{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/disparitions-2763.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/disparitions-2763.html", "title": "Disparitions", "date_published": "2023-05-31T06:11:44Z", "date_modified": "2025-05-24T07:11:15Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s\u2019y \u00eatre arr\u00eat\u00e9es. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu\u2019ils font sur WordPress. Et je tombe sur :<\/p>\n

L\u2019auteur a effac\u00e9 son site.<\/p>\n

\u00c9videmment, \u00e7a m\u2019embarque dans les all\u00e9es d\u2019un vieux cimeti\u00e8re, peut-\u00eatre celui du P\u00e8re Lachaise. Il y a les tombes c\u00e9l\u00e8bres, les visites oblig\u00e9es. Mais ce que je garde en m\u00e9moire, c\u2019est l\u2019\u00e9motion particuli\u00e8re face \u00e0 une s\u00e9pulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effac\u00e9. Parfois, juste une nuance de terre signale qu\u2019un corps repose l\u00e0.<\/p>\n

Voir un site “effac\u00e9 par son auteur” provoque un trouble semblable.<\/p>\n

Je pense \u00e0 septembre, au blog que je n\u2019ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse.<\/p>\n

Comment quitter la table avec \u00e9l\u00e9gance ?<\/p>\n

J\u2019ai tout sauvegard\u00e9, au cas o\u00f9 WordPress d\u00e9cide de tout effacer \u00e0 l\u2019\u00e9ch\u00e9ance. Peut-\u00eatre que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un h\u00e9bergeur plus abordable.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre qu\u2019il faut accepter de tourner la derni\u00e8re page, pour pouvoir en ouvrir une autre.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre que je ne toucherai \u00e0 rien. Et je verrai bien ce qui se passe.<\/p>\n

C\u2019est plut\u00f4t \u00e7a, mon style : faire avec.<\/p>\n

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>", "content_text": " Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s\u2019y \u00eatre arr\u00eat\u00e9es. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu\u2019ils font sur WordPress. Et je tombe sur : L\u2019auteur a effac\u00e9 son site. \u00c9videmment, \u00e7a m\u2019embarque dans les all\u00e9es d\u2019un vieux cimeti\u00e8re, peut-\u00eatre celui du P\u00e8re Lachaise. Il y a les tombes c\u00e9l\u00e8bres, les visites oblig\u00e9es. Mais ce que je garde en m\u00e9moire, c\u2019est l\u2019\u00e9motion particuli\u00e8re face \u00e0 une s\u00e9pulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effac\u00e9. Parfois, juste une nuance de terre signale qu\u2019un corps repose l\u00e0. Voir un site \u201ceffac\u00e9 par son auteur\u201d provoque un trouble semblable. Je pense \u00e0 septembre, au blog que je n\u2019ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse. Comment quitter la table avec \u00e9l\u00e9gance ? J\u2019ai tout sauvegard\u00e9, au cas o\u00f9 WordPress d\u00e9cide de tout effacer \u00e0 l\u2019\u00e9ch\u00e9ance. Peut-\u00eatre que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un h\u00e9bergeur plus abordable. Ou peut-\u00eatre qu\u2019il faut accepter de tourner la derni\u00e8re page, pour pouvoir en ouvrir une autre. Ou peut-\u00eatre que je ne toucherai \u00e0 rien. Et je verrai bien ce qui se passe. C\u2019est plut\u00f4t \u00e7a, mon style : faire avec. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/les-saltimbanque-1c81a834.jpg?1748070635", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-si.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-si.html", "title": "Comme si", "date_published": "2023-05-30T08:06:04Z", "date_modified": "2025-10-17T16:13:33Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

c\u2019est comme si [c\u00e9comci]<\/p>\n

Une condition pour qu\u2019il y ait du similaire, du semblable, sinon \u00e7a reste monstrueux. Si c\u2019est presque emblable<\/em>, le comme<\/em> tombe comme un cheveu dans la soupe. Le comme devient alors insens\u00e9.\nJustement, plong\u00e9e dans l\u2019insens\u00e9.<\/p>\n

Comme si de vieilles lunes, d\u00e9j\u00e0, \u00e9taient mille fois tomb\u00e9es sur Terre, emportant dans leurs d\u00e9bris les vivants d\u2019autrefois, surpris en plein r\u00eave.<\/p>\n

Comme si, dans les r\u00e9cits r\u00e9dig\u00e9s en sanskrit, on ne racontait pas des histoires pour enfants sages, mais de vraies histoires cruelles et sanglantes, et o\u00f9 le mal d\u00e9j\u00e0 montrait le vilain bout de son nez.<\/p>\n

Comme si les dieux \u00e9taient des \u00eatres de chair et de sang vraiment, tout aussi impitoyables et col\u00e9riques que nous le sommes envers nous-m\u00eames. Comme si leur image n\u2019\u00e9tait pas pur effet de style. Comme si l\u2019\u00e9ternit\u00e9 dont nous r\u00eavons, la rose ne la r\u00eavait pas aussi, mais la vivait d\u00e9sormais comme nous ne la vivons plus.<\/p>\n

Comme si la rose la vivait d\u2019autant plus fort que nous ne la r\u00eavons plus, pour compenser le manque et redresser un \u00e9quilibre oubli\u00e9, d\u00e9faillant.<\/p>\n

Comme si les ours avaient enseign\u00e9 \u00e0 nos anc\u00eatres, il y a 300 000 ans, \u00e0 utiliser les anfractuosit\u00e9s de la roche pour faire na\u00eetre le vivant au travers de la magie du dessin, en utilisant du bois br\u00fbl\u00e9, de la terre d\u2019ocre.<\/p>\n

Comme si ridicule est ce milliardaire qui se bourre de g\u00e9lules pour garder une peau de b\u00e9b\u00e9, que cet autre, plein aux as, r\u00eavait de conqu\u00e9rir Mars la rouge, qui fut jadis probablement notre origine.<\/p>\n

Comme si les choses s\u2019acc\u00e9l\u00e8rent d\u00e9sormais, \u00e0 un point de non-retour tel que rien ne pourrait plus \u00eatre arr\u00eat\u00e9, sauf par un miracle ou un cataclysme.<\/p>\n

Comme si l\u2019arriv\u00e9e des flottes extraterrestres allait compenser la fuite fiscale des consortiums qui, sur notre dos, se sont tant gav\u00e9s.<\/p>\n

Comme si la voiture \u00e9lectrique, le robot aspirateur \u00e9lectrique, la vitre \u00e9lectrique, le vibromasseur \u00e9lectrique allaient fournir la moindre impulsion \u00e9lectrique \u00e0 nos c\u0153urs \u00e9teints.<\/p>\n

Comme si l\u2019enc\u00e9phalogramme plat allait bondir \u00e0 nouveau vers une orgie de synapses.<\/p>\n

Comme si les bruits de bottes allaient \u00eatre \u00e9touff\u00e9s par les spots publicitaires \u00e0 gogo, les trois pour le prix d\u2019un, les promos.<\/p>\n

C\u2019est comme si Rome, Ath\u00e8nes tombaient encore et encore, en direct au journal de 20 h, et que nous en restions indiff\u00e9rents, d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s. Comme si la seule sensation valide \u00e9tait encore celle du pouce zappant sur les boutons des cha\u00eenes de nos t\u00e9l\u00e9commandes.<\/p>\n

C\u2019est comme si mai tournait en eau de boudin, que le printemps, jadis si gai, devenait tout \u00e0 coup, comme tout le reste, poussif en nos t\u00eates et c\u0153urs.<\/p>\n

C\u2019est comme si, dans le ciel, les oiseaux se fichaient de nos tourments de riches, d\u2019opulents, et qu\u2019ils partent encore \u00e0 la qu\u00eate de leurs r\u00eaves de nids, de prog\u00e9niture, en s\u2019en moquant.<\/p>", "content_text": " c\u2019est comme si [c\u00e9comci] Une condition pour qu\u2019il y ait du similaire, du semblable, sinon \u00e7a reste monstrueux. Si c\u2019est *presque emblable*, le *comme* tombe comme un cheveu dans la soupe. Le comme devient alors insens\u00e9. Justement, plong\u00e9e dans l\u2019insens\u00e9. Comme si de vieilles lunes, d\u00e9j\u00e0, \u00e9taient mille fois tomb\u00e9es sur Terre, emportant dans leurs d\u00e9bris les vivants d\u2019autrefois, surpris en plein r\u00eave. Comme si, dans les r\u00e9cits r\u00e9dig\u00e9s en sanskrit, on ne racontait pas des histoires pour enfants sages, mais de vraies histoires cruelles et sanglantes, et o\u00f9 le mal d\u00e9j\u00e0 montrait le vilain bout de son nez. Comme si les dieux \u00e9taient des \u00eatres de chair et de sang vraiment, tout aussi impitoyables et col\u00e9riques que nous le sommes envers nous-m\u00eames. Comme si leur image n\u2019\u00e9tait pas pur effet de style. Comme si l\u2019\u00e9ternit\u00e9 dont nous r\u00eavons, la rose ne la r\u00eavait pas aussi, mais la vivait d\u00e9sormais comme nous ne la vivons plus. Comme si la rose la vivait d\u2019autant plus fort que nous ne la r\u00eavons plus, pour compenser le manque et redresser un \u00e9quilibre oubli\u00e9, d\u00e9faillant. Comme si les ours avaient enseign\u00e9 \u00e0 nos anc\u00eatres, il y a 300 000 ans, \u00e0 utiliser les anfractuosit\u00e9s de la roche pour faire na\u00eetre le vivant au travers de la magie du dessin, en utilisant du bois br\u00fbl\u00e9, de la terre d\u2019ocre. Comme si ridicule est ce milliardaire qui se bourre de g\u00e9lules pour garder une peau de b\u00e9b\u00e9, que cet autre, plein aux as, r\u00eavait de conqu\u00e9rir Mars la rouge, qui fut jadis probablement notre origine. Comme si les choses s\u2019acc\u00e9l\u00e8rent d\u00e9sormais, \u00e0 un point de non-retour tel que rien ne pourrait plus \u00eatre arr\u00eat\u00e9, sauf par un miracle ou un cataclysme. Comme si l\u2019arriv\u00e9e des flottes extraterrestres allait compenser la fuite fiscale des consortiums qui, sur notre dos, se sont tant gav\u00e9s. Comme si la voiture \u00e9lectrique, le robot aspirateur \u00e9lectrique, la vitre \u00e9lectrique, le vibromasseur \u00e9lectrique allaient fournir la moindre impulsion \u00e9lectrique \u00e0 nos c\u0153urs \u00e9teints. Comme si l\u2019enc\u00e9phalogramme plat allait bondir \u00e0 nouveau vers une orgie de synapses. Comme si les bruits de bottes allaient \u00eatre \u00e9touff\u00e9s par les spots publicitaires \u00e0 gogo, les trois pour le prix d\u2019un, les promos. C\u2019est comme si Rome, Ath\u00e8nes tombaient encore et encore, en direct au journal de 20 h, et que nous en restions indiff\u00e9rents, d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s. Comme si la seule sensation valide \u00e9tait encore celle du pouce zappant sur les boutons des cha\u00eenes de nos t\u00e9l\u00e9commandes. C\u2019est comme si mai tournait en eau de boudin, que le printemps, jadis si gai, devenait tout \u00e0 coup, comme tout le reste, poussif en nos t\u00eates et c\u0153urs. C\u2019est comme si, dans le ciel, les oiseaux se fichaient de nos tourments de riches, d\u2019opulents, et qu\u2019ils partent encore \u00e0 la qu\u00eate de leurs r\u00eaves de nids, de prog\u00e9niture, en s\u2019en moquant. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal-1-121065bf-b4f45.jpg?1760717386", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/pessoa-comme-lautreamont.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/pessoa-comme-lautreamont.html", "title": "Pessoa comme Lautr\u00e9amont", "date_published": "2023-05-30T07:35:49Z", "date_modified": "2025-10-23T07:44:44Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je l’avais lu t\u00f4t, l’intranquillit\u00e9 de Pessoa r\u00e9sonnait tellement bien avec la mienne. Trop t\u00f4t peut-\u00eatre, j’aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l’avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase<\/p>\n

« vivre cela n’est rien, naviguer est pr\u00e9cieux » ou encore celle-ci, « je ne suis rien mais en moi il y a tous les r\u00eaves du monde... »<\/p>\n

Elle auront achev\u00e9 une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir \u00eatre quelqu’un et certainement avant m\u00eame que je commence \u00e0 en prendre conscience.<\/p>\n

Pas \u00e9tonnant de voir que Lautr\u00e9amont \u00e9voque \u00e9galement cette n\u00e9cessit\u00e9 d’an\u00e9antissement de l’auteur.<\/p>\n

Pessoa comme Lautr\u00e9amont comme on pourrait dire \u00e9toile comme fleur.<\/p>\n

L’utilisation d’un comme n\u00e9cessite une disparition, d’abattre certaines cloisons.<\/p>\n

Il ne s’agit plus de m\u00e9taphore au sens o\u00f9 on utilise la m\u00e9taphore par d\u00e9faut ou par facilit\u00e9.<\/p>\n

Tout au contraire. On use du comme comme d’une gomme.<\/p>\n

Maintenant concernant la conscience que l’on peut continuer \u00e0 entretenir durant la mort comme<\/em> de son vivant, il s’agit probablement de la m\u00eame chose, c’est \u00e0 dire se r\u00e9soudre \u00e0 passer par le goulot \u00e9troit de cet an\u00e9antissement. De mettre fin \u00e0 une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d’une r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Une absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus frein\u00e9s.<\/p>\n

Les mots sont comme des bolides qui traversent l’espace int\u00e9rieur, et partant rendent compte de l’existence d’un tel espace. Qu’on puisse les projeter ensuite vers l’ext\u00e9rieur n\u00e9cessite l’invention d’un ext\u00e9rieur \u00e9galement.<\/p>\n

On pourrait dire alors l’int\u00e9rieur comme<\/em> l’ext\u00e9rieur.<\/p>\n

J’ai souvent pens\u00e9 non pas \u00e0 la mort mais \u00e0 qui j’\u00e9tais avant de venir au monde. Avant de naitre et apr\u00e8s-vivre, n’est-ce pas tout comme<\/em>, abstraction faite de toutes les p\u00e9rip\u00e9ties.<\/p>\n

tr\u00e8s m\u00e9taphysique ce mardi.<\/p>", "content_text": "Je l'avais lu t\u00f4t, l'intranquillit\u00e9 de Pessoa r\u00e9sonnait tellement bien avec la mienne. Trop t\u00f4t peut-\u00eatre, j'aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l'avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase \n\n\"vivre cela n'est rien, naviguer est pr\u00e9cieux\" ou encore celle-ci, \"je ne suis rien mais en moi il y a tous les r\u00eaves du monde...\" \n\nElle auront achev\u00e9 une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir \u00eatre quelqu'un et certainement avant m\u00eame que je commence \u00e0 en prendre conscience.\n\nPas \u00e9tonnant de voir que Lautr\u00e9amont \u00e9voque \u00e9galement cette n\u00e9cessit\u00e9 d'an\u00e9antissement de l'auteur.\n\nPessoa comme Lautr\u00e9amont comme on pourrait dire \u00e9toile comme fleur.\n\nL'utilisation d'un comme n\u00e9cessite une disparition, d'abattre certaines cloisons.\n\nIl ne s'agit plus de m\u00e9taphore au sens o\u00f9 on utilise la m\u00e9taphore par d\u00e9faut ou par facilit\u00e9.\n\nTout au contraire. On use du comme comme d'une gomme.\n\nMaintenant concernant la conscience que l'on peut continuer \u00e0 entretenir durant la mort comme de son vivant, il s'agit probablement de la m\u00eame chose, c'est \u00e0 dire se r\u00e9soudre \u00e0 passer par le goulot \u00e9troit de cet an\u00e9antissement. De mettre fin \u00e0 une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d'une r\u00e9alit\u00e9.\n\nUne absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus frein\u00e9s.\n\nLes mots sont comme des bolides qui traversent l'espace int\u00e9rieur, et partant rendent compte de l'existence d'un tel espace. Qu'on puisse les projeter ensuite vers l'ext\u00e9rieur n\u00e9cessite l'invention d'un ext\u00e9rieur \u00e9galement.\n\nOn pourrait dire alors l'int\u00e9rieur comme l'ext\u00e9rieur. \n\nJ'ai souvent pens\u00e9 non pas \u00e0 la mort mais \u00e0 qui j'\u00e9tais avant de venir au monde. Avant de naitre et apr\u00e8s-vivre, n'est-ce pas tout comme, abstraction faite de toutes les p\u00e9rip\u00e9ties.\n\ntr\u00e8s m\u00e9taphysique ce mardi.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal20-4d4e8489.jpg?1761205451", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-mai-2023-485.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-mai-2023-485.html", "title": "23 mai 2023", "date_published": "2023-05-23T09:01:00Z", "date_modified": "2024-11-25T10:01:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?
\nChaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.
\nQuand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.
\nLe temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?
\nCette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.
\nMais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.
\nLa seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.
\nD\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.
\nRester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.
\nEtre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.<\/p>", "content_text": "J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ? Chaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient. Quand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre. Le temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ? Cette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9. Mais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave. La seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples. D\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique. Rester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique. Etre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/naissance-des-formes1.webp?1748065163", "tags": [] } ] }