouvertement d\u2019ailleurs devant mon fr\u00e8re et moi que c\u2019\u00e9tait devenu naturel, on n\u2019y faisait plus attention vraiment. Comme l\u2019habitude des trempes, naturelle aussi. Tout ce naturel qui s\u2019engouffre en soi et que l\u2019on fini par consid\u00e9rer naturel pour soi. Il faudra des ann\u00e9es ensuite pour comprendre que ce naturel l\u00e0 n\u2019est plus d\u2019\u00e9poque. Qu\u2019il est est anachronique avant d\u2019\u00eatre rel\u00e9gu\u00e9 dans un non-dit, dans l\u2019oubli. M\u00eame si finalement ce naturel appartient aussi \u00e0 tout le r\u00e9seau de liens qu\u2019on \u00e9tablit avec la figure du p\u00e8re. L\u2019oublier, le rejeter, c\u2019est rejeter aussi tous les liens avec. Un jour j\u2019ai quitt\u00e9 la maison familiale. A l\u2019\u00e2ge de 16 ans. Je n\u2019en pouvais plus. Ce qui me peinait le plus je crois c\u2019\u00e9tait d\u2019avoir d\u00e9couvert que mon p\u00e8re \u00e9tait un \u00e9norme connard bouffi de faiblesses crasses. Partir fut un acte vital, du domaine de la survie. R\u00e9ciprocit\u00e9 de la duret\u00e9. Pas un sou en poche, se retrouver soudain \u00e0 la gare de Boissy-Saint-Leger. Juste le temps de respirer l\u2019odeur des lilas sur le chemin qui menait tout en bas. Cette douceur soudaine per\u00e7ue dans l\u2019odeur du lilas. Un soulagement et une consolation bizarre tout en m\u00eame temps. Puis la rame qui s\u2019\u00e9branle lentement, au ralenti, les diff\u00e9rents arr\u00eats, les silhouettes qui montent et descendent du RER. Et la bas, au bout l\u2019inconnu, la ville, Paris. Et ne pas savoir o\u00f9 dormir. Sans cette duret\u00e9 h\u00e9rit\u00e9e je ne sais pas comment j\u2019aurais pu jamais m\u2019en sortir. Comment j\u2019aurais surv\u00e9cu dans la ville. Comment aussi j\u2019aurais pu m\u2019abaisser \u00e0 un tel point parfois sachant que je finirais toujours par retrouver t\u00f4t ou tard la possibilit\u00e9 de cette duret\u00e9 pour continuer \u00e0 avancer m\u00eame si je n\u2019ai jamais voulu d\u00e9cider vraiment d\u2019une destination pr\u00e9cise.<\/p>",
"content_text": "Une duret\u00e9 qui jusque l\u00e0 fut prioritaire, n\u00e9cessaire \u00e0 la survie. Un imp\u00e9ratif cat\u00e9gorique sur lequel par d\u00e9finition il m\u2019aura \u00e9t\u00e9 impossible de revenir. Une histoire ancienne de renard capable de s\u2019amputer seul d\u2019une patte une fois le constat \u00e9tabli du pi\u00e8ge referm\u00e9e sur elle. Cette duret\u00e9 remonte \u00e0 aussi loin que je puisse me souvenir. M\u00eame si autrefois, pour att\u00e9nuer son emprise, j\u2019avais trouv\u00e9 fortuitement, inconsciemment la solution de me scinder en deux, cr\u00e9ant soudain vers l\u2019\u00e2ge de 4 ou 5 ans un compagnon imaginaire. C\u2019\u00e9tait un \u00eatre assez terrifiant, toute la part d\u2019ombre lui avait \u00e9t\u00e9 attribu\u00e9e afin que le peu de moi qui restait alors luise, bien qu\u2019assez faiblement. Afin que je me permette de me r\u00e9fugier tout entier dans cette faible lueur. D\u2019ailleurs les grandes clart\u00e9s m\u2019\u00e9berluaient. Les jours de grand soleil m\u2019aveuglaient. Toute ma vie j\u2019ai toujours choisi des int\u00e9rieurs peu \u00e9clair\u00e9s, une formation du go\u00fbt guid\u00e9e par la n\u00e9cessit\u00e9, par la duret\u00e9. Il m\u2019\u00e9tait impossible d\u2019appara\u00eetre en pleine lumi\u00e8re. J\u2019aurais \u00e9t\u00e9 beaucoup trop visible et partant trop vuln\u00e9rable. Mon p\u00e8re aussi pr\u00e9f\u00e9rait la p\u00e9nombre. Les derni\u00e8res ann\u00e9es de sa vie il les a pass\u00e9es dans la chambre conjugale, apr\u00e8s le d\u00e9c\u00e8s de ma m\u00e8re. Volets ferm\u00e9s lampe de chevet faible intensit\u00e9. Il pouvait rester au lit toute la sainte journ\u00e9e apr\u00e8s avoir accompli le minimum de rituels lui permettant encore d\u2019appara\u00eetre un peu humain, un peu normal. Le caf\u00e9 \u00e9tait programm\u00e9 de la veille, pr\u00e9vu pour couler a 6 heures le lendemain. \u00c0 six heures trente il p\u00e9n\u00e9trait dans sa salle de bain, se douchait, se rasait, s\u2019aspergeant d\u2019un parfum que je peux encore sentir parfois lorsque je monte au grenier, que le courage me prend de farfouiller dans les cartons que j\u2019ai \u00e0 peine d\u00e9ball\u00e9s depuis la vente de la maison, le d\u00e9m\u00e9nagement. A sept heure promenade en for\u00eat avec la chienne. A neuf heure courses chez Leader Price. C\u2019\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s tout. Je crois que mon p\u00e8re poss\u00e9dait cette duret\u00e9 et qu\u2019il me l\u2019a l\u00e9gu\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t. Non par m\u00e9chancet\u00e9, non par b\u00eatise. Mais parce qu\u2019il l\u2019aura consid\u00e9r\u00e9e comme sa meilleure alli\u00e9e lui aussi, n\u00e9cessaire \u00e0 sa propre survie, puis \u00e0 la survie de notre famille. L\u2019\u00e9ducation qu\u2019il me dispensa fut abrupte. Ce fut comme se jeter du haut d\u2019une falaise presque \u00e0 chaque fois. Apprendre \u00e0 nager par exemple ne se r\u00e9solvait pas autrement que de me jeter \u00e0 l\u2019eau et m\u2019encourager ensuite \u00e0 me d\u00e9brouiller. \u00c9tais-je curieux d\u2019un objet, il me le mettait dans les mains pour que je l\u2019exp\u00e9rimente dans ce qu\u2019il consid\u00e9rait \u00eatre une r\u00e9alit\u00e9. Ainsi l\u2019allume-cigare de l\u2019ami-8. Il me conseilla de mettre un doigt sur la partie cramoisie pour que je me crame la pulpe du doigt. Ainsi par cette exp\u00e9rience, cet enseignement il savait que je ne jouerais plus avec si par hasard il devait me laisser seul dans le v\u00e9hicule pendant qu\u2019il irait acheter le pain. Son jugement sur les gens \u00e9tait d\u2019une duret\u00e9 sans concession. Assez binaire toutefois quand j\u2019y repense mais pas pire que ce que nous faisons tous plus ou moins hypocritement. Il y avait les cons, nombreux, et les types biens, rares. Quant aux femmes rares aussi \u00e9taient celles qui ne fussent pas des idiotes accomplies \u00e0 commencer par ma m\u00e8re. Ou des putes ce qui pour lui devait probablement \u00eatre synonymes. En tous cas des emmerdeuses quasiment toutes sans exception cette fois. Il le disait si ouvertement d\u2019ailleurs devant mon fr\u00e8re et moi que c\u2019\u00e9tait devenu naturel, on n\u2019y faisait plus attention vraiment. Comme l\u2019habitude des trempes, naturelle aussi. Tout ce naturel qui s\u2019engouffre en soi et que l\u2019on fini par consid\u00e9rer naturel pour soi. Il faudra des ann\u00e9es ensuite pour comprendre que ce naturel l\u00e0 n\u2019est plus d\u2019\u00e9poque. Qu\u2019il est est anachronique avant d\u2019\u00eatre rel\u00e9gu\u00e9 dans un non-dit, dans l\u2019oubli. M\u00eame si finalement ce naturel appartient aussi \u00e0 tout le r\u00e9seau de liens qu\u2019on \u00e9tablit avec la figure du p\u00e8re. L\u2019oublier, le rejeter, c\u2019est rejeter aussi tous les liens avec. Un jour j\u2019ai quitt\u00e9 la maison familiale. A l\u2019\u00e2ge de 16 ans. Je n\u2019en pouvais plus. Ce qui me peinait le plus je crois c\u2019\u00e9tait d\u2019avoir d\u00e9couvert que mon p\u00e8re \u00e9tait un \u00e9norme connard bouffi de faiblesses crasses. Partir fut un acte vital, du domaine de la survie. R\u00e9ciprocit\u00e9 de la duret\u00e9. Pas un sou en poche, se retrouver soudain \u00e0 la gare de Boissy-Saint-Leger. Juste le temps de respirer l\u2019odeur des lilas sur le chemin qui menait tout en bas. Cette douceur soudaine per\u00e7ue dans l\u2019odeur du lilas. Un soulagement et une consolation bizarre tout en m\u00eame temps. Puis la rame qui s\u2019\u00e9branle lentement, au ralenti, les diff\u00e9rents arr\u00eats, les silhouettes qui montent et descendent du RER. Et la bas, au bout l\u2019inconnu, la ville, Paris. Et ne pas savoir o\u00f9 dormir. Sans cette duret\u00e9 h\u00e9rit\u00e9e je ne sais pas comment j\u2019aurais pu jamais m\u2019en sortir. Comment j\u2019aurais surv\u00e9cu dans la ville. Comment aussi j\u2019aurais pu m\u2019abaisser \u00e0 un tel point parfois sachant que je finirais toujours par retrouver t\u00f4t ou tard la possibilit\u00e9 de cette duret\u00e9 pour continuer \u00e0 avancer m\u00eame si je n\u2019ai jamais voulu d\u00e9cider vraiment d\u2019une destination pr\u00e9cise.",
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"title": "bonnes questions",
"date_published": "2022-11-10T06:01:48Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:40:36Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "Stephen King sugg\u00e8re que si vous \u00e9prouvez le besoin imp\u00e9rieux de raconter votre vie \u00e0 une personne, il est pr\u00e9f\u00e9rable le faire la nuit au fond d\u2019un bar. \u00c0 la condition expresse de consommer r\u00e9guli\u00e8rement pour d\u00e9dommager le barman de l\u2019attention plus ou moins sinc\u00e8re et polie qu\u2019il vous adressera. Nos vies, quelles qu\u2019elles soient, n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux autres, et nos \u00e9tats d\u2019\u00e2me encore moins. C\u2019est une r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer aussit\u00f4t que l\u2019on s\u2019empare d\u2019un stylo ou d\u2019un clavier pour \u00e9crire. Sinon la d\u00e9ception n\u2019en sera que plus cuisante. Inutile aussi de perdre du temps \u00e0 se lamenter d\u2019une telle r\u00e9alit\u00e9, d\u2019\u00e9mettre des jugements sur la nature humaine, sur l\u2019immense souffrance de vous d\u00e9couvrir incompris. La nature humaine est ce qu\u2019elle est, nul ne peut la changer. Si l\u2019on persiste \u00e0 ne pas vouloir l\u2019accepter, on continue \u00e0 marcher \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses pompes. C\u2019est exactement ainsi. Inutile de chercher \u00e0 voir les choses autrement.<\/p>\n
Un examen de conscience s\u2019impose \u00e0 partir de ce pr\u00e9ambule, est-ce que j\u2019ai vraiment envie d’\u00e9crire encore toutes ces histoires, de persister \u00e0 raconter ma vie comme je le fais depuis des ann\u00e9es d\u00e9sormais. Bien s\u00fbr que oui, je continue, pr\u00e9textant que j\u2019en ai dor\u00e9navant pris l\u2019habitude, qu\u2019\u00e0 mon \u00e2ge on ne change pas facilement d\u2019habitude. Bien entendu, je peux aussi ajouter une excuse, un leitmotiv. Me r\u00e9p\u00e9ter en boucle que gr\u00e2ce \u00e0 ces textes que je r\u00e9dige chaque matin, j\u2019\u00e9prouve le soulagement d\u2019avoir accompli au moins une chose utile pour moi durant ces fichues journ\u00e9es qui, pour le reste, ne cessent plus de m\u2019\u00e9chapper. \u00c9crire est une action qui me fait du bien. J\u2019\u00e9prouve cette sensation, difficile \u00e0 remettre en question, et d\u2019ailleurs souvent inexacte, qu\u2019\u00e9crire procure un sens \u00e0 ma vie. Le seul sens qui vaille tout compte fait. Et bien en amont de ce que me propose ma seconde activit\u00e9, la peinture. C\u2019est tellement romantique, tellement grotesque simultan\u00e9ment. \u00c9videmment, je continue \u00e0 me bercer d\u2019illusion comme je l\u2019ai toujours fait depuis ces quatre derni\u00e8res ann\u00e9es en \u00e9crivant et surtout en publiant sur ce blog. Mais, si je veux bien \u00eatre honn\u00eate avant tout et notamment avec moi-m\u00eame, le r\u00e9sultat est tr\u00e8s loin de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Et, qu’esp\u00e9rais-je, voil\u00e0 justement une excellente question. Je ne me souviens m\u00eame plus de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Il faudrait peut-\u00eatre remonter bien plus loin dans le temps pour tenter de retrouver la trace de cet espoir. Si toutefois un jour celui-ci a vraiment exist\u00e9. Ce qui, me connaissant, est loin d\u2019\u00eatre \u00e9vident. Probablement qu\u2019il serait utile alors de revenir sur les lieux, de se tenir attentif quelques secondes avant m\u00eame de pousser la porte de cette librairie d\u00e9couverte au hasard de mes d\u00e9ambulations dans la ville. Quelques secondes avant d\u2019attraper sur l\u2019une des \u00e9tag\u00e8res le tout premier carnet. Revenir dans le d\u00e9sagr\u00e9able, le terre-\u00e0-terre d\u2019une existence jug\u00e9e m\u00e9diocre. Revenir sur ces lieux dans lesquels s\u2019affrontent toujours en moi la honte et la col\u00e8re. La honte d\u2019\u00eatre tout \u00e0 coup arriv\u00e9 l\u00e0 o\u00f9 j\u2019en suis, alors que j\u2019imaginais valoir beaucoup \u00e9videmment<\/em> bien mieux que \u00e7a. Et, la col\u00e8re de ne pas m\u2019\u00eatre donn\u00e9 suffisamment de moyens, de n\u2019avoir pas fourni suffisamment d\u2019efforts pour m\u2019\u00e9lever justement au-dessus de cette m\u00e9diocrit\u00e9. Dans le fond, une histoire banale que tout le monde conna\u00eet par c\u0153ur. Une histoire tellement peu int\u00e9ressante. Mais, pr\u00e9cis\u00e9ment, comment la rendre attrayante cette histoire ? Pourquoi cette histoire peut-elle atteindre, int\u00e9resser, \u00e9mouvoir, captiver l\u2019autre, comment tenir le lecteur par les couilles<\/em> depuis la toute premi\u00e8re phrase pour qu\u2019il ne la l\u00e2che pas, ne s\u2019y ennuie pas, la lise jusqu\u2019au bout. Comment s\u2019y prendre pour qu\u2019il atteigne, \u00e0 regret la fin et que le peu qu\u2019il en retiendra devienne une partie de lui-m\u00eame, lui appartienne...<\/p>\nJamais je ne me suis pos\u00e9 ces questions. Pourtant, ce sont \u00e0 priori de bonnes questions, des questions essentielles pour qui pr\u00e9tend \u00e9crire. Alors je me demande \u00e0 quelle part de moi-m\u00eame dois-je, aujourd\u2019hui, attribuer la responsabilit\u00e9 d\u2019un tel oubli, d\u2019un tel manquement, d\u2019un tel emp\u00eachement, est-ce \u00e0 la honte ou \u00e0 la col\u00e8re. Et, comment amadouer enfin l\u2019enfant. Je ne vois plus que lui d\u00e9sormais. Un gamin qui depuis toujours se tient dans cette relation binaire avec le monde, la r\u00e9alit\u00e9 de celui-ci, une relation que l\u2019on ne saurait autrement nommer qu\u2019imaginaire.<\/p>",
"content_text": "Stephen King sugg\u00e8re que si vous \u00e9prouvez le besoin imp\u00e9rieux de raconter votre vie \u00e0 une personne, il est pr\u00e9f\u00e9rable le faire la nuit au fond d\u2019un bar. \u00c0 la condition expresse de consommer r\u00e9guli\u00e8rement pour d\u00e9dommager le barman de l\u2019attention plus ou moins sinc\u00e8re et polie qu\u2019il vous adressera. Nos vies, quelles qu\u2019elles soient, n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux autres, et nos \u00e9tats d\u2019\u00e2me encore moins. C\u2019est une r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer aussit\u00f4t que l\u2019on s\u2019empare d\u2019un stylo ou d\u2019un clavier pour \u00e9crire. Sinon la d\u00e9ception n\u2019en sera que plus cuisante. Inutile aussi de perdre du temps \u00e0 se lamenter d\u2019une telle r\u00e9alit\u00e9, d\u2019\u00e9mettre des jugements sur la nature humaine, sur l\u2019immense souffrance de vous d\u00e9couvrir incompris. La nature humaine est ce qu\u2019elle est, nul ne peut la changer. Si l\u2019on persiste \u00e0 ne pas vouloir l\u2019accepter, on continue \u00e0 marcher \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses pompes. C\u2019est exactement ainsi. Inutile de chercher \u00e0 voir les choses autrement.\n\nUn examen de conscience s\u2019impose \u00e0 partir de ce pr\u00e9ambule, est-ce que j\u2019ai vraiment envie d'\u00e9crire encore toutes ces histoires, de persister \u00e0 raconter ma vie comme je le fais depuis des ann\u00e9es d\u00e9sormais. Bien s\u00fbr que oui, je continue, pr\u00e9textant que j\u2019en ai dor\u00e9navant pris l\u2019habitude, qu\u2019\u00e0 mon \u00e2ge on ne change pas facilement d\u2019habitude. Bien entendu, je peux aussi ajouter une excuse, un leitmotiv. Me r\u00e9p\u00e9ter en boucle que gr\u00e2ce \u00e0 ces textes que je r\u00e9dige chaque matin, j\u2019\u00e9prouve le soulagement d\u2019avoir accompli au moins une chose utile pour moi durant ces fichues journ\u00e9es qui, pour le reste, ne cessent plus de m\u2019\u00e9chapper. \u00c9crire est une action qui me fait du bien. J\u2019\u00e9prouve cette sensation, difficile \u00e0 remettre en question, et d\u2019ailleurs souvent inexacte, qu\u2019\u00e9crire procure un sens \u00e0 ma vie. Le seul sens qui vaille tout compte fait. Et bien en amont de ce que me propose ma seconde activit\u00e9, la peinture. C\u2019est tellement romantique, tellement grotesque simultan\u00e9ment. \u00c9videmment, je continue \u00e0 me bercer d\u2019illusion comme je l\u2019ai toujours fait depuis ces quatre derni\u00e8res ann\u00e9es en \u00e9crivant et surtout en publiant sur ce blog. Mais, si je veux bien \u00eatre honn\u00eate avant tout et notamment avec moi-m\u00eame, le r\u00e9sultat est tr\u00e8s loin de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Et, qu'esp\u00e9rais-je, voil\u00e0 justement une excellente question. Je ne me souviens m\u00eame plus de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Il faudrait peut-\u00eatre remonter bien plus loin dans le temps pour tenter de retrouver la trace de cet espoir. Si toutefois un jour celui-ci a vraiment exist\u00e9. Ce qui, me connaissant, est loin d\u2019\u00eatre \u00e9vident. Probablement qu\u2019il serait utile alors de revenir sur les lieux, de se tenir attentif quelques secondes avant m\u00eame de pousser la porte de cette librairie d\u00e9couverte au hasard de mes d\u00e9ambulations dans la ville. Quelques secondes avant d\u2019attraper sur l\u2019une des \u00e9tag\u00e8res le tout premier carnet. Revenir dans le d\u00e9sagr\u00e9able, le terre-\u00e0-terre d\u2019une existence jug\u00e9e m\u00e9diocre. Revenir sur ces lieux dans lesquels s\u2019affrontent toujours en moi la honte et la col\u00e8re. La honte d\u2019\u00eatre tout \u00e0 coup arriv\u00e9 l\u00e0 o\u00f9 j\u2019en suis, alors que j\u2019imaginais valoir beaucoup \u00e9videmment bien mieux que \u00e7a. Et, la col\u00e8re de ne pas m\u2019\u00eatre donn\u00e9 suffisamment de moyens, de n\u2019avoir pas fourni suffisamment d\u2019efforts pour m\u2019\u00e9lever justement au-dessus de cette m\u00e9diocrit\u00e9. Dans le fond, une histoire banale que tout le monde conna\u00eet par c\u0153ur. Une histoire tellement peu int\u00e9ressante. Mais, pr\u00e9cis\u00e9ment, comment la rendre attrayante cette histoire ? Pourquoi cette histoire peut-elle atteindre, int\u00e9resser, \u00e9mouvoir, captiver l\u2019autre, comment tenir le lecteur par les couilles depuis la toute premi\u00e8re phrase pour qu\u2019il ne la l\u00e2che pas, ne s\u2019y ennuie pas, la lise jusqu\u2019au bout. Comment s\u2019y prendre pour qu\u2019il atteigne, \u00e0 regret la fin et que le peu qu\u2019il en retiendra devienne une partie de lui-m\u00eame, lui appartienne... \n\nJamais je ne me suis pos\u00e9 ces questions. Pourtant, ce sont \u00e0 priori de bonnes questions, des questions essentielles pour qui pr\u00e9tend \u00e9crire. Alors je me demande \u00e0 quelle part de moi-m\u00eame dois-je, aujourd\u2019hui, attribuer la responsabilit\u00e9 d\u2019un tel oubli, d\u2019un tel manquement, d\u2019un tel emp\u00eachement, est-ce \u00e0 la honte ou \u00e0 la col\u00e8re. Et, comment amadouer enfin l\u2019enfant. Je ne vois plus que lui d\u00e9sormais. Un gamin qui depuis toujours se tient dans cette relation binaire avec le monde, la r\u00e9alit\u00e9 de celui-ci, une relation que l\u2019on ne saurait autrement nommer qu\u2019imaginaire.",
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"title": "Reprendre",
"date_published": "2022-11-09T11:07:12Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:42:50Z",
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Reprendre un tableau c\u2019est avant tout le l\u00e2cher. En faire autre chose que ce qu\u2019il \u00e9tait spontan\u00e9ment. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a finit toujours assez mal, comme reprendre des p\u00e2tes, un ancien amour, un petit verre pour la route.<\/p>\n
Illustration<\/strong> :Tableau repris.<\/p>",
"content_text": "Reprendre un tableau c\u2019est avant tout le l\u00e2cher. En faire autre chose que ce qu\u2019il \u00e9tait spontan\u00e9ment. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a finit toujours assez mal, comme reprendre des p\u00e2tes, un ancien amour, un petit verre pour la route. **Illustration** :Tableau repris. ",
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"title": "Candeur",
"date_published": "2022-11-09T08:17:56Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:53:57Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "Au hasard d’une lecture le mot candeur<\/strong>, assez peu utilis\u00e9 voire plus du tout dans la langue de tous les jours. Ce que provoque la rencontre d’un tel mot dans un texte me surprend tant que je vais v\u00e9rifier la d\u00e9finition.<\/p>\nPuret\u00e9 de l\u2019\u00e2me, confiance, franchise d\u2019une \u00e2me pure. La candeur de ses m\u0153urs. Agir, parler avec candeur. Avouer une faute avec candeur. Un proc\u00e9d\u00e9 plein de candeur. Un faux air de candeur. Fausse candeur. On dirait la candeur m\u00eame.<\/em><\/p>\nIl signifie, par extension, Confiance excessive venant de la na\u00efvet\u00e9. Abuser de la candeur de quelqu\u2019un.<\/em><\/p>\nLa puret\u00e9 r\u00e9p\u00e9t\u00e9e est un indice. Tout comme la fausset\u00e9.<\/p>\n
La candeur m’est d\u00e9sormais interdite si je me fie \u00e0 cette notion de puret\u00e9 <\/em>\u00e0 laquelle le dictionnaire l’associe. Il reste la fausset\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer. La fausse candeur. En suis-je encore capable ? probablement. Sauf que je n’utilise jamais ce mot je lui pr\u00e9f\u00e8re fausse na\u00efvet\u00e9. Toujours une joie secr\u00e8te de paraitre plus con que j’ai la sensation permanente de l’\u00eatre, surtout vis \u00e0 vis de certains f\u00e2cheux qui eux en sont souvent de v\u00e9ritables.<\/p>\nMais de quelle puret\u00e9, de quelle fausset\u00e9 est-il vraiment question dans la d\u00e9finition donn\u00e9e. Je crois que nous avons tous en nous cette notion de puret\u00e9 et de fausset\u00e9. Nous les recouvrons de maintes dissimulations, nous les \u00e9prouvons dans le sens o\u00f9 nous les mettons aussi \u00e0 l’\u00e9preuve. Jusqu’o\u00f9 puret\u00e9, fausset\u00e9 ou sinc\u00e9rit\u00e9 tiendront est la fameuse question que nous nous posons juste avant de nous perdre dans l’oubli. Quand on y r\u00e9fl\u00e9chit ensuite on trouve toujours moyen d’agrandir les p\u00e9rim\u00e8tres des d\u00e9finitions. Le p\u00e9dophile doit aussi se donner des arguments certainement pour agrandir sa d\u00e9finition du pur et du sinc\u00e8re. Ainsi c’est open bar. On se d\u00e9bat comme on peut. Cet propension \u00e0 l’exag\u00e9ration, \u00e0 ne pas vouloir accepter les d\u00e9finitions qui ont \u00e9t\u00e9 fabriqu\u00e9es par des g\u00e9n\u00e9rations avant nous, \u00e0 imaginer qu’il est facile de les remettre en question ou au gout du jour prouve que notre monde est vraiment bien malade. Encore qu’\u00e0 Rome les \u00e9ph\u00e8bes \u00e9taient l\u00e9gions, chez les Grecs c’\u00e9tait m\u00eame un honneur pour un jeune homme de b\u00e9n\u00e9ficier des assauts de son protecteur et m\u00e9c\u00e8ne. Bref comme tout est compliqu\u00e9 sit\u00f4t qu’on se met \u00e0 penser.<\/p>\n
Moi-m\u00eame il m’arrive de vouloir faire le malin, d’imaginer parfois trouver un autre sens \u00e0 certains mots. Mais je ne fais que corroborer une pathologie qui frappe tout le monde d\u00e9sormais.<\/p>\n
En m\u00eame temps la candeur appartient aussi \u00e0 une \u00e9poque r\u00e9volue, quel int\u00e9r\u00eat d’y penser, d’\u00eatre aussi surpris de rencontrer un tel mot dans une lecture. Est-ce que ce ne serait pas du laisser-aller, le genre \u00e0 s’enfoncer dans la nostalgie comme sous une couette et se laisser envahir par une sensation douillette de confort ? Aussi douillette qu’illusoire probablement. C’est une v\u00e9ritable maladie que de se poser sans cesse ce genre de question. On ne peut profiter de rien avec candeur<\/em> parce qu’on ne cesse d’imaginer tous les tenants et aboutissants qui \u00e0 la fois la provoque, et toutes les cons\u00e9quences qu’elle risque d’entrainer.<\/p>\nJe ne sais pas combien de cardinaux se retrouvent au ban, leur puret\u00e9 sacerdotale ayant \u00e9t\u00e9 mise \u00e0 bas par les plaintes comme par leurs actes. On trouve cela d\u00e9goutant. Alors que de tout temps les moines du mont Athos passe le plus clair de leur temps \u00e0 s’enculer depuis Mathusalem. On voit bien \u00e0 quel point le protestantisme, et tout ce qui nous vient d’outre-Atlantique ruine peu \u00e0 peu les d\u00e9finitions et aussi un certain esprit, une libert\u00e9 de penser. Je regarde les \u00e9lections am\u00e9ricaines d\u00e9mocrates contre r\u00e9publicains la m\u00eame rengaine depuis toujours. Les m\u00eames momies pharaoniques qu’on exhibe pour l’occasion. La candeur apparente pr\u00e9sente aussi bien chez l’une que chez l’autre. Une candeur \u00e9lectorale. Merde de merde il faut que j’arr\u00eate de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout \u00e7a, je sens que je vais trop loin. Il faut que j’avance sur ma toile. Ma candeur<\/em> si j’en poss\u00e8de encore un brin sera celle-ci pour aujourd’hui.<\/p>",
"content_text": "Au hasard d'une lecture le mot candeur, assez peu utilis\u00e9 voire plus du tout dans la langue de tous les jours. Ce que provoque la rencontre d'un tel mot dans un texte me surprend tant que je vais v\u00e9rifier la d\u00e9finition.\n\nPuret\u00e9 de l\u2019\u00e2me, confiance, franchise d\u2019une \u00e2me pure. La candeur de ses m\u0153urs. Agir, parler avec candeur. Avouer une faute avec candeur. Un proc\u00e9d\u00e9 plein de candeur. Un faux air de candeur. Fausse candeur. On dirait la candeur m\u00eame.\n\nIl signifie, par extension, Confiance excessive venant de la na\u00efvet\u00e9. Abuser de la candeur de quelqu\u2019un.\n\nLa puret\u00e9 r\u00e9p\u00e9t\u00e9e est un indice. Tout comme la fausset\u00e9.\n\nLa candeur m'est d\u00e9sormais interdite si je me fie \u00e0 cette notion de puret\u00e9 \u00e0 laquelle le dictionnaire l'associe. Il reste la fausset\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer. La fausse candeur. En suis-je encore capable ? probablement. Sauf que je n'utilise jamais ce mot je lui pr\u00e9f\u00e8re fausse na\u00efvet\u00e9. Toujours une joie secr\u00e8te de paraitre plus con que j'ai la sensation permanente de l'\u00eatre, surtout vis \u00e0 vis de certains f\u00e2cheux qui eux en sont souvent de v\u00e9ritables. \n\nMais de quelle puret\u00e9, de quelle fausset\u00e9 est-il vraiment question dans la d\u00e9finition donn\u00e9e. Je crois que nous avons tous en nous cette notion de puret\u00e9 et de fausset\u00e9. Nous les recouvrons de maintes dissimulations, nous les \u00e9prouvons dans le sens o\u00f9 nous les mettons aussi \u00e0 l'\u00e9preuve. Jusqu'o\u00f9 puret\u00e9, fausset\u00e9 ou sinc\u00e9rit\u00e9 tiendront est la fameuse question que nous nous posons juste avant de nous perdre dans l'oubli. Quand on y r\u00e9fl\u00e9chit ensuite on trouve toujours moyen d'agrandir les p\u00e9rim\u00e8tres des d\u00e9finitions. Le p\u00e9dophile doit aussi se donner des arguments certainement pour agrandir sa d\u00e9finition du pur et du sinc\u00e8re. Ainsi c'est open bar. On se d\u00e9bat comme on peut. Cet propension \u00e0 l'exag\u00e9ration, \u00e0 ne pas vouloir accepter les d\u00e9finitions qui ont \u00e9t\u00e9 fabriqu\u00e9es par des g\u00e9n\u00e9rations avant nous, \u00e0 imaginer qu'il est facile de les remettre en question ou au gout du jour prouve que notre monde est vraiment bien malade. Encore qu'\u00e0 Rome les \u00e9ph\u00e8bes \u00e9taient l\u00e9gions, chez les Grecs c'\u00e9tait m\u00eame un honneur pour un jeune homme de b\u00e9n\u00e9ficier des assauts de son protecteur et m\u00e9c\u00e8ne. Bref comme tout est compliqu\u00e9 sit\u00f4t qu'on se met \u00e0 penser.\n\nMoi-m\u00eame il m'arrive de vouloir faire le malin, d'imaginer parfois trouver un autre sens \u00e0 certains mots. Mais je ne fais que corroborer une pathologie qui frappe tout le monde d\u00e9sormais.\n\nEn m\u00eame temps la candeur appartient aussi \u00e0 une \u00e9poque r\u00e9volue, quel int\u00e9r\u00eat d'y penser, d'\u00eatre aussi surpris de rencontrer un tel mot dans une lecture. Est-ce que ce ne serait pas du laisser-aller, le genre \u00e0 s'enfoncer dans la nostalgie comme sous une couette et se laisser envahir par une sensation douillette de confort ? Aussi douillette qu'illusoire probablement. C'est une v\u00e9ritable maladie que de se poser sans cesse ce genre de question. On ne peut profiter de rien avec candeur parce qu'on ne cesse d'imaginer tous les tenants et aboutissants qui \u00e0 la fois la provoque, et toutes les cons\u00e9quences qu'elle risque d'entrainer.\n\nJe ne sais pas combien de cardinaux se retrouvent au ban, leur puret\u00e9 sacerdotale ayant \u00e9t\u00e9 mise \u00e0 bas par les plaintes comme par leurs actes. On trouve cela d\u00e9goutant. Alors que de tout temps les moines du mont Athos passe le plus clair de leur temps \u00e0 s'enculer depuis Mathusalem. On voit bien \u00e0 quel point le protestantisme, et tout ce qui nous vient d'outre-Atlantique ruine peu \u00e0 peu les d\u00e9finitions et aussi un certain esprit, une libert\u00e9 de penser. Je regarde les \u00e9lections am\u00e9ricaines d\u00e9mocrates contre r\u00e9publicains la m\u00eame rengaine depuis toujours. Les m\u00eames momies pharaoniques qu'on exhibe pour l'occasion. La candeur apparente pr\u00e9sente aussi bien chez l'une que chez l'autre. Une candeur \u00e9lectorale. Merde de merde il faut que j'arr\u00eate de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout \u00e7a, je sens que je vais trop loin. Il faut que j'avance sur ma toile. Ma candeur si j'en poss\u00e8de encore un brin sera celle-ci pour aujourd'hui.",
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"title": "mauvaise volont\u00e9",
"date_published": "2022-11-08T11:11:08Z",
"date_modified": "2025-10-26T10:43:57Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "Re\u00e7u une lettre d\u2019huissier pour un paiement non effectu\u00e9 \u00e0 une AGA, association de gestion \u00e0 qui, il y a deux ans, on a transmis mon compte client au moment o\u00f9 l\u2019association pr\u00e9c\u00e9dente fermait. Mon dossier client transmit comme on transmet du b\u00e9tail un cheptel. En deux ans aucune relation avec cette Aga sinon le paiement d\u2019une facture de 250 euros. Ils avaient \u00e9tabli leur courrier ( leur e-mail ) \u00e0 une ancienne adresse qui doit dater de plus de 10 ans. Je leur avais transmis ma nouvelle adresse mais pas de r\u00e9sultat. Le denier e-mail re\u00e7u il y a bien six mois toujours avec cette en-t\u00eate \u00e0 la mauvaise adresse. Aga\u00e7ant. Donc il y a deux mois je d\u00e9couvre un message vocal d\u2019un huissier qui me prie de le joindre de toute urgence avant que des poursuites s\u2019engagent. Cela m\u2019agace encore plus. J\u2019appelle, trouve une fa\u00e7on de payer \u00e0 temp\u00e9rament, pas plus de deux fois m\u2019enjoint la femme au bout du fil. Bon, je vais m\u2019arranger je dis. Et l\u00e0, \u00e9videmment, en deux mois beaucoup d\u2019eau coule sous les ponts. Et l\u2019URSSAF qui ne dort jamais me pr\u00e9l\u00e8ve d\u2019un coup, il y a deux jours , la somme astronomique de 6022 euros. Comme \u00e7a paf sans revenir. \u00c9videmment j\u2019appelle mon banquier lui dit de rejeter le pr\u00e9l\u00e8vement. Mais il faudra quelques jours encore avant que la situation de mon compte redevienne « normale ». Et l\u00e0, je d\u00e9couvre la missive de l\u2019huissier dans ma bo\u00eete e-mail.<\/p>\n
« Puisque vous mettez autant de mauvaise volont\u00e9 \u00e0 payer etc etc nous allons donc commencer les poursuites. »<\/p>\n
Je suis rest\u00e9 un instant baba. Sonn\u00e9. Mais l\u2019expression mauvaise volont\u00e9 m\u2019a chauff\u00e9 le sang assez rapidement. J\u2019ai aussit\u00f4t \u00e9crit un message de r\u00e9ponse pour m\u2019indigner ouvertement ( sans doute beaucoup trop ) concernant l\u2019expression. Le fait que je n\u2019\u00e9tais pas un gamin de cinq ans, que m\u00eame s\u2019ils avaient la sacro-sainte loi de leur c\u00f4t\u00e9 ce n\u2019\u00e9tait pas une raison pour traiter les gens comme \u00e7a, que c\u2019\u00e9tait un manque total de respect etc etc... puis j\u2019ai effac\u00e9 le message. J\u2019\u00e9tais calm\u00e9 de l\u2019avoir \u00e9crit. Mais j\u2019ai jug\u00e9 qu\u2019ils ne m\u00e9ritaient aucunement une attention si aigu\u00eb. Que c\u2019\u00e9tait tr\u00e8s certainement un genre de lettre type r\u00e9dig\u00e9e par un gros con ou une grosse conne assit toute la journ\u00e9e a s\u2019emmerder dans un bureau mal a\u00e9r\u00e9. Des malheureux qui font suer des malheureux, rien de plus banal en somme. Bref que la fa\u00e7on dont cette lettre \u00e9tait \u00e9crite en disait bien plus long sur la personne qui l\u2019avait r\u00e9fl\u00e9chie qu\u2019elle m\u2019\u00e9tait adress\u00e9e. Voil\u00e0 une vraie maladresse pour l\u2019occasion. Cela fait des mois que je conserve dans une partie de la cervelle toutes ces turbulences administratives. Une r\u00e9volte sourde contre tous ces parasites qui nous ponctionnent m\u00eame quand on n\u2019a plus de quoi. Ma technique favorite est l\u2019inertie. J\u2019ai appris cela en entreprise avec tous les e-mails notifi\u00e9s « urgent » « prioritaires » que l\u2019on re\u00e7oit par paquets de cent chaque jour. Au d\u00e9but j\u2019empruntais la figure du s\u00e9maphore, je faisais de grands gestes, m\u2019affolais, tant ces termes paraissaient s\u00e9rieux, m\u2019en imposaient. Puis avec le temps j\u2019ai appris \u00e0 pond\u00e9rer mes gesticulations. D\u2019autant que les gens appuient sur prioritaire et urgent comme \u00e7a leur chante. Que ce genre d\u2019e-mail peut tout \u00e0 fait s\u2019enfoncer dans la pile sans que quiconque ne fasse la moindre observation. Bref que la v\u00e9ritable urgence n\u2019est jamais l\u00e0 o\u00f9 on l\u2019attend. Avec les ann\u00e9es, je suis devenu plus calme, extraordinairement calme. Un sang-froid \u00e0 toutes \u00e9preuves. Je m\u2019en \u00e9tonne m\u00eame moi-m\u00eame. Donc poursuivez poursuivez si cela vous chante vous ne savez pas \u00e0 quel point je suis encore capable de m\u2019\u00e9vader, de mourir m\u00eame s\u2019il le faut pour ne plus regarder votre triste votre ubuesque votre dramatique r\u00e9alit\u00e9. Des fois on se croirait vraiment \u00e0 la t\u00e9l\u00e9.<\/p>",
"content_text": "Re\u00e7u une lettre d\u2019huissier pour un paiement non effectu\u00e9 \u00e0 une AGA, association de gestion \u00e0 qui, il y a deux ans, on a transmis mon compte client au moment o\u00f9 l\u2019association pr\u00e9c\u00e9dente fermait. Mon dossier client transmit comme on transmet du b\u00e9tail un cheptel. En deux ans aucune relation avec cette Aga sinon le paiement d\u2019une facture de 250 euros. Ils avaient \u00e9tabli leur courrier ( leur e-mail ) \u00e0 une ancienne adresse qui doit dater de plus de 10 ans. Je leur avais transmis ma nouvelle adresse mais pas de r\u00e9sultat. Le denier e-mail re\u00e7u il y a bien six mois toujours avec cette en-t\u00eate \u00e0 la mauvaise adresse. Aga\u00e7ant. Donc il y a deux mois je d\u00e9couvre un message vocal d\u2019un huissier qui me prie de le joindre de toute urgence avant que des poursuites s\u2019engagent. Cela m\u2019agace encore plus. J\u2019appelle, trouve une fa\u00e7on de payer \u00e0 temp\u00e9rament, pas plus de deux fois m\u2019enjoint la femme au bout du fil. Bon, je vais m\u2019arranger je dis. Et l\u00e0, \u00e9videmment, en deux mois beaucoup d\u2019eau coule sous les ponts. Et l\u2019URSSAF qui ne dort jamais me pr\u00e9l\u00e8ve d\u2019un coup, il y a deux jours , la somme astronomique de 6022 euros. Comme \u00e7a paf sans revenir. \u00c9videmment j\u2019appelle mon banquier lui dit de rejeter le pr\u00e9l\u00e8vement. Mais il faudra quelques jours encore avant que la situation de mon compte redevienne \u00ab normale \u00bb. Et l\u00e0, je d\u00e9couvre la missive de l\u2019huissier dans ma bo\u00eete e-mail. \n\n\u00ab Puisque vous mettez autant de mauvaise volont\u00e9 \u00e0 payer etc etc nous allons donc commencer les poursuites. \u00bb\n\nJe suis rest\u00e9 un instant baba. Sonn\u00e9. Mais l\u2019expression mauvaise volont\u00e9 m\u2019a chauff\u00e9 le sang assez rapidement. J\u2019ai aussit\u00f4t \u00e9crit un message de r\u00e9ponse pour m\u2019indigner ouvertement ( sans doute beaucoup trop ) concernant l\u2019expression. Le fait que je n\u2019\u00e9tais pas un gamin de cinq ans, que m\u00eame s\u2019ils avaient la sacro-sainte loi de leur c\u00f4t\u00e9 ce n\u2019\u00e9tait pas une raison pour traiter les gens comme \u00e7a, que c\u2019\u00e9tait un manque total de respect etc etc... puis j\u2019ai effac\u00e9 le message. J\u2019\u00e9tais calm\u00e9 de l\u2019avoir \u00e9crit. Mais j\u2019ai jug\u00e9 qu\u2019ils ne m\u00e9ritaient aucunement une attention si aigu\u00eb. Que c\u2019\u00e9tait tr\u00e8s certainement un genre de lettre type r\u00e9dig\u00e9e par un gros con ou une grosse conne assit toute la journ\u00e9e a s\u2019emmerder dans un bureau mal a\u00e9r\u00e9. Des malheureux qui font suer des malheureux, rien de plus banal en somme. Bref que la fa\u00e7on dont cette lettre \u00e9tait \u00e9crite en disait bien plus long sur la personne qui l\u2019avait r\u00e9fl\u00e9chie qu\u2019elle m\u2019\u00e9tait adress\u00e9e. Voil\u00e0 une vraie maladresse pour l\u2019occasion. Cela fait des mois que je conserve dans une partie de la cervelle toutes ces turbulences administratives. Une r\u00e9volte sourde contre tous ces parasites qui nous ponctionnent m\u00eame quand on n\u2019a plus de quoi. Ma technique favorite est l\u2019inertie. J\u2019ai appris cela en entreprise avec tous les e-mails notifi\u00e9s \u00ab urgent \u00bb \u00ab prioritaires \u00bb que l\u2019on re\u00e7oit par paquets de cent chaque jour. Au d\u00e9but j\u2019empruntais la figure du s\u00e9maphore, je faisais de grands gestes, m\u2019affolais, tant ces termes paraissaient s\u00e9rieux, m\u2019en imposaient. Puis avec le temps j\u2019ai appris \u00e0 pond\u00e9rer mes gesticulations. D\u2019autant que les gens appuient sur prioritaire et urgent comme \u00e7a leur chante. Que ce genre d\u2019e-mail peut tout \u00e0 fait s\u2019enfoncer dans la pile sans que quiconque ne fasse la moindre observation. Bref que la v\u00e9ritable urgence n\u2019est jamais l\u00e0 o\u00f9 on l\u2019attend. Avec les ann\u00e9es, je suis devenu plus calme, extraordinairement calme. Un sang-froid \u00e0 toutes \u00e9preuves. Je m\u2019en \u00e9tonne m\u00eame moi-m\u00eame. Donc poursuivez poursuivez si cela vous chante vous ne savez pas \u00e0 quel point je suis encore capable de m\u2019\u00e9vader, de mourir m\u00eame s\u2019il le faut pour ne plus regarder votre triste votre ubuesque votre dramatique r\u00e9alit\u00e9. Des fois on se croirait vraiment \u00e0 la t\u00e9l\u00e9. ",
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