{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/disparitions-2763.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/disparitions-2763.html", "title": "Disparitions", "date_published": "2023-05-31T06:11:44Z", "date_modified": "2025-05-24T07:11:15Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s\u2019y \u00eatre arr\u00eat\u00e9es. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu\u2019ils font sur WordPress. Et je tombe sur :<\/p>\n

L\u2019auteur a effac\u00e9 son site.<\/p>\n

\u00c9videmment, \u00e7a m\u2019embarque dans les all\u00e9es d\u2019un vieux cimeti\u00e8re, peut-\u00eatre celui du P\u00e8re Lachaise. Il y a les tombes c\u00e9l\u00e8bres, les visites oblig\u00e9es. Mais ce que je garde en m\u00e9moire, c\u2019est l\u2019\u00e9motion particuli\u00e8re face \u00e0 une s\u00e9pulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effac\u00e9. Parfois, juste une nuance de terre signale qu\u2019un corps repose l\u00e0.<\/p>\n

Voir un site “effac\u00e9 par son auteur” provoque un trouble semblable.<\/p>\n

Je pense \u00e0 septembre, au blog que je n\u2019ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse.<\/p>\n

Comment quitter la table avec \u00e9l\u00e9gance ?<\/p>\n

J\u2019ai tout sauvegard\u00e9, au cas o\u00f9 WordPress d\u00e9cide de tout effacer \u00e0 l\u2019\u00e9ch\u00e9ance. Peut-\u00eatre que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un h\u00e9bergeur plus abordable.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre qu\u2019il faut accepter de tourner la derni\u00e8re page, pour pouvoir en ouvrir une autre.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre que je ne toucherai \u00e0 rien. Et je verrai bien ce qui se passe.<\/p>\n

C\u2019est plut\u00f4t \u00e7a, mon style : faire avec.<\/p>\n

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>", "content_text": " Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s\u2019y \u00eatre arr\u00eat\u00e9es. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu\u2019ils font sur WordPress. Et je tombe sur : L\u2019auteur a effac\u00e9 son site. \u00c9videmment, \u00e7a m\u2019embarque dans les all\u00e9es d\u2019un vieux cimeti\u00e8re, peut-\u00eatre celui du P\u00e8re Lachaise. Il y a les tombes c\u00e9l\u00e8bres, les visites oblig\u00e9es. Mais ce que je garde en m\u00e9moire, c\u2019est l\u2019\u00e9motion particuli\u00e8re face \u00e0 une s\u00e9pulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effac\u00e9. Parfois, juste une nuance de terre signale qu\u2019un corps repose l\u00e0. Voir un site \u201ceffac\u00e9 par son auteur\u201d provoque un trouble semblable. Je pense \u00e0 septembre, au blog que je n\u2019ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse. Comment quitter la table avec \u00e9l\u00e9gance ? J\u2019ai tout sauvegard\u00e9, au cas o\u00f9 WordPress d\u00e9cide de tout effacer \u00e0 l\u2019\u00e9ch\u00e9ance. Peut-\u00eatre que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un h\u00e9bergeur plus abordable. Ou peut-\u00eatre qu\u2019il faut accepter de tourner la derni\u00e8re page, pour pouvoir en ouvrir une autre. Ou peut-\u00eatre que je ne toucherai \u00e0 rien. Et je verrai bien ce qui se passe. C\u2019est plut\u00f4t \u00e7a, mon style : faire avec. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/les-saltimbanque-1c81a834.jpg?1748070635", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/31052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/31052023.html", "title": "31052023", "date_published": "2023-05-31T05:50:00Z", "date_modified": "2025-11-08T14:40:06Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c’est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper<\/em> ainsi qu’il est d’usage d’employer ce mot.<\/p>\n

Mais si l’on utilise ce risque comme ressort de l’histoire, que se passe t’il ?<\/p>\n

Admettons un \u00e9crivain qui perd la m\u00e9moire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps \u00e0 tout modifier... non par malice bien s\u00fbr, mais parce qu’il ne peut faire autrement d\u00e9sormais.<\/p>\n

Comme en peinture le doute et l’h\u00e9sitation provoqueraient un flop \u00e0 coup sur. Donc c’est en assumant totalement cette perte de m\u00e9moire, en y allant \u00e0 fond que \u00e7a risque d’\u00eatre vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui \u00e9crira cette histoire.<\/p>\n

A part \u00e7a je suis pass\u00e9 \u00e0 la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque \u0153il et un \u00e9blouissement fameux \u00e0 la sortie. Heureusement, mon \u00e9pouse m’a pr\u00eat\u00e9 ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole \u00e0 suivre avant l’op\u00e9ration que j’ai compl\u00e8tement zapp\u00e9 \u00e9videmment. Il fallait prendre une s\u00e9rie de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d’avouer au toubib que j’avais fait l’impasse. A un moment j’ai cru qu’il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez l\u00e0 je reviens, il m’a flanqu\u00e9 des gouttes \u00e0 lui dans chaque \u0153il j’ai eu l’impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les d\u00e9faillances d’un spot du plafond que je n’avais pas remarqu\u00e9es auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d’attente pour laisser le temps \u00e0 la pupille de se dilater et hop.<\/p>\n

Aucune douleur. Juste des \u00e9blouissements r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une t\u00eate, une oreille et fixer l’\u0153il sur cette cr\u00e9ation parfaitement imaginaire.<\/p>\n

\"— juste un peu plus bas si vous pouviez\" ajoutait-il parfois.<\/p>", "content_text": "Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c'est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper ainsi qu'il est d'usage d'employer ce mot.\n\nMais si l'on utilise ce risque comme ressort de l'histoire, que se passe t'il ?\n\nAdmettons un \u00e9crivain qui perd la m\u00e9moire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps \u00e0 tout modifier... non par malice bien s\u00fbr, mais parce qu'il ne peut faire autrement d\u00e9sormais.\n\nComme en peinture le doute et l'h\u00e9sitation provoqueraient un flop \u00e0 coup sur. Donc c'est en assumant totalement cette perte de m\u00e9moire, en y allant \u00e0 fond que \u00e7a risque d'\u00eatre vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui \u00e9crira cette histoire.\n\nA part \u00e7a je suis pass\u00e9 \u00e0 la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque \u0153il et un \u00e9blouissement fameux \u00e0 la sortie. Heureusement, mon \u00e9pouse m'a pr\u00eat\u00e9 ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole \u00e0 suivre avant l'op\u00e9ration que j'ai compl\u00e8tement zapp\u00e9 \u00e9videmment. Il fallait prendre une s\u00e9rie de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d'avouer au toubib que j'avais fait l'impasse. A un moment j'ai cru qu'il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez l\u00e0 je reviens, il m'a flanqu\u00e9 des gouttes \u00e0 lui dans chaque \u0153il j'ai eu l'impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les d\u00e9faillances d'un spot du plafond que je n'avais pas remarqu\u00e9es auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d'attente pour laisser le temps \u00e0 la pupille de se dilater et hop.\n\nAucune douleur. Juste des \u00e9blouissements r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une t\u00eate, une oreille et fixer l'\u0153il sur cette cr\u00e9ation parfaitement imaginaire.\n\n\"\u2014 juste un peu plus bas si vous pouviez\" ajoutait-il parfois.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1030jpgw758-ab0c0c5c-ebb7f.jpg?1762612422", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/assemblage.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/assemblage.html", "title": "Assemblage", "date_published": "2023-05-31T04:21:04Z", "date_modified": "2025-11-08T14:40:32Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et \u00e0 mesure des groupes de mots qui paraissent d\u00e9j\u00e0 vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derri\u00e8re les autres \u00e0 la queue leu leu. voir ensuite ce que \u00e7a fait.<\/code><\/p>\n<\/pre>\n

Grand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. \u0152uvre d’art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. D\u00e9couvrez le lien. D\u00e9couvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A d\u00e9faut de pr\u00e9tendre. Pour aller vers le r\u00e9el. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du syst\u00e8me. Conduire une politique. Repr\u00e9senter l’institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux d\u00e9placements. Le c\u00f4t\u00e9 professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse \u00e9crite. Corriger les in\u00e9galit\u00e9s. Un regard collectif. Nous ferons le n\u00e9cessaire. Dans ce style qui le d\u00e9finit si bien. Un r\u00e9cit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accabl\u00e9 de chagrin. Il s’est retir\u00e9 dans la solitude. Il commen\u00e7a \u00e0 se dire qu’une nouvelle vie \u00e9tait possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Prot\u00e9ger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une mal\u00e9diction p\u00e8serait sur la ville. Une r\u00e9alit\u00e9 objective. Commentaire autoris\u00e9 et d\u00e9cryptage. Si l’on doit caract\u00e9riser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contr\u00f4le au facies. Positiver le n\u00e9gatif. C’est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de m\u0153urs. La l\u00e9gitime d\u00e9fense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage m\u00e9diatique. Un quartier sensible. Coller \u00e0 son \u00e9poque. Des instances de m\u00e9diation. La voix de son ma\u00eetre.<\/p>", "content_text": "Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et \u00e0 mesure des groupes de mots qui paraissent d\u00e9j\u00e0 vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derri\u00e8re les autres \u00e0 la queue leu leu. voir ensuite ce que \u00e7a fait.\n\nGrand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. \u0152uvre d'art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. D\u00e9couvrez le lien. D\u00e9couvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A d\u00e9faut de pr\u00e9tendre. Pour aller vers le r\u00e9el. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du syst\u00e8me. Conduire une politique. Repr\u00e9senter l'institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux d\u00e9placements. Le c\u00f4t\u00e9 professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse \u00e9crite. Corriger les in\u00e9galit\u00e9s. Un regard collectif. Nous ferons le n\u00e9cessaire. Dans ce style qui le d\u00e9finit si bien. Un r\u00e9cit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accabl\u00e9 de chagrin. Il s'est retir\u00e9 dans la solitude. Il commen\u00e7a \u00e0 se dire qu'une nouvelle vie \u00e9tait possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Prot\u00e9ger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une mal\u00e9diction p\u00e8serait sur la ville. Une r\u00e9alit\u00e9 objective. Commentaire autoris\u00e9 et d\u00e9cryptage. Si l'on doit caract\u00e9riser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contr\u00f4le au facies. Positiver le n\u00e9gatif. C'est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de m\u0153urs. La l\u00e9gitime d\u00e9fense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage m\u00e9diatique. Un quartier sensible. Coller \u00e0 son \u00e9poque. Des instances de m\u00e9diation. La voix de son ma\u00eetre.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1027jpgw811-f8f5e7a1.jpg?1762612521", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-un-jour-de-plus.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-un-jour-de-plus.html", "title": "Comme un jour de plus", "date_published": "2023-05-30T17:06:12Z", "date_modified": "2025-11-08T14:38:29Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Toujours le m\u00eame exercice pour ceux qui suivent...<\/p>\n

Comme quoi\u2026 comme un cochon\u2026 comme un excentrique autour d\u2019un axe tar\u00e9\u2026 comme un jour sans pain\u2026 comme une moule claqu\u00e9e \u2026. Comme trente-six chandelles\u2026. Comme un coup de Sirocco\u2026 comme tu dis\u2026 comme elle est bien roul\u00e9e celle-l\u00e0\u2026 comme elle tu sais bien, machine \u2026 comme trois coups de cuill\u00e8re \u00e0 pot\u2026 comme un os dans le p\u00e2t\u00e9\u2026 comme de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 dans l\u2019air \u2026 comme \u00e7a ne mange pas de pain\u2026 comme ce n\u2019est pas press\u00e9\u2026 comme il a dit le M\u00f4ssieur\u2026 comme il est mignon le KIKI \u2026 comme chez vous, faites\u2026 comme nous l\u2019avons \u00e9crit nous le faisons\u2026 comme des \u0153ufs au plat\u2026 comme une limande\u2026 comme un \u00e2ne en rut\u2026 Comme si \u00e7a ne suffisait pas d\u00e9j\u00e0\u2026 comme dans du beurre.. Comme un coq en p\u00e2te\u2026 comme papa dans maman\u2026 comme un blanc\u2026 comme un gros rouge qui t\u00e2che\u2026 comme un bourrin\u2026 comme une p\u00e9dale\u2026 comme une danseuse\u2026 Comme un coup de trique\u2026 comme un r\u00eave\u2026 comme un air de reviens-y\u2026 comme dans le temps\u2026 comme (\u00e0 la guerre comme) \u2026 comme un seul homme\u2026 comme un troupeau de moutons\u2026 comme une frayeur\u2026 comme une \u00e9tincelle\u2026comme du pipi de chat\u2026 comme un gros blaireau\u2026 comme un castor\u2026 comme un ouragan\u2026 comme une andouille\u2026 comme une fleur\u2026 comme un poisson dans l\u2019eau\u2026 comme une fausse note\u2026 comme un ange qui passe\u2026 comme un train qui peut en cacher un autre\u2026 comme type tu te poses l\u00e0\u2026 comme on boit sans soif\u2026 comme on rit sans les yeux\u2026 comme on pleure des larmes de crocodile\u2026 comme se range des carrioles\u2026 comme on p\u00e8te dans la soie\u2026 comme qui dirait\u2026 comme la lune pas le doigt\u2026 comme des oignons align\u00e9s\u2026 comme un petit vent frais\u2026 comme un gros coup de pompe\u2026 Comme elle est venue elle est repartie\u2026 Comme quoi j\u2019avais bien raison\u2026 comme une cerise sur le g\u00e2teau\u2026 comme une parenth\u00e8se\u2026 comme une d\u00e9bandade\u2026 comme un coup de grisou.. Comme une maison ( gros ) \u2026 comme une chatte sur un toit br\u00fblant\u2026 comme un film au ralenti\u2026 comme un film \u00e0 l\u2019acc\u00e9l\u00e9r\u00e9\u2026 comme la mer et les poissons\u2026 comme du vent dans les voiles\u2026 comme un avion sans aile\u2026 comme une fourmi sans sucre\u2026 comme une mouche sans coche\u2026 comme un fleuve ass\u00e9ch\u00e9 \u2026 comme un lapin de la derni\u00e8re couv\u00e9e\u2026 comme un chien de ma chienne\u2026 comme une dent contre l\u2019autre\u2026 comme un nez au milieu de la figure\u2026 comme des rats\u2026 comme des sardines\u2026 comme aux heures de pointe\u2026 Comme chien et chat\u2026 comme de l\u2019eau de roche\u2026 Comme un mot de trop\u2026 Comme un aveu\u2026 comme un ciel de plomb\u2026 comme une plume\u2026 comme des pattes de mouche\u2026 comme un porc\u2026 comme une truie\u2026 comme un monstre\u2026 comme s\u2019il fallait remettre encore \u00e7a\u2026 comme j\u2019aurais voulu voir \u00e7a\u2026 Comme il perd rien pour attendre\u2026 comme une odeur de caoutchouc br\u00fbl\u00e9\u2026comme \u00e7a pue \u2026 comme une cr\u00eape\u2026 comme une orange\u2026 comme une pipe\u2026 comme une \u00e9claircie\u2026 comme le bout du tunnel\u2026 comme un coup de trop\u2026 comme de la petite bi\u00e8re\u2026 comme une ville d\u00e9serte\u2026 comme un coin paum\u00e9\u2026 comme un ch\u00e2teau de cartes\u2026 Comme des empreintes de doigt\u2026 comme une preuve par neuf\u2026 comme il fait chaud.. Comme il fait peur\u2026 comme il m\u2019emmerde\u2026 comme il parle pour ne rien dire\u2026 comme il ne dira strictement rien\u2026 comme des veaux\u2026 comme un b\u0153uf \u00e0 l\u2019abattoir\u2026 comme une fl\u00e8che en plein c\u0153ur \u2026 comme une machine dans ma t\u00eate\u2026 comme il est beau mon l\u00e9gionnaire\u2026 comme le loup le renard et la belette\u2026comme un air d\u2019accord\u00e9on\u2026 comme une chanson de Mac Orlan\u2026 comme un po\u00e8me de Pr\u00e9vert\u2026 comme une rue qui s\u2019\u00e9veille\u2026 comme une gr\u00e8ve de poubelle\u2026 comme une lettre \u00e0 la poste\u2026 comme une marque sur le front\u2026 comme un juif, un noir, un arabe\u2026 comme un gland\u2026 comme une pute\u2026 comme un peu de ros\u00e9e\u2026Comme une petite pointe d\u2019ail et de persil\u2026 comme un zeste de citron\u2026 comme c\u2019est alambiqu\u00e9 ton truc mon biquet\u2026 comme elle nous bassine\u2026 comme elle nous retourne\u2026 comme elle nous ach\u00e8ve\u2026 comme elle suce\u2026 comme elle fait les cent pas\u2026 comme elle fait le trottoir\u2026 comme il est con comme un balai\u2026 comme quoi d\u00e9j\u00e0 ?\u2026 Comme un cochon ! Comme l\u2019occasion fait le larron\u2026 comme un air de fandango\u2026comme un loir\u2026 comme une grue\u2026 comme une poule\u2026 comme un pou\u2026 comme des animaux\u2026 comme dans une bauge\u2026 comme un asticot\u2026 comme le ver dans la pomme\u2026 comme une roue voil\u00e9e\u2026 comme une trace de freinage\u2026 comme un oubli\u2026 comme un pet de travers\u2026 comme un coup foireux\u2026 comme en quarante\u2026 comme au boxon\u2026 comme \u00e0 l\u2019\u00e9cole\u2026 Comme \u00e0 la cantine\u2026 comme du papier \u00e0 cigarette\u2026 comme une injonction\u2026 comme une r\u00e9sistance\u2026 comme un n\u0153ud dans la gorge\u2026 comme un truc dans le nez\u2026 comme un sale go\u00fbt dans la bouche\u2026comme des queues de pelles\u2026 comme un manche\u2026 comme une t\u00eate de pioche\u2026 comme un r\u00e2teau\u2026 comme une initiation\u2026 comme une d\u00e9faite cuisante\u2026 comme le passage sous les fourches caudines\u2026 comme un peu de rouge au front.. Comme un \u0153il au beurre noir\u2026 comme une page arrach\u00e9e\u2026 comme des signes n\u00e9fastes\u2026 comme des routes qui ne se croisent jamais\u2026 comme un cerf qui brame\u2026 comme un vol de gerfauts \u2026 comme une ombre\u2026 comme une lueur d\u2019espoir\u2026 comme une pr\u00e9monition \u2026 comme un torticolis \u2026 comme une jambe de bois\u2026 comme un point \u00e0 l\u2019horizon\u2026 comme la fin d\u2019une belle histoire.<\/p>", "content_text": "Toujours le m\u00eame exercice pour ceux qui suivent...\n\nComme quoi\u2026 comme un cochon\u2026 comme un excentrique autour d\u2019un axe tar\u00e9\u2026 comme un jour sans pain\u2026 comme une moule claqu\u00e9e \u2026. Comme trente-six chandelles\u2026. Comme un coup de Sirocco\u2026 comme tu dis\u2026 comme elle est bien roul\u00e9e celle-l\u00e0\u2026 comme elle tu sais bien, machine \u2026 comme trois coups de cuill\u00e8re \u00e0 pot\u2026 comme un os dans le p\u00e2t\u00e9\u2026 comme de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 dans l\u2019air \u2026 comme \u00e7a ne mange pas de pain\u2026 comme ce n\u2019est pas press\u00e9\u2026 comme il a dit le M\u00f4ssieur\u2026 comme il est mignon le KIKI \u2026 comme chez vous, faites\u2026 comme nous l\u2019avons \u00e9crit nous le faisons\u2026 comme des \u0153ufs au plat\u2026 comme une limande\u2026 comme un \u00e2ne en rut\u2026 Comme si \u00e7a ne suffisait pas d\u00e9j\u00e0\u2026 comme dans du beurre.. Comme un coq en p\u00e2te\u2026 comme papa dans maman\u2026 comme un blanc\u2026 comme un gros rouge qui t\u00e2che\u2026 comme un bourrin\u2026 comme une p\u00e9dale\u2026 comme une danseuse\u2026 Comme un coup de trique\u2026 comme un r\u00eave\u2026 comme un air de reviens-y\u2026 comme dans le temps\u2026 comme (\u00e0 la guerre comme) \u2026 comme un seul homme\u2026 comme un troupeau de moutons\u2026 comme une frayeur\u2026 comme une \u00e9tincelle\u2026comme du pipi de chat\u2026 comme un gros blaireau\u2026 comme un castor\u2026 comme un ouragan\u2026 comme une andouille\u2026 comme une fleur\u2026 comme un poisson dans l\u2019eau\u2026 comme une fausse note\u2026 comme un ange qui passe\u2026 comme un train qui peut en cacher un autre\u2026 comme type tu te poses l\u00e0\u2026 comme on boit sans soif\u2026 comme on rit sans les yeux\u2026 comme on pleure des larmes de crocodile\u2026 comme se range des carrioles\u2026 comme on p\u00e8te dans la soie\u2026 comme qui dirait\u2026 comme la lune pas le doigt\u2026 comme des oignons align\u00e9s\u2026 comme un petit vent frais\u2026 comme un gros coup de pompe\u2026 Comme elle est venue elle est repartie\u2026 Comme quoi j\u2019avais bien raison\u2026 comme une cerise sur le g\u00e2teau\u2026 comme une parenth\u00e8se\u2026 comme une d\u00e9bandade\u2026 comme un coup de grisou.. Comme une maison ( gros ) \u2026 comme une chatte sur un toit br\u00fblant\u2026 comme un film au ralenti\u2026 comme un film \u00e0 l\u2019acc\u00e9l\u00e9r\u00e9\u2026 comme la mer et les poissons\u2026 comme du vent dans les voiles\u2026 comme un avion sans aile\u2026 comme une fourmi sans sucre\u2026 comme une mouche sans coche\u2026 comme un fleuve ass\u00e9ch\u00e9 \u2026 comme un lapin de la derni\u00e8re couv\u00e9e\u2026 comme un chien de ma chienne\u2026 comme une dent contre l\u2019autre\u2026 comme un nez au milieu de la figure\u2026 comme des rats\u2026 comme des sardines\u2026 comme aux heures de pointe\u2026 Comme chien et chat\u2026 comme de l\u2019eau de roche\u2026 Comme un mot de trop\u2026 Comme un aveu\u2026 comme un ciel de plomb\u2026 comme une plume\u2026 comme des pattes de mouche\u2026 comme un porc\u2026 comme une truie\u2026 comme un monstre\u2026 comme s\u2019il fallait remettre encore \u00e7a\u2026 comme j\u2019aurais voulu voir \u00e7a\u2026 Comme il perd rien pour attendre\u2026 comme une odeur de caoutchouc br\u00fbl\u00e9\u2026comme \u00e7a pue \u2026 comme une cr\u00eape\u2026 comme une orange\u2026 comme une pipe\u2026 comme une \u00e9claircie\u2026 comme le bout du tunnel\u2026 comme un coup de trop\u2026 comme de la petite bi\u00e8re\u2026 comme une ville d\u00e9serte\u2026 comme un coin paum\u00e9\u2026 comme un ch\u00e2teau de cartes\u2026 Comme des empreintes de doigt\u2026 comme une preuve par neuf\u2026 comme il fait chaud.. Comme il fait peur\u2026 comme il m\u2019emmerde\u2026 comme il parle pour ne rien dire\u2026 comme il ne dira strictement rien\u2026 comme des veaux\u2026 comme un b\u0153uf \u00e0 l\u2019abattoir\u2026 comme une fl\u00e8che en plein c\u0153ur \u2026 comme une machine dans ma t\u00eate\u2026 comme il est beau mon l\u00e9gionnaire\u2026 comme le loup le renard et la belette\u2026comme un air d\u2019accord\u00e9on\u2026 comme une chanson de Mac Orlan\u2026 comme un po\u00e8me de Pr\u00e9vert\u2026 comme une rue qui s\u2019\u00e9veille\u2026 comme une gr\u00e8ve de poubelle\u2026 comme une lettre \u00e0 la poste\u2026 comme une marque sur le front\u2026 comme un juif, un noir, un arabe\u2026 comme un gland\u2026 comme une pute\u2026 comme un peu de ros\u00e9e\u2026Comme une petite pointe d\u2019ail et de persil\u2026 comme un zeste de citron\u2026 comme c\u2019est alambiqu\u00e9 ton truc mon biquet\u2026 comme elle nous bassine\u2026 comme elle nous retourne\u2026 comme elle nous ach\u00e8ve\u2026 comme elle suce\u2026 comme elle fait les cent pas\u2026 comme elle fait le trottoir\u2026 comme il est con comme un balai\u2026 comme quoi d\u00e9j\u00e0 ?\u2026 Comme un cochon ! Comme l\u2019occasion fait le larron\u2026 comme un air de fandango\u2026comme un loir\u2026 comme une grue\u2026 comme une poule\u2026 comme un pou\u2026 comme des animaux\u2026 comme dans une bauge\u2026 comme un asticot\u2026 comme le ver dans la pomme\u2026 comme une roue voil\u00e9e\u2026 comme une trace de freinage\u2026 comme un oubli\u2026 comme un pet de travers\u2026 comme un coup foireux\u2026 comme en quarante\u2026 comme au boxon\u2026 comme \u00e0 l\u2019\u00e9cole\u2026 Comme \u00e0 la cantine\u2026 comme du papier \u00e0 cigarette\u2026 comme une injonction\u2026 comme une r\u00e9sistance\u2026 comme un n\u0153ud dans la gorge\u2026 comme un truc dans le nez\u2026 comme un sale go\u00fbt dans la bouche\u2026comme des queues de pelles\u2026 comme un manche\u2026 comme une t\u00eate de pioche\u2026 comme un r\u00e2teau\u2026 comme une initiation\u2026 comme une d\u00e9faite cuisante\u2026 comme le passage sous les fourches caudines\u2026 comme un peu de rouge au front.. Comme un \u0153il au beurre noir\u2026 comme une page arrach\u00e9e\u2026 comme des signes n\u00e9fastes\u2026 comme des routes qui ne se croisent jamais\u2026 comme un cerf qui brame\u2026 comme un vol de gerfauts \u2026 comme une ombre\u2026 comme une lueur d\u2019espoir\u2026 comme une pr\u00e9monition \u2026 comme un torticolis \u2026 comme une jambe de bois\u2026 comme un point \u00e0 l\u2019horizon\u2026 comme la fin d\u2019une belle histoire.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1021jpgw1016-21817a88.jpg?1762612627", "tags": ["Autofiction et Introspection", "Narration et Exp\u00e9rimentation"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-si.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-si.html", "title": "Comme si", "date_published": "2023-05-30T08:06:04Z", "date_modified": "2025-10-17T16:13:33Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

c\u2019est comme si [c\u00e9comci]<\/p>\n

Une condition pour qu\u2019il y ait du similaire, du semblable, sinon \u00e7a reste monstrueux. Si c\u2019est presque emblable<\/em>, le comme<\/em> tombe comme un cheveu dans la soupe. Le comme devient alors insens\u00e9.\nJustement, plong\u00e9e dans l\u2019insens\u00e9.<\/p>\n

Comme si de vieilles lunes, d\u00e9j\u00e0, \u00e9taient mille fois tomb\u00e9es sur Terre, emportant dans leurs d\u00e9bris les vivants d\u2019autrefois, surpris en plein r\u00eave.<\/p>\n

Comme si, dans les r\u00e9cits r\u00e9dig\u00e9s en sanskrit, on ne racontait pas des histoires pour enfants sages, mais de vraies histoires cruelles et sanglantes, et o\u00f9 le mal d\u00e9j\u00e0 montrait le vilain bout de son nez.<\/p>\n

Comme si les dieux \u00e9taient des \u00eatres de chair et de sang vraiment, tout aussi impitoyables et col\u00e9riques que nous le sommes envers nous-m\u00eames. Comme si leur image n\u2019\u00e9tait pas pur effet de style. Comme si l\u2019\u00e9ternit\u00e9 dont nous r\u00eavons, la rose ne la r\u00eavait pas aussi, mais la vivait d\u00e9sormais comme nous ne la vivons plus.<\/p>\n

Comme si la rose la vivait d\u2019autant plus fort que nous ne la r\u00eavons plus, pour compenser le manque et redresser un \u00e9quilibre oubli\u00e9, d\u00e9faillant.<\/p>\n

Comme si les ours avaient enseign\u00e9 \u00e0 nos anc\u00eatres, il y a 300 000 ans, \u00e0 utiliser les anfractuosit\u00e9s de la roche pour faire na\u00eetre le vivant au travers de la magie du dessin, en utilisant du bois br\u00fbl\u00e9, de la terre d\u2019ocre.<\/p>\n

Comme si ridicule est ce milliardaire qui se bourre de g\u00e9lules pour garder une peau de b\u00e9b\u00e9, que cet autre, plein aux as, r\u00eavait de conqu\u00e9rir Mars la rouge, qui fut jadis probablement notre origine.<\/p>\n

Comme si les choses s\u2019acc\u00e9l\u00e8rent d\u00e9sormais, \u00e0 un point de non-retour tel que rien ne pourrait plus \u00eatre arr\u00eat\u00e9, sauf par un miracle ou un cataclysme.<\/p>\n

Comme si l\u2019arriv\u00e9e des flottes extraterrestres allait compenser la fuite fiscale des consortiums qui, sur notre dos, se sont tant gav\u00e9s.<\/p>\n

Comme si la voiture \u00e9lectrique, le robot aspirateur \u00e9lectrique, la vitre \u00e9lectrique, le vibromasseur \u00e9lectrique allaient fournir la moindre impulsion \u00e9lectrique \u00e0 nos c\u0153urs \u00e9teints.<\/p>\n

Comme si l\u2019enc\u00e9phalogramme plat allait bondir \u00e0 nouveau vers une orgie de synapses.<\/p>\n

Comme si les bruits de bottes allaient \u00eatre \u00e9touff\u00e9s par les spots publicitaires \u00e0 gogo, les trois pour le prix d\u2019un, les promos.<\/p>\n

C\u2019est comme si Rome, Ath\u00e8nes tombaient encore et encore, en direct au journal de 20 h, et que nous en restions indiff\u00e9rents, d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s. Comme si la seule sensation valide \u00e9tait encore celle du pouce zappant sur les boutons des cha\u00eenes de nos t\u00e9l\u00e9commandes.<\/p>\n

C\u2019est comme si mai tournait en eau de boudin, que le printemps, jadis si gai, devenait tout \u00e0 coup, comme tout le reste, poussif en nos t\u00eates et c\u0153urs.<\/p>\n

C\u2019est comme si, dans le ciel, les oiseaux se fichaient de nos tourments de riches, d\u2019opulents, et qu\u2019ils partent encore \u00e0 la qu\u00eate de leurs r\u00eaves de nids, de prog\u00e9niture, en s\u2019en moquant.<\/p>", "content_text": " c\u2019est comme si [c\u00e9comci] Une condition pour qu\u2019il y ait du similaire, du semblable, sinon \u00e7a reste monstrueux. Si c\u2019est *presque emblable*, le *comme* tombe comme un cheveu dans la soupe. Le comme devient alors insens\u00e9. Justement, plong\u00e9e dans l\u2019insens\u00e9. Comme si de vieilles lunes, d\u00e9j\u00e0, \u00e9taient mille fois tomb\u00e9es sur Terre, emportant dans leurs d\u00e9bris les vivants d\u2019autrefois, surpris en plein r\u00eave. Comme si, dans les r\u00e9cits r\u00e9dig\u00e9s en sanskrit, on ne racontait pas des histoires pour enfants sages, mais de vraies histoires cruelles et sanglantes, et o\u00f9 le mal d\u00e9j\u00e0 montrait le vilain bout de son nez. Comme si les dieux \u00e9taient des \u00eatres de chair et de sang vraiment, tout aussi impitoyables et col\u00e9riques que nous le sommes envers nous-m\u00eames. Comme si leur image n\u2019\u00e9tait pas pur effet de style. Comme si l\u2019\u00e9ternit\u00e9 dont nous r\u00eavons, la rose ne la r\u00eavait pas aussi, mais la vivait d\u00e9sormais comme nous ne la vivons plus. Comme si la rose la vivait d\u2019autant plus fort que nous ne la r\u00eavons plus, pour compenser le manque et redresser un \u00e9quilibre oubli\u00e9, d\u00e9faillant. Comme si les ours avaient enseign\u00e9 \u00e0 nos anc\u00eatres, il y a 300 000 ans, \u00e0 utiliser les anfractuosit\u00e9s de la roche pour faire na\u00eetre le vivant au travers de la magie du dessin, en utilisant du bois br\u00fbl\u00e9, de la terre d\u2019ocre. Comme si ridicule est ce milliardaire qui se bourre de g\u00e9lules pour garder une peau de b\u00e9b\u00e9, que cet autre, plein aux as, r\u00eavait de conqu\u00e9rir Mars la rouge, qui fut jadis probablement notre origine. Comme si les choses s\u2019acc\u00e9l\u00e8rent d\u00e9sormais, \u00e0 un point de non-retour tel que rien ne pourrait plus \u00eatre arr\u00eat\u00e9, sauf par un miracle ou un cataclysme. Comme si l\u2019arriv\u00e9e des flottes extraterrestres allait compenser la fuite fiscale des consortiums qui, sur notre dos, se sont tant gav\u00e9s. Comme si la voiture \u00e9lectrique, le robot aspirateur \u00e9lectrique, la vitre \u00e9lectrique, le vibromasseur \u00e9lectrique allaient fournir la moindre impulsion \u00e9lectrique \u00e0 nos c\u0153urs \u00e9teints. Comme si l\u2019enc\u00e9phalogramme plat allait bondir \u00e0 nouveau vers une orgie de synapses. Comme si les bruits de bottes allaient \u00eatre \u00e9touff\u00e9s par les spots publicitaires \u00e0 gogo, les trois pour le prix d\u2019un, les promos. C\u2019est comme si Rome, Ath\u00e8nes tombaient encore et encore, en direct au journal de 20 h, et que nous en restions indiff\u00e9rents, d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s. Comme si la seule sensation valide \u00e9tait encore celle du pouce zappant sur les boutons des cha\u00eenes de nos t\u00e9l\u00e9commandes. C\u2019est comme si mai tournait en eau de boudin, que le printemps, jadis si gai, devenait tout \u00e0 coup, comme tout le reste, poussif en nos t\u00eates et c\u0153urs. C\u2019est comme si, dans le ciel, les oiseaux se fichaient de nos tourments de riches, d\u2019opulents, et qu\u2019ils partent encore \u00e0 la qu\u00eate de leurs r\u00eaves de nids, de prog\u00e9niture, en s\u2019en moquant. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal-1-121065bf-b4f45.jpg?1760717386", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/pessoa-comme-lautreamont.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/pessoa-comme-lautreamont.html", "title": "Pessoa comme Lautr\u00e9amont", "date_published": "2023-05-30T07:35:49Z", "date_modified": "2025-10-23T07:44:44Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je l’avais lu t\u00f4t, l’intranquillit\u00e9 de Pessoa r\u00e9sonnait tellement bien avec la mienne. Trop t\u00f4t peut-\u00eatre, j’aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l’avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase<\/p>\n

\"vivre cela n’est rien, naviguer est pr\u00e9cieux\" ou encore celle-ci, \"je ne suis rien mais en moi il y a tous les r\u00eaves du monde...\"<\/p>\n

Elle auront achev\u00e9 une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir \u00eatre quelqu’un et certainement avant m\u00eame que je commence \u00e0 en prendre conscience.<\/p>\n

Pas \u00e9tonnant de voir que Lautr\u00e9amont \u00e9voque \u00e9galement cette n\u00e9cessit\u00e9 d’an\u00e9antissement de l’auteur.<\/p>\n

Pessoa comme Lautr\u00e9amont comme on pourrait dire \u00e9toile comme fleur.<\/p>\n

L’utilisation d’un comme n\u00e9cessite une disparition, d’abattre certaines cloisons.<\/p>\n

Il ne s’agit plus de m\u00e9taphore au sens o\u00f9 on utilise la m\u00e9taphore par d\u00e9faut ou par facilit\u00e9.<\/p>\n

Tout au contraire. On use du comme comme d’une gomme.<\/p>\n

Maintenant concernant la conscience que l’on peut continuer \u00e0 entretenir durant la mort comme<\/em> de son vivant, il s’agit probablement de la m\u00eame chose, c’est \u00e0 dire se r\u00e9soudre \u00e0 passer par le goulot \u00e9troit de cet an\u00e9antissement. De mettre fin \u00e0 une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d’une r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Une absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus frein\u00e9s.<\/p>\n

Les mots sont comme des bolides qui traversent l’espace int\u00e9rieur, et partant rendent compte de l’existence d’un tel espace. Qu’on puisse les projeter ensuite vers l’ext\u00e9rieur n\u00e9cessite l’invention d’un ext\u00e9rieur \u00e9galement.<\/p>\n

On pourrait dire alors l’int\u00e9rieur comme<\/em> l’ext\u00e9rieur.<\/p>\n

J’ai souvent pens\u00e9 non pas \u00e0 la mort mais \u00e0 qui j’\u00e9tais avant de venir au monde. Avant de naitre et apr\u00e8s-vivre, n’est-ce pas tout comme<\/em>, abstraction faite de toutes les p\u00e9rip\u00e9ties.<\/p>\n

tr\u00e8s m\u00e9taphysique ce mardi.<\/p>", "content_text": "Je l'avais lu t\u00f4t, l'intranquillit\u00e9 de Pessoa r\u00e9sonnait tellement bien avec la mienne. Trop t\u00f4t peut-\u00eatre, j'aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l'avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase \n\n\"vivre cela n'est rien, naviguer est pr\u00e9cieux\" ou encore celle-ci, \"je ne suis rien mais en moi il y a tous les r\u00eaves du monde...\" \n\nElle auront achev\u00e9 une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir \u00eatre quelqu'un et certainement avant m\u00eame que je commence \u00e0 en prendre conscience.\n\nPas \u00e9tonnant de voir que Lautr\u00e9amont \u00e9voque \u00e9galement cette n\u00e9cessit\u00e9 d'an\u00e9antissement de l'auteur.\n\nPessoa comme Lautr\u00e9amont comme on pourrait dire \u00e9toile comme fleur.\n\nL'utilisation d'un comme n\u00e9cessite une disparition, d'abattre certaines cloisons.\n\nIl ne s'agit plus de m\u00e9taphore au sens o\u00f9 on utilise la m\u00e9taphore par d\u00e9faut ou par facilit\u00e9.\n\nTout au contraire. On use du comme comme d'une gomme.\n\nMaintenant concernant la conscience que l'on peut continuer \u00e0 entretenir durant la mort comme de son vivant, il s'agit probablement de la m\u00eame chose, c'est \u00e0 dire se r\u00e9soudre \u00e0 passer par le goulot \u00e9troit de cet an\u00e9antissement. De mettre fin \u00e0 une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d'une r\u00e9alit\u00e9.\n\nUne absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus frein\u00e9s.\n\nLes mots sont comme des bolides qui traversent l'espace int\u00e9rieur, et partant rendent compte de l'existence d'un tel espace. Qu'on puisse les projeter ensuite vers l'ext\u00e9rieur n\u00e9cessite l'invention d'un ext\u00e9rieur \u00e9galement.\n\nOn pourrait dire alors l'int\u00e9rieur comme l'ext\u00e9rieur. \n\nJ'ai souvent pens\u00e9 non pas \u00e0 la mort mais \u00e0 qui j'\u00e9tais avant de venir au monde. Avant de naitre et apr\u00e8s-vivre, n'est-ce pas tout comme, abstraction faite de toutes les p\u00e9rip\u00e9ties.\n\ntr\u00e8s m\u00e9taphysique ce mardi.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal20-4d4e8489.jpg?1761205451", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/l-imaginaire.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/l-imaginaire.html", "title": "L'imaginaire", "date_published": "2023-05-30T06:54:41Z", "date_modified": "2025-11-08T14:41:51Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Il faut \u00eatre dans le plus dur du dur de la r\u00e9alit\u00e9 pour d\u00e9couvrir l’immense potentiel de l’imaginaire. Les gens qui vivent dans un certain confort<\/em> ne savent pas \u00e0 cot\u00e9 de quoi ils passent. Je me faisais cette r\u00e9flexion hier encore en inventant une histoire d’enl\u00e8vement par les extraterrestres, en direct, face \u00e0 mon beau-fr\u00e8re. En prenant le ton le plus s\u00e9rieux qu’il soit, et en fournissant suffisamment de d\u00e9tails mais pas trop non plus, l’ellipse est essentielle dans ce genre de narration, je vis son visage s’allonger, son regard chercher un appui sur le mur du fond derri\u00e8re moi.<\/p>\n

\"— Est-il devenu cingl\u00e9 ?\" semblait demander au mur ce regard.<\/p>\n

Evidemment je me mis \u00e0 sourire pour le rassurer.<\/p>\n

\"— je plaisantais, bien s\u00fbr...\"<\/p>\n

Il en fut \u00e0 la fois soulag\u00e9 et un peu triste je crois bien.<\/p>\n

Mais le fait est qu’on ne devrait pas raconter \u00e0 n’importe qui tout ce qui se passe dans notre vie. M\u00eame avec les meilleures intentions du monde. Comme par exemple tenter de r\u00e9veiller un peu l’imagination de nos proches qui souvent parait bien endormie.<\/p>\n

Je racontais \u00e7a au pilote de la soucoupe qui se gondola, si tant est qu’un \u00eatre m\u00e9tamorphe puisse se gondoler comme nous autres humains, bien s\u00fbr. Le voyage est assez long jusqu’\u00e0 Alpha du Centaure, il faut bien parler de quelque chose, m\u00eame si dans le fond, on n’a pas grand chose \u00e0 dire.<\/p>", "content_text": "Il faut \u00eatre dans le plus dur du dur de la r\u00e9alit\u00e9 pour d\u00e9couvrir l'immense potentiel de l'imaginaire. Les gens qui vivent dans un certain confort ne savent pas \u00e0 cot\u00e9 de quoi ils passent. Je me faisais cette r\u00e9flexion hier encore en inventant une histoire d'enl\u00e8vement par les extraterrestres, en direct, face \u00e0 mon beau-fr\u00e8re. En prenant le ton le plus s\u00e9rieux qu'il soit, et en fournissant suffisamment de d\u00e9tails mais pas trop non plus, l'ellipse est essentielle dans ce genre de narration, je vis son visage s'allonger, son regard chercher un appui sur le mur du fond derri\u00e8re moi.\n\n\"\u2014 Est-il devenu cingl\u00e9 ?\" semblait demander au mur ce regard.\n\nEvidemment je me mis \u00e0 sourire pour le rassurer. \n\n\"\u2014 je plaisantais, bien s\u00fbr...\"\n\nIl en fut \u00e0 la fois soulag\u00e9 et un peu triste je crois bien.\n\nMais le fait est qu'on ne devrait pas raconter \u00e0 n'importe qui tout ce qui se passe dans notre vie. M\u00eame avec les meilleures intentions du monde. Comme par exemple tenter de r\u00e9veiller un peu l'imagination de nos proches qui souvent parait bien endormie.\n\nJe racontais \u00e7a au pilote de la soucoupe qui se gondola, si tant est qu'un \u00eatre m\u00e9tamorphe puisse se gondoler comme nous autres humains, bien s\u00fbr. Le voyage est assez long jusqu'\u00e0 Alpha du Centaure, il faut bien parler de quelque chose, m\u00eame si dans le fond, on n'a pas grand chose \u00e0 dire.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/annales-akashiqu-acfeb611-cbc83.jpg?1762612864", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-un-chant.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/comme-un-chant.html", "title": "Comme un chant", "date_published": "2023-05-30T06:39:19Z", "date_modified": "2025-11-08T14:43:23Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

( suite de l’exercice d’\u00e9criture d’un atelier de FB \u00e0 partir de l’adverbe Comme et de Marcelin Pleynet, de Lautr\u00e9amont.) <\/code><\/p>\n<\/pre>\n

comme j’allais \u00e0 rebours, effeuillant page \u00e0 page, feuille \u00e0 feuille, la fausse m\u00e9moire de ma fausse vie, je d\u00e9couvris soudain un vide log\u00e9 dans la reliure qui m’intrigua et dans lequel je p\u00e9n\u00e9trai, non sans quelques difficult\u00e9s, car j’avais, dans l’op\u00e9ration pr\u00e9c\u00e9dente d\u00e9j\u00e0, perdu \u00e9norm\u00e9ment de mon ancienne souplesse.<\/p>\n

comme j’atteignais l’obscurit\u00e9 totale je n’avais aucune indication concernant la taille de l’excavation. \u00c9tait-elle de la taille d’une boite \u00e0 g\u00e2teaux, d’une tombe, d’un continent noir, cette question me servi un instant de b\u00e9quille pour m’installer au calme dans la nuit.<\/p>\n

comme j’\u00e9tais l\u00e0 depuis un moment, \u00e9tait-ce des minutes, des heures, des si\u00e8cles, difficile \u00e0 dire, mes yeux peu \u00e0 peu s’habitu\u00e8rent et commenc\u00e8rent \u00e0 distinguer les contours d’une terre immense, sorte de paysage marin, peut-\u00eatre une grande baie bord\u00e9e de part et d’autres par de prodigieuses falaises.<\/p>\n

Comme je m’interrogeais sur la hauteur de ces falaises j’aper\u00e7us soudain dans le ciel des milliers d’\u00e9toiles dont les lueurs brillaient faiblement mais suffisamment pour que je puisse me faire une id\u00e9e assez juste de l’innombrable.<\/p>\n

comme j’\u00e9tais allong\u00e9 sur le sol l’id\u00e9e me pris de me relever et de me d\u00e9gourdir les jambes, j’y voyais d\u00e9sormais suffisamment pour rejoindre une grande plage o\u00f9 la p\u00e2leur semblait indiquer qu’elle \u00e9tait constitu\u00e9 de sable clair.<\/p>\n

comme j’\u00e9tais entr\u00e9 pieds nus dans cet \u00e9trange pays, je fus heureux de constater que je retrouvais de vieilles sensations oubli\u00e9es, comme celle de marcher sur une herbe mouill\u00e9e, puis sur le sable, et m\u00eame parfois de sentir sous la plante la duret\u00e9 tout \u00e0 fait agr\u00e9able d’une pierre, d’un rocher.<\/p>\n

comme je m’interrogeais sur le diff\u00e9rence appr\u00e9ciable entre ces sensations que j’appelais nouvelles faute de mieux et celles habituelles quand dans la vie de tous les jours on marche pieds nus sur de l’herbe ou du sable ou des rochers, l’id\u00e9e suivante et qui parut \u00e0 ce moment \u00e9minemment logique \u00e9tait celle qu’en passant \u00e0 travers la reliure du faux livre de ma fausse vie j’\u00e9tais mort.<\/p>\n

comme je r\u00e9fl\u00e9chissais \u00e0 la nature de cette mort, et que je d\u00e9sirais pousser la logique vers ses extr\u00e9mit\u00e9s les plus extr\u00eames je d\u00e9couvris soudain que j’\u00e9tais encore plus vivant que jamais je ne l’avais jusque l\u00e0 \u00e9t\u00e9.<\/p>\n

comme j’en \u00e9tais content, j’ouvris la bouche et sans la moindre volont\u00e9 de ma part quelque chose en sorti et qui r\u00e9flexion faite, avait l’air d’\u00eatre un chant.<\/p>\n

NB. Il est possible de supprimer la toute premi\u00e8re phrase, ou de la sauter, elle ne sert \u00e0 rien sauf \u00e0 commencer.<\/code><\/pre>",
        "content_text": "( suite de l'exercice d'\u00e9criture d'un atelier de FB \u00e0 partir de l'adverbe Comme et de Marcelin Pleynet, de Lautr\u00e9amont.) \n\ncomme j'allais \u00e0 rebours, effeuillant page \u00e0 page, feuille \u00e0 feuille, la fausse m\u00e9moire de ma fausse vie, je d\u00e9couvris soudain un vide log\u00e9 dans la reliure qui m'intrigua et dans lequel je p\u00e9n\u00e9trai, non sans quelques difficult\u00e9s, car j'avais, dans l'op\u00e9ration pr\u00e9c\u00e9dente d\u00e9j\u00e0, perdu \u00e9norm\u00e9ment de mon ancienne souplesse. \n\ncomme j'atteignais l'obscurit\u00e9 totale je n'avais aucune indication concernant la taille de l'excavation. \u00c9tait-elle de la taille d'une boite \u00e0 g\u00e2teaux, d'une tombe, d'un continent noir, cette question me servi un instant de b\u00e9quille pour m'installer au calme dans la nuit.\n\ncomme j'\u00e9tais l\u00e0 depuis un moment, \u00e9tait-ce des minutes, des heures, des si\u00e8cles, difficile \u00e0 dire, mes yeux peu \u00e0 peu s'habitu\u00e8rent et commenc\u00e8rent \u00e0 distinguer les contours d'une terre immense, sorte de paysage marin, peut-\u00eatre une grande baie bord\u00e9e de part et d'autres par de prodigieuses falaises.\n\nComme je m'interrogeais sur la hauteur de ces falaises j'aper\u00e7us soudain dans le ciel des milliers d'\u00e9toiles dont les lueurs brillaient faiblement mais suffisamment pour que je puisse me faire une id\u00e9e assez juste de l'innombrable.\n\ncomme j'\u00e9tais allong\u00e9 sur le sol l'id\u00e9e me pris de me relever et de me d\u00e9gourdir les jambes, j'y voyais d\u00e9sormais suffisamment pour rejoindre une grande plage o\u00f9 la p\u00e2leur semblait indiquer qu'elle \u00e9tait constitu\u00e9 de sable clair. \n\ncomme j'\u00e9tais entr\u00e9 pieds nus dans cet \u00e9trange pays, je fus heureux de constater que je retrouvais de vieilles sensations oubli\u00e9es, comme celle de marcher sur une herbe mouill\u00e9e, puis sur le sable, et m\u00eame parfois de sentir sous la plante la duret\u00e9 tout \u00e0 fait agr\u00e9able d'une pierre, d'un rocher. \n\ncomme je m'interrogeais sur le diff\u00e9rence appr\u00e9ciable entre ces sensations que j'appelais nouvelles faute de mieux et celles habituelles quand dans la vie de tous les jours on marche pieds nus sur de l'herbe ou du sable ou des rochers, l'id\u00e9e suivante et qui parut \u00e0 ce moment \u00e9minemment logique \u00e9tait celle qu'en passant \u00e0 travers la reliure du faux livre de ma fausse vie j'\u00e9tais mort.\n\ncomme je r\u00e9fl\u00e9chissais \u00e0 la nature de cette mort, et que je d\u00e9sirais pousser la logique vers ses extr\u00e9mit\u00e9s les plus extr\u00eames je d\u00e9couvris soudain que j'\u00e9tais encore plus vivant que jamais je ne l'avais jusque l\u00e0 \u00e9t\u00e9.\n\ncomme j'en \u00e9tais content, j'ouvris la bouche et sans la moindre volont\u00e9 de ma part quelque chose en sorti et qui r\u00e9flexion faite, avait l'air d'\u00eatre un chant.NB. Il est possible de supprimer la toute premi\u00e8re phrase, ou de la sauter, elle ne sert \u00e0 rien sauf \u00e0 commencer.",
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        "title": "Biblioth\u00e8que de sons",
        "date_published": "2023-05-30T06:15:00Z",
        "date_modified": "2025-11-03T14:21:12Z",
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        "content_html": "

De quoi a t’on besoin pour \u00e9crire ? des sons essentiellement. Peut-\u00eatre qu’on se fabrique ainsi, sans le savoir, une gigantesque biblioth\u00e8que de sons et qu’\u00e0 un moment ne sachant quoi vraiment en faire, on se met \u00e0 les \u00e9crire.<\/p>\n

Ensuite quelle intention se cache encore derri\u00e8re le fait de les faire \u00e9couter \u00e0 d’autres ?<\/p>\n

Il faut peut-\u00eatre rester ferme vis \u00e0 vis de nos curiosit\u00e9s, ne pas les \u00e9couter.<\/p>\n

Ecouter n’est pas savoir, et probable que c’est aussi cela savoir<\/em>.<\/p>", "content_text": "De quoi a t'on besoin pour \u00e9crire ? des sons essentiellement. Peut-\u00eatre qu'on se fabrique ainsi, sans le savoir, une gigantesque biblioth\u00e8que de sons et qu'\u00e0 un moment ne sachant quoi vraiment en faire, on se met \u00e0 les \u00e9crire.\n\nEnsuite quelle intention se cache encore derri\u00e8re le fait de les faire \u00e9couter \u00e0 d'autres ?\n\nIl faut peut-\u00eatre rester ferme vis \u00e0 vis de nos curiosit\u00e9s, ne pas les \u00e9couter.\n\nEcouter n'est pas savoir, et probable que c'est aussi cela savoir.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal-2-d48d4dc7.jpg?1762179608", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/des-raisons-de-refuser.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/des-raisons-de-refuser.html", "title": "Des raisons de refuser", "date_published": "2023-05-30T05:43:53Z", "date_modified": "2025-11-03T14:19:10Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

soudain cette phrase qui parait sortir de la page :<\/p>\n

\"Il y avait, je crois, des choses qu’il ne voulait pas comprendre pour ne rien perdre de ses antipathies et de ses d\u00e9dains.\"<\/em><\/p>", "content_text": "soudain cette phrase qui parait sortir de la page :\n\n\"Il y avait, je crois, des choses qu'il ne voulait pas comprendre pour ne rien perdre de ses antipathies et de ses d\u00e9dains.\"", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/2012-10-12-18430-cee0a44b-76167.jpg?1762179501", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/komme.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/komme.html", "title": "Komme", "date_published": "2023-05-30T05:31:58Z", "date_modified": "2025-11-08T14:44:18Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ils sont dans la p\u00e9nombre de ce que j’imagine \u00eatre un wagon \u00e0 bestiaux, dans un train, ils ne se parlent pas, ils se regardent, et l\u00e0, elle Romy dit<\/p>\n

\"—komme\"<\/p>\n

\u00e0 Jean-Louis.<\/p>\n

Sauf qu’elle n’est pas Romy mais Anna et lui n’est pas Jean-Louis mais Julien.<\/p>\n

Que le wagon \u00e0 bestiaux est en fait un fourgon selon la page Wikip\u00e9dia du film.<\/p>\n

Mais peu importe les pr\u00e9noms, les mots, l’\u00e9poque, les diff\u00e9rents caract\u00e8res qui surgissent \u00e0 l’int\u00e9rieur de de cette sc\u00e8ne,<\/p>\n

Soudain un portail s’ouvre entre le r\u00e9el et l’imaginaire.<\/p>\n

Est-ce que \u00e7a change grand-chose que ce soit en allemand ou en fran\u00e7ais ?<\/p>\n

\"— komme, viens...\"<\/p>\n

C’est bien possible.<\/p>\n

\"—Viens\" aurait un tout autre effet, peut-\u00eatre de l’ordre du trivial, un mot qui appartient plus au vocabulaire de la prostitu\u00e9e pr\u00e9sente dans le wagon ( R\u00e9gine)<\/p>\n

Ce komme<\/em> cr\u00e9e une sacr\u00e9e diff\u00e9rence, comme un saut quantique.<\/p>\n

C’est comme un livre de litt\u00e9rature classique qu’on ouvre, comment lit-on aujourd’hui au XXI \u00e8me si\u00e8cle un tel texte ? Quelle est la r\u00e9ception actuelle d’un texte de Cervantes, de Montaigne, de Rabelais ?<\/p>\n

Se prendre un livre de litt\u00e9rature classique de plein fouet sans avoir \u00e9t\u00e9 pr\u00e9venu comme on peut se prendre un poteau, un autobus.<\/p>\n

Le texte comme le dialogue d’un film reste immuable, intemporel. La lecture est du temps, elle est du temps dans le temps. Lire c’est peut-\u00eatre amortir. Amortissement pas forc\u00e9ment un mot de comptable.<\/p>\n

la chute d’une feuille, un \u00e9clat de voix, le temps que prend une nouvelle pour nous parvenir.<\/p>\n

La lecture et son lent d\u00e9ploiement, ses ramifications, ses affluents.<\/p>\n

S’y avancer nu tout en restant attentif \u00e0 ce qui nous touche est essentiel.<\/p>\n

Ensevelir un texte sous des r\u00e9f\u00e9rences historiques, universitaires peut le rendre impressionnant bien s\u00fbr mais ce sera tout de m\u00eame l’\u00e9motion \u00e9prouv\u00e9e qui nous aidera \u00e0 en conserver le souvenir, la trace.<\/p>\n

Un livre peut dire \"—komme\"<\/p>\n

un lecteur peut dire \"— j’arrive\" sans prononcer le moindre mot.<\/p>", "content_text": "Ils sont dans la p\u00e9nombre de ce que j'imagine \u00eatre un wagon \u00e0 bestiaux, dans un train, ils ne se parlent pas, ils se regardent, et l\u00e0, elle Romy dit \n\n\"\u2014komme\" \n\n\u00e0 Jean-Louis. \n\nSauf qu'elle n'est pas Romy mais Anna et lui n'est pas Jean-Louis mais Julien.\n\nQue le wagon \u00e0 bestiaux est en fait un fourgon selon la page Wikip\u00e9dia du film.\n\nMais peu importe les pr\u00e9noms, les mots, l'\u00e9poque, les diff\u00e9rents caract\u00e8res qui surgissent \u00e0 l'int\u00e9rieur de de cette sc\u00e8ne, \n\nSoudain un portail s'ouvre entre le r\u00e9el et l'imaginaire.\n\nEst-ce que \u00e7a change grand-chose que ce soit en allemand ou en fran\u00e7ais ?\n\n\"\u2014 komme, viens...\" \n\nC'est bien possible. \n\n\"\u2014Viens\" aurait un tout autre effet, peut-\u00eatre de l'ordre du trivial, un mot qui appartient plus au vocabulaire de la prostitu\u00e9e pr\u00e9sente dans le wagon ( R\u00e9gine) \n\nCe komme cr\u00e9e une sacr\u00e9e diff\u00e9rence, comme un saut quantique.\n\nC'est comme un livre de litt\u00e9rature classique qu'on ouvre, comment lit-on aujourd'hui au XXI \u00e8me si\u00e8cle un tel texte ? Quelle est la r\u00e9ception actuelle d'un texte de Cervantes, de Montaigne, de Rabelais ?\n\nSe prendre un livre de litt\u00e9rature classique de plein fouet sans avoir \u00e9t\u00e9 pr\u00e9venu comme on peut se prendre un poteau, un autobus.\n\nLe texte comme le dialogue d'un film reste immuable, intemporel. La lecture est du temps, elle est du temps dans le temps. Lire c'est peut-\u00eatre amortir. Amortissement pas forc\u00e9ment un mot de comptable.\n\nla chute d'une feuille, un \u00e9clat de voix, le temps que prend une nouvelle pour nous parvenir. \n\nLa lecture et son lent d\u00e9ploiement, ses ramifications, ses affluents.\n\nS'y avancer nu tout en restant attentif \u00e0 ce qui nous touche est essentiel. \n\nEnsevelir un texte sous des r\u00e9f\u00e9rences historiques, universitaires peut le rendre impressionnant bien s\u00fbr mais ce sera tout de m\u00eame l'\u00e9motion \u00e9prouv\u00e9e qui nous aidera \u00e0 en conserver le souvenir, la trace.\n\nUn livre peut dire \"\u2014komme\"\n\nun lecteur peut dire \"\u2014 j'arrive\" sans prononcer le moindre mot.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/the_train-874499-8b00e07f.jpg?1761562398", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/30052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/30052023.html", "title": "30052023", "date_published": "2023-05-30T04:19:22Z", "date_modified": "2025-11-08T14:45:33Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

R\u00e9ception des ambassadeurs siamois par l’Empereur Napol\u00e9on III au palais de Fontainebleau, 27 juin 1861\u00a9 RMN-GP (Ch\u00e2teau de Versailles) \/ Droits r\u00e9serv\u00e9s<\/p>\n

\u00c7a y est mai se termine. Je n\u2019ai pas compt\u00e9 le nombre de textes \u00e9crits ce mois-ci. Il doit y en avoir un bon paquet. Minimum deux par jour en moyenne. Et d\u2019ailleurs quelle importance de compter. Tu ne vas pas t\u2019y mettre aujourd\u2019hui.
Lu hier soir un peu du Lautr\u00e9amont de Marcelin Pleynet. Que de supputations de part et d\u2019autre. Un peu \u00e9tonn\u00e9 par les avis de Bachelard concernant la biographie du jeune Ducasse et surtout toutes ces interpr\u00e9tations qui seront extraites de si de peu de chose finalement.
Que la litt\u00e9rature soit le fruit d\u2019un r\u00e8glement de compte, d\u2019une revanche, d\u2019un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 ou de sup\u00e9riorit\u00e9 la place dans le camp des psychologues et des universitaires qui cherchent toujours des raisons \u00e0 tout. D\u2019ailleurs ceux qui prendront Lautr\u00e9amont pour un doux dingue sont souvent dans l\u2019enseignement. Ce sont les serviteurs d\u2019une certaine vision de la litt\u00e9rature au m\u00eame titre qu’on retrouvera les m\u00eames en peinture. Chaque art institutionnalis\u00e9 poss\u00e8de ses serviteurs z\u00e9l\u00e9s pour entretenir les \u00e9chafaudages branlants de la culture telle qu\u2019on veut nous l\u2019imposer.
Il y a une g\u00e8ne \u00e0 penser que Lautr\u00e9amont ou Ducasse soit mort jeune. Et qu’on profite ainsi de sa disparition pr\u00e9coce. Qu’on l’\u00e9l\u00e8ve ainsi \u00e0 une position d’\u00e9toile presque naturellement. Car dans le fond, Que sait-on vraiment de l\u2019existence \u00e0 25 ans ? Et surtout possible que nombre de vieux barbons ayant renonc\u00e9 \u00e0 la fulgurance du g\u00e9nie de leur jeunesse en soient non pas admiratifs chez l\u2019autre mais fondamentalement jaloux. Cette jalousie se dissimulant dans de gros livres bourr\u00e9s de propos pr\u00e9tendus s\u00e9rieux ou savants.
Ce dont se moque \u00e9perdument le g\u00e9nie de la jeunesse qui d’ailleurs ne sait m\u00eame pas qu’il est g\u00e9nie.<\/p>\n

Est-il possible d\u2019admirer qui que ce soit sans que cette admiration nous propose un reflet de nous-m\u00eames, de qui nous f\u00fbmes, de qui nous r\u00eavions d\u2019\u00eatre dans le temps ?
C\u2019est le fameux ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019identification sur lequel on nous interroge avec inqui\u00e9tude tout au long de notre scolarit\u00e9.
“—Va t\u2019il enfin pouvoir s\u2019identifier \u00e0 quelqu\u2019un ? \u00c7a nous soulagerait bien, et nous serions tranquilles un moment”
Comprendre ce ph\u00e9nom\u00e8ne de reflet trop jeune est une mal\u00e9diction car on ne peut que se m\u00e9fier alors de toute admiration.
Toute admiration pr\u00e9tendument spontan\u00e9e<\/em> fini par \u00eatre pollu\u00e9e par l\u2019introspection.
C\u2019est un long processus de passer de l\u2019admiration \u00e0 l\u2019amour. Et encore il faudra se farcir toutes les strates pour parvenir \u00e0 s\u2019an\u00e9antir proprement face \u00e0 l\u2019\u00e9v\u00e9nement d\u2019aimer, face \u00e0 son authenticit\u00e9 surtout si on y acc\u00e8de apr\u00e8s avoir rumin\u00e9 longuement le mot authentique.<\/p>\n

Pleynet d\u00e9bute son livre avec des t\u00e9moignages concernant la jeunesse de Lautr\u00e9amont ( je pr\u00e9f\u00e8re dire Lautr\u00e9amont que Ducasse finalement )
C\u2019est toujours la m\u00eame sc\u00e8ne qui est reprise de t\u00e9moignage en t\u00e9moignage. Un jeune homme efflanqu\u00e9 assis devant un piano dans une chambre d\u2019h\u00f4tel et qui, au fur et \u00e0 mesure qu\u2019il \u00e9crit plaque des accords au grand d\u00e9sespoir de ses voisins.<\/p>\n

Sorte d\u2019image refuge pour la plupart. De m\u00eame que le r\u00e9cit de la vie scolaire est toujours celui d\u2019un \u00eatre qui semble perdu, dans sa bulle et qui n’est visiblement pas tr\u00e8s dou\u00e9 pour la po\u00e9sie voire qui la r\u00e9fute telle qu\u2019elle est enseign\u00e9e.
On pourra dire ce que l\u2019on voudra, \u00e9tudier Lautr\u00e9amont au lyc\u00e9e est une ineptie. D\u00e9j\u00e0 parce que les enseignants ne font que r\u00e9p\u00e9ter ce que d\u2019autres leur ont appris de l\u2019\u0153uvre la plupart du temps et que de plus les phrases \u00e0 rallonge n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux \u00e9tudiants de cet \u00e2ge.<\/p>\n

Ca les ennuie surtout. Encore que je ne fasse encore que parler de moi bien sur. De ce moi \u00e0 l\u2019\u00e2ge des \u00e9tudiants d\u2019un lyc\u00e9e d\u2019autrefois, dans les ann\u00e9es 70. Alors qu\u2019il y avait tant de choses \u00e0 \u00e9tudier d\u2019autre, notamment cette libert\u00e9 sexuelle, grande nouveaut\u00e9 s\u2019il en est.<\/p>\n

A moins que justement les t\u00eates pensantes de l\u2019Acad\u00e9mie imaginent le placer dans le programme pour tenter de canaliser une libido d\u00e9bordante. Car un psychologue ne verrait dans ce texte des Chants qu\u2019une resuc\u00e9e de ce que lui a enseign\u00e9 Sigmund, que le sexe est \u00e0 l\u2019origine de tout, y compris des chants de Maldoror, surtout de ce genre de textes.<\/p>\n

Alors que si l\u2019on lit ce qu\u2019en dit l\u2019auteur c\u2019est tout le contraire, c\u2019est l\u2019an\u00e9antissement par d\u2019autres moyens, par tout autre moyen, notamment celui de l\u2019exercice de la langue, une remont\u00e9e \u00e0 ses origines, \u00e0 son incoh\u00e9rence fondamentale.<\/p>\n

A l\u2019incoh\u00e9rence fondamentale de l\u2019\u00e9go tout autant que de tout narrateur, tout personnage et m\u00eame de toute histoire, notamment celle litt\u00e9raire.<\/p>\n

En quoi tout cela m\u2019int\u00e9resse t\u2019il soudain ? Assez modestement quant \u00e0 la r\u00e9daction de ce blog dont les enjeux sont \u00e0 peu pr\u00e8s les m\u00eames, y compris cette n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019an\u00e9antissement.<\/p>\n

Cet an\u00e9antissement ce n\u2019est pas celui de l\u2019\u00eatre cependant mais de cet ensemble de couches mensong\u00e8res que la notion d\u2019avoir, de poss\u00e9der ; de ma\u00eetriser, aura enseveli
Comment en finir avec ce mensonge, en le montrant, en le d\u00e9signant sous toutes ses formes, en l\u2019\u00e9puisant, ce qui n\u2019est pas une mince affaire.<\/p>\n

Parall\u00e8lement je reviens sur le fait d\u2019avoir perdu ma voix il y a deux semaines et qui prend un sens symbolique tout \u00e0 coup
Perdre sa voix ce n\u2019est pas rien.
Je suis all\u00e9 consulter et je m\u2019en suis tir\u00e9 avec une semaine d\u2019antibiotique. Ma voix est revenue. Mais un petit doute subsiste. Si ma voix physique est revenue, quelque chose s\u2019est produit dans l\u2019invisible. Une mue.
Ce qui provoque un certain nombre de r\u00eaveries tout droit surgies de l\u2019enfance, comme si perdre ma voix d\u2019adulte me ramenait illico \u00e0 une p\u00e9riode de pubert\u00e9. A cette charni\u00e8re o\u00f9 l\u2019on voit s\u2019\u00e9vanouir sa voix d\u2019enfant, mais pas seulement, tout un monde que l\u2019on porte en soi et dont l\u2019abandon sonne le glas de cette enfance.
Comme si l\u2019on se sentait pouss\u00e9 par des forces mal\u00e9fiques \u00e0 troquer son enfance ; et tout ce qui nous est de plus cher, contre des compromis m\u00e9diocres afin de p\u00e9n\u00e9trer dans l’\u00e2ge adulte. Avec surtout cette obsession, cette obstination \u00e0 \u00eatre accept\u00e9 comme tel.<\/p>\n

Troquer une immaturit\u00e9 pr\u00e9tendue contre une autre av\u00e9r\u00e9e alors qu’on sait d’avance qu’av\u00e9r\u00e9e est synonyme d’impos\u00e9e, c’est un supplice.<\/p>\n

De l\u00e0 tous ces ph\u00e9nom\u00e8nes d\u2019identification, ce besoin de mod\u00e8les, ces admirations etc etc.<\/p>\n

Il y a aussi une envie de renoncement tr\u00e8s forte \u00e0 ce monde dit adulte mais que je consid\u00e8re totalement cingl\u00e9.<\/p>\n

Bien sur je ne le peux pas. Je ne peux pas renoncer compl\u00e8tement.<\/p>\n

Mais \u00e9crire une histoire f\u00e9erique m\u2019attire beaucoup. Revenir \u00e0 des arch\u00e9types essentiels. A une relation binaire bien et mal serait reposant, voire m\u00eame roboratif. Quand je repense aux textes d\u2019Elie Faure sur la d\u00e9cadence de l\u2019art chez les grecs, c\u2019est, dit-il par l\u2019exc\u00e8s de d\u00e9tails, de drap\u00e9 surtout, par l\u2019abondance de nuances que la d\u00e9cr\u00e9pitude s\u2019installe.<\/p>\n

Et du coup si je poursuis ce raisonnement je ne peux pas faire l’impasse sur ce qui est en train de se produire en Espagne comme un peu partout d\u00e9sormais en Europe. La mont\u00e9e de l’extr\u00eame droite qui justement pr\u00e9tend proposer une vision binaire du monde, du bien et du mal, de revenir \u00e0 des valeurs claires, bien tranch\u00e9es dans le vif, rassurantes.<\/p>\n


Et pour revenir \u00e0 Lautr\u00e9amont et \u00e0 cette p\u00e9riode sinistre dans laquelle il a v\u00e9cu il est difficile de ne pas faire un rapprochement avec la notre. Napol\u00e9on III et la naissance du capitalisme, la naissance de l\u2019horreur et puis cette p\u00e9riode dans laquelle nous sommes, son agonie, ses sursauts effroyables encore \u00e0 venir certainement du monstre qui sent bien qu\u2019il est en train de crever. Possible que le d\u00e9sir d’ordre, de dictature soit l’accompagnement r\u00e9current de l’an\u00e9antissement d’un ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9conomique d\u00e9faillant.<\/p>\n

Une sorte d’outrance comme on peut trouver dans les phrases \u00e0 rallonge, bourr\u00e9es d’images de m\u00e9taphores en regard d’une autre outrance qui elle ass\u00e8ne \u00e0 coups de bottes et d’armes lourdes l’imp\u00e9ratif de la sobri\u00e9t\u00e9.<\/p>", "content_text": "R\u00e9ception des ambassadeurs siamois par l'Empereur Napol\u00e9on III au palais de Fontainebleau, 27 juin 1861\u00a9 RMN-GP (Ch\u00e2teau de Versailles) \/ Droits r\u00e9serv\u00e9s\n\n\u00c7a y est mai se termine. Je n\u2019ai pas compt\u00e9 le nombre de textes \u00e9crits ce mois-ci. Il doit y en avoir un bon paquet. Minimum deux par jour en moyenne. Et d\u2019ailleurs quelle importance de compter. Tu ne vas pas t\u2019y mettre aujourd\u2019hui.\n\nLu hier soir un peu du Lautr\u00e9amont de Marcelin Pleynet. Que de supputations de part et d\u2019autre. Un peu \u00e9tonn\u00e9 par les avis de Bachelard concernant la biographie du jeune Ducasse et surtout toutes ces interpr\u00e9tations qui seront extraites de si de peu de chose finalement.\n\nQue la litt\u00e9rature soit le fruit d\u2019un r\u00e8glement de compte, d\u2019une revanche, d\u2019un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 ou de sup\u00e9riorit\u00e9 la place dans le camp des psychologues et des universitaires qui cherchent toujours des raisons \u00e0 tout. D\u2019ailleurs ceux qui prendront Lautr\u00e9amont pour un doux dingue sont souvent dans l\u2019enseignement. Ce sont les serviteurs d\u2019une certaine vision de la litt\u00e9rature au m\u00eame titre qu'on retrouvera les m\u00eames en peinture. Chaque art institutionnalis\u00e9 poss\u00e8de ses serviteurs z\u00e9l\u00e9s pour entretenir les \u00e9chafaudages branlants de la culture telle qu\u2019on veut nous l\u2019imposer.\n\nIl y a une g\u00e8ne \u00e0 penser que Lautr\u00e9amont ou Ducasse soit mort jeune. Et qu'on profite ainsi de sa disparition pr\u00e9coce. Qu'on l'\u00e9l\u00e8ve ainsi \u00e0 une position d'\u00e9toile presque naturellement. Car dans le fond, Que sait-on vraiment de l\u2019existence \u00e0 25 ans ? Et surtout possible que nombre de vieux barbons ayant renonc\u00e9 \u00e0 la fulgurance du g\u00e9nie de leur jeunesse en soient non pas admiratifs chez l\u2019autre mais fondamentalement jaloux. Cette jalousie se dissimulant dans de gros livres bourr\u00e9s de propos pr\u00e9tendus s\u00e9rieux ou savants.\n\nCe dont se moque \u00e9perdument le g\u00e9nie de la jeunesse qui d'ailleurs ne sait m\u00eame pas qu'il est g\u00e9nie.\n\nEst-il possible d\u2019admirer qui que ce soit sans que cette admiration nous propose un reflet de nous-m\u00eames, de qui nous f\u00fbmes, de qui nous r\u00eavions d\u2019\u00eatre dans le temps ?\n\nC\u2019est le fameux ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019identification sur lequel on nous interroge avec inqui\u00e9tude tout au long de notre scolarit\u00e9.\n\n\u201c\u2014Va t\u2019il enfin pouvoir s\u2019identifier \u00e0 quelqu\u2019un ? \u00c7a nous soulagerait bien, et nous serions tranquilles un moment\u201d\n\nComprendre ce ph\u00e9nom\u00e8ne de reflet trop jeune est une mal\u00e9diction car on ne peut que se m\u00e9fier alors de toute admiration.\n\nToute admiration pr\u00e9tendument spontan\u00e9e fini par \u00eatre pollu\u00e9e par l\u2019introspection.\n\nC\u2019est un long processus de passer de l\u2019admiration \u00e0 l\u2019amour. Et encore il faudra se farcir toutes les strates pour parvenir \u00e0 s\u2019an\u00e9antir proprement face \u00e0 l\u2019\u00e9v\u00e9nement d\u2019aimer, face \u00e0 son authenticit\u00e9 surtout si on y acc\u00e8de apr\u00e8s avoir rumin\u00e9 longuement le mot authentique.\n\n\n\nPleynet d\u00e9bute son livre avec des t\u00e9moignages concernant la jeunesse de Lautr\u00e9amont ( je pr\u00e9f\u00e8re dire Lautr\u00e9amont que Ducasse finalement )\n\nC\u2019est toujours la m\u00eame sc\u00e8ne qui est reprise de t\u00e9moignage en t\u00e9moignage. Un jeune homme efflanqu\u00e9 assis devant un piano dans une chambre d\u2019h\u00f4tel et qui, au fur et \u00e0 mesure qu\u2019il \u00e9crit plaque des accords au grand d\u00e9sespoir de ses voisins.\n\nSorte d\u2019image refuge pour la plupart. De m\u00eame que le r\u00e9cit de la vie scolaire est toujours celui d\u2019un \u00eatre qui semble perdu, dans sa bulle et qui n'est visiblement pas tr\u00e8s dou\u00e9 pour la po\u00e9sie voire qui la r\u00e9fute telle qu\u2019elle est enseign\u00e9e.\n\nOn pourra dire ce que l\u2019on voudra, \u00e9tudier Lautr\u00e9amont au lyc\u00e9e est une ineptie. D\u00e9j\u00e0 parce que les enseignants ne font que r\u00e9p\u00e9ter ce que d\u2019autres leur ont appris de l\u2019\u0153uvre la plupart du temps et que de plus les phrases \u00e0 rallonge n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux \u00e9tudiants de cet \u00e2ge.\n\nCa les ennuie surtout. Encore que je ne fasse encore que parler de moi bien sur. De ce moi \u00e0 l\u2019\u00e2ge des \u00e9tudiants d\u2019un lyc\u00e9e d\u2019autrefois, dans les ann\u00e9es 70. Alors qu\u2019il y avait tant de choses \u00e0 \u00e9tudier d\u2019autre, notamment cette libert\u00e9 sexuelle, grande nouveaut\u00e9 s\u2019il en est.\n\n\n\nA moins que justement les t\u00eates pensantes de l\u2019Acad\u00e9mie imaginent le placer dans le programme pour tenter de canaliser une libido d\u00e9bordante. Car un psychologue ne verrait dans ce texte des Chants qu\u2019une resuc\u00e9e de ce que lui a enseign\u00e9 Sigmund, que le sexe est \u00e0 l\u2019origine de tout, y compris des chants de Maldoror, surtout de ce genre de textes.\n\n\n\nAlors que si l\u2019on lit ce qu\u2019en dit l\u2019auteur c\u2019est tout le contraire, c\u2019est l\u2019an\u00e9antissement par d\u2019autres moyens, par tout autre moyen, notamment celui de l\u2019exercice de la langue, une remont\u00e9e \u00e0 ses origines, \u00e0 son incoh\u00e9rence fondamentale.\n\n\n\nA l\u2019incoh\u00e9rence fondamentale de l\u2019\u00e9go tout autant que de tout narrateur, tout personnage et m\u00eame de toute histoire, notamment celle litt\u00e9raire.\n\nEn quoi tout cela m\u2019int\u00e9resse t\u2019il soudain ? Assez modestement quant \u00e0 la r\u00e9daction de ce blog dont les enjeux sont \u00e0 peu pr\u00e8s les m\u00eames, y compris cette n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019an\u00e9antissement.\n\n\n\nCet an\u00e9antissement ce n\u2019est pas celui de l\u2019\u00eatre cependant mais de cet ensemble de couches mensong\u00e8res que la notion d\u2019avoir, de poss\u00e9der; de ma\u00eetriser, aura enseveli\n\nComment en finir avec ce mensonge, en le montrant, en le d\u00e9signant sous toutes ses formes, en l\u2019\u00e9puisant, ce qui n\u2019est pas une mince affaire.\n\n\n\nParall\u00e8lement je reviens sur le fait d\u2019avoir perdu ma voix il y a deux semaines et qui prend un sens symbolique tout \u00e0 coup\n\nPerdre sa voix ce n\u2019est pas rien.\n\nJe suis all\u00e9 consulter et je m\u2019en suis tir\u00e9 avec une semaine d\u2019antibiotique. Ma voix est revenue. Mais un petit doute subsiste. Si ma voix physique est revenue, quelque chose s\u2019est produit dans l\u2019invisible. Une mue.\n\nCe qui provoque un certain nombre de r\u00eaveries tout droit surgies de l\u2019enfance, comme si perdre ma voix d\u2019adulte me ramenait illico \u00e0 une p\u00e9riode de pubert\u00e9. A cette charni\u00e8re o\u00f9 l\u2019on voit s\u2019\u00e9vanouir sa voix d\u2019enfant, mais pas seulement, tout un monde que l\u2019on porte en soi et dont l\u2019abandon sonne le glas de cette enfance.\n\nComme si l\u2019on se sentait pouss\u00e9 par des forces mal\u00e9fiques \u00e0 troquer son enfance; et tout ce qui nous est de plus cher, contre des compromis m\u00e9diocres afin de p\u00e9n\u00e9trer dans l'\u00e2ge adulte. Avec surtout cette obsession, cette obstination \u00e0 \u00eatre accept\u00e9 comme tel.\n\nTroquer une immaturit\u00e9 pr\u00e9tendue contre une autre av\u00e9r\u00e9e alors qu'on sait d'avance qu'av\u00e9r\u00e9e est synonyme d'impos\u00e9e, c'est un supplice.\n\n\n\nDe l\u00e0 tous ces ph\u00e9nom\u00e8nes d\u2019identification, ce besoin de mod\u00e8les, ces admirations etc etc.\n\n\n\nIl y a aussi une envie de renoncement tr\u00e8s forte \u00e0 ce monde dit adulte mais que je consid\u00e8re totalement cingl\u00e9.\n\nBien sur je ne le peux pas. Je ne peux pas renoncer compl\u00e8tement.\n\n\n\nMais \u00e9crire une histoire f\u00e9erique m\u2019attire beaucoup. Revenir \u00e0 des arch\u00e9types essentiels. A une relation binaire bien et mal serait reposant, voire m\u00eame roboratif. Quand je repense aux textes d\u2019Elie Faure sur la d\u00e9cadence de l\u2019art chez les grecs, c\u2019est, dit-il par l\u2019exc\u00e8s de d\u00e9tails, de drap\u00e9 surtout, par l\u2019abondance de nuances que la d\u00e9cr\u00e9pitude s\u2019installe.\n\nEt du coup si je poursuis ce raisonnement je ne peux pas faire l'impasse sur ce qui est en train de se produire en Espagne comme un peu partout d\u00e9sormais en Europe. La mont\u00e9e de l'extr\u00eame droite qui justement pr\u00e9tend proposer une vision binaire du monde, du bien et du mal, de revenir \u00e0 des valeurs claires, bien tranch\u00e9es dans le vif, rassurantes.\n\n\n\nEt pour revenir \u00e0 Lautr\u00e9amont et \u00e0 cette p\u00e9riode sinistre dans laquelle il a v\u00e9cu il est difficile de ne pas faire un rapprochement avec la notre. Napol\u00e9on III et la naissance du capitalisme, la naissance de l\u2019horreur et puis cette p\u00e9riode dans laquelle nous sommes, son agonie, ses sursauts effroyables encore \u00e0 venir certainement du monstre qui sent bien qu\u2019il est en train de crever. Possible que le d\u00e9sir d'ordre, de dictature soit l'accompagnement r\u00e9current de l'an\u00e9antissement d'un ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9conomique d\u00e9faillant. \n\nUne sorte d'outrance comme on peut trouver dans les phrases \u00e0 rallonge, bourr\u00e9es d'images de m\u00e9taphores en regard d'une autre outrance qui elle ass\u00e8ne \u00e0 coups de bottes et d'armes lourdes l'imp\u00e9ratif de la sobri\u00e9t\u00e9. 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Ordre chronologique des textes comme ils arrivent.<\/p>\n

Aphone<\/a><\/p>\n

Vampirella<\/a><\/p>\n

L’insomnie<\/a><\/p>\n

Aphone <\/h2>

J\u2019essaie de reconstituer les diff\u00e9rentes \u00e9tapes de cette histoire ; mais je ne sais pas si j\u2019aurais le temps. Peut-\u00eatre que le fait de revenir \u00e0 chaque moment clef de cette sinistre aventure me fournira quelques indications sur la logique de celle-ci. A condition qu\u2019il existe encore une logique au sens o\u00f9 nous l\u2019entendions avant mon d\u00e9part. Une logique humaine \u00e9videmment. Et peut-\u00eatre que gr\u00e2ce \u00e0 la logique je d\u00e9couvrirai une issue avant qu\u2019il ne soit trop tard. En tous cas il parait urgent de remettre un peu d\u2019ordre dans mes pens\u00e9es que la panique depuis quelques semaines a compl\u00e8tement chamboul\u00e9es.
J\u2019allumai une cigarette, une “Benson and Hedge”s que j\u2019avais chip\u00e9e \u00e0 ma m\u00e8re puis ouvris la fen\u00eatre qui donne sur la plaine. Les silhouettes mena\u00e7antes des usines se dress\u00e8rent presque aussit\u00f4t telle des g\u00e9ants belliqueux au pied des montagnes du Pil\u00e2t. Puis, il y eut un mouvement rapide, une ombre mangea le ciel et une \u00e9norme pie vint se poser sur l\u2019olivier en pot de la cour,. Elle tourna la t\u00eate \u00e0 quatre-vingt dix degr\u00e9s et son \u0153il rond sembla me d\u00e9visager. Elle d\u00fb voir que je la regardais moi aussi et d\u2019\u2019un coup d\u2019aile elle fut sur la margelle de la fen\u00eatre puis se mis \u00e0 me parler dans son langage de pie. Un langage parfaitement compr\u00e9hensible et qui disait :
“—D\u00e9p\u00eache toi jeune Guillaume, ils sont \u00e0 ta recherche “
Ce n\u2019\u00e9tait pas vraiment une surprise de comprendre la langue des pies. En tous cas, depuis que j\u2019\u00e9tais devenu aphone, de tr\u00e8s \u00e9tranges choses avaient commenc\u00e9es \u00e0 surgir dans ma vie il y avait environ trois semaines.<\/p>\n

Peut-\u00eatre devrais-je d\u2019ailleurs commencer par l\u00e0. Par ce samedi matin o\u00f9 Madame Blaisot, professeur de fran\u00e7ais me demanda de lire devant toute la classe un expos\u00e9 sur Lautr\u00e9amont. J\u2019avais travaill\u00e9 dur pour \u00e9tudier la biographie d\u2019Isidore Ducasse et je dois avouer que “Les Chant de Maldoror” ne m\u2019avaient pas vraiment captiv\u00e9. Mais je m\u2019\u00e9tais accroch\u00e9, le fran\u00e7ais \u00e9tant ma mati\u00e8re pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e et Madame Blaisot ma prof pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e.<\/p>\n

A la v\u00e9rit\u00e9 j\u2019avais plagi\u00e9 une grande partie des \u00e9crivains qui avaient dissert\u00e9 sur l\u2019\u0153uvre de Ducasse. Le peu que j\u2019en avais retenu \u00e9tait digne d\u2019int\u00e9r\u00eat, mais beaucoup moins que de tenter de me rapprocher d\u2019Isabelle Bondarenko, une petite brune bien roul\u00e9e aux yeux d\u2019acier.<\/p>\n

Et ces derni\u00e8res semaines d\u00e9couvrant un rival potentiel en la personne d\u2019 Edouard Bonnichon, j\u2019avais du mettre les bouch\u00e9es doubles pour cr\u00e9er l\u2019int\u00e9r\u00eat de la magnifique jeune fille.<\/p>\n

A commencer par mettre un poing dans la figure d\u2019Edouard Bonnichon au beau milieu de la cour du lyc\u00e9e quand il s\u2019\u00e9tait permis d\u2019haranguer la foule pr\u00e9textant avec d\u00e9dain :
“—qu\u2019aucune ne lui r\u00e9sistait, pas m\u00eame cette b\u00eacheuse d\u2019Isabelle Bondarenko.”<\/p>\n

Apr\u00e8s la surprise de la claque re\u00e7ue de ma part, Bonnichon retrouva vite ses esprits et me laissa sur le carreau. Mais mon objectif \u00e9tait atteint. Isabelle se pencha sur moi en me donnant des petites tapes sur les joues un peu inqui\u00e8te
“— \u00e7a va Guillaume rien de cass\u00e9 ?”
Sur quoi je feignis de ne pas pouvoir bouger. Enfin, voyant que mon adversaire se rapprochait \u00e0 nouveau pour se moquer de toute \u00e9vidence, je fus sur pieds aussit\u00f4t et lui rentrait \u00e0 nouveau dans le lard sans pr\u00e9venir.
Il s\u2019\u00e9croula lui aussi et j\u2019eus juste eu le temps de voir le sourire b\u00e9at d\u2019isabelle Bondarenko que je sentis mon oreille s\u2019\u00e9tirer sous la pression des doigts du Berk le pion qui avait un flair incomparable pour d\u00e9tecter la moindre embrouille dans l\u2019enceinte de l\u2019\u00e9tablissement.<\/p>\n

Et donc ce fut juste apr\u00e8s cette bagarre que je dus monter sur l\u2019estrade pour faire mon expos\u00e9. Ce n\u2019\u00e9tait pas franchement mauvais, j\u2019avais pris soin de r\u00e9\u00e9crire dans une syntaxe compr\u00e9hensible par mes camarades les mots de Gracq , de Pleynet, de Blanchot. Mais le fait est qu\u2019au moment d\u2019ouvrir la bouche, il se passa une chose bizarre, aucun son ne put sortir de ma bouche. J\u2019\u00e9tais devenu aphone.<\/p>\n

Et encore au moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris ces lignes je n\u2019ai pas retrouv\u00e9 ma voix d\u2019avant, je m\u2019exprime comme un vieillard chevrotant alors que j\u2019ai une sacr\u00e9e belle voix normalement. Mais comme je le disais normalement est d\u00e9sormais un mot \u00e0 bannir du vocabulaire que j\u2019emploie pour \u00e9crire ces lignes.<\/p>\n

“—M\u00e9fie toi jeune Guillaume repris la pie qui ne m\u2019avait pas quitt\u00e9 de l\u2019\u0153il pendant que j\u2019essayais de retrouver le fil des \u00e9v\u00e9nement. Et si tu pouvais t\u2019abstenir de fumer ces salet\u00e9s \u00e7a te donnerait sans doute un peu plus de chance pour l\u2019avenir.”
Puis la pie s\u2019envola du cot\u00e9 des montagnes du Pil\u00e2t, je la suivis des yeux un moment, \u00e9crasai la cigarette dans un vieux pot de fleur qui contenait d\u00e9j\u00e0 une bonne dizaine de m\u00e9gots. Enfin j\u2019aspergeais la pi\u00e8ce de V\u00e9tiver et refermais la fen\u00eatre.<\/p>\n


Vampirella<\/h2>\n

Ma m\u00e8re \u00e9tait dans la cuisine. Attabl\u00e9e devant son petit verre de blanc, elle alluma une nouvelle cigarette.
“— Le repas est pr\u00eat si tu veux manger”, dit-elle fatigu\u00e9e
Je soulevai le couvercle de la marmite, il y avait des p\u00e2tes ti\u00e8des. Je m\u2019en servi une assiette puis vins m\u2019installer pr\u00e8s d\u2019elle.
“— tu as peint aujourd\u2019hui ?” lui demandai-je
Mais elle ne dit rien, elle semblait ailleurs, elle se contenta de remplir son verre.
Cela faisait plusieurs jours qu\u2019elle ne peignait plus. Elle avait rang\u00e9 son mat\u00e9riel. Le salon \u00e9tait nickel. Elle avait fait le m\u00e9nage de fond en comble, mon p\u00e8re \u00e9tait en d\u00e9placement dans l\u2019Est, il ne devait revenir qu\u2019en fin de semaine.
“— Tu pourras aller voir ce que fabrique ton fr\u00e8re je ne l\u2019ai pas vu depuis qu\u2019il est rentr\u00e9 de l\u2019\u00e9cole” Elle avait les yeux vitreux et sa voix \u00e9tait lasse, l\u00e9g\u00e8rement \u00e9raill\u00e9e.
“— Dis-lui que le repas est pr\u00eat \u00e7a le fera peut-\u00eatre descendre\u2026” ajouta t\u2019elle tandis que je montais l\u2019escalier.
Mon frangin \u00e9coutait Johnny, \u00e9couteurs dans les oreilles, en regardant le plafond. Nous avions trois ans de diff\u00e9rence et des go\u00fbts musicaux contraires. A l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais dans Tangerin Dream, Pink Floyd, Led Zep. Les bourges du Lyc\u00e9e \u00e9coutaient Status Quo et Magma ce qui m\u2019avait fait prendre ces groupes en grippe. Et bien s\u00fbr la vari\u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise n\u2019\u00e9tait pas ma tasse de th\u00e9.
“— Si tu veux bouffer c\u2019est pr\u00eat” je lui dis puis je refermai la porte et m\u2019enfermai dans ma propre chambre pour \u00e9couter Get Your Wings d\u2019A\u00e9rosmith.
Il n\u2019y avait pas longtemps qu\u2019on avait emm\u00e9nag\u00e9 dans cette maison. Peut-\u00eatre deux ou trois mois \u00e0 peine. J\u2019avais \u00e0 peine eu le temps de prendre mes marques que les grandes vacances commen\u00e7aient et que j\u2019allais dans le bourbonnais chez mes grands-parents paternels. Nous \u00e9tions d\u00e9but septembre, c\u2019\u00e9tait la rentr\u00e9e et tout en fredonnant
\"— it’s the same old story, same old song and dance, my friend
— it’s the same old story, same old song and dance, my friend\"
J\u2019observais ce visage de femme style Vampirella dessin\u00e9 directement au feutre noir sur le mur blanc. Puis je m\u2019assoupis emport\u00e9 par les accords endiabl\u00e9s de Brad Whitford, guitariste nettement sup\u00e9rieur \u00e0 Ray Tabano, mais ce n\u2019est bien sur que mon humble avis.
Ce fut ce jour l\u00e0 que les choses commenc\u00e8rent \u00e0 se modifier, au d\u00e9but imperceptiblement, par toute petite touches
Ainsi quand je me r\u00e9veillai surpris par le silence r\u00e9gnant dans la maison mon regard se porta sur le dessin et d\u00e9couvris que la bouche tout \u00e0 l\u2019heure un peu d\u00e9daigneuse de Vampirella formait d\u00e9sormais un “oh” parfaitement rond d\u2019\u00e9tonnement. Je voulu pousser une exclamation mais rien ne pu sortir. Je restais sans voix.<\/p>\n


L’insomnie <\/h2>\n

Le sommeil est un refuge, le refuge de ce moi qui ne peut \u00eatre moi dans le vie diurne. Il suffit de peu de chose pour que je sois soudain pris d\u2019engourdissement, que ma vision se brouille, que mon regard devienne lunaire, que mes oreilles se ferment \u00e0 tous les bruits ext\u00e9rieurs pour ne plus s\u2019ouvrir que sur ceux provenant d’ un int\u00e9rieur rassurant. Le bruit de la respiration surtout, bien plus que les battements de c\u0153ur qui m\u2019ont toujours plus ou moins angoiss\u00e9s. Je crois que j\u2019ai pass\u00e9 toute ma jeunesse et m\u00eame au del\u00e0 ma vie de jeune adulte dans un sommeil plus ou moins continuel, plus ou moins profond. Aussi, peut-\u00eatre n\u2019est-il pas \u00e9tonnant que je perde le sommeil comme on perd beaucoup de choses qui, le croyons-nous na\u00efvement, nous appartiennent. Au d\u00e9but je n\u2019ai pas trouv\u00e9 que l\u2019insomnie \u00e9tait une chose ennuyeuse, refusant de rester allong\u00e9 quand elle me surprenait, j\u2019allais dans l\u2019entr\u00e9e de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions et j\u2019allumais l\u2019agrandisseur pos\u00e9 sur le r\u00e9frig\u00e9rateur, je me retournais ensuite pour baisser une planche accroch\u00e9e au mur avec des cha\u00eenettes, un dispositif rudimentaire que j\u2019avais confectionn\u00e9 pour compenser l\u2019exigu\u00eft\u00e9 des lieux, je d\u00e9veloppais des tirages en noir et blanc essentiellement, et je pouvais passer ainsi une nuit blanche, prendre un repos d\u2019\u00e0 peine une heure vers le petit matin et encha\u00eener avec mes journ\u00e9es de travail ensuite sans en subir de p\u00e9nibles cons\u00e9quences. Mon esprit restait vif quoique l\u00e9g\u00e8rement embrum\u00e9 par moment, et je crois m\u00eame que j\u2019ai d\u00fb b\u00e9nir l\u2019insomnie de nombreuses fois car elle me procurait comme une facult\u00e9 d\u2019amortir les \u00e9v\u00e9nements de la r\u00e9alit\u00e9. Que ce soit une critique, un compliment, une opinion qu\u2019on me livrait, l\u2019\u00e9trange sensation qu\u2019elle s\u2019adressaient d\u00e9sormais \u00e0 une sorte de double de moi-m\u00eame me projetait \u00e0 bonne distance de tout agacement inutile, de col\u00e8res intempestives. D\u2019une certaine mani\u00e8re l\u2019insomnie m\u2019aura enseign\u00e9 \u00e0 \u00eatre zen bien avant que je ne le pratique des ann\u00e9es plus tard. Plonger dans la photographie durant une nuit d’ insomnie est bien \u00e9trange car on se rend compte aussi qu\u2019on ne peut exister dans celles-ci qu\u2019au pr\u00e9sent. La photographie et l\u2019insomnie sont consubstantielles au pr\u00e9sent. Les temps de pause et de r\u00e9v\u00e9lation des images semblent \u00e9troitement li\u00e9s au moment pr\u00e9sent, m\u00eame si on compte parfois mentalement les secondes, il semble que ce ne soit que pour du beurre si je peux employer ce genre d\u2019expression. Car effectivement c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 la photographie que nous p\u00fbmes ajouter du beurre dans les \u00e9pinards r\u00e9ellement. Tr\u00e8s vite le cabinet d\u2019architecte o\u00f9 je travaillais m\u2019offrit la possibilit\u00e9 de faire des clich\u00e9s de maquettes et de les d\u00e9velopper, ce qui fut pour moi comme une sorte de petite promotion sociale sur laquelle je ne crachai pas.<\/p>\n


", "content_text": "Ordre chronologique des textes comme ils arrivent.\n\nAphone\n\nVampirella\n\nL'insomnieAphone \n\nJ\u2019essaie de reconstituer les diff\u00e9rentes \u00e9tapes de cette histoire; mais je ne sais pas si j\u2019aurais le temps. Peut-\u00eatre que le fait de revenir \u00e0 chaque moment clef de cette sinistre aventure me fournira quelques indications sur la logique de celle-ci. A condition qu\u2019il existe encore une logique au sens o\u00f9 nous l\u2019entendions avant mon d\u00e9part. Une logique humaine \u00e9videmment. Et peut-\u00eatre que gr\u00e2ce \u00e0 la logique je d\u00e9couvrirai une issue avant qu\u2019il ne soit trop tard. En tous cas il parait urgent de remettre un peu d\u2019ordre dans mes pens\u00e9es que la panique depuis quelques semaines a compl\u00e8tement chamboul\u00e9es.\n\nJ\u2019allumai une cigarette, une \u201cBenson and Hedge\u201ds que j\u2019avais chip\u00e9e \u00e0 ma m\u00e8re puis ouvris la fen\u00eatre qui donne sur la plaine. Les silhouettes mena\u00e7antes des usines se dress\u00e8rent presque aussit\u00f4t telle des g\u00e9ants belliqueux au pied des montagnes du Pil\u00e2t. Puis, il y eut un mouvement rapide, une ombre mangea le ciel et une \u00e9norme pie vint se poser sur l\u2019olivier en pot de la cour,. Elle tourna la t\u00eate \u00e0 quatre-vingt dix degr\u00e9s et son \u0153il rond sembla me d\u00e9visager. Elle d\u00fb voir que je la regardais moi aussi et d\u2019\u2019un coup d\u2019aile elle fut sur la margelle de la fen\u00eatre puis se mis \u00e0 me parler dans son langage de pie. Un langage parfaitement compr\u00e9hensible et qui disait:\n\n\u201c\u2014D\u00e9p\u00eache toi jeune Guillaume, ils sont \u00e0 ta recherche \u201c\n\nCe n\u2019\u00e9tait pas vraiment une surprise de comprendre la langue des pies. En tous cas, depuis que j\u2019\u00e9tais devenu aphone, de tr\u00e8s \u00e9tranges choses avaient commenc\u00e9es \u00e0 surgir dans ma vie il y avait environ trois semaines.\n\nPeut-\u00eatre devrais-je d\u2019ailleurs commencer par l\u00e0. Par ce samedi matin o\u00f9 Madame Blaisot, professeur de fran\u00e7ais me demanda de lire devant toute la classe un expos\u00e9 sur Lautr\u00e9amont. J\u2019avais travaill\u00e9 dur pour \u00e9tudier la biographie d\u2019Isidore Ducasse et je dois avouer que \u201cLes Chant de Maldoror\u201d ne m\u2019avaient pas vraiment captiv\u00e9. Mais je m\u2019\u00e9tais accroch\u00e9, le fran\u00e7ais \u00e9tant ma mati\u00e8re pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e et Madame Blaisot ma prof pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e.\n\nA la v\u00e9rit\u00e9 j\u2019avais plagi\u00e9 une grande partie des \u00e9crivains qui avaient dissert\u00e9 sur l\u2019\u0153uvre de Ducasse. Le peu que j\u2019en avais retenu \u00e9tait digne d\u2019int\u00e9r\u00eat, mais beaucoup moins que de tenter de me rapprocher d\u2019Isabelle Bondarenko, une petite brune bien roul\u00e9e aux yeux d\u2019acier.\n\nEt ces derni\u00e8res semaines d\u00e9couvrant un rival potentiel en la personne d\u2019 Edouard Bonnichon, j\u2019avais du mettre les bouch\u00e9es doubles pour cr\u00e9er l\u2019int\u00e9r\u00eat de la magnifique jeune fille.\n\nA commencer par mettre un poing dans la figure d\u2019Edouard Bonnichon au beau milieu de la cour du lyc\u00e9e quand il s\u2019\u00e9tait permis d\u2019haranguer la foule pr\u00e9textant avec d\u00e9dain:\n\n\u201c\u2014qu\u2019aucune ne lui r\u00e9sistait, pas m\u00eame cette b\u00eacheuse d\u2019Isabelle Bondarenko.\u201d\n\nApr\u00e8s la surprise de la claque re\u00e7ue de ma part, Bonnichon retrouva vite ses esprits et me laissa sur le carreau. Mais mon objectif \u00e9tait atteint. Isabelle se pencha sur moi en me donnant des petites tapes sur les joues un peu inqui\u00e8te\n\n\u201c\u2014 \u00e7a va Guillaume rien de cass\u00e9 ?\u201d\n\nSur quoi je feignis de ne pas pouvoir bouger. Enfin, voyant que mon adversaire se rapprochait \u00e0 nouveau pour se moquer de toute \u00e9vidence, je fus sur pieds aussit\u00f4t et lui rentrait \u00e0 nouveau dans le lard sans pr\u00e9venir.\n\nIl s\u2019\u00e9croula lui aussi et j\u2019eus juste eu le temps de voir le sourire b\u00e9at d\u2019isabelle Bondarenko que je sentis mon oreille s\u2019\u00e9tirer sous la pression des doigts du Berk le pion qui avait un flair incomparable pour d\u00e9tecter la moindre embrouille dans l\u2019enceinte de l\u2019\u00e9tablissement.\n\nEt donc ce fut juste apr\u00e8s cette bagarre que je dus monter sur l\u2019estrade pour faire mon expos\u00e9. Ce n\u2019\u00e9tait pas franchement mauvais, j\u2019avais pris soin de r\u00e9\u00e9crire dans une syntaxe compr\u00e9hensible par mes camarades les mots de Gracq , de Pleynet, de Blanchot. Mais le fait est qu\u2019au moment d\u2019ouvrir la bouche, il se passa une chose bizarre, aucun son ne put sortir de ma bouche. J\u2019\u00e9tais devenu aphone.\n\nEt encore au moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris ces lignes je n\u2019ai pas retrouv\u00e9 ma voix d\u2019avant, je m\u2019exprime comme un vieillard chevrotant alors que j\u2019ai une sacr\u00e9e belle voix normalement. Mais comme je le disais normalement est d\u00e9sormais un mot \u00e0 bannir du vocabulaire que j\u2019emploie pour \u00e9crire ces lignes.\n\n\u201c\u2014M\u00e9fie toi jeune Guillaume repris la pie qui ne m\u2019avait pas quitt\u00e9 de l\u2019\u0153il pendant que j\u2019essayais de retrouver le fil des \u00e9v\u00e9nement. Et si tu pouvais t\u2019abstenir de fumer ces salet\u00e9s \u00e7a te donnerait sans doute un peu plus de chance pour l\u2019avenir.\u201d\n\nPuis la pie s\u2019envola du cot\u00e9 des montagnes du Pil\u00e2t, je la suivis des yeux un moment, \u00e9crasai la cigarette dans un vieux pot de fleur qui contenait d\u00e9j\u00e0 une bonne dizaine de m\u00e9gots. Enfin j\u2019aspergeais la pi\u00e8ce de V\u00e9tiver et refermais la fen\u00eatre.Vampirella\n\nMa m\u00e8re \u00e9tait dans la cuisine. Attabl\u00e9e devant son petit verre de blanc, elle alluma une nouvelle cigarette.\n\n\u201c\u2014 Le repas est pr\u00eat si tu veux manger\u201d, dit-elle fatigu\u00e9e\n\nJe soulevai le couvercle de la marmite, il y avait des p\u00e2tes ti\u00e8des. Je m\u2019en servi une assiette puis vins m\u2019installer pr\u00e8s d\u2019elle.\n\n\u201c\u2014 tu as peint aujourd\u2019hui ?\u201d lui demandai-je\n\nMais elle ne dit rien, elle semblait ailleurs, elle se contenta de remplir son verre.\n\nCela faisait plusieurs jours qu\u2019elle ne peignait plus. Elle avait rang\u00e9 son mat\u00e9riel. Le salon \u00e9tait nickel. Elle avait fait le m\u00e9nage de fond en comble, mon p\u00e8re \u00e9tait en d\u00e9placement dans l\u2019Est, il ne devait revenir qu\u2019en fin de semaine.\n\n\u201c\u2014 Tu pourras aller voir ce que fabrique ton fr\u00e8re je ne l\u2019ai pas vu depuis qu\u2019il est rentr\u00e9 de l\u2019\u00e9cole\u201d Elle avait les yeux vitreux et sa voix \u00e9tait lasse, l\u00e9g\u00e8rement \u00e9raill\u00e9e.\n\n\u201c\u2014 Dis-lui que le repas est pr\u00eat \u00e7a le fera peut-\u00eatre descendre\u2026\u201d ajouta t\u2019elle tandis que je montais l\u2019escalier.\n\nMon frangin \u00e9coutait Johnny, \u00e9couteurs dans les oreilles, en regardant le plafond. Nous avions trois ans de diff\u00e9rence et des go\u00fbts musicaux contraires. A l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais dans Tangerin Dream, Pink Floyd, Led Zep. Les bourges du Lyc\u00e9e \u00e9coutaient Status Quo et Magma ce qui m\u2019avait fait prendre ces groupes en grippe. Et bien s\u00fbr la vari\u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise n\u2019\u00e9tait pas ma tasse de th\u00e9.\n\n\u201c\u2014 Si tu veux bouffer c\u2019est pr\u00eat\u201d je lui dis puis je refermai la porte et m\u2019enfermai dans ma propre chambre pour \u00e9couter Get Your Wings d\u2019A\u00e9rosmith.\n\nIl n\u2019y avait pas longtemps qu\u2019on avait emm\u00e9nag\u00e9 dans cette maison. Peut-\u00eatre deux ou trois mois \u00e0 peine. J\u2019avais \u00e0 peine eu le temps de prendre mes marques que les grandes vacances commen\u00e7aient et que j\u2019allais dans le bourbonnais chez mes grands-parents paternels. Nous \u00e9tions d\u00e9but septembre, c\u2019\u00e9tait la rentr\u00e9e et tout en fredonnant\n\n\"\u2014 it's the same old story, same old song and dance, my friend\n\n\u2014 it's the same old story, same old song and dance, my friend\"\n\nJ\u2019observais ce visage de femme style Vampirella dessin\u00e9 directement au feutre noir sur le mur blanc. Puis je m\u2019assoupis emport\u00e9 par les accords endiabl\u00e9s de Brad Whitford, guitariste nettement sup\u00e9rieur \u00e0 Ray Tabano, mais ce n\u2019est bien sur que mon humble avis.\n\nCe fut ce jour l\u00e0 que les choses commenc\u00e8rent \u00e0 se modifier, au d\u00e9but imperceptiblement, par toute petite touches\n\nAinsi quand je me r\u00e9veillai surpris par le silence r\u00e9gnant dans la maison mon regard se porta sur le dessin et d\u00e9couvris que la bouche tout \u00e0 l\u2019heure un peu d\u00e9daigneuse de Vampirella formait d\u00e9sormais un \u201coh\u201d parfaitement rond d\u2019\u00e9tonnement. Je voulu pousser une exclamation mais rien ne pu sortir. Je restais sans voix.L'insomnie \n\nLe sommeil est un refuge, le refuge de ce moi qui ne peut \u00eatre moi dans le vie diurne. Il suffit de peu de chose pour que je sois soudain pris d\u2019engourdissement, que ma vision se brouille, que mon regard devienne lunaire, que mes oreilles se ferment \u00e0 tous les bruits ext\u00e9rieurs pour ne plus s\u2019ouvrir que sur ceux provenant d' un int\u00e9rieur rassurant. Le bruit de la respiration surtout, bien plus que les battements de c\u0153ur qui m\u2019ont toujours plus ou moins angoiss\u00e9s. Je crois que j\u2019ai pass\u00e9 toute ma jeunesse et m\u00eame au del\u00e0 ma vie de jeune adulte dans un sommeil plus ou moins continuel, plus ou moins profond. Aussi, peut-\u00eatre n\u2019est-il pas \u00e9tonnant que je perde le sommeil comme on perd beaucoup de choses qui, le croyons-nous na\u00efvement, nous appartiennent. Au d\u00e9but je n\u2019ai pas trouv\u00e9 que l\u2019insomnie \u00e9tait une chose ennuyeuse, refusant de rester allong\u00e9 quand elle me surprenait, j\u2019allais dans l\u2019entr\u00e9e de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions et j\u2019allumais l\u2019agrandisseur pos\u00e9 sur le r\u00e9frig\u00e9rateur, je me retournais ensuite pour baisser une planche accroch\u00e9e au mur avec des cha\u00eenettes, un dispositif rudimentaire que j\u2019avais confectionn\u00e9 pour compenser l\u2019exigu\u00eft\u00e9 des lieux, je d\u00e9veloppais des tirages en noir et blanc essentiellement, et je pouvais passer ainsi une nuit blanche, prendre un repos d\u2019\u00e0 peine une heure vers le petit matin et encha\u00eener avec mes journ\u00e9es de travail ensuite sans en subir de p\u00e9nibles cons\u00e9quences. Mon esprit restait vif quoique l\u00e9g\u00e8rement embrum\u00e9 par moment, et je crois m\u00eame que j\u2019ai d\u00fb b\u00e9nir l\u2019insomnie de nombreuses fois car elle me procurait comme une facult\u00e9 d\u2019amortir les \u00e9v\u00e9nements de la r\u00e9alit\u00e9. Que ce soit une critique, un compliment, une opinion qu\u2019on me livrait, l\u2019\u00e9trange sensation qu\u2019elle s\u2019adressaient d\u00e9sormais \u00e0 une sorte de double de moi-m\u00eame me projetait \u00e0 bonne distance de tout agacement inutile, de col\u00e8res intempestives. D\u2019une certaine mani\u00e8re l\u2019insomnie m\u2019aura enseign\u00e9 \u00e0 \u00eatre zen bien avant que je ne le pratique des ann\u00e9es plus tard. Plonger dans la photographie durant une nuit d' insomnie est bien \u00e9trange car on se rend compte aussi qu\u2019on ne peut exister dans celles-ci qu\u2019au pr\u00e9sent. La photographie et l\u2019insomnie sont consubstantielles au pr\u00e9sent. Les temps de pause et de r\u00e9v\u00e9lation des images semblent \u00e9troitement li\u00e9s au moment pr\u00e9sent, m\u00eame si on compte parfois mentalement les secondes, il semble que ce ne soit que pour du beurre si je peux employer ce genre d\u2019expression. Car effectivement c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 la photographie que nous p\u00fbmes ajouter du beurre dans les \u00e9pinards r\u00e9ellement. Tr\u00e8s vite le cabinet d\u2019architecte o\u00f9 je travaillais m\u2019offrit la possibilit\u00e9 de faire des clich\u00e9s de maquettes et de les d\u00e9velopper, ce qui fut pour moi comme une sorte de petite promotion sociale sur laquelle je ne crachai pas.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/pie-et-hiboujpgw-7559fd59-35d33.jpg?1762613168", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/noyer-le-poisson.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/noyer-le-poisson.html", "title": "Noyer le poisson", "date_published": "2023-05-29T08:00:27Z", "date_modified": "2025-11-08T14:48:14Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Pour noyer un poisson,<\/p>\n

pr\u00e9sentez vous au bord de l’eau,<\/p>\n

tendez votre ligne,<\/p>\n

surveillez le bouchon,<\/p>\n

attention attention ...<\/p>\n

ferrez !<\/p>\n

Ensuite d\u00e9posez le dans un joli plat \u00e0 la table familiale<\/p>\n

Parlez de choses et d’autres pendant qu’il agonise gentiment.<\/p>\n

Passe moi le sel passe moi le beure<\/p>\n

Quand l’\u0153il devient vitreux qu’il ne se d\u00e9bat plus<\/p>\n

qu’il ne saute ni ne bronche plus<\/p>\n

C’est qu’il est noy\u00e9 pour de bon.<\/p>\n

D\u00e9barrassez la table et foncez sur la t\u00e9l\u00e9commande de la TV<\/p>\n

avant qu’on ne vous prenne de vitesse.<\/p>", "content_text": "Pour noyer un poisson,\n\npr\u00e9sentez vous au bord de l'eau, \n\ntendez votre ligne, \n\nsurveillez le bouchon,\n\nattention attention ...\n\nferrez !\n\nEnsuite d\u00e9posez le dans un joli plat \u00e0 la table familiale \n\nParlez de choses et d'autres pendant qu'il agonise gentiment.\n\nPasse moi le sel passe moi le beure \n\nQuand l'\u0153il devient vitreux qu'il ne se d\u00e9bat plus \n\nqu'il ne saute ni ne bronche plus \n\nC'est qu'il est noy\u00e9 pour de bon. \n\nD\u00e9barrassez la table et foncez sur la t\u00e9l\u00e9commande de la TV \n\navant qu'on ne vous prenne de vitesse.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/materialites1jpg-1e2e413d-c9786.jpg?1762613249", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29052023-suite.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29052023-suite.html", "title": "29052023 ( suite )", "date_published": "2023-05-29T06:06:49Z", "date_modified": "2025-11-05T13:10:54Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

J\u2019aurais pu ajouter ces lignes dans la premi\u00e8re partie, peut-\u00eatre le ferais-je plus tard. J\u2019ai encore un peu de temps ce matin et j\u2019oscille entre fiction et journal. C\u2019est d\u00e9sagr\u00e9able \u00e0 premi\u00e8re vue d\u2019osciller. Mais en prenant du recul je crois que ce sont ces oscillations justement qui sont utiles \u00e0 toute esp\u00e9rance de progression. Pourquoi faut-il que les choses soient toujours aussi d\u00e9sagr\u00e9ables \u00e0 premi\u00e8re vue ? Parce qu\u2019elles nous expulsent d\u2019un confort, d\u2019une habitude tout en la renfor\u00e7ant
Prendre l\u2019habitude de vivre cet aspect d\u00e9sagr\u00e9able, jouer le jeu qu\u2019impose cette sensation premi\u00e8re. Il est cependant n\u00e9cessaire de ne pas s\u2019appuyer sur l\u2019espoir que les choses \u00e0 un moment ou l\u2019autre s\u2019inversent.<\/p>\n

\u00c9crire n\u2019est pas une recherche de martingale.<\/p>\n

Un nouvel exercice propos\u00e9 dans le cadre de l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture de FB. L\u2019adverbe comme avec comme protagonistes Lautr\u00e9amont et Marcellin Pleynet.<\/p>\n

Le premier comme<\/em> compte pour du beurre. Et je n’ai rien contre Isidore Ducasse.<\/p>\n

Il est con comme un balai ( par exemple) Oui mais suivre ensuite les mouvements du balai, qui au bout du compte ne s\u2019av\u00e8re pas si con que \u00e7a puisqu\u2019au bout on retombe toujours plus ou moins sur une table de dissection avec une machine \u00e0 coudre, un parapluie et une rencontre assez surr\u00e9aliste.<\/p>\n

C\u2019est comme Am\u00e9lie Nothomb qui dit que la m\u00e9taphore est \u00e0 bannir, que c\u2019est bien trop facile, qu\u2019\u00e9crire \u00e0 grand renfort de m\u00e9taphores est une forme de paresse affligeante.<\/p>\n

En sommes-nous encore \u00e0 une affliction pr\u00e8s ?<\/p>\n

Ce n\u2019est pas la m\u00eame chose d\u2019\u00e9crire en jouant avec ce qui s\u2019\u00e9crit au fur et \u00e0 mesure que de penser \u00e9crire en pensant dur comme fer avoir vraiment quelque chose \u00e0 dire.
C\u2019est comme pisser dans un violon, la seconde mani\u00e8re de plus en plus.
Car ai-je quelque chose \u00e0 dire ?<\/p>\n

J\u2019ai des choses qui poussent, qui s\u2019embrouillent au portillon. Ticket s\u2019il vous pla\u00eet ! Faites donc un petit tour au guichet, la queue comme tout le monde, ensuite revenez voir.<\/p>\n

Soyons s\u00e9rieux comme un pape. ( admettons le s\u00e9rieux des papes c\u2019est plus simple que d\u2019admettre le s\u00e9rieux d\u2019Artaban) Car la fiert\u00e9 est une affaire de s\u00e9rieux o\u00f9 elle n\u2019est pas. Maintenant est-ce Perse ou Parthes bien malin qui pourra le savoir.<\/p>\n

\u00c9crire en se d\u00e9tournant du s\u00e9rieux donne du fil \u00e0 tordre. Puis peut devenir une fuite en avant.
Une lente implosion, une implosion comme au ralenti de tout s\u00e9rieux creuse progressivement une distance, un \u00e9cart avec l\u2019objet d\u2019apparence solide qu\u2019il pensait \u00eatre.<\/p>\n

Sombrer dans l\u2019oulipo. Faire naufrage chez les oulipiens. A moins que comme d\u2019habitude ce soit exactement le contraire.<\/p>\n

dans la collection \u00e9crire avec quelque chose \u00e0 dire, je m’aper\u00e7ois que j’ai compl\u00e8tement oubli\u00e9 d’\u00e9crire ce que je voulais dire en ouvrant \u00e0 nouveau l’\u00e9diteur.<\/p>\n

comme un blanc.<\/p>\n

Je voulais dire qu’un lecteur qui paie, qui ach\u00e8te son livre justement parce qu’il paie peut se sentir l\u00e9gitime de fournir son avis sur ce livre. Mais un lecteur de blog ne se sent m\u00eame pas tenu de mettre un like s’il d\u00e9sire lire de fa\u00e7on anonyme.<\/p>\n

Ensuite donner un avis de quelque mani\u00e8re que ce soit y compris en \u00e9crivant un journal, est-ce bien pour cela qu’on s’enferme ? \u00e7a m’\u00e9tonnerait bien.<\/p>\n

C’est comme un frottement, deux b\u00e2tons l’un contre l’autre qui attendent de concert l’\u00e9tincelle.<\/p>\n

Les meilleures sont celles qu’ont ne voit pas. C’est comme le feu qui entre dans la terre qu’on ne voit pas mais qui \u00e0 la plus petite occasion rejailli et d\u00e9vaste une ville enti\u00e8re.<\/p>\n

Une arm\u00e9e de drones peut-elle r\u00e9duire en poudre une ville enti\u00e8re aussi surement que cette \u00e9tincelle invisible, il faudrait peser le pour et le contre comme toujours.<\/p>\n

Hier j’ai revu ce film avec Trintignant et Romy Schneider. C’est dr\u00f4le comme certains films ne prennent aucune ride alors que lorsque je l’avais vu la premi\u00e8re fois il m’avait agac\u00e9, j’y avais vu beaucoup de clich\u00e9s. A moins que je ne fasse plus aussi attention aux clich\u00e9s, que je me fiche des clich\u00e9s. Peut-\u00eatre m\u00eame que je trouve assez rassurant de les retrouver finalement ces clich\u00e9s.<\/p>\n

L’image de la France que traverse ce train je ne l’ai pas connue. Mon image viendra plus tardivement et je me demande dans quelle mesure cette image d\u00e9j\u00e0 aper\u00e7ue autrefois dans ce film y participe.<\/p>\n

J’ai pass\u00e9 un temps fous \u00e0 vouloir d\u00e9m\u00ealer les images ou \u00e0 m’imaginer le faire.<\/p>\n

C’est comme courir au devant de sa peur. C’est comme vouloir \u00eatre autre pour essayer de s’extraire d’une fatalit\u00e9 d’\u00eatre toujours le m\u00eame.<\/p>", "content_text": "J\u2019aurais pu ajouter ces lignes dans la premi\u00e8re partie, peut-\u00eatre le ferais-je plus tard. J\u2019ai encore un peu de temps ce matin et j\u2019oscille entre fiction et journal. C\u2019est d\u00e9sagr\u00e9able \u00e0 premi\u00e8re vue d\u2019osciller. Mais en prenant du recul je crois que ce sont ces oscillations justement qui sont utiles \u00e0 toute esp\u00e9rance de progression. Pourquoi faut-il que les choses soient toujours aussi d\u00e9sagr\u00e9ables \u00e0 premi\u00e8re vue ? Parce qu\u2019elles nous expulsent d\u2019un confort, d\u2019une habitude tout en la renfor\u00e7ant\n\nPrendre l\u2019habitude de vivre cet aspect d\u00e9sagr\u00e9able, jouer le jeu qu\u2019impose cette sensation premi\u00e8re. Il est cependant n\u00e9cessaire de ne pas s\u2019appuyer sur l\u2019espoir que les choses \u00e0 un moment ou l\u2019autre s\u2019inversent. \n\n\u00c9crire n\u2019est pas une recherche de martingale.\n\nUn nouvel exercice propos\u00e9 dans le cadre de l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture de FB. L\u2019adverbe comme avec comme protagonistes Lautr\u00e9amont et Marcellin Pleynet.\n\nLe premier comme compte pour du beurre. Et je n'ai rien contre Isidore Ducasse.\n\nIl est con comme un balai ( par exemple) Oui mais suivre ensuite les mouvements du balai, qui au bout du compte ne s\u2019av\u00e8re pas si con que \u00e7a puisqu\u2019au bout on retombe toujours plus ou moins sur une table de dissection avec une machine \u00e0 coudre, un parapluie et une rencontre assez surr\u00e9aliste.\n\nC\u2019est comme Am\u00e9lie Nothomb qui dit que la m\u00e9taphore est \u00e0 bannir, que c\u2019est bien trop facile, qu\u2019\u00e9crire \u00e0 grand renfort de m\u00e9taphores est une forme de paresse affligeante.\n\nEn sommes-nous encore \u00e0 une affliction pr\u00e8s ?\n\nCe n\u2019est pas la m\u00eame chose d\u2019\u00e9crire en jouant avec ce qui s\u2019\u00e9crit au fur et \u00e0 mesure que de penser \u00e9crire en pensant dur comme fer avoir vraiment quelque chose \u00e0 dire.\n\nC\u2019est comme pisser dans un violon, la seconde mani\u00e8re de plus en plus.\n\nCar ai-je quelque chose \u00e0 dire ?\n\nJ\u2019ai des choses qui poussent, qui s\u2019embrouillent au portillon. Ticket s\u2019il vous pla\u00eet ! Faites donc un petit tour au guichet, la queue comme tout le monde, ensuite revenez voir.\n\nSoyons s\u00e9rieux comme un pape. ( admettons le s\u00e9rieux des papes c\u2019est plus simple que d\u2019admettre le s\u00e9rieux d\u2019Artaban) Car la fiert\u00e9 est une affaire de s\u00e9rieux o\u00f9 elle n\u2019est pas. Maintenant est-ce Perse ou Parthes bien malin qui pourra le savoir.\n\n\u00c9crire en se d\u00e9tournant du s\u00e9rieux donne du fil \u00e0 tordre. Puis peut devenir une fuite en avant.\n\nUne lente implosion, une implosion comme au ralenti de tout s\u00e9rieux creuse progressivement une distance, un \u00e9cart avec l\u2019objet d\u2019apparence solide qu\u2019il pensait \u00eatre.\n\nSombrer dans l\u2019oulipo. Faire naufrage chez les oulipiens. A moins que comme d\u2019habitude ce soit exactement le contraire.\n\ndans la collection \u00e9crire avec quelque chose \u00e0 dire, je m'aper\u00e7ois que j'ai compl\u00e8tement oubli\u00e9 d'\u00e9crire ce que je voulais dire en ouvrant \u00e0 nouveau l'\u00e9diteur.\n\ncomme un blanc.\n\nJe voulais dire qu'un lecteur qui paie, qui ach\u00e8te son livre justement parce qu'il paie peut se sentir l\u00e9gitime de fournir son avis sur ce livre. Mais un lecteur de blog ne se sent m\u00eame pas tenu de mettre un like s'il d\u00e9sire lire de fa\u00e7on anonyme.\n\nEnsuite donner un avis de quelque mani\u00e8re que ce soit y compris en \u00e9crivant un journal, est-ce bien pour cela qu'on s'enferme ? \u00e7a m'\u00e9tonnerait bien.\n\nC'est comme un frottement, deux b\u00e2tons l'un contre l'autre qui attendent de concert l'\u00e9tincelle.\n\nLes meilleures sont celles qu'ont ne voit pas. C'est comme le feu qui entre dans la terre qu'on ne voit pas mais qui \u00e0 la plus petite occasion rejailli et d\u00e9vaste une ville enti\u00e8re.\n\nUne arm\u00e9e de drones peut-elle r\u00e9duire en poudre une ville enti\u00e8re aussi surement que cette \u00e9tincelle invisible, il faudrait peser le pour et le contre comme toujours.\n\nHier j'ai revu ce film avec Trintignant et Romy Schneider. C'est dr\u00f4le comme certains films ne prennent aucune ride alors que lorsque je l'avais vu la premi\u00e8re fois il m'avait agac\u00e9, j'y avais vu beaucoup de clich\u00e9s. A moins que je ne fasse plus aussi attention aux clich\u00e9s, que je me fiche des clich\u00e9s. Peut-\u00eatre m\u00eame que je trouve assez rassurant de les retrouver finalement ces clich\u00e9s.\n\nL'image de la France que traverse ce train je ne l'ai pas connue. Mon image viendra plus tardivement et je me demande dans quelle mesure cette image d\u00e9j\u00e0 aper\u00e7ue autrefois dans ce film y participe.\n\nJ'ai pass\u00e9 un temps fous \u00e0 vouloir d\u00e9m\u00ealer les images ou \u00e0 m'imaginer le faire.\n\nC'est comme courir au devant de sa peur. C'est comme vouloir \u00eatre autre pour essayer de s'extraire d'une fatalit\u00e9 d'\u00eatre toujours le m\u00eame.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/le-tube-de-peint-6a1542dc-b2c66.jpg?1762348211", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/jeunesse.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/jeunesse.html", "title": "Jeunesse", "date_published": "2023-05-29T04:34:54Z", "date_modified": "2025-11-08T14:49:11Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Un homme seul nourrit parfois de sombres pens\u00e9es. Cet adverbe collerait presque aux pens\u00e9es qui accompagnaient autrefois les fins de semaine. Toujours<\/em> fonctionnerait mieux mais serait peu cr\u00e9dible. A l\u2019\u00e9poque je travaillais comme archiviste dans un cabinet d\u2019architectes pr\u00e8s de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions la semaine. Elle poursuivait ses \u00e9tudes de m\u00e9decine et le vendredi soir elle rejoignait ses parents en banlieue. Je restai tout \u00e0 coup seul le vendredi soir et la d\u00e9flagration durait jusqu\u2019au au dimanche soir. Et, bien sur, je nourrissais de sombres pens\u00e9es parce que j\u2019\u00e9tais seul et que je trouvais cela injuste, m\u00eame si parfois, le dimanche, juste avant qu\u2019elle ne revienne, je tentais de me raisonner. En fait, je crois que l\u2019adverbe parfois<\/em> glisse assez vite vers toujours<\/em> ou jamais<\/em> sans que je n\u2019y pr\u00eate vraiment une attention soutenue. Parfois <\/em>n’est qu’un mot qu’on utilise faute de mieux pour s’attendrir tout seul, pour ne pas vouloir voir \u00e0 quel point on r\u00e9agit de la m\u00eame fa\u00e7on \u00e0 certains \u00e9v\u00e9nements de notre vie.<\/p>\n

Toutes les fins de semaine je nourrissais de sombres pens\u00e9es. Je pourrais aussi bien dire que je n\u2019avais aucune pens\u00e9e digne de ce nom. Que la pulsion, la panique, la col\u00e8re faisaient office de pens\u00e9e.<\/p>\n

Ce n\u2019est pas que le travail en semaine fut difficile, ou \u00e9reintant. Mais je m\u2019y ennuyais copieusement du lundi au vendredi comme bon nombre de personnes s\u2019ennuient dans cette ville pour gagner leur vie. Je ne rechignais pas au travail, je n\u2019ai jamais manqu\u00e9 un seul jour. Je faisais le job ainsi qu\u2019il devait \u00eatre fait selon ma propre id\u00e9e. Celle qui consiste encore \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre pr\u00e9caire entre le trop peu <\/em>et le beaucoup trop.<\/em><\/p>\n

Chaque jour, la curiosit\u00e9 de parvenir \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre m\u2019occupait assez bien l\u2019esprit et j\u2019arrivais \u00e0 tenir mes cinq jours de boulot sans d\u00e9primer.
Le plus gros du travail avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9 dans l\u2019enthousiasme que m\u2019avait procur\u00e9 l\u2019obtention d\u2019un CDI.<\/p>\n

J\u2019avais retrouss\u00e9 mes manches, aiguis\u00e9 mes m\u00e9ninges pour trouver une fa\u00e7on de mettre de l\u2019ordre dans ces archives. C\u2019\u00e9tait surtout les dossiers de sinistres que les circonstance poussaient \u00e0 retrouver le cas \u00e9ch\u00e9ant en cas de p\u00e9pin. Je trouvais donc un moyen de les r\u00e9pertorier par chronologie, par importance, et par type de proc\u00e9dure, en cours<\/em> ou achev\u00e9es<\/em>.<\/p>\n

Le local dans lequel je passais mes journ\u00e9es \u00e9tait un sous sol aveugle \u00e9clair\u00e9 par deux rang\u00e9es de n\u00e9ons. La premi\u00e8re semaine, j\u2019avais d\u00e9pens\u00e9 une belle \u00e9nergie \u00e0 balayer les sols, lessiver les \u00e9tag\u00e8res et \u00e9pousseter les dossiers. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout pour prendre possession des lieux, pour marquer mon territoire. Peut-\u00eatre aussi pour fournir une image flatteuse, une impression encourageante \u00e0 mes patrons car j\u2019avais une quinzaine de jours \u00e0 l\u2019essai.<\/p>\n

Mais les week-end je ne pouvais m\u2019emp\u00eacher de nourrir de sombres pens\u00e9es sur la vie que je menais, sur mon avenir, sur ma relation avec elle. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout en automne ou au printemps que ces sombres pens\u00e9es affluaient.<\/p>\n

je m\u2019arrangeais alors pour mettre les bouch\u00e9es doubles le matin afin d\u2019\u00eatre plus tranquille l\u2019apr\u00e8s-midi. Et c\u2019est \u00e0 ces moments l\u00e0 que je lisais ou plut\u00f4t que je d\u00e9vorais une grande quantit\u00e9 de livres sur n\u2019importe quel sujet.<\/p>\n

Je crois que la perception de plus en plus aigu\u00eb d\u2019\u00eatre ignorant dans \u00e0 peu pr\u00e8s tous les domaines de l\u2019existence, et particuli\u00e8rement celui des femmes, m’aida \u00e0 cette \u00e9poque \u00e0 p\u00e9n\u00e9trer dans cette fr\u00e9n\u00e9sie de lectures. Tous les philosophes que je lisais \u00e0 cette \u00e9poque insistaient sur la prise de conscience de ce pr\u00e9ambule. Il faut \u00eatre averti de notre propre ignorance, sans quoi rien n’est possible par la suite.<\/p>\n

Les fins de semaine, puisque je me retrouvais seul, je consacrais une grande partie de mes journ\u00e9es \u00e0 marcher dans la ville. La ville \u00e9tait une image r\u00e9duite du monde qu\u2019\u00e9voquent les contes de f\u00e9es quand il s\u2019agit pour le h\u00e9ros de partir de chez lui pour d\u00e9couvrir le vaste monde. Mais il ne se passait jamais rien de ce que les h\u00e9ros d\u00e9couvrent dans ces histoires au fur et \u00e0 mesure de leurs p\u00e9riples. Aucun g\u00e9ant, aucun ogre, aucun dragon, aucune f\u00e9e. Seulement des rues peupl\u00e9s d\u2019anonymes qui renforc\u00e8rent ce sentiment de plus en plus envahissant d\u2019anonymat que je transportais en moi. Je n\u2019\u00e9tais qu\u2019un quidam parmi des millions d\u2019autres, une \u00e9nigme que je cherchais \u00e0 r\u00e9soudre parce qu\u2019une obsession de vouloir r\u00e9soudre quelque chose me tenait en haleine, m\u2019emp\u00eachait de m\u2019\u00e9crouler ou de me dissiper compl\u00e8tement dans le n\u00e9ant, l\u2019insignifiance.<\/p>\n

C’est \u00e0 peu pr\u00e8s en m\u00eame temps que centre Beaubourg ouvrit ses portes ses portes et proposa l’acc\u00e8s \u00e0 une vaste biblioth\u00e8que Chaque promenade que j\u2019effectuais dans la ville se termina depuis lors dans cette biblioth\u00e8que. C\u2019est l\u00e0 que je parvenais enfin \u00e0 me calmer apr\u00e8s avoir \u00e9puiser un trop plein d\u2019\u00e9nergie en arpentant la ville. Comme on vient chercher la paix dans une \u00e9glise, une cath\u00e9drale, mais je n’\u00e9tais pas port\u00e9 sur les bondieuseries communes, je venais ici pour me livrer au hasard de la lecture.<\/p>\n

Les heures passaient sans qu\u2019elles ne p\u00e8sent , et, le samedi soir notamment, \u00e0 l\u2019heure de la fermeture, quand la foule se dispersait sur le parvis puis dans les ruelles adjacentes, un sentiment de solitude fameux me revenait comme un boomerang austral en plein c\u0153ur.
Et cette solitude s’accompagnait d’ un peu de col\u00e8re aussi. Une col\u00e8re due je crois \u00e0 une sensation d\u2019injustice profonde. Je pensais \u00e0 elle qui pr\u00e9parait le d\u00eener avec sa famille, qui s\u2019appr\u00eatait \u00e0 passer \u00e0 table, \u00e0 discuter de tout et de rien comme le font toutes les familles du monde qu\u2019on peut ais\u00e9ment imaginer. Et bien sur j\u2019en \u00e9prouvais une infinie tristesse sans trop savoir pourquoi car personnellement l\u2019id\u00e9e de la famille, de ma propre famille n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 mon fort. Peut-\u00eatre que la col\u00e8re m’aidait \u00e0 tromper cette tristesse, ce ne serait pas original.<\/p>\n

Peut-\u00eatre \u00e9prouvais-je aussi, \u00e0 ces moments l\u00e0 un peu de jalousie aussi car j\u2019id\u00e9alisais beaucoup sa famille d\u2019autant que la mienne m\u2019\u00e9tait devenue insupportable, une source de regret et de chagrin.<\/p>\n

Enfin j’entendais soudain son pas dans le couloir derri\u00e8re la porte, la clef jouant dans la serrure et durant assez longtemps mes pens\u00e9es sombres s’envolaient parfois. C’est \u00e0 dire pas toujours, voire jamais. Quelque chose de toxique faisait peu \u00e0 peu son nid et se mis \u00e0 pourrir notre vie commune durant la semaine d\u00e9sormais.<\/p>\n

Ses parents l’avaient pr\u00e9venue que cette histoire ne la m\u00e8nerait nulle part, qu’il valaient bien mieux qu’elle choisisse un m\u00e9decin, quelqu’un de bien, de solide de s\u00e9rieux. Je ne sais m\u00eame plus si je lui en ai voulu les jours qui suivirent ce dimanche soir o\u00f9 elle ne revint plus , le jour o\u00f9 je m’aper\u00e7us qu’elle avait d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 toutes ses affaires de l’appartement.<\/p>\n

Je me demande m\u00eame si durant quelques jours je n’ai pas \u00e9t\u00e9 soulag\u00e9 de ne pas la voir revenir. C’\u00e9tait une gentille fille dans le fond et \u00e7a avait d\u00fb lui couter beaucoup d’aller \u00e0 l’encontre de la volont\u00e9 familiale. Des ann\u00e9es plus tard gr\u00e2ce \u00e0 internet j’ai vu qu’elle \u00e9tait mari\u00e9e \u00e0 un m\u00e9decin, qu’elle avait eu deux enfants. Tout avait l’air de baigner.<\/p>\n

Et peut-\u00eatre que d’une certaine fa\u00e7on, \u00e0 ma fa\u00e7on, j’ai un peu particip\u00e9 \u00e0 la construction de cet apparent bonheur qu’elle affiche sur les photographies que j’ai aper\u00e7ues.<\/p>", "content_text": "Un homme seul nourrit parfois de sombres pens\u00e9es. Cet adverbe collerait presque aux pens\u00e9es qui accompagnaient autrefois les fins de semaine. Toujours fonctionnerait mieux mais serait peu cr\u00e9dible. A l\u2019\u00e9poque je travaillais comme archiviste dans un cabinet d\u2019architectes pr\u00e8s de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions la semaine. Elle poursuivait ses \u00e9tudes de m\u00e9decine et le vendredi soir elle rejoignait ses parents en banlieue. Je restai tout \u00e0 coup seul le vendredi soir et la d\u00e9flagration durait jusqu\u2019au au dimanche soir. Et, bien sur, je nourrissais de sombres pens\u00e9es parce que j\u2019\u00e9tais seul et que je trouvais cela injuste, m\u00eame si parfois, le dimanche, juste avant qu\u2019elle ne revienne, je tentais de me raisonner. En fait, je crois que l\u2019adverbe parfois glisse assez vite vers toujours ou jamais sans que je n\u2019y pr\u00eate vraiment une attention soutenue. Parfois n'est qu'un mot qu'on utilise faute de mieux pour s'attendrir tout seul, pour ne pas vouloir voir \u00e0 quel point on r\u00e9agit de la m\u00eame fa\u00e7on \u00e0 certains \u00e9v\u00e9nements de notre vie.\n\nToutes les fins de semaine je nourrissais de sombres pens\u00e9es. Je pourrais aussi bien dire que je n\u2019avais aucune pens\u00e9e digne de ce nom. Que la pulsion, la panique, la col\u00e8re faisaient office de pens\u00e9e.\n\nCe n\u2019est pas que le travail en semaine fut difficile, ou \u00e9reintant. Mais je m\u2019y ennuyais copieusement du lundi au vendredi comme bon nombre de personnes s\u2019ennuient dans cette ville pour gagner leur vie. Je ne rechignais pas au travail, je n\u2019ai jamais manqu\u00e9 un seul jour. Je faisais le job ainsi qu\u2019il devait \u00eatre fait selon ma propre id\u00e9e. Celle qui consiste encore \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre pr\u00e9caire entre le trop peu et le beaucoup trop.\n\nChaque jour, la curiosit\u00e9 de parvenir \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre m\u2019occupait assez bien l\u2019esprit et j\u2019arrivais \u00e0 tenir mes cinq jours de boulot sans d\u00e9primer.\n\nLe plus gros du travail avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9 dans l\u2019enthousiasme que m\u2019avait procur\u00e9 l\u2019obtention d\u2019un CDI. \n\nJ\u2019avais retrouss\u00e9 mes manches, aiguis\u00e9 mes m\u00e9ninges pour trouver une fa\u00e7on de mettre de l\u2019ordre dans ces archives. C\u2019\u00e9tait surtout les dossiers de sinistres que les circonstance poussaient \u00e0 retrouver le cas \u00e9ch\u00e9ant en cas de p\u00e9pin. Je trouvais donc un moyen de les r\u00e9pertorier par chronologie, par importance, et par type de proc\u00e9dure, en cours ou achev\u00e9es. \n\nLe local dans lequel je passais mes journ\u00e9es \u00e9tait un sous sol aveugle \u00e9clair\u00e9 par deux rang\u00e9es de n\u00e9ons. La premi\u00e8re semaine, j\u2019avais d\u00e9pens\u00e9 une belle \u00e9nergie \u00e0 balayer les sols, lessiver les \u00e9tag\u00e8res et \u00e9pousseter les dossiers. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout pour prendre possession des lieux, pour marquer mon territoire. Peut-\u00eatre aussi pour fournir une image flatteuse, une impression encourageante \u00e0 mes patrons car j\u2019avais une quinzaine de jours \u00e0 l\u2019essai.\n\n\n\nMais les week-end je ne pouvais m\u2019emp\u00eacher de nourrir de sombres pens\u00e9es sur la vie que je menais, sur mon avenir, sur ma relation avec elle. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout en automne ou au printemps que ces sombres pens\u00e9es affluaient.\n\n\n\nje m\u2019arrangeais alors pour mettre les bouch\u00e9es doubles le matin afin d\u2019\u00eatre plus tranquille l\u2019apr\u00e8s-midi. Et c\u2019est \u00e0 ces moments l\u00e0 que je lisais ou plut\u00f4t que je d\u00e9vorais une grande quantit\u00e9 de livres sur n\u2019importe quel sujet.\n\nJe crois que la perception de plus en plus aigu\u00eb d\u2019\u00eatre ignorant dans \u00e0 peu pr\u00e8s tous les domaines de l\u2019existence, et particuli\u00e8rement celui des femmes, m'aida \u00e0 cette \u00e9poque \u00e0 p\u00e9n\u00e9trer dans cette fr\u00e9n\u00e9sie de lectures. Tous les philosophes que je lisais \u00e0 cette \u00e9poque insistaient sur la prise de conscience de ce pr\u00e9ambule. Il faut \u00eatre averti de notre propre ignorance, sans quoi rien n'est possible par la suite.\n\nLes fins de semaine, puisque je me retrouvais seul, je consacrais une grande partie de mes journ\u00e9es \u00e0 marcher dans la ville. La ville \u00e9tait une image r\u00e9duite du monde qu\u2019\u00e9voquent les contes de f\u00e9es quand il s\u2019agit pour le h\u00e9ros de partir de chez lui pour d\u00e9couvrir le vaste monde. Mais il ne se passait jamais rien de ce que les h\u00e9ros d\u00e9couvrent dans ces histoires au fur et \u00e0 mesure de leurs p\u00e9riples. Aucun g\u00e9ant, aucun ogre, aucun dragon, aucune f\u00e9e. Seulement des rues peupl\u00e9s d\u2019anonymes qui renforc\u00e8rent ce sentiment de plus en plus envahissant d\u2019anonymat que je transportais en moi. Je n\u2019\u00e9tais qu\u2019un quidam parmi des millions d\u2019autres, une \u00e9nigme que je cherchais \u00e0 r\u00e9soudre parce qu\u2019une obsession de vouloir r\u00e9soudre quelque chose me tenait en haleine, m\u2019emp\u00eachait de m\u2019\u00e9crouler ou de me dissiper compl\u00e8tement dans le n\u00e9ant, l\u2019insignifiance. \n\nC'est \u00e0 peu pr\u00e8s en m\u00eame temps que centre Beaubourg ouvrit ses portes ses portes et proposa l'acc\u00e8s \u00e0 une vaste biblioth\u00e8que Chaque promenade que j\u2019effectuais dans la ville se termina depuis lors dans cette biblioth\u00e8que. C\u2019est l\u00e0 que je parvenais enfin \u00e0 me calmer apr\u00e8s avoir \u00e9puiser un trop plein d\u2019\u00e9nergie en arpentant la ville. Comme on vient chercher la paix dans une \u00e9glise, une cath\u00e9drale, mais je n'\u00e9tais pas port\u00e9 sur les bondieuseries communes, je venais ici pour me livrer au hasard de la lecture.\n\n\n\nLes heures passaient sans qu\u2019elles ne p\u00e8sent , et, le samedi soir notamment, \u00e0 l\u2019heure de la fermeture, quand la foule se dispersait sur le parvis puis dans les ruelles adjacentes, un sentiment de solitude fameux me revenait comme un boomerang austral en plein c\u0153ur.\n\nEt cette solitude s'accompagnait d' un peu de col\u00e8re aussi. Une col\u00e8re due je crois \u00e0 une sensation d\u2019injustice profonde. Je pensais \u00e0 elle qui pr\u00e9parait le d\u00eener avec sa famille, qui s\u2019appr\u00eatait \u00e0 passer \u00e0 table, \u00e0 discuter de tout et de rien comme le font toutes les familles du monde qu\u2019on peut ais\u00e9ment imaginer. Et bien sur j\u2019en \u00e9prouvais une infinie tristesse sans trop savoir pourquoi car personnellement l\u2019id\u00e9e de la famille, de ma propre famille n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 mon fort. Peut-\u00eatre que la col\u00e8re m'aidait \u00e0 tromper cette tristesse, ce ne serait pas original.\n\n\n\nPeut-\u00eatre \u00e9prouvais-je aussi, \u00e0 ces moments l\u00e0 un peu de jalousie aussi car j\u2019id\u00e9alisais beaucoup sa famille d\u2019autant que la mienne m\u2019\u00e9tait devenue insupportable, une source de regret et de chagrin.\n\nEnfin j'entendais soudain son pas dans le couloir derri\u00e8re la porte, la clef jouant dans la serrure et durant assez longtemps mes pens\u00e9es sombres s'envolaient parfois. C'est \u00e0 dire pas toujours, voire jamais. Quelque chose de toxique faisait peu \u00e0 peu son nid et se mis \u00e0 pourrir notre vie commune durant la semaine d\u00e9sormais. \n\nSes parents l'avaient pr\u00e9venue que cette histoire ne la m\u00e8nerait nulle part, qu'il valaient bien mieux qu'elle choisisse un m\u00e9decin, quelqu'un de bien, de solide de s\u00e9rieux. Je ne sais m\u00eame plus si je lui en ai voulu les jours qui suivirent ce dimanche soir o\u00f9 elle ne revint plus , le jour o\u00f9 je m'aper\u00e7us qu'elle avait d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 toutes ses affaires de l'appartement.\n\nJe me demande m\u00eame si durant quelques jours je n'ai pas \u00e9t\u00e9 soulag\u00e9 de ne pas la voir revenir. C'\u00e9tait une gentille fille dans le fond et \u00e7a avait d\u00fb lui couter beaucoup d'aller \u00e0 l'encontre de la volont\u00e9 familiale. Des ann\u00e9es plus tard gr\u00e2ce \u00e0 internet j'ai vu qu'elle \u00e9tait mari\u00e9e \u00e0 un m\u00e9decin, qu'elle avait eu deux enfants. Tout avait l'air de baigner.\n\nEt peut-\u00eatre que d'une certaine fa\u00e7on, \u00e0 ma fa\u00e7on, j'ai un peu particip\u00e9 \u00e0 la construction de cet apparent bonheur qu'elle affiche sur les photographies que j'ai aper\u00e7ues.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20181207_164-4ae9bc90-afd5e.jpg?1762613319", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/29052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/29052023.html", "title": "29052023", "date_published": "2023-05-29T03:45:56Z", "date_modified": "2025-11-08T14:50:28Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Supporter la peur jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019elle se change en col\u00e8re puis en rage. Ce n\u2019est pas nouveau. J\u2019ai d\u00e9j\u00e0 d\u00fb vivre \u00e7a plus d\u2019une fois. La peur est quelque chose d\u2019injuste. A classer parmi les choses injustes. On se dit \u00e7a adulte ( 63 ans est-ce suffisamment adulte ?) Mais lorsqu\u2019on est enfant on subi la peur la plupart du temps on ne peut pas faire autrement.
Le fait de s\u2019absenter de son propre corps est une strat\u00e9gie. Il faut y parvenir plusieurs fois pour se rendre compte qu\u2019il n\u2019y a rien de magique l\u00e0-dedans. Avec de l\u2019entra\u00eenement, la r\u00e9p\u00e9tition, un peu de s\u00e9rieux et de r\u00e9gularit\u00e9, se servir de la peut permet d\u2019\u00e9laborer de plus en plus finement ce genre de strat\u00e9gie, de jouer m\u00eame sur le temps, de la cr\u00e9er en un clin d\u2019\u0153il.
On est l\u00e0 et l\u2019instant d\u2019apr\u00e8s on n\u2019est plus l\u00e0. On est quelque part mais pas bien pr\u00e9cis. Diffus. Un conscience diffuse de ce qui est en train d\u2019arriver \u00e0 ce pauvre corps.
Ce pauvre corps, j\u2019\u00e9cris cela ainsi. \u00c7a vient du fait que lorsque j\u2019y pense j\u2019\u00e9prouve un peu de compassion. C\u2019est l\u2019\u00e9criture qui m\u2019inspire l\u2019adjectif surtout car, en v\u00e9rit\u00e9- (et je suis le premier \u00e0 dire m\u00e9fiez-vous de tous ceux qui commence une phrase par en v\u00e9rit\u00e9) on n\u2019\u00e9prouve pas vraiment de compassion. On s\u2019en fout royalement. On assiste \u00e0 une sorte de spectacle. Le corps n\u2019est qu\u2019une sorte de pantin d\u00e9sarticul\u00e9 qui valdingue d\u2019un point \u00e0 l\u2019autre d\u2019un lieu.
Une d\u00e9programmation vitesse grand V. Il y a un bug. On n\u2019est plus du tout dans la course. On regarde la course continuer sans y participer. On est derri\u00e8re les barri\u00e8res non, ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait \u00e7a. On est partout et nulle part en m\u00eame temps, on assiste \u00e0 cette course et on pourrait tout aussi bien ne pas y assister, c\u2019est \u00e9gal.
J\u2019essaie de me retenir d\u2019employer l\u2019adverbe comme. De trouver des subterfuges pour ne pas d\u00e9clencher ce que comme d\u00e9clenche. Retarder ses comme comme on se retient dans le co\u00eft, pour que \u00e7a dure encore plus, pour que \u00e7a soit encore plus intense.
Comme envoyer la pur\u00e9e s\u2019il faut \u00eatre cru. Des souvenirs de cantine. De grandes tabl\u00e9es avec des gamins \u00e0 la figure de pomme de terre caboss\u00e9e, de l\u00e9gumes peu calibr\u00e9s. Gueule de patate, de carotte, de tomate de chou-fleur de radis. Au bout de la table il y a la gueule de salsifis, qui discute avec une gueule de navet. C\u2019est une gueule d\u2019andouille qui voit tout cela. L\u2019andouille est l\u2019intrus dans ce parterre de l\u00e9gumes.
La pur\u00e9e sur la fourchette pour repeindre le d\u00e9cor. Tracer des rails dans la pur\u00e9e, aplatir le monticule, charger la catapulte, franchir les murailles de l\u2019ordre et de la r\u00e8gle, monter aux cr\u00e9neaux, \u00e0 l\u2019assaut de quelque chose qui ressemble de loin \u00e0 l\u2019espoir.
Pr\u00eat, partez !
Des dizaines de catapultes balancent la pur\u00e9e sur les gueules de l\u00e9gumes, c\u2019est le chaos, le grand r\u00e9confort du chaos qui vient mettre l\u2019ordre \u00e0 bas.
Tout le monde rigole bien et puis soudain quelqu\u2019un dit, vous avez vu qu\u2019il y a un intrus ici et tout le monde regarde l\u2019andouille. C\u2019est le signal. Tout le monde tombe sur l\u2019andouille.
La peur ne dure que quelques microsecondes \u00e0 peine. Je crois que c\u2019est un ph\u00e9nom\u00e8ne accompagnant la pr\u00e9monition. Comme si on savait \u00e0 l\u2019avance que cette phrase sera prononc\u00e9e de toutes fa\u00e7ons. Que cette phrase est inscrite dans notre propre destin\u00e9e.
“—Vous avez-vu qu\u2019il y a un intrus ici ?”
Ensuite on se retrouve avec la figure pleine de pur\u00e9e ti\u00e8de sur la figure.<\/p>\n

C\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s dr\u00f4le sauf que \u00e7a ne s\u2019arr\u00eate pas \u00e0 la dr\u00f4lerie. Dans la cour de r\u00e9cr\u00e9ation \u00e7a fini au sol, on mord la poussi\u00e8re, on sent le poids des autres corps sur ce corps. On sent les coups au d\u00e9but. On essaie maladroitement d\u2019en rendre quelques uns, mais \u00e7a ne change pas grand-chose. On est victime du nombre. Ils sont trop nombreux ou l\u2019on est beaucoup trop seul.
C\u2019est \u00e0 ce moment l\u00e0 que la col\u00e8re ou la rage remplace la peur, puis on s\u2019\u00e9vanouit, on sort du corps, et tout ce qui se passe ensuite ne nous regarde plus vraiment.
C\u2019est juste quelqu\u2019un qui est au sol avec d\u2019autres qui sont grimp\u00e9s dessus.
Avec les ann\u00e9es on dit parfois que les choses changent. C\u2019est \u00e0 moiti\u00e9 vrai. Les choses ne changent pas tant que \u00e7a. On les regarde diff\u00e9remment, on essaie de les voir diff\u00e9remment parce que la r\u00e9p\u00e9tition est telle qu\u2019elle peut rendre cingl\u00e9. L\u2019ennui est tel qu\u2019il faut des nerfs d\u2019acier pour pouvoir le supporter. Avoir des nerfs d\u2019acier n\u00e9cessite de creuser profond pour trouver le minerai n\u00e9cessaire \u00e0 la fabrication de ce genre d\u2019acier. D\u2019une part il faut le minerai et de l\u2019autre un sacr\u00e9 four. Faire de nombreux essais pour fondre fer et carbone<\/p>\n

L\u2019\u00c2ge du fer se caract\u00e9rise par l\u2019adaptation du bas fourneau \u00e0 la r\u00e9duction du fer. Ce bas fourneau produit une loupe, un m\u00e9lange h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne de fer, d\u2019acier et de laitier, dont les meilleurs morceaux doivent \u00eatre s\u00e9lectionn\u00e9s, puis cingl\u00e9s pour en chasser le laitier ( ce que nous dit Wikip\u00e9dia je n\u2019invente rien )<\/p>\n

Des nerfs en acier tremp\u00e9 \u00e7a ne vient pas de fa\u00e7on inn\u00e9e. La d\u00e9couverte d\u2019une science pr\u00e9monitoire non plus ne s\u2019effectue pas vraiment au hasard. Le destin a peut-\u00eatre quelque chose \u00e0 voir avec tout cela, mais on ne peut s\u2019en rendre compte imm\u00e9diatement. Il faut des ann\u00e9es pour parvenir \u00e0 s\u2019\u00f4ter d\u2019une vie, \u00e0 la voir d\u00e9filer de sang-froid en \u00e9vacuant toute id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9, en ne se raccrochant plus au c\u2019est moi<\/em>.<\/p>", "content_text": "Supporter la peur jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019elle se change en col\u00e8re puis en rage. Ce n\u2019est pas nouveau. J\u2019ai d\u00e9j\u00e0 d\u00fb vivre \u00e7a plus d\u2019une fois. La peur est quelque chose d\u2019injuste. A classer parmi les choses injustes. On se dit \u00e7a adulte ( 63 ans est-ce suffisamment adulte ?) Mais lorsqu\u2019on est enfant on subi la peur la plupart du temps on ne peut pas faire autrement.\n\nLe fait de s\u2019absenter de son propre corps est une strat\u00e9gie. Il faut y parvenir plusieurs fois pour se rendre compte qu\u2019il n\u2019y a rien de magique l\u00e0-dedans. Avec de l\u2019entra\u00eenement, la r\u00e9p\u00e9tition, un peu de s\u00e9rieux et de r\u00e9gularit\u00e9, se servir de la peut permet d\u2019\u00e9laborer de plus en plus finement ce genre de strat\u00e9gie, de jouer m\u00eame sur le temps, de la cr\u00e9er en un clin d\u2019\u0153il.\n\nOn est l\u00e0 et l\u2019instant d\u2019apr\u00e8s on n\u2019est plus l\u00e0. On est quelque part mais pas bien pr\u00e9cis. Diffus. Un conscience diffuse de ce qui est en train d\u2019arriver \u00e0 ce pauvre corps.\n\nCe pauvre corps, j\u2019\u00e9cris cela ainsi. \u00c7a vient du fait que lorsque j\u2019y pense j\u2019\u00e9prouve un peu de compassion. C\u2019est l\u2019\u00e9criture qui m\u2019inspire l\u2019adjectif surtout car, en v\u00e9rit\u00e9- (et je suis le premier \u00e0 dire m\u00e9fiez-vous de tous ceux qui commence une phrase par en v\u00e9rit\u00e9) on n\u2019\u00e9prouve pas vraiment de compassion. On s\u2019en fout royalement. On assiste \u00e0 une sorte de spectacle. Le corps n\u2019est qu\u2019une sorte de pantin d\u00e9sarticul\u00e9 qui valdingue d\u2019un point \u00e0 l\u2019autre d\u2019un lieu.\n\nUne d\u00e9programmation vitesse grand V. Il y a un bug. On n\u2019est plus du tout dans la course. On regarde la course continuer sans y participer. On est derri\u00e8re les barri\u00e8res non, ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait \u00e7a. On est partout et nulle part en m\u00eame temps, on assiste \u00e0 cette course et on pourrait tout aussi bien ne pas y assister, c\u2019est \u00e9gal.\n\nJ\u2019essaie de me retenir d\u2019employer l\u2019adverbe comme. De trouver des subterfuges pour ne pas d\u00e9clencher ce que comme d\u00e9clenche. Retarder ses comme comme on se retient dans le co\u00eft, pour que \u00e7a dure encore plus, pour que \u00e7a soit encore plus intense.\n\nComme envoyer la pur\u00e9e s\u2019il faut \u00eatre cru. Des souvenirs de cantine. De grandes tabl\u00e9es avec des gamins \u00e0 la figure de pomme de terre caboss\u00e9e, de l\u00e9gumes peu calibr\u00e9s. Gueule de patate, de carotte, de tomate de chou-fleur de radis. Au bout de la table il y a la gueule de salsifis, qui discute avec une gueule de navet. C\u2019est une gueule d\u2019andouille qui voit tout cela. L\u2019andouille est l\u2019intrus dans ce parterre de l\u00e9gumes.\n\nLa pur\u00e9e sur la fourchette pour repeindre le d\u00e9cor. 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Que cette phrase est inscrite dans notre propre destin\u00e9e.\n\n\u201c\u2014Vous avez-vu qu\u2019il y a un intrus ici ?\u201d\n\nEnsuite on se retrouve avec la figure pleine de pur\u00e9e ti\u00e8de sur la figure.\n\nC\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s dr\u00f4le sauf que \u00e7a ne s\u2019arr\u00eate pas \u00e0 la dr\u00f4lerie. Dans la cour de r\u00e9cr\u00e9ation \u00e7a fini au sol, on mord la poussi\u00e8re, on sent le poids des autres corps sur ce corps. On sent les coups au d\u00e9but. On essaie maladroitement d\u2019en rendre quelques uns, mais \u00e7a ne change pas grand-chose. On est victime du nombre. Ils sont trop nombreux ou l\u2019on est beaucoup trop seul.\n\nC\u2019est \u00e0 ce moment l\u00e0 que la col\u00e8re ou la rage remplace la peur, puis on s\u2019\u00e9vanouit, on sort du corps, et tout ce qui se passe ensuite ne nous regarde plus vraiment.\n\nC\u2019est juste quelqu\u2019un qui est au sol avec d\u2019autres qui sont grimp\u00e9s dessus.\n\nAvec les ann\u00e9es on dit parfois que les choses changent. C\u2019est \u00e0 moiti\u00e9 vrai. Les choses ne changent pas tant que \u00e7a. On les regarde diff\u00e9remment, on essaie de les voir diff\u00e9remment parce que la r\u00e9p\u00e9tition est telle qu\u2019elle peut rendre cingl\u00e9. L\u2019ennui est tel qu\u2019il faut des nerfs d\u2019acier pour pouvoir le supporter. Avoir des nerfs d\u2019acier n\u00e9cessite de creuser profond pour trouver le minerai n\u00e9cessaire \u00e0 la fabrication de ce genre d\u2019acier. D\u2019une part il faut le minerai et de l\u2019autre un sacr\u00e9 four. Faire de nombreux essais pour fondre fer et carbone\n\nL\u2019\u00c2ge du fer se caract\u00e9rise par l\u2019adaptation du bas fourneau \u00e0 la r\u00e9duction du fer. Ce bas fourneau produit une loupe, un m\u00e9lange h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne de fer, d\u2019acier et de laitier, dont les meilleurs morceaux doivent \u00eatre s\u00e9lectionn\u00e9s, puis cingl\u00e9s pour en chasser le laitier ( ce que nous dit Wikip\u00e9dia je n\u2019invente rien )\n\nDes nerfs en acier tremp\u00e9 \u00e7a ne vient pas de fa\u00e7on inn\u00e9e. La d\u00e9couverte d\u2019une science pr\u00e9monitoire non plus ne s\u2019effectue pas vraiment au hasard. Le destin a peut-\u00eatre quelque chose \u00e0 voir avec tout cela, mais on ne peut s\u2019en rendre compte imm\u00e9diatement. Il faut des ann\u00e9es pour parvenir \u00e0 s\u2019\u00f4ter d\u2019une vie, \u00e0 la voir d\u00e9filer de sang-froid en \u00e9vacuant toute id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9, en ne se raccrochant plus au c\u2019est moi.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20181207_170-a34f028f-d1f62.jpg?1762613381", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/28052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/28052023.html", "title": "28052023", "date_published": "2023-05-28T05:06:15Z", "date_modified": "2025-11-10T09:29:28Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

S\u2019atteler \u00e0 une t\u00e2che, \u00e0 un travail, \u00e0 un projet. Ce qui conduit \u00e0 s\u2019atteler. Qu\u2019il reste quelque chose malgr\u00e9 tout. S\u2019atteler \u00e0 l\u2019\u00e9criture d\u2019un journal, d\u2019un carnet, laisser une trace. Ce qui est paradoxal puisque tu ne te relis jamais.<\/p>\n

Une trace pour qui alors ?<\/p>\n

Une trace dans l\u2019invisible. Une op\u00e9ration magique. Peut-\u00eatre.<\/p>\n

Et ensuite quand tu publies c\u2019est que tu es d\u00e9j\u00e0 mort, que tout \u00e7a ne te concerne plus. Que tu n\u2019es d\u00e9j\u00e0 plus celui qui \u00e9crit ces lignes.<\/p>\n

Peut-\u00eatre aussi.<\/p>\n

Les hypoth\u00e8ses ne manquent pas.<\/p>\n

— Tu es trop tourn\u00e9 vers toi, penses un peu \u00e0 moi.
Exactement le genre de phrase que j\u2019entends depuis toujours.<\/p>\n

Cette culpabilit\u00e9 qu\u2019on voudrait que tu \u00e9prouves et par laquelle tu parviens, enfin, \u00e0 bien vouloir prendre conscience du monde. A daigner prendre conscience de l\u2019autre comme monde<\/p>\n

Le monde se r\u00e9sumant \u00e0 moi que tu ne regardes pas <\/em>n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 le monde,
Peut-\u00eatre parce que l\u2019on a commis cette erreur une fois et qu\u2019on ne s\u2019en est jamais totalement remis.<\/p>\n

mais comment l\u2019expliquer et pourquoi.<\/p>\n

As-tu encore envie de d\u00e9penser une \u00e9nergie quelconque \u00e0 vouloir expliquer quoi que e soit ? Aucune envie justement.
\u00c7a n\u2019en vaut pas la peine. C\u2019est idiot cette expression, mais c\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e7a, une peine d\u00e9pens\u00e9e \u00e0 vide, pour rien.
Fut un temps o\u00f9 tu ne m\u00e9nageas pas ta peine. Puis ce fut ridicule de peiner ainsi \u00e0 vide. Totalement ridicule.<\/p>\n

Regarder froidement les faits.<\/p>\n

Le fait de ne pas assumer pleinement une solitude. De faire chier le monde parce qu\u2019on se sent seul abandonn\u00e9. Le fait de se coller \u00e0 l’autre comme si c’\u00e9tait une bou\u00e9e, qu’on se sente naufrag\u00e9.<\/p>\n

C\u2019est toujours la m\u00eame histoire. Ne pas vouloir crever.<\/p>\n

On ne peut pas en vouloir aux gens pour \u00e7a, c\u2019est humain. Etre humain excuserait \u00e0 peu pr\u00e8s tout.<\/p>\n

C\u2019est toi qui es bizarre souviens t\u2019en. Pour eux tu es une bizarrerie. Tu te fous de tout et de toi-m\u00eame. Quelque chose ne tourne pas rond.<\/p>\n

\u00catre ou ne pas \u00eatre du cot\u00e9 de la vie, de ce qu\u2019ils appellent la vie.<\/em><\/p>\n

— oui je veux pouvoir m\u2019acheter du parfum, aller chez le coiffeur, partir en vacances, aller au restaurant \u2026
\u00c7a peut se comprendre.
L\u2019\u00e9cart peut se mesurer.<\/p>\n

Tout laisser derri\u00e8re soi encore une fois et partir. Ce refrain qui revient encore et encore. Tu ne sais que fuir m\u2019a t\u2019on dit avec chagrin.
Rejouer encore une fois sa vie aux d\u00e9s. Quand je vois toutes les l\u00e2chet\u00e9s dont on est capable pour maintenir un certain niveau de confort ou de paix tout simplement. Une ob\u00e9issance insupportable - qu\u2019on ne peut plus supporter du tout - intol\u00e9rable- \u00e0 un ordre des choses.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que je serais d\u2019accord pour qu\u2019on m\u2019enferme. Qu\u2019on m\u2019isole, qu\u2019on me jette aux ordures comme une pomme pourrie pour ne pas contaminer toutes les autres pommes du panier.
Et tous ces imb\u00e9ciles en transe avec leur confiance en soi jetteraient la clef de la cellule.<\/p>\n

Aucune envie de vengeance cependant pour m\u2019aider \u00e0 tenir de longues ann\u00e9es dans les souterrains d\u2019un ch\u00e2teau.<\/p>\n

Mais la nuit bien sur que je m\u2019exercerais en douce \u00e0 traverser les murs.<\/p>\n

On ne peut faire autrement que de recr\u00e9er sans cesse le monde. M\u00eame si on ne le veut pas, si on tente de s\u2019y opposer, le refus cr\u00e9er encore quelque chose de proche de la m\u00eame id\u00e9e. Un gant retourn\u00e9 c’est toujours un gant.<\/p>", "content_text": "S\u2019atteler \u00e0 une t\u00e2che, \u00e0 un travail, \u00e0 un projet. Ce qui conduit \u00e0 s\u2019atteler. Qu\u2019il reste quelque chose malgr\u00e9 tout. S\u2019atteler \u00e0 l\u2019\u00e9criture d\u2019un journal, d\u2019un carnet, laisser une trace. Ce qui est paradoxal puisque tu ne te relis jamais.\n\nUne trace pour qui alors ?\n\nUne trace dans l\u2019invisible. Une op\u00e9ration magique. Peut-\u00eatre.\n\nEt ensuite quand tu publies c\u2019est que tu es d\u00e9j\u00e0 mort, que tout \u00e7a ne te concerne plus. Que tu n\u2019es d\u00e9j\u00e0 plus celui qui \u00e9crit ces lignes.\n\nPeut-\u00eatre aussi.\n\nLes hypoth\u00e8ses ne manquent pas.\n\n\u2014 Tu es trop tourn\u00e9 vers toi, penses un peu \u00e0 moi.\n\nExactement le genre de phrase que j\u2019entends depuis toujours.\n\nCette culpabilit\u00e9 qu\u2019on voudrait que tu \u00e9prouves et par laquelle tu parviens, enfin, \u00e0 bien vouloir prendre conscience du monde. A daigner prendre conscience de l\u2019autre comme monde\n\nLe monde se r\u00e9sumant \u00e0 moi que tu ne regardes pas n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 le monde,\n\nPeut-\u00eatre parce que l\u2019on a commis cette erreur une fois et qu\u2019on ne s\u2019en est jamais totalement remis.\n\nmais comment l\u2019expliquer et pourquoi.\n\nAs-tu encore envie de d\u00e9penser une \u00e9nergie quelconque \u00e0 vouloir expliquer quoi que e soit ? Aucune envie justement.\n\n\u00c7a n\u2019en vaut pas la peine. C\u2019est idiot cette expression, mais c\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e7a, une peine d\u00e9pens\u00e9e \u00e0 vide, pour rien.\n\nFut un temps o\u00f9 tu ne m\u00e9nageas pas ta peine. Puis ce fut ridicule de peiner ainsi \u00e0 vide. Totalement ridicule.\n\nRegarder froidement les faits.\n\nLe fait de ne pas assumer pleinement une solitude. De faire chier le monde parce qu\u2019on se sent seul abandonn\u00e9. Le fait de se coller \u00e0 l'autre comme si c'\u00e9tait une bou\u00e9e, qu'on se sente naufrag\u00e9.\n\n\n\nC\u2019est toujours la m\u00eame histoire. Ne pas vouloir crever.\n\nOn ne peut pas en vouloir aux gens pour \u00e7a, c\u2019est humain. Etre humain excuserait \u00e0 peu pr\u00e8s tout.\n\nC\u2019est toi qui es bizarre souviens t\u2019en. Pour eux tu es une bizarrerie. Tu te fous de tout et de toi-m\u00eame. Quelque chose ne tourne pas rond.\n\n\u00catre ou ne pas \u00eatre du cot\u00e9 de la vie, de ce qu\u2019ils appellent la vie.\n\n\u2014 oui je veux pouvoir m\u2019acheter du parfum, aller chez le coiffeur, partir en vacances, aller au restaurant \u2026\n\n\u00c7a peut se comprendre.\n\nL\u2019\u00e9cart peut se mesurer.\n\nTout laisser derri\u00e8re soi encore une fois et partir. Ce refrain qui revient encore et encore. Tu ne sais que fuir m\u2019a t\u2019on dit avec chagrin.\n\nRejouer encore une fois sa vie aux d\u00e9s. Quand je vois toutes les l\u00e2chet\u00e9s dont on est capable pour maintenir un certain niveau de confort ou de paix tout simplement. Une ob\u00e9issance insupportable - qu\u2019on ne peut plus supporter du tout - intol\u00e9rable- \u00e0 un ordre des choses.\n\nPeut-\u00eatre que je serais d\u2019accord pour qu\u2019on m\u2019enferme. Qu\u2019on m\u2019isole, qu\u2019on me jette aux ordures comme une pomme pourrie pour ne pas contaminer toutes les autres pommes du panier.\n\nEt tous ces imb\u00e9ciles en transe avec leur confiance en soi jetteraient la clef de la cellule.\n\nAucune envie de vengeance cependant pour m\u2019aider \u00e0 tenir de longues ann\u00e9es dans les souterrains d\u2019un ch\u00e2teau.\n\nMais la nuit bien sur que je m\u2019exercerais en douce \u00e0 traverser les murs.\n\nOn ne peut faire autrement que de recr\u00e9er sans cesse le monde. M\u00eame si on ne le veut pas, si on tente de s\u2019y opposer, le refus cr\u00e9er encore quelque chose de proche de la m\u00eame id\u00e9e. Un gant retourn\u00e9 c'est toujours un gant.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/07032021-ocre-ja-a50a4832.jpg?1762766926", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/27052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/27052023.html", "title": "27052023", "date_published": "2023-05-27T18:55:09Z", "date_modified": "2025-11-10T09:30:37Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\u00c9crire la date ainsi ressemble \u00e0 l’inscription d’ un tatouage. Il n’y a qu’une seule journ\u00e9e qui porte ce tatouage. Chaque journ\u00e9e tatou\u00e9e pourrait ainsi l’\u00eatre, m\u00eame les plus insignifiantes. Un matricule de la journ\u00e9e. Une succession de matricules pour faire une semaine, un mois, une ann\u00e9e, une vie.<\/p>\n

Dans quelle mesure l’imagination joue t’elle un r\u00f4le sur la perception de ces journ\u00e9es. Des phrases me reviennent. Celles o\u00f9 il est dit qu’on se ferait des id\u00e9es, que l’on verrait les choses en noir. Celles aussi o\u00f9 serait \u00e9voqu\u00e9 le pire. Il pourrait y avoir pire. Ce pourrait \u00eatre bien pire<\/em>. R\u00e9jouissons nous que ce ne soit pas encore pir<\/em>e.<\/p>\n

Ces phrases que l’on dit pour que l’autre revienne au bercail, revienne \u00e0 des pens\u00e9es moins toxiques, \u00e0 je ne sais quelle vie normale. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a fonctionne. Un peu d’humour par l\u00e0-dessus, \u00e7a peut le faire. Contre mauvaise fortune, bon c\u0153ur. Sauf quand \u00e7a ne le fait pas. Quand on se sent pris au pi\u00e8ge. Qu’on aurait envie de hurler. Que l’on pr\u00e9f\u00e8re se terrer plut\u00f4t que d’avoir \u00e0 parler, \u00e0 expliquer, \u00e0 disserter. Quand les \u00eatres que l’on a l’habitude de nommer nos proches sont \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re de ce qui se joue vraiment dans notre int\u00e9riorit\u00e9. Et toujours aussi cette honte tenace bien sur de ne pas savoir \u00eatre heureux avec ce que l’on a. De ne pas savoir s’y contraindre. De ne pas savoir rendre l’autre heureux.<\/p>\n

Comme s’il s’agissait d’un contrat tacite. Nous devrions nous rendre heureux, ce serait la moindre des choses<\/em>. Et la fermeture soudaine de l’un envers l’autre quand ce contrat pour une raison ou une autre est rompu. Il faut toujours trouver la raison<\/em>. L’inventer au besoin. L’affrontement rend cr\u00e9atif. Sauf quand cet affrontement n’est pas possible, car il coute trop d’\u00e9nergie, une \u00e9nergie qui n’est plus disponible.<\/p>\n

—La d\u00e9prime normalement \u00e7a vient en septembre. Tu ne vas pas te mettre aussi \u00e0 te d\u00e9primer au printemps. Il y a dans ses mots une crainte bien s\u00fbr, une inqui\u00e9tude. Comme si on n’avait pas d\u00e9j\u00e0 suffisamment d’emp\u00eachements comme \u00e7a pour que tu en rajoutes. Normalement je fais face, normalement. Mais ce mot, normalement <\/em>, me semble \u00eatre du chinois ces derniers jours. J’ai agi normalement toute ma vie. On me file des coups je tends l’autre joue. Enfin pas toujours, mais assez r\u00e9guli\u00e8rement je me plie \u00e0 la coutume. Normalement c’est comme \u00e7a que \u00e7a fonctionne. Normalement, c’est bien l\u00e0 le jeu. Sauf que l\u00e0 non, pas envie de jouer.<\/p>\n

On a bien le droit de ne pas jouer de temps en temps, de s’extraire du jeu, de botter en touche. Est-ce trop demander ? \u00e7a parait tellement insupportable et surtout tu te rends compte j’esp\u00e8re, au printemps.<\/em><\/p>\n

Que devrions-nous choisir d’\u00e9crire dans un journal qui puisse \u00eatre lu ensuite sans dommage. Que devrions-nous dissimuler dans l’id\u00e9e, l’espoir la crainte d’\u00eatre un jour lu. Cette peur que l’autre d\u00e9couvre \u00e0 quel point nous lui sommes parfois \u00e9tranger. Il est possible de l’\u00e9crire bien sur pour soi, pour se souvenir \u00e0 quel point parfois on peut se sentir \u00e9tranger \u00e0 tout et \u00e0 chacun. Avons nous tant besoin de le noter pour nous en souvenir. N’est-ce pas plut\u00f4t de l’ordre du testamentaire.<\/p>\n

Je ne me suis jamais remis de la d\u00e9couverte des camps, \u00e0 l’\u00e2ge de 10 ans. Cela aura toujours paru tellement absurde. Comment le monde pouvait-il pr\u00e9tendre \u00eatre joyeux apr\u00e8s cela ? Comme pouvions nous oublier soit disant parce qu’il faut vivre. C’est que l’on a fait bien s\u00fbr, on a oubli\u00e9 autant qu’on le pouvait je crois. Jusqu’\u00e0 ce que \u00e7a nous revienne soudain dans les relents lourds du jasmin, dans l’insignifiance des spots publicitaires, dans les paroles insipides des politiciens, dans l’horreur de s’apercevoir face \u00e0 une banalisation des crimes, des scandales, des guerres ; dans les lettres de relance des cr\u00e9anciers. Dans l’abjection qui ne parvient plus \u00e0 faire bonne figure<\/em>. L’a t’elle jamais vraiment fait d’ailleurs ou bien \u00e9vitions nous de la voir telle qu’elle est toujours ? Cette obsession de toujours vouloir relativiser l’horreur, l’ailleurs, repousser tout \u00e7a au loin.<\/p>\n

—Tu exag\u00e8res, tu ne peux pas prendre sur toi tous les malheurs du monde. Tu devrais ne t’occuper que de tes affaires, te boucher le nez les oreilles, les yeux.<\/p>\n

—Oui c’est vrai, c’est comme \u00e7a que l’on vit normalement. Sauf certains jours o\u00f9 la coupe est pleine, qu’elle d\u00e9borde, que l’’on ne parvient plus \u00e0 stopper l’h\u00e9morragie. Mais n’aies pas trop d’inqui\u00e9tude, je suis bien aussi l\u00e2che que n’importe qui d’autre. Sans doute plus. Ne t’inqui\u00e8te pas trop. Demain, je penserai \u00e0 autre chose bien sur. Demain j’aurais oubli\u00e9. Demain il fera beau, j’arriverais \u00e0 oublier tout cela, et peut-\u00eatre \u00e0 chantonner en d\u00e9coupant les oignons pourquoi pas. Je pleurerai en \u00e9pluchant les oignons et ce sera tout \u00e0 fait normal, les choses seront rentr\u00e9es dans l’ordre.<\/p>", "content_text": "\u00c9crire la date ainsi ressemble \u00e0 l'inscription d' un tatouage. Il n'y a qu'une seule journ\u00e9e qui porte ce tatouage. Chaque journ\u00e9e tatou\u00e9e pourrait ainsi l'\u00eatre, m\u00eame les plus insignifiantes. Un matricule de la journ\u00e9e. Une succession de matricules pour faire une semaine, un mois, une ann\u00e9e, une vie. \n\nDans quelle mesure l'imagination joue t'elle un r\u00f4le sur la perception de ces journ\u00e9es. Des phrases me reviennent. Celles o\u00f9 il est dit qu'on se ferait des id\u00e9es, que l'on verrait les choses en noir. Celles aussi o\u00f9 serait \u00e9voqu\u00e9 le pire. Il pourrait y avoir pire. Ce pourrait \u00eatre bien pire. R\u00e9jouissons nous que ce ne soit pas encore pire.\n\nCes phrases que l'on dit pour que l'autre revienne au bercail, revienne \u00e0 des pens\u00e9es moins toxiques, \u00e0 je ne sais quelle vie normale. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a fonctionne. Un peu d'humour par l\u00e0-dessus, \u00e7a peut le faire. Contre mauvaise fortune, bon c\u0153ur. Sauf quand \u00e7a ne le fait pas. Quand on se sent pris au pi\u00e8ge. Qu'on aurait envie de hurler. Que l'on pr\u00e9f\u00e8re se terrer plut\u00f4t que d'avoir \u00e0 parler, \u00e0 expliquer, \u00e0 disserter. Quand les \u00eatres que l'on a l'habitude de nommer nos proches sont \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re de ce qui se joue vraiment dans notre int\u00e9riorit\u00e9. Et toujours aussi cette honte tenace bien sur de ne pas savoir \u00eatre heureux avec ce que l'on a. De ne pas savoir s'y contraindre. De ne pas savoir rendre l'autre heureux.\n\nComme s'il s'agissait d'un contrat tacite. Nous devrions nous rendre heureux, ce serait la moindre des choses. Et la fermeture soudaine de l'un envers l'autre quand ce contrat pour une raison ou une autre est rompu. Il faut toujours trouver la raison. L'inventer au besoin. L'affrontement rend cr\u00e9atif. Sauf quand cet affrontement n'est pas possible, car il coute trop d'\u00e9nergie, une \u00e9nergie qui n'est plus disponible.\n\n\u2014La d\u00e9prime normalement \u00e7a vient en septembre. Tu ne vas pas te mettre aussi \u00e0 te d\u00e9primer au printemps. Il y a dans ses mots une crainte bien s\u00fbr, une inqui\u00e9tude. Comme si on n'avait pas d\u00e9j\u00e0 suffisamment d'emp\u00eachements comme \u00e7a pour que tu en rajoutes. Normalement je fais face, normalement. Mais ce mot, normalement , me semble \u00eatre du chinois ces derniers jours. J'ai agi normalement toute ma vie. On me file des coups je tends l'autre joue. Enfin pas toujours, mais assez r\u00e9guli\u00e8rement je me plie \u00e0 la coutume. Normalement c'est comme \u00e7a que \u00e7a fonctionne. Normalement, c'est bien l\u00e0 le jeu. Sauf que l\u00e0 non, pas envie de jouer. \n\nOn a bien le droit de ne pas jouer de temps en temps, de s'extraire du jeu, de botter en touche. Est-ce trop demander ? \u00e7a parait tellement insupportable et surtout tu te rends compte j'esp\u00e8re, au printemps.\n\nQue devrions-nous choisir d'\u00e9crire dans un journal qui puisse \u00eatre lu ensuite sans dommage. Que devrions-nous dissimuler dans l'id\u00e9e, l'espoir la crainte d'\u00eatre un jour lu. Cette peur que l'autre d\u00e9couvre \u00e0 quel point nous lui sommes parfois \u00e9tranger. Il est possible de l'\u00e9crire bien sur pour soi, pour se souvenir \u00e0 quel point parfois on peut se sentir \u00e9tranger \u00e0 tout et \u00e0 chacun. Avons nous tant besoin de le noter pour nous en souvenir. N'est-ce pas plut\u00f4t de l'ordre du testamentaire.\n\nJe ne me suis jamais remis de la d\u00e9couverte des camps, \u00e0 l'\u00e2ge de 10 ans. Cela aura toujours paru tellement absurde. Comment le monde pouvait-il pr\u00e9tendre \u00eatre joyeux apr\u00e8s cela ? Comme pouvions nous oublier soit disant parce qu'il faut vivre. C'est que l'on a fait bien s\u00fbr, on a oubli\u00e9 autant qu'on le pouvait je crois. Jusqu'\u00e0 ce que \u00e7a nous revienne soudain dans les relents lourds du jasmin, dans l'insignifiance des spots publicitaires, dans les paroles insipides des politiciens, dans l'horreur de s'apercevoir face \u00e0 une banalisation des crimes, des scandales, des guerres; dans les lettres de relance des cr\u00e9anciers. Dans l'abjection qui ne parvient plus \u00e0 faire bonne figure. L'a t'elle jamais vraiment fait d'ailleurs ou bien \u00e9vitions nous de la voir telle qu'elle est toujours ? Cette obsession de toujours vouloir relativiser l'horreur, l'ailleurs, repousser tout \u00e7a au loin. \n\n\u2014Tu exag\u00e8res, tu ne peux pas prendre sur toi tous les malheurs du monde. Tu devrais ne t'occuper que de tes affaires, te boucher le nez les oreilles, les yeux. \n\n\u2014Oui c'est vrai, c'est comme \u00e7a que l'on vit normalement. Sauf certains jours o\u00f9 la coupe est pleine, qu'elle d\u00e9borde, que l''on ne parvient plus \u00e0 stopper l'h\u00e9morragie. Mais n'aies pas trop d'inqui\u00e9tude, je suis bien aussi l\u00e2che que n'importe qui d'autre. Sans doute plus. Ne t'inqui\u00e8te pas trop. Demain, je penserai \u00e0 autre chose bien sur. Demain j'aurais oubli\u00e9. Demain il fera beau, j'arriverais \u00e0 oublier tout cela, et peut-\u00eatre \u00e0 chantonner en d\u00e9coupant les oignons pourquoi pas. Je pleurerai en \u00e9pluchant les oignons et ce sera tout \u00e0 fait normal, les choses seront rentr\u00e9es dans l'ordre.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/28032021-_mg_177-aa8ee826-3e888.jpg?1762766997", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/metaphore.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/metaphore.html", "title": "M\u00e9taphore", "date_published": "2023-05-27T00:43:38Z", "date_modified": "2025-11-03T14:48:42Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

C\u2019est comme \u00e7a. Comme il arrive elle repart. Comme on dit. Comme on fait son lit on se couche. Com\u00e9die. Comme elle est belle. Elle est belle comme le jour. Elle est sage comme une image. C\u2019est un jour comme un autre. Une image comme mille mots. Comme les copains, comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas, comme deux gouttes d\u2019eau, comme un soleil, comme un jour \u00e0 marquer d\u2019une pierre blanche, venez comme vous \u00eates, en un mot comme en dix, comme si \u00e7a suffisait, comme si \u00e7a excusait tout, faites donc comme \u00e7a, faites comme ci, comme des chiens, comme des cons, long comme un jour sans pain.
Le jour est comme la nuit, la nuit comme un manteau, la lune comme un pi\u00e8ce d\u2019argent, l\u2019herbe comme un tapis, l\u2019eau comme une peau, la terre comme une cro\u00fbte, la douleur comme un aiguillon, la joie comme une pr\u00e9sence, l\u2019absence comme une pr\u00e9sence, la mort comme une fatalit\u00e9.
Un mot comme un autre, une fille comme une autre, un jour comme un autre, une main comme une autre, un gars comme un autre, un arbre comme un autre, une maison comme une autre, une fen\u00eatre comme une autre, un mur comme un autre
\u00c7a ressemble \u00e0 l\u2019Italie, \u00e7a ressemble au pesto, \u00e7a ressemble \u00e0 rien.
Des journ\u00e9es longues comme sans pain. De longues journ\u00e9es sans croissant, sans brioche, sans pain russe. Des journ\u00e9es suffisamment longues pour qu\u2019on se demande o\u00f9 est le pain. Une journ\u00e9e de la taille d\u2019un pain de quatre livres. Des jours ressemblant \u00e0 des nuits, des nuits ressemblant \u00e0 des jours, on ne savait plus si on \u00e9tait le jour ou la nuit, on \u00e9tait comme perdu, \u00e9gar\u00e9, on avait perdu le go\u00fbt de l\u2019eau.
Un petit go\u00fbt de reviens-y. Il a un go\u00fbt de chiotte celui-l\u00e0. Des go\u00fbts et des couleurs, comme \u00e7a ne se discute pas. Comme une rue morte. Comme une ville morte. Comme un rien. Comme un tout. Ce n\u2019est pas comme si tu voulais vraiment dire quelque chose. Tu te prends pour qui quand tu dis \u00e7a. Comme le go\u00fbt de l\u2019oseille sur la langue. Son rouge \u00e0 l\u00e8vre a un go\u00fbt de fraise. Elle fait une bouche en cul de poule. Elle a les yeux revolver. Elle arrive on dirait une panth\u00e8re mouchet\u00e9e, et lui un \u00e9l\u00e9phant dans un magasin de porcelaine. Elle a des yeux verts yeux de vip\u00e8re, elle est blonde comme les bl\u00e9s, elle a une peau de b\u00e9b\u00e9, il sent bon le sable chaud, on dirait bien qu\u2019il va pleuvoir comme vache qui pisse. Comme un ouragan s\u2019abattant sur Monaco, l\u00e0 bas au loin, dans les ann\u00e9es 90, tandis qu\u2019ils v\u00e9g\u00e9taient dans la villa en bordure de la Grande Corniche.
Comme une andouille il en bafouilla, puis il d\u00e9campa.
L\u2019ennui s\u2019abat comme une chape de plomb. C\u2019est ce fichu point de vue fig\u00e9 sur le monde comme vous pouvez le constater qui fut la cause d\u2019une telle d\u00e9sesp\u00e9rance. Comme un chat il poss\u00e8de neuf vies. Celle-ci fut un coup pour rien, un coup \u00e0 blanc, un brouillon. La prochaine serait peut-\u00eatre un chef d\u2019\u0153uvre, mais rien n\u2019\u00e9tait moins sur. En attendant il peint il \u00e9crit comme un d\u00e9rat\u00e9.
Elle est bonne comme le bon pain. Il est chaud comme la braise. Ils baisent comme des lapins.<\/p>", "content_text": "C\u2019est comme \u00e7a. Comme il arrive elle repart. Comme on dit. Comme on fait son lit on se couche. Com\u00e9die. Comme elle est belle. Elle est belle comme le jour. Elle est sage comme une image. C\u2019est un jour comme un autre. Une image comme mille mots. Comme les copains, comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas, comme deux gouttes d\u2019eau, comme un soleil, comme un jour \u00e0 marquer d\u2019une pierre blanche, venez comme vous \u00eates, en un mot comme en dix, comme si \u00e7a suffisait, comme si \u00e7a excusait tout, faites donc comme \u00e7a, faites comme ci, comme des chiens, comme des cons, long comme un jour sans pain.\n\nLe jour est comme la nuit, la nuit comme un manteau, la lune comme un pi\u00e8ce d\u2019argent, l\u2019herbe comme un tapis, l\u2019eau comme une peau, la terre comme une cro\u00fbte, la douleur comme un aiguillon, la joie comme une pr\u00e9sence, l\u2019absence comme une pr\u00e9sence, la mort comme une fatalit\u00e9.\n\nUn mot comme un autre, une fille comme une autre, un jour comme un autre, une main comme une autre, un gars comme un autre, un arbre comme un autre, une maison comme une autre, une fen\u00eatre comme une autre, un mur comme un autre\n\n\u00c7a ressemble \u00e0 l\u2019Italie, \u00e7a ressemble au pesto, \u00e7a ressemble \u00e0 rien.\n\nDes journ\u00e9es longues comme sans pain. De longues journ\u00e9es sans croissant, sans brioche, sans pain russe. Des journ\u00e9es suffisamment longues pour qu\u2019on se demande o\u00f9 est le pain. Une journ\u00e9e de la taille d\u2019un pain de quatre livres. Des jours ressemblant \u00e0 des nuits, des nuits ressemblant \u00e0 des jours, on ne savait plus si on \u00e9tait le jour ou la nuit, on \u00e9tait comme perdu, \u00e9gar\u00e9, on avait perdu le go\u00fbt de l\u2019eau.\n\nUn petit go\u00fbt de reviens-y. Il a un go\u00fbt de chiotte celui-l\u00e0. Des go\u00fbts et des couleurs, comme \u00e7a ne se discute pas. Comme une rue morte. Comme une ville morte. Comme un rien. Comme un tout. Ce n\u2019est pas comme si tu voulais vraiment dire quelque chose. Tu te prends pour qui quand tu dis \u00e7a. Comme le go\u00fbt de l\u2019oseille sur la langue. Son rouge \u00e0 l\u00e8vre a un go\u00fbt de fraise. Elle fait une bouche en cul de poule. Elle a les yeux revolver. Elle arrive on dirait une panth\u00e8re mouchet\u00e9e, et lui un \u00e9l\u00e9phant dans un magasin de porcelaine. Elle a des yeux verts yeux de vip\u00e8re, elle est blonde comme les bl\u00e9s, elle a une peau de b\u00e9b\u00e9, il sent bon le sable chaud, on dirait bien qu\u2019il va pleuvoir comme vache qui pisse. Comme un ouragan s\u2019abattant sur Monaco, l\u00e0 bas au loin, dans les ann\u00e9es 90, tandis qu\u2019ils v\u00e9g\u00e9taient dans la villa en bordure de la Grande Corniche.\n\nComme une andouille il en bafouilla, puis il d\u00e9campa.\n\nL\u2019ennui s\u2019abat comme une chape de plomb. C\u2019est ce fichu point de vue fig\u00e9 sur le monde comme vous pouvez le constater qui fut la cause d\u2019une telle d\u00e9sesp\u00e9rance. Comme un chat il poss\u00e8de neuf vies. Celle-ci fut un coup pour rien, un coup \u00e0 blanc, un brouillon. La prochaine serait peut-\u00eatre un chef d\u2019\u0153uvre, mais rien n\u2019\u00e9tait moins sur. En attendant il peint il \u00e9crit comme un d\u00e9rat\u00e9.\n\nElle est bonne comme le bon pain. Il est chaud comme la braise. Ils baisent comme des lapins.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/p1040613jpgw1000-fec8dde7.jpg?1762181279", "tags": ["carnet de fiction"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/parler.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/parler.html", "title": "Parler", "date_published": "2023-05-27T00:04:34Z", "date_modified": "2025-11-10T09:31:56Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Une po\u00e9sie qui parle ou qui ne parle pas
La po\u00e9sie qui leur parle ou pas
Il y a des po\u00e9sies qui ne me disent rien
Cela ne me dit rien<\/p>\n

Il faudra un jour qu\u2019on en parle
Et bien justement parlons-en
Ils parlent derri\u00e8re son dos
Ils parlent \u00e0 voix basse
Ils parlent \u00e0 tort et \u00e0 travers
Ils parlent de tout et de rien<\/p>\n

Ils lui ont mal parl\u00e9
Une parole maladroite
Il parle pour ne rien dire
Il veut avoir le dernier mot
Ses derni\u00e8res paroles
C\u2019est un homme de parole
Il n\u2019a que de la gueule
Il n\u2019est qu\u2019un mot
En un mot comme en dix
Ils lui dirent ses quatre v\u00e9rit\u00e9s
Il ne pipa plus mot
Parle moi d\u2019amour
Le parler comme le manger
Il mangeait ses propres mots
Il parle dans sa barbe
Tu parles Charles
Donner sa parole
Serrer les dents
Ravaler ses mots
Revenir sur une parole
Manquer \u00e0 sa parole<\/p>\n

Parler de la pluie et du beau temps
La parole est un instrument de domination
Le dernier qui parle a gagn\u00e9
Avoir le dernier mot
Mais si seulement ils pouvaient se taire
Ils se turent, leur parole tomba dans la nuit<\/p>\n

Les Saint-Jean bouche d’or ou Chrysostome<\/p>\n

Parler et \u00e9couter, entendre.
Mieux vaut \u00eatre sourd que de ne rien entendre.<\/p>\n

Assez parl\u00e9, chantons
Le d\u00e9versement de la parole
Le fil t\u00e9nu de ses paroles
Tu peux toujours parler
Parle \u00e0 mon cul ma t\u00eate est malade<\/p>\n

Ils ne savaient quoi dire , ils ne se parlaient pas. Ils restaient muets. Il n’y avait pas de mur. Ils ne se renvoyaient pas la balle. Ils n’\u00e9prouv\u00e8rent pas le besoin de parler<\/p>\n

Elle parle lentement, elle le fait expr\u00e8s, elle en profite. Tant qu’elle parle on ne pourra rien faire. Mais elle devrait parler plus vite, un peu plus vite. Le fait qu’elle s’applique \u00e0 la lenteur pour parler devient suspect.<\/p>\n

Elle domine par la parole, par la lenteur de sa parole. On est dans l’attente ainsi de ce qu’elle veut dire. Mais elle ne veut rien dire, elle veut juste prendre la parole.<\/p>\n

C’est une torture de l’\u00e9couter parler. Parfois il est pr\u00e9f\u00e9rable de prendre ses jambes \u00e0 son cou plut\u00f4t que de se laisser envahir, impuissant, par sa parole.<\/p>\n

Il lui donne des coups, elle lui ass\u00e8ne des mots. Le gamin compte les points.<\/p>\n

Une parole incoh\u00e9rente une parole solitaire un monologue une parole vide des paroles st\u00e9riles une parole f\u00e9conde, la parole est d’argent le silence est d’or, joindre l’acte \u00e0 la parole, des paroles mensong\u00e8res, marcher sa parole, il tiendra parole, il d\u00e9versera un flot de paroles, une histoire sans parole. Ce n’est pas parce que l’on parle qu’on a quelque chose \u00e0 dire. On en parlera \u00e0 un autre moment. On n’en parla jamais. Il aurait aim\u00e9 pouvoir lui parler avant qu’il disparaisse. Il regretta ses paroles.<\/p>\n

De quoi allons-nous donc encore parler
C\u2019\u00e9tait un v\u00e9ritable moulin \u00e0 paroles
Il avait son franc-parler
Tu parles.<\/p>\n

La parole est \u00e0 la d\u00e9fense
Des paroles vivres
Des lettres mortes
Il n\u2019a qu\u2019une parole
Cause toujours
Une parole incessante
Il a parl\u00e9
Ils ont parl\u00e9
Il leur a coup\u00e9 la parole
Les \u00e9crits restent les paroles s\u2019envolent
Des pourparlers
De sobres paroles
Des paroles inaudibles
Le vent emporte ses paroles
Lettre morte parole vive
Ils n\u2019ont pas voix au chapitre
Ils ne manquent pas d\u2019air
Ils parlent pour ne rien dire
Le patriarche a parl\u00e9
D\u00e9sirez vous ajouter quelque chose ?
On en reparlera<\/p>\n

Elle veut qu’ils se parlent, qu’il lui parle. Si on se parle \u00e7a va mieux. elle ne supporte pas le silence. Alors il parle de choses futiles, du temps qu’il fait, de choses insignifiantes, l’important est de parler pas d’avoir quelque chose \u00e0 dire. Au bout d’un certain temps la parole ainsi fut pire que du silence.<\/p>\n

Ils ne s’entendent plus.<\/p>", "content_text": "Une po\u00e9sie qui parle ou qui ne parle pas\n\nLa po\u00e9sie qui leur parle ou pas\n\nIl y a des po\u00e9sies qui ne me disent rien\n\nCela ne me dit rien\n\nIl faudra un jour qu\u2019on en parle\n\nEt bien justement parlons-en\n\nIls parlent derri\u00e8re son dos\n\nIls parlent \u00e0 voix basse\n\nIls parlent \u00e0 tort et \u00e0 travers\n\nIls parlent de tout et de rien\n\nIls lui ont mal parl\u00e9\n\nUne parole maladroite\n\nIl parle pour ne rien dire\n\nIl veut avoir le dernier mot\n\nSes derni\u00e8res paroles\n\nC\u2019est un homme de parole\n\nIl n\u2019a que de la gueule\n\nIl n\u2019est qu\u2019un mot\n\nEn un mot comme en dix\n\nIls lui dirent ses quatre v\u00e9rit\u00e9s\n\nIl ne pipa plus mot\n\nParle moi d\u2019amour\n\nLe parler comme le manger\n\nIl mangeait ses propres mots\n\nIl parle dans sa barbe\n\nTu parles Charles\n\nDonner sa parole\n\nSerrer les dents\n\nRavaler ses mots\n\nRevenir sur une parole\n\nManquer \u00e0 sa parole\n\nParler de la pluie et du beau temps\n\nLa parole est un instrument de domination\n\nLe dernier qui parle a gagn\u00e9\n\nAvoir le dernier mot\n\nMais si seulement ils pouvaient se taire\n\nIls se turent, leur parole tomba dans la nuit\n\nLes Saint-Jean bouche d'or ou Chrysostome\n\nParler et \u00e9couter, entendre.\n\nMieux vaut \u00eatre sourd que de ne rien entendre.\n\nAssez parl\u00e9, chantons\n\nLe d\u00e9versement de la parole\n\nLe fil t\u00e9nu de ses paroles\n\nTu peux toujours parler\n\nParle \u00e0 mon cul ma t\u00eate est malade\n\nIls ne savaient quoi dire , ils ne se parlaient pas. Ils restaient muets. Il n'y avait pas de mur. Ils ne se renvoyaient pas la balle. Ils n'\u00e9prouv\u00e8rent pas le besoin de parler \n\nElle parle lentement, elle le fait expr\u00e8s, elle en profite. Tant qu'elle parle on ne pourra rien faire. Mais elle devrait parler plus vite, un peu plus vite. Le fait qu'elle s'applique \u00e0 la lenteur pour parler devient suspect.\n\nElle domine par la parole, par la lenteur de sa parole. On est dans l'attente ainsi de ce qu'elle veut dire. Mais elle ne veut rien dire, elle veut juste prendre la parole.\n\nC'est une torture de l'\u00e9couter parler. Parfois il est pr\u00e9f\u00e9rable de prendre ses jambes \u00e0 son cou plut\u00f4t que de se laisser envahir, impuissant, par sa parole.\n\nIl lui donne des coups, elle lui ass\u00e8ne des mots. Le gamin compte les points. \n\nUne parole incoh\u00e9rente une parole solitaire un monologue une parole vide des paroles st\u00e9riles une parole f\u00e9conde, la parole est d'argent le silence est d'or, joindre l'acte \u00e0 la parole, des paroles mensong\u00e8res, marcher sa parole, il tiendra parole, il d\u00e9versera un flot de paroles, une histoire sans parole. Ce n'est pas parce que l'on parle qu'on a quelque chose \u00e0 dire. On en parlera \u00e0 un autre moment. On n'en parla jamais. Il aurait aim\u00e9 pouvoir lui parler avant qu'il disparaisse. Il regretta ses paroles. \n\nDe quoi allons-nous donc encore parler\n\nC\u2019\u00e9tait un v\u00e9ritable moulin \u00e0 paroles\n\nIl avait son franc-parler\n\nTu parles.\n\nLa parole est \u00e0 la d\u00e9fense\n\nDes paroles vivres\n\nDes lettres mortes\n\nIl n\u2019a qu\u2019une parole\n\nCause toujours\n\nUne parole incessante\n\nIl a parl\u00e9\n\nIls ont parl\u00e9\n\nIl leur a coup\u00e9 la parole\n\nLes \u00e9crits restent les paroles s\u2019envolent\n\nDes pourparlers\n\nDe sobres paroles\n\nDes paroles inaudibles\n\nLe vent emporte ses paroles\n\nLettre morte parole vive\n\nIls n\u2019ont pas voix au chapitre\n\nIls ne manquent pas d\u2019air\n\nIls parlent pour ne rien dire\n\nLe patriarche a parl\u00e9\n\nD\u00e9sirez vous ajouter quelque chose ?\n\nOn en reparlera\n\nElle veut qu'ils se parlent, qu'il lui parle. Si on se parle \u00e7a va mieux. elle ne supporte pas le silence. Alors il parle de choses futiles, du temps qu'il fait, de choses insignifiantes, l'important est de parler pas d'avoir quelque chose \u00e0 dire. Au bout d'un certain temps la parole ainsi fut pire que du silence.\n\nIls ne s'entendent plus.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/dsc_0301_origina-bd1c2dae-cc0a4.jpg?1762767072", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/suivez-le-guide.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/suivez-le-guide.html", "title": "Suivez le guide", "date_published": "2023-05-26T10:29:29Z", "date_modified": "2025-11-10T09:33:32Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Prends une phrase, n\u2019importe laquelle, celle-ci par exemple. Puis vois o\u00f9 elle te m\u00e8ne, c\u2019est \u00e0 dire \u00e0 celle-l\u00e0.<\/p>", "content_text": "Prends une phrase, n\u2019importe laquelle, celle-ci par exemple. Puis vois o\u00f9 elle te m\u00e8ne, c\u2019est \u00e0 dire \u00e0 celle-l\u00e0.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0866_jpgjpgw-96b2e59a-c544b.jpg?1762767167", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/mort-face-au-chaos.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/mort-face-au-chaos.html", "title": "Mort face au chaos", "date_published": "2023-05-26T09:31:33Z", "date_modified": "2025-11-10T09:44:44Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je place tous mes espoirs dans cette nouvelle toile,
et bien sur je perds le fil, le labyrinthe me d\u00e9sarme.
A gauche ou \u00e0 droite , je t\u00e2tonne, je me perds<\/p>\n

de plus en plus loin.<\/p>\n

Le lendemain je me tiens devant la toile je ne vois rien.
Je plisse les yeux je ne vois rien.
Rien ne tient
Aucune joie, aucun plaisir
A gauche \u00e0 droite je t\u00e2tonne, j\u2019efface et je reprends
Rien ne va
J\u2019abandonne tout espoir tout plaisir toute joie
Je suis mort face au chaos
Assis sur ma chaise
Immobile
J\u2019ai mal au cul
\u00c7a me r\u00e9veille
Je rigole
Comme un idiot<\/p>\n

La chatte fait sa toilette
Sur la table de l\u2019atelier
Au mur la pendule est arr\u00eat\u00e9e
Sur 10h10
Depuis des ann\u00e9es<\/p>", "content_text": "Je place tous mes espoirs dans cette nouvelle toile,\n\net bien sur je perds le fil, le labyrinthe me d\u00e9sarme.\n\nA gauche ou \u00e0 droite , je t\u00e2tonne, je me perds\n\nde plus en plus loin.\n\n\n\nLe lendemain je me tiens devant la toile je ne vois rien.\n\nJe plisse les yeux je ne vois rien.\n\nRien ne tient\n\nAucune joie, aucun plaisir\n\nA gauche \u00e0 droite je t\u00e2tonne, j\u2019efface et je reprends\n\nRien ne va\n\nJ\u2019abandonne tout espoir tout plaisir toute joie\n\nJe suis mort face au chaos\n\nAssis sur ma chaise\n\nImmobile\n\nJ\u2019ai mal au cul\n\n\u00c7a me r\u00e9veille\n\nJe rigole\n\nComme un idiot\n\nLa chatte fait sa toilette\n\nSur la table de l\u2019atelier\n\nAu mur la pendule est arr\u00eat\u00e9e\n\nSur 10h10\n\nDepuis des ann\u00e9es", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0778_jpgjpgw-30171ba1-1a1ef.jpg?1762767258", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/des-phrases-a-la-queue-leu-leu.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/des-phrases-a-la-queue-leu-leu.html", "title": "Des phrases \u00e0 la queue leu leu", "date_published": "2023-05-26T07:43:01Z", "date_modified": "2025-11-10T09:35:59Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Tout va bien, puis il y a un couac, rien ne va plus.<\/p>\n

La cigogne se posa et le poids du volatile, ajout\u00e9 \u00e0 celui du nid, le toit de la baraque s\u2019effondra.<\/p>\n

La choucroute repr\u00e9sente encore une \u00e9nigme, commencer par le chou ou la charcuterie, ce dilemme est idiot mais j\u2019y tiens. De toutes fa\u00e7ons impossible de faire la diff\u00e9rence entre le Gewurtz et le Riesling, et puis zut \u00e0 la fin je pr\u00e9f\u00e8re la bi\u00e8re.<\/p>\n

De deux choses la troisi\u00e8me me s\u00e9duira toujours un petit peu plus.<\/p>\n

Agrandir, grossir \u00e0 loisir l\u2019anfractuosit\u00e9 d\u2019un mur, puis s\u2019y glisser, un jeu d\u2019enfant.<\/p>\n

La relation que l\u2019on \u00e9tablit avec un nuage n\u2019est pas \u00e0 prendre \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re. Car m\u00eame changeant m\u00eame si un nuage ne cesse jamais de se m\u00e9tamorphoser, ce qui op\u00e8re \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019y celui ce changement est stable comme le roc.<\/p>\n

J\u2019ai souvent jou\u00e9 \u00e0 chat avec ce nuage \u00e0 t\u00eate de chien. Autrefois je ne levais pas les yeux au ciel par d\u00e9pit comme aujourd\u2019hui.<\/p>\n

On peut parfois sentir le bl\u00e9 en herbe \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des os et qui remue doucement au passage des vents<\/p>\n

L\u2019int\u00e9rieur d\u2019un os est comme l\u2019ext\u00e9rieur du monde, \u00e0 tr\u00e8s peu de chose pr\u00e8s.<\/p>\n

Sans vase pas de lotus
Pas de golem sans boue
Pas de r\u00e9alit\u00e9 sans r\u00eave
Pas de trois sans un et deux.<\/p>\n

La danse est un moyen du corps de protester contre la domination de la t\u00eate.
La nuit il danse. Il met n\u2019importe quelle musique qui lui tombe sous la main sur son mange-disque et il danse
Mal. Tr\u00e8s mal.
Mais aucune importance,
il est seul, il ne peut \u00e9craser les pieds de quelqu\u2019un d\u2019autre
Il s\u2019en donne \u00e0 c\u0153ur joie.<\/p>\n

Renouer par la danse avec le mouvement naturel du sang dans les veines les art\u00e8res la liquidit\u00e9
Se liquider par la danse<\/p>\n

Ou bien fendre en quatre quelques b\u00fbches avec une cogn\u00e9e
Le manche et la cogn\u00e9e, un couple toujours d\u2019actualit\u00e9
\u00c7a peut vous boucher un coin en un rien de temps
En plein hiver suer sang et eau, ahaner, en mettre un bon coup
Puis se retrouver comme un con du dos coinc\u00e9.
Immobilis\u00e9 au milieu de nulle part
La neige autour
Les loups sortent du bois
Et ne rien pouvoir faire
Que devenir arbre mort
Une infinie patience
Se r\u00e9soudre en une infinie patience.<\/p>\n

Rejoindre l\u2019int\u00e9rieur de ses propres os
Les os et leurs eaux
La substantifique moelle
Ne s\u2019\u00e9tale pas sur l\u2019invisible tranche
Le pot au feu
Les bas morceaux
La moutarde rena\u00eet fleur
Et cr\u00e9e le d\u00e9gel<\/p>\n

Le dos reprend sa forme, r\u00e9invente ses vert\u00e8bres
Les articulations s\u2019articulent comme par enchantement
Les loups doucement refluent dans le sous-bois
Le sous bois expire aspire le loup
Le loup est l\u2019air de nos forets
Comme la biche celui des vieilles lunes
Exhalaisons des bu\u00e9es de l\u2019imaginaire<\/p>\n

Encore une st\u00e8re de bois devant soi quel bonheur<\/p>\n

Affronter les intemp\u00e9ries, faire face, puis danser joue contre joue
S\u2019\u00e9crouler ensuite comme la montagne en \u00e9boulis
Achever sa course sur la plage se livrer \u00e0 la mar\u00e9e<\/p>\n

Devenir nuage \u00e0 t\u00eate de chien
En bas il y a un enfant qui joue \u00e0 chat<\/p>", "content_text": "Tout va bien, puis il y a un couac, rien ne va plus.\n\nLa cigogne se posa et le poids du volatile, ajout\u00e9 \u00e0 celui du nid, le toit de la baraque s\u2019effondra.\n\nLa choucroute repr\u00e9sente encore une \u00e9nigme, commencer par le chou ou la charcuterie, ce dilemme est idiot mais j\u2019y tiens. De toutes fa\u00e7ons impossible de faire la diff\u00e9rence entre le Gewurtz et le Riesling, et puis zut \u00e0 la fin je pr\u00e9f\u00e8re la bi\u00e8re.\n\nDe deux choses la troisi\u00e8me me s\u00e9duira toujours un petit peu plus.\n\nAgrandir, grossir \u00e0 loisir l\u2019anfractuosit\u00e9 d\u2019un mur, puis s\u2019y glisser, un jeu d\u2019enfant.\n\nLa relation que l\u2019on \u00e9tablit avec un nuage n\u2019est pas \u00e0 prendre \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re. Car m\u00eame changeant m\u00eame si un nuage ne cesse jamais de se m\u00e9tamorphoser, ce qui op\u00e8re \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019y celui ce changement est stable comme le roc.\n\nJ\u2019ai souvent jou\u00e9 \u00e0 chat avec ce nuage \u00e0 t\u00eate de chien. Autrefois je ne levais pas les yeux au ciel par d\u00e9pit comme aujourd\u2019hui.\n\nOn peut parfois sentir le bl\u00e9 en herbe \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des os et qui remue doucement au passage des vents\n\nL\u2019int\u00e9rieur d\u2019un os est comme l\u2019ext\u00e9rieur du monde, \u00e0 tr\u00e8s peu de chose pr\u00e8s.\n\nSans vase pas de lotus\n\nPas de golem sans boue\n\nPas de r\u00e9alit\u00e9 sans r\u00eave\n\nPas de trois sans un et deux.\n\nLa danse est un moyen du corps de protester contre la domination de la t\u00eate.\n\nLa nuit il danse. Il met n\u2019importe quelle musique qui lui tombe sous la main sur son mange-disque et il danse\n\nMal. Tr\u00e8s mal.\n\nMais aucune importance,\n\nil est seul, il ne peut \u00e9craser les pieds de quelqu\u2019un d\u2019autre\n\nIl s\u2019en donne \u00e0 c\u0153ur joie.\n\nRenouer par la danse avec le mouvement naturel du sang dans les veines les art\u00e8res la liquidit\u00e9\n\nSe liquider par la danse\n\nOu bien fendre en quatre quelques b\u00fbches avec une cogn\u00e9e\n\nLe manche et la cogn\u00e9e, un couple toujours d\u2019actualit\u00e9\n\n\u00c7a peut vous boucher un coin en un rien de temps\n\nEn plein hiver suer sang et eau, ahaner, en mettre un bon coup\n\nPuis se retrouver comme un con du dos coinc\u00e9.\n\nImmobilis\u00e9 au milieu de nulle part\n\nLa neige autour\n\nLes loups sortent du bois\n\nEt ne rien pouvoir faire\n\nQue devenir arbre mort\n\nUne infinie patience\n\nSe r\u00e9soudre en une infinie patience.\n\nRejoindre l\u2019int\u00e9rieur de ses propres os\n\nLes os et leurs eaux\n\nLa substantifique moelle\n\nNe s\u2019\u00e9tale pas sur l\u2019invisible tranche\n\nLe pot au feu\n\nLes bas morceaux\n\nLa moutarde rena\u00eet fleur\n\nEt cr\u00e9e le d\u00e9gel\n\nLe dos reprend sa forme, r\u00e9invente ses vert\u00e8bres\n\nLes articulations s\u2019articulent comme par enchantement\n\nLes loups doucement refluent dans le sous-bois\n\nLe sous bois expire aspire le loup\n\nLe loup est l\u2019air de nos forets\n\nComme la biche celui des vieilles lunes\n\nExhalaisons des bu\u00e9es de l\u2019imaginaire\n\nEncore une st\u00e8re de bois devant soi quel bonheur\n\nAffronter les intemp\u00e9ries, faire face, puis danser joue contre joue\n\nS\u2019\u00e9crouler ensuite comme la montagne en \u00e9boulis\n\nAchever sa course sur la plage se livrer \u00e0 la mar\u00e9e\n\nDevenir nuage \u00e0 t\u00eate de chien\n\nEn bas il y a un enfant qui joue \u00e0 chat", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0780_jpgjpgw-4b4fb303.jpg?1762767308", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/26052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/26052023.html", "title": "26052023", "date_published": "2023-05-26T06:52:15Z", "date_modified": "2025-11-10T09:37:29Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ils ne voient pas les pi\u00e8ces d\u2019or,<\/p>\n

ils se souviennent de celles appartenant \u00e0 d\u2019autres,<\/p>\n

qui eux-m\u00eames ne les voyaient d\u00e9j\u00e0 pas.<\/p>\n

L\u2019or est un r\u00eave.<\/p>\n

Il regarde la pi\u00e8ce dans la paume de la main. Il ne voit pas la pi\u00e8ce mais l\u2019un de ses doubles, l\u2019un de ses fant\u00f4mes. Les m\u00eames fant\u00f4mes de pi\u00e8ces d\u2019or qui sillonnent les terres imaginaires de nos mondes int\u00e9rieurs.
Le poids de la pi\u00e8ce d\u2019or parvenant sur sa paume est infime au regard du poids des songes qui occupa son esprit durant la travers\u00e9e.
La richesse est un r\u00eave \u00e0 port\u00e9e de main parait-il.
Mais l\u2019autre dit que la main n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir dans cette affaire,
hormis pour perp\u00e9trer massacres et tueries
Que le Congo est d\u2019abord un fleuve avant d\u2019\u00eatre un pays.<\/p>\n

Il se tient devant la devanture de la boulangerie attir\u00e9 par les p\u00e2tisseries
Des \u00e9clairs au chocolat luisant, des Paris-Brest bourr\u00e9s de cr\u00e8me beurr\u00e9e
Passe en arri\u00e8re plan un corbillard tout noir
Dans la bouche le go\u00fbt de mort \u00e9vacue celui du sucre.<\/p>\n

Dans la librairie sous cellophane les magazines tentant le chaland
Parution mensuelle, bis-mensuelle, hebdomadaires, bis-semestrielle
Avec des bonus, des CD, des DVD, des D\u00e9calcomanies, des pin\u2019s.
Se concentrer sur le timbre-poste qu\u2019on est venu ici acheter
Ne pas s\u2019\u00e9garer, r\u00e9sister, dans la queue pas \u00e0 pas ne pas flancher.<\/p>\n

L\u2019irr\u00e9el du beau temps de plus en plus visible.
Le beau temps ne peut plus dissimuler cet aspect
De l\u2019irr\u00e9alit\u00e9
Du coup le mauvais temps en devient presque<\/em> rassurant<\/p>\n

Du coup de gong explosant dans la pi\u00e8ce l\u2019\u00e9cho persiste encore au del\u00e0 des murs
Au del\u00e0 de la ville
Au del\u00e0 des ann\u00e9es
Il ne fut pas nonchalamment donn\u00e9 ce coup de gong
Il fut de ma\u00eetre lib\u00e9rant ses esclaves.<\/p>\n

Dans Lausanne il y a des bas et des hauts puis le lac
Ou bien
Il y a d\u2019abord le lac puis la ville est des bas et des hauts.<\/p>\n

Dans quel ordre se d\u00e9crit-on le d\u00e9sordre qui nous parvient
Quel ordre cr\u00e9ons-nous pour que notre d\u00e9sordre soit compr\u00e9hensible
\u00c0 nous-m\u00eames
Aux autres<\/p>\n

Par la fen\u00eatre de la cuisine la chatte vaque, elle va et vient libre
Et je m\u2019inqui\u00e8te.
J\u2019ai du mal \u00e0 m\u2019y faire
Puis je m\u2019y fais,
ou j\u2019apprends \u00e0 faire avec l\u2019inqui\u00e9tude
Vivre avec cette inqui\u00e9tude
Surmonter l\u2019inqui\u00e9tude
Ou se laisser dominer par celle-ci<\/p>\n

visc\u00e9ralement inquiet<\/p>\n

Comme un bourdon incessant du foie et des tripes, les nerfs \u00e0 vif, la rate au court-bouillon, l’intestin et son destin,<\/p>\n

le ciboulot toujours au boulot.<\/p>\n

L\u2019odeur du jasmin est comme le poids de l\u2019or dans la main
Fugace
Rien vraiment ne nous appartient.
Pourquoi ne pas s\u2019en r\u00e9jouir
Et honorer nos morts<\/p>\n

Qui tout \u00e0 fait comme nous pensons l’\u00eatre<\/p>\n

furent jadis, autrefois, nagu\u00e8re, des vivants<\/p>\n

Lu quelques pages de Conte de f\u00e9e de Stephen King, rondement men\u00e9. Simple \u00e0 lire trompe l\u2019insomnie. Derri\u00e8re l\u2019apparence simple du travail, beaucoup. Populaire ne signifie pas indigent, enfin pas encore tout \u00e0 fait. Et il y a a apprendre partout, ce pourrait \u00eatre une devise. Il est tout aussi int\u00e9ressant de lire King que Michon ou Echenoz ou encore Harrison, sans que je ne puisse dire clairement pourquoi je trouve cela int\u00e9ressant vraiment. Tout ce qui est \u00e9crit semble digne d\u2019int\u00e9r\u00eat. Ce que l\u2019on en attend ou plut\u00f4t n\u2019attend plus peut-\u00eatre un indice de cet int\u00e9r\u00eat ou de cette curiosit\u00e9. Observer la machinerie, les rouages, le chant des sir\u00e8nes, se laisser emporter juste ce qu\u2019il faut pour se dire —tiens je me laisse emporter, comment donc est-ce possible.
Lire plusieurs ouvrages en parall\u00e8le permet de prendre une distance avec tous, et ce quelque soit l\u2019int\u00e9r\u00eat qu\u2019on y puisse trouver \u00e0 chacun.
L\u2019int\u00e9r\u00eat nous regarde en chien de fa\u00efence.<\/p>\n

On ne lit pas par sympathie tel ou tel auteur. On ne lit plus ainsi. On lit pour ce qui est \u00e9crit sur la page blanche, on chasse le reflet, on parvient parfois \u00e0 le d\u00e9busquer. On le d\u00e9busquera t\u00f4t ou tard.<\/p>\n

Le rare reflet comme le grand cerf mythique, celui qui d\u00e9sar\u00e7onne et rend fou, par exemple Moby Dick.<\/p>\n

On n’en est plus \u00e0 lancer des harpons, \u00e0 vouloir s\u2019y accrocher, \u00e0 visiter les profondeurs, \u00e0 vouloir se mesurer en perdant toute mesure.<\/p>\n

Lire tranquillement une phrase apr\u00e8s l\u2019autre. Consid\u00e9rer l\u2019autonomie de chaque phrase, perdre au fur et \u00e0 mesure l\u2019id\u00e9e d\u2019une continuit\u00e9 fictive. C\u2019est lire diff\u00e9remment. C\u2019est lire comme si on \u00e9crivait.<\/p>", "content_text": "Ils ne voient pas les pi\u00e8ces d\u2019or, \n\nils se souviennent de celles appartenant \u00e0 d\u2019autres, \n\nqui eux-m\u00eames ne les voyaient d\u00e9j\u00e0 pas.\n\n\n\nL\u2019or est un r\u00eave.\n\n\n\nIl regarde la pi\u00e8ce dans la paume de la main. Il ne voit pas la pi\u00e8ce mais l\u2019un de ses doubles, l\u2019un de ses fant\u00f4mes. Les m\u00eames fant\u00f4mes de pi\u00e8ces d\u2019or qui sillonnent les terres imaginaires de nos mondes int\u00e9rieurs.\n\nLe poids de la pi\u00e8ce d\u2019or parvenant sur sa paume est infime au regard du poids des songes qui occupa son esprit durant la travers\u00e9e.\n\nLa richesse est un r\u00eave \u00e0 port\u00e9e de main parait-il.\n\nMais l\u2019autre dit que la main n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir dans cette affaire,\n\nhormis pour perp\u00e9trer massacres et tueries\n\nQue le Congo est d\u2019abord un fleuve avant d\u2019\u00eatre un pays.\n\nIl se tient devant la devanture de la boulangerie attir\u00e9 par les p\u00e2tisseries\n\nDes \u00e9clairs au chocolat luisant, des Paris-Brest bourr\u00e9s de cr\u00e8me beurr\u00e9e\n\nPasse en arri\u00e8re plan un corbillard tout noir\n\nDans la bouche le go\u00fbt de mort \u00e9vacue celui du sucre.\n\nDans la librairie sous cellophane les magazines tentant le chaland\n\nParution mensuelle, bis-mensuelle, hebdomadaires, bis-semestrielle\n\nAvec des bonus, des CD, des DVD, des D\u00e9calcomanies, des pin\u2019s.\n\nSe concentrer sur le timbre-poste qu\u2019on est venu ici acheter\n\nNe pas s\u2019\u00e9garer, r\u00e9sister, dans la queue pas \u00e0 pas ne pas flancher.\n\nL\u2019irr\u00e9el du beau temps de plus en plus visible.\n\nLe beau temps ne peut plus dissimuler cet aspect\n\nDe l\u2019irr\u00e9alit\u00e9\n\nDu coup le mauvais temps en devient presque rassurant\n\nDu coup de gong explosant dans la pi\u00e8ce l\u2019\u00e9cho persiste encore au del\u00e0 des murs\n\nAu del\u00e0 de la ville\n\nAu del\u00e0 des ann\u00e9es\n\nIl ne fut pas nonchalamment donn\u00e9 ce coup de gong\n\nIl fut de ma\u00eetre lib\u00e9rant ses esclaves.\n\nDans Lausanne il y a des bas et des hauts puis le lac\n\nOu bien\n\nIl y a d\u2019abord le lac puis la ville est des bas et des hauts.\n\nDans quel ordre se d\u00e9crit-on le d\u00e9sordre qui nous parvient\n\nQuel ordre cr\u00e9ons-nous pour que notre d\u00e9sordre soit compr\u00e9hensible\n\n\u00c0 nous-m\u00eames\n\nAux autres\n\nPar la fen\u00eatre de la cuisine la chatte vaque, elle va et vient libre\n\nEt je m\u2019inqui\u00e8te.\n\nJ\u2019ai du mal \u00e0 m\u2019y faire\n\nPuis je m\u2019y fais,\n\nou j\u2019apprends \u00e0 faire avec l\u2019inqui\u00e9tude\n\nVivre avec cette inqui\u00e9tude\n\nSurmonter l\u2019inqui\u00e9tude\n\nOu se laisser dominer par celle-ci\n\nvisc\u00e9ralement inquiet\n\nComme un bourdon incessant du foie et des tripes, les nerfs \u00e0 vif, la rate au court-bouillon, l'intestin et son destin, \n\nle ciboulot toujours au boulot. \n\nL\u2019odeur du jasmin est comme le poids de l\u2019or dans la main\n\nFugace\n\nRien vraiment ne nous appartient.\n\nPourquoi ne pas s\u2019en r\u00e9jouir\n\nEt honorer nos morts\n\nQui tout \u00e0 fait comme nous pensons l'\u00eatre \n\nfurent jadis, autrefois, nagu\u00e8re, des vivants\n\nLu quelques pages de Conte de f\u00e9e de Stephen King, rondement men\u00e9. Simple \u00e0 lire trompe l\u2019insomnie. Derri\u00e8re l\u2019apparence simple du travail, beaucoup. Populaire ne signifie pas indigent, enfin pas encore tout \u00e0 fait. Et il y a a apprendre partout, ce pourrait \u00eatre une devise. Il est tout aussi int\u00e9ressant de lire King que Michon ou Echenoz ou encore Harrison, sans que je ne puisse dire clairement pourquoi je trouve cela int\u00e9ressant vraiment. Tout ce qui est \u00e9crit semble digne d\u2019int\u00e9r\u00eat. Ce que l\u2019on en attend ou plut\u00f4t n\u2019attend plus peut-\u00eatre un indice de cet int\u00e9r\u00eat ou de cette curiosit\u00e9. Observer la machinerie, les rouages, le chant des sir\u00e8nes, se laisser emporter juste ce qu\u2019il faut pour se dire \u2014tiens je me laisse emporter, comment donc est-ce possible.\n\nLire plusieurs ouvrages en parall\u00e8le permet de prendre une distance avec tous, et ce quelque soit l\u2019int\u00e9r\u00eat qu\u2019on y puisse trouver \u00e0 chacun.\n\nL\u2019int\u00e9r\u00eat nous regarde en chien de fa\u00efence.\n\nOn ne lit pas par sympathie tel ou tel auteur. On ne lit plus ainsi. On lit pour ce qui est \u00e9crit sur la page blanche, on chasse le reflet, on parvient parfois \u00e0 le d\u00e9busquer. On le d\u00e9busquera t\u00f4t ou tard.\n\nLe rare reflet comme le grand cerf mythique, celui qui d\u00e9sar\u00e7onne et rend fou, par exemple Moby Dick.\n\nOn n'en est plus \u00e0 lancer des harpons, \u00e0 vouloir s\u2019y accrocher, \u00e0 visiter les profondeurs, \u00e0 vouloir se mesurer en perdant toute mesure.\n\nLire tranquillement une phrase apr\u00e8s l\u2019autre. Consid\u00e9rer l\u2019autonomie de chaque phrase, perdre au fur et \u00e0 mesure l\u2019id\u00e9e d\u2019une continuit\u00e9 fictive. C\u2019est lire diff\u00e9remment. C\u2019est lire comme si on \u00e9crivait.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0908_jpgjpgw-fc8fa1d7-10f60.jpg?1762767406", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/encore-de-la-glisse-dans-les-images.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/encore-de-la-glisse-dans-les-images.html", "title": "Encore de la glisse dans les images", "date_published": "2023-05-25T15:37:40Z", "date_modified": "2025-11-10T09:38:45Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

un petit peu tous les jours et on verra \u00e0 la fin<\/p>\n

Installation de la fibre, percement du mur ext\u00e9rieur, longue m\u00e8che
Travers\u00e9e de la paroi
Percez et vous verrez
Un serpent sort des murs pour se rendre chez les voisins
Technicien et proprio \u00e9berlu\u00e9s
Petite t\u00eate long corps, couleuvre
\u00c9l\u00e9gant reptile
Faut-il y voir un signe, pas facile.<\/p>\n

Que penser de Grigori Grabovo\u00ef
Ce savant russe, math\u00e9maticien qui promet de ressusciter les morts
En visualisant des s\u00e9ries de chiffres.
Pour changer la r\u00e9alit\u00e9.
\u00c9videmment un ouragan de critiques s\u2019abat sur l\u2019homme
On le traite de menteur, de faussaire de gourou
Il faut dire qu\u2019il fait payer cher ses services
40000 roubles pour r\u00e9ssusciter un enfant
Pas donn\u00e9
Et rien de certain
En plus.
Neuf ans de prison puis lib\u00e9r\u00e9 pour bonne conduite
Et la petite entreprise prosp\u00e8re.
Sur le net.<\/p>\n

Bien mais imaginons que nous soyons des programmes informatiques, dans un simulacron g\u00e9ant
Il serait logique qu\u2019une s\u00e9rie de chiffre qu\u2019on r\u00e9p\u00e8terait comme un mantra
Nous change favorablement la vie.
Quel est le chiffre pour se d\u00e9barrasser \u00e0 tout jamais de l\u2019URSSAF<\/p>\n

celui pour plus de beurre dans les \u00e9pinards<\/p>\n

J\u2019aimerais tellement les prononcer en boucle
Assis sur un tapis \u00e0 clous.<\/p>\n

Quel est le chiffre pour voir la r\u00e9alit\u00e9 vraie
Oh non pas celui l\u00e0, on risque de ne voir que des c\u00e2bles des tuyaux des fils cousus de blanc<\/p>\n

La belle endormie est donc seulement un robot ?<\/p>\n

Heureusement le vin est le vin
Pas le vingt du mois<\/p>\n

o\u00f9 l’on tire la langue<\/p>\n

Le vin divin.<\/p>", "content_text": "un petit peu tous les jours et on verra \u00e0 la fin\n\nInstallation de la fibre, percement du mur ext\u00e9rieur, longue m\u00e8che\n\nTravers\u00e9e de la paroi\n\nPercez et vous verrez\n\nUn serpent sort des murs pour se rendre chez les voisins\n\nTechnicien et proprio \u00e9berlu\u00e9s\n\nPetite t\u00eate long corps, couleuvre\n\n\u00c9l\u00e9gant reptile\n\nFaut-il y voir un signe, pas facile.\n\nQue penser de Grigori Grabovo\u00ef\n\nCe savant russe, math\u00e9maticien qui promet de ressusciter les morts\n\nEn visualisant des s\u00e9ries de chiffres.\n\nPour changer la r\u00e9alit\u00e9.\n\n\u00c9videmment un ouragan de critiques s\u2019abat sur l\u2019homme\n\nOn le traite de menteur, de faussaire de gourou\n\nIl faut dire qu\u2019il fait payer cher ses services\n\n40000 roubles pour r\u00e9ssusciter un enfant\n\nPas donn\u00e9\n\nEt rien de certain\n\nEn plus.\n\nNeuf ans de prison puis lib\u00e9r\u00e9 pour bonne conduite\n\nEt la petite entreprise prosp\u00e8re.\n\nSur le net.\n\nBien mais imaginons que nous soyons des programmes informatiques, dans un simulacron g\u00e9ant\n\nIl serait logique qu\u2019une s\u00e9rie de chiffre qu\u2019on r\u00e9p\u00e8terait comme un mantra\n\nNous change favorablement la vie.\n\nQuel est le chiffre pour se d\u00e9barrasser \u00e0 tout jamais de l\u2019URSSAF\n\ncelui pour plus de beurre dans les \u00e9pinards \n\n\n\nJ\u2019aimerais tellement les prononcer en boucle\n\nAssis sur un tapis \u00e0 clous.\n\nQuel est le chiffre pour voir la r\u00e9alit\u00e9 vraie\n\nOh non pas celui l\u00e0, on risque de ne voir que des c\u00e2bles des tuyaux des fils cousus de blanc\n\n\n\nLa belle endormie est donc seulement un robot ?\n\nHeureusement le vin est le vin\n\nPas le vingt du mois\n\no\u00f9 l'on tire la langue \n\n\n\nLe vin divin.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1119_jpgjpgw-db095b49.jpg?1762767475", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/recalcitrant.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/recalcitrant.html", "title": "R\u00e9calcitrant", "date_published": "2023-05-25T06:13:19Z", "date_modified": "2025-11-10T09:39:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Peut-\u00eatre un mot associ\u00e9 encore \u00e0 messie. Le messie r\u00e9calcitrant. Un livre de Richard Bach l’auteur de Jonathan Livingstone le go\u00e9land. Que j’associe \u00e0 des souvenirs du merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerl\u00f6f. Etre r\u00e9calcitrant. Etre r\u00e9calcitrant de nature.<\/p>\n

Il ne pouvait s’emp\u00eacher d’\u00eatre r\u00e9calcitrant. C’est plus fort que lui.<\/p>\n

La croyance dans le fait qu’\u00eatre r\u00e9calcitrant conduit \u00e0 quelque chose dont on ne sait jamais rien d’avance. Le pire ou le meilleur peu importe. Etre r\u00e9calcitrant pour s’opposer \u00e0 une pente, \u00e0 une destin\u00e9e toute faite. Etre r\u00e9calcitrant vis \u00e0 vis de tout consensus. R\u00e9calcitrant face aux paroles creuses, aux pens\u00e9es pr\u00e9m\u00e2ch\u00e9es, envers toute id\u00e9ologie, tout dogme, toute v\u00e9rit\u00e9 \u00e9nonc\u00e9e ass\u00e9n\u00e9e, \u00eatre r\u00e9calcitrant en disant les quatre v\u00e9rit\u00e9s \u00e0 qui veut en n’imposer qu’une.<\/p>\n

Le plaisir d’\u00eatre r\u00e9calcitrant pour l’\u00eatre en oubliant tout des raisons qui nous aurons conduit \u00e0 le devenir.<\/p>\n

Etre r\u00e9calcitrant comme certains sont par nature bon enfant, affables, urbains.<\/p>\n

Un havre de paix, une ile, une bulle. Etre r\u00e9calcitrant quelque que soit ce qui va se pr\u00e9senter \u00e0 l’horizon. Une seconde nature.<\/p>\n

Laquelle serait la premi\u00e8re dans ce cas ?<\/p>\n

Illustration peinture d’une \u00e9l\u00e8ve parfois r\u00e9calcitrante.<\/p>", "content_text": "Peut-\u00eatre un mot associ\u00e9 encore \u00e0 messie. Le messie r\u00e9calcitrant. Un livre de Richard Bach l'auteur de Jonathan Livingstone le go\u00e9land. Que j'associe \u00e0 des souvenirs du merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerl\u00f6f. Etre r\u00e9calcitrant. Etre r\u00e9calcitrant de nature. \n\nIl ne pouvait s'emp\u00eacher d'\u00eatre r\u00e9calcitrant. C'est plus fort que lui. \n\nLa croyance dans le fait qu'\u00eatre r\u00e9calcitrant conduit \u00e0 quelque chose dont on ne sait jamais rien d'avance. Le pire ou le meilleur peu importe. Etre r\u00e9calcitrant pour s'opposer \u00e0 une pente, \u00e0 une destin\u00e9e toute faite. Etre r\u00e9calcitrant vis \u00e0 vis de tout consensus. R\u00e9calcitrant face aux paroles creuses, aux pens\u00e9es pr\u00e9m\u00e2ch\u00e9es, envers toute id\u00e9ologie, tout dogme, toute v\u00e9rit\u00e9 \u00e9nonc\u00e9e ass\u00e9n\u00e9e, \u00eatre r\u00e9calcitrant en disant les quatre v\u00e9rit\u00e9s \u00e0 qui veut en n'imposer qu'une.\n\nLe plaisir d'\u00eatre r\u00e9calcitrant pour l'\u00eatre en oubliant tout des raisons qui nous aurons conduit \u00e0 le devenir.\n\nEtre r\u00e9calcitrant comme certains sont par nature bon enfant, affables, urbains.\n\nUn havre de paix, une ile, une bulle. Etre r\u00e9calcitrant quelque que soit ce qui va se pr\u00e9senter \u00e0 l'horizon. Une seconde nature.\n\nLaquelle serait la premi\u00e8re dans ce cas ?\n\nIllustration peinture d'une \u00e9l\u00e8ve parfois r\u00e9calcitrante.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1025_jpgjpgw-1cf5d0dc.jpg?1762767554", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/point-de-vue.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/point-de-vue.html", "title": "Point de vue", "date_published": "2023-05-25T05:53:49Z", "date_modified": "2025-11-10T09:42:46Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je vois
Il voit<\/p>\n

voyons voir<\/p>\n

Le pronom et le temps comme point de vue.<\/p>\n

La conjugaison d\u00e9limite une profondeur de champs<\/p>\n

Je vois des arbres qui demain ne seront plus.<\/p>\n

J\u2019ai connu un homme que j\u2019ai longtemps appel\u00e9 papa, il est mort en 2011.
Je n\u2019ai que tr\u00e8s peu connu cet homme que j\u2019appelle encore papa silencieusement.<\/p>\n

Depuis la fen\u00eatre de la chambre l\u2019enfant peut voir les collines sombres barrant l\u2019horizon. Elles continuent encore aujourd\u2019hui \u00e0 barrer l\u2019horizon ces collines.<\/p>\n

Au cr\u00e9puscule il enjambe le muret au fond du jardin, traverse le grand champs, parvient \u00e0 la ferme et tend son pot au lait pour que la femme du paysans le remplisse.<\/p>\n

Il y a un cerisier maigrichon. Pres du poulailler il y a un arbre maigrichon, c\u2019est un cerisier qui produit des fruits acides.
Dans une description trouver le mot juste est plus important que d\u2019aligner des mots qui ne veulent pas dire grand chose.
Un cerisier maigrichon. Un gamin maigrichon. Quelque chose qu\u2019on voudrait dire en l\u2019att\u00e9nuant.
Un cerisier maigre ? Un cerisier ch\u00e9tif ? Un cerisier \u00e9tique ? Malingre ? D\u00e9charn\u00e9 ?<\/p>\n

Une fois il mettra le feu au poulailler, c\u2019\u00e9tait le genre de b\u00eatise \u00e0 sa mesure.
Une fois il avait mis le feu au poulailler, c\u2019est le genre de b\u00eatise qui le caract\u00e9rise en quelques mots.
Un jour il mettra le feu au poulailler, il fera cette b\u00eatise.<\/p>\n

Le go\u00fbt de l\u2019oseille r\u00e9veille les papilles tout comme le go\u00fbt des cerises acides.
L\u2019acidit\u00e9 dont il a besoin.
L\u2019acide contre l\u2019alcalin. Le calcaire contre l\u2019acide. Le salp\u00eatre qu\u2019il recueille sur les vieux murs dans des exp\u00e9riences de chimie en vue de la fabrication de nitroglyc\u00e9rine.
Le go\u00fbt du salp\u00eatre sur la langue n\u2019est pas le m\u00eame que celui du haricot vert qu\u2019on croque \u00e0 belles dents.
Faire rouler un petit pois entre la langue et le palais.
Croquer dans un petit pois, go\u00fbter \u00e0 la fra\u00eecheur d\u2019un petit pois qui explose en bouche.<\/p>\n

La tentation de l\u2019omniscience, la facilit\u00e9 qu\u2019elle propose et le doute o\u00f9 elle conduit.
Une vision kal\u00e9idoscopique cr\u00e9e par la multiplicit\u00e9 des points de vue, le rythme des textes, la longueur des phrases, les dialogues qui s\u2019enchev\u00eatrent.
Si l\u2019on multiplie les points de vue, donc les personnages il est possible de cr\u00e9er un prisme dot\u00e9 de multiples facettes.
Dot\u00e9, qui h\u00e9rite en vue d\u2019un mariage, qui fait honneur \u00e0 l\u2019image que d\u00e9sire renvoyer au monde une famille.<\/p>\n

Il est possible de cr\u00e9er un prisme par la multiplicit\u00e9 des pronoms et des temps.
L\u2019histoire est la restitution de ces multiples points de vue \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019une dur\u00e9e.<\/p>\n

L\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans l\u2019interaction entre chaque point de vue et la dur\u00e9e de cette interaction.
L\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans une dur\u00e9e au cours de laquelle interagissent des personnages qui ont chacun leur point de vue.<\/p>\n

Dans quelle mesure la nouvelle est-elle pr\u00e9f\u00e9rable au roman, et est-ce une affaire de pr\u00e9f\u00e9rence.
Dans quel ordre se poser ces questions
A t\u2019il une pr\u00e9f\u00e9rence pour \u00e9crire nouvelle ou roman ?
Ciseler une nouvelle
Se r\u00e9pandre dans un roman
En quoi \u00e9crire une nouvelle agit-il sur une recherche morale, en quoi un roman s\u2019en \u00e9gare t\u2019il ?<\/p>\n

Tenir une place, tenir un point de vue, tenir une colline.
Tenir dans une dur\u00e9e.<\/p>", "content_text": "Je vois\n\nIl voit\n\nvoyons voir\n\nLe pronom et le temps comme point de vue.\n\nLa conjugaison d\u00e9limite une profondeur de champs\n\nJe vois des arbres qui demain ne seront plus.\n\nJ\u2019ai connu un homme que j\u2019ai longtemps appel\u00e9 papa, il est mort en 2011.\n\nJe n\u2019ai que tr\u00e8s peu connu cet homme que j\u2019appelle encore papa silencieusement.\n\nDepuis la fen\u00eatre de la chambre l\u2019enfant peut voir les collines sombres barrant l\u2019horizon. Elles continuent encore aujourd\u2019hui \u00e0 barrer l\u2019horizon ces collines.\n\nAu cr\u00e9puscule il enjambe le muret au fond du jardin, traverse le grand champs, parvient \u00e0 la ferme et tend son pot au lait pour que la femme du paysans le remplisse.\n\nIl y a un cerisier maigrichon. Pres du poulailler il y a un arbre maigrichon, c\u2019est un cerisier qui produit des fruits acides.\n\nDans une description trouver le mot juste est plus important que d\u2019aligner des mots qui ne veulent pas dire grand chose.\n\nUn cerisier maigrichon. Un gamin maigrichon. Quelque chose qu\u2019on voudrait dire en l\u2019att\u00e9nuant.\n\nUn cerisier maigre ? Un cerisier ch\u00e9tif ? Un cerisier \u00e9tique ? Malingre ? D\u00e9charn\u00e9 ?\n\nUne fois il mettra le feu au poulailler, c\u2019\u00e9tait le genre de b\u00eatise \u00e0 sa mesure.\n\nUne fois il avait mis le feu au poulailler, c\u2019est le genre de b\u00eatise qui le caract\u00e9rise en quelques mots.\n\nUn jour il mettra le feu au poulailler, il fera cette b\u00eatise.\n\nLe go\u00fbt de l\u2019oseille r\u00e9veille les papilles tout comme le go\u00fbt des cerises acides.\n\nL\u2019acidit\u00e9 dont il a besoin.\n\nL\u2019acide contre l\u2019alcalin. Le calcaire contre l\u2019acide. Le salp\u00eatre qu\u2019il recueille sur les vieux murs dans des exp\u00e9riences de chimie en vue de la fabrication de nitroglyc\u00e9rine.\n\nLe go\u00fbt du salp\u00eatre sur la langue n\u2019est pas le m\u00eame que celui du haricot vert qu\u2019on croque \u00e0 belles dents.\n\nFaire rouler un petit pois entre la langue et le palais.\n\nCroquer dans un petit pois, go\u00fbter \u00e0 la fra\u00eecheur d\u2019un petit pois qui explose en bouche.\n\nLa tentation de l\u2019omniscience, la facilit\u00e9 qu\u2019elle propose et le doute o\u00f9 elle conduit.\n\nUne vision kal\u00e9idoscopique cr\u00e9e par la multiplicit\u00e9 des points de vue, le rythme des textes, la longueur des phrases, les dialogues qui s\u2019enchev\u00eatrent.\n\nSi l\u2019on multiplie les points de vue, donc les personnages il est possible de cr\u00e9er un prisme dot\u00e9 de multiples facettes.\n\nDot\u00e9, qui h\u00e9rite en vue d\u2019un mariage, qui fait honneur \u00e0 l\u2019image que d\u00e9sire renvoyer au monde une famille.\n\nIl est possible de cr\u00e9er un prisme par la multiplicit\u00e9 des pronoms et des temps.\n\nL\u2019histoire est la restitution de ces multiples points de vue \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019une dur\u00e9e.\n\nL\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans l\u2019interaction entre chaque point de vue et la dur\u00e9e de cette interaction.\n\nL\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans une dur\u00e9e au cours de laquelle interagissent des personnages qui ont chacun leur point de vue.\n\nDans quelle mesure la nouvelle est-elle pr\u00e9f\u00e9rable au roman, et est-ce une affaire de pr\u00e9f\u00e9rence.\n\nDans quel ordre se poser ces questions\n\nA t\u2019il une pr\u00e9f\u00e9rence pour \u00e9crire nouvelle ou roman ?\n\nCiseler une nouvelle\n\nSe r\u00e9pandre dans un roman\n\nEn quoi \u00e9crire une nouvelle agit-il sur une recherche morale, en quoi un roman s\u2019en \u00e9gare t\u2019il ?\n\nTenir une place, tenir un point de vue, tenir une colline.\n\nTenir dans une dur\u00e9e.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/2021-01-21-1258j-a837af89-cae98.jpg?1762767690", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/25052023.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/25052023.html", "title": "25052023", "date_published": "2023-05-25T05:03:33Z", "date_modified": "2025-11-10T09:44:10Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

le progr\u00e8s technologique se substitue au progr\u00e8s moral par le biais de la croyance en un syst\u00e8me , c’est l’erreur de Rousseau et de tous les th\u00e9oriciens qui suivent. Mettons en place un syst\u00e8me qui palliera la d\u00e9faillance. Le politique ne peut pas pallier la morale au sens o\u00f9 il n’y a de morale v\u00e9ritable qu’individuelle. Que le progr\u00e8s moral est sans cesse \u00e0 red\u00e9finir pour et par chaque nouvel individu qui na\u00eet. Ce que l’on nomme morale vis \u00e0 vis d’un groupe n’est qu’un ensemble de r\u00e8gles, ou une tradition qu’on suit parce que c’est plus simple de la suivre que de s’y opposer.<\/p>\n

Est-ce que ce que je viens d\u2019\u00e9crire m\u2019appartient, o\u00f9 bien n\u2019est-ce qu\u2019une id\u00e9e attrap\u00e9e dans l\u2019air du temps. Il est toujours difficile de discerner l\u2019origine de nos pens\u00e9es, pour autant qu\u2019on s\u2019int\u00e9resse \u00e0 cette origine.
Reprise de la lecture de Bergounioux, son carnet de la d\u00e9cennie 80-90 et stup\u00e9fait de voir \u00e0 quel point je m\u2019y retrouve, le style est diff\u00e9rent, les pr\u00e9occupations concernant entomologie et g\u00e9ologie sont parfois \u00e9loign\u00e9es encore que j\u2019avais bien mes lubies aussi. C\u2019est plut\u00f4t une affaire de ton, le ton d\u2019une \u00e9poque. Pas \u00e9tonn\u00e9 qu\u2019il lise J\u00fcrger. Dans les ann\u00e9es 80 beaucoup semblent avoir lu J\u00fcnger. Il faudrait v\u00e9rifier s\u2019il n\u2019y a pas une r\u00e9\u00e9dition du trait\u00e9 du rebelle<\/em> pile au moment des \u00e9lections.
Dans quelle mesure un homme qui \u00e9crit un journal ne se laisse t\u2019il pas prendre \u00e0 son propre pi\u00e8ge. C\u2019est \u00e0 dire devient son personnage. Ne vit que pour ce personnage.
Et aussi parfois l\u2019impossibilit\u00e9 de cacher une grande na\u00efvet\u00e9 ou candeur entre les lignes.
« Une trentaine de pages \u00e0 ce cahier. Que restera-t-il dans dix ans, dans vingt ans, si je suis encore l\u00e0, de ces heures dont j\u2019essaie de fixer la teneur ? D\u00e9j\u00e0 ne subsiste plus, pour certaines, que la mention que j\u2019en ai faite. Quinze jours, et la main de l\u2019oubli a pass\u00e9. Mais ce p\u00e2le t\u00e9moignage est encore pr\u00e9f\u00e9rable \u00e0 l\u2019ab\u00eeme qui nous talonne. »
Extrait de
Carnet de notes, 1980-1990
Bergounioux, Pierre<\/p>\n

l’\u00e2ge et peut-\u00eatre un l\u00e9ger progr\u00e8s moral font que ces mots r\u00e9actualisent, quelques instants, des pr\u00e9occupations anciennes, d\u00e9sormais vid\u00e9es de leur ancienne importance. Une br\u00e8ve nostalgie, mais pas de regret.<\/p>\n

Entendu qu\u2019au Mexique- parait-il, il existe des joutes d’\u00e9criture, semblables \u00e0 des tournois de catch. Les protagonistes sont masqu\u00e9s et leur prose est projet\u00e9e sur \u00e9cran g\u00e9ant. Plus spectaculaire qu’un blog.<\/p>\n

\u00c9crire dans le vide, \u00e9crire \u00e0 vide. Avide d\u2019\u00e9crire et de lire, encore oui. Mais je ne crois plus \u00e0 ces histoires de post\u00e9rit\u00e9 , je n\u2019en ai plus besoin, ni m\u00eame \u00e0 la publication d\u2019un livre comme objectif ou carotte pour \u00e9crire.
Dans quelle mesure la phrase juste au dessus de celle-ci dit-elle la v\u00e9rit\u00e9 ?<\/p>\n

Le retour \u00e0 un journal est tentant. Tenir son journal au jour le jour ou r\u00e9guli\u00e8rement, et y noter tous les petits faits du quotidien qui ont attir\u00e9 l\u2019attention. Mais dans quel but encore sinon pour se relire \u00e0 un moment ou l\u2019autre, se souvenir, ou v\u00e9rifier \u00e9ventuellement des faits dont nous ne sommes plus vraiment certains avec le temps.<\/p>\n

Un journal peut-\u00eatre utile en cas de d\u00e9but d\u2019Alzheimer. Si toutefois on se souvient que c\u2019est soi qui l\u2019a \u00e9crit, que ce n\u2019est pas un roman.
Le progr\u00e8s moral consiste \u00e0 r\u00e9duire bien des croyances, comme autant d\u2019 objets, et probablement d\u2019\u00eatres imaginaires, de choses vagues qui autrefois furent qualifi\u00e9es d\u2019essentielles, d\u2019indispensables et qui ne le sont plus. Le progr\u00e8s moral est directement en lien avec un progr\u00e8s de l\u2019imagination. Une imagination plus claire ?
A moins qu\u2019il ne soit la quintessence d\u2019un parcours d\u2019assassin.<\/p>\n

Hier soir entre deux ateliers j’ouvre la fen\u00eatre de la salle et je plonge le regard dans les tilleuls du jardin d’en face. Plonger le regard comme pour le nettoyer. Une certaine luminosit\u00e9 de la pierre du mur, dans l’ombre des feuillages, ces verts sombres \u00e0 cot\u00e9 des tendres \u00e9clair\u00e9s par la la lumi\u00e8re de la fin de journ\u00e9e, un petit bouleversement. Petit parce que pas le temps de m’y installer qu’un \u00e9l\u00e8ve entre dans les lieux. Mais instinctivement j’ai pris une photographie. Tout \u00e0 fait le genre de petit bouleversement qu’on peut noter dans les pages d’un journal le lendemain.<\/p>", "content_text": "le progr\u00e8s technologique se substitue au progr\u00e8s moral par le biais de la croyance en un syst\u00e8me , c'est l'erreur de Rousseau et de tous les th\u00e9oriciens qui suivent. Mettons en place un syst\u00e8me qui palliera la d\u00e9faillance. Le politique ne peut pas pallier la morale au sens o\u00f9 il n'y a de morale v\u00e9ritable qu'individuelle. Que le progr\u00e8s moral est sans cesse \u00e0 red\u00e9finir pour et par chaque nouvel individu qui na\u00eet. Ce que l'on nomme morale vis \u00e0 vis d'un groupe n'est qu'un ensemble de r\u00e8gles, ou une tradition qu'on suit parce que c'est plus simple de la suivre que de s'y opposer.\n\nEst-ce que ce que je viens d\u2019\u00e9crire m\u2019appartient, o\u00f9 bien n\u2019est-ce qu\u2019une id\u00e9e attrap\u00e9e dans l\u2019air du temps. Il est toujours difficile de discerner l\u2019origine de nos pens\u00e9es, pour autant qu\u2019on s\u2019int\u00e9resse \u00e0 cette origine.\n\nReprise de la lecture de Bergounioux, son carnet de la d\u00e9cennie 80-90 et stup\u00e9fait de voir \u00e0 quel point je m\u2019y retrouve, le style est diff\u00e9rent, les pr\u00e9occupations concernant entomologie et g\u00e9ologie sont parfois \u00e9loign\u00e9es encore que j\u2019avais bien mes lubies aussi. C\u2019est plut\u00f4t une affaire de ton, le ton d\u2019une \u00e9poque. Pas \u00e9tonn\u00e9 qu\u2019il lise J\u00fcrger. Dans les ann\u00e9es 80 beaucoup semblent avoir lu J\u00fcnger. Il faudrait v\u00e9rifier s\u2019il n\u2019y a pas une r\u00e9\u00e9dition du trait\u00e9 du rebelle pile au moment des \u00e9lections.\n\nDans quelle mesure un homme qui \u00e9crit un journal ne se laisse t\u2019il pas prendre \u00e0 son propre pi\u00e8ge. C\u2019est \u00e0 dire devient son personnage. Ne vit que pour ce personnage.\n\nEt aussi parfois l\u2019impossibilit\u00e9 de cacher une grande na\u00efvet\u00e9 ou candeur entre les lignes.\n\n\u00ab Une trentaine de pages \u00e0 ce cahier. Que restera-t-il dans dix ans, dans vingt ans, si je suis encore l\u00e0, de ces heures dont j\u2019essaie de fixer la teneur ? D\u00e9j\u00e0 ne subsiste plus, pour certaines, que la mention que j\u2019en ai faite. Quinze jours, et la main de l\u2019oubli a pass\u00e9. Mais ce p\u00e2le t\u00e9moignage est encore pr\u00e9f\u00e9rable \u00e0 l\u2019ab\u00eeme qui nous talonne. \u00bb\n\nExtrait de\n\nCarnet de notes, 1980-1990\n\nBergounioux, Pierre\n\nl'\u00e2ge et peut-\u00eatre un l\u00e9ger progr\u00e8s moral font que ces mots r\u00e9actualisent, quelques instants, des pr\u00e9occupations anciennes, d\u00e9sormais vid\u00e9es de leur ancienne importance. Une br\u00e8ve nostalgie, mais pas de regret.\n\nEntendu qu\u2019au Mexique- parait-il, il existe des joutes d'\u00e9criture, semblables \u00e0 des tournois de catch. Les protagonistes sont masqu\u00e9s et leur prose est projet\u00e9e sur \u00e9cran g\u00e9ant. Plus spectaculaire qu'un blog.\n\n\u00c9crire dans le vide, \u00e9crire \u00e0 vide. Avide d\u2019\u00e9crire et de lire, encore oui. Mais je ne crois plus \u00e0 ces histoires de post\u00e9rit\u00e9 , je n\u2019en ai plus besoin, ni m\u00eame \u00e0 la publication d\u2019un livre comme objectif ou carotte pour \u00e9crire.\n\nDans quelle mesure la phrase juste au dessus de celle-ci dit-elle la v\u00e9rit\u00e9 ?\n\nLe retour \u00e0 un journal est tentant. Tenir son journal au jour le jour ou r\u00e9guli\u00e8rement, et y noter tous les petits faits du quotidien qui ont attir\u00e9 l\u2019attention. Mais dans quel but encore sinon pour se relire \u00e0 un moment ou l\u2019autre, se souvenir, ou v\u00e9rifier \u00e9ventuellement des faits dont nous ne sommes plus vraiment certains avec le temps.\n\nUn journal peut-\u00eatre utile en cas de d\u00e9but d\u2019Alzheimer. Si toutefois on se souvient que c\u2019est soi qui l\u2019a \u00e9crit, que ce n\u2019est pas un roman.\n\nLe progr\u00e8s moral consiste \u00e0 r\u00e9duire bien des croyances, comme autant d\u2019 objets, et probablement d\u2019\u00eatres imaginaires, de choses vagues qui autrefois furent qualifi\u00e9es d\u2019essentielles, d\u2019indispensables et qui ne le sont plus. Le progr\u00e8s moral est directement en lien avec un progr\u00e8s de l\u2019imagination. Une imagination plus claire ?\n\nA moins qu\u2019il ne soit la quintessence d\u2019un parcours d\u2019assassin.\n\nHier soir entre deux ateliers j'ouvre la fen\u00eatre de la salle et je plonge le regard dans les tilleuls du jardin d'en face. Plonger le regard comme pour le nettoyer. Une certaine luminosit\u00e9 de la pierre du mur, dans l'ombre des feuillages, ces verts sombres \u00e0 cot\u00e9 des tendres \u00e9clair\u00e9s par la la lumi\u00e8re de la fin de journ\u00e9e, un petit bouleversement. Petit parce que pas le temps de m'y installer qu'un \u00e9l\u00e8ve entre dans les lieux. Mais instinctivement j'ai pris une photographie. Tout \u00e0 fait le genre de petit bouleversement qu'on peut noter dans les pages d'un journal le lendemain. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_8803jpgw605-d7420c2c-64372.jpg?1762767801", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/coule-oeuvre.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/coule-oeuvre.html", "title": "Coule \u0153uvre", "date_published": "2023-05-24T07:06:25Z", "date_modified": "2025-11-10T09:47:17Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Installation de la fibre hier. L\u2019un des deux types a sorti une m\u00e8che d\u2019un m\u00e8tre de long pour percer le mur de la rue. Je voulais voir \u00e7a de plus pr\u00e8s et ai ouvert la porte d\u2019entr\u00e9e. Un serpent vert se tenait juste devant moi, il m\u2019a fait face un instant, autant surpris que je l\u2019\u00e9tais je crois. Cela a dur\u00e9 quelques secondes, sa petite t\u00eate dress\u00e9e et son corps ramass\u00e9 en m\u00e9andres pr\u00eat \u00e0 l\u2019attaque ou \u00e0 la d\u00e9fense tel un ressort. Puis il a fil\u00e9 sur la chauss\u00e9e en zigzagant \u00e9l\u00e9gamment, sans se presser , a travers\u00e9 la rue pour s\u2019introduire sous la porte d\u2019entr\u00e9e des voisins d\u2019en face. Pas longtemps, il ressort et voici qu\u2019il s\u2019enfile dans un trou du trottoir, je vois encore la queue dispara\u00eetre puis plus rien. Tellement surpris que je n\u2019ai pas eu le r\u00e9flexe de prendre une photo. Le technicien en a pris une, tellement surpris lui aussi. Mais je n’ai pas pens\u00e9 \u00e0 lui demander qu’il me l’envoie.
Ce que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs. Probablement dans le bo\u00eetier du compteur \u00e0 gaz. Et en m\u00eame temps j\u2019imagine le technicien qui vient relever le compteur et qui tombe l\u00e0-dessus. Peut-\u00eatre qu\u2019il ne parviendra pas \u00e0 lire la consommation de gaz. Qu\u2019il s\u2019enfuira. qu’on ne paiera plus jamais le gaz que notre domicile sera effac\u00e9 des listes... Faut pas r\u00eaver non plus. Et apr\u00e8s tout il ne s\u2019agit que d\u2019une couleuvre. La couleuvre du gaz. Une de plus. Ou vieux serpent de mer.
Ce que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs quand m\u00eame. Peut-\u00eatre y en a t\u2019il plusieurs, un nid. Merde pourquoi ma maison. Pourquoi moi.
Je suis all\u00e9 voir ce que \u00e7a signifie comme symbole car le malaise reste tenace. Comme quoi on \u00e0 beau faire vouloir \u00eatre raisonnable, rationnel, et prendre les choses avec humour. On reste quand m\u00eame \u00e0 vouloir s\u2019accrocher \u00e0 quelque chose quand \u00e7a sort des sentiers battus.
Je pr\u00e9f\u00e8re penser \u00e0 une mue qu\u2019\u00e0 quoique ce soit d\u2019autre. Une nouvelle peau. \u00c7a ne serait pas du luxe.<\/p>\n

Avaler des couleuvres est une chose mais les abriter chez soi\u2026 Retour \u00e0 l\u2019envoyeur.<\/p>\n

Travaill\u00e9 t\u00f4t ce matin sur un texte qui ne donne rien. Sur l\u2019exercice de la semaine, les images gliss\u00e9es cass\u00e9es, tourn\u00e9 autour de l\u2019\u00e9cole communale, le chemin pour s\u2019y rendre, pour en revenir. Les saisons qui passent et ce chemin interminable qui les traverse. L\u2019\u00e9cole o\u00f9 l\u2019on n\u2019apprend pas grand chose de ce qui importe vraiment. Punitions et r\u00e9compenses, information plus que formation, et ruse plus qu\u2019intelligence. Le c\u0153ur n\u2019a pas sa place ici. La notion de par c\u0153ur, une foutaise.<\/p>\n

C’est \u00e0 l’\u00e9cole aussi que l’on pourrait \u00eatre attentif aux temp\u00e9raments des enfants, parvenir \u00e0 les discerner et ainsi apprendre \u00e0 r\u00eaver aux m\u00e9lancoliques, \u00e0 inciter \u00e0 l’action les flegmatiques, et ainsi de suite. Mais \u00e9videmment Hippocrate n’est pas au programme. L’\u00e9cole ne forme pas elle d\u00e9forme, le niv\u00e8lement par l’incompl\u00e9tude.<\/p>\n

Trouv\u00e9 une lecture des vies minuscules de Pierre Michon en audio, mais Andr\u00e9 Marcon lit la premi\u00e8re histoire celle de Dufourneau au pas de course presque sans respirer, ce qui m\u2019am\u00e8ne au bord de l\u2019asphyxie. La d\u00e9solation des livres audio parfois. Je verrai pour les deux autres histoires sur la route tout \u00e0 l’heure, ce sont d\u2019autres acteurs.
En m\u00eame temps les phrases de Michon ne sont pas donn\u00e9es, il faut parfois s\u2019y reprendre \u00e0 plusieurs fois pour les lire d\u2019affil\u00e9e.<\/p>\n

Un serpent c\u2019est un peu comme une phrase ou vice versa. \u00c7a peut \u00eatre sinueux, se ramasser sur soi, bondir et mordre. Une phrase venimeuse. Un serpent admirablement bien ponctu\u00e9 de petites t\u00e2ches sombres sur fond vert.<\/p>\n

Coule \u0153uvre.
Cool \u0153uvre.
Impr\u00e9cation pour que \u00e7a vienne un de ces quatre jeudi.<\/p>", "content_text": "Installation de la fibre hier. L\u2019un des deux types a sorti une m\u00e8che d\u2019un m\u00e8tre de long pour percer le mur de la rue. Je voulais voir \u00e7a de plus pr\u00e8s et ai ouvert la porte d\u2019entr\u00e9e. Un serpent vert se tenait juste devant moi, il m\u2019a fait face un instant, autant surpris que je l\u2019\u00e9tais je crois. Cela a dur\u00e9 quelques secondes, sa petite t\u00eate dress\u00e9e et son corps ramass\u00e9 en m\u00e9andres pr\u00eat \u00e0 l\u2019attaque ou \u00e0 la d\u00e9fense tel un ressort. Puis il a fil\u00e9 sur la chauss\u00e9e en zigzagant \u00e9l\u00e9gamment, sans se presser , a travers\u00e9 la rue pour s\u2019introduire sous la porte d\u2019entr\u00e9e des voisins d\u2019en face. Pas longtemps, il ressort et voici qu\u2019il s\u2019enfile dans un trou du trottoir, je vois encore la queue dispara\u00eetre puis plus rien. Tellement surpris que je n\u2019ai pas eu le r\u00e9flexe de prendre une photo. Le technicien en a pris une, tellement surpris lui aussi. Mais je n'ai pas pens\u00e9 \u00e0 lui demander qu'il me l'envoie.\n\nCe que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs. Probablement dans le bo\u00eetier du compteur \u00e0 gaz. Et en m\u00eame temps j\u2019imagine le technicien qui vient relever le compteur et qui tombe l\u00e0-dessus. Peut-\u00eatre qu\u2019il ne parviendra pas \u00e0 lire la consommation de gaz. Qu\u2019il s\u2019enfuira. qu'on ne paiera plus jamais le gaz que notre domicile sera effac\u00e9 des listes... Faut pas r\u00eaver non plus. Et apr\u00e8s tout il ne s\u2019agit que d\u2019une couleuvre. La couleuvre du gaz. Une de plus. Ou vieux serpent de mer.\n\nCe que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs quand m\u00eame. Peut-\u00eatre y en a t\u2019il plusieurs, un nid. Merde pourquoi ma maison. Pourquoi moi.\n\nJe suis all\u00e9 voir ce que \u00e7a signifie comme symbole car le malaise reste tenace. Comme quoi on \u00e0 beau faire vouloir \u00eatre raisonnable, rationnel, et prendre les choses avec humour. On reste quand m\u00eame \u00e0 vouloir s\u2019accrocher \u00e0 quelque chose quand \u00e7a sort des sentiers battus.\n\nJe pr\u00e9f\u00e8re penser \u00e0 une mue qu\u2019\u00e0 quoique ce soit d\u2019autre. Une nouvelle peau. \u00c7a ne serait pas du luxe.\n\nAvaler des couleuvres est une chose mais les abriter chez soi\u2026 Retour \u00e0 l\u2019envoyeur.\n\nTravaill\u00e9 t\u00f4t ce matin sur un texte qui ne donne rien. Sur l\u2019exercice de la semaine, les images gliss\u00e9es cass\u00e9es, tourn\u00e9 autour de l\u2019\u00e9cole communale, le chemin pour s\u2019y rendre, pour en revenir. Les saisons qui passent et ce chemin interminable qui les traverse. L\u2019\u00e9cole o\u00f9 l\u2019on n\u2019apprend pas grand chose de ce qui importe vraiment. Punitions et r\u00e9compenses, information plus que formation, et ruse plus qu\u2019intelligence. Le c\u0153ur n\u2019a pas sa place ici. La notion de par c\u0153ur, une foutaise.\n\nC'est \u00e0 l'\u00e9cole aussi que l'on pourrait \u00eatre attentif aux temp\u00e9raments des enfants, parvenir \u00e0 les discerner et ainsi apprendre \u00e0 r\u00eaver aux m\u00e9lancoliques, \u00e0 inciter \u00e0 l'action les flegmatiques, et ainsi de suite. Mais \u00e9videmment Hippocrate n'est pas au programme. L'\u00e9cole ne forme pas elle d\u00e9forme, le niv\u00e8lement par l'incompl\u00e9tude.\n\nTrouv\u00e9 une lecture des vies minuscules de Pierre Michon en audio, mais Andr\u00e9 Marcon lit la premi\u00e8re histoire celle de Dufourneau au pas de course presque sans respirer, ce qui m\u2019am\u00e8ne au bord de l\u2019asphyxie. La d\u00e9solation des livres audio parfois. Je verrai pour les deux autres histoires sur la route tout \u00e0 l'heure, ce sont d\u2019autres acteurs.\n\nEn m\u00eame temps les phrases de Michon ne sont pas donn\u00e9es, il faut parfois s\u2019y reprendre \u00e0 plusieurs fois pour les lire d\u2019affil\u00e9e.\n\nUn serpent c\u2019est un peu comme une phrase ou vice versa. \u00c7a peut \u00eatre sinueux, se ramasser sur soi, bondir et mordre. Une phrase venimeuse. Un serpent admirablement bien ponctu\u00e9 de petites t\u00e2ches sombres sur fond vert.\n\nCoule \u0153uvre.\n\nCool \u0153uvre.\n\nImpr\u00e9cation pour que \u00e7a vienne un de ces quatre jeudi.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/couleuvrejpgw102-d9ce4e3c.jpg?1762767935", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien", "Auteurs litt\u00e9raires"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-mai-2023-485.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/23-mai-2023-485.html", "title": "23 mai 2023", "date_published": "2023-05-23T09:01:00Z", "date_modified": "2025-12-01T16:51:27Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?
\nChaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.
\nQuand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.
\nLe temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?
\nCette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.
\nMais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.
\nLa seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.
\nD\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.
\nRester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.
\nEtre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.<\/p>", "content_text": "J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ? Chaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient. Quand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre. Le temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ? Cette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9. Mais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave. La seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples. D\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique. Rester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique. Etre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/naissance-des-formes1.webp?1748065163", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/lier-delier-entretenir.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/lier-delier-entretenir.html", "title": "Lier, d\u00e9lier, entretenir.", "date_published": "2023-05-23T06:55:28Z", "date_modified": "2025-11-10T09:48:34Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Se lier. Lier des relations, passer du temps \u00e0 les entretenir, \u00eatre attentif, se rappeler au bon souvenir de, faire un signe, donner des nouvelles, en prendre, penser aux autres, s\u2019int\u00e9resser aux autres, aller vers les autres. Autant de termes implant\u00e9s de longue date dans la cervelle et qui produisent ce bruit de marteau-piqueur. Une cacophonie, une panique de l\u2019ou\u00efe. Je me suis toujours senti incapable d\u2019effectuer ces actions ainsi qu\u2019on me le demande sans cesse depuis ma naissance. Non seulement incapable mais de plus je suis entr\u00e9 en r\u00e9sistance vis \u00e0 vis de cette chose imp\u00e9rieuse, le contact.
Je ne me sens pas naturellement port\u00e9 vers le contact. Bien sur au d\u00e9but il a fallu que je me force un peu. Beaucoup. La gr\u00e9garit\u00e9, faire comme tout le monde, apprendre les codes, serrer des mains, claquer la bise, tapoter un dos une \u00e9paule, passer deux doigts sur une joue, tout cela je l\u2019ai fait. Mais sans vraiment en \u00e9prouver un r\u00e9el plaisir. Cela fit partie des innombrables initiations, le passage obligatoire pour faire partie d\u2019une communaut\u00e9.
Ensuite on oublie ces r\u00e9sistances car trop content de b\u00e9n\u00e9ficier de l\u2019illusion d\u2019\u00eatre devenu \u00e9l\u00e9ment d\u2019un groupe.
Tant qu\u2019on ne quitte pas le groupe l\u2019oubli peut \u00eatre b\u00e9n\u00e9fique. C\u2019est un genre d\u2019hypnose progressive. On s\u2019invente une cordialit\u00e9, une fraternit\u00e9, une famille de la m\u00eame fa\u00e7on que dans les nuages on aper\u00e7oit des t\u00eates de chien, ou sur les vieux murs on voit des paysages fantastiques. On veut y croire. Tout n\u2019est que volont\u00e9. Jusqu\u2019\u00e0 la blessure. La blessure nous ram\u00e8ne \u00e0 l\u2019\u00e9veil, \u00e0 la vraie vie. A la vie du corps, de la mati\u00e8re. On prend un peu de distance avec le virtuel, l\u2019imaginaire, et on aff\u00fbte ses sens pour mieux voir, mieux entendre, mieux sentir surtout.
On ne veut pas que la blessure se referme, on ne veut pas re sombrer dans l\u2019oubli, dans l\u2019illusion. On se d\u00e9cale. On se d\u00e9lie, on s\u2019\u00e9loigne, on se terre, on s\u2019isole, on devient silencieux, on ne donne plus signe.
Et puis on entre encore plus profond\u00e9ment dans l\u2019oubli, dans le monde des pierres, des arbres, des astres morts, dans un travail pour se nourrir, car il faut malgr\u00e9 tout vivre, il faut accepter que vivre est un choix, que vivre n\u2019est ni une b\u00e9n\u00e9diction ni une mal\u00e9diction. Vivre est un choix de longue date. Rien n’est plus juste que l’expression c’est comme \u00e7a.<\/em> \u00e0 condition d’en avoir \u00e9tudi\u00e9 minutieusement chaque terme.
On parvient ainsi \u00e0 sentir un oiseau se poser sur une branche, une herbe se relever d\u2019un pas qui l\u2019a \u00e9cras\u00e9e, \u00e0 retrouver dans l\u2019\u00e9tang le son des sources, et celui des pluies. Un cercle s\u2019est cr\u00e9e, peut-\u00eatre en est on un des multiples centres, suivant notre appr\u00e9hension des p\u00e9riph\u00e9ries.
Se lier se d\u00e9lier n\u2019a plus de raison fausse d\u2019\u00eatre comme de ne pas \u00eatre. On prend les choses comme elles viennent, on n\u2019est ni triste ni gai ni de les voir surgir ou repartir. On ne bouscule plus l\u2019\u00e9quilibre pr\u00e9caire du silence amical qu\u2019on aura mis tant de temps \u00e0 bien vouloir accueillir.
Pour un peu on dirait bien qu\u2019on est fin pr\u00eat soi-m\u00eame \u00e0 partir ou repartir<\/p>\n

C\u2019est comme autrefois ce vieux solex qui ne d\u00e9marrait pas, on effectuait de multiples tentatives et on finissait par se f\u00e2cher, s\u2019\u00e9nerver contre la machine, puis on laissait tomber, on allait \u00e0 pied. Le lendemain on d\u00e9montait la bougie, on la nettoyait calmement, on la repla\u00e7ait gentiment et tout \u00e0 coup le moteur repartait de plus belle. Quel air penaud on avait sous le sourire.<\/p>", "content_text": "Se lier. Lier des relations, passer du temps \u00e0 les entretenir, \u00eatre attentif, se rappeler au bon souvenir de, faire un signe, donner des nouvelles, en prendre, penser aux autres, s\u2019int\u00e9resser aux autres, aller vers les autres. Autant de termes implant\u00e9s de longue date dans la cervelle et qui produisent ce bruit de marteau-piqueur. Une cacophonie, une panique de l\u2019ou\u00efe. Je me suis toujours senti incapable d\u2019effectuer ces actions ainsi qu\u2019on me le demande sans cesse depuis ma naissance. Non seulement incapable mais de plus je suis entr\u00e9 en r\u00e9sistance vis \u00e0 vis de cette chose imp\u00e9rieuse, le contact.\n\nJe ne me sens pas naturellement port\u00e9 vers le contact. Bien sur au d\u00e9but il a fallu que je me force un peu. Beaucoup. La gr\u00e9garit\u00e9, faire comme tout le monde, apprendre les codes, serrer des mains, claquer la bise, tapoter un dos une \u00e9paule, passer deux doigts sur une joue, tout cela je l\u2019ai fait. Mais sans vraiment en \u00e9prouver un r\u00e9el plaisir. Cela fit partie des innombrables initiations, le passage obligatoire pour faire partie d\u2019une communaut\u00e9.\n\nEnsuite on oublie ces r\u00e9sistances car trop content de b\u00e9n\u00e9ficier de l\u2019illusion d\u2019\u00eatre devenu \u00e9l\u00e9ment d\u2019un groupe.\n\nTant qu\u2019on ne quitte pas le groupe l\u2019oubli peut \u00eatre b\u00e9n\u00e9fique. C\u2019est un genre d\u2019hypnose progressive. On s\u2019invente une cordialit\u00e9, une fraternit\u00e9, une famille de la m\u00eame fa\u00e7on que dans les nuages on aper\u00e7oit des t\u00eates de chien, ou sur les vieux murs on voit des paysages fantastiques. On veut y croire. Tout n\u2019est que volont\u00e9. Jusqu\u2019\u00e0 la blessure. La blessure nous ram\u00e8ne \u00e0 l\u2019\u00e9veil, \u00e0 la vraie vie. A la vie du corps, de la mati\u00e8re. On prend un peu de distance avec le virtuel, l\u2019imaginaire, et on aff\u00fbte ses sens pour mieux voir, mieux entendre, mieux sentir surtout.\n\nOn ne veut pas que la blessure se referme, on ne veut pas re sombrer dans l\u2019oubli, dans l\u2019illusion. On se d\u00e9cale. On se d\u00e9lie, on s\u2019\u00e9loigne, on se terre, on s\u2019isole, on devient silencieux, on ne donne plus signe.\n\nEt puis on entre encore plus profond\u00e9ment dans l\u2019oubli, dans le monde des pierres, des arbres, des astres morts, dans un travail pour se nourrir, car il faut malgr\u00e9 tout vivre, il faut accepter que vivre est un choix, que vivre n\u2019est ni une b\u00e9n\u00e9diction ni une mal\u00e9diction. Vivre est un choix de longue date. Rien n'est plus juste que l'expression c'est comme \u00e7a. \u00e0 condition d'en avoir \u00e9tudi\u00e9 minutieusement chaque terme.\n\nOn parvient ainsi \u00e0 sentir un oiseau se poser sur une branche, une herbe se relever d\u2019un pas qui l\u2019a \u00e9cras\u00e9e, \u00e0 retrouver dans l\u2019\u00e9tang le son des sources, et celui des pluies. Un cercle s\u2019est cr\u00e9e, peut-\u00eatre en est on un des multiples centres, suivant notre appr\u00e9hension des p\u00e9riph\u00e9ries.\n\nSe lier se d\u00e9lier n\u2019a plus de raison fausse d\u2019\u00eatre comme de ne pas \u00eatre. On prend les choses comme elles viennent, on n\u2019est ni triste ni gai ni de les voir surgir ou repartir. On ne bouscule plus l\u2019\u00e9quilibre pr\u00e9caire du silence amical qu\u2019on aura mis tant de temps \u00e0 bien vouloir accueillir.\n\nPour un peu on dirait bien qu\u2019on est fin pr\u00eat soi-m\u00eame \u00e0 partir ou repartir\n\nC\u2019est comme autrefois ce vieux solex qui ne d\u00e9marrait pas, on effectuait de multiples tentatives et on finissait par se f\u00e2cher, s\u2019\u00e9nerver contre la machine, puis on laissait tomber, on allait \u00e0 pied. Le lendemain on d\u00e9montait la bougie, on la nettoyait calmement, on la repla\u00e7ait gentiment et tout \u00e0 coup le moteur repartait de plus belle. Quel air penaud on avait sous le sourire.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/solex_demontejpg-8545906c-797e6.jpg?1762768067", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/sur-le-rythme.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/sur-le-rythme.html", "title": "Sur le rythme", "date_published": "2023-05-23T06:18:39Z", "date_modified": "2025-11-10T09:50:15Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Naissance des formes 36x48 cm huile sur toile 2016<\/p>\n

J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?
Chaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.
Quand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.
Le temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?
Cette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.
Mais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.
La seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.
D\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.
Rester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.
Etre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.<\/p>", "content_text": "Naissance des formes 36x48 cm huile sur toile 2016\n\nJ\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?\n\nChaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.\n\nQuand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.\n\nLe temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?\n\nCette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.\n\nMais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.\n\nLa seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.\n\nD\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.\n\nRester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.\n\nEtre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/naissance-des-fo-70e913e5-e13a6.jpg?1762768162", "tags": ["peinture", "r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/images-glissees-cassees-au-travers-d-une-lecture.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/images-glissees-cassees-au-travers-d-une-lecture.html", "title": "Images gliss\u00e9es cass\u00e9es au travers d\u2019une lecture", "date_published": "2023-05-23T05:46:50Z", "date_modified": "2025-11-10T09:52:14Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Dispositif personnel d\u00e9tournement d’un exercice d’atelier d’\u00e9criture.
Ouvrir une page Wikip\u00e9dia sur un sujet qui m\u2019int\u00e9resse, laisser venir les associations
Exemple avec Ernst Lubitsch n\u00e9 le 29 janvier 1892 \u00e0 Berlin, mort le 30 novembre 1947 \u00e0 Bel air ( Los Angeles)<\/code><\/p>\n<\/pre>\n

Le fait qu\u2019il naisse un 29 janvier, m\u00eame jour que moi, me le rend proche aussit\u00f4t. Combien de personnes ai-je rencontr\u00e9es dans la vie n\u00e9es un 29 janvier. Et encore pas directement mais par leurs ouvrages ou par ou\u00efe dire Que des morts \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir. Tcheckov, Romain Rolland, Blasco Ibanez, Barnett Newman, Maurice Joyeux, Henri Queffelec et donc Ernst Lubitsch, pour ne citer que les premiers qui me viennent \u00e0 l\u2019esprit
Cette proximit\u00e9 de dates, l\u2019int\u00e9r\u00eat d\u00e9clench\u00e9 par une proximit\u00e9 astrologique, ce que \u00e7a vaut vraiment, aucune id\u00e9e. Semble pu\u00e9ril, enfantin.
Cela m\u2019indique tout de m\u00eame \u00e0 quel point je fus imbib\u00e9 jadis enfant dans les propos astrologiques et combien tout \u00e7a perdure.
A Paris dans l\u2019appartement de la rue Jobb\u00e9- Duval, en jouant sous la table de la salle \u00e0 manger.
Dans les journaux que mes grand-parents lisaient, un magazine, la grand-m\u00e8re surtout, lisait \u00e0 haute-voix les minces paragraphes de chaque signe astrologique des habitants du lieu. Elle pronon\u00e7ait bien fort le nom du signe pour qu\u2019on l\u2019entende du fin fond de l\u2019appartement, jusque dans la salle de bain.
POISSON pour nommer celui du grand-p\u00e8re et s\u2019il y avait une menace qui pesait, un danger, quelque chose \u00e0 redouter, elle prenait un plaisir non dissimul\u00e9 \u00e0 le dire.<\/p>\n

...20 marks par jour, au lieu de 100 par mois ! en 1912, la m\u00eame ann\u00e9e que la repr\u00e9sentation de Miracle est film\u00e9e, ce n\u2019est pas la passion du cin\u00e9ma qui fit entrer Ernest dans la cin\u00e9ma mais plut\u00f4t l\u2019app\u00e2t du gain...<\/p>\n

La notion de glissement d\u2019une image \u00e0 l\u2019autre. On part sur Ernst Lubitsch \u00e0 Berlin on arrive soudain dans une chronique astrologique en 1965 \u00e0 Paris.
Le personnage de Meier est \u00e0 rapproch\u00e9 de celui de Schlemilhl
Meier personnage cr\u00e9e par Lubitsch et qui est l\u2019arch\u00e9type du comique juif-allemand.
Schlemilhl ou l\u2019\u00e9trange histoire de l\u2019homme qui avait vendu son ombre , personnage d\u2019une histoire de Adelbert Von Chamisso. Publi\u00e9 en allemagne en 1813, parut en France en 1822, traduction Hyppolyte Chamisso<\/p>\n

Qu\u2019un homme vende son ombre pour se retrouver \u00e0 r\u00e9aliser des films dans lesquels il joue le r\u00f4le de Meier la boucle semble boucl\u00e9e
Lubtitsch sera \u00e0 cette \u00e9poque aussi c\u00e9l\u00e8bre dans ce r\u00f4le en Allemagne que Harold Lloyd et Chaplin en Am\u00e9rique, Max Linder en France
En 1916 Lubitsch abandonne sa carri\u00e8re d\u2019acteur pour se consacrer \u00e0 ses propres films ( 1918 Les yeux de la momie, et Carmen ) ( 1919 la princesse aux hu\u00eetres ) Il r\u00e9alise \u00e9galement quelques films historiques ( la Du Barry et Ann Boleyn) ainsi que des com\u00e9dies. Il acquiert une stature internationale et en 1921 sera invit\u00e9 aux Etats-Unis pour la premi\u00e8re fois.<\/p>\n

Le cin\u00e9ma et le th\u00e9\u00e2tre d’ombres, la lecture de l\u2019histoire de Peter Schlemilhl continue \u00e0 produire son effet sur la lecture de la biographie de Lubitsch.
Cette histoire je l\u2019ai lue alors que j\u2019\u00e9tais enfant parmi tous les autres contes, je l\u2019avais oubli\u00e9e et voici que tout \u00e0 coup elle ressurgit avec son aura pr\u00e9monitoire de menaces.
Ce qu\u2019elle signifie c\u2019est que la r\u00e9ussite ne va pas sans un sacrifice important, ombre ou \u00e2me, qu\u2019on peut poursuivre cette erreur jusque la limite de l\u2019ultime avant de soudain prendre conscience de l\u2019illusoire d\u2019un tel but
Mais il est souvent trop tard, la d\u00e9ch\u00e9ance est le tribut \u00e0 payer \u00e0 l\u2019\u00e9garement. On jette la bourse de Fortunatus dans un puits et le diable avec. La seule qu\u00eate qui vaille ensuite est de retrouver son c\u0153ur.
Ainsi retrouver le c\u0153ur redonnerait en m\u00eame temps une ombre et une \u00e2me \u00e0 celui qui les aura perdues.
Toujours enfantin en premier lieu, pu\u00e9ril. Ces mots qui surgissent comme une r\u00e9sistance, un barrage.<\/p>\n

En filigrane une reconnaissance de la jud\u00e9it\u00e9 ashkenaze, m\u00e9lange de fatalit\u00e9 et d\u2019humour. A rapprocher \u00e9trangement de la mentalit\u00e9 sicilienne, notamment ceux qui ont d\u00fb \u00e9migrer en Afrique du Nord. Ce qui rapproche c\u2019est bien cette notion de “c\u0153ur” d\u2019humanit\u00e9, d\u2019acceptation de l\u2019autre, de sa reconnaissance. Une pl\u00e9nitude de la reconnaissance. La pl\u00e9nitude d’un ciel bleu.
A moins que ce ne soit que mon fantasme personnel que je ne cesse de projeter sur ces communaut\u00e9s.<\/p>\n

Je passe la p\u00e9riode Hollywoodienne qui ne parait pas \u00eatre un succ\u00e8s.<\/p>\n

Qu\u2019est-ce qu\u2019on appelle la Lubitsch touch ? qu’est- ce que j\u2019en retiens, ce qui m\u2019int\u00e9resse d\u2019y trouver quant \u00e0 l\u2019\u00e9criture\u2026
.Un m\u00e9lange subtil et sexy d’humour et d’esprit de retenue.
-Un contrepoint de tristesse poignante pendant les moments les plus gais d’un film.
-C’\u00e9tait l’utilisation \u00e9l\u00e9gante de la super blague. Vous aviez une blague et vous vous sentiez satisfait, puis il y avait une autre grosse blague dessus. La blague \u00e0 laquelle vous ne vous attendiez pas. C’\u00e9tait la Lubitsch Touch
-.. un style qui fait allusion au sexe, de mani\u00e8re ludique adulte dans ses th\u00e8mes, sans jamais franchir la ligne de d\u00e9marcation invisible qui s\u00e9parait le charbon du g\u00e9nie.
-La Lubitsch Touch\" peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e de mani\u00e8re concr\u00e8te comme d\u00e9rivant d’un dispositif narratif standard du film muet : interrompre l’\u00e9change dramatique en se concentrant sur des objets ou des petits d\u00e9tails qui font un commentaire spirituel ou une r\u00e9v\u00e9lation surprenante sur l’action principale.
-Dans son sens le plus large, cela signifiait aller du g\u00e9n\u00e9ral au particulier, pour se condenser soudainement en un seul instant rapide et habile cristallisant une sc\u00e8ne ou m\u00eame le th\u00e8me entier \u2026 l’id\u00e9e d’utiliser le pouvoir de la m\u00e9taphore en condensant soudainement la quintessence de son sujet dans un commentaire ironique - un commentaire visuel, naturellement - qui disait tout<\/p>\n

L\u2019attirance pour les contraires n\u2019est pas une l\u00e9gende. C\u2019est la premi\u00e8re r\u00e9flexion qui me vient apr\u00e8s avoir not\u00e9 toutes les vertus lubitschiennes.<\/p>\n

Pourquoi ai-je choisi Lubitsch ?
Mon int\u00e9r\u00eat pour le montage vid\u00e9o en ce moment m\u2019entra\u00eene \u00e0 examiner de plus pr\u00e8s ma fa\u00e7on de voir le cin\u00e9ma et la vid\u00e9o. C\u2019est \u00e0 dire toute image mouvante, glissante et la fa\u00e7on surtout de passer d\u2019un plan \u00e0 un autre. Nous sommes tellement imbib\u00e9s dans cette vision, moderne, en opposition au cin\u00e9ma d\u2019autrefois ( longs plans fixes ) ou m\u00eame \u00e0 l’image fixe, peinture photographie, que nous ne nous en rendons m\u00eames plus compte. C\u2019est devenu compl\u00e8tement inconscient ( en tous cas pour moi )
J\u2019avais d\u00e9j\u00e0 rep\u00e9r\u00e9 ce ph\u00e9nom\u00e8ne enfant alors que je m\u2019immergeais dans la lecture des bandes dessin\u00e9es. La vitesse avec laquelle on s\u2019immerge dans un code sans m\u00eame l\u2019analyser consciemment. On saisit inconsciemment le code.<\/p>\n

Ce ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019immersion aura toujours \u00e9t\u00e9 prioritaire je crois. D\u2019abord je m\u2019immerge, je suis submerg\u00e9, et longtemps apr\u00e8s je r\u00e9fl\u00e9chis \u00e0 la fa\u00e7on dont cela s\u2019est pass\u00e9, ce que \u00e7a a produit, pour en extraire des r\u00e9flexions que je nomme personnelles.<\/em>
Il en va exactement de m\u00eame avec la peinture et l\u2019\u00e9criture.
Je me laisse submerger, comme si je n\u2019attribuais plus aucune confiance \u00e0 l\u2019analyse, \u00e0 tout ce qui peut constituer un m\u00e9canisme de d\u00e9fense, de protection, une strat\u00e9gie de combat. Puis, \u00e0 un moment, principalement en temps de crise profonde, g\u00e9n\u00e9ralement financi\u00e8re, la pens\u00e9e, l\u2019analyse, ressurgissent
L\u2019image de la V\u00e9nus de Botticelli dans son coquillage qui sort de la mer
L\u2019all\u00e9gorie de la renaissance.<\/p>\n

Certainement \u00e0 associer aussi avec Dante et B\u00e9atrix
Ou avec ma vie sentimentale dans son ensemble.
Qu\u2019un visage, une silhouette, qu\u2019un \u00eatre que l\u2019on pense conna\u00eetre puisse ainsi glisser vers l\u2019all\u00e9gorie
Ce glissement provient certainement d\u2019une instance profonde de modestie, d\u2019humilit\u00e9 v\u00e9ritable, le gant retourn\u00e9 de l’orgueil.
Je sais que je ne peux te conna\u00eetre donc je plonge dans l\u2019inconscient l\u00e0 o\u00f9 nous pouvons peut-\u00eatre nous rejoindre et nous perdre en m\u00eame temps.<\/em><\/p>\n

Mon premier reflexe \u00e9tait de placer la V\u00e9nus de Botticelli en illustration. Puis j’ai pens\u00e9 \u00e0 son San S\u00e9bastian, bien sup\u00e9rieur en s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 \u00e0 mon sens malgr\u00e9 toutes les fl\u00e8ches qui le transpercent.<\/p>\n

Il se peut que le mot s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 soit un mot clef. Non pas une qu\u00eate de s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 comme souvent on se trompe \u00e0 le dire, mais plut\u00f4t une longue, et parfois fastidieuse et p\u00e9nible v\u00e9rification qu’elle est belle et bien \u00e0 l’int\u00e9rieur de soi, qu’on ne puisse rien faire vraiment pour la perdre.<\/p>\n

Ce qui encore une fois parait pu\u00e9ril, enfantin, na\u00eff naturellement.<\/p>", "content_text": "Dispositif personnel d\u00e9tournement d'un exercice d'atelier d'\u00e9criture.\n\nOuvrir une page Wikip\u00e9dia sur un sujet qui m\u2019int\u00e9resse, laisser venir les associations\n\nExemple avec Ernst Lubitsch n\u00e9 le 29 janvier 1892 \u00e0 Berlin, mort le 30 novembre 1947 \u00e0 Bel air ( Los Angeles)\n\nLe fait qu\u2019il naisse un 29 janvier, m\u00eame jour que moi, me le rend proche aussit\u00f4t. Combien de personnes ai-je rencontr\u00e9es dans la vie n\u00e9es un 29 janvier. Et encore pas directement mais par leurs ouvrages ou par ou\u00efe dire Que des morts \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir. Tcheckov, Romain Rolland, Blasco Ibanez, Barnett Newman, Maurice Joyeux, Henri Queffelec et donc Ernst Lubitsch, pour ne citer que les premiers qui me viennent \u00e0 l\u2019esprit\n\nCette proximit\u00e9 de dates, l\u2019int\u00e9r\u00eat d\u00e9clench\u00e9 par une proximit\u00e9 astrologique, ce que \u00e7a vaut vraiment, aucune id\u00e9e. Semble pu\u00e9ril, enfantin.\n\nCela m\u2019indique tout de m\u00eame \u00e0 quel point je fus imbib\u00e9 jadis enfant dans les propos astrologiques et combien tout \u00e7a perdure.\n\nA Paris dans l\u2019appartement de la rue Jobb\u00e9- Duval, en jouant sous la table de la salle \u00e0 manger.\n\nDans les journaux que mes grand-parents lisaient, un magazine, la grand-m\u00e8re surtout, lisait \u00e0 haute-voix les minces paragraphes de chaque signe astrologique des habitants du lieu. Elle pronon\u00e7ait bien fort le nom du signe pour qu\u2019on l\u2019entende du fin fond de l\u2019appartement, jusque dans la salle de bain.\n\nPOISSON pour nommer celui du grand-p\u00e8re et s\u2019il y avait une menace qui pesait, un danger, quelque chose \u00e0 redouter, elle prenait un plaisir non dissimul\u00e9 \u00e0 le dire.\n\n...20 marks par jour, au lieu de 100 par mois ! en 1912, la m\u00eame ann\u00e9e que la repr\u00e9sentation de Miracle est film\u00e9e, ce n\u2019est pas la passion du cin\u00e9ma qui fit entrer Ernest dans la cin\u00e9ma mais plut\u00f4t l\u2019app\u00e2t du gain...\n\nLa notion de glissement d\u2019une image \u00e0 l\u2019autre. On part sur Ernst Lubitsch \u00e0 Berlin on arrive soudain dans une chronique astrologique en 1965 \u00e0 Paris.\n\nLe personnage de Meier est \u00e0 rapproch\u00e9 de celui de Schlemilhl\n\nMeier personnage cr\u00e9e par Lubitsch et qui est l\u2019arch\u00e9type du comique juif-allemand.\n\nSchlemilhl ou l\u2019\u00e9trange histoire de l\u2019homme qui avait vendu son ombre , personnage d\u2019une histoire de Adelbert Von Chamisso. Publi\u00e9 en allemagne en 1813, parut en France en 1822, traduction Hyppolyte Chamisso\n\nQu\u2019un homme vende son ombre pour se retrouver \u00e0 r\u00e9aliser des films dans lesquels il joue le r\u00f4le de Meier la boucle semble boucl\u00e9e\n\nLubtitsch sera \u00e0 cette \u00e9poque aussi c\u00e9l\u00e8bre dans ce r\u00f4le en Allemagne que Harold Lloyd et Chaplin en Am\u00e9rique, Max Linder en France\n\nEn 1916 Lubitsch abandonne sa carri\u00e8re d\u2019acteur pour se consacrer \u00e0 ses propres films ( 1918 Les yeux de la momie, et Carmen ) ( 1919 la princesse aux hu\u00eetres ) Il r\u00e9alise \u00e9galement quelques films historiques ( la Du Barry et Ann Boleyn) ainsi que des com\u00e9dies. Il acquiert une stature internationale et en 1921 sera invit\u00e9 aux Etats-Unis pour la premi\u00e8re fois.\n\nLe cin\u00e9ma et le th\u00e9\u00e2tre d'ombres, la lecture de l\u2019histoire de Peter Schlemilhl continue \u00e0 produire son effet sur la lecture de la biographie de Lubitsch.\n\nCette histoire je l\u2019ai lue alors que j\u2019\u00e9tais enfant parmi tous les autres contes, je l\u2019avais oubli\u00e9e et voici que tout \u00e0 coup elle ressurgit avec son aura pr\u00e9monitoire de menaces.\n\nCe qu\u2019elle signifie c\u2019est que la r\u00e9ussite ne va pas sans un sacrifice important, ombre ou \u00e2me, qu\u2019on peut poursuivre cette erreur jusque la limite de l\u2019ultime avant de soudain prendre conscience de l\u2019illusoire d\u2019un tel but\n\nMais il est souvent trop tard, la d\u00e9ch\u00e9ance est le tribut \u00e0 payer \u00e0 l\u2019\u00e9garement. On jette la bourse de Fortunatus dans un puits et le diable avec. La seule qu\u00eate qui vaille ensuite est de retrouver son c\u0153ur.\n\nAinsi retrouver le c\u0153ur redonnerait en m\u00eame temps une ombre et une \u00e2me \u00e0 celui qui les aura perdues.\n\nToujours enfantin en premier lieu, pu\u00e9ril. Ces mots qui surgissent comme une r\u00e9sistance, un barrage.\n\nEn filigrane une reconnaissance de la jud\u00e9it\u00e9 ashkenaze, m\u00e9lange de fatalit\u00e9 et d\u2019humour. A rapprocher \u00e9trangement de la mentalit\u00e9 sicilienne, notamment ceux qui ont d\u00fb \u00e9migrer en Afrique du Nord. Ce qui rapproche c\u2019est bien cette notion de \u201cc\u0153ur\u201d d\u2019humanit\u00e9, d\u2019acceptation de l\u2019autre, de sa reconnaissance. Une pl\u00e9nitude de la reconnaissance. La pl\u00e9nitude d'un ciel bleu.\n\nA moins que ce ne soit que mon fantasme personnel que je ne cesse de projeter sur ces communaut\u00e9s.\n\nJe passe la p\u00e9riode Hollywoodienne qui ne parait pas \u00eatre un succ\u00e8s.\n\nQu\u2019est-ce qu\u2019on appelle la Lubitsch touch ? qu'est- ce que j\u2019en retiens, ce qui m\u2019int\u00e9resse d\u2019y trouver quant \u00e0 l\u2019\u00e9criture\u2026\n\n.Un m\u00e9lange subtil et sexy d'humour et d'esprit de retenue.\n\n-Un contrepoint de tristesse poignante pendant les moments les plus gais d'un film.\n\n-C'\u00e9tait l'utilisation \u00e9l\u00e9gante de la super blague. Vous aviez une blague et vous vous sentiez satisfait, puis il y avait une autre grosse blague dessus. La blague \u00e0 laquelle vous ne vous attendiez pas. C'\u00e9tait la Lubitsch Touch\n\n-.. un style qui fait allusion au sexe, de mani\u00e8re ludique adulte dans ses th\u00e8mes, sans jamais franchir la ligne de d\u00e9marcation invisible qui s\u00e9parait le charbon du g\u00e9nie.\n\n-La Lubitsch Touch\" peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e de mani\u00e8re concr\u00e8te comme d\u00e9rivant d'un dispositif narratif standard du film muet : interrompre l'\u00e9change dramatique en se concentrant sur des objets ou des petits d\u00e9tails qui font un commentaire spirituel ou une r\u00e9v\u00e9lation surprenante sur l'action principale.\n\n-Dans son sens le plus large, cela signifiait aller du g\u00e9n\u00e9ral au particulier, pour se condenser soudainement en un seul instant rapide et habile cristallisant une sc\u00e8ne ou m\u00eame le th\u00e8me entier \u2026 l'id\u00e9e d'utiliser le pouvoir de la m\u00e9taphore en condensant soudainement la quintessence de son sujet dans un commentaire ironique - un commentaire visuel, naturellement - qui disait tout\n\nL\u2019attirance pour les contraires n\u2019est pas une l\u00e9gende. C\u2019est la premi\u00e8re r\u00e9flexion qui me vient apr\u00e8s avoir not\u00e9 toutes les vertus lubitschiennes.\n\nPourquoi ai-je choisi Lubitsch ?\n\nMon int\u00e9r\u00eat pour le montage vid\u00e9o en ce moment m\u2019entra\u00eene \u00e0 examiner de plus pr\u00e8s ma fa\u00e7on de voir le cin\u00e9ma et la vid\u00e9o. C\u2019est \u00e0 dire toute image mouvante, glissante et la fa\u00e7on surtout de passer d\u2019un plan \u00e0 un autre. Nous sommes tellement imbib\u00e9s dans cette vision, moderne, en opposition au cin\u00e9ma d\u2019autrefois ( longs plans fixes ) ou m\u00eame \u00e0 l'image fixe, peinture photographie, que nous ne nous en rendons m\u00eames plus compte. C\u2019est devenu compl\u00e8tement inconscient ( en tous cas pour moi )\n\nJ\u2019avais d\u00e9j\u00e0 rep\u00e9r\u00e9 ce ph\u00e9nom\u00e8ne enfant alors que je m\u2019immergeais dans la lecture des bandes dessin\u00e9es. La vitesse avec laquelle on s\u2019immerge dans un code sans m\u00eame l\u2019analyser consciemment. On saisit inconsciemment le code.\n\nCe ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019immersion aura toujours \u00e9t\u00e9 prioritaire je crois. D\u2019abord je m\u2019immerge, je suis submerg\u00e9, et longtemps apr\u00e8s je r\u00e9fl\u00e9chis \u00e0 la fa\u00e7on dont cela s\u2019est pass\u00e9, ce que \u00e7a a produit, pour en extraire des r\u00e9flexions que je nomme personnelles.\n\nIl en va exactement de m\u00eame avec la peinture et l\u2019\u00e9criture.\n\nJe me laisse submerger, comme si je n\u2019attribuais plus aucune confiance \u00e0 l\u2019analyse, \u00e0 tout ce qui peut constituer un m\u00e9canisme de d\u00e9fense, de protection, une strat\u00e9gie de combat. Puis, \u00e0 un moment, principalement en temps de crise profonde, g\u00e9n\u00e9ralement financi\u00e8re, la pens\u00e9e, l\u2019analyse, ressurgissent\n\nL\u2019image de la V\u00e9nus de Botticelli dans son coquillage qui sort de la mer\n\nL\u2019all\u00e9gorie de la renaissance.\n\nCertainement \u00e0 associer aussi avec Dante et B\u00e9atrix\n\nOu avec ma vie sentimentale dans son ensemble.\n\nQu\u2019un visage, une silhouette, qu\u2019un \u00eatre que l\u2019on pense conna\u00eetre puisse ainsi glisser vers l\u2019all\u00e9gorie\n\nCe glissement provient certainement d\u2019une instance profonde de modestie, d\u2019humilit\u00e9 v\u00e9ritable, le gant retourn\u00e9 de l'orgueil.\n\nJe sais que je ne peux te conna\u00eetre donc je plonge dans l\u2019inconscient l\u00e0 o\u00f9 nous pouvons peut-\u00eatre nous rejoindre et nous perdre en m\u00eame temps.\n\nMon premier reflexe \u00e9tait de placer la V\u00e9nus de Botticelli en illustration. 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un peu de changements aujourd’hui .... lundi 22 mai<\/p>\n

\"\"<\/a><\/p>", "content_text": "mai 2023 inspir\u00e9 d'une fresque vue \u00e0 Cnossos, Cr\u00eate. work in progress technique mixte 130x96 cm mai 2023 \n\nun peu de changements aujourd'hui .... lundi 22 mai ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_8796jpgw1000-4bf3ab9c.jpg?1762768465", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/indelebile.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/indelebile.html", "title": "ind\u00e9l\u00e9bile", "date_published": "2023-05-22T09:09:35Z", "date_modified": "2025-11-10T09:57:00Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

par un myst\u00e8re que je ne cherche pas \u00e0 \u00e9lucider les corrections que j’effectue dans l’\u00e9diteur ne sont pas prises en compte \u00e0 la publication des textes. Donc les fautes deviennent ind\u00e9l\u00e9biles. On ne peut plus dissimuler l’inadvertance ou l’ignorance aux regards du lecteur. Et du coup je me demande pourquoi vouloir dissimuler. Certains puristes s’en soucieront plus que je ne m’en soucierai d\u00e9sormais. Ce sera leur souci, plus le mien. Apr\u00e8s tout le v\u00e9ritable lecteur comme le v\u00e9ritable amoureux aime souvent plus les d\u00e9fauts que les qualit\u00e9s en l’autre ce qui le rassure aussi de n’\u00eatre pas trop diff\u00e9rent. Aussi vive l’\u00e9criture buissonni\u00e8re, les t\u00e2ches d’encres ind\u00e9l\u00e9biles, tout ce qu’on ne peut cacher pour vouloir donner de soi une image qui n’est qu’une image.<\/p>", "content_text": "par un myst\u00e8re que je ne cherche pas \u00e0 \u00e9lucider les corrections que j'effectue dans l'\u00e9diteur ne sont pas prises en compte \u00e0 la publication des textes. Donc les fautes deviennent ind\u00e9l\u00e9biles. On ne peut plus dissimuler l'inadvertance ou l'ignorance aux regards du lecteur. Et du coup je me demande pourquoi vouloir dissimuler. Certains puristes s'en soucieront plus que je ne m'en soucierai d\u00e9sormais. Ce sera leur souci, plus le mien. Apr\u00e8s tout le v\u00e9ritable lecteur comme le v\u00e9ritable amoureux aime souvent plus les d\u00e9fauts que les qualit\u00e9s en l'autre ce qui le rassure aussi de n'\u00eatre pas trop diff\u00e9rent. Aussi vive l'\u00e9criture buissonni\u00e8re, les t\u00e2ches d'encres ind\u00e9l\u00e9biles, tout ce qu'on ne peut cacher pour vouloir donner de soi une image qui n'est qu'une image. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7931jpgw766-0b80ea37-07a64.jpg?1762768568", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/nourrir-entretenir.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/nourrir-entretenir.html", "title": "Nourrir, entretenir.", "date_published": "2023-05-22T08:54:27Z", "date_modified": "2025-11-10T09:58:06Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

en chemin 120x90 cm huile sur toile<\/p>\n

j’ai plac\u00e9 un tableau inachev\u00e9 dans ma derni\u00e8re exposition dont le titre est \"en chemin\", d’ailleurs la toile aussi est ainsi nomm\u00e9e. Ce qui me fait rebondir sur l’achev\u00e9. L’achev\u00e9 ne peut \u00eatre qu’un jugement temporaire en ce qui me concerne. Tant que je suis vivant je peux toujours reprendre une toile que j’ai \u00e0 un moment ou l’autre d\u00e9sign\u00e9e comme achev\u00e9e voire m\u00eame inachev\u00e9e et inverser les mots comme les usages. la croyance car s’en est une log\u00e9e profond qu’une toile sera par d\u00e9finition achev\u00e9e d\u00e9finitivement quand je le serai \u00e9galement n’est pas un manque de confiance en soi, mais plut\u00f4t une forme de lucidit\u00e9 parfois insupportable.<\/p>\n

Il me semble qu’un tableau se nourrit au fur et \u00e0 mesure du temps du changement de regard, de tout ce qui ne cesse jamais de nous traverser, nous entretenons bien plus qu’une surface une \u00e9paisseur une croyance ainsi. A m\u00eame niveau que l’espoir sans les inconv\u00e9nients des d\u00e9ceptions, c’est vivre avec ce qui nous entoure qu’on le peigne ou pas.<\/p>\n

Un tableau peut avoir le m\u00eame sourire que le chat du Cheshire.<\/p>", "content_text": "en chemin 120x90 cm huile sur toile \n\nj'ai plac\u00e9 un tableau inachev\u00e9 dans ma derni\u00e8re exposition dont le titre est \"en chemin\", d'ailleurs la toile aussi est ainsi nomm\u00e9e. Ce qui me fait rebondir sur l'achev\u00e9. L'achev\u00e9 ne peut \u00eatre qu'un jugement temporaire en ce qui me concerne. Tant que je suis vivant je peux toujours reprendre une toile que j'ai \u00e0 un moment ou l'autre d\u00e9sign\u00e9e comme achev\u00e9e voire m\u00eame inachev\u00e9e et inverser les mots comme les usages. la croyance car s'en est une log\u00e9e profond qu'une toile sera par d\u00e9finition achev\u00e9e d\u00e9finitivement quand je le serai \u00e9galement n'est pas un manque de confiance en soi, mais plut\u00f4t une forme de lucidit\u00e9 parfois insupportable.\n\nIl me semble qu'un tableau se nourrit au fur et \u00e0 mesure du temps du changement de regard, de tout ce qui ne cesse jamais de nous traverser, nous entretenons bien plus qu'une surface une \u00e9paisseur une croyance ainsi. A m\u00eame niveau que l'espoir sans les inconv\u00e9nients des d\u00e9ceptions, c'est vivre avec ce qui nous entoure qu'on le peigne ou pas. \n\nUn tableau peut avoir le m\u00eame sourire que le chat du Cheshire. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7895jpgw768-1746d9eb-1bf22.jpg?1762768646", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/temoigner.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/temoigner.html", "title": "T\u00e9moigner", "date_published": "2023-05-22T05:57:52Z", "date_modified": "2025-11-10T09:59:15Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

C\u2019est par p\u00e9riode que ce que j\u2019aime le plus me d\u00e9goute le plus. Dire par exemple le mot artiste, je crois que je l\u2019ai tant d\u00e9sir\u00e9 que c\u2019est normal d\u2019en ressentir cette d\u00e9go\u00fbtation actuelle. Parce qu\u2019un glissement s\u2019est effectu\u00e9. Avant artiste \u00e9tait aur\u00e9ol\u00e9. D\u00e9sormais je ne sais pas de meilleur synonyme \u00e0 ce mot qu\u2019aust\u00e9rit\u00e9. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il faut enlever beaucoup de choses que l\u2019on projette , comme sur tant d\u2019autres et qui ne nous appartiennent pas. Je crois que j\u2019ai fabriqu\u00e9 avec le temps ma propre d\u00e9finition des mots, dont <\/em>celle d’artiste<\/em>. Je l\u2019utilise avec parcimonie, et jamais vis \u00e0 vis de qui je suis. Sauf quand j\u2019y suis contraint et en m\u2019en moquant int\u00e9rieurement comme pour exorciser toute diablerie encore possible.<\/p>\n

C\u2019est que les mots ont de l\u2019importance. C\u2019est sans doute la chose qui a le plus d\u2019importance puisque il n’y aurait pas de monde pour nous sans les mots. C\u2019est probablement la seule chose digne d\u2019une importance. Ou encore, je ne me sens plus capable vraiment d\u2019accorder une importance \u00e0 autre chose qu\u2019aux mots. Je sais qu\u2019il faut se m\u00e9fier de ce mot d\u2019importance. Que ce mot autrefois a vid\u00e9 le monde entier de ses nombreux attraits vers lesquels j\u2019ai pu \u00eatre attir\u00e9 en me fiant \u00e0 la d\u00e9finition des dictionnaires, ou \u00e0 l\u2019\u00e9ducation qui m\u2019a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9e.<\/p>\n

On ne peut que t\u00e9moigner du temps qui passe et ce chacun \u00e0 sa fa\u00e7on. En vivant tout d\u2019abord, en esp\u00e9rant, en renon\u00e7ant. Il n\u2019y a rien de triste \u00e0 se r\u00e9p\u00e9ter que nous sommes semblables aux saisons, que la lune a autant d\u2019influence sur nos d\u00e9sirs que sur les mar\u00e9es. Toujours les m\u00eames et changeant en m\u00eame temps. Si on tient \u00e0 t\u00e9moigner. C\u2019est \u00e0 dire se sentir appel\u00e9 \u00e0 une barre dans un proc\u00e8s quelconque. Si on se sent contraint par son envie ; le devoir civique ou la force publique.<\/p>\n

Mais l\u2019art n\u2019est pas un proc\u00e8s, on ne peut pas s\u2019en servir pour t\u00e9moigner ou juger. Ce serait trop exigu. L\u2019art se transmet depuis la nuit des temps, c\u2019est un v\u00e9hicule. Ensuite se demander s\u2019il utilise des \u00e9nergies fossiles, des moyens modernes, \u00e9cologiques, c\u2019est sans doute une question de mode. Une question \u00e0 la mode pour ce que \u00e7a vaut. Comme peut l\u2019\u00eatre la mode de s\u2019engager pour une cause ou pour une autre afin souvent de se livrer \u00e0 une pulsion gr\u00e9gaire par la m\u00e9diation des mots d\u2019ordre, des slogans.<\/p>\n

On a beaucoup trop parl\u00e9 d’art, moi le premier. Sans doute parce que je cherchais ma d\u00e9finition celle qui me semblait la plus juste \u00e0 mes yeux. Non pour avoir raison, mais pour mieux aligner ma pens\u00e9e avec mon exp\u00e9rience. Car au bout du compte une d\u00e9finition, qu\u2019elle soit cr\u00e9\u00e9e par des millions ou par un seul c\u2019est toujours une tentative d\u2019alignement entre le mot et la chose, entre la pens\u00e9e logique et une sensation d’irrationnel.<\/p>\n

Je crois- car c’est bien sur le bilan d’un ensemble de croyances que l\u2019art est en toute chose, l\u2019art est comme le rire, propre \u00e0 l\u2019\u00eatre, \u00e0 la conscience et ne se limite pas aux cat\u00e9gories humaines. En percevant cela tout s\u2019y trouve impliqu\u00e9 de la particule au mastodonte. depuis l’infime mouvement jusqu’au gigantisme des cataclysmes. C\u2019est une exp\u00e9rience, un v\u00e9hicule qui d\u00e9passe de beaucoup notre entendement qui ces derniers temps \u00e9pouse un peu trop souvent la forme d\u2019une autoroute.
Donc, peut-\u00eatre qu\u2019il serait au bout du compte encore plus juste de refuser toute d\u00e9finition au mot art. De parvenir jusqu’\u00e0 l’oubli de ce mot m\u00eame en tous cas tant qu’il sera aussi proche de cet autre , l’artificiel.<\/p>\n

Je crois aussi que l’art est quelque chose de simple, de vivant, de naturel, c\u2019est tout ce dont je pourrais t\u00e9moigner si j\u2019avais l\u2019obligation ou le d\u00e9sir irr\u00e9pressible de le faire.<\/p>", "content_text": "C\u2019est par p\u00e9riode que ce que j\u2019aime le plus me d\u00e9goute le plus. Dire par exemple le mot artiste, je crois que je l\u2019ai tant d\u00e9sir\u00e9 que c\u2019est normal d\u2019en ressentir cette d\u00e9go\u00fbtation actuelle. Parce qu\u2019un glissement s\u2019est effectu\u00e9. Avant artiste \u00e9tait aur\u00e9ol\u00e9. D\u00e9sormais je ne sais pas de meilleur synonyme \u00e0 ce mot qu\u2019aust\u00e9rit\u00e9. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il faut enlever beaucoup de choses que l\u2019on projette , comme sur tant d\u2019autres et qui ne nous appartiennent pas. Je crois que j\u2019ai fabriqu\u00e9 avec le temps ma propre d\u00e9finition des mots, dont celle d'artiste. Je l\u2019utilise avec parcimonie, et jamais vis \u00e0 vis de qui je suis. Sauf quand j\u2019y suis contraint et en m\u2019en moquant int\u00e9rieurement comme pour exorciser toute diablerie encore possible.\n\nC\u2019est que les mots ont de l\u2019importance. C\u2019est sans doute la chose qui a le plus d\u2019importance puisque il n'y aurait pas de monde pour nous sans les mots. C\u2019est probablement la seule chose digne d\u2019une importance. Ou encore, je ne me sens plus capable vraiment d\u2019accorder une importance \u00e0 autre chose qu\u2019aux mots. Je sais qu\u2019il faut se m\u00e9fier de ce mot d\u2019importance. Que ce mot autrefois a vid\u00e9 le monde entier de ses nombreux attraits vers lesquels j\u2019ai pu \u00eatre attir\u00e9 en me fiant \u00e0 la d\u00e9finition des dictionnaires, ou \u00e0 l\u2019\u00e9ducation qui m\u2019a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9e.\n\n\n\nOn ne peut que t\u00e9moigner du temps qui passe et ce chacun \u00e0 sa fa\u00e7on. En vivant tout d\u2019abord, en esp\u00e9rant, en renon\u00e7ant. Il n\u2019y a rien de triste \u00e0 se r\u00e9p\u00e9ter que nous sommes semblables aux saisons, que la lune a autant d\u2019influence sur nos d\u00e9sirs que sur les mar\u00e9es. Toujours les m\u00eames et changeant en m\u00eame temps. Si on tient \u00e0 t\u00e9moigner. C\u2019est \u00e0 dire se sentir appel\u00e9 \u00e0 une barre dans un proc\u00e8s quelconque. Si on se sent contraint par son envie; le devoir civique ou la force publique.\n\n\n\nMais l\u2019art n\u2019est pas un proc\u00e8s, on ne peut pas s\u2019en servir pour t\u00e9moigner ou juger. Ce serait trop exigu. L\u2019art se transmet depuis la nuit des temps, c\u2019est un v\u00e9hicule. Ensuite se demander s\u2019il utilise des \u00e9nergies fossiles, des moyens modernes, \u00e9cologiques, c\u2019est sans doute une question de mode. Une question \u00e0 la mode pour ce que \u00e7a vaut. Comme peut l\u2019\u00eatre la mode de s\u2019engager pour une cause ou pour une autre afin souvent de se livrer \u00e0 une pulsion gr\u00e9gaire par la m\u00e9diation des mots d\u2019ordre, des slogans.\n\n\n\nOn a beaucoup trop parl\u00e9 d'art, moi le premier. Sans doute parce que je cherchais ma d\u00e9finition celle qui me semblait la plus juste \u00e0 mes yeux. Non pour avoir raison, mais pour mieux aligner ma pens\u00e9e avec mon exp\u00e9rience. Car au bout du compte une d\u00e9finition, qu\u2019elle soit cr\u00e9\u00e9e par des millions ou par un seul c\u2019est toujours une tentative d\u2019alignement entre le mot et la chose, entre la pens\u00e9e logique et une sensation d'irrationnel.\n\n\n\nJe crois- car c'est bien sur le bilan d'un ensemble de croyances que l\u2019art est en toute chose, l\u2019art est comme le rire, propre \u00e0 l\u2019\u00eatre, \u00e0 la conscience et ne se limite pas aux cat\u00e9gories humaines. En percevant cela tout s\u2019y trouve impliqu\u00e9 de la particule au mastodonte. depuis l'infime mouvement jusqu'au gigantisme des cataclysmes. C\u2019est une exp\u00e9rience, un v\u00e9hicule qui d\u00e9passe de beaucoup notre entendement qui ces derniers temps \u00e9pouse un peu trop souvent la forme d\u2019une autoroute.\n\nDonc, peut-\u00eatre qu\u2019il serait au bout du compte encore plus juste de refuser toute d\u00e9finition au mot art. De parvenir jusqu'\u00e0 l'oubli de ce mot m\u00eame en tous cas tant qu'il sera aussi proche de cet autre , l'artificiel.\n\nJe crois aussi que l'art est quelque chose de simple, de vivant, de naturel, c\u2019est tout ce dont je pourrais t\u00e9moigner si j\u2019avais l\u2019obligation ou le d\u00e9sir irr\u00e9pressible de le faire.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/prehistoirejpegw-3396baf0.jpg?1762768710", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/images-glissees-cassees.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/images-glissees-cassees.html", "title": "Images gliss\u00e9es, cass\u00e9es", "date_published": "2023-05-22T04:55:16Z", "date_modified": "2025-11-10T10:00:50Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Paysage \u00e0 Salaise sur Sanne Dimanche du mois de mai t\u00f4t le matin sur le parking du LIDL<\/p>\n

En train, en mouvement, la vitesse, dans la ville, le lieu, la lenteur , confrontation du regard vers l\u2019ext\u00e9rieur, l\u2019int\u00e9rieur.
Quelques bribes vol\u00e9es \u00e0 Bernard No\u00ebl<\/p>\n
FORBACH<\/td>TGV<\/td><\/tr>
partout les temples de la vieille mis\u00e8re
maisons de peine et d\u2019attente et de trop peu
\u00eatre humain est un long travail d\u2019illusion
la neige et le froid un bien petit hiver
\u00e0 cot\u00e9 des exigences de l\u2019espoir<\/td>
le regard cherche \u00e0 sentir son invasion
une fum\u00e9e trois maisons un trait de neige
comment voir la p\u00e9n\u00e9tration du l\u2019image
son reflux quand les mots la jettent dehors
mais rien et rien et rien un rond de lumi\u00e8re
quelques formes \u00e0 peine vues dans la vitesse
langue balay\u00e9e par la vent\u00e9e du temps
le noir a d\u00e9j\u00e0 imbib\u00e9 tout l\u2019espace
chaque chose ainsi r\u00e9duite \u00e0 sa fum\u00e9e
la solitude s\u2019\u00e9tend sur la fen\u00eatre<\/td><\/tr><\/tbody><\/table>\n

Extrait d’une double page de son ouvrage le reste du voyage <\/em>chez POL<\/p>\n

Des points de vue dissoci\u00e9s entre ce que l’on voit \u00e0 l’ext\u00e9rieur depuis un endroit fixe ( ville de Forbach) et un voyage en train pour rejoindre (peut-\u00eatre) cette ville.<\/p>\n

On est \u00e0 Forbach et partout les temples de la vieille mis\u00e8re sont visibles \u00e0 l’ ext\u00e9rieur, mais avec une consid\u00e9ration issue de int\u00e9rieur<\/p>\n

ce que sont ces temples de la vieille mis\u00e8re, le lecteur peut l’imaginer comme des b\u00e2timents, peut-\u00eatre des usines. Puis un semblant de pr\u00e9cision est fourni avec les mots peine, attente, trop peu<\/p>\n

ensuite une r\u00e9flexion \u00eatre humain un long travail d’illusion<\/p>\n

L’explication fournie est l’exigence de l’espoir \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de quoi l’hiver est moindre<\/p>\n


\n

Je ne sais pas si c’est utile de d\u00e9cortiquer \u00e7a ne donne gu\u00e8re qu’un son de cloche semblable \u00e0 ces glissements.<\/p>\n

ce qui est plus int\u00e9ressant ce sont les images que les groupes de mots d\u00e9clenchent, produisant des images parall\u00e8les.<\/p>\n

Partout les temples de la vieille mis\u00e8re<\/p>\n

Dans le RER pour Paris, le matin avant l’aube, la travers\u00e9e des paysages urbains que l’on devine plus qu’on ne les voit aux travers des vitres Ce m\u00e9lange d\u00e9j\u00e0 entre les images ext\u00e9rieures, par del\u00e0 les vitres. Des immeubles, des zones pavillonnaires, des arbres, des terrains vagues, des temples bouddhistes, des clochers d’\u00e9glises<\/p>\n

mais pas uniquement, il y a aussi les images de l’int\u00e9rieur du wagon qui se refl\u00e8tent sur la vitre et donc celles du paysage ext\u00e9rieur. Des silhouettes, un visage qui regarde vers le dehors aussi, le mouvement des passagers dans l’all\u00e9e, ou encore si on entre dans la gare souterraine de Vincennes, la perspective d\u00e9multipli\u00e9e des diff\u00e9rents quais, des foules, des lignes et des lueurs artificielles.<\/p>\n

Gare de LYON, le regard cherche l’escalier, le regard traverse tout, murs affiches voyageurs il ne veut voir qu’un escalier qui m\u00e8ne vers les \u00e9tages sup\u00e9rieurs le d\u00e9part des grandes lignes. Escalier ou escalator. La gare de Lyon est une escale et, suivant l’itin\u00e9raire d\u00e9cid\u00e9, on choisira Grandes lignes ou m\u00e9tro pour se diriger, mais tout commence par l’escalier. L’imp\u00e9ratif de l’escalier, l’effort \u00e0 produire pour gravir, pour s’\u00e9lever, pour arriver \u00e0 l’\u00e9tage.<\/p>\n

Temples de la mis\u00e8re pour dire usines, ou lieux de torture, ou travail. Ce que je vois en sortant \u00e0 la station Bastille, en \u00e9tant recrach\u00e9 dans la rue Saint Antoine face \u00e0 l’immeuble de la Banque de France . Une perspective qui continue avec la rue de Rivoli, et qui, si je r\u00e9unis tous les souvenirs de l’avoir arpent\u00e9e me m\u00e8ne au Chatelet, au Louvres, puis \u00e0 la Concorde. Chacun de ses mots p\u00e8se son poids d’\u00e9motions, de souvenirs, de petites joies et de petites mis\u00e8res, mais tellement personnelles que \u00e7a devrait le rester.<\/p>\n

Comment parler de ce qui reste entre ces souvenirs, ces \u00e9motions. Comment trouver les mots pour me d\u00e9barrasser de tout \u00e7a. Est-ce un but que celui de vouloir s’en d\u00e9barrasser. Ou au contraire d\u00e9poser une bonne fois pour toutes tout \u00e7a en un lieu, un \u00e9crit, une tombe, un ici-g\u00eet...<\/p>\n

Une trou\u00e9e dans la ville depuis Bastille qui s’ouvre comme une fente, une fente importante de la ville, plus \u00e9troite que la longue rue de Vaugirard dans laquelle j’ai moins de souvenirs et d’\u00e9motions mais qui fait toujours ressurgir ses abattoirs. J’ai plus p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 la ville par cette fente premi\u00e8re que par la seconde dans laquelle je ne me suis qu’ hasard\u00e9. P\u00e9n\u00e9trer la ville de part en part. La connaitre par ses art\u00e8res, ses rues ses venelles, ses impasses, en connaitre chaque quartier, ses raccourcis, ses d\u00e9tours. Avoir des engouements qui poussent \u00e0 revenir dans tel ou tel quartier de la ville, des r\u00e9pulsions \u00e0 revenir dans d’autres.<\/p>\n

Juste quelques bribes de po\u00e9sie lues ce matin et d\u00e9j\u00e0 je pars en prose, comme on s’enfuit d’une chambre d’h\u00f4tel \u00e0 la cloche de bois.<\/p>\n

En parlant des chambres il y a de la mati\u00e8re. Bien qu’il n’y ait toujours qu’un lit, une table, un \u00e9vier, une vague armoire, une chaise et une fen\u00eatre. L’ameublement est toujours \u00e0 peu pr\u00e8s le m\u00eame. Et pourtant il y a tellement de chambres dans ma t\u00eate. Tellement que la chambre devient un symbole. Il suffit que je me dise une chambre pour que \u00e7a devienne une image kal\u00e9idoscopique. D’autant que l’\u00e2ge n’arrange pas les choses, les images se chevauchent se confondent tout comme les \u00e9poques, les lieux les personnes associ\u00e9es \u00e0 chacune de ces chambres .Une vie enti\u00e8re pass\u00e9e de chambre en chambre. La chambre comme un long corridor. La chambre l’antichambre de la naissance et de la mort.<\/p>\n

L’\u00e9tonnement de se retrouver seul dans une chambre inconnue. Entour\u00e9 d’objets inconnus. Un lit inconnu, une table inconnue, une armoire inconnue, une fen\u00eatre par laquelle aucun regard encore n’a travers\u00e9 les vitres. Au contact d’une chambre inconnu on est un inconnu. Il n’y a que de l’inconnu. Ce n’est pas d\u00e9sagr\u00e9able d’\u00e9prouver cette sensation. Ce qui est d\u00e9sagr\u00e9able c’est de vouloir rester qui l’on croit \u00eatre. d’\u00e9prouver un tremblement dans le connu. Une chambre inconnu remet en question qui l’on croit \u00eatre. C’est pour cela qu’on s’assoit sur le lit pour tester le matelas, que l’on d\u00e9place la chaise, la table pour les mettre \u00e0 une autre endroit, ou l’armoire pour mesurer encore sa force. On r\u00e9organise les meubles d’une chambre inconnue pour agir sur l’impression d\u00e9sagr\u00e9able de ne pas se sentir chez soi <\/em>. Mais la sensation peut malgr\u00e9 tout persister une fois cette action effectu\u00e9e. Le peu de r\u00e9pit que provoque l’illusion de vouloir s’accaparer un lieu, peut \u00eatre suffisant pour retrouver une illusion d’espoir. Pour ne pas s’allonger sur le lit, cesser de respirer, vouloir crever. Et m\u00eame si pouss\u00e9 par une sorte de lucidit\u00e9 pouss\u00e9e \u00e0 outrance, on va jusqu’\u00e0 s’allonger sur le lit, essayer d’arr\u00eater de respirer pour crever on se rend compte que ce n’est pas si facile. Que la vie est plus forte. Qu’on est d’une certaine fa\u00e7on oblig\u00e9 de s’y tenir, de s’accrocher \u00e0 quelque chose, n’importe quoi peut \u00e0 ce moment l\u00e0 faire affaire. Comme donner un coup de poing sur les couvertures. Ce qui est risible. Un rire peut nous faire glisser d’une envie de mort \u00e0 une envie de vivre. Il faut s’entrainer encore pas mal avant qu’un rire puisse nous emporter \u00e0 un second degr\u00e9, c’est \u00e0 dire passer d’une id\u00e9e d’importance \u00e0 l’indiff\u00e9rence totale. Ce qui n’est pas si d\u00e9sagr\u00e9able qu’on peut l’imaginer aussi.<\/p>\n

Marcher dans les rues pour se rendre au travail. Etre disponible pour voir ces rues, pour exp\u00e9rimenter de nouveaux itin\u00e9raires, pour observer les modifications li\u00e9es \u00e0 la saison. Les devantures, les vitrines, l’encombrement des rues \u00e0 certaines heures, ou au contraire la tranquillit\u00e9 de celles-ci, entendre son propre pas rebondir contre les murs. Rue du pas de la Mule, sous les arcades de la Place des Vosges, rue de Turenne, rue vieille du Temple. Les bruits propres \u00e0 chacune de ces rues. Les p\u00e9riodes au cours desquelles on sera plus attentif \u00e0 ces bruits, ces odeurs, ces brillances, ces changements subtils de luminosit\u00e9, et qui semblent contraster avec les p\u00e9riodes d’encombrement de soi-m\u00eame. Etre disponible ou indisponible. Etre pris dans la glue de l’habitude. Etre occup\u00e9. Se sentir occup\u00e9, avoir des soucis, des peines, des chagrins, des malheurs qui nous rendent indisponibles. Qui d\u00e9clenchent soudain des envies intempestives, pousser la porte d’une boulangerie, acheter un croissant l’engloutir en marchant, avaler quelque chose de doux en marchant dans l’aridit\u00e9 des rues. Le contact honteux de la main sur la poign\u00e9e d’une porte. La col\u00e8re qui s’empare du corps. Les pens\u00e9es noires que l’on distille au fond d’une pi\u00e8ce aveugle. la bou\u00e9e qu’on trouve en d\u00e9gottant les vies<\/em> de Plutarque. Se calmer par la lecture acharn\u00e9e, pour r\u00e9sister \u00e0 toutes ces heures qu’on donne \u00e0 des \u00e9trangers pour qu’ils nous permettent de payer un loyer, d’acheter un croissant, de vivre tout simplement. Avaler des livres pour s’enfuir comme on avale un croissant pour se souvenir du doux dans la duret\u00e9 des trajets.<\/p>\n

Lire des livres en pagaille. Orgies de lectures, lectures anarchiques. Une biblioth\u00e8que immense dont l’image nous aidera \u00e0 cr\u00e9er une image de l’in\u00e9puisable. D\u00e9sirer \u00e9puiser l’in\u00e9puisable. S’\u00e9puiser dans l’in\u00e9puisable. S’oublier dans l’in\u00e9puisable comme dans une sensualit\u00e9 morbide. S’oublier et se souvenir de quelque chose qui sans cesse s’\u00e9chappe. Se trouver et tout de suite se perdre, s’\u00e9garer encore plus loin. Mar\u00e9es de l’in\u00e9puisable dont il faudrait noter les heures afin de mieux les pr\u00e9voir, trouver des gu\u00e9s, un rythme, une organisation, un emploi du temps. Apprendre \u00e0 lire \u00e0 des heures r\u00e9guli\u00e8res. Cesser de se goinfrer de lecture. Jeuner au besoin. Comment dig\u00e9rer ensuite l’in\u00e9puisable dont on aura arrach\u00e9 la chair avec avidit\u00e9. l’in\u00e9puisable dans le sang, dans les visc\u00e8res continue \u00e0 faire son petit bonhomme de chemin. Les rues que l’on emprunte dans la ville appartiennent \u00e0 d’autres histoires comme les chambres dans lesquelles on se r\u00e9veille ont connu d’autres locataires. Et plus on p\u00e9n\u00e8tre dans l’in\u00e9puisable plus on s’\u00e9puise, on \u00e9puise quelque chose que l’on ne comprend pas, on sent bien qu’il s’agit d’un combat in\u00e9gal. On s’\u00e9puise, on perd une id\u00e9e d’importance comme une fa\u00e7ade r\u00e9nov\u00e9e son \u00e9chafaudage.<\/p>\n

On n’est plus si important qu’on croyait qu’on voulait. On habite seul une chambre dans la ville, on se rend \u00e0 pied \u00e0 son travail, on passe toutes ces heures qui semblent perdues \u00e0 tout jamais au profit de patrons qui vous les r\u00e9mun\u00e8rent chichement. On subit de toute \u00e9vidence au d\u00e9but une injustice. Est-ce que c’est seulement \u00e7a gagner sa vie ? Se contenter de ce qu’on veut bien nous donner, des restes, des os, jeter depuis la grande tabl\u00e9e des banquets. O\u00f9 est la dignit\u00e9 \u00e0 manger \u00e0 m\u00eame le sol les reliefs des riches. Est-ce que s’en plaindre y changera quelque chose. Est-ce que se mettre en rogne changera la donne. Est-ce que devenir z\u00e9l\u00e9, servile, sera vraiment utile. S’apercevoir dans la rue marcher vers un destin partag\u00e9 par des millions et ne pas parvenir \u00e0 saisir le mot solidaire. Prendre l’inverse alors. D\u00e9sirer le pire. Se d\u00e9barrasser de toutes les \u00e9pines. Jeter \u00e0 bas la couronne, l’aur\u00e9ole, la croix et la banni\u00e8re. Se r\u00e9volter comme on implose, en silence, entrer dans une librairie, acheter un carnet, un stylo, trouver un caf\u00e9 ensuite, s’attabler, \u00e9crire. Puis trouver \u00e7a tellement pu\u00e9ril, d\u00e9passer encore \u00e7a le pu\u00e9ril. Puis y revenir, se relire.<\/p>", "content_text": "Paysage \u00e0 Salaise sur Sanne Dimanche du mois de mai t\u00f4t le matin sur le parking du LIDL \n\nEn train, en mouvement, la vitesse, dans la ville, le lieu, la lenteur , confrontation du regard vers l\u2019ext\u00e9rieur, l\u2019int\u00e9rieur.\n\nQuelques bribes vol\u00e9es \u00e0 Bernard No\u00eblFORBACHTGVpartout les temples de la vieille mis\u00e8re\n\nmaisons de peine et d\u2019attente et de trop peu\n\n\u00eatre humain est un long travail d\u2019illusion\n\nla neige et le froid un bien petit hiver\n\n\u00e0 cot\u00e9 des exigences de l\u2019espoirle regard cherche \u00e0 sentir son invasion\n\nune fum\u00e9e trois maisons un trait de neige\n\ncomment voir la p\u00e9n\u00e9tration du l\u2019image\n\nson reflux quand les mots la jettent dehors\n\nmais rien et rien et rien un rond de lumi\u00e8re\n\nquelques formes \u00e0 peine vues dans la vitesse\n\nlangue balay\u00e9e par la vent\u00e9e du temps\n\nle noir a d\u00e9j\u00e0 imbib\u00e9 tout l\u2019espace\n\nchaque chose ainsi r\u00e9duite \u00e0 sa fum\u00e9e\n\nla solitude s\u2019\u00e9tend sur la fen\u00eatreExtrait d'une double page de son ouvrage le reste du voyage chez POL\n\nDes points de vue dissoci\u00e9s entre ce que l'on voit \u00e0 l'ext\u00e9rieur depuis un endroit fixe ( ville de Forbach) et un voyage en train pour rejoindre (peut-\u00eatre) cette ville. \n\nOn est \u00e0 Forbach et partout les temples de la vieille mis\u00e8re sont visibles \u00e0 l' ext\u00e9rieur, mais avec une consid\u00e9ration issue de int\u00e9rieur \n\nce que sont ces temples de la vieille mis\u00e8re, le lecteur peut l'imaginer comme des b\u00e2timents, peut-\u00eatre des usines. Puis un semblant de pr\u00e9cision est fourni avec les mots peine, attente, trop peu\n\nensuite une r\u00e9flexion \u00eatre humain un long travail d'illusion \n\nL'explication fournie est l'exigence de l'espoir \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de quoi l'hiver est moindre \n\nJe ne sais pas si c'est utile de d\u00e9cortiquer \u00e7a ne donne gu\u00e8re qu'un son de cloche semblable \u00e0 ces glissements.\n\nce qui est plus int\u00e9ressant ce sont les images que les groupes de mots d\u00e9clenchent, produisant des images parall\u00e8les.\n\nPartout les temples de la vieille mis\u00e8re \n\nDans le RER pour Paris, le matin avant l'aube, la travers\u00e9e des paysages urbains que l'on devine plus qu'on ne les voit aux travers des vitres Ce m\u00e9lange d\u00e9j\u00e0 entre les images ext\u00e9rieures, par del\u00e0 les vitres. Des immeubles, des zones pavillonnaires, des arbres, des terrains vagues, des temples bouddhistes, des clochers d'\u00e9glises\n\nmais pas uniquement, il y a aussi les images de l'int\u00e9rieur du wagon qui se refl\u00e8tent sur la vitre et donc celles du paysage ext\u00e9rieur. Des silhouettes, un visage qui regarde vers le dehors aussi, le mouvement des passagers dans l'all\u00e9e, ou encore si on entre dans la gare souterraine de Vincennes, la perspective d\u00e9multipli\u00e9e des diff\u00e9rents quais, des foules, des lignes et des lueurs artificielles.\n\nGare de LYON, le regard cherche l'escalier, le regard traverse tout, murs affiches voyageurs il ne veut voir qu'un escalier qui m\u00e8ne vers les \u00e9tages sup\u00e9rieurs le d\u00e9part des grandes lignes. Escalier ou escalator. La gare de Lyon est une escale et, suivant l'itin\u00e9raire d\u00e9cid\u00e9, on choisira Grandes lignes ou m\u00e9tro pour se diriger, mais tout commence par l'escalier. L'imp\u00e9ratif de l'escalier, l'effort \u00e0 produire pour gravir, pour s'\u00e9lever, pour arriver \u00e0 l'\u00e9tage. \n\nTemples de la mis\u00e8re pour dire usines, ou lieux de torture, ou travail. Ce que je vois en sortant \u00e0 la station Bastille, en \u00e9tant recrach\u00e9 dans la rue Saint Antoine face \u00e0 l'immeuble de la Banque de France . Une perspective qui continue avec la rue de Rivoli, et qui, si je r\u00e9unis tous les souvenirs de l'avoir arpent\u00e9e me m\u00e8ne au Chatelet, au Louvres, puis \u00e0 la Concorde. Chacun de ses mots p\u00e8se son poids d'\u00e9motions, de souvenirs, de petites joies et de petites mis\u00e8res, mais tellement personnelles que \u00e7a devrait le rester.\n\nComment parler de ce qui reste entre ces souvenirs, ces \u00e9motions. Comment trouver les mots pour me d\u00e9barrasser de tout \u00e7a. Est-ce un but que celui de vouloir s'en d\u00e9barrasser. Ou au contraire d\u00e9poser une bonne fois pour toutes tout \u00e7a en un lieu, un \u00e9crit, une tombe, un ici-g\u00eet... \n\nUne trou\u00e9e dans la ville depuis Bastille qui s'ouvre comme une fente, une fente importante de la ville, plus \u00e9troite que la longue rue de Vaugirard dans laquelle j'ai moins de souvenirs et d'\u00e9motions mais qui fait toujours ressurgir ses abattoirs. J'ai plus p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 la ville par cette fente premi\u00e8re que par la seconde dans laquelle je ne me suis qu' hasard\u00e9. P\u00e9n\u00e9trer la ville de part en part. La connaitre par ses art\u00e8res, ses rues ses venelles, ses impasses, en connaitre chaque quartier, ses raccourcis, ses d\u00e9tours. Avoir des engouements qui poussent \u00e0 revenir dans tel ou tel quartier de la ville, des r\u00e9pulsions \u00e0 revenir dans d'autres.\n\nJuste quelques bribes de po\u00e9sie lues ce matin et d\u00e9j\u00e0 je pars en prose, comme on s'enfuit d'une chambre d'h\u00f4tel \u00e0 la cloche de bois. \n\nEn parlant des chambres il y a de la mati\u00e8re. Bien qu'il n'y ait toujours qu'un lit, une table, un \u00e9vier, une vague armoire, une chaise et une fen\u00eatre. L'ameublement est toujours \u00e0 peu pr\u00e8s le m\u00eame. Et pourtant il y a tellement de chambres dans ma t\u00eate. Tellement que la chambre devient un symbole. Il suffit que je me dise une chambre pour que \u00e7a devienne une image kal\u00e9idoscopique. D'autant que l'\u00e2ge n'arrange pas les choses, les images se chevauchent se confondent tout comme les \u00e9poques, les lieux les personnes associ\u00e9es \u00e0 chacune de ces chambres .Une vie enti\u00e8re pass\u00e9e de chambre en chambre. La chambre comme un long corridor. La chambre l'antichambre de la naissance et de la mort.\n\nL'\u00e9tonnement de se retrouver seul dans une chambre inconnue. Entour\u00e9 d'objets inconnus. Un lit inconnu, une table inconnue, une armoire inconnue, une fen\u00eatre par laquelle aucun regard encore n'a travers\u00e9 les vitres. Au contact d'une chambre inconnu on est un inconnu. Il n'y a que de l'inconnu. Ce n'est pas d\u00e9sagr\u00e9able d'\u00e9prouver cette sensation. Ce qui est d\u00e9sagr\u00e9able c'est de vouloir rester qui l'on croit \u00eatre. d'\u00e9prouver un tremblement dans le connu. Une chambre inconnu remet en question qui l'on croit \u00eatre. C'est pour cela qu'on s'assoit sur le lit pour tester le matelas, que l'on d\u00e9place la chaise, la table pour les mettre \u00e0 une autre endroit, ou l'armoire pour mesurer encore sa force. On r\u00e9organise les meubles d'une chambre inconnue pour agir sur l'impression d\u00e9sagr\u00e9able de ne pas se sentir chez soi . Mais la sensation peut malgr\u00e9 tout persister une fois cette action effectu\u00e9e. Le peu de r\u00e9pit que provoque l'illusion de vouloir s'accaparer un lieu, peut \u00eatre suffisant pour retrouver une illusion d'espoir. Pour ne pas s'allonger sur le lit, cesser de respirer, vouloir crever. Et m\u00eame si pouss\u00e9 par une sorte de lucidit\u00e9 pouss\u00e9e \u00e0 outrance, on va jusqu'\u00e0 s'allonger sur le lit, essayer d'arr\u00eater de respirer pour crever on se rend compte que ce n'est pas si facile. Que la vie est plus forte. Qu'on est d'une certaine fa\u00e7on oblig\u00e9 de s'y tenir, de s'accrocher \u00e0 quelque chose, n'importe quoi peut \u00e0 ce moment l\u00e0 faire affaire. Comme donner un coup de poing sur les couvertures. Ce qui est risible. Un rire peut nous faire glisser d'une envie de mort \u00e0 une envie de vivre. Il faut s'entrainer encore pas mal avant qu'un rire puisse nous emporter \u00e0 un second degr\u00e9, c'est \u00e0 dire passer d'une id\u00e9e d'importance \u00e0 l'indiff\u00e9rence totale. Ce qui n'est pas si d\u00e9sagr\u00e9able qu'on peut l'imaginer aussi.\n\nMarcher dans les rues pour se rendre au travail. Etre disponible pour voir ces rues, pour exp\u00e9rimenter de nouveaux itin\u00e9raires, pour observer les modifications li\u00e9es \u00e0 la saison. Les devantures, les vitrines, l'encombrement des rues \u00e0 certaines heures, ou au contraire la tranquillit\u00e9 de celles-ci, entendre son propre pas rebondir contre les murs. Rue du pas de la Mule, sous les arcades de la Place des Vosges, rue de Turenne, rue vieille du Temple. Les bruits propres \u00e0 chacune de ces rues. Les p\u00e9riodes au cours desquelles on sera plus attentif \u00e0 ces bruits, ces odeurs, ces brillances, ces changements subtils de luminosit\u00e9, et qui semblent contraster avec les p\u00e9riodes d'encombrement de soi-m\u00eame. Etre disponible ou indisponible. Etre pris dans la glue de l'habitude. Etre occup\u00e9. Se sentir occup\u00e9, avoir des soucis, des peines, des chagrins, des malheurs qui nous rendent indisponibles. Qui d\u00e9clenchent soudain des envies intempestives, pousser la porte d'une boulangerie, acheter un croissant l'engloutir en marchant, avaler quelque chose de doux en marchant dans l'aridit\u00e9 des rues. Le contact honteux de la main sur la poign\u00e9e d'une porte. La col\u00e8re qui s'empare du corps. Les pens\u00e9es noires que l'on distille au fond d'une pi\u00e8ce aveugle. la bou\u00e9e qu'on trouve en d\u00e9gottant les vies de Plutarque. Se calmer par la lecture acharn\u00e9e, pour r\u00e9sister \u00e0 toutes ces heures qu'on donne \u00e0 des \u00e9trangers pour qu'ils nous permettent de payer un loyer, d'acheter un croissant, de vivre tout simplement. Avaler des livres pour s'enfuir comme on avale un croissant pour se souvenir du doux dans la duret\u00e9 des trajets.\n\nLire des livres en pagaille. Orgies de lectures, lectures anarchiques. Une biblioth\u00e8que immense dont l'image nous aidera \u00e0 cr\u00e9er une image de l'in\u00e9puisable. D\u00e9sirer \u00e9puiser l'in\u00e9puisable. S'\u00e9puiser dans l'in\u00e9puisable. S'oublier dans l'in\u00e9puisable comme dans une sensualit\u00e9 morbide. S'oublier et se souvenir de quelque chose qui sans cesse s'\u00e9chappe. Se trouver et tout de suite se perdre, s'\u00e9garer encore plus loin. Mar\u00e9es de l'in\u00e9puisable dont il faudrait noter les heures afin de mieux les pr\u00e9voir, trouver des gu\u00e9s, un rythme, une organisation, un emploi du temps. Apprendre \u00e0 lire \u00e0 des heures r\u00e9guli\u00e8res. Cesser de se goinfrer de lecture. Jeuner au besoin. Comment dig\u00e9rer ensuite l'in\u00e9puisable dont on aura arrach\u00e9 la chair avec avidit\u00e9. l'in\u00e9puisable dans le sang, dans les visc\u00e8res continue \u00e0 faire son petit bonhomme de chemin. Les rues que l'on emprunte dans la ville appartiennent \u00e0 d'autres histoires comme les chambres dans lesquelles on se r\u00e9veille ont connu d'autres locataires. Et plus on p\u00e9n\u00e8tre dans l'in\u00e9puisable plus on s'\u00e9puise, on \u00e9puise quelque chose que l'on ne comprend pas, on sent bien qu'il s'agit d'un combat in\u00e9gal. On s'\u00e9puise, on perd une id\u00e9e d'importance comme une fa\u00e7ade r\u00e9nov\u00e9e son \u00e9chafaudage.\n\nOn n'est plus si important qu'on croyait qu'on voulait. On habite seul une chambre dans la ville, on se rend \u00e0 pied \u00e0 son travail, on passe toutes ces heures qui semblent perdues \u00e0 tout jamais au profit de patrons qui vous les r\u00e9mun\u00e8rent chichement. On subit de toute \u00e9vidence au d\u00e9but une injustice. Est-ce que c'est seulement \u00e7a gagner sa vie ? Se contenter de ce qu'on veut bien nous donner, des restes, des os, jeter depuis la grande tabl\u00e9e des banquets. O\u00f9 est la dignit\u00e9 \u00e0 manger \u00e0 m\u00eame le sol les reliefs des riches. Est-ce que s'en plaindre y changera quelque chose. Est-ce que se mettre en rogne changera la donne. Est-ce que devenir z\u00e9l\u00e9, servile, sera vraiment utile. S'apercevoir dans la rue marcher vers un destin partag\u00e9 par des millions et ne pas parvenir \u00e0 saisir le mot solidaire. Prendre l'inverse alors. D\u00e9sirer le pire. Se d\u00e9barrasser de toutes les \u00e9pines. 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Le passeur 50x70 huile sur toile ( vendu)<\/p>\n

En dessin, que se dit-on pour chercher la puret\u00e9 qui serait d\u2019une efficacit\u00e9 autre, soi-disant sup\u00e9rieure que simple trace. Trouver le trac\u00e9 \u00e0 l\u2019instant T. N\u2019est-ce pas d\u00e9j\u00e0 tellement complexe ? \u00catre dans l\u2019instant pr\u00e9sent qui peut v\u00e9ritablement y parvenir, mais personne. Et quand bien m\u00eame y parviendrait-on rien ne dit qu\u2019on verrait quoi ce soit. Tout aurait d\u00e9j\u00e0 disparu, nous serions d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s \u00e0 autre chose.
Ensuite si l\u2019on r\u00e9fl\u00e9chit, si l\u2019on cherche la puret\u00e9 , il y a de grandes chances qu\u2019on se perde en supputations. Qu\u2019on mette \u00e0 feu et sang sa maison, son village, sa ville, un pays tout entier voire m\u00eame plusieurs ; sans pour autant la trouver.
Est-ce mieux, est-ce pire, comment puis-je encore am\u00e9liorer etc.<\/p>\n

Ce n\u2019est plus de la puret\u00e9 mais de l\u2019efficacit\u00e9, une illusion, un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 mal soign\u00e9, une pathologie incurable. Rien \u00e0 voir<\/p>\n

Dessiner comme \u00e7a vient au moment o\u00f9 \u00e7a vient manque parfois d\u2019efficacit\u00e9 mais on y gagne en puret\u00e9, sans le savoir.
Et c\u2019est justement tr\u00e8s bien de ne pas le savoir. C\u2019est ce qu\u2019il faut exactement, se tenir hors de tout savoir, de toute id\u00e9e de d\u00e9j\u00e0 vu concernant cette fameuse puret\u00e9.
Sinon on chercherait une puret\u00e9 semblable \u00e0 une autre, \u00e0 une m\u00e9moire de puret\u00e9, un mensonge et on s\u2019\u00e9garerait encore.
Ensuite, on palabrerait, encore des avis, des opinions parce que \u00e7a ne ressemble pas tout \u00e0 fait \u00e0, parce que c\u2019est disproportionn\u00e9, parce que ci ou \u00e7a, Tout \u00e7a surgirait de l\u2019ext\u00e9rieur ou de l\u2019int\u00e9rieur peu importe.
Les gens et soi-m\u00eame ignorons tout de la puret\u00e9 v\u00e9ritable alors nous nous reportons sur des ersatz. Mais si un ersatz vaut autant qu\u2019un g\u00e9n\u00e9rique voire un placebo, on pourra dire tout ce qu\u2019on voudra ; mais il faudra \u00e9viter de parler de puret\u00e9.
La puret\u00e9 n\u2019est probablement pas dans les choses ni dans les \u00eatres. De plus elle est si multiple qu\u2019on ne peut l\u2019enfermer dans une case ou une cage. Elle chemine dans un perp\u00e9tuel entre-deux, peut-\u00eatre dans ce fameux instant pr\u00e9sent dont tout le monde parle sans jamais le conna\u00eetre vraiment.
Elle ressurgit parfois avec des parures d\u2019\u00e9ternit\u00e9 selon la saison, la mode, le go\u00fbt du temps, pour redevenir brutale le cas \u00e9ch\u00e9ant lorsque la n\u00e9cessit\u00e9, le besoin s\u2019en fait sentir.<\/p>\n

La puret\u00e9 en dessin c\u2019est comme la puret\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, c\u2019est un loup blanc qu\u2019on ne voit que lorsqu\u2019il s\u2019enfuit d\u00e9j\u00e0 de la p\u00e9riph\u00e9rie de nos regards.<\/p>", "content_text": "Le passeur 50x70 huile sur toile ( vendu) \n\nEn dessin, que se dit-on pour chercher la puret\u00e9 qui serait d\u2019une efficacit\u00e9 autre, soi-disant sup\u00e9rieure que simple trace. Trouver le trac\u00e9 \u00e0 l\u2019instant T. N\u2019est-ce pas d\u00e9j\u00e0 tellement complexe ? \u00catre dans l\u2019instant pr\u00e9sent qui peut v\u00e9ritablement y parvenir, mais personne. Et quand bien m\u00eame y parviendrait-on rien ne dit qu\u2019on verrait quoi ce soit. Tout aurait d\u00e9j\u00e0 disparu, nous serions d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s \u00e0 autre chose.\n\nEnsuite si l\u2019on r\u00e9fl\u00e9chit, si l\u2019on cherche la puret\u00e9 , il y a de grandes chances qu\u2019on se perde en supputations. Qu\u2019on mette \u00e0 feu et sang sa maison, son village, sa ville, un pays tout entier voire m\u00eame plusieurs; sans pour autant la trouver.\n\nEst-ce mieux, est-ce pire, comment puis-je encore am\u00e9liorer etc.\n\nCe n\u2019est plus de la puret\u00e9 mais de l\u2019efficacit\u00e9, une illusion, un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 mal soign\u00e9, une pathologie incurable. Rien \u00e0 voir\n\nDessiner comme \u00e7a vient au moment o\u00f9 \u00e7a vient manque parfois d\u2019efficacit\u00e9 mais on y gagne en puret\u00e9, sans le savoir.\n\nEt c\u2019est justement tr\u00e8s bien de ne pas le savoir. C\u2019est ce qu\u2019il faut exactement, se tenir hors de tout savoir, de toute id\u00e9e de d\u00e9j\u00e0 vu concernant cette fameuse puret\u00e9.\n\nSinon on chercherait une puret\u00e9 semblable \u00e0 une autre, \u00e0 une m\u00e9moire de puret\u00e9, un mensonge et on s\u2019\u00e9garerait encore.\n\nEnsuite, on palabrerait, encore des avis, des opinions parce que \u00e7a ne ressemble pas tout \u00e0 fait \u00e0, parce que c\u2019est disproportionn\u00e9, parce que ci ou \u00e7a, Tout \u00e7a surgirait de l\u2019ext\u00e9rieur ou de l\u2019int\u00e9rieur peu importe.\n\nLes gens et soi-m\u00eame ignorons tout de la puret\u00e9 v\u00e9ritable alors nous nous reportons sur des ersatz. Mais si un ersatz vaut autant qu\u2019un g\u00e9n\u00e9rique voire un placebo, on pourra dire tout ce qu\u2019on voudra; mais il faudra \u00e9viter de parler de puret\u00e9.\n\nLa puret\u00e9 n\u2019est probablement pas dans les choses ni dans les \u00eatres. De plus elle est si multiple qu\u2019on ne peut l\u2019enfermer dans une case ou une cage. Elle chemine dans un perp\u00e9tuel entre-deux, peut-\u00eatre dans ce fameux instant pr\u00e9sent dont tout le monde parle sans jamais le conna\u00eetre vraiment.\n\nElle ressurgit parfois avec des parures d\u2019\u00e9ternit\u00e9 selon la saison, la mode, le go\u00fbt du temps, pour redevenir brutale le cas \u00e9ch\u00e9ant lorsque la n\u00e9cessit\u00e9, le besoin s\u2019en fait sentir.\n\nLa puret\u00e9 en dessin c\u2019est comme la puret\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, c\u2019est un loup blanc qu\u2019on ne voit que lorsqu\u2019il s\u2019enfuit d\u00e9j\u00e0 de la p\u00e9riph\u00e9rie de nos regards.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/2022-11-18-1207j-39a12e65.jpg?1762768903", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-vraie-definition-du-cretin.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-vraie-definition-du-cretin.html", "title": "La vraie d\u00e9finition du cr\u00e9tin", "date_published": "2023-05-21T05:02:36Z", "date_modified": "2025-11-10T10:06:11Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

photo prise ce dimanche 21 mai en me promenant dans une zone commerciale d\u00e9serte<\/p>\n

C’est en 1754 dans un article de l’Encyclop\u00e9die que Diderot reprend une d\u00e9finition du cr\u00e9tin des Alpes d’un m\u00e9moire r\u00e9dig\u00e9 le marquis de Maugiron 4 ann\u00e9es auparavant et intitul\u00e9 : \" Voyage en suisse\"<\/p>\n

On y parle du Valais et de sa capitale Sion comme la r\u00e9gion o\u00f9 la densit\u00e9 de cr\u00e9tins est la plus remarquable.<\/p>\n

Voici donc la d\u00e9finition du \"Cr\u00e9tin\" dans le langage d’origine<\/p>\n

« CRETINS<\/strong>, s. m. plur. (Hist. mod.<\/em>) On donne ce nom \u00e0 une esp\u00e8ce d\u2019hommes qui naissent dans le Valais en assez grande quantit\u00e9, & surtout \u00e0 Sion leur capitale. Ils sont sourds, muets, imbecilles, presque insensibles aux coups, & portent des go\u00eatres pendans jusqu\u2019\u00e0 la ceinture ; assez bonnes gens d\u2019ailleurs, ils sont incapables d\u2019id\u00e9es, & n\u2019ont qu\u2019une sorte d\u2019attrait assez violent pour leurs besoins. Ils s\u2019abandonnent aux plaisirs des sens de toute esp\u00e8ce, & leur imbecillit\u00e9 les emp\u00eache d\u2019y voir aucun crime. La simplicit\u00e9 des peuples du Valais leur fait regarder les Cretins<\/em> comme les anges tut\u00e9laires des familles, & ceux qui n\u2019en ont pas se croyent assez mal avec le ciel. Il est difficile d\u2019expliquer la cause & l\u2019effet du Cretinage<\/em>. La malpropret\u00e9, l\u2019\u00e9ducation, la chaleur excessive de ces vall\u00e9es, les eaux, les go\u00eatres m\u00eame, sont communs \u00e0 tous les enfans de ces peuples. Ils ne naissent pas cependant tous Cretins<\/em>.
Il en mourut un \u00e0 Sion pendant le s\u00e9jour que fit en cette ville M. le comte de Maugiron, de la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon ; on ne voulut point lui permettre de le faire ouvrir. Il s\u2019est born\u00e9 \u00e0 examiner (apparemment sur le vivant) les deux sexes ; il n\u2019y a rien remarqu\u00e9 ext\u00e9rieurement d\u2019extraordinaire que la peau d\u2019un jaune fort livide. Voyez Valais<\/em>. Ce d\u00e9tail est tir\u00e9 d\u2019un m\u00e9moire <\/em>de M. le comte de Maugiron, dont l\u2019extrait nous a \u00e9t\u00e9 communiqu\u00e9, & qui a \u00e9t\u00e9 lu \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon. »<\/p>\n

En 1873 un autre rapport commis par le professer Baillarger est remis au Ministre de l’agriculture et du commerce ( De la Bouillerie) en France et qui permet d’analyser la densit\u00e9 de cr\u00e9tins sur une population de 1000 personnes. Les Hautes Alpes et la Savoie remportent haut la main la palme avec respectivement 22.5 et 16 pour 1000. La moyenne g\u00e9n\u00e9rale des autres d\u00e9partements fran\u00e7ais \u00e9tant de 4\/1000<\/p>\n

Le cr\u00e9tinisme est souvent accompagn\u00e9 du goitre qui est une d\u00e9formation de la glande Thyro\u00efde.
\"L\u2019accroissement de la thyro\u00efde, allant de pair avec un fonctionnement d\u00e9fectueux des hormones thyro\u00efdiennes, engendre ce qu\u2019on appelle le « cr\u00e9tinisme », c\u2019est-\u00e0-dire un retard dans la croissance corporelle et mentale. Manifestations connexes : ventre pro\u00e9minent, langue gonfl\u00e9e, traits rugueux et peau s\u00e8che. Cette maladie qui a presque disparu, affectait surtout les populations des vall\u00e9es de la haute montagne. Les hormones thyro\u00efdiennes fonctionnant mal pendant la grossesse faute d\u2019iode, les cr\u00e9tins pr\u00e9sentent souvent des degr\u00e9s de d\u00e9bilit\u00e9 mentale pouvant allant jusqu\u2019\u00e0 l\u2019idiotie. D\u2019autre part, ils sont sexuellement d\u00e9ficients par le fait de la croissance insuffisante des organes g\u00e9nitaux. » reprise du rapport de 1851<\/p>\n

Peut-on extraire des hypoth\u00e8ses \u00e0 partir de cette d\u00e9finition ? Nous savons bien ce que valent les hypoth\u00e8ses. Quand on ne sait pas on tire une hypoth\u00e8se comme au tir au pigeon.<\/p>\n

---Le ph\u00e9nom\u00e8ne aurait-il d\u00e9bord\u00e9 au del\u00e0 du Valais ? Du territoire des Helv\u00e8tes ? Assistons-nous \u00e0 des inondations de cr\u00e9tinisme ?<\/p>\n

— Utilisions-nous le mot cr\u00e9tin \u00e0 tort et \u00e0 travers ?<\/p>\n

— L’Encyclop\u00e9die des Lumi\u00e8res n’\u00e9tait pas plus \u00e9clair\u00e9e que toute autre. Ce qui laisse penser qu’on peut vouloir se dire \u00e9clair\u00e9, que \u00e7a peut devenir une sorte de but, mais qu’au bout du compte on reste dans le noir.<\/p>\n

— Qu’une d\u00e9finition est susceptible de se modifier dans le temps, tout comme un mot ?<\/p>\n

— Nous sommes toujours dans une \u00e9poque de mutation. Tout mute, le cr\u00e9tin n’\u00e9chappe pas \u00e0 la r\u00e8gle.<\/p>\n

— Est-ce de la responsabilit\u00e9 d’Herg\u00e9 d’avoir d\u00e9voy\u00e9 le terme, le transformant en insulte dans la bouche du capitaine Haddock ?<\/p>\n

— Est-ce de la responsabilit\u00e9 d’intellectuels subversifs comme Antoine de<\/p>", "content_text": "photo prise ce dimanche 21 mai en me promenant dans une zone commerciale d\u00e9serte \n\nC'est en 1754 dans un article de l'Encyclop\u00e9die que Diderot reprend une d\u00e9finition du cr\u00e9tin des Alpes d'un m\u00e9moire r\u00e9dig\u00e9 le marquis de Maugiron 4 ann\u00e9es auparavant et intitul\u00e9 : \" Voyage en suisse\"\n\nOn y parle du Valais et de sa capitale Sion comme la r\u00e9gion o\u00f9 la densit\u00e9 de cr\u00e9tins est la plus remarquable. \n\nVoici donc la d\u00e9finition du \"Cr\u00e9tin\" dans le langage d'origine\n\n\u00ab CRETINS, s. m. plur. (Hist. mod.) On donne ce nom \u00e0 une esp\u00e8ce d\u2019hommes qui naissent dans le Valais en assez grande quantit\u00e9, & surtout \u00e0 Sion leur capitale. Ils sont sourds, muets, imbecilles, presque insensibles aux coups, & portent des go\u00eatres pendans jusqu\u2019\u00e0 la ceinture ; assez bonnes gens d\u2019ailleurs, ils sont incapables d\u2019id\u00e9es, & n\u2019ont qu\u2019une sorte d\u2019attrait assez violent pour leurs besoins. Ils s\u2019abandonnent aux plaisirs des sens de toute esp\u00e8ce, & leur imbecillit\u00e9 les emp\u00eache d\u2019y voir aucun crime. La simplicit\u00e9 des peuples du Valais leur fait regarder les Cretins comme les anges tut\u00e9laires des familles, & ceux qui n\u2019en ont pas se croyent assez mal avec le ciel. Il est difficile d\u2019expliquer la cause & l\u2019effet du Cretinage. La malpropret\u00e9, l\u2019\u00e9ducation, la chaleur excessive de ces vall\u00e9es, les eaux, les go\u00eatres m\u00eame, sont communs \u00e0 tous les enfans de ces peuples. Ils ne naissent pas cependant tous Cretins.\n\nIl en mourut un \u00e0 Sion pendant le s\u00e9jour que fit en cette ville M. le comte de Maugiron, de la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon ; on ne voulut point lui permettre de le faire ouvrir. Il s\u2019est born\u00e9 \u00e0 examiner (apparemment sur le vivant) les deux sexes ; il n\u2019y a rien remarqu\u00e9 ext\u00e9rieurement d\u2019extraordinaire que la peau d\u2019un jaune fort livide. Voyez Valais. Ce d\u00e9tail est tir\u00e9 d\u2019un m\u00e9moire de M. le comte de Maugiron, dont l\u2019extrait nous a \u00e9t\u00e9 communiqu\u00e9, & qui a \u00e9t\u00e9 lu \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon. \u00bb\n\nEn 1873 un autre rapport commis par le professer Baillarger est remis au Ministre de l'agriculture et du commerce ( De la Bouillerie) en France et qui permet d'analyser la densit\u00e9 de cr\u00e9tins sur une population de 1000 personnes. Les Hautes Alpes et la Savoie remportent haut la main la palme avec respectivement 22.5 et 16 pour 1000. La moyenne g\u00e9n\u00e9rale des autres d\u00e9partements fran\u00e7ais \u00e9tant de 4\/1000\n\nLe cr\u00e9tinisme est souvent accompagn\u00e9 du goitre qui est une d\u00e9formation de la glande Thyro\u00efde. \n\n\"L\u2019accroissement de la thyro\u00efde, allant de pair avec un fonctionnement d\u00e9fectueux des hormones thyro\u00efdiennes, engendre ce qu\u2019on appelle le \u00ab cr\u00e9tinisme \u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire un retard dans la croissance corporelle et mentale. Manifestations connexes : ventre pro\u00e9minent, langue gonfl\u00e9e, traits rugueux et peau s\u00e8che. Cette maladie qui a presque disparu, affectait surtout les populations des vall\u00e9es de la haute montagne. Les hormones thyro\u00efdiennes fonctionnant mal pendant la grossesse faute d\u2019iode, les cr\u00e9tins pr\u00e9sentent souvent des degr\u00e9s de d\u00e9bilit\u00e9 mentale pouvant allant jusqu\u2019\u00e0 l\u2019idiotie. D\u2019autre part, ils sont sexuellement d\u00e9ficients par le fait de la croissance insuffisante des organes g\u00e9nitaux. \u00bb reprise du rapport de 1851 \n\nPeut-on extraire des hypoth\u00e8ses \u00e0 partir de cette d\u00e9finition ? Nous savons bien ce que valent les hypoth\u00e8ses. Quand on ne sait pas on tire une hypoth\u00e8se comme au tir au pigeon. \n\n-\u2014Le ph\u00e9nom\u00e8ne aurait-il d\u00e9bord\u00e9 au del\u00e0 du Valais ? Du territoire des Helv\u00e8tes ? Assistons-nous \u00e0 des inondations de cr\u00e9tinisme ?\n\n\u2014 Utilisions-nous le mot cr\u00e9tin \u00e0 tort et \u00e0 travers ?\n\n\u2014 L'Encyclop\u00e9die des Lumi\u00e8res n'\u00e9tait pas plus \u00e9clair\u00e9e que toute autre. Ce qui laisse penser qu'on peut vouloir se dire \u00e9clair\u00e9, que \u00e7a peut devenir une sorte de but, mais qu'au bout du compte on reste dans le noir.\n\n\u2014 Qu'une d\u00e9finition est susceptible de se modifier dans le temps, tout comme un mot ? \n\n\u2014 Nous sommes toujours dans une \u00e9poque de mutation. Tout mute, le cr\u00e9tin n'\u00e9chappe pas \u00e0 la r\u00e8gle.\n\n\u2014 Est-ce de la responsabilit\u00e9 d'Herg\u00e9 d'avoir d\u00e9voy\u00e9 le terme, le transformant en insulte dans la bouche du capitaine Haddock ?\n\n\u2014 Est-ce de la responsabilit\u00e9 d'intellectuels subversifs comme Antoine de ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1889jpgw1024-0f7dae3b.jpg?1762769130", "tags": [] } ] }