{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/complot.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/complot.html", "title": "complot", "date_published": "2023-03-20T16:11:48Z", "date_modified": "2025-09-18T07:35:22Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
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Gr\u00e2ce au 49,3 l’apoplexie guette la France. Ce qui fait monter le taux d’adrenochrome dans les art\u00e8res. Des vaisseaux reptiliens sont planqu\u00e9s derri\u00e8re la Lune. Ils attendent le top d\u00e9part de Biden la momie moldave pour venir nous sucer le sang. Mais sinon tout va tr\u00e8s bien madame la marquise. Poutine est \u00e0 la man\u0153uvre m\u00eame si on ne le dirait pas \u00e0 cause de son air de Snoopy mais il poss\u00e8de une flotte de vaisseaux munis d’un syst\u00e8me anti gravit\u00e9 et des informations hyper pr\u00e9cises provenant du centre de la terre directement pondues par la f\u00e9e Carabosse au fin fond du triangle des Bermudes. Alicia peut emprunter la voix d’un mort pour annoncer le couvre feu ou l’arriv\u00e9e d’une lettre recommand\u00e9e. Mac Donald s\u00e8me l’ob\u00e9sit\u00e9 en partenariat avec Comme j’aime pour faire encore plus de ronds et en m\u00eame temps d’une pierre deux coups dezinguer les ados boutonneux cuistres et sourds comme des pots. Le christ est en stage acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 pr\u00e8s du Roi du Monde dans les bas fonds de Shambala. Quant \u00e0 moi toujours aucune cigarette depuis le 27 f\u00e9vrier 2023 pas de joint non plus, j’essaie de conserver en bonne sant\u00e9 mon esprit , mon \u00e2me, attaqu\u00e9s de toutes parts par les forces satanistes. Je pr\u00e9vois un changement de patronyme dans peu de temps. J’adorerais qu’on m’appelle \u00e0 partir de maintenant Jean-Baptiste. Si j’ai le temps j’irai chez Gifi m’acheter un manche balai. Pas de doute qu’avec la puissance de ma foi in\u00e9branlable je pourrai le transformer en sabre laser. Le bas astral n’a plus qu’\u00e0 bien se tenir.<\/p>", "content_text": "\n\nGr\u00e2ce au 49,3 l'apoplexie guette la France. Ce qui fait monter le taux d'adrenochrome dans les art\u00e8res. Des vaisseaux reptiliens sont planqu\u00e9s derri\u00e8re la Lune. Ils attendent le top d\u00e9part de Biden la momie moldave pour venir nous sucer le sang. Mais sinon tout va tr\u00e8s bien madame la marquise. Poutine est \u00e0 la man\u0153uvre m\u00eame si on ne le dirait pas \u00e0 cause de son air de Snoopy mais il poss\u00e8de une flotte de vaisseaux munis d'un syst\u00e8me anti gravit\u00e9 et des informations hyper pr\u00e9cises provenant du centre de la terre directement pondues par la f\u00e9e Carabosse au fin fond du triangle des Bermudes. Alicia peut emprunter la voix d'un mort pour annoncer le couvre feu ou l'arriv\u00e9e d'une lettre recommand\u00e9e. Mac Donald s\u00e8me l'ob\u00e9sit\u00e9 en partenariat avec Comme j'aime pour faire encore plus de ronds et en m\u00eame temps d'une pierre deux coups dezinguer les ados boutonneux cuistres et sourds comme des pots. Le christ est en stage acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 pr\u00e8s du Roi du Monde dans les bas fonds de Shambala. Quant \u00e0 moi toujours aucune cigarette depuis le 27 f\u00e9vrier 2023 pas de joint non plus, j'essaie de conserver en bonne sant\u00e9 mon esprit , mon \u00e2me, attaqu\u00e9s de toutes parts par les forces satanistes. Je pr\u00e9vois un changement de patronyme dans peu de temps. J'adorerais qu'on m'appelle \u00e0 partir de maintenant Jean-Baptiste. Si j'ai le temps j'irai chez Gifi m'acheter un manche balai. Pas de doute qu'avec la puissance de ma foi in\u00e9branlable je pourrai le transformer en sabre laser. Le bas astral n'a plus qu'\u00e0 bien se tenir. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Lundi-deco.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Lundi-deco.html", "title": "Lundi d\u00e9co.", "date_published": "2023-03-20T05:19:47Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
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Alignement au milieu.<\/p>\n
On pourrait \u00e9crire n’importe quoi pour commencer. On verra bien ensuite o\u00f9 tout cela nous emporte. Si cela marche, fin des compagnies d’aviation, fin des transports en tous genres. A part le v\u00e9lo bien sur pour ne pas se mettre les fanatiques \u00e0 dos.<\/p>\n
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Ensuite on peut \u00e9crire une grande phrase qui sert de s\u00e9parateur, et si les caract\u00e8res sont si petits c’est pour \u00e9conomiser de la place, de l’encre, du papier. De plus personne ne lit jamais vraiment, mettons donc un point d’honneur dans l’esth\u00e9tique et non un poing sur la figure de son prochain(e)<\/p>\n
<\/span>https:\/\/youtu.be\/C243DQBfjho<\/span><\/a> Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t’il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Dans le fond il semble que le fond continue de s’enfoncer encore plus profond\u00e9ment qu’on l’imaginait.<\/p>\n De Gaulle disait les Fran\u00e7ais sont des veaux<\/p>\n Les Fran\u00e7ais qui aiment la viande froide.<\/p>\n “Les Fran\u00e7ais croient qu’ils parlent bien le fran\u00e7ais parce qu’ils ne parlent aucune langue \u00e9trang\u00e8re.”<\/p>\n Tristan Bernard<\/p>\n “Quand quelqu’un paye un tableau 3.000 francs, c’est qu’il lui pla\u00eet. Quand il le paye 300.000 francs, c’est qu’il pla\u00eet aux autres.”<\/p>\n Edgar Degas<\/p>",
"content_text": " Blocs \n\nAlignement au milieu. \n\nOn pourrait \u00e9crire n'importe quoi pour commencer. On verra bien ensuite o\u00f9 tout cela nous emporte. Si cela marche, fin des compagnies d'aviation, fin des transports en tous genres. A part le v\u00e9lo bien sur pour ne pas se mettre les fanatiques \u00e0 dos. \n\nEnsuite on peut \u00e9crire une grande phrase qui sert de s\u00e9parateur, et si les caract\u00e8res sont si petits c'est pour \u00e9conomiser de la place, de l'encre, du papier. De plus personne ne lit jamais vraiment, mettons donc un point d'honneur dans l'esth\u00e9tique et non un poing sur la figure de son prochain(e) Une vid\u00e9o Youtube https:\/\/youtu.be\/C243DQBfjho Les 4 saisons de Vivaldi , en voici une l\u00e9gende. Une liste de courses Acheter du pain Des pommes du sucre en poudre des cornichons du beurre du gruy\u00e8re Y a t'il un fond ? \n\nTonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Y a t'il un fond ? Tonneau des Dana\u00efdes. Dans le fond il semble que le fond continue de s'enfoncer encore plus profond\u00e9ment qu'on l'imaginait. Citations \n\nDe Gaulle disait les Fran\u00e7ais sont des veaux \n\nLes Fran\u00e7ais qui aiment la viande froide. \n\n\u201cLes Fran\u00e7ais croient qu'ils parlent bien le fran\u00e7ais parce qu'ils ne parlent aucune langue \u00e9trang\u00e8re.\u201d \n\nTristan Bernard \n\n\u201cQuand quelqu'un paye un tableau 3.000 francs, c'est qu'il lui pla\u00eet. Quand il le paye 300.000 francs, c'est qu'il pla\u00eet aux autres.\u201d \n\nEdgar Degas ",
"image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/commencement.jpg?1748065078",
"tags": ["peinture", "Narration et Exp\u00e9rimentation"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Double-voyage-09-Wittig.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Double-voyage-09-Wittig.html",
"title": "Double voyage 09 | Wittig",
"date_published": "2023-03-19T05:47:14Z",
"date_modified": "2025-09-30T10:07:53Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": " Il faudrait remonter assez loin dans ce blog pour retrouver la trace de l\u2019inspecteur Blanchard. Non pas un homme unique, mais une silhouette mouvante, effac\u00e9e par le temps, d\u00e9compos\u00e9e en fragments \u00e9pars. De m\u00eame, quelque part entre deux chroniques, Dali, enlev\u00e9 dans un vaisseau de l\u2019Alliance Galactique, disparu comme un reflet sous la pluie. Alonso Quichano aussi s\u2019efface, englouti par le tourbillon des jours. Les moulins \u00e0 vent eux-m\u00eames, dress\u00e9s un temps contre le ciel, se sont effondr\u00e9s, us\u00e9s par les ann\u00e9es, r\u00e9duits \u00e0 quelques pierres moussues dispers\u00e9es dans l\u2019herbe.<\/p>\n C\u2019est ainsi que les personnages s\u2019enfoncent dans l\u2019oubli, happ\u00e9s par la dur\u00e9e qui ronge les contours des souvenirs. Ce site n\u2019est-il pas un voyage lui aussi, une d\u00e9ambulation incertaine o\u00f9 l\u2019on croise des pays, des figures, des objets sans fil conducteur ? On passe de l\u2019un \u00e0 l\u2019autre sans pr\u00e9venir, de la chronique d\u2019un jour \u00e0 l\u2019\u00e9vocation d\u2019une nuit, comme si la continuit\u00e9 elle-m\u00eame \u00e9tait un leurre, une illusion patiemment entretenue par la succession des jours et des nuits, qui se r\u00e9pondent sans jamais se rejoindre.<\/p>\n Sur un fichier re\u00e7u, on distingue les blocs noirs sur fond blanc, pareils \u00e0 des st\u00e8les anonymes. Ce sont les traces d\u2019une parole, mais une parole que le silence ronge. On pourrait prendre un paragraphe au hasard, ils parlent tous du m\u00eame oubli, d\u2019une lutte vaine pour fixer ce qui \u00e9chappe, comme si la r\u00e9p\u00e9tition elle-m\u00eame n\u2019\u00e9tait qu\u2019un simulacre de r\u00e9sistance. Il y a l\u00e0 des voix de femmes, qui racontent, des noms familiers qui \u00e9mergent de l\u2019ombre pour replonger aussit\u00f4t, signes fragiles d\u2019une m\u00e9moire qui vacille. On croyait ces souvenirs rang\u00e9s dans l\u2019aval, mais voil\u00e0 qu\u2019ils proviennent d\u2019un amont obscur, d\u2019un temps ant\u00e9rieur \u00e0 la perte.<\/p>\n Hom\u00e8re racontait une guerre qui n\u2019en finit pas. Pas de d\u00e9but, pas de fin. Le livre se ferme sur la fatigue des corps, mais la guerre elle, demeure, infinie comme une rumeur lancinante, et l\u2019on ne sait jamais vraiment quand elle a commenc\u00e9, ni pourquoi elle se prolonge dans cet \u00e9tat d\u2019ind\u00e9cision, ce balancement perp\u00e9tuel entre violence et accalmie. C\u2019est peut-\u00eatre cela, l\u2019histoire humaine : une lutte sans cesse reprise, une suite de justifications qui, en se heurtant les unes aux autres, n\u2019en produisent aucune.<\/p>\n On se souvient mal du d\u00e9but du r\u00e9cit, de ce voyage qui devait mener quelque part et qui s\u2019enroule maintenant sur lui-m\u00eame, un cercle concentrique, une spirale sans fin autour d\u2019un centre mort. Comme les corbeaux tournant autour de la carcasse d\u2019un animal, l\u2019histoire revient sans cesse sur le m\u00eame point, sans parvenir \u00e0 s\u2019en d\u00e9tacher. Peut-\u00eatre est-ce l\u00e0 la nature m\u00eame de ce r\u00e9cit : une mont\u00e9e interminable sur un escalier dont on ne per\u00e7oit ni le d\u00e9part ni l\u2019issue, une qu\u00eate obstin\u00e9e vers un autel de pierre o\u00f9 le sacrifice attend sans jamais s\u2019accomplir.<\/p>\n Il y a ce vendredi aussi, compagnon de Robinson, jour des stages de peinture, o\u00f9 l\u2019on tente de faire surgir quelque chose du n\u00e9ant. On pose des formes, des couleurs, des \u00e9clats de lumi\u00e8re, mais c\u2019est toujours le m\u00eame geste qui revient, la m\u00eame qu\u00eate d\u2019un sens qui se d\u00e9robe, la m\u00eame recherche d\u2019un espace o\u00f9 le regard pourrait enfin se poser. On s\u2019efforce de saisir l\u2019air du temps, mais l\u2019impression d\u2019y \u00eatre ne tient jamais longtemps.<\/p>\n Circe transforme les marins en cochons, mais qu\u2019en est-il de ceux qui l\u2019\u00e9taient d\u00e9j\u00e0 ? Peut-\u00eatre l\u2019\u00e9vidence est-elle si criante qu\u2019on la contourne. Peut-\u00eatre les lions, les taureaux, les \u00e2nes sont-ils ce qu\u2019ils sont depuis toujours, et les m\u00e9tamorphoses, des pi\u00e8ges de l\u2019esprit.<\/p>\n Borges aussi jouait avec les ombres et les reflets, jonglant avec l\u2019\u00e9rudition pour en faire surgir la po\u00e9sie brute, comme une lumi\u00e8re soudaine dans la c\u00e9cit\u00e9 du monde. Il attirait les mots comme on app\u00e2te les mouches, sans illusion sur leur valeur r\u00e9elle, mais en sachant que, parfois, dans cette errance textuelle, un \u00e9clat de v\u00e9rit\u00e9 pouvait se produire, aussi fugitif qu\u2019un rai de soleil sur un mur d\u00e9fra\u00eechi.<\/p>\n On cherche un point de rep\u00e8re, une boussole qui dirait o\u00f9 est le Nord, mais le retour \u00e0 l\u2019intuition, au geste premier, semble plus juste. Peut-\u00eatre que lire ce texte avec la rigueur d\u2019un typographe permet de toucher du doigt ce qui importe vraiment : la tension entre la colonne et le mot, la mani\u00e8re dont les blocs se dessinent sur la page, comme des souvenirs align\u00e9s dans l\u2019oubli, une justification graphique qui tient les choses ensemble.<\/p>\n Peut-\u00eatre est-ce l\u00e0 l\u2019essentiel : savoir qu\u2019on ne saura pas, que la qu\u00eate se poursuit sans jamais aboutir, et que vouloir tout comprendre est peut-\u00eatre le plus s\u00fbr moyen de se perdre.<\/p>",
"content_text": " Il faudrait remonter assez loin dans ce blog pour retrouver la trace de l\u2019inspecteur Blanchard. Non pas un homme unique, mais une silhouette mouvante, effac\u00e9e par le temps, d\u00e9compos\u00e9e en fragments \u00e9pars. De m\u00eame, quelque part entre deux chroniques, Dali, enlev\u00e9 dans un vaisseau de l\u2019Alliance Galactique, disparu comme un reflet sous la pluie. Alonso Quichano aussi s\u2019efface, englouti par le tourbillon des jours. Les moulins \u00e0 vent eux-m\u00eames, dress\u00e9s un temps contre le ciel, se sont effondr\u00e9s, us\u00e9s par les ann\u00e9es, r\u00e9duits \u00e0 quelques pierres moussues dispers\u00e9es dans l\u2019herbe. C\u2019est ainsi que les personnages s\u2019enfoncent dans l\u2019oubli, happ\u00e9s par la dur\u00e9e qui ronge les contours des souvenirs. Ce site n\u2019est-il pas un voyage lui aussi, une d\u00e9ambulation incertaine o\u00f9 l\u2019on croise des pays, des figures, des objets sans fil conducteur ? On passe de l\u2019un \u00e0 l\u2019autre sans pr\u00e9venir, de la chronique d\u2019un jour \u00e0 l\u2019\u00e9vocation d\u2019une nuit, comme si la continuit\u00e9 elle-m\u00eame \u00e9tait un leurre, une illusion patiemment entretenue par la succession des jours et des nuits, qui se r\u00e9pondent sans jamais se rejoindre. Sur un fichier re\u00e7u, on distingue les blocs noirs sur fond blanc, pareils \u00e0 des st\u00e8les anonymes. Ce sont les traces d\u2019une parole, mais une parole que le silence ronge. On pourrait prendre un paragraphe au hasard, ils parlent tous du m\u00eame oubli, d\u2019une lutte vaine pour fixer ce qui \u00e9chappe, comme si la r\u00e9p\u00e9tition elle-m\u00eame n\u2019\u00e9tait qu\u2019un simulacre de r\u00e9sistance. Il y a l\u00e0 des voix de femmes, qui racontent, des noms familiers qui \u00e9mergent de l\u2019ombre pour replonger aussit\u00f4t, signes fragiles d\u2019une m\u00e9moire qui vacille. On croyait ces souvenirs rang\u00e9s dans l\u2019aval, mais voil\u00e0 qu\u2019ils proviennent d\u2019un amont obscur, d\u2019un temps ant\u00e9rieur \u00e0 la perte. Hom\u00e8re racontait une guerre qui n\u2019en finit pas. Pas de d\u00e9but, pas de fin. Le livre se ferme sur la fatigue des corps, mais la guerre elle, demeure, infinie comme une rumeur lancinante, et l\u2019on ne sait jamais vraiment quand elle a commenc\u00e9, ni pourquoi elle se prolonge dans cet \u00e9tat d\u2019ind\u00e9cision, ce balancement perp\u00e9tuel entre violence et accalmie. C\u2019est peut-\u00eatre cela, l\u2019histoire humaine : une lutte sans cesse reprise, une suite de justifications qui, en se heurtant les unes aux autres, n\u2019en produisent aucune. On se souvient mal du d\u00e9but du r\u00e9cit, de ce voyage qui devait mener quelque part et qui s\u2019enroule maintenant sur lui-m\u00eame, un cercle concentrique, une spirale sans fin autour d\u2019un centre mort. Comme les corbeaux tournant autour de la carcasse d\u2019un animal, l\u2019histoire revient sans cesse sur le m\u00eame point, sans parvenir \u00e0 s\u2019en d\u00e9tacher. Peut-\u00eatre est-ce l\u00e0 la nature m\u00eame de ce r\u00e9cit : une mont\u00e9e interminable sur un escalier dont on ne per\u00e7oit ni le d\u00e9part ni l\u2019issue, une qu\u00eate obstin\u00e9e vers un autel de pierre o\u00f9 le sacrifice attend sans jamais s\u2019accomplir. Il y a ce vendredi aussi, compagnon de Robinson, jour des stages de peinture, o\u00f9 l\u2019on tente de faire surgir quelque chose du n\u00e9ant. On pose des formes, des couleurs, des \u00e9clats de lumi\u00e8re, mais c\u2019est toujours le m\u00eame geste qui revient, la m\u00eame qu\u00eate d\u2019un sens qui se d\u00e9robe, la m\u00eame recherche d\u2019un espace o\u00f9 le regard pourrait enfin se poser. On s\u2019efforce de saisir l\u2019air du temps, mais l\u2019impression d\u2019y \u00eatre ne tient jamais longtemps. Circe transforme les marins en cochons, mais qu\u2019en est-il de ceux qui l\u2019\u00e9taient d\u00e9j\u00e0 ? Peut-\u00eatre l\u2019\u00e9vidence est-elle si criante qu\u2019on la contourne. Peut-\u00eatre les lions, les taureaux, les \u00e2nes sont-ils ce qu\u2019ils sont depuis toujours, et les m\u00e9tamorphoses, des pi\u00e8ges de l\u2019esprit. Borges aussi jouait avec les ombres et les reflets, jonglant avec l\u2019\u00e9rudition pour en faire surgir la po\u00e9sie brute, comme une lumi\u00e8re soudaine dans la c\u00e9cit\u00e9 du monde. Il attirait les mots comme on app\u00e2te les mouches, sans illusion sur leur valeur r\u00e9elle, mais en sachant que, parfois, dans cette errance textuelle, un \u00e9clat de v\u00e9rit\u00e9 pouvait se produire, aussi fugitif qu\u2019un rai de soleil sur un mur d\u00e9fra\u00eechi. On cherche un point de rep\u00e8re, une boussole qui dirait o\u00f9 est le Nord, mais le retour \u00e0 l\u2019intuition, au geste premier, semble plus juste. Peut-\u00eatre que lire ce texte avec la rigueur d\u2019un typographe permet de toucher du doigt ce qui importe vraiment : la tension entre la colonne et le mot, la mani\u00e8re dont les blocs se dessinent sur la page, comme des souvenirs align\u00e9s dans l\u2019oubli, une justification graphique qui tient les choses ensemble. Peut-\u00eatre est-ce l\u00e0 l\u2019essentiel : savoir qu\u2019on ne saura pas, que la qu\u00eate se poursuit sans jamais aboutir, et que vouloir tout comprendre est peut-\u00eatre le plus s\u00fbr moyen de se perdre. ",
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"tags": ["Auteurs litt\u00e9raires"]
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"title": "Fen\u00eatres",
"date_published": "2023-03-18T08:09:40Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il n\u2019y a pas eu qu\u2019une seule fen\u00eatre, mais des milliers. Non pas une ouverture unique sur le monde, mais une infinit\u00e9 d\u2019\u00e9chancrures, chacune tra\u00e7ant son p\u00e9rim\u00e8tre sur l\u2019immensit\u00e9 du jour. Une fen\u00eatre donne sur l\u2019aube, une autre sur le cr\u00e9puscule ; l\u2019une sur la rue d\u00e9serte, l\u2019autre sur l\u2019arbre qui d\u00e9ploie ses rameaux, toutes ouvertes, battant sous le vent, s\u2019ouvrant et se refermant comme autant de paupi\u00e8res.<\/p>\n Voir ainsi le spectacle du monde au travers de cette diversit\u00e9 de points de vue, c\u2019est consentir \u00e0 une forme d\u2019effacement. Le r\u00e9el, fragment\u00e9, n\u2019appartient plus \u00e0 personne. Le regard, \u00e9pars, diss\u00e9min\u00e9, \u00e9miette la certitude d\u2019une pr\u00e9sence continue. La multiplicit\u00e9 des visions gomme l\u2019impression d\u2019absence comme de pr\u00e9sence. On n\u2019est plus l\u00e0 vraiment. C\u2019est un point de vue qui occupe l\u2019espace, une perception flottante, d\u00e9tach\u00e9e. Quelque chose regarde, oui, mais c\u2019est autre chose que soi.<\/p>\n Au loin, par la fen\u00eatre entrouverte, montent les cris des enfants. Ils semblent jaillir de la terre comme les chants des oiseaux au printemps, une rumeur ascendante, heurt\u00e9e, qui s\u2019\u00e9lance et retombe. On pourrait croire que cela dure toujours, que le cri est l\u00e0 depuis l\u2019origine, vieux comme le mobilier empoussi\u00e9r\u00e9, aussi immobile que l\u2019arbre oubli\u00e9 qui dessine son ombre sur le parquet us\u00e9.<\/p>\n Et pourtant, on n\u2019est peut-\u00eatre que dans ces cris, dans leur vibration fugitive. \u00catre l\u00e0, c\u2019est \u00e9pouser l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re du cri, devenir ce souffle qui emplit l\u2019air un instant et s\u2019\u00e9teint, dissip\u00e9 dans la lumi\u00e8re du matin.<\/p>\n Sensation double, tenace, incertaine. On est l\u00e0 sans y \u00eatre. On pourrait croire \u00eatre enracin\u00e9, antique comme le bois cir\u00e9, mais tout aussi bien on pourrait \u00eatre dans cette vol\u00e9e de sons qui tournoie puis se dissipe, dans l\u2019\u00e9lan bris\u00e9 d\u2019un cri d\u2019enfant, aussi passager qu\u2019un battement d\u2019ailes.<\/p>",
"content_text": " Il n\u2019y a pas eu qu\u2019une seule fen\u00eatre, mais des milliers. Non pas une ouverture unique sur le monde, mais une infinit\u00e9 d\u2019\u00e9chancrures, chacune tra\u00e7ant son p\u00e9rim\u00e8tre sur l\u2019immensit\u00e9 du jour. Une fen\u00eatre donne sur l\u2019aube, une autre sur le cr\u00e9puscule ; l\u2019une sur la rue d\u00e9serte, l\u2019autre sur l\u2019arbre qui d\u00e9ploie ses rameaux, toutes ouvertes, battant sous le vent, s\u2019ouvrant et se refermant comme autant de paupi\u00e8res. Voir ainsi le spectacle du monde au travers de cette diversit\u00e9 de points de vue, c\u2019est consentir \u00e0 une forme d\u2019effacement. Le r\u00e9el, fragment\u00e9, n\u2019appartient plus \u00e0 personne. Le regard, \u00e9pars, diss\u00e9min\u00e9, \u00e9miette la certitude d\u2019une pr\u00e9sence continue. La multiplicit\u00e9 des visions gomme l\u2019impression d\u2019absence comme de pr\u00e9sence. On n\u2019est plus l\u00e0 vraiment. C\u2019est un point de vue qui occupe l\u2019espace, une perception flottante, d\u00e9tach\u00e9e. Quelque chose regarde, oui, mais c\u2019est autre chose que soi. Au loin, par la fen\u00eatre entrouverte, montent les cris des enfants. Ils semblent jaillir de la terre comme les chants des oiseaux au printemps, une rumeur ascendante, heurt\u00e9e, qui s\u2019\u00e9lance et retombe. On pourrait croire que cela dure toujours, que le cri est l\u00e0 depuis l\u2019origine, vieux comme le mobilier empoussi\u00e9r\u00e9, aussi immobile que l\u2019arbre oubli\u00e9 qui dessine son ombre sur le parquet us\u00e9. Et pourtant, on n\u2019est peut-\u00eatre que dans ces cris, dans leur vibration fugitive. \u00catre l\u00e0, c\u2019est \u00e9pouser l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re du cri, devenir ce souffle qui emplit l\u2019air un instant et s\u2019\u00e9teint, dissip\u00e9 dans la lumi\u00e8re du matin. Sensation double, tenace, incertaine. On est l\u00e0 sans y \u00eatre. On pourrait croire \u00eatre enracin\u00e9, antique comme le bois cir\u00e9, mais tout aussi bien on pourrait \u00eatre dans cette vol\u00e9e de sons qui tournoie puis se dissipe, dans l\u2019\u00e9lan bris\u00e9 d\u2019un cri d\u2019enfant, aussi passager qu\u2019un battement d\u2019ailes. ",
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"title": "Chemin",
"date_published": "2023-03-18T07:28:54Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Aller \u00e0 pied \u00e0 l\u2019\u00e9cole. Un chemin que l\u2019on emprunte chaque jour, deux fois, invariablement. Peut-on se lasser de ce chemin ? Non. Il y a toujours quelque chose de neuf \u00e0 voir. Mais la m\u00e9moire se d\u00e9robe. Les d\u00e9tails, les nuances, tout glisse hors de port\u00e9e. On remarque des choses chaque jour, des choses \u00e9patantes, et pourtant, le lendemain, tout s\u2019estompe. D\u2019autres choses neuves viennent effacer celles de la veille.<\/p>\n Mais les saisons demeurent. Elles encadrent l\u2019existence, gardiennes silencieuses qui maintiennent la raison, qui veillent sur la folie des r\u00e9p\u00e9titions. Chaque hiver est diff\u00e9rent, mais il est en m\u00eame temps l\u2019hiver. On le sait. Comme l\u2019\u00e9t\u00e9. Ce sont des parenth\u00e8ses ouvertes sur l\u2019immuable.<\/p>\n \u00c0 l\u2019int\u00e9rieur de ces cadres, il y a quoi ? Est-ce qu\u2019on le sait ? Est-ce qu\u2019on s\u2019en soucie ? Ce sont des fragments, des \u00e9clats d\u2019une continuit\u00e9 jamais tout \u00e0 fait rompue.<\/p>\n Le chemin pour aller \u00e0 l\u2019\u00e9cole, \u00e0 l\u2019\u00e9glise, \u00e0 la foire, au cimeti\u00e8re, se r\u00e9p\u00e8te des dizaines, des centaines de fois. \u00c0 moins que l\u2019on ne s\u2019\u00e9gare, que l\u2019on prenne un autre sentier, croyant au changement, \u00e0 la nouveaut\u00e9, \u00e0 la diversit\u00e9. Mais t\u00f4t ou tard, on y revient, \u00e0 ce chemin-l\u00e0. Toujours quelque chose de neuf \u00e0 voir, quelque chose qui efface la nouveaut\u00e9 d\u2019hier.<\/p>\n Et c\u2019est nous qui changeons, insensiblement, \u00e0 chaque pas. La marche continue, r\u00e9guli\u00e8re, traversant le temps comme une litanie muette. Le chemin reste le m\u00eame, mais il se transforme en silence, \u00e0 la mesure de nos passages, comme si le sol enregistrait, discr\u00e8tement, la trace de nos pas. La marche, fid\u00e8le et fragile, emporte ces fragments de quotidien, les assemble, les dissipe, inlassablement.<\/p>",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/continuite-de-mots.html",
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"title": "Continuit\u00e9 de mots",
"date_published": "2023-03-18T07:02:01Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " \u00c0 partir d\u2019un m\u00eame lieu, une continuit\u00e9 de mots.<\/p>\n Haricots verts, poulailler, porte, oseille, cerises, cerisier, poirier, cerises aigres, la b\u00eache, le r\u00e2teau, le parterre, l\u2019all\u00e9e, le jardin. Le petit mur, le champ, le lait, le pot au lait, la ferme, le soir, la tomb\u00e9e de la nuit, la peur.<\/p>\n Les b\u00fbches, les rondins, les st\u00e8res, la chemin\u00e9e, le feu, les livres, le bureau, les pipes, le bois, la for\u00eat. Sylvestre.<\/p>\n L\u2019escalier, le premier \u00e9tage, l\u2019\u00e9tage, la cave, le grenier, les pi\u00e8ces, le salon, la cuisine, la chambre des enfants, la chambre des parents, l\u2019armoire, la commode, le plancher, la moquette, les tapis, le linol\u00e9um, le carrelage. La salle de bains. La douche, la baignoire, l\u2019armoire de la salle de bain, la pierre ponce, le gant de toilette, la serviette de bain. Le chauffe-eau. Le radiateur \u00e9lectrique. Le confort.<\/p>\n Le vestibule. La penderie. Les monstres.<\/p>\n La tonnelle, les branches, le couteau, l\u2019\u00e9pluchage, l\u2019arc, la corde, la fl\u00e8che, l\u2019indien.<\/p>\n La chambre \u00e0 air de camion, les ciseaux de couture, le holster, la bou\u00e9e, l\u2019\u00e9tang, le garage des Renards, l\u2019odeur d\u2019essence.<\/p>\n Le jeudi, les jeux, le copain, le stylo, le bl\u00e9, les crocodiles dans la fosse, les flashs, le v\u00e9lo, la libert\u00e9.<\/p>\n Les carri\u00e8res, le trou, la grotte, creuser, s\u2019enfouir, le noir, la terre, sous terre, souterrain, galeries, la Chine.<\/p>\n Le ciel, l\u2019horizon, la colline, le champ, l\u2019espace, la route, le temps.<\/p>\n Les cosses, les petits pois, le raisin, la salade, l\u2019ortie, la soupe, le poivre, la nappe, la toile cir\u00e9e, la gazini\u00e8re, l\u2019\u00e9vier, la passoire, la cr\u00e8me \u00e0 r\u00e9curer, la paille de fer, la louche, la l\u00e8chefrite, le four, le poulet r\u00f4ti du dimanche, la peau du lapin, la patte porte-bonheur. Le clapier, les fanes, la grille, le sang, l\u2019\u0153il.<\/p>\n Le fumier, les vers, les lombrics, les trous dans le couvercle, la p\u00eache, la canne, le lancer, le fil, la plomb\u00e9e, la bourriche, le Cher, le gardon, l\u2019ablette, l\u2019asticot, les galets, la rivi\u00e8re, les haies, les vaches, le taureau, la pluie, l\u2019herbe mouill\u00e9e, les cuissardes, le moulinet, la cuill\u00e8re, la mouche, les nanas, les perches arc-en-ciel, le menu fretin, la belle prise, l\u2019anguille, la carpe, le brochet. Le vernis, l\u2019odeur du vernis, la t\u00eate des brochets, des troph\u00e9es.<\/p>\n L\u2019instituteur, la blouse grise, le s\u00e9rieux, la barbe, les lunettes, la r\u00e8gle en fer, la r\u00e8gle de grammaire, la r\u00e8gle d\u2019orthographe, la r\u00e8gle \u00e0 calcul, la baignoire qui se vide, le robinet qui coule, les devoirs, l\u2019absence, la faute, la punition, l\u2019odeur de craie, l\u2019encrier, la plume sergent-major, le pupitre, la case. Les marronniers, le pr\u00e9au, la cour de r\u00e9cr\u00e9ation, la bille, le calot, les filles, les gendarmes, les doryphores, en rang par deux, le porte-manteau, le tableau noir, le coucou qui chante, le corbeau qui passe, l\u2019hirondelle qui revient.<\/p>\n Le chemin de l\u2019\u00e9cole, le pont du Cher, le bourg, la gare, le canal, le pont au-dessus du canal, le Cr\u00e9dit Agricole, l\u2019\u00e9glise, le bistrot, la boulangerie, le bureau de tabac, les bonbons, les roudoudous, le r\u00e9glisse, l\u2019argent de poche, le partage, l\u2019injustice, le vol, les mensonges, la bagarre, les pauvres, le Cluzeau, Thierry la Fronde, Robin des Bois. Les gendarmes et les voleurs, les cow-boys et les indiens, la cabane, le refuge, les arbres, la for\u00eat, les champignons, l\u2019humus, les gouttes qui s\u2019\u00e9gouttent, les branches qui craquent, les biches, les sangliers. L\u2019\u00e9cole buissonni\u00e8re.<\/p>\n \u00c0 partir d\u2019un m\u00eame lieu, une continuit\u00e9 de mots.<\/p>\n C\u2019est le mot le lieu, ou le lieu le mot. Une continuit\u00e9 discr\u00e8te, immobile, comme une boucle presque imperceptible, un ruban de M\u00f6bius que le temps efface sans jamais l\u2019interrompre. Une \u00e9nergie t\u00e9nue, une veine \u00e9lectrique qui parcourt un circuit depuis des d\u00e9cennies, toujours la m\u00eame, inalt\u00e9rable tant qu\u2019on n\u2019actionne pas l\u2019interrupteur. Qu\u2019on ne change pas de lieu, de mot.<\/p>\n On aurait pu convoquer Leibniz, sa th\u00e9odic\u00e9e, un happy-end. Mais l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 suffit. Une ampoule au plafond, le filament qui r\u00e9siste au passage du courant, et la pi\u00e8ce s\u2019\u00e9claire. La lumi\u00e8re est l\u00e0, sans grandiloquence. Une clart\u00e9 pauvre qui nous tient. Le mot, c\u2019est maison, chambre. Des lieux auxquels on revient sans que cela n\u2019apporte ni joie, ni profit. Des lieux o\u00f9 l\u2019on sait que des vies se sont us\u00e9es, s\u00e9diment\u00e9es, sans que cela n\u2019ajoute rien \u00e0 leur pesanteur. C\u2019est l\u00e0, c\u2019est tout. Un espace \u00e0 la fois pr\u00e9sent et obsol\u00e8te, une continuit\u00e9 sans relief.<\/p>\n Les gestes, les actions, les surprises, nous ont longtemps captiv\u00e9s, nous tenant en dehors de la chose m\u00eame, de ce silence \u00e9tale qui succ\u00e8de au mouvement. Puis l\u2019\u00e2ge est venu, le temps s\u2019est \u00e9paissi, et les mots comme les lieux ont chang\u00e9 de nature. Ils ont perdu leur \u00e9vidence. Ils se sont d\u00e9coll\u00e9s de leur usage, comme les papiers peints d\u2019une chambre jamais r\u00e9chauff\u00e9e. On dit maison, mais ce n\u2019est plus cette maison. Le mot flotte, au-dessus des objets qu\u2019il d\u00e9signe, comme une feuille morte prise dans un tourbillon.<\/p>\n L\u2019\u00e9criture cherche \u00e0 poser une passerelle, \u00e0 maintenir ce fil tendu entre le mot et la chose, sans ob\u00e9issance, sans concession. Il ne s\u2019agirait pas d\u2019en faire un outil docile. Il s\u2019agirait de garder cette tension, cette r\u00e9sistance de l\u2019expression face \u00e0 l\u2019effondrement. \u00c0 force d\u2019insister, de creuser, on finit par retrouver un point de contact. Pas une r\u00e9v\u00e9lation. Plut\u00f4t une lente \u00e9rosion du doute.<\/p>\n Le brouillard descend, \u00e9pais, sur les collines, sur le jardin. Il mange la maison, il dissout la chambre. Il n\u2019y a plus qu\u2019une ombre floue, un amas de pierres informes. Mais la fen\u00eatre reste nette, son cadre bien dessin\u00e9, comme un rep\u00e8re plant\u00e9 dans le flou. Un point de vue solide sur l\u2019impr\u00e9cis. La phrase h\u00e9site, contourne, cherche sa place, comme ce regard qui tente de percer la brume sans jamais y parvenir.<\/p>\n La maison est l\u00e0 pourtant, la chambre aussi. On peut encore dire les mots. Ils ont juste pris une autre teinte, comme des outils longtemps abandonn\u00e9s, dont on red\u00e9couvre la prise. Il n\u2019y a plus \u00e0 s\u2019en servir, juste \u00e0 les laisser exister, avec cette patine de l\u2019oubli qui les rend plus dignes, plus dociles.<\/p>\n Et puis le printemps arrive, malgr\u00e9 tout. Les prunus, toujours l\u00e0, toujours neufs. Est-ce qu\u2019on s\u2019habitue \u00e0 ce retour ? Est-ce qu\u2019on en reste surpris ? Un instant, on est tent\u00e9 de croire que la nouveaut\u00e9 existe encore, comme une illusion tenace. Le renouveau s\u2019\u00e9crit lui-m\u00eame, sans notre intervention. Il n\u2019y a plus qu\u2019\u00e0 laisser venir.<\/p>\n Les mots, les lieux ne sont pas ailleurs qu\u2019ici. Ils sont l\u00e0, dans cette continuit\u00e9 d\u2019\u00e9criture qui ne c\u00e8de pas. Ils habitent la phrase comme les murs de la vieille maison, r\u00e9sistant \u00e0 l\u2019usure, s\u2019imposant par leur seule pr\u00e9sence.<\/p>",
"content_text": " C\u2019est le mot le lieu, ou le lieu le mot. Une continuit\u00e9 discr\u00e8te, immobile, comme une boucle presque imperceptible, un ruban de M\u00f6bius que le temps efface sans jamais l\u2019interrompre. Une \u00e9nergie t\u00e9nue, une veine \u00e9lectrique qui parcourt un circuit depuis des d\u00e9cennies, toujours la m\u00eame, inalt\u00e9rable tant qu\u2019on n\u2019actionne pas l\u2019interrupteur. Qu\u2019on ne change pas de lieu, de mot. On aurait pu convoquer Leibniz, sa th\u00e9odic\u00e9e, un happy-end. Mais l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 suffit. Une ampoule au plafond, le filament qui r\u00e9siste au passage du courant, et la pi\u00e8ce s\u2019\u00e9claire. La lumi\u00e8re est l\u00e0, sans grandiloquence. Une clart\u00e9 pauvre qui nous tient. Le mot, c\u2019est maison, chambre. Des lieux auxquels on revient sans que cela n\u2019apporte ni joie, ni profit. Des lieux o\u00f9 l\u2019on sait que des vies se sont us\u00e9es, s\u00e9diment\u00e9es, sans que cela n\u2019ajoute rien \u00e0 leur pesanteur. C\u2019est l\u00e0, c\u2019est tout. Un espace \u00e0 la fois pr\u00e9sent et obsol\u00e8te, une continuit\u00e9 sans relief. Les gestes, les actions, les surprises, nous ont longtemps captiv\u00e9s, nous tenant en dehors de la chose m\u00eame, de ce silence \u00e9tale qui succ\u00e8de au mouvement. Puis l\u2019\u00e2ge est venu, le temps s\u2019est \u00e9paissi, et les mots comme les lieux ont chang\u00e9 de nature. Ils ont perdu leur \u00e9vidence. Ils se sont d\u00e9coll\u00e9s de leur usage, comme les papiers peints d\u2019une chambre jamais r\u00e9chauff\u00e9e. On dit maison, mais ce n\u2019est plus cette maison. Le mot flotte, au-dessus des objets qu\u2019il d\u00e9signe, comme une feuille morte prise dans un tourbillon. L\u2019\u00e9criture cherche \u00e0 poser une passerelle, \u00e0 maintenir ce fil tendu entre le mot et la chose, sans ob\u00e9issance, sans concession. Il ne s\u2019agirait pas d\u2019en faire un outil docile. Il s\u2019agirait de garder cette tension, cette r\u00e9sistance de l\u2019expression face \u00e0 l\u2019effondrement. \u00c0 force d\u2019insister, de creuser, on finit par retrouver un point de contact. Pas une r\u00e9v\u00e9lation. Plut\u00f4t une lente \u00e9rosion du doute. Le brouillard descend, \u00e9pais, sur les collines, sur le jardin. Il mange la maison, il dissout la chambre. Il n\u2019y a plus qu\u2019une ombre floue, un amas de pierres informes. Mais la fen\u00eatre reste nette, son cadre bien dessin\u00e9, comme un rep\u00e8re plant\u00e9 dans le flou. Un point de vue solide sur l\u2019impr\u00e9cis. La phrase h\u00e9site, contourne, cherche sa place, comme ce regard qui tente de percer la brume sans jamais y parvenir. La maison est l\u00e0 pourtant, la chambre aussi. On peut encore dire les mots. Ils ont juste pris une autre teinte, comme des outils longtemps abandonn\u00e9s, dont on red\u00e9couvre la prise. Il n\u2019y a plus \u00e0 s\u2019en servir, juste \u00e0 les laisser exister, avec cette patine de l\u2019oubli qui les rend plus dignes, plus dociles. Et puis le printemps arrive, malgr\u00e9 tout. Les prunus, toujours l\u00e0, toujours neufs. Est-ce qu\u2019on s\u2019habitue \u00e0 ce retour ? Est-ce qu\u2019on en reste surpris ? Un instant, on est tent\u00e9 de croire que la nouveaut\u00e9 existe encore, comme une illusion tenace. Le renouveau s\u2019\u00e9crit lui-m\u00eame, sans notre intervention. Il n\u2019y a plus qu\u2019\u00e0 laisser venir. Les mots, les lieux ne sont pas ailleurs qu\u2019ici. Ils sont l\u00e0, dans cette continuit\u00e9 d\u2019\u00e9criture qui ne c\u00e8de pas. Ils habitent la phrase comme les murs de la vieille maison, r\u00e9sistant \u00e0 l\u2019usure, s\u2019imposant par leur seule pr\u00e9sence. ",
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"title": "M\u00e9pris, d\u00e9dain, arrogance",
"date_published": "2023-03-17T06:34:06Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " « A quelques-uns l\u2019arrogance tient lieu de grandeur ; l\u2019inhumanit\u00e9 de fermet\u00e9 ; et la fourberie, d\u2019esprit. » (Jean de La Bruy\u00e8re)<\/p>",
"content_text": " \n\n\"A quelques-uns l\u2019arrogance tient lieu de grandeur; l\u2019inhumanit\u00e9 de fermet\u00e9 ; et la fourberie, d\u2019esprit.\" (Jean de La Bruy\u00e8re) ",
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"title": "B\u00e9tail",
"date_published": "2023-03-16T05:17:02Z",
"date_modified": "2025-05-11T01:49:25Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Cheptel. Gide employait d\u00e9j\u00e0 ce mot pour parler de la dictature des soviets. C\u2019\u00e9tait avant que l\u2019histoire n\u2019ait tout \u00e0 fait tourn\u00e9, qu\u2019elle n\u2019ait bascul\u00e9 dans ce que nous savons \u00e0 pr\u00e9sent, \u00e0 distance de quelques d\u00e9cennies, o\u00f9 le nom des choses se d\u00e9tache, se d\u00e9lite, comme le rev\u00eatement d\u2019un mur oubli\u00e9 dans une grange aux ardoises fendues.<\/p>\n On logeait, on nourrissait, on occupait les hommes, \u00e0 la t\u00e2che, aux casernes, dans les champs. On r\u00e9gentait la pens\u00e9e comme on discipline les troupeaux, dans une direction fixe, une seule. Un bloc de b\u00e9tail humain qu\u2019il fallait tenir, pour ne pas que \u00e7a s\u2019\u00e9parpille, ne pas que \u00e7a pense. Le capital a pris la suite. Caput, capital, cheptel : les mots forment des cl\u00f4tures, les syllabes se scellent, s\u2019aimantent, comme des morceaux de ferraille qui se rencontrent au fond d\u2019un champ, contre le vieux hangar o\u00f9 le vent s\u2019engouffre, glac\u00e9, depuis les failles de l\u2019hiver.<\/p>\n Aujourd\u2019hui, il n\u2019y a plus besoin de rangs. La dictature a troqu\u00e9 les drapeaux contre des \u00e9crans. Elle nous pr\u00e9vient, nous renseigne, nous actualise. Les chiffres d\u00e9filent, les morts, les soldats, les migrants, les quotas. Les corps empil\u00e9s, les dents, les chaussures. Peu importe o\u00f9, peu importe pourquoi. C\u2019est l\u00e0, sur l\u2019\u00e9cran. Une mati\u00e8re vide, une information brute. Une somme de souffrance dont le calcul reste abstrait, irr\u00e9el. Ce qui compte, c\u2019est que \u00e7a d\u00e9file, que \u00e7a continue, pour maintenir l\u2019espace satur\u00e9 d\u2019images et de bruit.<\/p>\n Le b\u00e9tail humain b\u00eale o\u00f9 on lui dit de b\u00ealer. Il meugle l\u00e0 o\u00f9 on lui dit de meugler. Les \u00e9missions, les publicit\u00e9s, les images de guerre, tout se fond dans un m\u00eame continuum, sans distinction, sans relief. On remplit le vide, on s\u2019invente des histoires, on fabrique des h\u00e9ros de fortune et des carri\u00e8res pr\u00e9caires. On montre les bouffons, on agite des drapeaux, on applaudit. La peur est servie \u00e0 la louche, dilu\u00e9e dans des pots de yaourt bon march\u00e9.<\/p>\n Et puis, quand la plan\u00e8te sera morte, quand tout aura bascul\u00e9 dans l\u2019absurde, il restera quoi ? Quelques burgers d\u2019algues, un lot de souvenirs us\u00e9s, des slogans publicitaires encr\u00e9s dans les m\u00e9moires fl\u00e9tries. Les riches auront migr\u00e9 sur une autre terre, les machines auront remplac\u00e9 le vivant, les abeilles robotis\u00e9es polliniseront les restes des ruines. Et nous, b\u00e9tail humain, on sera rest\u00e9 l\u00e0, \u00e0 ruminer l\u2019id\u00e9e qu\u2019on a fini par ne plus \u00eatre que \u00e7a : des corps entass\u00e9s, des souvenirs dissous, un fond de m\u00e9moire qui s\u2019effrite, se d\u00e9tache des murs humides de l\u2019oubli.<\/p>\n Et si c\u2019\u00e9tait une simulation. Genre Matrix.\nL\u2019obsolescence s\u2019expliquerait par l\u2019usure des composants, l\u2019absence de d\u00e9sir par l\u2019entropie des puces, des capteurs, des plugs, branchements, tuyaux et sondes.<\/p>\n Je me suis r\u00e9veill\u00e9 d\u2019un r\u00eave pour aussit\u00f4t tomber dans un autre.<\/p>\n L\u2019alternance de r\u00eaves et de cauchemars, comme un courant alternatif. L\u2019attirance et la r\u00e9pulsion, pas d\u2019autre alternative dans la simulation.<\/p>\n Quand tu simules au sein d\u2019une simulation, est-ce que c\u2019est comme en maths, ++ = - ?\nMais je n\u2019ai jamais rien compris aux maths.\n-+- = +<\/p>\n On peut aussi ne comprendre que ce que l\u2019on veut comprendre.\nMais d\u2019o\u00f9 provient la r\u00e9sistance ? Fait-elle aussi partie du programme, de la simulation ?<\/p>\n Parfois, cette impression de vivre ailleurs, sur plusieurs plans distincts, alors que sur ce plan-ci on se retrouve le dindon de la farce. Des avatars chanceux s\u2019enrichiraient sur le dos du pauvre idiot de cette dimension, pr\u00e9cis\u00e9ment.<\/p>\n Est-ce que la roue tourne ? Est-ce que les derniers deviennent les premiers et vice versa ?<\/p>\n La notion de d\u00e9j\u00e0-vu, un bug informatique ?<\/p>\n Dans la cuisine, en pleine nuit, rester debout et calme, \u00e9couter tous les bruits des machines qui vivent ici et qu\u2019on n\u2019entend jamais, car on se dit que ce sont seulement des machines. La chaudi\u00e8re, le r\u00e9frig\u00e9rateur, la cafeti\u00e8re qui crachote et aurait encore besoin d\u2019un bon d\u00e9tartrage. Soudain, regarder une prise \u00e9lectrique et se demander par quelle diablerie le courant arrive jusqu\u2019ici.<\/p>\n Sortir de la grotte Chauvet apr\u00e8s avoir regard\u00e9 les anc\u00eatres v\u00eatus de peaux dans le blanc de l\u2019\u0153il et se retrouver dans cette cuisine intemporelle, comme dans une sc\u00e8ne de Kubrick.<\/p>\n Comme dans les jeux vid\u00e9o, des choses \u00e0 faire, des qu\u00eates totalement d\u00e9biles, pour gagner quoi ? Une vie suppl\u00e9mentaire...<\/p>\n L\u2019intelligence artificielle poss\u00e8de-t-elle une \u00e2me ? Et sommes-nous dans le m\u00eame questionnement quand nous ne nous rendons pas compte que nous sommes aussi des robots ?<\/p>\n Comme dans l\u2019histoire de la poule et de l\u2019\u0153uf : qui vient en premier, l\u2019IA ou l\u2019\u00eatre humain ?<\/p>\n Combien y a-t-il de plan\u00e8tes habitables dans l\u2019univers et de races intelligentes ? Et si on compte en plus tous les univers parall\u00e8les, on se sent de plus en plus insignifiant.\nEn viendra-t-on \u00e0 regretter le temps o\u00f9 la Terre \u00e9tait plate ? O\u00f9 le soleil tournait autour de la Terre ? Les Saoudiens, dans leur projet de ville du futur, fabriquent d\u00e9j\u00e0 une lune artificielle.<\/p>\n La lune que mon arri\u00e8re-grand-p\u00e8re a connue n\u2019est plus la m\u00eame que celle que je connais. Il est possible qu\u2019elle ne soit qu\u2019un \u00e9norme satellite artificiel cr\u00e9\u00e9 par une race extraterrestre.<\/p>\n Est-ce que les extraterrestres, tout comme les intraterrestres, font partie de la simulation g\u00e9n\u00e9rale ?<\/p>\n Est-il possible de s\u2019\u00e9vader de cette simulation ou bien le d\u00e9sir de s\u2019en \u00e9vader fait-il partie int\u00e9grante de celle-ci ?<\/p>\n Est-ce que mourir, c\u2019est sortir de la simulation ? Et comment sait-on qu\u2019on ne parvient pas alors dans une autre, et ainsi de suite ?<\/p>\n La raison sur laquelle nous nous appuyons n\u2019est-elle qu\u2019un programme, au m\u00eame titre que la folie en est un ?<\/p>\n Peut-on abattre les parois de la simulation en chantant, en criant, en hurlant, ou au contraire en se taisant profond\u00e9ment ?<\/p>\n Le r\u00eave de passe-muraille qui revient \u00e0 p\u00e9riode r\u00e9guli\u00e8re est-il lui aussi un programme implant\u00e9 ?\nEst-ce que si je pers\u00e9v\u00e8re, je pourrai traverser les murs ?\nEst-ce qu\u2019au moment o\u00f9 je laisse tomber cette id\u00e9e ou ce d\u00e9sir, je traverse les murs sans y penser, naturellement, sans le moindre effort ?<\/p>\n \u00c9crire fait-il partie du programme ?\nL\u2019\u00e9criture est-elle une issue ?\nOu bien au contraire, l\u2019\u00e9criture renforce-t-elle plus encore la simulation dans son ensemble ?<\/p>\n Est-ce qu\u2019on peut s\u2019\u00e9vader de la simulation par l\u2019humour ?\nEst-ce qu\u2019on peut devenir \u00e0 un tel point indiff\u00e9rent \u00e0 tout qu\u2019\u00eatre ou non dans une simulation n\u2019a aucune esp\u00e8ce d\u2019importance ?\nEst-ce que cette indiff\u00e9rence est programm\u00e9e d\u2019avance ? N\u2019est-elle pas un virus ?<\/p>\n L\u2019humanit\u00e9, victime de l\u2019indiff\u00e9rence, passe de 8 milliards d\u2019individus \u00e0 une poign\u00e9e de bobos nantis qui fabriquent des piscines en plein d\u00e9sert.<\/p>\n Est-ce que tout est d\u00e9j\u00e0 dit dans Pinocchio ou les Simpsons ?\nEst-ce que Pinocchio et les Simpsons sont des capsules temporelles envoy\u00e9es par des r\u00e9sistants du futur ?<\/p>\n Est-ce qu\u2019il suffit de ne pas dormir pour se sentir \u00e9veill\u00e9 et voir la simulation dans son enti\u00e8ret\u00e9 ?<\/p>\n Y a-t-il des niveaux d\u2019\u00e9veil selon le type de qu\u00eates r\u00e9ussies ou pas ?\nQue gagne-t-on, \u00e0 part des ennuis, \u00e0 d\u00e9couvrir la supercherie magistrale ?<\/p>\n Est-ce que la notion de complot est comme la fum\u00e9e, le diable existe-t-il vraiment ?\nLe feu est-il une v\u00e9rit\u00e9 ?<\/p>\n Est-ce que le CERN honore les ch\u00e8vres parce qu\u2019en Suisse la ch\u00e8vre est sacr\u00e9e ?\nEst-ce que le portail vers l\u2019Enfer est ouvert dans le Gothard ?<\/p>",
"content_text": " Et si c\u2019\u00e9tait une simulation. Genre Matrix. L\u2019obsolescence s\u2019expliquerait par l\u2019usure des composants, l\u2019absence de d\u00e9sir par l\u2019entropie des puces, des capteurs, des plugs, branchements, tuyaux et sondes. Je me suis r\u00e9veill\u00e9 d\u2019un r\u00eave pour aussit\u00f4t tomber dans un autre. L\u2019alternance de r\u00eaves et de cauchemars, comme un courant alternatif. L\u2019attirance et la r\u00e9pulsion, pas d\u2019autre alternative dans la simulation. Quand tu simules au sein d\u2019une simulation, est-ce que c\u2019est comme en maths, ++ = - ? Mais je n\u2019ai jamais rien compris aux maths. -+- = + On peut aussi ne comprendre que ce que l\u2019on veut comprendre. Mais d\u2019o\u00f9 provient la r\u00e9sistance ? Fait-elle aussi partie du programme, de la simulation ? Parfois, cette impression de vivre ailleurs, sur plusieurs plans distincts, alors que sur ce plan-ci on se retrouve le dindon de la farce. Des avatars chanceux s\u2019enrichiraient sur le dos du pauvre idiot de cette dimension, pr\u00e9cis\u00e9ment. Est-ce que la roue tourne ? Est-ce que les derniers deviennent les premiers et vice versa ? La notion de d\u00e9j\u00e0-vu, un bug informatique ? Dans la cuisine, en pleine nuit, rester debout et calme, \u00e9couter tous les bruits des machines qui vivent ici et qu\u2019on n\u2019entend jamais, car on se dit que ce sont seulement des machines. La chaudi\u00e8re, le r\u00e9frig\u00e9rateur, la cafeti\u00e8re qui crachote et aurait encore besoin d\u2019un bon d\u00e9tartrage. Soudain, regarder une prise \u00e9lectrique et se demander par quelle diablerie le courant arrive jusqu\u2019ici. Sortir de la grotte Chauvet apr\u00e8s avoir regard\u00e9 les anc\u00eatres v\u00eatus de peaux dans le blanc de l\u2019\u0153il et se retrouver dans cette cuisine intemporelle, comme dans une sc\u00e8ne de Kubrick. Comme dans les jeux vid\u00e9o, des choses \u00e0 faire, des qu\u00eates totalement d\u00e9biles, pour gagner quoi ? Une vie suppl\u00e9mentaire... L\u2019intelligence artificielle poss\u00e8de-t-elle une \u00e2me ? Et sommes-nous dans le m\u00eame questionnement quand nous ne nous rendons pas compte que nous sommes aussi des robots ? Comme dans l\u2019histoire de la poule et de l\u2019\u0153uf : qui vient en premier, l\u2019IA ou l\u2019\u00eatre humain ? Combien y a-t-il de plan\u00e8tes habitables dans l\u2019univers et de races intelligentes ? Et si on compte en plus tous les univers parall\u00e8les, on se sent de plus en plus insignifiant. En viendra-t-on \u00e0 regretter le temps o\u00f9 la Terre \u00e9tait plate ? O\u00f9 le soleil tournait autour de la Terre ? Les Saoudiens, dans leur projet de ville du futur, fabriquent d\u00e9j\u00e0 une lune artificielle. La lune que mon arri\u00e8re-grand-p\u00e8re a connue n\u2019est plus la m\u00eame que celle que je connais. Il est possible qu\u2019elle ne soit qu\u2019un \u00e9norme satellite artificiel cr\u00e9\u00e9 par une race extraterrestre. Est-ce que les extraterrestres, tout comme les intraterrestres, font partie de la simulation g\u00e9n\u00e9rale ? Est-il possible de s\u2019\u00e9vader de cette simulation ou bien le d\u00e9sir de s\u2019en \u00e9vader fait-il partie int\u00e9grante de celle-ci ? Est-ce que mourir, c\u2019est sortir de la simulation ? Et comment sait-on qu\u2019on ne parvient pas alors dans une autre, et ainsi de suite ? La raison sur laquelle nous nous appuyons n\u2019est-elle qu\u2019un programme, au m\u00eame titre que la folie en est un ? Peut-on abattre les parois de la simulation en chantant, en criant, en hurlant, ou au contraire en se taisant profond\u00e9ment ? Le r\u00eave de passe-muraille qui revient \u00e0 p\u00e9riode r\u00e9guli\u00e8re est-il lui aussi un programme implant\u00e9 ? Est-ce que si je pers\u00e9v\u00e8re, je pourrai traverser les murs ? Est-ce qu\u2019au moment o\u00f9 je laisse tomber cette id\u00e9e ou ce d\u00e9sir, je traverse les murs sans y penser, naturellement, sans le moindre effort ? \u00c9crire fait-il partie du programme ? L\u2019\u00e9criture est-elle une issue ? Ou bien au contraire, l\u2019\u00e9criture renforce-t-elle plus encore la simulation dans son ensemble ? Est-ce qu\u2019on peut s\u2019\u00e9vader de la simulation par l\u2019humour ? Est-ce qu\u2019on peut devenir \u00e0 un tel point indiff\u00e9rent \u00e0 tout qu\u2019\u00eatre ou non dans une simulation n\u2019a aucune esp\u00e8ce d\u2019importance ? Est-ce que cette indiff\u00e9rence est programm\u00e9e d\u2019avance ? N\u2019est-elle pas un virus ? L\u2019humanit\u00e9, victime de l\u2019indiff\u00e9rence, passe de 8 milliards d\u2019individus \u00e0 une poign\u00e9e de bobos nantis qui fabriquent des piscines en plein d\u00e9sert. Est-ce que tout est d\u00e9j\u00e0 dit dans Pinocchio ou les Simpsons ? Est-ce que Pinocchio et les Simpsons sont des capsules temporelles envoy\u00e9es par des r\u00e9sistants du futur ? Est-ce qu\u2019il suffit de ne pas dormir pour se sentir \u00e9veill\u00e9 et voir la simulation dans son enti\u00e8ret\u00e9 ? Y a-t-il des niveaux d\u2019\u00e9veil selon le type de qu\u00eates r\u00e9ussies ou pas ? Que gagne-t-on, \u00e0 part des ennuis, \u00e0 d\u00e9couvrir la supercherie magistrale ? Est-ce que la notion de complot est comme la fum\u00e9e, le diable existe-t-il vraiment ? Le feu est-il une v\u00e9rit\u00e9 ? Est-ce que le CERN honore les ch\u00e8vres parce qu\u2019en Suisse la ch\u00e8vre est sacr\u00e9e ? Est-ce que le portail vers l\u2019Enfer est ouvert dans le Gothard ? ",
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"title": "Singer",
"date_published": "2023-03-15T06:45:25Z",
"date_modified": "2025-05-10T15:52:58Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> La machine \u00e0 coudre \u00e9tait une Singer. Aucun souvenir pr\u00e9cis de son arriv\u00e9e dans l\u2019atelier. Les tout premiers souvenirs doivent se situer vers 1965-66, apr\u00e8s la mort de Charles Brunet, mon a\u00efeul. Le salon du rez-de-chauss\u00e9e avait \u00e9t\u00e9 transform\u00e9 en atelier de couture. Au d\u00e9but, ma m\u00e8re fa\u00e7onnait, comme sa propre m\u00e8re, des cravates pour une entreprise parisienne. Une activit\u00e9 \u00e0 domicile.<\/p>\n \u00c0 la Varenne, l\u2019appartement comptait trois pi\u00e8ces. L\u2019une servait d\u2019atelier de couture et de chambre pour ma grand-m\u00e8re estonienne, Valentine. Un nuage de fum\u00e9e y flottait en permanence. Elle fumait des « disques bleus ». La cigarette lui avait \u00e9raill\u00e9 la voix. Elle confectionnait ses cravates, cigarette au coin des l\u00e8vres, sans cesser de travailler.<\/p>\n Le bruit de la machine \u00e0 coudre Singer r\u00e9sonne encore. Le pied appuy\u00e9 sur la grande p\u00e9dale, ma m\u00e8re coud des robes de mari\u00e9e. L\u2019atelier a pris de l\u2019envergure, elle a m\u00eame embauch\u00e9 quelques femmes du village pour les finitions, qu\u2019elles r\u00e9alisent chez elles.<\/p>\n Je revois les mannequins dans l\u2019atelier, habill\u00e9s comme des mari\u00e9es. Certains avec t\u00eate, d\u2019autres sans. Combien sont-ils ? Deux ou trois ? J\u2019h\u00e9site. Je regarde vers la porte qui s\u00e9pare l\u2019atelier de la vieille cuisine : deux s\u00fbrement, et un autre dans l\u2019angle oppos\u00e9, plus indistinct, car l\u2019endroit est plus sombre.<\/p>\n Ce qui est certain, c\u2019est cette impression de mouvement continu, ce bruit de la machine, comme un battement r\u00e9gulier qui rythmait nos journ\u00e9es. Il y avait aussi l\u2019odeur du tabac froid, celle des tissus, des patrons \u00e9pingl\u00e9s, des \u00e9paulettes qui tra\u00eenaient sur le sol.<\/p>\n \u00c0 droite de l\u2019atelier, une porte menait au bureau-biblioth\u00e8que de mon p\u00e8re. Une odeur de livres, de bois, et de feu de chemin\u00e9e. Mais en observant une vieille photo de la maison, je me demande si cette porte ne donnait pas plut\u00f4t sur un petit couloir, menant \u00e0 une entr\u00e9e que nous n\u2019utilisions plus. C\u2019est toujours le m\u00eame probl\u00e8me avec les souvenirs : ils se m\u00e9langent, se superposent, s\u2019inventent.<\/p>\n Comment \u00eatre vraiment s\u00fbr d\u2019un souvenir ? M\u00eame en imaginant revenir dans cette grande pi\u00e8ce, rien ne garantit que je n\u2019invente pas compl\u00e8tement cette sc\u00e8ne. Peut-\u00eatre faudrait-il tout noter depuis le d\u00e9but pour ne rien oublier. Mais m\u00eame l\u00e0, que faire de ces notes ? Les relirait-on ? Les feuilleterait-on ? Tout finirait dans un grenier, une cave, ou pire, \u00e0 la d\u00e9chetterie.<\/p>\n \u00c0 moins d\u2019un livre, \u00e9videmment. Mais m\u00eame un livre...<\/p>\n Plus j\u2019ai envie de tout oublier, plus les souvenirs reviennent. Que je ressente le besoin de les \u00e9crire est d\u00e9j\u00e0 suspect. Que j\u2019aie envie d\u2019en faire un livre l\u2019est encore plus.<\/p>\n Il doit se passer quelque chose avec le d\u00e9sir et le renoncement en ce moment, qui m\u2019\u00e9chappe.<\/p>\n Je suis \u00e9tonn\u00e9 de ne pas avoir repris une cigarette depuis le 27 f\u00e9vrier. Parfois, le d\u00e9sir de fumer surgit, mais aussit\u00f4t, j\u2019y renonce sans effort. Peut-\u00eatre que l\u2019\u00e9criture pourrait suivre le m\u00eame chemin. \u00c9prouver l\u2019envie d\u2019\u00e9crire, mais y renoncer, et en ressentir une l\u00e9g\u00e8re fiert\u00e9.<\/p>",
"content_text": " La machine \u00e0 coudre \u00e9tait une Singer. Aucun souvenir pr\u00e9cis de son arriv\u00e9e dans l\u2019atelier. Les tout premiers souvenirs doivent se situer vers 1965-66, apr\u00e8s la mort de Charles Brunet, mon a\u00efeul. Le salon du rez-de-chauss\u00e9e avait \u00e9t\u00e9 transform\u00e9 en atelier de couture. Au d\u00e9but, ma m\u00e8re fa\u00e7onnait, comme sa propre m\u00e8re, des cravates pour une entreprise parisienne. Une activit\u00e9 \u00e0 domicile. \u00c0 la Varenne, l\u2019appartement comptait trois pi\u00e8ces. L\u2019une servait d\u2019atelier de couture et de chambre pour ma grand-m\u00e8re estonienne, Valentine. Un nuage de fum\u00e9e y flottait en permanence. Elle fumait des \u00ab disques bleus \u00bb. La cigarette lui avait \u00e9raill\u00e9 la voix. Elle confectionnait ses cravates, cigarette au coin des l\u00e8vres, sans cesser de travailler. Le bruit de la machine \u00e0 coudre Singer r\u00e9sonne encore. Le pied appuy\u00e9 sur la grande p\u00e9dale, ma m\u00e8re coud des robes de mari\u00e9e. L\u2019atelier a pris de l\u2019envergure, elle a m\u00eame embauch\u00e9 quelques femmes du village pour les finitions, qu\u2019elles r\u00e9alisent chez elles. Je revois les mannequins dans l\u2019atelier, habill\u00e9s comme des mari\u00e9es. Certains avec t\u00eate, d\u2019autres sans. Combien sont-ils ? Deux ou trois ? J\u2019h\u00e9site. Je regarde vers la porte qui s\u00e9pare l\u2019atelier de la vieille cuisine : deux s\u00fbrement, et un autre dans l\u2019angle oppos\u00e9, plus indistinct, car l\u2019endroit est plus sombre. Ce qui est certain, c\u2019est cette impression de mouvement continu, ce bruit de la machine, comme un battement r\u00e9gulier qui rythmait nos journ\u00e9es. Il y avait aussi l\u2019odeur du tabac froid, celle des tissus, des patrons \u00e9pingl\u00e9s, des \u00e9paulettes qui tra\u00eenaient sur le sol. \u00c0 droite de l\u2019atelier, une porte menait au bureau-biblioth\u00e8que de mon p\u00e8re. Une odeur de livres, de bois, et de feu de chemin\u00e9e. Mais en observant une vieille photo de la maison, je me demande si cette porte ne donnait pas plut\u00f4t sur un petit couloir, menant \u00e0 une entr\u00e9e que nous n\u2019utilisions plus. C\u2019est toujours le m\u00eame probl\u00e8me avec les souvenirs : ils se m\u00e9langent, se superposent, s\u2019inventent. Comment \u00eatre vraiment s\u00fbr d\u2019un souvenir ? M\u00eame en imaginant revenir dans cette grande pi\u00e8ce, rien ne garantit que je n\u2019invente pas compl\u00e8tement cette sc\u00e8ne. Peut-\u00eatre faudrait-il tout noter depuis le d\u00e9but pour ne rien oublier. Mais m\u00eame l\u00e0, que faire de ces notes ? Les relirait-on ? Les feuilleterait-on ? Tout finirait dans un grenier, une cave, ou pire, \u00e0 la d\u00e9chetterie. \u00c0 moins d\u2019un livre, \u00e9videmment. Mais m\u00eame un livre... Plus j\u2019ai envie de tout oublier, plus les souvenirs reviennent. Que je ressente le besoin de les \u00e9crire est d\u00e9j\u00e0 suspect. Que j\u2019aie envie d\u2019en faire un livre l\u2019est encore plus. Il doit se passer quelque chose avec le d\u00e9sir et le renoncement en ce moment, qui m\u2019\u00e9chappe. Je suis \u00e9tonn\u00e9 de ne pas avoir repris une cigarette depuis le 27 f\u00e9vrier. Parfois, le d\u00e9sir de fumer surgit, mais aussit\u00f4t, j\u2019y renonce sans effort. Peut-\u00eatre que l\u2019\u00e9criture pourrait suivre le m\u00eame chemin. \u00c9prouver l\u2019envie d\u2019\u00e9crire, mais y renoncer, et en ressentir une l\u00e9g\u00e8re fiert\u00e9. ",
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"tags": ["Autofiction et Introspection", "Narration et Exp\u00e9rimentation"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/idolatres.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/idolatres.html",
"title": "Idol\u00e2tres",
"date_published": "2023-03-14T06:27:05Z",
"date_modified": "2025-05-10T15:39:12Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> Parvenir tout \u00e0 coup dans le pays des idol\u00e2tres. Qui ne sont pas des adorateurs de l\u2019\u00e2tre, du foyer, dans lequel on peut parfois encore suspendre un chaudron rempli de soupe, qui mijote, dans le fin fond de nos campagnes.<\/p>\n Arriv\u00e9e en terre idol\u00e2tre. Ne rien comprendre \u00e0 tous ces salamalecs qui sont, le dit-on au caf\u00e9 du coin, pour la plupart — et forte ignorance — confondus souvent avec hypocrisie, confusion li\u00e9e pour sa plus grande part \u00e0 la b\u00eatise ainsi qu\u2019aux miroirs.<\/p>\n Idol\u00e2tres contre iconoclastes, ne pas se tenir au milieu.<\/p>\n Le veau d\u2019or, j\u2019adore l\u2019or, est-il halal ?\nParce que je le veau bien, pas vol\u00e9e celle-ci, la vache.<\/p>\n Arriv\u00e9e en terre idol\u00e2tre. Comprendre les r\u00e8gles peut prendre un certain temps. Se laver les mains, se brosser les dents, ne pas cracher par terre \u00e0 tout bout de champ (de chant ?), se peigner, se pommader, se farder, avec kh\u00f4l (pas \u00c9mile) et faux cils, jabots de dentelles (qui est \u00e0 l\u2019origine un lieu de stockage, une poche dans l\u2019\u0153sophage de certains volatiles o\u00f9 s\u00e9journe le manger) et toute une collection de frivoles fanfreluches qui garnissent de fa\u00e7on l\u00e9g\u00e8re le grand vide intersid\u00e9ral des cervelles, situ\u00e9 entre les deux esgourdes des gourdes comme des gourdins.<\/p>\n Il existe une grande vari\u00e9t\u00e9 d\u2019idol\u00e2tres, mais aucun index ni corpus \u00e0 ce jour n\u2019a \u00e9t\u00e9 tenu suffisamment \u00e0 jour (depuis Rabelais) pour qu\u2019on puisse se rep\u00e9rer convenablement dans l\u2019idol\u00e2trie en g\u00e9n\u00e9ral.<\/p>\n Il se peut m\u00eame que de tous, la pire cat\u00e9gorie soit les idol\u00e2tres de la raison, sur lesquels la vie, quand elle touche leur front, fait un bruit de gong, ou de bol tib\u00e9tain, mais mal mani\u00e9 par un gros b\u00eata.<\/p>\n Car la raison n\u2019est-elle pas la religion \u00e0 la mode, comme le b\u0153uf le fut en des temps recul\u00e9s ? Ou les tripes, quand on les cuit \u00e0 Caen, ou les andouilles \u00e0 Gu\u00e9men\u00e9 (situ\u00e9 en Morbihan).<\/p>\n On peut \u00eatre idol\u00e2tre avec raison, ou conscience, enfin se rendre compte, mais continuer malgr\u00e9 tout pour ne pas devenir paria.\nEn tout idol\u00e2tre qui s\u2019\u00e9veille demeure un paria qui sommeille.<\/p>\n Les idoles sont nombreuses et souvent on oublie que ce sont des idoles. On peut trouver des idoles \u00e0 tous les coins de rue. Certaines sectes s\u2019arr\u00eatent d\u00e9sormais \u00e0 des feux rouges, qui sont un peu semblables \u00e0 des totems indiens. D\u2019autres \u00e0 des panneaux ronds comme des queues de pelle nomm\u00e9s STOP.<\/p>\n L\u2019enseigne du bordel comme celle du boucher, du magasin de pompes fun\u00e8bres, autant de signes s\u2019il en faut encore pour prouver que nous voici arriv\u00e9s en terre idol\u00e2tre.<\/p>\n Et quid de ces billets, de ces pi\u00e8ces dont il faut se munir pour payer son plaisir, sa viande, son cercueil ?\nIdol\u00e2trer l\u2019argent est le passe-temps des idol\u00e2tres.<\/p>\n L\u2019art des gens d\u2019ici, c\u2019est de gagner des p\u00e9p\u00e8tes, du flouze, du pognon, du jonc.\n\u00c0 la sueur de leur front pour le plus grand nombre.<\/p>\n Ce qui est compl\u00e8tement con, aucune humeur sal\u00e9e de ce style n\u2019a jamais produit un kopeck, c\u2019est encore une de ces foutues images dont les idol\u00e2tres se servent pour communiquer ou se niquer eux-m\u00eames ou les uns les autres, enfin bref entre eux.<\/p>\n « Heu heu, je gagne ma vie \u00e0 la sueur de mon front. » Eh ben, si \u00e7a peut te faire plaisir, continue.<\/p>\n On peut gagner sa vie de tant de fa\u00e7ons ridicules qu\u2019on n\u2019est plus \u00e0 \u00e7a pr\u00e8s, n\u2019est-ce pas ?<\/p>\n L\u2019idol\u00e2tre, pour vivre, a surtout besoin d\u2019idoles.\nEt si soudain on coupait le courant, ah ! Que se passerait-il en Idol\u00e2trie comme partout ailleurs ? Ah !<\/p>",
"content_text": " Parvenir tout \u00e0 coup dans le pays des idol\u00e2tres. Qui ne sont pas des adorateurs de l\u2019\u00e2tre, du foyer, dans lequel on peut parfois encore suspendre un chaudron rempli de soupe, qui mijote, dans le fin fond de nos campagnes. Arriv\u00e9e en terre idol\u00e2tre. Ne rien comprendre \u00e0 tous ces salamalecs qui sont, le dit-on au caf\u00e9 du coin, pour la plupart \u2014 et forte ignorance \u2014 confondus souvent avec hypocrisie, confusion li\u00e9e pour sa plus grande part \u00e0 la b\u00eatise ainsi qu\u2019aux miroirs. Idol\u00e2tres contre iconoclastes, ne pas se tenir au milieu. Le veau d\u2019or, j\u2019adore l\u2019or, est-il halal ? Parce que je le veau bien, pas vol\u00e9e celle-ci, la vache. Arriv\u00e9e en terre idol\u00e2tre. Comprendre les r\u00e8gles peut prendre un certain temps. Se laver les mains, se brosser les dents, ne pas cracher par terre \u00e0 tout bout de champ (de chant ?), se peigner, se pommader, se farder, avec kh\u00f4l (pas \u00c9mile) et faux cils, jabots de dentelles (qui est \u00e0 l\u2019origine un lieu de stockage, une poche dans l\u2019\u0153sophage de certains volatiles o\u00f9 s\u00e9journe le manger) et toute une collection de frivoles fanfreluches qui garnissent de fa\u00e7on l\u00e9g\u00e8re le grand vide intersid\u00e9ral des cervelles, situ\u00e9 entre les deux esgourdes des gourdes comme des gourdins. Il existe une grande vari\u00e9t\u00e9 d\u2019idol\u00e2tres, mais aucun index ni corpus \u00e0 ce jour n\u2019a \u00e9t\u00e9 tenu suffisamment \u00e0 jour (depuis Rabelais) pour qu\u2019on puisse se rep\u00e9rer convenablement dans l\u2019idol\u00e2trie en g\u00e9n\u00e9ral. Il se peut m\u00eame que de tous, la pire cat\u00e9gorie soit les idol\u00e2tres de la raison, sur lesquels la vie, quand elle touche leur front, fait un bruit de gong, ou de bol tib\u00e9tain, mais mal mani\u00e9 par un gros b\u00eata. Car la raison n\u2019est-elle pas la religion \u00e0 la mode, comme le b\u0153uf le fut en des temps recul\u00e9s ? Ou les tripes, quand on les cuit \u00e0 Caen, ou les andouilles \u00e0 Gu\u00e9men\u00e9 (situ\u00e9 en Morbihan). On peut \u00eatre idol\u00e2tre avec raison, ou conscience, enfin se rendre compte, mais continuer malgr\u00e9 tout pour ne pas devenir paria. En tout idol\u00e2tre qui s\u2019\u00e9veille demeure un paria qui sommeille. Les idoles sont nombreuses et souvent on oublie que ce sont des idoles. On peut trouver des idoles \u00e0 tous les coins de rue. Certaines sectes s\u2019arr\u00eatent d\u00e9sormais \u00e0 des feux rouges, qui sont un peu semblables \u00e0 des totems indiens. D\u2019autres \u00e0 des panneaux ronds comme des queues de pelle nomm\u00e9s STOP. L\u2019enseigne du bordel comme celle du boucher, du magasin de pompes fun\u00e8bres, autant de signes s\u2019il en faut encore pour prouver que nous voici arriv\u00e9s en terre idol\u00e2tre. Et quid de ces billets, de ces pi\u00e8ces dont il faut se munir pour payer son plaisir, sa viande, son cercueil ? Idol\u00e2trer l\u2019argent est le passe-temps des idol\u00e2tres. L\u2019art des gens d\u2019ici, c\u2019est de gagner des p\u00e9p\u00e8tes, du flouze, du pognon, du jonc. \u00c0 la sueur de leur front pour le plus grand nombre. Ce qui est compl\u00e8tement con, aucune humeur sal\u00e9e de ce style n\u2019a jamais produit un kopeck, c\u2019est encore une de ces foutues images dont les idol\u00e2tres se servent pour communiquer ou se niquer eux-m\u00eames ou les uns les autres, enfin bref entre eux. \"Heu heu, je gagne ma vie \u00e0 la sueur de mon front.\" Eh ben, si \u00e7a peut te faire plaisir, continue. On peut gagner sa vie de tant de fa\u00e7ons ridicules qu\u2019on n\u2019est plus \u00e0 \u00e7a pr\u00e8s, n\u2019est-ce pas ? L\u2019idol\u00e2tre, pour vivre, a surtout besoin d\u2019idoles. Et si soudain on coupait le courant, ah ! Que se passerait-il en Idol\u00e2trie comme partout ailleurs ? Ah ! ",
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"title": "Simulacres",
"date_published": "2023-03-14T05:44:20Z",
"date_modified": "2025-05-10T15:29:41Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " En dehors des simulacres, que reste-t-il ?<\/p>\n Possible que si on \u00f4tait la capacit\u00e9 de simulacre \u00e0 l\u2019Homme, il dispara\u00eetrait.<\/p>\n Les gorilles se frappent la poitrine, font des mines terribles, mais la plupart du temps, ce ne sont que des simulacres.<\/p>\n Il suffit d\u2019un ou deux simulacres pour faire croire \u00e0 une v\u00e9rit\u00e9.<\/p>\n L\u2019id\u00e9e qu\u2019en plus de tous ces simulacres, nous vivions dans une simulation, n\u2019est-elle pas risible ?<\/p>\n Simulacre d\u2019information, simulacre d\u2019\u00e9lection, simulacre de bienveillance, simulacre de justice, simulacre de politesse, simulacre d\u2019amour, simulacre d\u2019orgasme, simulacre de plaisir, simulacre de douleur, simulacre d\u2019ennui, simulacre d\u2019int\u00e9r\u00eat, simulacre d\u2019\u00e9ducation, simulacre de simulacre.<\/p>\n Il y a de la t\u00eate de mule dans le simulacre. Sans sauce gribiche.<\/p>\n Il n\u2019y a pas de fum\u00e9e \u00e2cre sans le feu du simulacre.<\/p>\n Ma tante, cette mule, poss\u00e9dait quelque part du c\u00f4t\u00e9 de Perpignan une propri\u00e9t\u00e9 de plusieurs acres. (J\u2019ai souvenir de 100, ce qui donne environ 40 hectares, mais je ne suis pas plus avanc\u00e9 pour autant.)<\/p>\n Un simulacre de m\u00e9moire. Un simulacre de biographie. Un simulacre d\u2019existence.<\/p>\n L\u2019alacrit\u00e9 n\u2019est bien souvent qu\u2019une imitation exag\u00e9r\u00e9e de la joie, un simulacre cens\u00e9, par sa vivacit\u00e9, nous y conduire.<\/p>\n Pour se mettre en train, il n\u2019\u00e9tait pas rare qu\u2019elle simule de fa\u00e7on grossi\u00e8re, exag\u00e9r\u00e9e, et en premier lieu seule devant sa glace, l\u2019extase d\u2019une nonne frapp\u00e9e par la Gr\u00e2ce.<\/p>\n Il est possible d\u2019acc\u00e9der au fin mot de cette histoire en revenant sur chaque erreur, chaque mensonge, en mettant au jour tous les simulacres qui l\u2019ont constitu\u00e9e.<\/p>\n Six mulets dans un plat, ce ne peut \u00eatre que des poissons, pas des \u00e2nes.<\/p>\n Si Mu, le continent perdu, ressurgissait tout \u00e0 coup, on serait bien emb\u00eat\u00e9.<\/p>\n Si mue le serpent de peau, il ne change pas d\u2019esprit.<\/p>\n Elle pouvait changer de peau, de poils, de plumes, simuler ainsi toute une basse-cour. Le dindon de la farce, lui, \u00e9tait toujours le m\u00eame.<\/p>\n « L\u2019aide \u00e0 la cr\u00e9ation ou \u00e0 la reprise d\u2019une entreprise (ACRE) consiste en une exon\u00e9ration partielle de charges sociales, dite exon\u00e9ration de d\u00e9but d\u2019activit\u00e9, et un accompagnement pendant les premi\u00e8res ann\u00e9es d\u2019activit\u00e9. Elle permet aussi \u00e0 certains b\u00e9n\u00e9ficiaires de pr\u00e9tendre \u00e0 d\u2019autres formes d\u2019aides. »<\/p>\n Simulacre d\u2019aide, simulacre d\u2019accompagnement, simulacre de b\u00e9n\u00e9fice, simulacre de pr\u00e9tention, simulacre d\u2019aides.<\/p>\n La d\u00e9magogie, ce simulacre de gouvernement des d\u00e9mocraties.<\/p>\n D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9, si on change de point de vue, il n\u2019y a pas que les singes qui simulent.<\/p>\n Que dire des phasmes, pass\u00e9s ma\u00eetres dans l\u2019art de simuler les brindilles ?<\/p>\n Et de tout un tas d\u2019animalcules \u00e9tonnants, si on prend le temps de se munir d\u2019un microscope, \u00e9videmment.<\/p>\n<\/span> \/md><\/p>",
"content_text": " En dehors des simulacres, que reste-t-il ? Possible que si on \u00f4tait la capacit\u00e9 de simulacre \u00e0 l\u2019Homme, il dispara\u00eetrait. Les gorilles se frappent la poitrine, font des mines terribles, mais la plupart du temps, ce ne sont que des simulacres. Il suffit d\u2019un ou deux simulacres pour faire croire \u00e0 une v\u00e9rit\u00e9. L\u2019id\u00e9e qu\u2019en plus de tous ces simulacres, nous vivions dans une simulation, n\u2019est-elle pas risible ? Simulacre d\u2019information, simulacre d\u2019\u00e9lection, simulacre de bienveillance, simulacre de justice, simulacre de politesse, simulacre d\u2019amour, simulacre d\u2019orgasme, simulacre de plaisir, simulacre de douleur, simulacre d\u2019ennui, simulacre d\u2019int\u00e9r\u00eat, simulacre d\u2019\u00e9ducation, simulacre de simulacre. Il y a de la t\u00eate de mule dans le simulacre. Sans sauce gribiche. Il n\u2019y a pas de fum\u00e9e \u00e2cre sans le feu du simulacre. Ma tante, cette mule, poss\u00e9dait quelque part du c\u00f4t\u00e9 de Perpignan une propri\u00e9t\u00e9 de plusieurs acres. (J\u2019ai souvenir de 100, ce qui donne environ 40 hectares, mais je ne suis pas plus avanc\u00e9 pour autant.) Un simulacre de m\u00e9moire. Un simulacre de biographie. Un simulacre d\u2019existence. L\u2019alacrit\u00e9 n\u2019est bien souvent qu\u2019une imitation exag\u00e9r\u00e9e de la joie, un simulacre cens\u00e9, par sa vivacit\u00e9, nous y conduire. Pour se mettre en train, il n\u2019\u00e9tait pas rare qu\u2019elle simule de fa\u00e7on grossi\u00e8re, exag\u00e9r\u00e9e, et en premier lieu seule devant sa glace, l\u2019extase d\u2019une nonne frapp\u00e9e par la Gr\u00e2ce. Il est possible d\u2019acc\u00e9der au fin mot de cette histoire en revenant sur chaque erreur, chaque mensonge, en mettant au jour tous les simulacres qui l\u2019ont constitu\u00e9e. Six mulets dans un plat, ce ne peut \u00eatre que des poissons, pas des \u00e2nes. Si Mu, le continent perdu, ressurgissait tout \u00e0 coup, on serait bien emb\u00eat\u00e9. Si mue le serpent de peau, il ne change pas d\u2019esprit. Elle pouvait changer de peau, de poils, de plumes, simuler ainsi toute une basse-cour. Le dindon de la farce, lui, \u00e9tait toujours le m\u00eame. \"L\u2019aide \u00e0 la cr\u00e9ation ou \u00e0 la reprise d\u2019une entreprise (ACRE) consiste en une exon\u00e9ration partielle de charges sociales, dite exon\u00e9ration de d\u00e9but d\u2019activit\u00e9, et un accompagnement pendant les premi\u00e8res ann\u00e9es d\u2019activit\u00e9. Elle permet aussi \u00e0 certains b\u00e9n\u00e9ficiaires de pr\u00e9tendre \u00e0 d\u2019autres formes d\u2019aides.\" Simulacre d\u2019aide, simulacre d\u2019accompagnement, simulacre de b\u00e9n\u00e9fice, simulacre de pr\u00e9tention, simulacre d\u2019aides. La d\u00e9magogie, ce simulacre de gouvernement des d\u00e9mocraties. D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9, si on change de point de vue, il n\u2019y a pas que les singes qui simulent. Que dire des phasmes, pass\u00e9s ma\u00eetres dans l\u2019art de simuler les brindilles ? Et de tout un tas d\u2019animalcules \u00e9tonnants, si on prend le temps de se munir d\u2019un microscope, \u00e9videmment. \/md>",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Mythes.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Mythes.html",
"title": "Mythes",
"date_published": "2023-03-13T08:23:35Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Ce que sont les mythes n\u2019est pas quelque chose de cach\u00e9 ou de myst\u00e9rieux.\nMais ce qui nous emp\u00eache de le comprendre l\u2019est assur\u00e9ment.<\/p>\n Ce qui est cach\u00e9 et donc myst\u00e9rieux, c\u2019est cette volont\u00e9 de savoir, cette avidit\u00e9.<\/p>\n Mais voir un tourbillon de feuilles dans la rue, le voir sans r\u00e9fl\u00e9chir,\nsans le vouloir,\net toutes les d\u00e9esses et les dieux sont l\u00e0,\ndans la fra\u00eecheur du premier jour.<\/p>\n Une exp\u00e9rience directe n\u2019est pas une intuition ni un souvenir.\nEnsuite, qu\u2019on ne puisse l\u2019actualiser, la maintenir dans une dur\u00e9e,\ntient surtout au fait que la croyance dans la dur\u00e9e persiste.<\/p>\n En m\u00eame temps, il est n\u00e9cessaire de poss\u00e9der des jambes pour marcher.\nPour \u00eatre certain de marcher dans son propre r\u00eave.<\/p>",
"content_text": " Ce que sont les mythes n\u2019est pas quelque chose de cach\u00e9 ou de myst\u00e9rieux. Mais ce qui nous emp\u00eache de le comprendre l\u2019est assur\u00e9ment. Ce qui est cach\u00e9 et donc myst\u00e9rieux, c\u2019est cette volont\u00e9 de savoir, cette avidit\u00e9. Mais voir un tourbillon de feuilles dans la rue, le voir sans r\u00e9fl\u00e9chir, sans le vouloir, et toutes les d\u00e9esses et les dieux sont l\u00e0, dans la fra\u00eecheur du premier jour. Une exp\u00e9rience directe n\u2019est pas une intuition ni un souvenir. Ensuite, qu\u2019on ne puisse l\u2019actualiser, la maintenir dans une dur\u00e9e, tient surtout au fait que la croyance dans la dur\u00e9e persiste. En m\u00eame temps, il est n\u00e9cessaire de poss\u00e9der des jambes pour marcher. Pour \u00eatre certain de marcher dans son propre r\u00eave. ",
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"tags": ["Esth\u00e9tique et Exp\u00e9rience Sensorielle", "fragment"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Peinture-et-chant.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Peinture-et-chant.html",
"title": "Peinture et chant",
"date_published": "2023-03-13T08:12:13Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Remonter \u00e0 l\u2019origine des V\u00e9das, et on tombe sur les Rishis, ces sages qui ont vu et qui chantent ce qu\u2019ils ont vu.<\/p>\n Des louanges.<\/p>\n Mais qu\u2019ont-ils vu ? Est-ce si important de le savoir ? Non.<\/p>\n Comme il ne para\u00eet pas important de voir un tableau avant de le faire.\nOn ne veut pas s\u2019approprier une vision.<\/p>\n Pourquoi ? Parce que le temps n\u2019existe pas, que tout est accessible au pr\u00e9sent.\nQu\u2019il est possible de voir en m\u00eame temps que faire.\n\u00c0 condition que l\u2019on s\u2019installe dans ce mode de la louange.<\/p>\n On s\u2019\u00e9merveille de ce que l\u2019on voit, de ce qui se fait sous nos yeux et on le peint.\nEt le sourire n\u2019est m\u00eame pas n\u00e9cessaire.\nC\u2019est une mani\u00e8re de le chanter.<\/p>\n C\u2019est aussi simple que cela.<\/p>\n Ensuite, on peut prendre un malin plaisir (intellectuel) \u00e0 vouloir tout expliquer, \u00e0 tout compliquer.\nMais ce n\u2019est qu\u2019un d\u00e9tour. Ce n\u2019est qu\u2019une peur.<\/p>\n Le chant juste, le geste juste, la vision claire\nne n\u00e9cessitent m\u00eame plus d\u2019\u00e9carter doucement le mental et ses explications.\nIl s\u2019\u00e9carte par logique.<\/p>\n Ce qu\u2019on n\u2019a pas connu enfant, pouss\u00e9 par l\u2019envie de grandir, l\u2019urgence d\u2019avoir, de savoir,\non le conna\u00eet dans la certitude d\u2019\u00eatre ce m\u00eame enfant d\u00e9pourvu de but, ce vieillard, cette cendre.<\/p>",
"content_text": " Remonter \u00e0 l\u2019origine des V\u00e9das, et on tombe sur les Rishis, ces sages qui ont vu et qui chantent ce qu\u2019ils ont vu. Des louanges. Mais qu\u2019ont-ils vu ? Est-ce si important de le savoir ? Non. Comme il ne para\u00eet pas important de voir un tableau avant de le faire. On ne veut pas s\u2019approprier une vision. Pourquoi ? Parce que le temps n\u2019existe pas, que tout est accessible au pr\u00e9sent. Qu\u2019il est possible de voir en m\u00eame temps que faire. \u00c0 condition que l\u2019on s\u2019installe dans ce mode de la louange. On s\u2019\u00e9merveille de ce que l\u2019on voit, de ce qui se fait sous nos yeux et on le peint. Et le sourire n\u2019est m\u00eame pas n\u00e9cessaire. C\u2019est une mani\u00e8re de le chanter. C\u2019est aussi simple que cela. Ensuite, on peut prendre un malin plaisir (intellectuel) \u00e0 vouloir tout expliquer, \u00e0 tout compliquer. Mais ce n\u2019est qu\u2019un d\u00e9tour. Ce n\u2019est qu\u2019une peur. Le chant juste, le geste juste, la vision claire ne n\u00e9cessitent m\u00eame plus d\u2019\u00e9carter doucement le mental et ses explications. Il s\u2019\u00e9carte par logique. Ce qu\u2019on n\u2019a pas connu enfant, pouss\u00e9 par l\u2019envie de grandir, l\u2019urgence d\u2019avoir, de savoir, on le conna\u00eet dans la certitude d\u2019\u00eatre ce m\u00eame enfant d\u00e9pourvu de but, ce vieillard, cette cendre. ",
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"tags": ["Esth\u00e9tique et Exp\u00e9rience Sensorielle"]
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"title": "\u00e9couter sur la route",
"date_published": "2023-03-13T05:20:38Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Pas les moyens de prendre l\u2019autoroute, les cartes bancaires sont muettes. Je ne prends pas le risque de compter sur les miracles et m\u2019engage sur la D86. Deux heures trente de trajet pour aller jusqu\u2019\u00e0 Vals-les-Bains. Pas press\u00e9 non plus. C\u2019est aujourd\u2019hui dimanche, aucune maman pour apporter des roses blanches.<\/p>\n Station thermale au bout de l\u2019Ard\u00e8che. Le niveau de l\u2019eau est extr\u00eamement bas, on peut voir tous les cailloux au fond du lit de la rivi\u00e8re. La saison vient tout juste de commencer. Des cohortes de patients entrent et ressortent du Casino \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de la Salle Volane. Un couple n\u2019a pas gagn\u00e9 le cocotier, \u00e7a se voit. Pas beaucoup de places pour se garer. Un vide-grenier. Mais chance : un part et hop, je me gare.<\/p>\n Mais je voulais parler d\u2019Alain Veinstein, pas de mon expo.<\/p>\n \u00c9couter Alain Veinstein sur la route pendant deux heures trente raccourcit le temps.<\/p>\n Je l\u2019\u00e9coutais d\u00e9j\u00e0 il y a longtemps et \u00e7a raccourcissait les nuits blanches.<\/p>\n L\u00e0, dans un dossier sur le Cloud, j\u2019ai r\u00e9uni tous les fichiers, il y en a un bon paquet, toutes les fois o\u00f9 FB a sorti un bouquin ou presque.<\/p>\n La voix impressionnante de calme et d\u2019attention d\u2019Alain Veinstein et celle de FB, plus nerveuse, plus hach\u00e9e en contrepoint.\nC\u2019est fou comme on apprend des gens par leurs voix, surtout quand ils n\u2019y font pas attention.<\/p>\n Alain Veinstein est un professionnel de la voix. On ne peut apprendre de celle-ci que ce qu\u2019il veut bien,\n\u00e0 moins d\u2019\u00eatre un extralucide du tympan.<\/p>\n Je me suis souvent demand\u00e9 si j\u2019avais ce super pouvoir.\nJ\u2019aurais aim\u00e9, je crois. Enfin non, ce n\u2019est pas vrai. J\u2019aurais encore plus d\u00e9test\u00e9.\nSans avoir l\u2019ou\u00efe aff\u00fbt\u00e9e tant que \u00e7a mais suffisamment pour rep\u00e9rer les couacs \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition,\nc\u2019est une grande difficult\u00e9 de ma vie d\u2019avoir toujours tr\u00e8s bien \u00e9cout\u00e9 et entendu.<\/p>\n Avant, je braillais, je disais :\n« Mais tu me prends vraiment pour un con ? » et patati et patata.\nMaintenant non. Je conduis, je fais gaffe \u00e0 la route. Je pars entier, je reviens entier.<\/p>\n Ensuite, j\u2019ai cette tendance f\u00e2cheuse \u00e0 admirer n\u2019importe qui pour n\u2019importe quoi.\n\u00c0 m\u2019int\u00e9resser \u00e0 ce qui n\u2019int\u00e9resse personne.\nDonc j\u2019ai \u00e9cout\u00e9 toutes les \u00e9missions quasi religieusement pendant l\u2019aller et aussi au retour.<\/p>\n C\u2019est bien la radio, ou le podcast puisqu\u2019on dit comme \u00e7a d\u00e9sormais.\nApprendre \u00e0 conna\u00eetre les gens juste par leurs voix, ou s\u2019en faire une id\u00e9e plut\u00f4t.\nJe n\u2019ai jamais \u00e9t\u00e9 curieux d\u2019aller voir sur internet la t\u00eate d\u2019Alain Veinstein.\nC\u2019est plut\u00f4t dr\u00f4le. Comme si le souvenir de sa voix suffisait \u00e0 \u00e9voquer les nuits magn\u00e9tiques,\nmais pas seulement, des pans de vie entiers pass\u00e9s dans les nuits.\nPour autant, je n\u2019ai retenu que peu de choses de ses invit\u00e9s durant ces \u00e9changes.\nMais je n\u2019avais peut-\u00eatre pas envie de retenir quoi que ce soit.<\/p>\n Comment d\u00e9cide-t-on de retenir les choses ?\nJe suis souvent \u00e9berlu\u00e9 par ces personnes qui peuvent se souvenir d\u2019une multitude d\u2019anecdotes, de d\u00e9tails,\nde noms, de dates et d\u2019heures.\nParfois j\u2019ai l\u2019impression qu\u2019ils cherchent \u00e0 ne pas se perdre eux-m\u00eames en se souvenant autant des autres.<\/p>\n Peut-\u00eatre que j\u2019ai toujours d\u00e9sir\u00e9 me perdre puisque je n\u2019ai que tr\u00e8s peu de souvenirs.\nOu du moins ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait juste. Je n\u2019arrive jamais \u00e0 me souvenir au bon moment, c\u2019est surtout \u00e7a.\nLes souvenirs arrivent chez moi comme des \u00e9v\u00e9nements climatiques.\nComme une averse ou une embellie sur la route.<\/p>\n Ce fut en tout cas une belle journ\u00e9e.\nDu trajet ou de la permanence d\u2019exposition, je ne sais s\u2019il faut pr\u00e9f\u00e9rer l\u2019un ou l\u2019autre.\nJ\u2019ai de moins en moins de pr\u00e9f\u00e9rence aussi, c\u2019est pas nouveau mais plus remarquable.\nEnfin moi, je le remarque de plus en plus.<\/p>\n Au bout du compte, apr\u00e8s toutes ces \u00e9missions \u00e9cout\u00e9es, je trouve que FB s\u2019en est plut\u00f4t bien sorti,\net de mieux en mieux au fur et \u00e0 mesure des ann\u00e9es.\nPar contre, Veinstein reste intemporel, c\u2019est tr\u00e8s bizarre comme sensation. Un sphinx.<\/p>\n Dans un sens, je suis presque soulag\u00e9 de n\u2019avoir jamais publi\u00e9 de livre.\n\u00c7a doit \u00eatre un sacr\u00e9 moment \u00e0 passer de se retrouver interview\u00e9 par Alain Veinstein.<\/p>",
"content_text": " Pas les moyens de prendre l\u2019autoroute, les cartes bancaires sont muettes. Je ne prends pas le risque de compter sur les miracles et m\u2019engage sur la D86. Deux heures trente de trajet pour aller jusqu\u2019\u00e0 Vals-les-Bains. Pas press\u00e9 non plus. C\u2019est aujourd\u2019hui dimanche, aucune maman pour apporter des roses blanches. Station thermale au bout de l\u2019Ard\u00e8che. Le niveau de l\u2019eau est extr\u00eamement bas, on peut voir tous les cailloux au fond du lit de la rivi\u00e8re. La saison vient tout juste de commencer. Des cohortes de patients entrent et ressortent du Casino \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de la Salle Volane. Un couple n\u2019a pas gagn\u00e9 le cocotier, \u00e7a se voit. Pas beaucoup de places pour se garer. Un vide-grenier. Mais chance : un part et hop, je me gare. Mais je voulais parler d\u2019Alain Veinstein, pas de mon expo. \u00c9couter Alain Veinstein sur la route pendant deux heures trente raccourcit le temps. Je l\u2019\u00e9coutais d\u00e9j\u00e0 il y a longtemps et \u00e7a raccourcissait les nuits blanches. L\u00e0, dans un dossier sur le Cloud, j\u2019ai r\u00e9uni tous les fichiers, il y en a un bon paquet, toutes les fois o\u00f9 FB a sorti un bouquin ou presque. La voix impressionnante de calme et d\u2019attention d\u2019Alain Veinstein et celle de FB, plus nerveuse, plus hach\u00e9e en contrepoint. C\u2019est fou comme on apprend des gens par leurs voix, surtout quand ils n\u2019y font pas attention. Alain Veinstein est un professionnel de la voix. On ne peut apprendre de celle-ci que ce qu\u2019il veut bien, \u00e0 moins d\u2019\u00eatre un extralucide du tympan. Je me suis souvent demand\u00e9 si j\u2019avais ce super pouvoir. J\u2019aurais aim\u00e9, je crois. Enfin non, ce n\u2019est pas vrai. J\u2019aurais encore plus d\u00e9test\u00e9. Sans avoir l\u2019ou\u00efe aff\u00fbt\u00e9e tant que \u00e7a mais suffisamment pour rep\u00e9rer les couacs \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition, c\u2019est une grande difficult\u00e9 de ma vie d\u2019avoir toujours tr\u00e8s bien \u00e9cout\u00e9 et entendu. Avant, je braillais, je disais : \"Mais tu me prends vraiment pour un con ?\" et patati et patata. Maintenant non. Je conduis, je fais gaffe \u00e0 la route. Je pars entier, je reviens entier. Ensuite, j\u2019ai cette tendance f\u00e2cheuse \u00e0 admirer n\u2019importe qui pour n\u2019importe quoi. \u00c0 m\u2019int\u00e9resser \u00e0 ce qui n\u2019int\u00e9resse personne. Donc j\u2019ai \u00e9cout\u00e9 toutes les \u00e9missions quasi religieusement pendant l\u2019aller et aussi au retour. C\u2019est bien la radio, ou le podcast puisqu\u2019on dit comme \u00e7a d\u00e9sormais. Apprendre \u00e0 conna\u00eetre les gens juste par leurs voix, ou s\u2019en faire une id\u00e9e plut\u00f4t. Je n\u2019ai jamais \u00e9t\u00e9 curieux d\u2019aller voir sur internet la t\u00eate d\u2019Alain Veinstein. C\u2019est plut\u00f4t dr\u00f4le. Comme si le souvenir de sa voix suffisait \u00e0 \u00e9voquer les nuits magn\u00e9tiques, mais pas seulement, des pans de vie entiers pass\u00e9s dans les nuits. Pour autant, je n\u2019ai retenu que peu de choses de ses invit\u00e9s durant ces \u00e9changes. Mais je n\u2019avais peut-\u00eatre pas envie de retenir quoi que ce soit. Comment d\u00e9cide-t-on de retenir les choses ? Je suis souvent \u00e9berlu\u00e9 par ces personnes qui peuvent se souvenir d\u2019une multitude d\u2019anecdotes, de d\u00e9tails, de noms, de dates et d\u2019heures. Parfois j\u2019ai l\u2019impression qu\u2019ils cherchent \u00e0 ne pas se perdre eux-m\u00eames en se souvenant autant des autres. Peut-\u00eatre que j\u2019ai toujours d\u00e9sir\u00e9 me perdre puisque je n\u2019ai que tr\u00e8s peu de souvenirs. Ou du moins ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait juste. Je n\u2019arrive jamais \u00e0 me souvenir au bon moment, c\u2019est surtout \u00e7a. Les souvenirs arrivent chez moi comme des \u00e9v\u00e9nements climatiques. Comme une averse ou une embellie sur la route. Ce fut en tout cas une belle journ\u00e9e. Du trajet ou de la permanence d\u2019exposition, je ne sais s\u2019il faut pr\u00e9f\u00e9rer l\u2019un ou l\u2019autre. J\u2019ai de moins en moins de pr\u00e9f\u00e9rence aussi, c\u2019est pas nouveau mais plus remarquable. Enfin moi, je le remarque de plus en plus. Au bout du compte, apr\u00e8s toutes ces \u00e9missions \u00e9cout\u00e9es, je trouve que FB s\u2019en est plut\u00f4t bien sorti, et de mieux en mieux au fur et \u00e0 mesure des ann\u00e9es. Par contre, Veinstein reste intemporel, c\u2019est tr\u00e8s bizarre comme sensation. Un sphinx. Dans un sens, je suis presque soulag\u00e9 de n\u2019avoir jamais publi\u00e9 de livre. \u00c7a doit \u00eatre un sacr\u00e9 moment \u00e0 passer de se retrouver interview\u00e9 par Alain Veinstein. ",
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"tags": ["Autofiction et Introspection"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/se-tenir-a-l-ecoute.html",
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"title": "se tenir \u00e0 l'\u00e9coute",
"date_published": "2023-03-13T04:34:27Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Dans le fatras des langues, dans Babel,<\/p>\n ce r\u00e9el,<\/p>\n se tenir \u00e0 l\u2019\u00e9coute sans but est difficile.\nIl faut tenir selon l\u2019ou\u00efe et le vent,\ndu corps et des d\u00e9cors.<\/p>\n Comprendre intuitivement\nla torsion des racines,\nrejeter l\u2019inutile,\nchoisir sans choisir,\nsaisir le mouvement des branches,\nla danse de l\u2019arbre,\nl\u2019immobilit\u00e9 des oiseaux\nfig\u00e9s en plein ciel,\n\u00e9criture muette, illisible\nsur une page invisible.<\/p>\n Quel myst\u00e8re que celui de se tenir ici dans l\u2019\u00e9coute\nsans autre but que d\u2019\u00eatre ici.<\/p>\n C\u2019est au pr\u00e9sent que la clart\u00e9 se fait,\ncomme elle se d\u00e9fait.<\/p>\n Mais ce ne sont encore l\u00e0 que pens\u00e9es tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9es\nde l\u2019id\u00e9e,\nun r\u00eave,\nun r\u00eave de r\u00e9alit\u00e9, un r\u00eave de pr\u00e9sent.<\/p>\n Quel son pourrait soudain nous \u00e9veiller ?\nQuel bruit ?\nUn mot familier de l\u2019enfance dont on se souvient,\nl\u2019\u00e9cho d\u2019une familiarit\u00e9 qui se r\u00e9p\u00e8te au cours des \u00e2ges :<\/p>\n Nylon, Arc, Caoutchouc, \u00c9lastique.<\/p>\n C\u2019est un passage pourtant,\nune voie sans issue, mais sans issue est n\u00e9cessaire.\nAucune issue, aucune prison.\nTraverser tous les murs,\nbr\u00e8ches\ndans l\u2019espace et le temps.<\/p>\n Pers\u00e9v\u00e9rer.<\/p>",
"content_text": " Dans le fatras des langues, dans Babel, ce r\u00e9el, se tenir \u00e0 l\u2019\u00e9coute sans but est difficile. Il faut tenir selon l\u2019ou\u00efe et le vent, du corps et des d\u00e9cors. Comprendre intuitivement la torsion des racines, rejeter l\u2019inutile, choisir sans choisir, saisir le mouvement des branches, la danse de l\u2019arbre, l\u2019immobilit\u00e9 des oiseaux fig\u00e9s en plein ciel, \u00e9criture muette, illisible sur une page invisible. Quel myst\u00e8re que celui de se tenir ici dans l\u2019\u00e9coute sans autre but que d\u2019\u00eatre ici. C\u2019est au pr\u00e9sent que la clart\u00e9 se fait, comme elle se d\u00e9fait. Mais ce ne sont encore l\u00e0 que pens\u00e9es tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9es de l\u2019id\u00e9e, un r\u00eave, un r\u00eave de r\u00e9alit\u00e9, un r\u00eave de pr\u00e9sent. Quel son pourrait soudain nous \u00e9veiller ? Quel bruit ? Un mot familier de l\u2019enfance dont on se souvient, l\u2019\u00e9cho d\u2019une familiarit\u00e9 qui se r\u00e9p\u00e8te au cours des \u00e2ges : Nylon, Arc, Caoutchouc, \u00c9lastique. C\u2019est un passage pourtant, une voie sans issue, mais sans issue est n\u00e9cessaire. Aucune issue, aucune prison. Traverser tous les murs, br\u00e8ches dans l\u2019espace et le temps. Pers\u00e9v\u00e9rer. ",
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"tags": ["po\u00e9sie du quotidien"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Kali-Yuga.html",
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"title": "Kali Yuga",
"date_published": "2023-03-13T04:06:16Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Nous avons bu le vin sacr\u00e9, nous sommes devenus immortels, nous sommes parvenus \u00e0 la Lumi\u00e8re, nous avons d\u00e9couvert les dieux. Que pourrait bien maintenant nous faire hostilit\u00e9 ? Quel tort, \u00f4 immortel, pourrait nous faire mortel ?\n-- Rg Veda VIII, 48, 3<\/p>\n Au fond de cette obscurit\u00e9 actuelle, il y a ce miracle : pouvoir se souvenir de ce chant solaire. Des bribes de phrases, accompagn\u00e9es de rires et d\u2019eau, remontent du fond des \u00e2ges.<\/p>\n Ici, la vache n\u2019est pas la vache mais la plus sacr\u00e9e des lumi\u00e8res puisqu\u2019elle est la Lumi\u00e8re.<\/p>\n Mon p\u00e8re et mon grand-p\u00e8re disaient « oh la vache » quand ils \u00e9taient d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9s, comme s\u2019ils avaient \u00e9t\u00e9 \u00e9blouis par une r\u00e9alit\u00e9 qu\u2019ils n\u2019avaient jamais vue.<\/p>\n Oh la Vache, je l\u2019entrevois.<\/p>\n J\u2019ai choisi de revenir. Ce n\u2019est pas un hasard d\u2019\u00eatre ici. L\u2019\u00e8re de la destruction des mondes, Kali Yuga, a commenc\u00e9 et touchera bient\u00f4t \u00e0 sa fin.<\/p>\n Je fouille dans la m\u00e9moire, mais il n\u2019y a rien dans la m\u00e9moire.\nJe fouille dans la pens\u00e9e, mais il n\u2019y a rien dans la pens\u00e9e.\nJe fouille dans le c\u0153ur, mais il n\u2019y a rien dans le c\u0153ur.<\/p>\n Voil\u00e0 ce que l\u2019homme est devenu :\nun vase vide sans cesse rempli par l\u2019abondance du rien.<\/p>\n Et pourtant, les mots sont l\u00e0, dans l\u2019air, j\u2019arrive \u00e0 les entendre de plus en plus nettement.<\/p>\n Oh la Vache, je peux voir au-del\u00e0 du rien.<\/p>\n Au-del\u00e0 de mon propre rien, comme de tous les autres.<\/p>\n Un vaste troupeau qui court \u00e0 perdre haleine en soulevant des nu\u00e9es de poussi\u00e8re,\nce qui le rend aveugle \u00e0 l\u2019approche du pr\u00e9cipice.<\/p>\n La langue, les mots, leur vrai sens, leur sens le plus proche de la r\u00e9alit\u00e9,\nn\u2019est pas dans la m\u00e9moire,\nn\u2019est pas dans la pens\u00e9e,\nn\u2019est pas dans le c\u0153ur.<\/p>\n Mais dans le son.<\/p>\n La racine br cr\u00e9e soudain le bras, le brin, la brute comme la br\u00e8che.\nC\u2019est de ce son qu\u2019il faut repartir.\nDe tous les sons possibles comme des impossibles.<\/p>\n La cr\u00e9ation du mythe demande l\u2019oreille absolue au pr\u00e9sent.<\/p>\n Recr\u00e9er les dieux \u00e0 l\u2019image de ces sons,\nque les eaux se d\u00e9cha\u00eenent \u00e0 nouveau,\nque la Vache dise Oh et qu\u2019ils s\u2019\u00e9pousent et se m\u00ealent\ndans de nouveaux po\u00e8mes,\ntoujours les m\u00eames.<\/p>",
"content_text": " Nous avons bu le vin sacr\u00e9, nous sommes devenus immortels, nous sommes parvenus \u00e0 la Lumi\u00e8re, nous avons d\u00e9couvert les dieux. Que pourrait bien maintenant nous faire hostilit\u00e9 ? Quel tort, \u00f4 immortel, pourrait nous faire mortel ? \u2014 Rg Veda VIII, 48, 3 Au fond de cette obscurit\u00e9 actuelle, il y a ce miracle : pouvoir se souvenir de ce chant solaire. Des bribes de phrases, accompagn\u00e9es de rires et d\u2019eau, remontent du fond des \u00e2ges. Ici, la vache n\u2019est pas la vache mais la plus sacr\u00e9e des lumi\u00e8res puisqu\u2019elle est la Lumi\u00e8re. Mon p\u00e8re et mon grand-p\u00e8re disaient \"oh la vache\" quand ils \u00e9taient d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9s, comme s\u2019ils avaient \u00e9t\u00e9 \u00e9blouis par une r\u00e9alit\u00e9 qu\u2019ils n\u2019avaient jamais vue. Oh la Vache, je l\u2019entrevois. J\u2019ai choisi de revenir. Ce n\u2019est pas un hasard d\u2019\u00eatre ici. L\u2019\u00e8re de la destruction des mondes, Kali Yuga, a commenc\u00e9 et touchera bient\u00f4t \u00e0 sa fin. Je fouille dans la m\u00e9moire, mais il n\u2019y a rien dans la m\u00e9moire. Je fouille dans la pens\u00e9e, mais il n\u2019y a rien dans la pens\u00e9e. Je fouille dans le c\u0153ur, mais il n\u2019y a rien dans le c\u0153ur. Voil\u00e0 ce que l\u2019homme est devenu : un vase vide sans cesse rempli par l\u2019abondance du rien. Et pourtant, les mots sont l\u00e0, dans l\u2019air, j\u2019arrive \u00e0 les entendre de plus en plus nettement. Oh la Vache, je peux voir au-del\u00e0 du rien. Au-del\u00e0 de mon propre rien, comme de tous les autres. Un vaste troupeau qui court \u00e0 perdre haleine en soulevant des nu\u00e9es de poussi\u00e8re, ce qui le rend aveugle \u00e0 l\u2019approche du pr\u00e9cipice. La langue, les mots, leur vrai sens, leur sens le plus proche de la r\u00e9alit\u00e9, n\u2019est pas dans la m\u00e9moire, n\u2019est pas dans la pens\u00e9e, n\u2019est pas dans le c\u0153ur. Mais dans le son. La racine br cr\u00e9e soudain le bras, le brin, la brute comme la br\u00e8che. C\u2019est de ce son qu\u2019il faut repartir. De tous les sons possibles comme des impossibles. La cr\u00e9ation du mythe demande l\u2019oreille absolue au pr\u00e9sent. Recr\u00e9er les dieux \u00e0 l\u2019image de ces sons, que les eaux se d\u00e9cha\u00eenent \u00e0 nouveau, que la Vache dise Oh et qu\u2019ils s\u2019\u00e9pousent et se m\u00ealent dans de nouveaux po\u00e8mes, toujours les m\u00eames. ",
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"title": "Des petits jets intempestifs.",
"date_published": "2023-03-11T07:25:50Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Signe de s\u00e9nilit\u00e9,<\/p>\n il patine en pantoufles sur le verglas de la page,<\/p>\n de lui sortent de petits jets de mots<\/p>\n comme d\u2019autres produisent avec les reins des cailloux.\nUn petit pipi de mots en pleine nuit.<\/p>\n Le lendemain, il prend du fil \u00e0 coudre\nblanc, se perce la joue, se fait un ourlet \u00e0 la langue trop pendue,\nqui tra\u00eene par terre comme des bas de chausse\ndans tous les caniveaux.<\/p>\n L\u2019incontinence verbale, parmi tous les maux qui frappent les petits vieux,\nn\u2019est sans doute pas un des pires,\nmais pas des meilleurs non plus.<\/p>\n mot cri<\/p>",
"content_text": " Signe de s\u00e9nilit\u00e9, il patine en pantoufles sur le verglas de la page, de lui sortent de petits jets de mots comme d\u2019autres produisent avec les reins des cailloux. Un petit pipi de mots en pleine nuit. Le lendemain, il prend du fil \u00e0 coudre blanc, se perce la joue, se fait un ourlet \u00e0 la langue trop pendue, qui tra\u00eene par terre comme des bas de chausse dans tous les caniveaux. L\u2019incontinence verbale, parmi tous les maux qui frappent les petits vieux, n\u2019est sans doute pas un des pires, mais pas des meilleurs non plus. mot cri ",
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"tags": ["po\u00e9sie du quotidien"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/ca-cree.html",
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"title": "\u00e7a cr\u00e9e",
"date_published": "2023-03-11T07:11:35Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " L\u2019oreille est essentielle et il faut \u00eatre sourd \u00e0 bien des inepties. Il faut un sang dur, cirer les tympans pour ne laisser filtrer que le chant des ruisseaux qui, si on l\u2019\u00e9coute, rassemble tout le n\u00e9cessaire pour vivre.<\/p>\n \u00c7a cr\u00e9e un monde parall\u00e8le \u00e0 ce monde, un jus mot.<\/p>\n Une scissiparit\u00e9 de l\u2019organisme monde, p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 par le chant, le son, le mot.<\/p>\n Un acte sexuel, diront les ben\u00eats. Non, \u00e7a cr\u00e9e bien au-del\u00e0.<\/p>\n \u00c7a cr\u00e9e sans arr\u00eat, une d\u00e9multiplication des avenirs et des pass\u00e9s, des milliards et des milliards de mondes, mais l\u00e0 n\u2019est pas l\u2019important.<\/p>\n Le r\u00e9sultat n\u2019est qu\u2019un leurre.<\/p>\n Comme la corolle, les p\u00e9tales des fleurs,\nles jupons, les cornettes,\njoli leurre, ma s\u0153ur.<\/p>\n Non, l\u2019important, c\u2019est l\u2019infini que \u00e7a cr\u00e9e,\nl\u2019infini sacr\u00e9,\nle vieux serpent de mer,\nNessy dans sa mare, l\u2019\u00e9cho sait cela.<\/p>\n L\u2019ouroboros,\ndont il est mensonger de dire qu\u2019il se mord la queue,\n\u00e9tant donn\u00e9 qu\u2019il est cercle parfait.<\/p>",
"content_text": " L\u2019oreille est essentielle et il faut \u00eatre sourd \u00e0 bien des inepties. Il faut un sang dur, cirer les tympans pour ne laisser filtrer que le chant des ruisseaux qui, si on l\u2019\u00e9coute, rassemble tout le n\u00e9cessaire pour vivre. \u00c7a cr\u00e9e un monde parall\u00e8le \u00e0 ce monde, un jus mot. Une scissiparit\u00e9 de l\u2019organisme monde, p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 par le chant, le son, le mot. Un acte sexuel, diront les ben\u00eats. Non, \u00e7a cr\u00e9e bien au-del\u00e0. \u00c7a cr\u00e9e sans arr\u00eat, une d\u00e9multiplication des avenirs et des pass\u00e9s, des milliards et des milliards de mondes, mais l\u00e0 n\u2019est pas l\u2019important. Le r\u00e9sultat n\u2019est qu\u2019un leurre. Comme la corolle, les p\u00e9tales des fleurs, les jupons, les cornettes, joli leurre, ma s\u0153ur. Non, l\u2019important, c\u2019est l\u2019infini que \u00e7a cr\u00e9e, l\u2019infini sacr\u00e9, le vieux serpent de mer, Nessy dans sa mare, l\u2019\u00e9cho sait cela. L\u2019ouroboros, dont il est mensonger de dire qu\u2019il se mord la queue, \u00e9tant donn\u00e9 qu\u2019il est cercle parfait. ",
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"tags": ["po\u00e9sie du quotidien"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/filles-femmes-en-fin.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/filles-femmes-en-fin.html",
"title": "filles femmes en fin",
"date_published": "2023-03-11T03:01:57Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Supercherie de ces visages peints sans mod\u00e8le. Mensonge, pensais-je. Refus de voir, refus de sentir. L\u2019habilet\u00e9 masque le pot aux roses. Souvent, il faut se m\u00e9fier des apparences trop lisses et propres. Heureusement, par\u00e9 de bonne heure pour faire face.<\/p>\n Mais toujours incertain, toujours \u00e0 douter de tout et de moi-m\u00eame, changeant sans rel\u00e2che. Jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui, o\u00f9 r\u00e9duit \u00e0 si peu, enfin naissent mes filles. Cette id\u00e9e soudaine. Mes filles peintes dans la transe plus que tout autre mot.<\/p>\n La transe de la peinture, ce n\u2019est pas une blague du tout. Mais on a peine \u00e0 y croire, \u00e0 l\u2019accepter. M\u00eame si, par gageure, on se dit chaman.<\/p>\n On ne tient pas longtemps dans l\u2019ironie.<\/p>\n Car on n\u2019a pas choisi cette appellation au hasard, on ne croit plus au hasard depuis le temps.<\/p>\n La souffrance n\u2019est pas du pipi de chat, mon petit vieux, elle est pr\u00e9cieuse comme le sang et l\u2019eau, l\u2019amour et les papillons.<\/p>\n Je me suis ouvert les flancs et des filles en sont sorties — des filles, des femmes d\u00e9sormais. Elles auront grandi ; elles auront acquis leur ind\u00e9pendance.<\/p>\n Sauf une.<\/p>\n Une petite fille qui reste \u00e0 jamais avec le petit gar\u00e7on. Et ces deux-l\u00e0 ne bougeront pas. Ne bougeront plus. Ils \u00e9taient l\u00e0 bien avant moi et le resteront bien apr\u00e8s.<\/p>\n De temps \u00e0 autre, je peux les voir assis dans le cerisier, ils me font un petit signe de la main. Un signe d\u2019encouragement, je crois.<\/p>\n Mais toutes ces filles, ces femmes qui sortent de mon ventre, qui sont-elles ? Je ne le sais pas, elles naissent ainsi comme des humeurs du g\u00e9missement profond de la peinture.<\/p>\n Elles sont les larmes des couleurs.<\/p>\n Des couleurs qui sont all\u00e9es loin dans la profondeur des terres pour se cr\u00e9er une valeur, une intensit\u00e9, une existence.<\/p>\n Je dis mes filles, mes femmes,<\/p>\n mais c\u2019est mon d\u00e9sir d\u2019\u00eatre p\u00e8re qui veut \u00e7a.<\/p>\n Moi, je ne vois pas les choses ainsi.<\/p>\n Je ne les vois plus ainsi.<\/p>\n C\u2019est tout l\u2019inverse certainement,<\/p>\n ce sont elles qui me cr\u00e9ent,<\/p>\n qui me donnent du corps, du souffle, de la voix.<\/p>\n Ainsi donc, on pense qu\u2019on cr\u00e9e,<\/p>\n puis on devient honn\u00eate,<\/p>\n on sent de mieux en mieux qu\u2019on est cr\u00e9\u00e9<\/p>\n par ce que l\u2019on peint, par ce que l\u2019on \u00e9crit.<\/p>",
"content_text": " Supercherie de ces visages peints sans mod\u00e8le. Mensonge, pensais-je. Refus de voir, refus de sentir. L\u2019habilet\u00e9 masque le pot aux roses. Souvent, il faut se m\u00e9fier des apparences trop lisses et propres. Heureusement, par\u00e9 de bonne heure pour faire face. Mais toujours incertain, toujours \u00e0 douter de tout et de moi-m\u00eame, changeant sans rel\u00e2che. Jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui, o\u00f9 r\u00e9duit \u00e0 si peu, enfin naissent mes filles. Cette id\u00e9e soudaine. Mes filles peintes dans la transe plus que tout autre mot. La transe de la peinture, ce n\u2019est pas une blague du tout. Mais on a peine \u00e0 y croire, \u00e0 l\u2019accepter. M\u00eame si, par gageure, on se dit chaman. On ne tient pas longtemps dans l\u2019ironie. Car on n\u2019a pas choisi cette appellation au hasard, on ne croit plus au hasard depuis le temps. La souffrance n\u2019est pas du pipi de chat, mon petit vieux, elle est pr\u00e9cieuse comme le sang et l\u2019eau, l\u2019amour et les papillons. Je me suis ouvert les flancs et des filles en sont sorties \u2014 des filles, des femmes d\u00e9sormais. Elles auront grandi ; elles auront acquis leur ind\u00e9pendance. Sauf une. Une petite fille qui reste \u00e0 jamais avec le petit gar\u00e7on. Et ces deux-l\u00e0 ne bougeront pas. Ne bougeront plus. Ils \u00e9taient l\u00e0 bien avant moi et le resteront bien apr\u00e8s. De temps \u00e0 autre, je peux les voir assis dans le cerisier, ils me font un petit signe de la main. Un signe d\u2019encouragement, je crois. Mais toutes ces filles, ces femmes qui sortent de mon ventre, qui sont-elles ? Je ne le sais pas, elles naissent ainsi comme des humeurs du g\u00e9missement profond de la peinture. Elles sont les larmes des couleurs. Des couleurs qui sont all\u00e9es loin dans la profondeur des terres pour se cr\u00e9er une valeur, une intensit\u00e9, une existence. Je dis mes filles, mes femmes, mais c\u2019est mon d\u00e9sir d\u2019\u00eatre p\u00e8re qui veut \u00e7a. Moi, je ne vois pas les choses ainsi. Je ne les vois plus ainsi. C\u2019est tout l\u2019inverse certainement, ce sont elles qui me cr\u00e9ent, qui me donnent du corps, du souffle, de la voix. Ainsi donc, on pense qu\u2019on cr\u00e9e, puis on devient honn\u00eate, on sent de mieux en mieux qu\u2019on est cr\u00e9\u00e9 par ce que l\u2019on peint, par ce que l\u2019on \u00e9crit. ",
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"tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Ecrire-selon-le-rythme-d-un-gemissement.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Ecrire-selon-le-rythme-d-un-gemissement.html",
"title": "Ecrire selon le rythme d'un g\u00e9missement",
"date_published": "2023-03-11T02:14:35Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " AAAAAH AAAAAAAH (voix de t\u00eate comme un cri de rapace tr\u00e8s haut dans le ciel)<\/p>\n AAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAH (on peut modifier la longueur du second phon\u00e8me, \u00e7a change le ton)<\/p>\n AAAAAH AAAAH AAAAH AAAAH (sinon, on peut tenter la r\u00e9p\u00e9tition exacte d\u2019un m\u00eame son avec diff\u00e9rents intervalles de silence ou en changeant d\u2019octave, mais progressivement. Ne pas partir des aigus pour descendre aussit\u00f4t dans les graves, cela cr\u00e9erait un « effet », et l\u2019effet est \u00e0 bannir absolument ici)<\/p>\n Il faut g\u00e9mir de tout son c\u0153ur, pas de sa t\u00eate.<\/p>\n AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH<\/p>\n Si on sent le moment de pousser une plainte majuscule, il faut entrer tout entier dedans.<\/p>\n C\u2019est-\u00e0-dire ne pas laisser un bras, une jambe, un cheveu en dehors.\nC\u2019est \u00e0 CE PRIX que la plainte sonne juste,\ncomme deux couleurs qui se trouvent, forment un accord,\n\u00e0 corps pas pour des prunes.<\/p>\n Prof\u00e9rer est un art perdu qu\u2019il est urgent de retrouver.<\/p>\n Si on s\u2019y prend correctement, il n\u2019est pas rare de cr\u00e9er la pluie\nsi on sait bien prof\u00e9rer.<\/p>\n Si on abandonne la chape de plomb\nsous laquelle l\u2019\u00e2me est \u00e9crabouill\u00e9e par la pens\u00e9e.<\/p>\n L\u2019individu n\u2019est qu\u2019un tout petit morceau de l\u2019\u00e2me,\nil est presque totalement insignifiant sauf quand il prof\u00e8re avec c\u0153ur et justesse.<\/p>\n J\u00e9sus prof\u00e8re encore doucement, c\u2019est son truc.\nMais tr\u00e8s peu l\u2019entendent parce qu\u2019ils pensent.<\/p>\n Dieu vocif\u00e8re en vain \u00e0 travers les bouchons de c\u00e9rumen,\nde cire humaine fabriqu\u00e9e par les informations m\u00e2ch\u00e9es, pr\u00e9m\u00e2ch\u00e9es,\nqui p\u00e9n\u00e8trent 24\/24, 7\/7 dans le conduit auditif, brouillent l\u2019\u00e9coute.<\/p>\n On se prend pour des abeilles,\ncomme la grenouille veut \u00eatre b\u0153uf.\n\u00c7a \u00e9clatera.<\/p>\n AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH<\/p>\n (Mantra : le g\u00e9missement permet de se concentrer vers l\u2019int\u00e9rieur de soi, il agit comme un...)<\/p>\n AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\n(Il peut arriver qu\u2019un g\u00e9missement soit interrompu par une pens\u00e9e. La honte de g\u00e9mir en public, par exemple. Mais se rappeler qu\u2019on n\u2019en sait rien de ce que voient ou entendent les autres, il ne sert strictement \u00e0 rien d\u2019y penser, de s\u2019en faire la plus petite id\u00e9e, ni m\u00eame d\u2019en \u00e9prouver de la culpabilit\u00e9 ou de la honte)<\/p>\n AAAAAAAH AAAAAH AAAAAAH AAAAAAH<\/p>\n Recommencer l\u2019op\u00e9ration jusqu\u2019\u00e0 ce que les premi\u00e8res gouttes tombent des nues,\nles premi\u00e8res VRAIES LARMES coulent sur les joues.<\/p>\n Le g\u00e9missement permet d\u2019\u00e9vacuer toutes les toxines du corps si on y va franco.\nSi on s\u2019arr\u00eate en chemin pour une raison ou une autre, on ne fait pas un cycle complet,\nle corps tout entier reste pollu\u00e9.\nS\u2019il reste une seule pourriture, tout est corrompu.<\/p>\n AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH<\/p>\n La respiration joue un r\u00f4le essentiel dans l\u2019art de g\u00e9mir.\nIl existe diff\u00e9rentes fa\u00e7ons de respirer, beaucoup ont \u00e9t\u00e9 perdues au cours des \u00e2ges.\nLa respiration qui s\u2019effectue entre la gorge et le plexus solaire est la meilleure,\nc\u2019est-\u00e0-dire celle par laquelle tout doit commencer.\nNe surtout pas chercher \u00e0 respirer par l\u2019abdomen.<\/p>\n Faire monter le son dans le cr\u00e2ne, sentir le son tourner \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de celui-ci,\nexciter peu \u00e0 peu la dure-m\u00e8re endormie.<\/p>\n AAAAAAAAH AH AH AAAAAAAAAAAH AH AH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AH<\/p>\n On peut tenter l\u2019asyncope, ne pas chercher \u00e0 faire de la musique non plus.\nNe pas chercher \u00e0 g\u00e9mir beau, \u00e0 g\u00e9mir para\u00eetre.\nG\u00e9mir comme on est. G\u00e9mir \u00eatre.<\/p>\n Se laisser emporter par ce g\u00e9missement, c\u2019est comme grimper sur les feuilles d\u2019un plant de haricot qui monte au ciel.\nEn plissant les yeux pour gommer tout d\u00e9tail superflu, on verra l\u2019essentiel —\nDes anges nous accompagnent dans l\u2019ascension ou la chute.\n(Les hauts et les bas participent du concert g\u00e9n\u00e9ral, mais :\nne pas les consid\u00e9rer comme des r\u00e9compenses, des gains ou des pertes, des punitions)<\/p>\n AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH\nAH\nAH\nAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH<\/p>\n Aux premi\u00e8res larmes, aux premi\u00e8res gouttes de pluie, il est conseill\u00e9 d\u2019interrompre le g\u00e9missement,\nde se retenir pour ne pas laisser fuir les humeurs trop rapidement du corps.\n(Cette \u00e9tape ne peut s\u2019effectuer qu\u2019une fois un certain niveau de ma\u00eetrise atteint,\nquand le corps tout entier a d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 nettoy\u00e9)<\/p>\n Il faut conserver le d\u00e9sir de g\u00e9mir, c\u2019est pourquoi g\u00e9mir peu mais g\u00e9mir bien sera recommand\u00e9 dans le temps pour acqu\u00e9rir la connaissance profonde de cette puissance infinie, acc\u00e9der \u00e0 sa ma\u00eetrise.\nOn ne peut y parvenir jeune, et trop \u00e2g\u00e9, \u00e7a ne sert plus \u00e0 grand-chose.\nIl faut apprendre \u00e0 g\u00e9mir \u00e0 temps.\nG\u00e9mir au bon moment, sans se presser mais sans trop tra\u00eenailler non plus.<\/p>",
"content_text": " AAAAAH AAAAAAAH (voix de t\u00eate comme un cri de rapace tr\u00e8s haut dans le ciel) AAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAH (on peut modifier la longueur du second phon\u00e8me, \u00e7a change le ton) AAAAAH AAAAH AAAAH AAAAH (sinon, on peut tenter la r\u00e9p\u00e9tition exacte d\u2019un m\u00eame son avec diff\u00e9rents intervalles de silence ou en changeant d\u2019octave, mais progressivement. Ne pas partir des aigus pour descendre aussit\u00f4t dans les graves, cela cr\u00e9erait un \"effet\", et l\u2019effet est \u00e0 bannir absolument ici) Il faut g\u00e9mir de tout son c\u0153ur, pas de sa t\u00eate. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH Si on sent le moment de pousser une plainte majuscule, il faut entrer tout entier dedans. C\u2019est-\u00e0-dire ne pas laisser un bras, une jambe, un cheveu en dehors. C\u2019est \u00e0 CE PRIX que la plainte sonne juste, comme deux couleurs qui se trouvent, forment un accord, \u00e0 corps pas pour des prunes. Prof\u00e9rer est un art perdu qu\u2019il est urgent de retrouver. Si on s\u2019y prend correctement, il n\u2019est pas rare de cr\u00e9er la pluie si on sait bien prof\u00e9rer. Si on abandonne la chape de plomb sous laquelle l\u2019\u00e2me est \u00e9crabouill\u00e9e par la pens\u00e9e. L\u2019individu n\u2019est qu\u2019un tout petit morceau de l\u2019\u00e2me, il est presque totalement insignifiant sauf quand il prof\u00e8re avec c\u0153ur et justesse. J\u00e9sus prof\u00e8re encore doucement, c\u2019est son truc. Mais tr\u00e8s peu l\u2019entendent parce qu\u2019ils pensent. Dieu vocif\u00e8re en vain \u00e0 travers les bouchons de c\u00e9rumen, de cire humaine fabriqu\u00e9e par les informations m\u00e2ch\u00e9es, pr\u00e9m\u00e2ch\u00e9es, qui p\u00e9n\u00e8trent 24\/24, 7\/7 dans le conduit auditif, brouillent l\u2019\u00e9coute. On se prend pour des abeilles, comme la grenouille veut \u00eatre b\u0153uf. \u00c7a \u00e9clatera. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH (Mantra : le g\u00e9missement permet de se concentrer vers l\u2019int\u00e9rieur de soi, il agit comme un...) AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH (Il peut arriver qu\u2019un g\u00e9missement soit interrompu par une pens\u00e9e. La honte de g\u00e9mir en public, par exemple. Mais se rappeler qu\u2019on n\u2019en sait rien de ce que voient ou entendent les autres, il ne sert strictement \u00e0 rien d\u2019y penser, de s\u2019en faire la plus petite id\u00e9e, ni m\u00eame d\u2019en \u00e9prouver de la culpabilit\u00e9 ou de la honte) AAAAAAAH AAAAAH AAAAAAH AAAAAAH Recommencer l\u2019op\u00e9ration jusqu\u2019\u00e0 ce que les premi\u00e8res gouttes tombent des nues, les premi\u00e8res VRAIES LARMES coulent sur les joues. Le g\u00e9missement permet d\u2019\u00e9vacuer toutes les toxines du corps si on y va franco. Si on s\u2019arr\u00eate en chemin pour une raison ou une autre, on ne fait pas un cycle complet, le corps tout entier reste pollu\u00e9. S\u2019il reste une seule pourriture, tout est corrompu. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH La respiration joue un r\u00f4le essentiel dans l\u2019art de g\u00e9mir. Il existe diff\u00e9rentes fa\u00e7ons de respirer, beaucoup ont \u00e9t\u00e9 perdues au cours des \u00e2ges. La respiration qui s\u2019effectue entre la gorge et le plexus solaire est la meilleure, c\u2019est-\u00e0-dire celle par laquelle tout doit commencer. Ne surtout pas chercher \u00e0 respirer par l\u2019abdomen. Faire monter le son dans le cr\u00e2ne, sentir le son tourner \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de celui-ci, exciter peu \u00e0 peu la dure-m\u00e8re endormie. AAAAAAAAH AH AH AAAAAAAAAAAH AH AH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AH On peut tenter l\u2019asyncope, ne pas chercher \u00e0 faire de la musique non plus. Ne pas chercher \u00e0 g\u00e9mir beau, \u00e0 g\u00e9mir para\u00eetre. G\u00e9mir comme on est. G\u00e9mir \u00eatre. Se laisser emporter par ce g\u00e9missement, c\u2019est comme grimper sur les feuilles d\u2019un plant de haricot qui monte au ciel. En plissant les yeux pour gommer tout d\u00e9tail superflu, on verra l\u2019essentiel \u2014 Des anges nous accompagnent dans l\u2019ascension ou la chute. (Les hauts et les bas participent du concert g\u00e9n\u00e9ral, mais : ne pas les consid\u00e9rer comme des r\u00e9compenses, des gains ou des pertes, des punitions) AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH AH AH AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH Aux premi\u00e8res larmes, aux premi\u00e8res gouttes de pluie, il est conseill\u00e9 d\u2019interrompre le g\u00e9missement, de se retenir pour ne pas laisser fuir les humeurs trop rapidement du corps. (Cette \u00e9tape ne peut s\u2019effectuer qu\u2019une fois un certain niveau de ma\u00eetrise atteint, quand le corps tout entier a d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 nettoy\u00e9) Il faut conserver le d\u00e9sir de g\u00e9mir, c\u2019est pourquoi g\u00e9mir peu mais g\u00e9mir bien sera recommand\u00e9 dans le temps pour acqu\u00e9rir la connaissance profonde de cette puissance infinie, acc\u00e9der \u00e0 sa ma\u00eetrise. On ne peut y parvenir jeune, et trop \u00e2g\u00e9, \u00e7a ne sert plus \u00e0 grand-chose. Il faut apprendre \u00e0 g\u00e9mir \u00e0 temps. G\u00e9mir au bon moment, sans se presser mais sans trop tra\u00eenailler non plus. ",
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"content_html": " \u00e7a voir un mot nuage chien passage entre deux aveuglements, deux verrues, th\u00e9\n\u00e7a cri \u00e7a cr\u00e9e \u00e7a corde \u00e7a lie \u00e7a peur \u00e7a va \u00e7a vient\n\u00e7a va voir ce que \u00e7a va voir en rose en noir\nla vie la vue le corps le mot le corps beau\nle corps y fait le corps mot rend\nle corps \u00e0 cris le corps y dort\nle corps pusse l\u2019index\n\u00e7a voir le fond de la fondue au fromage de Gruy\u00e8re\n\u00e7a voir le trou le chas l\u2019aiguille\n\u00e7a voir de fil en aigle\n\u00eele Bonne \u00e0 part apart\u00e9\nune poire Sainte-H\u00e9l\u00e8ne\n\u00e7a voir le bicorne et la lie corne\n\u00e7a licorne l\u2019hallali l\u2019all\u00e9luia et l\u2019azal\u00e9e\naliz\u00e9s lisez Alonzo allons-y\n\u00e7a \u00e7a \u00e7a voir mignon mignonne\nsi la rose et la rosse et c\u00e6tera\nd\u2019Hamelin la fl\u00fbte de Br\u00eame les musiciens\n\u00e7a lu Anne ch\u00e8re Anne m\u00e2chez ma ch\u00e8re ne voit rien venir\nma chair faible\n\u00e7a voir une peau pleine de pores\ndes polypores, des lanternes chinoises, des photophores,\ndes mots sortant de bouches d\u2019or de gens bons Chrysostomes\n\u00e7a voir l\u2019atome et en \u00eatre baba\natone le Teuton t\u00e2tonne\nle ciel tonne\nles heures viennent\n\u00e0 la tienne \u00c9tienne\nsous le pont le Zouave\n\u00e7a voir qu\u2019il prend l\u2019eau par le pied de nez\nse mire \u00e0 beau\n\u00e7a voir comme elle coule la Seine et la fondue au Gruy\u00e8re\nle petit bruit de l\u2019\u0153uf cass\u00e9 sur le comptoir des tiens.<\/p>\n Galapagos, Broc\u00e9liande, Irlande, Cercle Arctique, Papouasie, Born\u00e9o, Malaisie, Pondich\u00e9ry, Ceylan, Lac de C\u00f4me, Mandelieu, Mondello, Aiguebelette, L\u00e9man, Lausanne<\/p>\n En corps implants d\u2019habitude de dire de voir de dormir<\/p>\n Fracasser (comme le capitaine)<\/p>\n Isidore Ducasse impair et passe<\/p>\n Les particules de poussi\u00e8re dansent dans le rai de lumi\u00e8re\nglissant par la fente de fer du volet \u00e0 rabat.<\/p>\n joie.<\/p>\n L\u2019eau la lumi\u00e8re le vin la nuit l\u2019amour la mort<\/p>\n D\u00e9cousu\nD\u00e8s coups su sur le bout des doigts\npar c\u0153ur\nD\u00e9s \u00e0 coudre pour en d\u00e9coudre\navec le fer la pointe de l\u2019aiguille<\/p>\n La jeune femme ravissante enfile sa robe de mari\u00e9e sans un cri\nun froufrou\nfroissement d\u2019\u00e9toffe\n\u00e0 c\u00f4t\u00e9 un grand dadais dodeline de la t\u00eate\nun d\u2019Inde on dirait un dindon.<\/p>\n Des cous de poulets grill\u00e9s\ndes cous de poulets mis en valeur par des n\u0153uds-pape\nla pomme d\u2019Adam monte et descend\ndans la prononciation du Paten\u00f4tre<\/p>\n Au son des Sirtaki des m\u00e9t\u00e8ques.\nde vieux pingouins aux cous de poulets\ndes cornichons \u00e0 t\u00eate de veau.<\/p>\n D\u00e9cor en carton bouilli\nle cou du p\u00e8re Fran\u00e7ois\nle cou du lapin\nle cou et le licou\nla t\u00eate et le reste tenu par le cou\nparle cou\n\u00e7a voir \u00e7a vaut\nle cou<\/p>\n une voix de gorge\nune voix de cr\u00e9celle\nune voix de t\u00eate\nune voix de stentor\nune voix de garage\nune voix avin\u00e9e\nune voix sans issue\nune voix il \u00e9tait une voix<\/p>\n et tout commencera recommencera\nira de commencement en commencement<\/p>\n On appuie sur l\u2019interrupteur\nun mot pour l\u2019ombre\nl\u2019autre pour la lumi\u00e8re<\/p>\n Avant tout un mot pour nommer\ndu rien un mot vient\nde rien vient le mot qui fait tout\nle fait-tout o\u00f9 mijotent les cous de poulets\nde mijaur\u00e9es\nde vieilles taupes\navec quelques ruts \u00e0 Baga\ndes taupins d\u2019Hambourg\nune parmi 8000 esp\u00e8ces\nde ver jaune fil de fer\nqui grignote la terre<\/p>\n Je ne suis pas fou\nj\u2019observe le fait-tout\nla soupape qui siffle\n\u00e7a va bient\u00f4t \u00eatre \u00e0 point.<\/p>\n \u00e7a voir<\/p>\n Avant le cri\nles pr\u00e9paratifs du cri<\/p>",
"content_text": " \u00e7a voir un mot nuage chien passage entre deux aveuglements, deux verrues, th\u00e9 \u00e7a cri \u00e7a cr\u00e9e \u00e7a corde \u00e7a lie \u00e7a peur \u00e7a va \u00e7a vient \u00e7a va voir ce que \u00e7a va voir en rose en noir la vie la vue le corps le mot le corps beau le corps y fait le corps mot rend le corps \u00e0 cris le corps y dort le corps pusse l\u2019index \u00e7a voir le fond de la fondue au fromage de Gruy\u00e8re \u00e7a voir le trou le chas l\u2019aiguille \u00e7a voir de fil en aigle \u00eele Bonne \u00e0 part apart\u00e9 une poire Sainte-H\u00e9l\u00e8ne \u00e7a voir le bicorne et la lie corne \u00e7a licorne l\u2019hallali l\u2019all\u00e9luia et l\u2019azal\u00e9e aliz\u00e9s lisez Alonzo allons-y \u00e7a \u00e7a \u00e7a voir mignon mignonne si la rose et la rosse et c\u00e6tera d\u2019Hamelin la fl\u00fbte de Br\u00eame les musiciens \u00e7a lu Anne ch\u00e8re Anne m\u00e2chez ma ch\u00e8re ne voit rien venir ma chair faible \u00e7a voir une peau pleine de pores des polypores, des lanternes chinoises, des photophores, des mots sortant de bouches d\u2019or de gens bons Chrysostomes \u00e7a voir l\u2019atome et en \u00eatre baba atone le Teuton t\u00e2tonne le ciel tonne les heures viennent \u00e0 la tienne \u00c9tienne sous le pont le Zouave \u00e7a voir qu\u2019il prend l\u2019eau par le pied de nez se mire \u00e0 beau \u00e7a voir comme elle coule la Seine et la fondue au Gruy\u00e8re le petit bruit de l\u2019\u0153uf cass\u00e9 sur le comptoir des tiens. Galapagos, Broc\u00e9liande, Irlande, Cercle Arctique, Papouasie, Born\u00e9o, Malaisie, Pondich\u00e9ry, Ceylan, Lac de C\u00f4me, Mandelieu, Mondello, Aiguebelette, L\u00e9man, Lausanne En corps implants d\u2019habitude de dire de voir de dormir Fracasser (comme le capitaine) Isidore Ducasse impair et passe Les particules de poussi\u00e8re dansent dans le rai de lumi\u00e8re glissant par la fente de fer du volet \u00e0 rabat. joie. L\u2019eau la lumi\u00e8re le vin la nuit l\u2019amour la mort D\u00e9cousu D\u00e8s coups su sur le bout des doigts par c\u0153ur D\u00e9s \u00e0 coudre pour en d\u00e9coudre avec le fer la pointe de l\u2019aiguille La jeune femme ravissante enfile sa robe de mari\u00e9e sans un cri un froufrou froissement d\u2019\u00e9toffe \u00e0 c\u00f4t\u00e9 un grand dadais dodeline de la t\u00eate un d\u2019Inde on dirait un dindon. Des cous de poulets grill\u00e9s des cous de poulets mis en valeur par des n\u0153uds-pape la pomme d\u2019Adam monte et descend dans la prononciation du Paten\u00f4tre Au son des Sirtaki des m\u00e9t\u00e8ques. de vieux pingouins aux cous de poulets des cornichons \u00e0 t\u00eate de veau. D\u00e9cor en carton bouilli le cou du p\u00e8re Fran\u00e7ois le cou du lapin le cou et le licou la t\u00eate et le reste tenu par le cou parle cou \u00e7a voir \u00e7a vaut le cou une voix de gorge une voix de cr\u00e9celle une voix de t\u00eate une voix de stentor une voix de garage une voix avin\u00e9e une voix sans issue une voix il \u00e9tait une voix et tout commencera recommencera ira de commencement en commencement On appuie sur l\u2019interrupteur un mot pour l\u2019ombre l\u2019autre pour la lumi\u00e8re Avant tout un mot pour nommer du rien un mot vient de rien vient le mot qui fait tout le fait-tout o\u00f9 mijotent les cous de poulets de mijaur\u00e9es de vieilles taupes avec quelques ruts \u00e0 Baga des taupins d\u2019Hambourg une parmi 8000 esp\u00e8ces de ver jaune fil de fer qui grignote la terre Je ne suis pas fou j\u2019observe le fait-tout la soupape qui siffle \u00e7a va bient\u00f4t \u00eatre \u00e0 point. \u00e7a voir Avant le cri les pr\u00e9paratifs du cri ",
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/cercles.html",
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"title": "cercles",
"date_published": "2023-03-10T17:48:00Z",
"date_modified": "2025-05-10T16:49:05Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": "<\/span> Pourquoi perdre son temps avec ce d\u00e9sir de validation, de reconnaissance, avec cette obsession fatigante qui se manifesterait par je ne sais quelle preuve d’appartenance. Pourquoi.<\/p>\n Lucidement, la question appara\u00eet d’autant plus l\u00e9gitime que je regimbe syst\u00e9matiquement \u00e0 entrer dans la moindre coterie. Peut-\u00eatre en raison de mon exp\u00e9rience pass\u00e9e, notamment dans le domaine de la peinture, pour avoir fr\u00e9quent\u00e9 des groupes, des associations, des entreprises de tout ordre.\nL’\u00eatre humain devient rapidement insupportable sit\u00f4t qu’il se fond dans un collectif, quel qu’il soit. \u00c0 partir du moment o\u00f9 il devient membre, quelque chose change : il parle moins en son nom propre qu\u2019au nom du groupe. Une mutation subtile s’op\u00e8re, comme si l’identit\u00e9 individuelle s\u2019\u00e9rodait au profit d\u2019un nous un peu artificiel.\nAussi les \u00e9vit\u00e9-je comme par principe d\u00e9sormais. Comme une r\u00e8gle grav\u00e9e dans le marbre : pas de groupe, pas d’association.<\/p>\n Et pourtant, parfois, je sens bien ce d\u00e9sir d’appartenance qui pointe malgr\u00e9 tout.\nJe le surprends, le vilain bout de son nez, qui repasse par la fen\u00eatre alors que je l\u2019avais chass\u00e9 par la porte. Il suffit d\u2019un texte qui circule, d\u2019une petite communaut\u00e9 qui s\u2019\u00e9change des f\u00e9licitations — et je sens ce picotement d\u00e9sagr\u00e9able : pourquoi eux et pas moi ?<\/p>\n C\u2019est sans doute cette envie qui me r\u00e9volte le plus, comme une trahison contre moi-m\u00eame. Parce qu’elle va \u00e0 l\u2019encontre de cette r\u00e8gle d’or que je me suis impos\u00e9e : rester \u00e0 distance des clans et des cercles ferm\u00e9s.\nMais voil\u00e0, l\u2019envie de reconnaissance est plus rus\u00e9e que la lucidit\u00e9. Elle revient en douce, masqu\u00e9e sous des dehors de curiosit\u00e9.<\/p>\n Je pourrais m’en moquer, traiter cette tentation d’appartenance comme une faiblesse passag\u00e8re, un r\u00e9flexe conditionn\u00e9 par l\u2019obsession contemporaine du r\u00e9seau.\nMais ce serait hypocrite. Car en r\u00e9alit\u00e9, ce besoin de validation est aussi l\u00e9gitime qu\u2019aga\u00e7ant. Qui n\u2019a jamais voulu se sentir accept\u00e9 par ceux qui partagent le m\u00eame langage, les m\u00eames obsessions litt\u00e9raires ?\nPeut-\u00eatre que le probl\u00e8me n\u2019est pas tant l\u2019envie d\u2019\u00eatre reconnu, mais ce que cette reconnaissance impliquerait : c\u00e9der, s\u2019enfermer dans une esth\u00e9tique convenue, faire semblant d\u2019adh\u00e9rer alors que je ne m\u2019y retrouve pas vraiment.<\/p>\n Et peut-\u00eatre aussi que la lucidit\u00e9 finit toujours par se faire avoir par ce besoin d\u2019exister aux yeux des autres.\nLa question reste ouverte : peut-on se sentir pleinement l\u00e9gitime sans l\u2019aval d\u2019un groupe ?<\/p>",
"content_text": " Pourquoi perdre son temps avec ce d\u00e9sir de validation, de reconnaissance, avec cette obsession fatigante qui se manifesterait par je ne sais quelle preuve d'appartenance. Pourquoi. Lucidement, la question appara\u00eet d'autant plus l\u00e9gitime que je regimbe syst\u00e9matiquement \u00e0 entrer dans la moindre coterie. Peut-\u00eatre en raison de mon exp\u00e9rience pass\u00e9e, notamment dans le domaine de la peinture, pour avoir fr\u00e9quent\u00e9 des groupes, des associations, des entreprises de tout ordre. L'\u00eatre humain devient rapidement insupportable sit\u00f4t qu'il se fond dans un collectif, quel qu'il soit. \u00c0 partir du moment o\u00f9 il devient membre, quelque chose change : il parle moins en son nom propre qu\u2019au nom du groupe. Une mutation subtile s'op\u00e8re, comme si l'identit\u00e9 individuelle s\u2019\u00e9rodait au profit d\u2019un nous un peu artificiel. Aussi les \u00e9vit\u00e9-je comme par principe d\u00e9sormais. Comme une r\u00e8gle grav\u00e9e dans le marbre : pas de groupe, pas d'association. Et pourtant, parfois, je sens bien ce d\u00e9sir d'appartenance qui pointe malgr\u00e9 tout. Je le surprends, le vilain bout de son nez, qui repasse par la fen\u00eatre alors que je l\u2019avais chass\u00e9 par la porte. Il suffit d\u2019un texte qui circule, d\u2019une petite communaut\u00e9 qui s\u2019\u00e9change des f\u00e9licitations \u2014 et je sens ce picotement d\u00e9sagr\u00e9able : pourquoi eux et pas moi ? C\u2019est sans doute cette envie qui me r\u00e9volte le plus, comme une trahison contre moi-m\u00eame. Parce qu'elle va \u00e0 l\u2019encontre de cette r\u00e8gle d'or que je me suis impos\u00e9e : rester \u00e0 distance des clans et des cercles ferm\u00e9s. Mais voil\u00e0, l\u2019envie de reconnaissance est plus rus\u00e9e que la lucidit\u00e9. Elle revient en douce, masqu\u00e9e sous des dehors de curiosit\u00e9. Je pourrais m'en moquer, traiter cette tentation d'appartenance comme une faiblesse passag\u00e8re, un r\u00e9flexe conditionn\u00e9 par l\u2019obsession contemporaine du r\u00e9seau. Mais ce serait hypocrite. Car en r\u00e9alit\u00e9, ce besoin de validation est aussi l\u00e9gitime qu\u2019aga\u00e7ant. Qui n\u2019a jamais voulu se sentir accept\u00e9 par ceux qui partagent le m\u00eame langage, les m\u00eames obsessions litt\u00e9raires ? Peut-\u00eatre que le probl\u00e8me n\u2019est pas tant l\u2019envie d\u2019\u00eatre reconnu, mais ce que cette reconnaissance impliquerait : c\u00e9der, s\u2019enfermer dans une esth\u00e9tique convenue, faire semblant d\u2019adh\u00e9rer alors que je ne m\u2019y retrouve pas vraiment. Et peut-\u00eatre aussi que la lucidit\u00e9 finit toujours par se faire avoir par ce besoin d\u2019exister aux yeux des autres. La question reste ouverte : peut-on se sentir pleinement l\u00e9gitime sans l\u2019aval d\u2019un groupe ? ",
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"tags": ["Autofiction et Introspection"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/nu-face-a-nu.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/nu-face-a-nu.html",
"title": "nu face \u00e0 nu",
"date_published": "2023-03-10T08:40:41Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " repousse le mot<\/p>\n rentre dans l’espace de la chose<\/p>\n c’est \u00e9troit<\/p>\n plier ranger tout ce qui sort<\/p>\n membres tentacules<\/p>\n pour s’accrocher mains doigts paroles<\/p>\n et sois chose nue,<\/p>\n une \u00e0 se voir double<\/p>\n \u00e0 borgne \u00e0 aveugle encore plus<\/p>\n dont l’un dort dans le mot encore<\/p>\n repousse ce<\/p>\n qui cl\u00f4ture l’autre chose<\/p>\n veille implore<\/p>\n nu face \u00e0 nu<\/p>\n silex contre silex<\/p>\n le bras se l\u00e8ve<\/p>\n et retombe<\/p>\n \u00e9tincelle d\u00e9sir\u00e9e<\/p>\n au bout du bras<\/p>\n comme de l’autre<\/p>\n choc<\/p>\n cancer<\/p>\n feu hante le feu<\/p>\n l’ordre cr\u00e9e le d\u00e9sordre<\/p>\n et l’envers son endroit<\/p>\n La chose muette<\/p>\n et \u00e7a muet<\/p>\n avant que vient le caillou<\/p>\n ne se dresse arbre.<\/p>\n On peut contourner la difficult\u00e9 par le pr\u00e9sent. \u00c9crire au pr\u00e9sent. Le pr\u00e9sent est un cadeau que l\u2019on s\u2019offre \u00e0 soi-m\u00eame, puis par ricochet, comme les rais de lumi\u00e8re, o\u00f9 ils veulent, o\u00f9 l\u2019on voudra bien s\u2019y accorder. Ajoutez \u00e0 cela l\u2019abandon, tous les abandons. Une exploration de l\u2019abandon, la mati\u00e8re abandon. Concordance des temps : retrouver ce matin dans ma bo\u00eete aux lettres num\u00e9rique plusieurs \u00e9missions d\u2019Alain Veinstein, des fragments en PDF, un ab\u00e9c\u00e9daire en ePub, le tout envoy\u00e9 par FB. Une g\u00eane \u00e0 commenter en lisant la liste d\u00e9j\u00e0 longue de ceux d\u00e9j\u00e0 l\u00e0. La plupart datent de 2021. L\u2019abandon des commentaires concorde avec de nombreux autres. L\u2019abandon s\u2019effectue au pr\u00e9sent. Il est absurde de dire « j\u2019ai abandonn\u00e9 ceci ou cela » comme « j\u2019abandonnerai ».<\/p>\n Le tabac, sa pr\u00e9sence, son absence aussi se rel\u00e8vent, se r\u00e9v\u00e8lent au pr\u00e9sent. De vieux souvenirs de photographies en noir et blanc apparaissent dans une cuvette jaune. La notion d\u2019instantan\u00e9. Mais l\u2019avantage — n\u2019en faut-il pas toujours tant qu\u2019on s\u2019obstine \u00e0 se sentir flou\u00e9 — est la volatilit\u00e9 de la pens\u00e9e, de l\u2019envie, de la douleur, quand d\u00e9j\u00e0 elles s\u2019\u00e9vanouissent, qu\u2019une journ\u00e9e passe.<\/p>\n Mon \u00e9pouse compte les jours. C\u2019est devenu un rituel matinal. Il y a un calendrier sur la porte du r\u00e9frig\u00e9rateur. Il faut plier les genoux pour cocher la journ\u00e9e avec un Stabilo bleu. Tout travail m\u00e9rite salaire. C\u2019est cette phrase qui me vient en cochant la journ\u00e9e d\u2019hier. L\u2019abandon du comptage des jours se trouve renforc\u00e9 par ce calendrier ; le comptage est un jeu sans importance. On v\u00e9rifie qu\u2019on peut plier les genoux et encore bien d\u2019autres choses.<\/p>\n -- Comme tu es calme, c\u2019est vraiment \u00e9tonnant, me dit-elle.<\/p>\n Je ne cherche pas \u00e0 l\u2019\u00eatre, mais bizarrement tout concorde.<\/p>\n Le site sous SPIP avance jour apr\u00e8s jour. Quelques articles \u00e0 la vol\u00e9e. Des photographies exhum\u00e9es. Pas encore certain de la mise en page. L\u2019avantage, c\u2019est qu\u2019on peut le reconfigurer autant qu\u2019on le d\u00e9sire si l\u2019arborescence tient la route. Et m\u00eame celle-ci, c\u2019est un jeu encore de pouvoir la modifier \u00e0 tout moment.<\/p>\n L\u2019illustration est un tableau peint \u00e0 l\u2019huile, son titre « Lost in the horizon ». Dimensions : 80 \u00d7 80 cm. Date : 2018.<\/p>",
"content_text": " On peut contourner la difficult\u00e9 par le pr\u00e9sent. \u00c9crire au pr\u00e9sent. Le pr\u00e9sent est un cadeau que l\u2019on s\u2019offre \u00e0 soi-m\u00eame, puis par ricochet, comme les rais de lumi\u00e8re, o\u00f9 ils veulent, o\u00f9 l\u2019on voudra bien s\u2019y accorder. Ajoutez \u00e0 cela l\u2019abandon, tous les abandons. Une exploration de l\u2019abandon, la mati\u00e8re abandon. Concordance des temps : retrouver ce matin dans ma bo\u00eete aux lettres num\u00e9rique plusieurs \u00e9missions d\u2019Alain Veinstein, des fragments en PDF, un ab\u00e9c\u00e9daire en ePub, le tout envoy\u00e9 par FB. Une g\u00eane \u00e0 commenter en lisant la liste d\u00e9j\u00e0 longue de ceux d\u00e9j\u00e0 l\u00e0. La plupart datent de 2021. L\u2019abandon des commentaires concorde avec de nombreux autres. L\u2019abandon s\u2019effectue au pr\u00e9sent. Il est absurde de dire \"j\u2019ai abandonn\u00e9 ceci ou cela\" comme \"j\u2019abandonnerai\". Le tabac, sa pr\u00e9sence, son absence aussi se rel\u00e8vent, se r\u00e9v\u00e8lent au pr\u00e9sent. De vieux souvenirs de photographies en noir et blanc apparaissent dans une cuvette jaune. La notion d\u2019instantan\u00e9. Mais l\u2019avantage \u2014 n\u2019en faut-il pas toujours tant qu\u2019on s\u2019obstine \u00e0 se sentir flou\u00e9 \u2014 est la volatilit\u00e9 de la pens\u00e9e, de l\u2019envie, de la douleur, quand d\u00e9j\u00e0 elles s\u2019\u00e9vanouissent, qu\u2019une journ\u00e9e passe. Mon \u00e9pouse compte les jours. C\u2019est devenu un rituel matinal. Il y a un calendrier sur la porte du r\u00e9frig\u00e9rateur. Il faut plier les genoux pour cocher la journ\u00e9e avec un Stabilo bleu. Tout travail m\u00e9rite salaire. C\u2019est cette phrase qui me vient en cochant la journ\u00e9e d\u2019hier. L\u2019abandon du comptage des jours se trouve renforc\u00e9 par ce calendrier ; le comptage est un jeu sans importance. On v\u00e9rifie qu\u2019on peut plier les genoux et encore bien d\u2019autres choses. \u2014 Comme tu es calme, c\u2019est vraiment \u00e9tonnant, me dit-elle. Je ne cherche pas \u00e0 l\u2019\u00eatre, mais bizarrement tout concorde. Le site sous SPIP avance jour apr\u00e8s jour. Quelques articles \u00e0 la vol\u00e9e. Des photographies exhum\u00e9es. Pas encore certain de la mise en page. L\u2019avantage, c\u2019est qu\u2019on peut le reconfigurer autant qu\u2019on le d\u00e9sire si l\u2019arborescence tient la route. Et m\u00eame celle-ci, c\u2019est un jeu encore de pouvoir la modifier \u00e0 tout moment. L\u2019illustration est un tableau peint \u00e0 l\u2019huile, son titre \"Lost in the horizon\". Dimensions : 80 \u00d7 80 cm. Date : 2018. ",
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"tags": ["Temporalit\u00e9 et Ruptures"]
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"title": "En rajouter",
"date_published": "2023-03-09T07:36:26Z",
"date_modified": "2025-05-09T14:30:00Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> se contenter de presque rien aujourd’hui.<\/p>",
"content_text": " se contenter de presque rien aujourd'hui. ",
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"tags": ["Temporalit\u00e9 et Ruptures"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Lutter.html",
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"title": "Lutter",
"date_published": "2023-03-09T07:29:21Z",
"date_modified": "2025-05-09T14:26:38Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> Lutter pour dire, lutter pour se retenir de dire. Il y a toujours une lutte. On pourrait penser qu\u2019il suffit de choisir son camp, mais c\u2019est plus complexe. La lutte n\u2019est pas tourn\u00e9e vers l\u2019ext\u00e9rieur, contre le monde. Non, elle est dirig\u00e9e vers soi-m\u00eame, vers ce doute qu\u2019on entretient \u00e0 l\u2019\u00e9gard de ce qu\u2019on veut exprimer.<\/p>\n Dire, c\u2019est exposer ses pens\u00e9es, les livrer aux autres, les soumettre au jugement. Se retenir, c\u2019est garder pour soi l\u2019incertitude, l\u2019imperfection du propos. Pourtant, ni l\u2019un ni l\u2019autre ne constitue une v\u00e9ritable victoire.<\/p>\n La certitude elle-m\u00eame est ambigu\u00eb. Elle semble un aboutissement, mais ce n\u2019est qu\u2019un instant fig\u00e9 dans le flot mouvant de la pens\u00e9e. La certitude n\u2019est jamais d\u00e9finitive. Elle ne gagne rien sur l\u2019incertitude, elle coexiste avec elle, comme une pause dans le combat, un moment d\u2019illusion.<\/p>",
"content_text": " Lutter pour dire, lutter pour se retenir de dire. Il y a toujours une lutte. On pourrait penser qu\u2019il suffit de choisir son camp, mais c\u2019est plus complexe. La lutte n\u2019est pas tourn\u00e9e vers l\u2019ext\u00e9rieur, contre le monde. Non, elle est dirig\u00e9e vers soi-m\u00eame, vers ce doute qu\u2019on entretient \u00e0 l\u2019\u00e9gard de ce qu\u2019on veut exprimer. Dire, c\u2019est exposer ses pens\u00e9es, les livrer aux autres, les soumettre au jugement. Se retenir, c\u2019est garder pour soi l\u2019incertitude, l\u2019imperfection du propos. Pourtant, ni l\u2019un ni l\u2019autre ne constitue une v\u00e9ritable victoire. La certitude elle-m\u00eame est ambigu\u00eb. Elle semble un aboutissement, mais ce n\u2019est qu\u2019un instant fig\u00e9 dans le flot mouvant de la pens\u00e9e. La certitude n\u2019est jamais d\u00e9finitive. Elle ne gagne rien sur l\u2019incertitude, elle coexiste avec elle, comme une pause dans le combat, un moment d\u2019illusion. ",
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"tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Sortir-du-recit.html",
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"title": "Sortir du r\u00e9cit",
"date_published": "2023-03-08T10:37:37Z",
"date_modified": "2025-05-09T14:19:43Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span> La mort r\u00f4de, dans le silence inhabituel qui s\u2019est install\u00e9 depuis que j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 de sortir du r\u00e9cit. Une d\u00e9cision qui ne m\u2019a pas paru radicale au d\u00e9but. Cela s\u2019est insinu\u00e9, discr\u00e8tement, presque malgr\u00e9 moi. Mais \u00e0 partir du moment o\u00f9 j’ai pris la d\u00e9cision, le monde autour a chang\u00e9. Un l\u00e9ger d\u00e9placement dans l\u2019axe du quotidien. Comme si les choses, soudain, se mettaient \u00e0 luire d\u2019une lumi\u00e8re neuve et un peu cruelle.<\/p>\n C\u2019est devenu plus manifeste depuis ce lundi 27 f\u00e9vrier. Premier jour sans tabac. La date s\u2019est inscrite dans ma m\u00e9moire avec cette pr\u00e9cision des moments d\u00e9cisifs. Le jour o\u00f9 quelque chose s\u2019est interrompu. Jusqu\u2019alors, fumer, c\u2019\u00e9tait comme marcher sur un chemin r\u00e9gulier, battu, o\u00f9 les gestes viennent sans y penser. Et puis, sans pr\u00e9venir, le chemin s\u2019est interrompu. Une br\u00e8che. Je ne compte pas les jours depuis, parce que compter, c\u2019est rester attach\u00e9 \u00e0 l\u2019ancien r\u00e9cit, celui que je veux quitter. Je n\u2019ai pas envie de m\u2019enfermer dans ce calcul.<\/p>\n Je me surprends \u00e0 regarder la mort comme une silhouette, une pr\u00e9sence vague mais famili\u00e8re. Elle n\u2019est pas la figure terrifiante des r\u00e9cits d\u2019autrefois. Elle est simplement l\u00e0, sans asp\u00e9rit\u00e9. Une t\u00eate plut\u00f4t sympa. Ni belle ni laide, juste normale, presque banale. Et c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment cette banalit\u00e9 qui intrigue.<\/p>\n Sortir du r\u00e9cit, c\u2019est aussi quitter la route, faire une embard\u00e9e, comme un brusque \u00e9cart qui ne pr\u00e9vient pas. Une image s\u2019impose \u00e0 moi, sans que je sache pourquoi : le barde d\u2019Ast\u00e9rix, b\u00e2illonn\u00e9, suspendu aux branches d\u2019un arbre, tandis que les autres festoient. C\u2019est \u00e0 la fois absurde et plein de cette ironie qui na\u00eet des moments o\u00f9 la vie prend un tournant inattendu. Il y a quelque chose d’incongru dans cette vision, comme si la rupture avec la ligne droite r\u00e9v\u00e9lait l\u2019aspect grotesque de ce qui \u00e9tait auparavant per\u00e7u comme r\u00e9gulier et lin\u00e9aire.<\/p>\n Mais ce n\u2019est pas exactement cela. C\u2019est autre chose. Et c\u2019est justement ce qui fait tout l\u2019int\u00e9r\u00eat. Il y a une forme de plaisir dans l\u2019ind\u00e9cision, dans cette h\u00e9sitation \u00e0 nommer. Je me trouve face \u00e0 la mort avec un \u00e9tonnement calme, presque serein, comme si, en sortant du r\u00e9cit, j\u2019avais lib\u00e9r\u00e9 cette pr\u00e9sence discr\u00e8te qui \u00e9tait toujours l\u00e0, en retrait. Elle n\u2019a pas d\u2019emprise. Elle accompagne. Elle attend. Et moi, pour la premi\u00e8re fois, je ne la crains pas.<\/p>\n C\u2019est cette d\u00e9couverte-l\u00e0 qui, paradoxalement, donne un sens inattendu au geste de sortir du r\u00e9cit. Ne plus fumer, ce n\u2019est pas seulement changer d\u2019habitude. C\u2019est r\u00e9apprendre \u00e0 marcher dans un espace \u00e9largi, lib\u00e9r\u00e9 des encha\u00eenements habituels, \u00e0 explorer le monde sans cet artifice qui maintenait l\u2019angoisse \u00e0 distance. Maintenant, la mort se rapproche, mais elle n\u2019est plus cette ombre inqui\u00e9tante. Juste une id\u00e9e, une pens\u00e9e qui s\u2019installe \u00e0 la table, sans se faire prier.<\/p>",
"content_text": " La mort r\u00f4de, dans le silence inhabituel qui s\u2019est install\u00e9 depuis que j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 de sortir du r\u00e9cit. Une d\u00e9cision qui ne m\u2019a pas paru radicale au d\u00e9but. Cela s\u2019est insinu\u00e9, discr\u00e8tement, presque malgr\u00e9 moi. Mais \u00e0 partir du moment o\u00f9 j'ai pris la d\u00e9cision, le monde autour a chang\u00e9. Un l\u00e9ger d\u00e9placement dans l\u2019axe du quotidien. Comme si les choses, soudain, se mettaient \u00e0 luire d\u2019une lumi\u00e8re neuve et un peu cruelle. C\u2019est devenu plus manifeste depuis ce lundi 27 f\u00e9vrier. Premier jour sans tabac. La date s\u2019est inscrite dans ma m\u00e9moire avec cette pr\u00e9cision des moments d\u00e9cisifs. Le jour o\u00f9 quelque chose s\u2019est interrompu. Jusqu\u2019alors, fumer, c\u2019\u00e9tait comme marcher sur un chemin r\u00e9gulier, battu, o\u00f9 les gestes viennent sans y penser. Et puis, sans pr\u00e9venir, le chemin s\u2019est interrompu. Une br\u00e8che. Je ne compte pas les jours depuis, parce que compter, c\u2019est rester attach\u00e9 \u00e0 l\u2019ancien r\u00e9cit, celui que je veux quitter. Je n\u2019ai pas envie de m\u2019enfermer dans ce calcul. Je me surprends \u00e0 regarder la mort comme une silhouette, une pr\u00e9sence vague mais famili\u00e8re. Elle n\u2019est pas la figure terrifiante des r\u00e9cits d\u2019autrefois. Elle est simplement l\u00e0, sans asp\u00e9rit\u00e9. Une t\u00eate plut\u00f4t sympa. Ni belle ni laide, juste normale, presque banale. Et c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment cette banalit\u00e9 qui intrigue. Sortir du r\u00e9cit, c\u2019est aussi quitter la route, faire une embard\u00e9e, comme un brusque \u00e9cart qui ne pr\u00e9vient pas. Une image s\u2019impose \u00e0 moi, sans que je sache pourquoi : le barde d\u2019Ast\u00e9rix, b\u00e2illonn\u00e9, suspendu aux branches d\u2019un arbre, tandis que les autres festoient. C\u2019est \u00e0 la fois absurde et plein de cette ironie qui na\u00eet des moments o\u00f9 la vie prend un tournant inattendu. Il y a quelque chose d'incongru dans cette vision, comme si la rupture avec la ligne droite r\u00e9v\u00e9lait l\u2019aspect grotesque de ce qui \u00e9tait auparavant per\u00e7u comme r\u00e9gulier et lin\u00e9aire. Mais ce n\u2019est pas exactement cela. C\u2019est autre chose. Et c\u2019est justement ce qui fait tout l\u2019int\u00e9r\u00eat. Il y a une forme de plaisir dans l\u2019ind\u00e9cision, dans cette h\u00e9sitation \u00e0 nommer. Je me trouve face \u00e0 la mort avec un \u00e9tonnement calme, presque serein, comme si, en sortant du r\u00e9cit, j\u2019avais lib\u00e9r\u00e9 cette pr\u00e9sence discr\u00e8te qui \u00e9tait toujours l\u00e0, en retrait. Elle n\u2019a pas d\u2019emprise. Elle accompagne. Elle attend. Et moi, pour la premi\u00e8re fois, je ne la crains pas. C\u2019est cette d\u00e9couverte-l\u00e0 qui, paradoxalement, donne un sens inattendu au geste de sortir du r\u00e9cit. Ne plus fumer, ce n\u2019est pas seulement changer d\u2019habitude. C\u2019est r\u00e9apprendre \u00e0 marcher dans un espace \u00e9largi, lib\u00e9r\u00e9 des encha\u00eenements habituels, \u00e0 explorer le monde sans cet artifice qui maintenait l\u2019angoisse \u00e0 distance. Maintenant, la mort se rapproche, mais elle n\u2019est plus cette ombre inqui\u00e9tante. Juste une id\u00e9e, une pens\u00e9e qui s\u2019installe \u00e0 la table, sans se faire prier. ",
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"tags": ["Autofiction et Introspection"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Le-voyage-des-peres.html",
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"title": "Le voyage des p\u00e8res",
"date_published": "2023-03-08T10:15:28Z",
"date_modified": "2025-05-02T05:54:48Z",
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"content_html": "<\/span> Un p\u00e8re, peut-\u00eatre grand, ou pas. Cela d\u00e9pend des jours, de la m\u00e9t\u00e9o int\u00e9rieure, de ce qu’on a bien voulu garder. On dit le p\u00e8re, le grand-p\u00e8re, le p\u00e9p\u00e8re. Il arrive qu’on dise aussi Johannes Musti. C’est plus pr\u00e9cis. C’est plus flou.<\/p>\n Johannes Musti. Un nom qui sonne comme un souvenir mal rang\u00e9 dans une valise trop pleine. Il \u00e9tait maigre, para\u00eet-il, svelte, un peu cassant. Parti de Tallinn pour apprendre \u00e0 peindre \u00e0 Saint-P\u00e9tersbourg, avant de poser ses pinceaux \u00e0 \u00c9pinay, d\u00e9cors de cin\u00e9ma. Puis l’oubli. L’alcool. Et les enfants. Quatre. Dont un assez grand pour lui rendre le regard. Il boit, Johannes. Peut-\u00eatre pas pour oublier. Peut-\u00eatre juste parce que. Un verre. Puis un autre. Celui de trop.<\/p>\n Je ne l’ai jamais vu. Il \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 un bruit, une l\u00e9gende, une photo peut-\u00eatre. Aujourd’hui encore, je ne sais pas o\u00f9 il repose. Montparnasse ? Le P\u00e8re-Lachaise ? Nul ne le sait. Alors il est partout. Sous mon toit, parfois. C’est une id\u00e9e \u00e0 63 ans : qu’un mort puisse partager votre logement. <\/p>\n Apr\u00e8s Johannes, il y eut Vania. Capitaine. Cheveux rares, ail omnipr\u00e9sent. Vodka, PMU, pirojkis. Clich\u00e9s, oui, mais vivants. Il fut chauffeur de taxi, amant \u00e9pisodique, vieillard actif. Cannes ou Biarritz, en noir et blanc. Pas un poil de graisse. Vania bombait le torse, fier. Sans r\u00e9volution, il serait rest\u00e9 moujik. Il est mort convaincu d’une vie extraordinaire.<\/p>\n Encore un p\u00e8re. Le p\u00e8re du p\u00e8re. Bourganeuf, la Creuse. Un dernier jour de guerre pour dernier souffle. L’armistice en robe noire. Avant cela, il \u00e9tait mont\u00e9 \u00e0 Paris \u00e0 pied. Pour b\u00e2tir un h\u00f4tel de ses propres mains. On insista beaucoup sur l’expression. Peut-\u00eatre \u00e0 Asni\u00e8res.<\/p>\n Mon p\u00e8re \u00e0 moi, ce fut l’Alg\u00e9rie. Silence et regards vides. Un sac plastique dans une armoire, b\u00e9ret rouge, pri\u00e8re du parachutiste, autographe de Bigeard. Brassens pour seul pont entre nous. Le fils fit aussi la guerre, comme le p\u00e8re du p\u00e8re, comme celui d’avant. Sauf moi. Jamais \u00e0 la guerre. Pas m\u00eame p\u00e8re.<\/p>\n \u00c7a laisse du vide. Une envie de combler. J’ai pris un appareil photo, cherch\u00e9 la guerre ailleurs. Iran. Afghanistan. Et toujours ce besoin de comprendre. Les p\u00e8res, les guerres, le silence. Tout s’entrem\u00eale. Le langage change. On apprend \u00e0 lire dans les silences, dans les objets, les odeurs. Le vide laisse des traces.<\/p>\n Il n\u2019y a pas eu un seul voyage qui ne fut pas comme sauter d\u2019un train en marche. Tous les p\u00e8res connus et inconnus ont l\u00e9gu\u00e9 ce go\u00fbt \u00e9trange pour l\u2019ailleurs, pour ce qui \u00e9chappe, pour le rien m\u00eame. \u00catre p\u00e8re, parfois, ce serait peut-\u00eatre vouloir boucher un trou. Ne pas le regarder en face. Moi je l\u2019ai regard\u00e9. Et parfois j\u2019y suis tomb\u00e9.<\/p>\n Difficile de r\u00e9sister \u00e0 l\u2019envie du r\u00e9cit. Chaque p\u00e8re m\u00e9riterait son roman, ou au moins sa note en bas de page. Mais l\u2019envie est moins vive. Il y a eu trop de p\u00e8res. Et trop peu d\u2019enfants.<\/p>\n La n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019\u00e9crire vient peut-\u00eatre de l\u00e0. De ce manque-l\u00e0. Si j\u2019avais eu des enfants, j\u2019aurais peut-\u00eatre peint autrement, ou pas du tout. On ne saura jamais. Les choses se sont pass\u00e9es autrement.<\/p>\n Alors je voyage. J\u2019ai voyag\u00e9 pour comprendre ces hommes. Ces p\u00e8res. En esp\u00e9rant que leurs silences, leurs objets, leurs gestes en disent un peu plus. Peut-\u00eatre qu\u2019il faut lire autrement. Dans les plis d\u2019une chemise, dans la rigidit\u00e9 d\u2019une m\u00e2choire ras\u00e9e de frais. Ce genre d\u2019indices.<\/p>\n Je n\u2019ai pas fait la guerre. Mais elle m\u2019a quand m\u00eame sali les mains. \u00c0 force de la suivre de loin. D\u2019en faire le tour sans jamais entrer. Une guerre p\u00e9riph\u00e9rique. Mais tenace.<\/p>\n Un peu de paix ferait du bien apr\u00e8s tout \u00e7a. \u00catre un homme sans enfants. Un homme qui passe. Rien d\u2019h\u00e9ro\u00efque. Juste un type. On vit. On perd. On gagne. On essaie. C\u2019est tout.<\/p>\n Rouge manque. Pair impair. Rien ne va plus. Le vide est toujours l\u00e0, mais il fait moins peur.<\/p>",
"content_text": " Un p\u00e8re, peut-\u00eatre grand, ou pas. Cela d\u00e9pend des jours, de la m\u00e9t\u00e9o int\u00e9rieure, de ce qu'on a bien voulu garder. On dit le p\u00e8re, le grand-p\u00e8re, le p\u00e9p\u00e8re. Il arrive qu'on dise aussi Johannes Musti. C'est plus pr\u00e9cis. C'est plus flou. Johannes Musti. Un nom qui sonne comme un souvenir mal rang\u00e9 dans une valise trop pleine. Il \u00e9tait maigre, para\u00eet-il, svelte, un peu cassant. Parti de Tallinn pour apprendre \u00e0 peindre \u00e0 Saint-P\u00e9tersbourg, avant de poser ses pinceaux \u00e0 \u00c9pinay, d\u00e9cors de cin\u00e9ma. Puis l'oubli. L'alcool. Et les enfants. Quatre. Dont un assez grand pour lui rendre le regard. Il boit, Johannes. Peut-\u00eatre pas pour oublier. Peut-\u00eatre juste parce que. Un verre. Puis un autre. Celui de trop. Je ne l'ai jamais vu. Il \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 un bruit, une l\u00e9gende, une photo peut-\u00eatre. Aujourd'hui encore, je ne sais pas o\u00f9 il repose. Montparnasse ? Le P\u00e8re-Lachaise ? Nul ne le sait. Alors il est partout. Sous mon toit, parfois. C'est une id\u00e9e \u00e0 63 ans : qu'un mort puisse partager votre logement. Apr\u00e8s Johannes, il y eut Vania. Capitaine. Cheveux rares, ail omnipr\u00e9sent. Vodka, PMU, pirojkis. Clich\u00e9s, oui, mais vivants. Il fut chauffeur de taxi, amant \u00e9pisodique, vieillard actif. Cannes ou Biarritz, en noir et blanc. Pas un poil de graisse. Vania bombait le torse, fier. Sans r\u00e9volution, il serait rest\u00e9 moujik. Il est mort convaincu d'une vie extraordinaire. Encore un p\u00e8re. Le p\u00e8re du p\u00e8re. Bourganeuf, la Creuse. Un dernier jour de guerre pour dernier souffle. L'armistice en robe noire. Avant cela, il \u00e9tait mont\u00e9 \u00e0 Paris \u00e0 pied. Pour b\u00e2tir un h\u00f4tel de ses propres mains. On insista beaucoup sur l'expression. Peut-\u00eatre \u00e0 Asni\u00e8res. Mon p\u00e8re \u00e0 moi, ce fut l'Alg\u00e9rie. Silence et regards vides. Un sac plastique dans une armoire, b\u00e9ret rouge, pri\u00e8re du parachutiste, autographe de Bigeard. Brassens pour seul pont entre nous. Le fils fit aussi la guerre, comme le p\u00e8re du p\u00e8re, comme celui d'avant. Sauf moi. Jamais \u00e0 la guerre. Pas m\u00eame p\u00e8re. \u00c7a laisse du vide. Une envie de combler. J'ai pris un appareil photo, cherch\u00e9 la guerre ailleurs. Iran. Afghanistan. Et toujours ce besoin de comprendre. Les p\u00e8res, les guerres, le silence. Tout s'entrem\u00eale. Le langage change. On apprend \u00e0 lire dans les silences, dans les objets, les odeurs. Le vide laisse des traces. Il n\u2019y a pas eu un seul voyage qui ne fut pas comme sauter d\u2019un train en marche. Tous les p\u00e8res connus et inconnus ont l\u00e9gu\u00e9 ce go\u00fbt \u00e9trange pour l\u2019ailleurs, pour ce qui \u00e9chappe, pour le rien m\u00eame. \u00catre p\u00e8re, parfois, ce serait peut-\u00eatre vouloir boucher un trou. Ne pas le regarder en face. Moi je l\u2019ai regard\u00e9. Et parfois j\u2019y suis tomb\u00e9. Difficile de r\u00e9sister \u00e0 l\u2019envie du r\u00e9cit. Chaque p\u00e8re m\u00e9riterait son roman, ou au moins sa note en bas de page. Mais l\u2019envie est moins vive. Il y a eu trop de p\u00e8res. Et trop peu d\u2019enfants. La n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019\u00e9crire vient peut-\u00eatre de l\u00e0. De ce manque-l\u00e0. Si j\u2019avais eu des enfants, j\u2019aurais peut-\u00eatre peint autrement, ou pas du tout. On ne saura jamais. Les choses se sont pass\u00e9es autrement. Alors je voyage. J\u2019ai voyag\u00e9 pour comprendre ces hommes. Ces p\u00e8res. En esp\u00e9rant que leurs silences, leurs objets, leurs gestes en disent un peu plus. Peut-\u00eatre qu\u2019il faut lire autrement. Dans les plis d\u2019une chemise, dans la rigidit\u00e9 d\u2019une m\u00e2choire ras\u00e9e de frais. Ce genre d\u2019indices. Je n\u2019ai pas fait la guerre. Mais elle m\u2019a quand m\u00eame sali les mains. \u00c0 force de la suivre de loin. D\u2019en faire le tour sans jamais entrer. Une guerre p\u00e9riph\u00e9rique. Mais tenace. Un peu de paix ferait du bien apr\u00e8s tout \u00e7a. \u00catre un homme sans enfants. Un homme qui passe. Rien d\u2019h\u00e9ro\u00efque. Juste un type. On vit. On perd. On gagne. On essaie. C\u2019est tout. Rouge manque. Pair impair. Rien ne va plus. Le vide est toujours l\u00e0, mais il fait moins peur. ",
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"title": "carr\u00e9 40x40cm Huile sur toile",
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"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " r\u00e9alisation Mars 2023<\/p>",
"content_text": " \u00e9tape 1 \u00e9tape 2 \u00e9tape 3 stabilisation 3 \u00e9tapes et une stabilisation \n\nr\u00e9alisation Mars 2023 ",
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"title": "carr\u00e9 60x60 cm",
"date_published": "2023-03-05T15:57:54Z",
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\nLes 4 saisons de Vivaldi , en voici une l\u00e9gende.<\/p>\nUne liste de courses <\/h2>
\n
Y a t’il un fond ?<\/h2>
Citations <\/h2>\n
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"content_text": " \u00c0 partir d\u2019un m\u00eame lieu, une continuit\u00e9 de mots. Haricots verts, poulailler, porte, oseille, cerises, cerisier, poirier, cerises aigres, la b\u00eache, le r\u00e2teau, le parterre, l\u2019all\u00e9e, le jardin. Le petit mur, le champ, le lait, le pot au lait, la ferme, le soir, la tomb\u00e9e de la nuit, la peur. Les b\u00fbches, les rondins, les st\u00e8res, la chemin\u00e9e, le feu, les livres, le bureau, les pipes, le bois, la for\u00eat. Sylvestre. L\u2019escalier, le premier \u00e9tage, l\u2019\u00e9tage, la cave, le grenier, les pi\u00e8ces, le salon, la cuisine, la chambre des enfants, la chambre des parents, l\u2019armoire, la commode, le plancher, la moquette, les tapis, le linol\u00e9um, le carrelage. La salle de bains. La douche, la baignoire, l\u2019armoire de la salle de bain, la pierre ponce, le gant de toilette, la serviette de bain. Le chauffe-eau. Le radiateur \u00e9lectrique. Le confort. Le vestibule. La penderie. Les monstres. La tonnelle, les branches, le couteau, l\u2019\u00e9pluchage, l\u2019arc, la corde, la fl\u00e8che, l\u2019indien. La chambre \u00e0 air de camion, les ciseaux de couture, le holster, la bou\u00e9e, l\u2019\u00e9tang, le garage des Renards, l\u2019odeur d\u2019essence. Le jeudi, les jeux, le copain, le stylo, le bl\u00e9, les crocodiles dans la fosse, les flashs, le v\u00e9lo, la libert\u00e9. Les carri\u00e8res, le trou, la grotte, creuser, s\u2019enfouir, le noir, la terre, sous terre, souterrain, galeries, la Chine. Le ciel, l\u2019horizon, la colline, le champ, l\u2019espace, la route, le temps. Les cosses, les petits pois, le raisin, la salade, l\u2019ortie, la soupe, le poivre, la nappe, la toile cir\u00e9e, la gazini\u00e8re, l\u2019\u00e9vier, la passoire, la cr\u00e8me \u00e0 r\u00e9curer, la paille de fer, la louche, la l\u00e8chefrite, le four, le poulet r\u00f4ti du dimanche, la peau du lapin, la patte porte-bonheur. Le clapier, les fanes, la grille, le sang, l\u2019\u0153il. Le fumier, les vers, les lombrics, les trous dans le couvercle, la p\u00eache, la canne, le lancer, le fil, la plomb\u00e9e, la bourriche, le Cher, le gardon, l\u2019ablette, l\u2019asticot, les galets, la rivi\u00e8re, les haies, les vaches, le taureau, la pluie, l\u2019herbe mouill\u00e9e, les cuissardes, le moulinet, la cuill\u00e8re, la mouche, les nanas, les perches arc-en-ciel, le menu fretin, la belle prise, l\u2019anguille, la carpe, le brochet. Le vernis, l\u2019odeur du vernis, la t\u00eate des brochets, des troph\u00e9es. L\u2019instituteur, la blouse grise, le s\u00e9rieux, la barbe, les lunettes, la r\u00e8gle en fer, la r\u00e8gle de grammaire, la r\u00e8gle d\u2019orthographe, la r\u00e8gle \u00e0 calcul, la baignoire qui se vide, le robinet qui coule, les devoirs, l\u2019absence, la faute, la punition, l\u2019odeur de craie, l\u2019encrier, la plume sergent-major, le pupitre, la case. Les marronniers, le pr\u00e9au, la cour de r\u00e9cr\u00e9ation, la bille, le calot, les filles, les gendarmes, les doryphores, en rang par deux, le porte-manteau, le tableau noir, le coucou qui chante, le corbeau qui passe, l\u2019hirondelle qui revient. Le chemin de l\u2019\u00e9cole, le pont du Cher, le bourg, la gare, le canal, le pont au-dessus du canal, le Cr\u00e9dit Agricole, l\u2019\u00e9glise, le bistrot, la boulangerie, le bureau de tabac, les bonbons, les roudoudous, le r\u00e9glisse, l\u2019argent de poche, le partage, l\u2019injustice, le vol, les mensonges, la bagarre, les pauvres, le Cluzeau, Thierry la Fronde, Robin des Bois. Les gendarmes et les voleurs, les cow-boys et les indiens, la cabane, le refuge, les arbres, la for\u00eat, les champignons, l\u2019humus, les gouttes qui s\u2019\u00e9gouttent, les branches qui craquent, les biches, les sangliers. L\u2019\u00e9cole buissonni\u00e8re. \u00c0 partir d\u2019un m\u00eame lieu, une continuit\u00e9 de mots. ",
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"tags": ["Espaces lieux ", "Narration et Exp\u00e9rimentation"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Continuite-d-un-lieu.html",
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"title": "Continuit\u00e9 d'un lieu",
"date_published": "2023-03-18T05:15:52Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
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"content_text": " Cheptel. Gide employait d\u00e9j\u00e0 ce mot pour parler de la dictature des soviets. C\u2019\u00e9tait avant que l\u2019histoire n\u2019ait tout \u00e0 fait tourn\u00e9, qu\u2019elle n\u2019ait bascul\u00e9 dans ce que nous savons \u00e0 pr\u00e9sent, \u00e0 distance de quelques d\u00e9cennies, o\u00f9 le nom des choses se d\u00e9tache, se d\u00e9lite, comme le rev\u00eatement d\u2019un mur oubli\u00e9 dans une grange aux ardoises fendues. On logeait, on nourrissait, on occupait les hommes, \u00e0 la t\u00e2che, aux casernes, dans les champs. On r\u00e9gentait la pens\u00e9e comme on discipline les troupeaux, dans une direction fixe, une seule. Un bloc de b\u00e9tail humain qu\u2019il fallait tenir, pour ne pas que \u00e7a s\u2019\u00e9parpille, ne pas que \u00e7a pense. Le capital a pris la suite. Caput, capital, cheptel : les mots forment des cl\u00f4tures, les syllabes se scellent, s\u2019aimantent, comme des morceaux de ferraille qui se rencontrent au fond d\u2019un champ, contre le vieux hangar o\u00f9 le vent s\u2019engouffre, glac\u00e9, depuis les failles de l\u2019hiver. Aujourd\u2019hui, il n\u2019y a plus besoin de rangs. La dictature a troqu\u00e9 les drapeaux contre des \u00e9crans. Elle nous pr\u00e9vient, nous renseigne, nous actualise. Les chiffres d\u00e9filent, les morts, les soldats, les migrants, les quotas. Les corps empil\u00e9s, les dents, les chaussures. Peu importe o\u00f9, peu importe pourquoi. C\u2019est l\u00e0, sur l\u2019\u00e9cran. Une mati\u00e8re vide, une information brute. Une somme de souffrance dont le calcul reste abstrait, irr\u00e9el. Ce qui compte, c\u2019est que \u00e7a d\u00e9file, que \u00e7a continue, pour maintenir l\u2019espace satur\u00e9 d\u2019images et de bruit. Le b\u00e9tail humain b\u00eale o\u00f9 on lui dit de b\u00ealer. Il meugle l\u00e0 o\u00f9 on lui dit de meugler. Les \u00e9missions, les publicit\u00e9s, les images de guerre, tout se fond dans un m\u00eame continuum, sans distinction, sans relief. On remplit le vide, on s\u2019invente des histoires, on fabrique des h\u00e9ros de fortune et des carri\u00e8res pr\u00e9caires. On montre les bouffons, on agite des drapeaux, on applaudit. La peur est servie \u00e0 la louche, dilu\u00e9e dans des pots de yaourt bon march\u00e9. Et puis, quand la plan\u00e8te sera morte, quand tout aura bascul\u00e9 dans l\u2019absurde, il restera quoi ? Quelques burgers d\u2019algues, un lot de souvenirs us\u00e9s, des slogans publicitaires encr\u00e9s dans les m\u00e9moires fl\u00e9tries. Les riches auront migr\u00e9 sur une autre terre, les machines auront remplac\u00e9 le vivant, les abeilles robotis\u00e9es polliniseront les restes des ruines. Et nous, b\u00e9tail humain, on sera rest\u00e9 l\u00e0, \u00e0 ruminer l\u2019id\u00e9e qu\u2019on a fini par ne plus \u00eatre que \u00e7a : des corps entass\u00e9s, des souvenirs dissous, un fond de m\u00e9moire qui s\u2019effrite, se d\u00e9tache des murs humides de l\u2019oubli. ",
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"tags": ["Technologies et Postmodernit\u00e9"]
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"id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Simulation.html",
"url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Simulation.html",
"title": "Simulation",
"date_published": "2023-03-16T04:20:32Z",
"date_modified": "2025-05-10T16:03:19Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "<\/span>
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\u00e9tape 1<\/p>\n
\u00e9tape 2<\/p>\n
un avant tableau 1<\/p>\n
\u00e9tape 1<\/p>\n
\u00e9tape 2<\/p>\n
un avant tableau 2
\ndeux carr\u00e9s 20x20 avant toute id\u00e9e de tableau. (acrylique sur panneau de bois )<\/p>",
"content_text": " \n\nrepousse le mot \n\nrentre dans l'espace de la chose \n\nc'est \u00e9troit \n\nplier ranger tout ce qui sort \n\nmembres tentacules \n\npour s'accrocher mains doigts paroles \n\net sois chose nue, \n\nune \u00e0 se voir double \n\n\u00e0 borgne \u00e0 aveugle encore plus \n\ndont l'un dort dans le mot encore \n\nrepousse ce \n\nqui cl\u00f4ture l'autre chose \n\nveille implore \n\nnu face \u00e0 nu \n\nsilex contre silex \n\nle bras se l\u00e8ve \n\net retombe \n\n\u00e9tincelle d\u00e9sir\u00e9e \n\nau bout du bras \n\ncomme de l'autre \n\nchoc \n\ncancer \n\nfeu hante le feu \n\nl'ordre cr\u00e9e le d\u00e9sordre \n\net l'envers son endroit \n\nLa chose muette \n\net \u00e7a muet \n\navant que vient le caillou \n\nne se dresse arbre. \u00e9tape 1 \u00e9tape 2 un avant tableau 1 \u00e9tape 1 \u00e9tape 2 un avant tableau 2 deux carr\u00e9s 20x20 avant toute id\u00e9e de tableau. (acrylique sur panneau de bois ) ",
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"tags": ["peinture", "r\u00e9flexions sur l'art"]
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"title": "Concordance des temps",
"date_published": "2023-03-10T06:24:07Z",
"date_modified": "2025-05-09T14:39:59Z",
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\u00e9tape 1<\/p>\n
\u00e9tape 2<\/p>\n
\u00e9tape 3<\/p>\n
stabilisation
\n3 \u00e9tapes et une stabilisation<\/p>\n
1 \u00e8re \u00e9tape<\/p>\n
2 \u00e8me \u00e9tape<\/p>\n
3eme \u00e9tape<\/p>\n
stabilisation
\n 3 \u00e9tapes de r\u00e9alisation et une stabilisation<\/p>\n<\/span>
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"content_text": " 1 \u00e8re \u00e9tape 2 \u00e8me \u00e9tape 3eme \u00e9tape stabilisation 3 \u00e9tapes de r\u00e9alisation et une stabilisation ",
"image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/argile-et-ciel-web.jpg?1748065105",
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"title": "difficult\u00e9 des inventaires",
"date_published": "2023-03-05T02:33:37Z",
"date_modified": "2025-05-02T03:34:07Z",
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