{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/ce-qui-remonte.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/ce-qui-remonte.html", "title": "Ce qui remonte", "date_published": "2022-12-31T09:34:59Z", "date_modified": "2025-11-03T14:50:45Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Des peurs, esquives inconscientes et autres d\u00e9go\u00fbts rel\u00e9gu\u00e9es dans les profondeurs de la b\u00e9ance du temps, remontent parfois \u00e0 la surface de l’instant pr\u00e9sent. Et le trouble qu’elles installent dans le parcours o\u00f9 elles s’efforcent vers la clart\u00e9 est le lieu le plus propice \u00e0 l’\u00b4\u00e9criture. Ainsi je revois Robert tel qu’il fut dans mon enfance et tel qu’il devient dans le pr\u00e9sent. C’\u00b4est \u00e0 dire mon semblable. Et je ne parviens pas \u00e0 d\u00e9cider si cette similitude est une faveur, une satisfaction pour l’homme que je suis aujourd’hui. Il est m\u00eame, apr\u00e8s r\u00e9flexion, pr\u00e9f\u00e9rable qu’elle ne le soit pas car en m’en allant directement au pire, implique, logique \u00e9tonnante d’un tel choix, cette cons\u00e9quence qu’il me sera plus facile d’en avoir le c\u0153ur net. Robert le p\u00e8re de mon p\u00e8re m’inspira une v\u00e9n\u00e9ration m\u00e9lang\u00e9e de crainte depuis mes plus lointains souvenirs enfantins jusqu’au jour de son enterrement, lequel fut une farce grotesque \u00e0 laquelle, ayant atteint l’adolescence je participais bien malgr\u00e9 moi. Le cur\u00e9 de la paroisse, bourr\u00e9 comme un coing, fut ce jour pr\u00e9cis, poss\u00e9d\u00e9 par l’esprit du grommelot et je me demande encore si la c\u00e9r\u00e9monie fun\u00e8bre \u00e0 laquelle par usage ou tradition je fus bien oblig\u00e9 de participer, appartient \u00e0 la cat\u00e9gorie shakespearienne du th\u00e9\u00e2tre Elisab\u00e9thain ou \u00e0 la Commedia del Arte italienne. En tous cas, il se trouve indiscutable que nous e\u00fbmes par la suite affaire, mon p\u00e8re et moi, aux foudres des vieilles bigotes du bourg, en raison de notre inconduite bruyante. Un fou rire qui ne nous l\u00e2cha pas depuis l’entr\u00e9e en sc\u00e8ne de l’eccl\u00e9siastique \u00e9m\u00e8ch\u00e9 jusqu’\u00e0 l’onction qu’il jeta totalement au pif sur le cercueil de feu mon grand-p\u00e8re. Cette terrifiante farce pour autant qu’elle nous fit pleurer de rire, mon p\u00e8re et moi, nous rapprocha tout \u00e0 coup comme jamais autre moment de nos vies, par nature si dissemblables. M\u00eame au moment o\u00f9 ce denier mourra des d\u00e9cennies plus tard, nous n’e\u00fbmes telle proximit\u00e9 et donc jouissance ou apaisement. Sentiment vaste et myst\u00e9rieux que cette proximit\u00e9, ce d\u00e9nouement p\u00e8re fils. Et que l’on aimerait voir appara\u00eetre autrement qu’\u00e0 l’int\u00e9rieur d’une \u00e9normit\u00e9 religieuse ou th\u00e9\u00e2trale. Mais faute de grive et un bon tiens vaut toujours mieux que deux tu l’auras. Cette haine d\u00e9guis\u00e9e en indiff\u00e9rence que le fils nourrissait pour son p\u00e8re m’\u00e9tonna longtemps, m’attristait r\u00e9guli\u00e8rement. Il y avait entre ces deux hommes un contentieux qui ne trouvait pas d’issu. Et m\u00eame apr\u00e8s la mort de Robert rien ne fut r\u00e9solu pour autant. Ce qui fait que, suivant la loi naturelle des legs familiaux, j’en h\u00e9ritai \u00e0 la mort de mon p\u00e8re sans m\u00eame en entendre parler par ma\u00eetre X notaire \u00e0 Y. Le seul grief ayant cr\u00e9\u00e9 ce diff\u00e9rent entre mon p\u00e8re et Robert fut une escapade de ce dernier qui dura 12 ans et dont le pr\u00e9texte aurait \u00e9t\u00e9, selon la l\u00e9gende familiale, la qu\u00eate ubuesque d’un paquet de gitanes blanches sans filtre. Ce qui conduisit ma grand-m\u00e8re \u00e0 \u00e9lever seule mon p\u00e8re et \u00e0 affronter sa belle-m\u00e8re, unique d\u00e9tentrice des parts de la boucherie dont, par int\u00e9rim, elle se retrouva propuls\u00e9e employ\u00e9e- patronne du jour au lendemain. Enfant je dus baigner dans un climat de reproches et d’amertume qui, par un ph\u00e9nom\u00e8ne de porosit\u00e9 naturelle, m’envahit. Et aussi cette porosit\u00e9 ne trouvant que peu d’objet ext\u00e9rieur autant que r\u00e9el dans mon univers, elle finit par se diriger toute enti\u00e8re contre moi-m\u00eame. Robert \u00e9tait revenu dans ses foyers lorsque, a ma naissance, on me confia \u00e0 mes grands parents par commodit\u00e9. Il est possible que cette imbibition dans l’amertume commence ainsi sit\u00f4t que j’eus franchi le seuil de l’appartement de la rue Jobb\u00e9-Duval, au 35, dans le quinzi\u00e8me. C’est aussi \u00e0 partir de cette \u00e9poque qu’une grande confusion naquit \u00e0 propos du silence, celui-ci n’\u00e9tant pas dans mon souvenir synonyme de calme ni de paix mais, au contraire, la forge br\u00fblante o\u00f9 la volont\u00e9 de vindicte alli\u00e9e \u00e0 la rancune, l’amertume, l’amour et la haine cr\u00e9e les lames damasquin\u00e9es n\u00e9cessaires \u00e0 tout \u00e9gorgement en bonne et due forme, mutuel. Cependant que le vocabulaire en \u00e9tait,— et c’est ce qui m’aura sans doute le plus rendu chagrin— d’une pauvret\u00e9 ordinaire. Mise \u00e0 part l’utilisation de l’argot par Robert qui en usait d’une fa\u00e7on si r\u00e9guli\u00e8re et abondante que cette langue des bas-fonds si s\u00e9duisante \u00e0 l’oreille autrefois , d\u00e9sormais n’est plus pour moi qu’une nappe de silence charg\u00e9e d’emballer une violence indicible comme une tranche sanguinolente de foie de g\u00e9nisse.Une seule fois, grand-m\u00e8re parvint \u00e0 faire sortir Robert de ses gonds devant moi. Et lorsqu’il attrapa un couteau \u00e0 d\u00e9couper les rosbifs pour le brandir au dessus d’elle dans la cuisine, je crois avoir \u00e9prouv\u00e9e cette \u00e9tonnante satisfaction de voir enfin un homme, non plus menacer ou caresser le d\u00e9sir de passer \u00e0 l’action, mais d’ \u00eatre -quel soulagement- enfin emport\u00e9 par sa nature authentique. Et bien s\u00fbr le couteau resta en suspens et bien s\u00fbr jaillit une salve de jurons en argot et bien s\u00fbr ce jour l\u00e0 o\u00f9 tout aurait pu changer \u00e0 tout jamais, rien ne se passa. Robert avait tir\u00e9 un trait sur toute dignit\u00e9 depuis belle lurette c’\u00e9tait dans mon esprit enfantin une \u00e9vidence indiscutable. Et c’est \u00e0 partir de cet \u00e9v\u00e9nement que je rejoins sans m\u00eame le savoir la communaut\u00e9 que formait mon p\u00e8re, sa m\u00e8re et mon arri\u00e8re grand-m\u00e8re dans la d\u00e9consid\u00e9ration de Robert. Que de mod\u00e8le paternel int\u00e9rimaire auquel je l’avais hiss\u00e9 il fut rel\u00e9gu\u00e9 \u00e0 un r\u00f4le secondaire de marionnette turque. Nous dormions dans la m\u00eame chambre et assez vite dans le m\u00eame lit quand mon corps ne put continuer \u00e0 \u00eatre contenu dans l’exigu\u00eft\u00e9 du berceau. L’odeur des gitanes blanches qu’il n’\u00e9crasait que sommairement dans le cendrier de la marque Cinzano, accompagne de fa\u00e7on ind\u00e9l\u00e9bile ce souvenir. Il laissait ses cottes de travail accroch\u00e9es \u00e0 un porte-manteau. Des cottes de coton de couleur noir et qui comprenaient une infinit\u00e9 de poches de profondeurs diverses. Et dans lesquelles, durant son sommeil d’homme \u00e9reint\u00e9 par le travail mais pas seulement, j’allais avec fr\u00e9n\u00e9sie, f\u00e9brilit\u00e9, pour me faire peur, plonger la main. L’argent sous forme de menue monnaie que j’en extrayais \u00e9tait comme une r\u00e9tribution que je m’octroyais sans aucune vergogne. Et cette absence de culpabilit\u00e9 participait \u00e0 cet effort de me ranger l\u00e2chement, comme tout \u00eatre faible du c\u00f4t\u00e9 des plus forts. Le vol fut ainsi pour moi une tentative lamentable quand j’y pense, une tentative vou\u00e9e d’avance \u00e0 l’\u00e9chec, bien s\u00fbr, de r\u00eaver rejoindre une communaut\u00e9 constitu\u00e9e essentiellement par la fascination de la probit\u00e9. Probit\u00e9 dont je n’avais pas d’autre choix que de la mettre aussi en doute que la vell\u00e9it\u00e9, l’insouciance, l’\u00e9go\u00efsme de Robert, mon grand-p\u00e8re. Une image me revient des profondeurs de ma propre ignorance du monde qui m’entoure. Elle repr\u00e9sente des constructions bancales. Robert construisait des piliers constitu\u00e9s de briques et de broc dans une partie de la cour attenante \u00e0 la ferme o\u00f9 il acheva sa vie. Je crois que le but qu’il s’\u00e9tait donn\u00e9 \u00e9tait de soutenir un toit par la suite afin d’entreposer du mat\u00e9riel. Il n’acheva jamais ce projet. Et c’\u00e9tait aussi un bon sujet de plaisanterie dans la famille que d’\u00e9voquer l’absolu manque de rectitude de ces assemblages verticaux vou\u00e9s d’avance \u00e0 l’\u00e9chec. Un peu comme les textes que j’\u00e9cris sur ce blog. Des efforts t\u00eatus effectu\u00e9s \u00e0 l’int\u00e9rieur d’ une incomp\u00e9tence obstin\u00e9e en vue d’un Toi tout au plus r\u00e9duit \u00e0 un fantasme, un passe-temps.<\/p>", "content_text": "Des peurs, esquives inconscientes et autres d\u00e9go\u00fbts rel\u00e9gu\u00e9es dans les profondeurs de la b\u00e9ance du temps, remontent parfois \u00e0 la surface de l'instant pr\u00e9sent. Et le trouble qu'elles installent dans le parcours o\u00f9 elles s'efforcent vers la clart\u00e9 est le lieu le plus propice \u00e0 l'\u00b4\u00e9criture. Ainsi je revois Robert tel qu'il fut dans mon enfance et tel qu'il devient dans le pr\u00e9sent. C'\u00b4est \u00e0 dire mon semblable. Et je ne parviens pas \u00e0 d\u00e9cider si cette similitude est une faveur, une satisfaction pour l'homme que je suis aujourd'hui. Il est m\u00eame, apr\u00e8s r\u00e9flexion, pr\u00e9f\u00e9rable qu'elle ne le soit pas car en m'en allant directement au pire, implique, logique \u00e9tonnante d'un tel choix, cette cons\u00e9quence qu'il me sera plus facile d'en avoir le c\u0153ur net. Robert le p\u00e8re de mon p\u00e8re m'inspira une v\u00e9n\u00e9ration m\u00e9lang\u00e9e de crainte depuis mes plus lointains souvenirs enfantins jusqu'au jour de son enterrement, lequel fut une farce grotesque \u00e0 laquelle, ayant atteint l'adolescence je participais bien malgr\u00e9 moi. Le cur\u00e9 de la paroisse, bourr\u00e9 comme un coing, fut ce jour pr\u00e9cis, poss\u00e9d\u00e9 par l'esprit du grommelot et je me demande encore si la c\u00e9r\u00e9monie fun\u00e8bre \u00e0 laquelle par usage ou tradition je fus bien oblig\u00e9 de participer, appartient \u00e0 la cat\u00e9gorie shakespearienne du th\u00e9\u00e2tre Elisab\u00e9thain ou \u00e0 la Commedia del Arte italienne. En tous cas, il se trouve indiscutable que nous e\u00fbmes par la suite affaire, mon p\u00e8re et moi, aux foudres des vieilles bigotes du bourg, en raison de notre inconduite bruyante. Un fou rire qui ne nous l\u00e2cha pas depuis l'entr\u00e9e en sc\u00e8ne de l'eccl\u00e9siastique \u00e9m\u00e8ch\u00e9 jusqu'\u00e0 l'onction qu'il jeta totalement au pif sur le cercueil de feu mon grand-p\u00e8re. Cette terrifiante farce pour autant qu'elle nous fit pleurer de rire, mon p\u00e8re et moi, nous rapprocha tout \u00e0 coup comme jamais autre moment de nos vies, par nature si dissemblables. M\u00eame au moment o\u00f9 ce denier mourra des d\u00e9cennies plus tard, nous n'e\u00fbmes telle proximit\u00e9 et donc jouissance ou apaisement. Sentiment vaste et myst\u00e9rieux que cette proximit\u00e9, ce d\u00e9nouement p\u00e8re fils. Et que l'on aimerait voir appara\u00eetre autrement qu'\u00e0 l'int\u00e9rieur d'une \u00e9normit\u00e9 religieuse ou th\u00e9\u00e2trale. Mais faute de grive et un bon tiens vaut toujours mieux que deux tu l'auras. Cette haine d\u00e9guis\u00e9e en indiff\u00e9rence que le fils nourrissait pour son p\u00e8re m'\u00e9tonna longtemps, m'attristait r\u00e9guli\u00e8rement. Il y avait entre ces deux hommes un contentieux qui ne trouvait pas d'issu. Et m\u00eame apr\u00e8s la mort de Robert rien ne fut r\u00e9solu pour autant. Ce qui fait que, suivant la loi naturelle des legs familiaux, j'en h\u00e9ritai \u00e0 la mort de mon p\u00e8re sans m\u00eame en entendre parler par ma\u00eetre X notaire \u00e0 Y. Le seul grief ayant cr\u00e9\u00e9 ce diff\u00e9rent entre mon p\u00e8re et Robert fut une escapade de ce dernier qui dura 12 ans et dont le pr\u00e9texte aurait \u00e9t\u00e9, selon la l\u00e9gende familiale, la qu\u00eate ubuesque d'un paquet de gitanes blanches sans filtre. Ce qui conduisit ma grand-m\u00e8re \u00e0 \u00e9lever seule mon p\u00e8re et \u00e0 affronter sa belle-m\u00e8re, unique d\u00e9tentrice des parts de la boucherie dont, par int\u00e9rim, elle se retrouva propuls\u00e9e employ\u00e9e- patronne du jour au lendemain. Enfant je dus baigner dans un climat de reproches et d'amertume qui, par un ph\u00e9nom\u00e8ne de porosit\u00e9 naturelle, m'envahit. Et aussi cette porosit\u00e9 ne trouvant que peu d'objet ext\u00e9rieur autant que r\u00e9el dans mon univers, elle finit par se diriger toute enti\u00e8re contre moi-m\u00eame. Robert \u00e9tait revenu dans ses foyers lorsque, a ma naissance, on me confia \u00e0 mes grands parents par commodit\u00e9. Il est possible que cette imbibition dans l'amertume commence ainsi sit\u00f4t que j'eus franchi le seuil de l'appartement de la rue Jobb\u00e9-Duval, au 35, dans le quinzi\u00e8me. C'est aussi \u00e0 partir de cette \u00e9poque qu'une grande confusion naquit \u00e0 propos du silence, celui-ci n'\u00e9tant pas dans mon souvenir synonyme de calme ni de paix mais, au contraire, la forge br\u00fblante o\u00f9 la volont\u00e9 de vindicte alli\u00e9e \u00e0 la rancune, l'amertume, l'amour et la haine cr\u00e9e les lames damasquin\u00e9es n\u00e9cessaires \u00e0 tout \u00e9gorgement en bonne et due forme, mutuel. Cependant que le vocabulaire en \u00e9tait,-- et c'est ce qui m'aura sans doute le plus rendu chagrin-- d'une pauvret\u00e9 ordinaire. Mise \u00e0 part l'utilisation de l'argot par Robert qui en usait d'une fa\u00e7on si r\u00e9guli\u00e8re et abondante que cette langue des bas-fonds si s\u00e9duisante \u00e0 l'oreille autrefois , d\u00e9sormais n'est plus pour moi qu'une nappe de silence charg\u00e9e d'emballer une violence indicible comme une tranche sanguinolente de foie de g\u00e9nisse.Une seule fois, grand-m\u00e8re parvint \u00e0 faire sortir Robert de ses gonds devant moi. Et lorsqu'il attrapa un couteau \u00e0 d\u00e9couper les rosbifs pour le brandir au dessus d'elle dans la cuisine, je crois avoir \u00e9prouv\u00e9e cette \u00e9tonnante satisfaction de voir enfin un homme, non plus menacer ou caresser le d\u00e9sir de passer \u00e0 l'action, mais d' \u00eatre -quel soulagement- enfin emport\u00e9 par sa nature authentique. Et bien s\u00fbr le couteau resta en suspens et bien s\u00fbr jaillit une salve de jurons en argot et bien s\u00fbr ce jour l\u00e0 o\u00f9 tout aurait pu changer \u00e0 tout jamais, rien ne se passa. Robert avait tir\u00e9 un trait sur toute dignit\u00e9 depuis belle lurette c'\u00e9tait dans mon esprit enfantin une \u00e9vidence indiscutable. Et c'est \u00e0 partir de cet \u00e9v\u00e9nement que je rejoins sans m\u00eame le savoir la communaut\u00e9 que formait mon p\u00e8re, sa m\u00e8re et mon arri\u00e8re grand-m\u00e8re dans la d\u00e9consid\u00e9ration de Robert. Que de mod\u00e8le paternel int\u00e9rimaire auquel je l'avais hiss\u00e9 il fut rel\u00e9gu\u00e9 \u00e0 un r\u00f4le secondaire de marionnette turque. Nous dormions dans la m\u00eame chambre et assez vite dans le m\u00eame lit quand mon corps ne put continuer \u00e0 \u00eatre contenu dans l'exigu\u00eft\u00e9 du berceau. L'odeur des gitanes blanches qu'il n'\u00e9crasait que sommairement dans le cendrier de la marque Cinzano, accompagne de fa\u00e7on ind\u00e9l\u00e9bile ce souvenir. Il laissait ses cottes de travail accroch\u00e9es \u00e0 un porte-manteau. Des cottes de coton de couleur noir et qui comprenaient une infinit\u00e9 de poches de profondeurs diverses. Et dans lesquelles, durant son sommeil d'homme \u00e9reint\u00e9 par le travail mais pas seulement, j'allais avec fr\u00e9n\u00e9sie, f\u00e9brilit\u00e9, pour me faire peur, plonger la main. L'argent sous forme de menue monnaie que j'en extrayais \u00e9tait comme une r\u00e9tribution que je m'octroyais sans aucune vergogne. Et cette absence de culpabilit\u00e9 participait \u00e0 cet effort de me ranger l\u00e2chement, comme tout \u00eatre faible du c\u00f4t\u00e9 des plus forts. Le vol fut ainsi pour moi une tentative lamentable quand j'y pense, une tentative vou\u00e9e d'avance \u00e0 l'\u00e9chec, bien s\u00fbr, de r\u00eaver rejoindre une communaut\u00e9 constitu\u00e9e essentiellement par la fascination de la probit\u00e9. Probit\u00e9 dont je n'avais pas d'autre choix que de la mettre aussi en doute que la vell\u00e9it\u00e9, l'insouciance, l'\u00e9go\u00efsme de Robert, mon grand-p\u00e8re. Une image me revient des profondeurs de ma propre ignorance du monde qui m'entoure. Elle repr\u00e9sente des constructions bancales. Robert construisait des piliers constitu\u00e9s de briques et de broc dans une partie de la cour attenante \u00e0 la ferme o\u00f9 il acheva sa vie. Je crois que le but qu'il s'\u00e9tait donn\u00e9 \u00e9tait de soutenir un toit par la suite afin d'entreposer du mat\u00e9riel. Il n'acheva jamais ce projet. Et c'\u00e9tait aussi un bon sujet de plaisanterie dans la famille que d'\u00e9voquer l'absolu manque de rectitude de ces assemblages verticaux vou\u00e9s d'avance \u00e0 l'\u00e9chec. Un peu comme les textes que j'\u00e9cris sur ce blog. Des efforts t\u00eatus effectu\u00e9s \u00e0 l'int\u00e9rieur d' une incomp\u00e9tence obstin\u00e9e en vue d'un Toi tout au plus r\u00e9duit \u00e0 un fantasme, un passe-temps. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7688jpgw276-6624d43f-005a6.jpg?1762181382", "tags": ["carnet de fiction"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/achat-d-une-bouteille-de-gaz.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/achat-d-une-bouteille-de-gaz.html", "title": "achat d'une bouteille de gaz", "date_published": "2022-12-28T17:16:58Z", "date_modified": "2025-10-16T07:56:20Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

chant 1<\/h2>\n

chapeau blanc<\/p>\n

Le po\u00eale fait un bruit reconnaissable puis la flamme s’\u00e9teint, la grille refroidit et perd sa couleur vermillon. La bouteille de 13 kilos est vide. Il reste encore deux jours pour pr\u00e9parer une exposition et ce serait plus agr\u00e9able de la pr\u00e9parer dans un atelier chauff\u00e9. Il y a d\u00e9j\u00e0 assez de difficult\u00e9s pour ne pas en rajouter une. Et si en plus tu as de quoi, rejoins en toute h\u00e2te le d\u00e9p\u00f4t des bouteilles de gaz sur le parking du supermarch\u00e9. V\u00e9rification du compte bancaire pour bien s’en assurer.<\/p>\n

chapeau noir<\/p>\n

Es-tu certain que ce n’est pas une d\u00e9pense superflue, si tu serres les dents deux jours ce ne sera pas la mer \u00e0 boire et bla bla bla et patati patata<\/p>\n

chapeau jaune<\/p>\n

Tu as raison vas acheter ta bouteille de gaz, ne pense qu’\u00e0 cela uniquement \u00e0 cela et pour t’encourager pense \u00e0 la chaleur de l’atelier, au plaisir de vernir tes toiles dans le confort apport\u00e9 par ce vieux po\u00eale qui ne demande qu’\u00e0 cr\u00e9piter \u00e0 nouveau.<\/p>\n

chapeau rouge<\/p>\n

Oh oui je t’en prie je t’accompagne, je marche aupr\u00e8s de toi et t’aiderai m\u00eame \u00e0 porter la bouteille de gaz \u00e0 l’aller comme au retour, je te trouve si brave comment ne pas c\u00e9l\u00e9brer enfin ce doux moment d’aller ensemble au d\u00e9p\u00f4t de gaz du supermarch\u00e9, de plus regarde le ciel est d’un bleu intense, tu es \u00e0 peu pr\u00e8s en bonne sant\u00e9, pour un peu tu serais heureux, heureux \u00e0 en pleurer de joie d’avoir de quoi sur ton compte bancaire, pour retrouver cette chaleur salutaire<\/p>\n

chant 2 <\/h2>\n

d\u00e9montage du raccord de la bouteille de gaz<\/p>\n

Il te faut une clef, dont le nom est multiprise, une clef qui s’adapte \u00e0 presque tout qui t’aide \u00e0 faire face \u00e0 l’adversit\u00e9 des \u00e9crous de toutes natures. Mais o\u00f9 est cette clef magique, essaie de te rappeler l’endroit o\u00f9 tu l’as d\u00e9pos\u00e9e la derni\u00e8re fois que tu t’en es servie. Pas dans le tiroir des clefs de tout acabit ce serait trop facile. Pas dans l’un des tiroirs o\u00f9 tu ranges ta comptabilit\u00e9, \u00e7a ne va pas ensemble. Pas sous un tapis puisque il n’y en a pas. cherche, souviens-toi de cette derni\u00e8re fois, ce n’\u00e9tait pas \u00e0 Brest et il ne pleuvait sans doute pas ce jour l\u00e0. C’\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e9 cette guerre en Ukraine, \u00e9videmment puisque une bouteille de 13 kilos ne dure en g\u00e9n\u00e9ral pas plus d’un mois. En \u00e9conomisant bien s\u00fbr. \u00c7a y est cela te revient, tu t’\u00e9tais d\u00e9j\u00e0 pos\u00e9 la m\u00eame question. propos de cette clef multiprise il y a un mois. Et vois elle est l\u00e0 o\u00f9 tu avais pr\u00e9vue que tu la retrouverai sans difficult\u00e9, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du po\u00eale, sur le rebord de la verri\u00e8re. APPLAUSE le mot scintille comme un n\u00e9on, mais ici pas de claque \u00e0 part toi donc petit applaudissement perso.<\/p>\n

Le raccord se d\u00e9monte en sens inverse de tout ce qui peut \u00eatre d\u00e9viss\u00e9 en ce monde \u00e9trange. le raccord de gaz sp\u00e9cial butane, est tr\u00e8s \u00e9trange si on y pense. HEUREUSEMENT tu n’avais pas serr\u00e9 l’\u00e9crou comme un sourd, cela vient ais\u00e9ment. Voil\u00e0 reste \u00e0 retrouver le chapeau bleu qui va avec la bouteille bleue oh oh oh encore une devinette en perspective ... mais tu connais par coeur la solution qui ne marche pas sur quatre deux ou trois pattes. le chapeau bleu est pos\u00e9 \u00e0 c\u00f4t\u00e9 d’un autre chapeau bleu que tu as oubli\u00e9 de rendre la derni\u00e8re fois avec la consigne, les deux sont l\u00e0 sur l’\u00e9tag\u00e8re des vernis.<\/p>\n

autre chant <\/h2>

d\u00e9marrer la voiture apr\u00e8s avoir plac\u00e9 la bouteille de gaz dans le coffre accompagn\u00e9 d’une bonne humeur \u00e0 toute \u00e9preuve coiff\u00e9e d’un chapeau rouge.<\/p>\n

oh le petit quart de tour de la clef qui allume tous les voyants du tableau de bord, il faut patienter c’est un diesel. Et presque des larmes de bonheur de d\u00e9marrer au quart de tour suppl\u00e9mentaire. peut-\u00eatre devrais tu \u00e9crire une ode au m\u00e9cano qui t’a chang\u00e9 le d\u00e9marreur la semaine derni\u00e8re.<\/p>\n

pas maintenant dit le chapeau noir, n’oublie pas que tu as une bouteille de gaz \u00e0 changer aller go.<\/p>\n

chant pour toi- m\u00eame <\/h2>

face \u00e0 la borne automatique qui d\u00e9livre les bouteilles de gaz tu n’es plus aussi d\u00e9muni que la toute premi\u00e8re fois. La machine \u00e9tait en panne et tu as du faire des efforts pour ne pas perdre patience \u00e0 l’accueil du supermarch\u00e9, mais c’est r\u00e9gl\u00e9, c’est presque oubli\u00e9. aujourd’hui jour b\u00e9ni la machine semble d’excellente humeur tout se passe dans une fluidit\u00e9 formidable. tu introduis la carte bancaire dans la fente et l\u00e0 vous fr\u00f4lez l’orgasme quand le vendeur et l’acheteur s’\u00e9changent du gaz contre de la monnaie num\u00e9rique, que tout se d\u00e9roule aux petits oignons une grande paix s’installe. Tu entends le petit d\u00e9clic du portillon num\u00e9ro 90 qui s’ouvre pour ranger la consigne. Tu le refermes avec soin et tu sais d\u00e9sormais qu’il faut patienter quelques secondes pour rep\u00e9rer l’endroit o\u00f9 le portillon 98 va s’ouvrir pour te laisse prendre l’objet de ton d\u00e9sir cette bouteille impeccable de 13 kilos de gaz Butane.<\/p>\n

chant de contentement <\/h2>

tout se d\u00e9roule comme par enchantement, tu t’arr\u00eates devant la maison pour d\u00e9poser ta bouteille de gaz chez toi. Tu repars chercher une place de stationnement que tu trouves presque aussit\u00f4t dans le petit parking situ\u00e9 juste \u00e0 quelques centaines de m\u00e8tres de chez toi. Et qui normalement est surpeupl\u00e9, impraticable le mercredi matin. Ton ange gardien \u00e0 chapeau rouge t’envoie un clin d’\u0153il salace.<\/p>\n

Et vous revenez bras dessus bras dessous jusqu’au seuil de la maison. Tu empoignes la bouteille de 13 kilos d’une main vigoureuse, tu fais quelques m\u00e8tres puis tu t’arr\u00eates pour changer de main , enfin tu parviens \u00e0 l’atelier cahin-caha.<\/p>\n

Le raccord retrouve sa place, tu ne visses pas trop fort l’\u00e9crou toujours dans le sens inverse de la logique habituelle et tu reposes la clef multiprise au m\u00eame endroit ainsi que le chapeau bleu \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de l’autre chapeau bleu. tu auras sans doute jusqu’\u00e0 la fin de ta vie ces deux chapeaux bleus, poses l’un contre l’autre sur l’\u00e9tag\u00e8re des vernis . \u00e7a te fait un petit pincement au c\u0153ur en y pensant.<\/p>\n

puis roulement de tambour, tu ouvres le robinet du gaz, tu appuies sur la petite soupape pour chasser l’air r\u00e9siduel dans le tuyau, tu appuies sur mise en marche et tout repart comme en 14. Te voici tranquille d\u00e9sormais tu vas pouvoir avoir chaud pour terminer la pr\u00e9paration de ton exposition.<\/p>", "content_text": "chant 1\n\nchapeau blanc \n\nLe po\u00eale fait un bruit reconnaissable puis la flamme s'\u00e9teint, la grille refroidit et perd sa couleur vermillon. La bouteille de 13 kilos est vide. Il reste encore deux jours pour pr\u00e9parer une exposition et ce serait plus agr\u00e9able de la pr\u00e9parer dans un atelier chauff\u00e9. Il y a d\u00e9j\u00e0 assez de difficult\u00e9s pour ne pas en rajouter une. Et si en plus tu as de quoi, rejoins en toute h\u00e2te le d\u00e9p\u00f4t des bouteilles de gaz sur le parking du supermarch\u00e9. V\u00e9rification du compte bancaire pour bien s'en assurer. \n\nchapeau noir \n\nEs-tu certain que ce n'est pas une d\u00e9pense superflue, si tu serres les dents deux jours ce ne sera pas la mer \u00e0 boire et bla bla bla et patati patata \n\nchapeau jaune \n\nTu as raison vas acheter ta bouteille de gaz, ne pense qu'\u00e0 cela uniquement \u00e0 cela et pour t'encourager pense \u00e0 la chaleur de l'atelier, au plaisir de vernir tes toiles dans le confort apport\u00e9 par ce vieux po\u00eale qui ne demande qu'\u00e0 cr\u00e9piter \u00e0 nouveau.\n\nchapeau rouge \n\nOh oui je t'en prie je t'accompagne, je marche aupr\u00e8s de toi et t'aiderai m\u00eame \u00e0 porter la bouteille de gaz \u00e0 l'aller comme au retour, je te trouve si brave comment ne pas c\u00e9l\u00e9brer enfin ce doux moment d'aller ensemble au d\u00e9p\u00f4t de gaz du supermarch\u00e9, de plus regarde le ciel est d'un bleu intense, tu es \u00e0 peu pr\u00e8s en bonne sant\u00e9, pour un peu tu serais heureux, heureux \u00e0 en pleurer de joie d'avoir de quoi sur ton compte bancaire, pour retrouver cette chaleur salutaire chant 2 \n\nd\u00e9montage du raccord de la bouteille de gaz \n\nIl te faut une clef, dont le nom est multiprise, une clef qui s'adapte \u00e0 presque tout qui t'aide \u00e0 faire face \u00e0 l'adversit\u00e9 des \u00e9crous de toutes natures. Mais o\u00f9 est cette clef magique, essaie de te rappeler l'endroit o\u00f9 tu l'as d\u00e9pos\u00e9e la derni\u00e8re fois que tu t'en es servie. Pas dans le tiroir des clefs de tout acabit ce serait trop facile. Pas dans l'un des tiroirs o\u00f9 tu ranges ta comptabilit\u00e9, \u00e7a ne va pas ensemble. Pas sous un tapis puisque il n'y en a pas. cherche, souviens-toi de cette derni\u00e8re fois, ce n'\u00e9tait pas \u00e0 Brest et il ne pleuvait sans doute pas ce jour l\u00e0. C'\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e9 cette guerre en Ukraine, \u00e9videmment puisque une bouteille de 13 kilos ne dure en g\u00e9n\u00e9ral pas plus d'un mois. En \u00e9conomisant bien s\u00fbr. \u00c7a y est cela te revient, tu t'\u00e9tais d\u00e9j\u00e0 pos\u00e9 la m\u00eame question. propos de cette clef multiprise il y a un mois. Et vois elle est l\u00e0 o\u00f9 tu avais pr\u00e9vue que tu la retrouverai sans difficult\u00e9, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du po\u00eale, sur le rebord de la verri\u00e8re. APPLAUSE le mot scintille comme un n\u00e9on, mais ici pas de claque \u00e0 part toi donc petit applaudissement perso. \n\nLe raccord se d\u00e9monte en sens inverse de tout ce qui peut \u00eatre d\u00e9viss\u00e9 en ce monde \u00e9trange. le raccord de gaz sp\u00e9cial butane, est tr\u00e8s \u00e9trange si on y pense. HEUREUSEMENT tu n'avais pas serr\u00e9 l'\u00e9crou comme un sourd, cela vient ais\u00e9ment. Voil\u00e0 reste \u00e0 retrouver le chapeau bleu qui va avec la bouteille bleue oh oh oh encore une devinette en perspective ... mais tu connais par coeur la solution qui ne marche pas sur quatre deux ou trois pattes. le chapeau bleu est pos\u00e9 \u00e0 c\u00f4t\u00e9 d'un autre chapeau bleu que tu as oubli\u00e9 de rendre la derni\u00e8re fois avec la consigne, les deux sont l\u00e0 sur l'\u00e9tag\u00e8re des vernis. autre chant \n\nd\u00e9marrer la voiture apr\u00e8s avoir plac\u00e9 la bouteille de gaz dans le coffre accompagn\u00e9 d'une bonne humeur \u00e0 toute \u00e9preuve coiff\u00e9e d'un chapeau rouge.\n\noh le petit quart de tour de la clef qui allume tous les voyants du tableau de bord, il faut patienter c'est un diesel. Et presque des larmes de bonheur de d\u00e9marrer au quart de tour suppl\u00e9mentaire. peut-\u00eatre devrais tu \u00e9crire une ode au m\u00e9cano qui t'a chang\u00e9 le d\u00e9marreur la semaine derni\u00e8re. \n\npas maintenant dit le chapeau noir, n'oublie pas que tu as une bouteille de gaz \u00e0 changer aller go.chant pour toi- m\u00eame \n\nface \u00e0 la borne automatique qui d\u00e9livre les bouteilles de gaz tu n'es plus aussi d\u00e9muni que la toute premi\u00e8re fois. La machine \u00e9tait en panne et tu as du faire des efforts pour ne pas perdre patience \u00e0 l'accueil du supermarch\u00e9, mais c'est r\u00e9gl\u00e9, c'est presque oubli\u00e9. aujourd'hui jour b\u00e9ni la machine semble d'excellente humeur tout se passe dans une fluidit\u00e9 formidable. tu introduis la carte bancaire dans la fente et l\u00e0 vous fr\u00f4lez l'orgasme quand le vendeur et l'acheteur s'\u00e9changent du gaz contre de la monnaie num\u00e9rique, que tout se d\u00e9roule aux petits oignons une grande paix s'installe. Tu entends le petit d\u00e9clic du portillon num\u00e9ro 90 qui s'ouvre pour ranger la consigne. Tu le refermes avec soin et tu sais d\u00e9sormais qu'il faut patienter quelques secondes pour rep\u00e9rer l'endroit o\u00f9 le portillon 98 va s'ouvrir pour te laisse prendre l'objet de ton d\u00e9sir cette bouteille impeccable de 13 kilos de gaz Butane. chant de contentement \n\ntout se d\u00e9roule comme par enchantement, tu t'arr\u00eates devant la maison pour d\u00e9poser ta bouteille de gaz chez toi. Tu repars chercher une place de stationnement que tu trouves presque aussit\u00f4t dans le petit parking situ\u00e9 juste \u00e0 quelques centaines de m\u00e8tres de chez toi. Et qui normalement est surpeupl\u00e9, impraticable le mercredi matin. Ton ange gardien \u00e0 chapeau rouge t'envoie un clin d'\u0153il salace.\n\nEt vous revenez bras dessus bras dessous jusqu'au seuil de la maison. Tu empoignes la bouteille de 13 kilos d'une main vigoureuse, tu fais quelques m\u00e8tres puis tu t'arr\u00eates pour changer de main , enfin tu parviens \u00e0 l'atelier cahin-caha. \n\nLe raccord retrouve sa place, tu ne visses pas trop fort l'\u00e9crou toujours dans le sens inverse de la logique habituelle et tu reposes la clef multiprise au m\u00eame endroit ainsi que le chapeau bleu \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de l'autre chapeau bleu. tu auras sans doute jusqu'\u00e0 la fin de ta vie ces deux chapeaux bleus, poses l'un contre l'autre sur l'\u00e9tag\u00e8re des vernis . \u00e7a te fait un petit pincement au c\u0153ur en y pensant. \n\npuis roulement de tambour, tu ouvres le robinet du gaz, tu appuies sur la petite soupape pour chasser l'air r\u00e9siduel dans le tuyau, tu appuies sur mise en marche et tout repart comme en 14. Te voici tranquille d\u00e9sormais tu vas pouvoir avoir chaud pour terminer la pr\u00e9paration de ton exposition. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/legende.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/legende.html", "title": "L\u00e9gende", "date_published": "2022-12-25T15:39:54Z", "date_modified": "2025-11-14T23:15:10Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Jimmy dit qu’il y a toujours un prix \u00e0 payer, que rien n’est totalement gratuit. M\u00eame le simple fait de se r\u00e9jouir d’un beau visage, une fleur, un oiseau. Probable que juste apr\u00e8s tu te prendras en pleine figure ou dans l’entrejambe un des milliers poteaux de cette ville. C’est la loi bizarre des choses d’ici-bas, ajoute Jimmy en hochant la t\u00eate. Il ne s’en attriste pas , il \u00e9voque \u00e0 mi-mot cet axiome. Toute action comporte une r\u00e9action voil\u00e0 tout. Il dit c’est le karma. Et durant un assez long moment de ma vie, pendant que je fr\u00e9quentais Jimmy, et m\u00eame apr\u00e8s que j’eus quitt\u00e9 l’h\u00f4tel de la rue des Poissonnier au 35, pr\u00e8s de Ch\u00e2teau Rouge, je peux dire que j’\u00e9tais plut\u00f4t convaincu par ses dires.<\/p>\n

Jimmy loge dans la chambre au dessus de la mienne. Un meubl\u00e9 en tout point semblable au mien. A part la table ronde et l’organisation de mon chaos personnel qui repose sur celle-ci. Une table que j’imagine \u00eatre une v\u00e9ritable table d’\u00e9crivain. Et tu \u00e9cris quoi au juste demande r\u00e9guli\u00e8rement Jimmy. Ce \u00e0 quoi je r\u00e9plique toujours : des choses, qu’en fait je m’entra\u00eene \u00e0 \u00e9crire. Cela l’\u00e9tonne quelques minutes puis il me r\u00e9p\u00e8te qu’avec mes connaissances g\u00e9n\u00e9rales, mon intelligence et mon bagou je pourrais vivre une autre vie. Une vie moins mis\u00e9rable que celle que nous vivons dans cet h\u00f4tel. il para\u00eet sombre quand il dit \u00e7a comme s’il pensait \u00e0 sa propre vie et \u00e0 l’absence d’opportunit\u00e9 dont il m’a d\u00e9j\u00e0 parl\u00e9 plusieurs fois. Maghr\u00e9bin \u00e0 t\u00eate de rasta il est n\u00e9 il y a environ une cinquantaine d’ann\u00e9es dans un bidonville de Casablanca au Maroc. Il n’a presque jamais mis les pieds \u00e0 l’\u00e9cole et arriv\u00e9 en France vers l’\u00e2ge de 16 ans il s’est lou\u00e9 comme man\u0153uvre dans le b\u00e2timent, la plupart du temps sans \u00eatre d\u00e9clar\u00e9, sans couverture sociale, sans cong\u00e9s pay\u00e9s. Il a tellement effectu\u00e9 de jobs au cours de sa vie depuis qu’il est ici qu’il est habile dans tous les corps de m\u00e9tiers. Sauf l’\u00e9lectricit\u00e9 qu’il ne veut pas toucher car, dit-il cela demande beaucoup trop de calculs \u00e0 effectuer. Surtout d\u00e9sormais avec toutes les normes en vigueur. De mon c\u00f4t\u00e9 je suis \u00e9pat\u00e9 par ce type touche \u00e0 tout alors que je ne sais presque rien faire de mes dix doigts. Quand nous nous retrouvons parfois certains soirs dans l’une ou l’autre chambre nous partageons ensemble un repas et buvons quelques bi\u00e8res en \u00e9coutant de la musique. C’est un fan de bob Marley dont il cultive d’ailleurs la ressemblance en portant des chemises \u00e0 fleurs et des dreadlocks. C’est totalement d\u00e9mod\u00e9 tout comme mon aspiration \u00e0 devenir l’un de ces \u00e9crivains am\u00e9ricains que je lis et relis pour me donner du c\u0153ur au ventre. Je ne sais pas du tout ce qu’est devenu Jimmy cela fait bien plus de trente ans que je ne vis plus \u00e0 l’h\u00f4tel. Mais \u00e0 chaque fois que j’entends du reggae je repense \u00e0 lui. comme aujourd’hui o\u00f9, apr\u00e8s avoir cherch\u00e9 ce titre de Jimmy Cliff, j’ai \u00e9prouv\u00e9 dans les guiboles comme une resuc\u00e9e de ma jeunesse. De ce temps sans doute faussement merveilleux o\u00f9 j’entretenais ma propre l\u00e9gende et ne cessais jamais d’en cr\u00e9er facilement \u00e0 propos des autres.<\/p>\n

https:\/\/youtu.be\/MrHxhQPOO2c<\/a><\/p>", "content_text": "Jimmy dit qu'il y a toujours un prix \u00e0 payer, que rien n'est totalement gratuit. M\u00eame le simple fait de se r\u00e9jouir d'un beau visage, une fleur, un oiseau. Probable que juste apr\u00e8s tu te prendras en pleine figure ou dans l'entrejambe un des milliers poteaux de cette ville. C'est la loi bizarre des choses d'ici-bas, ajoute Jimmy en hochant la t\u00eate. Il ne s'en attriste pas , il \u00e9voque \u00e0 mi-mot cet axiome. Toute action comporte une r\u00e9action voil\u00e0 tout. Il dit c'est le karma. Et durant un assez long moment de ma vie, pendant que je fr\u00e9quentais Jimmy, et m\u00eame apr\u00e8s que j'eus quitt\u00e9 l'h\u00f4tel de la rue des Poissonnier au 35, pr\u00e8s de Ch\u00e2teau Rouge, je peux dire que j'\u00e9tais plut\u00f4t convaincu par ses dires. \n\nJimmy loge dans la chambre au dessus de la mienne. Un meubl\u00e9 en tout point semblable au mien. A part la table ronde et l'organisation de mon chaos personnel qui repose sur celle-ci. Une table que j'imagine \u00eatre une v\u00e9ritable table d'\u00e9crivain. Et tu \u00e9cris quoi au juste demande r\u00e9guli\u00e8rement Jimmy. Ce \u00e0 quoi je r\u00e9plique toujours : des choses, qu'en fait je m'entra\u00eene \u00e0 \u00e9crire. Cela l'\u00e9tonne quelques minutes puis il me r\u00e9p\u00e8te qu'avec mes connaissances g\u00e9n\u00e9rales, mon intelligence et mon bagou je pourrais vivre une autre vie. Une vie moins mis\u00e9rable que celle que nous vivons dans cet h\u00f4tel. il para\u00eet sombre quand il dit \u00e7a comme s'il pensait \u00e0 sa propre vie et \u00e0 l'absence d'opportunit\u00e9 dont il m'a d\u00e9j\u00e0 parl\u00e9 plusieurs fois. Maghr\u00e9bin \u00e0 t\u00eate de rasta il est n\u00e9 il y a environ une cinquantaine d'ann\u00e9es dans un bidonville de Casablanca au Maroc. Il n'a presque jamais mis les pieds \u00e0 l'\u00e9cole et arriv\u00e9 en France vers l'\u00e2ge de 16 ans il s'est lou\u00e9 comme man\u0153uvre dans le b\u00e2timent, la plupart du temps sans \u00eatre d\u00e9clar\u00e9, sans couverture sociale, sans cong\u00e9s pay\u00e9s. Il a tellement effectu\u00e9 de jobs au cours de sa vie depuis qu'il est ici qu'il est habile dans tous les corps de m\u00e9tiers. Sauf l'\u00e9lectricit\u00e9 qu'il ne veut pas toucher car, dit-il cela demande beaucoup trop de calculs \u00e0 effectuer. Surtout d\u00e9sormais avec toutes les normes en vigueur. De mon c\u00f4t\u00e9 je suis \u00e9pat\u00e9 par ce type touche \u00e0 tout alors que je ne sais presque rien faire de mes dix doigts. Quand nous nous retrouvons parfois certains soirs dans l'une ou l'autre chambre nous partageons ensemble un repas et buvons quelques bi\u00e8res en \u00e9coutant de la musique. C'est un fan de bob Marley dont il cultive d'ailleurs la ressemblance en portant des chemises \u00e0 fleurs et des dreadlocks. C'est totalement d\u00e9mod\u00e9 tout comme mon aspiration \u00e0 devenir l'un de ces \u00e9crivains am\u00e9ricains que je lis et relis pour me donner du c\u0153ur au ventre. Je ne sais pas du tout ce qu'est devenu Jimmy cela fait bien plus de trente ans que je ne vis plus \u00e0 l'h\u00f4tel. Mais \u00e0 chaque fois que j'entends du reggae je repense \u00e0 lui. comme aujourd'hui o\u00f9, apr\u00e8s avoir cherch\u00e9 ce titre de Jimmy Cliff, j'ai \u00e9prouv\u00e9 dans les guiboles comme une resuc\u00e9e de ma jeunesse. De ce temps sans doute faussement merveilleux o\u00f9 j'entretenais ma propre l\u00e9gende et ne cessais jamais d'en cr\u00e9er facilement \u00e0 propos des autres. https:\/\/youtu.be\/MrHxhQPOO2c", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7663.webp?1763162097", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-l-impossible.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-l-impossible.html", "title": "De l'impossible", "date_published": "2022-12-11T16:49:18Z", "date_modified": "2025-11-14T22:52:10Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

une nouvelle toile un nouveau d\u00e9part \u00e0 partir d’un fond noir, huile sur toile 70x70<\/p>\n

Impossible de ne pas \u00e9crire, impossible d’\u00e9crire dans une langue \u00e9trang\u00e8re, le fran\u00e7ais, impossible d’\u00e9crire dans une langue maternelle inconnue, mais est-ce l’estonien. l’estonien n’est au bout du compte qu’un symbole. tout comme ces diverses tentatives parfois fructueuses pour apprendre l’h\u00e9breu, le farsi, le sanskrit et bien \u00e9videmment l’anglais et l’allemand. Mais la langue de l’autre, n’importe qui, suffirait pour faire ressurgir l’\u00e9chec. Tenter de tracer un p\u00e9rim\u00e8tre une fois encore \u00e0 la tour de Babel. Vou\u00e9 d\u00e9s le d\u00e9part \u00e0 la ruine de l’orgueil ou la vanit\u00e9 qui auront foment\u00e9 un dessein si singulier si stupide. C’est l\u00e0 l’origine d’une singularit\u00e9 et de tous les malentendus permanents qui en d\u00e9coulent. Singularit\u00e9 prise au d\u00e9but comme une sorte d’avantage dans sa flamboyance initiale, alors qu’il s’av\u00e8re qu’elle est tout le contraire, un handicap. Le plus terne du terne. Et la compr\u00e9hension que ce ne pouvait pas en \u00eatre autrement qu’ainsi. Pour plagier Kafka - dans ce combat entre le monde et toi, seconde le monde. C’est \u00e0 dire fonce dans cette singularit\u00e9, d\u00e9truis-l\u00e0 par tous les moyens possibles, imaginables. Un \u00eatre seul ne peut pas vivre ainsi dans le monde. Il ne peut jamais que mesurer l’\u00e9cart entre le monde et lui. Et, ce faisant d\u00e9barrasser le monde d’une singularit\u00e9 qui ne lui appartient en rien, dont il n’est jamais conscient. l’impossibilit\u00e9 ontologique du monde de poss\u00e9der une telle conscience. Il n’en a pas besoin voil\u00e0 une v\u00e9rit\u00e9. la v\u00e9rit\u00e9 du monde est d’\u00eatre ce qu’il est quoiqu’il soit. La malediction d’une conscience faisant retour comme un boomerang, une \u00e9claboussure, vers l’individu isol\u00e9. Soit encore une double impossibilit\u00e9 qui forme le fleuve coulant entre ces deux rives. Entre conscience de l’un et inconscience de tous. Ce qui finit par rendre caduque la conscience, la rendre ennemie. Et le d\u00e9sir bizarre parfois de plonger au sein du monde comme une brute, comme une b\u00eate, un animal. Mais Impossible d\u00e9sormais puisqu’on en aura justement pris note ou conscience.<\/p>", "content_text": "une nouvelle toile un nouveau d\u00e9part \u00e0 partir d'un fond noir, huile sur toile 70x70 \n\nImpossible de ne pas \u00e9crire, impossible d'\u00e9crire dans une langue \u00e9trang\u00e8re, le fran\u00e7ais, impossible d'\u00e9crire dans une langue maternelle inconnue, mais est-ce l'estonien. l'estonien n'est au bout du compte qu'un symbole. tout comme ces diverses tentatives parfois fructueuses pour apprendre l'h\u00e9breu, le farsi, le sanskrit et bien \u00e9videmment l'anglais et l'allemand. Mais la langue de l'autre, n'importe qui, suffirait pour faire ressurgir l'\u00e9chec. Tenter de tracer un p\u00e9rim\u00e8tre une fois encore \u00e0 la tour de Babel. Vou\u00e9 d\u00e9s le d\u00e9part \u00e0 la ruine de l'orgueil ou la vanit\u00e9 qui auront foment\u00e9 un dessein si singulier si stupide. C'est l\u00e0 l'origine d'une singularit\u00e9 et de tous les malentendus permanents qui en d\u00e9coulent. Singularit\u00e9 prise au d\u00e9but comme une sorte d'avantage dans sa flamboyance initiale, alors qu'il s'av\u00e8re qu'elle est tout le contraire, un handicap. Le plus terne du terne. Et la compr\u00e9hension que ce ne pouvait pas en \u00eatre autrement qu'ainsi. Pour plagier Kafka - dans ce combat entre le monde et toi, seconde le monde. C'est \u00e0 dire fonce dans cette singularit\u00e9, d\u00e9truis-l\u00e0 par tous les moyens possibles, imaginables. Un \u00eatre seul ne peut pas vivre ainsi dans le monde. Il ne peut jamais que mesurer l'\u00e9cart entre le monde et lui. Et, ce faisant d\u00e9barrasser le monde d'une singularit\u00e9 qui ne lui appartient en rien, dont il n'est jamais conscient. l'impossibilit\u00e9 ontologique du monde de poss\u00e9der une telle conscience. Il n'en a pas besoin voil\u00e0 une v\u00e9rit\u00e9. la v\u00e9rit\u00e9 du monde est d'\u00eatre ce qu'il est quoiqu'il soit. La malediction d'une conscience faisant retour comme un boomerang, une \u00e9claboussure, vers l'individu isol\u00e9. Soit encore une double impossibilit\u00e9 qui forme le fleuve coulant entre ces deux rives. Entre conscience de l'un et inconscience de tous. Ce qui finit par rendre caduque la conscience, la rendre ennemie. Et le d\u00e9sir bizarre parfois de plonger au sein du monde comme une brute, comme une b\u00eate, un animal. Mais Impossible d\u00e9sormais puisqu'on en aura justement pris note ou conscience.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7486jpgw998-8cd387e6.jpg?1763160677", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/recompense-et-punition.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/recompense-et-punition.html", "title": "R\u00e9compense et punition", "date_published": "2022-12-10T08:55:22Z", "date_modified": "2025-10-26T10:50:58Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

peinture Zoran Music<\/p>\n

24 heures dans une journ\u00e9e. cela semble \u00e9norme mais ce n’est rien. Les heures pour toi. la majeure partie des heures. pour qui. pour Coca Cola, pour la pub ins\u00e9r\u00e9e dans les contenus gratuits. Coca Cola c’est parlant.<\/p>\n

cette sollicitation permanente tu peux essayer de ne pas l’entendre. tout couper. la t\u00e9l\u00e9, la radio, internet, le t\u00e9l\u00e9phone pour ne plus recevoir ces appels intrusifs. tu peux faire silence. t’opposer. r\u00e9sister. tu peux rester une journ\u00e9e enti\u00e8re assis l\u00e0 sur cette chaise \u00e0 ne rien faire. \u00e0 voir les heures s’\u00e9grener ainsi et \u00e0 observer ta honte ta culpabilit\u00e9, ton inutilit\u00e9. c’est d\u00e9j\u00e0 un premier pas.<\/p>\n

parvenir \u00e0 trouver ta place entre r\u00e9compense et punition.<\/p>", "content_text": "peinture Zoran Music\n\n24 heures dans une journ\u00e9e. cela semble \u00e9norme mais ce n'est rien. Les heures pour toi. la majeure partie des heures. pour qui. pour Coca Cola, pour la pub ins\u00e9r\u00e9e dans les contenus gratuits. Coca Cola c'est parlant. \n\ncette sollicitation permanente tu peux essayer de ne pas l'entendre. tout couper. la t\u00e9l\u00e9, la radio, internet, le t\u00e9l\u00e9phone pour ne plus recevoir ces appels intrusifs. tu peux faire silence. t'opposer. r\u00e9sister. tu peux rester une journ\u00e9e enti\u00e8re assis l\u00e0 sur cette chaise \u00e0 ne rien faire. \u00e0 voir les heures s'\u00e9grener ainsi et \u00e0 observer ta honte ta culpabilit\u00e9, ton inutilit\u00e9. c'est d\u00e9j\u00e0 un premier pas. \n\nparvenir \u00e0 trouver ta place entre r\u00e9compense et punition. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7477jpgw236-5864016f-e0410.jpg?1761475827", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/perimetre-du-prive.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/perimetre-du-prive.html", "title": "P\u00e9rim\u00e8tre du priv\u00e9", "date_published": "2022-12-08T07:12:45Z", "date_modified": "2025-11-14T23:14:07Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

atelier adultes \/ \u00e9tude de mati\u00e8res<\/p>\n

Que le priv\u00e9 poss\u00e8de un p\u00e9rim\u00e8tre est une id\u00e9e incompl\u00e8te tant que l’on ne se pose pas la question de la mesure de celui-ci. Cette sensation d’effarouchement sit\u00f4t que l’on atteint cette fronti\u00e8re et le risque qu’elle soit enfreinte m’a abandonn\u00e9e depuis longtemps d\u00e9j\u00e0. Ou je l’ai abandonn\u00e9e sans m\u00eame en prendre conscience. Tr\u00e8s peu de choses d\u00e9sormais de ma vie m’apparaissent comme \u00e9tant du domaine priv\u00e9, je crois que les temps veulent \u00e7a. Toutes ces informations que nous livrons \u00e0 des algorithmes sans meme nous en rendre compte participent qu’on le veuille ou pas \u00e0 cet effacement d’un p\u00e9rim\u00e8tre autrefois consid\u00e9r\u00e9 comme sacr\u00e9 ou evident. Quelque chose se sera estomp\u00e9 malgr\u00e9 nous, un flou d\u00e9sormais entre domaine public et priv\u00e9. Il y a cette porosit\u00e9 qui a priori peut \u00eatre effrayante si l’on en est conscient parce que l’imagination ne s’arr\u00eate jamais.<\/p>\n

Au final si je devais \u00e9tablir la liste des \u00e9l\u00e9ments biographiques que je d\u00e9sirerais pr\u00e9server, garder secrets ou sacr\u00e9s et dont le signal d’une g\u00eane m’inviterait temporairement \u00e0 les vouloir conserver en cet \u00e9tat, cette liste serait succincte. Peut-\u00eatre m\u00eame me connaissant un peu mieux d\u00e9sormais, cette g\u00eane serait-elle un terrain in\u00e9dit et je rel\u00e8verais aussit\u00f4t les manches pour me mettre en qu\u00eate de l’explorer, d’en circonscrire les raisons, le pour et le contre, l’\u00e9crire et, au final, \u00e9prouver ce soulagement de m’en \u00eatre d\u00e9barrass\u00e9e. Maintenant, ce soulagement est-il authentique comme durable, rien n’est moins s\u00fbr— une g\u00eane en dissimule souvent plusieurs autres qu’on ne saurait voir si on n’explore pas la premi\u00e8re, si on ne tire pas sur ce fil qui d\u00e9passe. Et puis il y a aussi cette relation entre le sacr\u00e9 et le profane d\u00e9sormais. L’obsession du scandale, comme une drogue toujours plus forte, le fait aussi de d\u00e9valuer peu \u00e0 peu tout ce qui reste d’humanisme, d’humanit\u00e9, \u00e0 les tenir comme des curiosit\u00e9s, participant au pittoresque de la visite d’un zoo. Le fait que le profane ne s’occuper de pas autre autre chose que de profaner le sacr\u00e9 d\u00e9sormais, \u00e0 seule fin de mettre en place bien s\u00fbr autre chose. Autre chose sans quoi il ne peut continuer \u00e0 \u00eatre le profane. L’argent, la r\u00e9ussite, la plasticit\u00e9 des formes m\u00e9caniques comme humaines, plasticit\u00e9 vide de sens ne faisant appel qu’aux instincts les plus bas. la jalousie, l’envie de poss\u00e9der de para\u00eetre. Une \u00e9l\u00e9vation de personnalit\u00e9 toute enti\u00e8re cr\u00e9e souvent que pour la d\u00e9truire mieux encore par la suite--- justement gr\u00e2ce \u00e0 un dysfonctionnement relev\u00e9 dans la sph\u00e8re intime ou priv\u00e9e. Du sans g\u00eane \u00e0 un certain degr\u00e9 l\u00e0 aussi.<\/p>\n

Le but est-il de n’avoir plus aucune g\u00eane. d’\u00eatre sans g\u00eane si l’on veut. Et ce n’est pas une expression innocente car beaucoup entendue dans mon enfance, dans l’adolescence et dans l’\u00e2ge adulte. \u00catre sans-g\u00eane rel\u00e8ve d’un d\u00e9faut majeur. On n’appr\u00e9cie que tr\u00e8s peu les personnes sans-g\u00eane. Mais \u00e9videmment on parle ici d’autre chose. On parle d’un d\u00e9rangement. Et la r\u00e9currence de cette observation, son souvenir surtout me fait encore froid dans le dos. Si j’ai d\u00e9rang\u00e9 des personnes c’est sans doute parce que, de mon point de vue, elles n’\u00e9taient pas si bien rang\u00e9es qu’elle d\u00e9siraient le montrer. Et qu’en \u00e9tant sans g\u00eane \u00e0 ces occasions je pensais certainement faire montre d’altruisme ni plus ni moins. Ce qui ne m’a jamais valu le moindre remerciement ajouterais-je. Mais n’\u00e9tant pas en qu\u00eate de gratitude non plus j’ai simplement effectu\u00e9 le constat d’avoir \u00e9t\u00e9 trop loin parfois, d’avoir p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 des sph\u00e8res toutes aussi priv\u00e9es qu’imaginaires. ce qui m’aura permis de les \u00e9tudier naturellement. Il fallait bien que mon sans g\u00eane, mes erreurs servent \u00e0 quelque chose sinon quoi.<\/p>\n

L’amour est le lieu par excellence o\u00f9 toute g\u00eane me semble incongrue. Mais bien s\u00fbr, encore faut-il s’entendre sur ce mot, l’amour. Je crois que toute g\u00eane en ce domaine me fut comme le signal d’une corne de brume. La g\u00eane \u00e0 la fois comme signal de fausset\u00e9 de tel ou tel amour et comme phare permettant \u00e0 ma grande faim de libert\u00e9 de ne pas se saborder.<\/p>\n

Il y a autant d’interpr\u00e9tations de ce mot amour qu’il y a de personnes sur cette terre. Et chacune tenant souvent sa propre d\u00e9finition comme unique bien \u00e9videmment. Au bout du compte force est de constater que personne ne peut vraiment en donner une d\u00e9finition limpide qu’on ne puisse plus remettre en question. Pas m\u00eame moi, si brave pourtant, \u00e0 vouloir \u00e9tudier les d\u00e9finitions. Sans beaucoup de r\u00e9sultat concluant d’ailleurs.<\/p>\n

Ecrire c’est peut-\u00eatre uniquement cela, une sorte de r\u00e9sistance naturelle qui consisterait \u00e0 refuser de consulter un dictionnaire pour accepter sans broncher les d\u00e9finitions grav\u00e9es dans le marbre de tous ces mots qu’on utilise sans y penser.<\/p>\n

Il me semble qu’un mot comme tous sont intimement li\u00e9s \u00e0 l’exp\u00e9rience, bien plus qu’aux d\u00e9cisions acad\u00e9miques. \u00catre sans g\u00eane vis \u00e0 vis de cette observation effectu\u00e9e tr\u00e8s t\u00f4t dans ma vie, fut une n\u00e9cessit\u00e9 vitale. Un mot, sa d\u00e9finition commune me g\u00eanait-t’elle, aussit\u00f4t je la d\u00e9posais sur l’\u00e9tabli de mes actes, de mes pens\u00e9es, de mes \u00e9motions pour \u00e9tudier ce qu’elle avait dans le ventre, apprendre enfin si cette d\u00e9finition collait avec mon ressenti. Si sa sonorit\u00e9 surtout n’\u00e9tait pas trompeuse. De tous les mots \u00e9tudi\u00e9s j’ai toujours un faible pour le mot amour bien s\u00fbr. Ce ne fut pas de tout repos.<\/p>\n

Explosions en s\u00e9rie litt\u00e9ralement des sph\u00e8res priv\u00e9es. Un dynamitage en r\u00e8gle. Et pour trouver quel filon, sinon la plupart du temps du fer alors qu’on imaginait d\u00e9couvrir de l’or ou des diamants. La r\u00e9p\u00e9tition r\u00e9it\u00e9r\u00e9e de nombreuses fois prouve \u00e0 la fois mon obstination mon endurance ma t\u00e9nacit\u00e9 comme mon idiotie. Sans le savoir, le comprendre, s’attaquer \u00e0 toute cette g\u00eane correspond \u00e0 une collaboration involontaire avec ce que je crois d\u00e9tester sans doute le plus d\u00e9sormais c’est \u00e0 dire le consensus, l’air du temps.<\/p>\n

Pas de g\u00eane v\u00e9ritable \u00e0 me confier ainsi sur mon ignorance, mes d\u00e9rives, ma folie ordinaire. La honte ou la culpabilit\u00e9 ne serait encore qu’un emballage une apparence. il me semble que le priv\u00e9 authentique, l’intime, se trouve bien au-del\u00e0 de ces apparences que l’on voudrait se dissimuler ou cacher aux autres ou \u00e0 soi- m\u00eame. L’intime le priv\u00e9 c’est le sacr\u00e9 \u00e0 venir et j’imagine que son p\u00e9rim\u00e8tre englobe d\u00e9j\u00e0 l’humanit\u00e9 enti\u00e8re sans m\u00eame qu’elle n’en soit consciente. Rien d’extraordinaire cependant, rien de miraculeux, pas de sensationnel au sens o\u00f9 les m\u00e9dias interpr\u00e8tent la sensation. Non plut\u00f4t une humanit\u00e9 semblable de par son innocence cong\u00e9nitale \u00e0 tout autre r\u00e8gne finalement. Une humanit\u00e9 nettoy\u00e9e, une fois qu’elle en aura termin\u00e9 avec ses hontes ses culpabilit\u00e9s consid\u00e9r\u00e9es comme des tr\u00e9sors, un capital.<\/p>", "content_text": "atelier adultes \/ \u00e9tude de mati\u00e8res \n\nQue le priv\u00e9 poss\u00e8de un p\u00e9rim\u00e8tre est une id\u00e9e incompl\u00e8te tant que l'on ne se pose pas la question de la mesure de celui-ci. Cette sensation d'effarouchement sit\u00f4t que l'on atteint cette fronti\u00e8re et le risque qu'elle soit enfreinte m'a abandonn\u00e9e depuis longtemps d\u00e9j\u00e0. Ou je l'ai abandonn\u00e9e sans m\u00eame en prendre conscience. Tr\u00e8s peu de choses d\u00e9sormais de ma vie m'apparaissent comme \u00e9tant du domaine priv\u00e9, je crois que les temps veulent \u00e7a. Toutes ces informations que nous livrons \u00e0 des algorithmes sans meme nous en rendre compte participent qu'on le veuille ou pas \u00e0 cet effacement d'un p\u00e9rim\u00e8tre autrefois consid\u00e9r\u00e9 comme sacr\u00e9 ou evident. Quelque chose se sera estomp\u00e9 malgr\u00e9 nous, un flou d\u00e9sormais entre domaine public et priv\u00e9. Il y a cette porosit\u00e9 qui a priori peut \u00eatre effrayante si l'on en est conscient parce que l'imagination ne s'arr\u00eate jamais.\n\nAu final si je devais \u00e9tablir la liste des \u00e9l\u00e9ments biographiques que je d\u00e9sirerais pr\u00e9server, garder secrets ou sacr\u00e9s et dont le signal d'une g\u00eane m'inviterait temporairement \u00e0 les vouloir conserver en cet \u00e9tat, cette liste serait succincte. Peut-\u00eatre m\u00eame me connaissant un peu mieux d\u00e9sormais, cette g\u00eane serait-elle un terrain in\u00e9dit et je rel\u00e8verais aussit\u00f4t les manches pour me mettre en qu\u00eate de l'explorer, d'en circonscrire les raisons, le pour et le contre, l'\u00e9crire et, au final, \u00e9prouver ce soulagement de m'en \u00eatre d\u00e9barrass\u00e9e. Maintenant, ce soulagement est-il authentique comme durable, rien n'est moins s\u00fbr-- une g\u00eane en dissimule souvent plusieurs autres qu'on ne saurait voir si on n'explore pas la premi\u00e8re, si on ne tire pas sur ce fil qui d\u00e9passe. Et puis il y a aussi cette relation entre le sacr\u00e9 et le profane d\u00e9sormais. L'obsession du scandale, comme une drogue toujours plus forte, le fait aussi de d\u00e9valuer peu \u00e0 peu tout ce qui reste d'humanisme, d'humanit\u00e9, \u00e0 les tenir comme des curiosit\u00e9s, participant au pittoresque de la visite d'un zoo. Le fait que le profane ne s'occuper de pas autre autre chose que de profaner le sacr\u00e9 d\u00e9sormais, \u00e0 seule fin de mettre en place bien s\u00fbr autre chose. Autre chose sans quoi il ne peut continuer \u00e0 \u00eatre le profane. L'argent, la r\u00e9ussite, la plasticit\u00e9 des formes m\u00e9caniques comme humaines, plasticit\u00e9 vide de sens ne faisant appel qu'aux instincts les plus bas. la jalousie, l'envie de poss\u00e9der de para\u00eetre. Une \u00e9l\u00e9vation de personnalit\u00e9 toute enti\u00e8re cr\u00e9e souvent que pour la d\u00e9truire mieux encore par la suite--- justement gr\u00e2ce \u00e0 un dysfonctionnement relev\u00e9 dans la sph\u00e8re intime ou priv\u00e9e. Du sans g\u00eane \u00e0 un certain degr\u00e9 l\u00e0 aussi. \n\nLe but est-il de n'avoir plus aucune g\u00eane. d'\u00eatre sans g\u00eane si l'on veut. Et ce n'est pas une expression innocente car beaucoup entendue dans mon enfance, dans l'adolescence et dans l'\u00e2ge adulte. \u00catre sans-g\u00eane rel\u00e8ve d'un d\u00e9faut majeur. On n'appr\u00e9cie que tr\u00e8s peu les personnes sans-g\u00eane. Mais \u00e9videmment on parle ici d'autre chose. On parle d'un d\u00e9rangement. Et la r\u00e9currence de cette observation, son souvenir surtout me fait encore froid dans le dos. Si j'ai d\u00e9rang\u00e9 des personnes c'est sans doute parce que, de mon point de vue, elles n'\u00e9taient pas si bien rang\u00e9es qu'elle d\u00e9siraient le montrer. Et qu'en \u00e9tant sans g\u00eane \u00e0 ces occasions je pensais certainement faire montre d'altruisme ni plus ni moins. Ce qui ne m'a jamais valu le moindre remerciement ajouterais-je. Mais n'\u00e9tant pas en qu\u00eate de gratitude non plus j'ai simplement effectu\u00e9 le constat d'avoir \u00e9t\u00e9 trop loin parfois, d'avoir p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 des sph\u00e8res toutes aussi priv\u00e9es qu'imaginaires. ce qui m'aura permis de les \u00e9tudier naturellement. Il fallait bien que mon sans g\u00eane, mes erreurs servent \u00e0 quelque chose sinon quoi. \n\nL'amour est le lieu par excellence o\u00f9 toute g\u00eane me semble incongrue. Mais bien s\u00fbr, encore faut-il s'entendre sur ce mot, l'amour. Je crois que toute g\u00eane en ce domaine me fut comme le signal d'une corne de brume. La g\u00eane \u00e0 la fois comme signal de fausset\u00e9 de tel ou tel amour et comme phare permettant \u00e0 ma grande faim de libert\u00e9 de ne pas se saborder. \n\nIl y a autant d'interpr\u00e9tations de ce mot amour qu'il y a de personnes sur cette terre. Et chacune tenant souvent sa propre d\u00e9finition comme unique bien \u00e9videmment. Au bout du compte force est de constater que personne ne peut vraiment en donner une d\u00e9finition limpide qu'on ne puisse plus remettre en question. Pas m\u00eame moi, si brave pourtant, \u00e0 vouloir \u00e9tudier les d\u00e9finitions. Sans beaucoup de r\u00e9sultat concluant d'ailleurs. \n\nEcrire c'est peut-\u00eatre uniquement cela, une sorte de r\u00e9sistance naturelle qui consisterait \u00e0 refuser de consulter un dictionnaire pour accepter sans broncher les d\u00e9finitions grav\u00e9es dans le marbre de tous ces mots qu'on utilise sans y penser. \n\nIl me semble qu'un mot comme tous sont intimement li\u00e9s \u00e0 l'exp\u00e9rience, bien plus qu'aux d\u00e9cisions acad\u00e9miques. \u00catre sans g\u00eane vis \u00e0 vis de cette observation effectu\u00e9e tr\u00e8s t\u00f4t dans ma vie, fut une n\u00e9cessit\u00e9 vitale. Un mot, sa d\u00e9finition commune me g\u00eanait-t'elle, aussit\u00f4t je la d\u00e9posais sur l'\u00e9tabli de mes actes, de mes pens\u00e9es, de mes \u00e9motions pour \u00e9tudier ce qu'elle avait dans le ventre, apprendre enfin si cette d\u00e9finition collait avec mon ressenti. Si sa sonorit\u00e9 surtout n'\u00e9tait pas trompeuse. De tous les mots \u00e9tudi\u00e9s j'ai toujours un faible pour le mot amour bien s\u00fbr. Ce ne fut pas de tout repos. \n\nExplosions en s\u00e9rie litt\u00e9ralement des sph\u00e8res priv\u00e9es. Un dynamitage en r\u00e8gle. Et pour trouver quel filon, sinon la plupart du temps du fer alors qu'on imaginait d\u00e9couvrir de l'or ou des diamants. La r\u00e9p\u00e9tition r\u00e9it\u00e9r\u00e9e de nombreuses fois prouve \u00e0 la fois mon obstination mon endurance ma t\u00e9nacit\u00e9 comme mon idiotie. Sans le savoir, le comprendre, s'attaquer \u00e0 toute cette g\u00eane correspond \u00e0 une collaboration involontaire avec ce que je crois d\u00e9tester sans doute le plus d\u00e9sormais c'est \u00e0 dire le consensus, l'air du temps. \n\nPas de g\u00eane v\u00e9ritable \u00e0 me confier ainsi sur mon ignorance, mes d\u00e9rives, ma folie ordinaire. La honte ou la culpabilit\u00e9 ne serait encore qu'un emballage une apparence. il me semble que le priv\u00e9 authentique, l'intime, se trouve bien au-del\u00e0 de ces apparences que l'on voudrait se dissimuler ou cacher aux autres ou \u00e0 soi- m\u00eame. L'intime le priv\u00e9 c'est le sacr\u00e9 \u00e0 venir et j'imagine que son p\u00e9rim\u00e8tre englobe d\u00e9j\u00e0 l'humanit\u00e9 enti\u00e8re sans m\u00eame qu'elle n'en soit consciente. Rien d'extraordinaire cependant, rien de miraculeux, pas de sensationnel au sens o\u00f9 les m\u00e9dias interpr\u00e8tent la sensation. Non plut\u00f4t une humanit\u00e9 semblable de par son innocence cong\u00e9nitale \u00e0 tout autre r\u00e8gne finalement. Une humanit\u00e9 nettoy\u00e9e, une fois qu'elle en aura termin\u00e9 avec ses hontes ses culpabilit\u00e9s consid\u00e9r\u00e9es comme des tr\u00e9sors, un capital. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1107jpgw768-cbe1fa81-a4857.jpg?1763161993", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-l-appetit-de-rien.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/de-l-appetit-de-rien.html", "title": "de l'app\u00e9tit de rien", "date_published": "2022-12-08T04:54:45Z", "date_modified": "2025-11-14T22:50:29Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

atelier adultes \/ \u00e9tudes de mati\u00e8res<\/p>\n

vivre avec cet app\u00e9tit est peu commode car parasit\u00e9 sans arr\u00eat par tout un tout en bloc difficile de discerner de quel vide celui-ci est constitu\u00e9 il n’est qu’apparence de quelque chose masquant le vide et c’est \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce que l’on peut en dire rien<\/p>\n

ne rien en dire n’\u00e9loigne pas la faim ni la flamme qui continue \u00e0 br\u00fbler \u00e0 maintenir en vie au contraire ne rien en dire semble aiguiser l’intention de le dire d’une autre fa\u00e7on que facile coulant de source dont on sent bien la fausse note aussit\u00f4t que ce genre de propos m\u00e9canique surgit en vain<\/p>\n

une souffrance qui s’accentue d’autant que l’on maintient la plaie vive sachant d\u00e9sormais le danger du soulagement des croutes des cicatrices<\/p>\n

l’oubli n’est pas le terme d’une souffrance mais une croyance dans la possibilit\u00e9 de l’\u00e9loigner de l’enfouir s’en d\u00e9tacher et on invoquera la n\u00e9cessit\u00e9 du temps autre croyance baume ou pansement facile mais l’app\u00e9tit du rien revient il revient plus fort encore balaie les ch\u00e2teaux de cartes les \u00e9difices les constructions toute la pr\u00e9ciosit\u00e9 pour combler un mauvais penchant un \u00e9cart pour tromper la faim tentative d’avance vou\u00e9e \u00e0 la ruine de vouloir couper cette faim comme on coupe un feu sur une peau irradi\u00e9e<\/p>\n

comme il faut avoir explor\u00e9 l’au-del\u00e0 de l’apparence pour la voir enfin pour ce qu’elle est la voir comme la vie puisque elle est la vie et de savoir toute vanit\u00e9 de l’expliquer<\/p>\n

comme il faut aussi avoir cru en la culture en avoir \u00e9t\u00e9 si souvent d\u00e9\u00e7u pour la voir aussi pour ce qu’elle est un voile \u00e9pousant les formes au plus proche d’un rien qui se meut tendrement sous elle le rien de la vie le rien de la mort mais un rien f\u00e9cond \u00e9tonnamment f\u00e9cond au moment m\u00eame o\u00f9 l’on abandonne l’id\u00e9e d’en recueillir d’en poss\u00e9der quoique ce soit.<\/p>\n

le risque de se tromper et de confondre l’app\u00e9tit du rien avec la s\u00e9duction que propose le n\u00e9ant toujours pr\u00e9sent jusqu’\u00e0 ce qu’il s’\u00e9vanouisse soudain participe \u00e0 la cr\u00e9ation de ce myst\u00e8re qui n’en est plus un mais qui pour autant n’assure de rien n’offre \u00e0 saisir que fragilit\u00e9 vuln\u00e9rabilit\u00e9 abandon plus encore<\/p>\n

l’app\u00e9tit du rien pousse \u00e0 \u00e9crire des milliers de phrases vides dans l’espoir qu’une seule enfin ne soit pas vaine pour enfin parvenir \u00e0 dire tout cela ne fut rien mais ce ne fut pas en vain et quand bien m\u00eame rien de grave rien de tragique mais une feuille qui tombe au sol un oiseau qui chante \u00e0 l’aurore le craquement du bois dans la charpente la respiration du chat qui dort la journ\u00e9e qui commence et la sensation bizarre d’\u00eatre \u00e0 \u00e9galit\u00e9 sur une ligne de d\u00e9part ni plus ni moins<\/p>", "content_text": "atelier adultes \/ \u00e9tudes de mati\u00e8res \n\nvivre avec cet app\u00e9tit est peu commode car parasit\u00e9 sans arr\u00eat par tout un tout en bloc difficile de discerner de quel vide celui-ci est constitu\u00e9 il n'est qu'apparence de quelque chose masquant le vide et c'est \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce que l'on peut en dire rien\n\nne rien en dire n'\u00e9loigne pas la faim ni la flamme qui continue \u00e0 br\u00fbler \u00e0 maintenir en vie au contraire ne rien en dire semble aiguiser l'intention de le dire d'une autre fa\u00e7on que facile coulant de source dont on sent bien la fausse note aussit\u00f4t que ce genre de propos m\u00e9canique surgit en vain\n\nune souffrance qui s'accentue d'autant que l'on maintient la plaie vive sachant d\u00e9sormais le danger du soulagement des croutes des cicatrices \n\nl'oubli n'est pas le terme d'une souffrance mais une croyance dans la possibilit\u00e9 de l'\u00e9loigner de l'enfouir s'en d\u00e9tacher et on invoquera la n\u00e9cessit\u00e9 du temps autre croyance baume ou pansement facile mais l'app\u00e9tit du rien revient il revient plus fort encore balaie les ch\u00e2teaux de cartes les \u00e9difices les constructions toute la pr\u00e9ciosit\u00e9 pour combler un mauvais penchant un \u00e9cart pour tromper la faim tentative d'avance vou\u00e9e \u00e0 la ruine de vouloir couper cette faim comme on coupe un feu sur une peau irradi\u00e9e \n\ncomme il faut avoir explor\u00e9 l'au-del\u00e0 de l'apparence pour la voir enfin pour ce qu'elle est la voir comme la vie puisque elle est la vie et de savoir toute vanit\u00e9 de l'expliquer \n\ncomme il faut aussi avoir cru en la culture en avoir \u00e9t\u00e9 si souvent d\u00e9\u00e7u pour la voir aussi pour ce qu'elle est un voile \u00e9pousant les formes au plus proche d'un rien qui se meut tendrement sous elle le rien de la vie le rien de la mort mais un rien f\u00e9cond \u00e9tonnamment f\u00e9cond au moment m\u00eame o\u00f9 l'on abandonne l'id\u00e9e d'en recueillir d'en poss\u00e9der quoique ce soit.\n\nle risque de se tromper et de confondre l'app\u00e9tit du rien avec la s\u00e9duction que propose le n\u00e9ant toujours pr\u00e9sent jusqu'\u00e0 ce qu'il s'\u00e9vanouisse soudain participe \u00e0 la cr\u00e9ation de ce myst\u00e8re qui n'en est plus un mais qui pour autant n'assure de rien n'offre \u00e0 saisir que fragilit\u00e9 vuln\u00e9rabilit\u00e9 abandon plus encore \n\nl'app\u00e9tit du rien pousse \u00e0 \u00e9crire des milliers de phrases vides dans l'espoir qu'une seule enfin ne soit pas vaine pour enfin parvenir \u00e0 dire tout cela ne fut rien mais ce ne fut pas en vain et quand bien m\u00eame rien de grave rien de tragique mais une feuille qui tombe au sol un oiseau qui chante \u00e0 l'aurore le craquement du bois dans la charpente la respiration du chat qui dort la journ\u00e9e qui commence et la sensation bizarre d'\u00eatre \u00e0 \u00e9galit\u00e9 sur une ligne de d\u00e9part ni plus ni moins", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1103jpgw768-5ea6a9e7-330ba.jpg?1763160583", "tags": [] } ] }