{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Paysage-venteux.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Paysage-venteux.html", "title": "Paysage venteux", "date_published": "2023-10-03T06:21:20Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Et de nos plaintes<\/p>\n

du vent dans les arbres<\/p>\n

bruissement incessant<\/p>\n

bruit de fond<\/p>\n

de fin de temps<\/p>\n

un barrage de silence<\/p>\n

s\u2019y oppose<\/p>\n

Ponctu\u00e9 de p\u00e9piements d\u2019oiseaux<\/p>\n

De sonnette de v\u00e9lo<\/p>\n

de rame de m\u00e9tro<\/p>\n

kif kif bourricot.<\/p>\n

Je ne suis pas d\u2019accord pour \u00eatre triste aujourd\u2019hui<\/p>\n

Pour \u00eatre encore une fois de plus jet\u00e9 \u00e0 bas,<\/p>\n

maltrait\u00e9, insult\u00e9, m\u00e9pris\u00e9.<\/p>\n

Je ne suis pas d\u2019accord mais ils sont les plus forts<\/p>\n

Ils ont la loi pour eux vous savez<\/p>\n

Et nous n\u2019avons que nos yeux pour pleurer<\/p>\n

Et la vie continue exactement comme avant<\/p>\n

ni plus ni moins.<\/p>\n

Juste l\u00e0 au beau milieu<\/p>\n

On r\u00e2le une ar\u00eate en gorge une rouelle de rat blanc<\/p>\n

dans la cervelle<\/p>\n

on maugr\u00e9e au gr\u00e9 du vent mauvais.<\/p>\n

Les r\u00e9volutions sang et cendres de toute fa\u00e7on<\/p>\n

Tournent vinaigre en salade<\/p>\n

Les vieilles r\u00e9voltes refroidissent<\/p>\n

comme des bols de soupe<\/p>\n

le soir devant la t\u00e9l\u00e9.<\/p>\n

Elle disait qu\u2019elle n\u2019\u00e9tait pas satisfaite, qu\u2019elle n\u2019en avait pas pour son espoir, son argent. Oh combien de fois elle le disait, qu\u2019elle regrettait.<\/p>\n

Et le pauvre gars regardait \u00e7a de biais, il ne savait plus vraiment que dire que faire.<\/p>\n

Alors il ne dit rien, il continua \u00e0 serrer les dents<\/p>\n

en dedans plus que \u00e7a \u00e0 faire<\/p>\n

Elles implos\u00e8rent comme des vitres<\/p>\n

\u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de ses joues<\/p>\n

et ils les ravala encore une fois.<\/p>\n

Ce qui est beau l\u2019est depuis si longtemps et c\u2019est tellement ancr\u00e9 en nous nul \u00e9tonnement<\/p>\n

Si ce qui est du laid c\u2019est pareil.<\/p>\n

C\u2019est pour \u00e7a que ce beau l\u00e0 est bien si laid.<\/p>\n

Do r\u00e9 mi<\/p>\n

mi r\u00e9 do<\/p>", "content_text": "Et de nos plaintes du vent dans les arbres bruissement incessant bruit de fond de fin de temps un barrage de silence s\u2019y oppose Ponctu\u00e9 de p\u00e9piements d\u2019oiseaux De sonnette de v\u00e9lo de rame de m\u00e9tro kif kif bourricot. Je ne suis pas d\u2019accord pour \u00eatre triste aujourd\u2019hui Pour \u00eatre encore une fois de plus jet\u00e9 \u00e0 bas, maltrait\u00e9, insult\u00e9, m\u00e9pris\u00e9. Je ne suis pas d\u2019accord mais ils sont les plus forts Ils ont la loi pour eux vous savez Et nous n\u2019avons que nos yeux pour pleurer Et la vie continue exactement comme avant ni plus ni moins. Juste l\u00e0 au beau milieu On r\u00e2le une ar\u00eate en gorge une rouelle de rat blanc dans la cervelle on maugr\u00e9e au gr\u00e9 du vent mauvais. Les r\u00e9volutions sang et cendres de toute fa\u00e7on Tournent vinaigre en salade Les vieilles r\u00e9voltes refroidissent comme des bols de soupe le soir devant la t\u00e9l\u00e9. Elle disait qu\u2019elle n\u2019\u00e9tait pas satisfaite, qu\u2019elle n\u2019en avait pas pour son espoir, son argent. Oh combien de fois elle le disait, qu\u2019elle regrettait. Et le pauvre gars regardait \u00e7a de biais, il ne savait plus vraiment que dire que faire. Alors il ne dit rien, il continua \u00e0 serrer les dents en dedans plus que \u00e7a \u00e0 faire Elles implos\u00e8rent comme des vitres \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de ses joues et ils les ravala encore une fois. Ce qui est beau l\u2019est depuis si longtemps et c\u2019est tellement ancr\u00e9 en nous nul \u00e9tonnement Si ce qui est du laid c\u2019est pareil. C\u2019est pour \u00e7a que ce beau l\u00e0 est bien si laid. Do r\u00e9 mi mi r\u00e9 do", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/paysage_venteux.jpg?1748065117", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/pluie-et-orage.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/pluie-et-orage.html", "title": "Pluie et orage", "date_published": "2023-09-28T04:47:20Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Pluie et orage toute la nuit, temp\u00e9rature autour de 20° , acrobaties dans l’obscurit\u00e9 pour trouver de quoi petit d\u00e9jeuner ce matin, caf\u00e9 soluble et eau bouillante, mais l\u2019espace est r\u00e9duit donc on peux s\u2019y d\u00e9placer de nuit sans r\u00e9veiller l\u2019autre, en pratiquant un brin de ta\u00ef chi, position du panda sur une jambe, de la cigale sourde, du chat qui d\u00e9teste l\u2019eau en silence et puis on trouve l\u2019issue vers la mer, et ce qui en premier nous en arrive c\u2019est son bruit, le bruit de la mer qui vient embrasser les rochers, la c\u00f4te. Ainsi donc des manifestations en g\u00e9n\u00e9ral que l\u2019on habille de tant de noms, de mots, mauvais temps , beau temps, drames, trag\u00e9dies, temp\u00eates, sin\u00e9cures et vill\u00e9giatures ; mais ce sera bien pour avoir \u00e0 en dire quelque chose. Car on peut tout \u00e0 fait se tenir l\u00e0, dans la posture du phasme, se confondant dans le d\u00e9cor sans mot dire, vaquer lentement mais fermement \u00e0 sa vacuit\u00e9.<\/p>\n

ce qui ne sert pas \u00e0 grand chose c\u2019est bien de se faire une opinion de quoi que ce soit, \u00e9tant donn\u00e9 la mobilit\u00e9 de l\u2019\u00eatre et des choses. Tr\u00e8s difficile de rester sans, surtout aujourd\u2019hui . Tout semble fait pour nous solliciter voire nous contraindre \u00e0 en formuler une voire de multiples . N\u2019avoir aucune opinion est suspect. Il faut fournir la preuve qu\u2019on a une opinion. l\u2019opinion ou la mort. Et la contrainte viendrait autant de l\u2019ext\u00e9rieur que de l\u2019int\u00e9rieur sous peine d\u2019excommunication. Si toutefois on croit encore au pape, \u00e0 ses bulles et \u00e0 toute institution charg\u00e9e de b\u00e2illonner l\u2019\u00e9nergie vitale, ce qu\u2019on nomme violence \u00e0 l\u2019\u00e9tat pur.<\/p>\n

et ainsi de suite « ni jamais la m\u00eame ni tout \u00e0 fait une autre »
\nLe nom ne m\u2019est pas familier, il est encore impronon\u00e7able. A l\u2019arriv\u00e9e dans l\u2019\u00eele nous entrons les coordonn\u00e9es de la location dans le GPS et suivons la voix f\u00e9minine nous guidant dans la montagne. C\u2019est ainsi que nous d\u00e9couvrons un second tunnel du Fr\u00e9jus, mais gratuit celui-l\u00e0. Au moins 3 ou 4 peut-\u00eatre m\u00eame 5 ou 6 kilom\u00e8tres, une obscurit\u00e9 ut\u00e9rine, et tout au bout enfin la lueur, l\u2019espoir de sortir enfin, l\u2019extase apr\u00e8s l\u2019angoisse. Toujours la m\u00eame histoire.<\/p>\n

De toute cette com\u00e9die humaine \u00e0 laquelle bon an mal an nous sommes contraints de participer, cela vaut le coup de lire ou relire Balzac car en la d\u00e9taillant ainsi aussi finement, avec force d\u00e9tails du d\u00e9cor il nous aide \u00e0 prendre un recul salutaire avec celle-ci. Non en se disant je vaux mieux qu\u2019un tel une telle, ce n\u2019est pas \u00e7a, mais il nous aide \u00e0 mettre le doigt sur l\u2019ensemble, \u00e0 le percevoir comme on peut percevoir une musique peu \u00e0 peu en l\u2019extrayant d\u2019une premi\u00e8re impression cacophonique. Ainsi prenant conscience, le d\u00e9cor s\u2019\u00e9claire l\u2019esprit emprunte tous les r\u00f4les et les nouant les d\u00e9nouant devant nos yeux, apporte cette petite touche \u00e0 la fois \u00e9trange, ce je ne sais quoi d\u2019\u00e9tranget\u00e9 qui peut provoquer un malaise sous l\u2019acropole pour certains et faire sourire d\u2019autres, car cette \u00e9tranget\u00e9 n\u2019est pas d\u00e9pourvue d\u2019humour, ce qui me r\u00e9conforte d\u2019une mani\u00e8re si r\u00e9currente si insistante que je peux la sentir juste ainsi.<\/p>\n

Comme il pleut, je continue ces notes. Des lieux, des objets, des paroles, des odeurs, des go\u00fbts, du toucher de certaines textures et mat\u00e9riaux que l\u2019on puise dans l\u2019exp\u00e9rience personnelle et dont on se servira dans les tentatives d\u2019\u00e9criture quelle qu\u2019elles soient, autobiographiques ou dites « de fiction » — toujours un doute qu\u2019il puisse exister une v\u00e9ritable diff\u00e9rence entre les deux. Car d\u00e9j\u00e0 l\u2019effort pour nommer l\u2019exp\u00e9rience est arbitraire et le cheminement d\u2019une na\u00efvet\u00e9 l\u2019autre pr\u00e9caire.<\/p>\n

Le mot peut \u00eatre catalyseur, r\u00e9ceptacle, d\u00e9clencheur. Sa lecture, sa lecture silencieuse, le croit-on, ou \u00e0 voix haute. Et il y a aussi ce voyage qu\u2019un mot fait avec nous durant toute notre vie, la fa\u00e7on dont il va s\u2019enrichir ou s\u2019appauvrir selon l\u2019attention qu\u2019on lui apporte tout au long des circonstances travers\u00e9es convoquant son usage. Il y a les mots nouveaux aussi appris au fur et a mesure de l’\u00e2ge de l\u2019exp\u00e9rience, ceux que l\u2019on accepte fraternellement, et d\u2019autres beaucoup moins, que l\u2019on se d\u00e9p\u00eachera d\u2019oublier, d\u2019ailleurs ce sont ceux l\u00e0 qui par la suite une fois creus\u00e9 la raison l\u2019oubli deviendront souvent nos plus intimes, pr\u00e9cieux, dont l\u2019amiti\u00e9 aura \u00e9t\u00e9 gagn\u00e9e de haute lutte.<\/p>\n

hier nous nous nous faisions la r\u00e9flexion que nous aimons les « \u00eeles » avec mon \u00e9pouse. Nous avons \u00e9num\u00e9r\u00e9 toutes celles o\u00f9 nous sommes all\u00e9s. Corse, Sicile, Cr\u00eate, Kalymnos, Andros, Patmos, Noirmoutier, Capri, Cuba . Quels furent les crit\u00e8res nous permettant d\u2019associer le mot et l\u2019exp\u00e9rience \u00e0 ce moment l\u00e0\u2026 la mer, les bateaux, un je ne sais quoi de plus difficile \u00e0 dire sur le moment mais qui sans doute participe de nos deux imaginaires confondus avec le mot et les r\u00eaves, les lectures, tout ce qui nous arrive de l\u2019ext\u00e9rieur comme de l\u2019int\u00e9rieur du mot \u00eele, et bien sur toutes les sonorit\u00e9s, la phon\u00e9tique entendue sur tous les tons depuis l\u2019origine de nos deux existences, l\u2019ile de la Cit\u00e9, Isle et Bardais, Isla Mujeres, Ile de France.<\/p>\n

« Il et elle » tout commence et s\u2019ach\u00e8ve ainsi phon\u00e9tiquement ainsi de tout ce qu\u2019un \u00eatre puisse se dire et l\u2019exprimer.<\/p>\n

La vieillesse est une ile entour\u00e9e par la mort (Juan Montalvo, On Beauty )<\/p>\n<\/span>

\n
\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": "Pluie et orage toute la nuit, temp\u00e9rature autour de 20\u00b0 , acrobaties dans l'obscurit\u00e9 pour trouver de quoi petit d\u00e9jeuner ce matin, caf\u00e9 soluble et eau bouillante, mais l\u2019espace est r\u00e9duit donc on peux s\u2019y d\u00e9placer de nuit sans r\u00e9veiller l\u2019autre, en pratiquant un brin de ta\u00ef chi, position du panda sur une jambe, de la cigale sourde, du chat qui d\u00e9teste l\u2019eau en silence et puis on trouve l\u2019issue vers la mer, et ce qui en premier nous en arrive c\u2019est son bruit, le bruit de la mer qui vient embrasser les rochers, la c\u00f4te. Ainsi donc des manifestations en g\u00e9n\u00e9ral que l\u2019on habille de tant de noms, de mots, mauvais temps , beau temps, drames, trag\u00e9dies, temp\u00eates, sin\u00e9cures et vill\u00e9giatures; mais ce sera bien pour avoir \u00e0 en dire quelque chose. Car on peut tout \u00e0 fait se tenir l\u00e0, dans la posture du phasme, se confondant dans le d\u00e9cor sans mot dire, vaquer lentement mais fermement \u00e0 sa vacuit\u00e9. ce qui ne sert pas \u00e0 grand chose c\u2019est bien de se faire une opinion de quoi que ce soit, \u00e9tant donn\u00e9 la mobilit\u00e9 de l\u2019\u00eatre et des choses. Tr\u00e8s difficile de rester sans, surtout aujourd\u2019hui . Tout semble fait pour nous solliciter voire nous contraindre \u00e0 en formuler une voire de multiples . N\u2019avoir aucune opinion est suspect. Il faut fournir la preuve qu\u2019on a une opinion. l\u2019opinion ou la mort. Et la contrainte viendrait autant de l\u2019ext\u00e9rieur que de l\u2019int\u00e9rieur sous peine d\u2019excommunication. Si toutefois on croit encore au pape, \u00e0 ses bulles et \u00e0 toute institution charg\u00e9e de b\u00e2illonner l\u2019\u00e9nergie vitale, ce qu\u2019on nomme violence \u00e0 l\u2019\u00e9tat pur. et ainsi de suite \u00ab ni jamais la m\u00eame ni tout \u00e0 fait une autre \u00bb Le nom ne m\u2019est pas familier, il est encore impronon\u00e7able. A l\u2019arriv\u00e9e dans l\u2019\u00eele nous entrons les coordonn\u00e9es de la location dans le GPS et suivons la voix f\u00e9minine nous guidant dans la montagne. C\u2019est ainsi que nous d\u00e9couvrons un second tunnel du Fr\u00e9jus, mais gratuit celui-l\u00e0. Au moins 3 ou 4 peut-\u00eatre m\u00eame 5 ou 6 kilom\u00e8tres, une obscurit\u00e9 ut\u00e9rine, et tout au bout enfin la lueur, l\u2019espoir de sortir enfin, l\u2019extase apr\u00e8s l\u2019angoisse. Toujours la m\u00eame histoire. De toute cette com\u00e9die humaine \u00e0 laquelle bon an mal an nous sommes contraints de participer, cela vaut le coup de lire ou relire Balzac car en la d\u00e9taillant ainsi aussi finement, avec force d\u00e9tails du d\u00e9cor il nous aide \u00e0 prendre un recul salutaire avec celle-ci. Non en se disant je vaux mieux qu\u2019un tel une telle, ce n\u2019est pas \u00e7a, mais il nous aide \u00e0 mettre le doigt sur l\u2019ensemble, \u00e0 le percevoir comme on peut percevoir une musique peu \u00e0 peu en l\u2019extrayant d\u2019une premi\u00e8re impression cacophonique. Ainsi prenant conscience, le d\u00e9cor s\u2019\u00e9claire l\u2019esprit emprunte tous les r\u00f4les et les nouant les d\u00e9nouant devant nos yeux, apporte cette petite touche \u00e0 la fois \u00e9trange, ce je ne sais quoi d\u2019\u00e9tranget\u00e9 qui peut provoquer un malaise sous l\u2019acropole pour certains et faire sourire d\u2019autres, car cette \u00e9tranget\u00e9 n\u2019est pas d\u00e9pourvue d\u2019humour, ce qui me r\u00e9conforte d\u2019une mani\u00e8re si r\u00e9currente si insistante que je peux la sentir juste ainsi. Comme il pleut, je continue ces notes. Des lieux, des objets, des paroles, des odeurs, des go\u00fbts, du toucher de certaines textures et mat\u00e9riaux que l\u2019on puise dans l\u2019exp\u00e9rience personnelle et dont on se servira dans les tentatives d\u2019\u00e9criture quelle qu\u2019elles soient, autobiographiques ou dites \u00ab de fiction \u00bb \u2014 toujours un doute qu\u2019il puisse exister une v\u00e9ritable diff\u00e9rence entre les deux. Car d\u00e9j\u00e0 l\u2019effort pour nommer l\u2019exp\u00e9rience est arbitraire et le cheminement d\u2019une na\u00efvet\u00e9 l\u2019autre pr\u00e9caire. Le mot peut \u00eatre catalyseur, r\u00e9ceptacle, d\u00e9clencheur. Sa lecture, sa lecture silencieuse, le croit-on, ou \u00e0 voix haute. Et il y a aussi ce voyage qu\u2019un mot fait avec nous durant toute notre vie, la fa\u00e7on dont il va s\u2019enrichir ou s\u2019appauvrir selon l\u2019attention qu\u2019on lui apporte tout au long des circonstances travers\u00e9es convoquant son usage. Il y a les mots nouveaux aussi appris au fur et a mesure de l'\u00e2ge de l\u2019exp\u00e9rience, ceux que l\u2019on accepte fraternellement, et d\u2019autres beaucoup moins, que l\u2019on se d\u00e9p\u00eachera d\u2019oublier, d\u2019ailleurs ce sont ceux l\u00e0 qui par la suite une fois creus\u00e9 la raison l\u2019oubli deviendront souvent nos plus intimes, pr\u00e9cieux, dont l\u2019amiti\u00e9 aura \u00e9t\u00e9 gagn\u00e9e de haute lutte. hier nous nous nous faisions la r\u00e9flexion que nous aimons les \u00ab \u00eeles \u00bb avec mon \u00e9pouse. Nous avons \u00e9num\u00e9r\u00e9 toutes celles o\u00f9 nous sommes all\u00e9s. Corse, Sicile, Cr\u00eate, Kalymnos, Andros, Patmos, Noirmoutier, Capri, Cuba . Quels furent les crit\u00e8res nous permettant d\u2019associer le mot et l\u2019exp\u00e9rience \u00e0 ce moment l\u00e0\u2026 la mer, les bateaux, un je ne sais quoi de plus difficile \u00e0 dire sur le moment mais qui sans doute participe de nos deux imaginaires confondus avec le mot et les r\u00eaves, les lectures, tout ce qui nous arrive de l\u2019ext\u00e9rieur comme de l\u2019int\u00e9rieur du mot \u00eele, et bien sur toutes les sonorit\u00e9s, la phon\u00e9tique entendue sur tous les tons depuis l\u2019origine de nos deux existences, l\u2019ile de la Cit\u00e9, Isle et Bardais, Isla Mujeres, Ile de France. \u00ab Il et elle \u00bb tout commence et s\u2019ach\u00e8ve ainsi phon\u00e9tiquement ainsi de tout ce qu\u2019un \u00eatre puisse se dire et l\u2019exprimer. La vieillesse est une ile entour\u00e9e par la mort (Juan Montalvo, On Beauty ) ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/vue_sur_l_adriatique_au_petit_matin_croatie_3.jpg?1748065178", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/orientation.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/orientation.html", "title": "Orientation ", "date_published": "2023-09-28T04:36:44Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Une attention toujours maintenue \u00e0 tout ce qui nous entoure vaut elle quoique ce soit si l\u2019 on n\u2019est pas attentif \u00e0 cette attention elle-m\u00eame, l\u2019englobant dans l\u2019observation, dans l\u2019exp\u00e9rience et si, \u00e0 un moment ou un autre de ce processus on ne se demande pas « pourquoi » Pourquoi vouloir rester dans cette attention, dans cette sorte de tension, \u00e0 recueillir autant d\u2019informations pour finalement les laisser nous traverser et n\u2019en rien dire, conserver ce fant\u00f4me, cet amas n\u00e9buleux comme un avare conserve son or. Mais l\u2019avarice est-elle encore un d\u00e9faut dans cette \u00e9poque apocalyptique o\u00f9 toutes les valeurs s\u2019inversent comme s\u2019inversent les genres, la g\u00e9opolitique, les p\u00f4les magn\u00e9tiques, et probablement tout un tas de choses qu\u2019on ignore encore ?<\/p>\n

Il est sans doute b\u00e9n\u00e9fique pour les nerfs de s\u2019attendre \u00e0 tout comme \u00e0 rien avec \u00e9quanimit\u00e9. Que l\u2019id\u00e9e d\u2019importance que l\u2019on s\u2019invente ne soit \u00e9clair\u00e9e alors que par la seule certitude d’avoir \u00e0 disparaitre un jour. Et partant, si on oublie cette certitude quelques instants, la gr\u00e2ce en profite probablement au m\u00eame instant pour nous tomber dessus. Et de s\u2019inventer derechef une bienveillance, une compassion, de l\u2019amiti\u00e9, de l\u2019amour.<\/p>\n

La vieille baudruche se d\u00e9gonfle, on assiste alors dans la capitulation de l\u2019attention \u00e0 sa propre disparition, mais d\u2019une fa\u00e7on douce, molle, presque confortable. On croit qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une premi\u00e8re, et on se p\u00e2me d\u00e9j\u00e0 d\u2019\u00eatre un nouveau Colomb d\u00e9couvrant un nouveau monde, un nouvel espoir de vivre diff\u00e9remment, mais non, si on examine froidement tout cela, c\u2019est encore du trafic, du bricolage, un nouveau labyrinthe dans lequel trottine le rat blanc, incorrigible ego ; mais comment ne pas admirer ce ph\u00e9nom\u00e8ne de la nature, toute cette inventivit\u00e9 pour se leurrer sans rel\u00e2che, pour gagner du temps, reculer le plus possible le moment fatidique de l\u2019\u00e9veil ? Comment ne pas \u00eatre tent\u00e9 de s\u2019attendrir comme un vieil homme assit sur un banc observe les enfants jouant au dehors comme en lui dans un gigantesque bac \u00e1 sable ? cet attendrissement est sans doute la derni\u00e8re cartouche qu\u2019on se tirera dans le crane , tout un oc\u00e9an d\u2019attendrissement se ruera alors \u00e0 l\u2019assaut des c\u00f4tes de ce qu\u2019il reste de notre orgueil de notre vanit\u00e9, les emportera dans son reflux et nous deviendrons cette mousse, cette \u00e9cume enfin d\u00e9barrass\u00e9 de toute attention de toute importance sous le vaste ciel o\u00f9 les oiseaux \u00e9crivent libert\u00e9 en toute lettre en toute langue.<\/p>\n

Ne disposant pas du 22\/11\/63, de Stephen King je me contente de lire insomnies. Le but \u00e9tant d\u2019observer comment l\u2019auteur tire sur trois fois rien pour en faire 1000 pages ce qui demande quoiqu\u2019on en dise ou pense \u00e0 la fois du m\u00e9tier et du talent. Apr\u00e8s tout on n\u2019est pas si loin de Balzac. Et si au 19 -\u00e8me si\u00e8cle l\u2019int\u00e9r\u00eat du lecteur \u00e9tait app\u00e2t\u00e9 par la Com\u00e9die humaine, ses acteurs, ses enjeux, ses ressorts psychologiques, il ne reste plus grand chose de cet int\u00e9r\u00eat aujourd\u2019hui. Si on lit Balzac c\u2019est que l\u2019on est encore \u00e1 l\u2019\u00e9cole ou dans un atelier d\u2019\u00e9criture. Et bien des personnes que l\u2019on nomme Comme il faut, cultiv\u00e9es, savantes, expertes dans le champs litt\u00e9raire n\u2019ignorent certainement pas Stephen King, \u00e1 moins de vouloir maintenir en elles comme vis a vis du dehors une posture idiote. Stephen King \u00e9crivain populaire tout \u00e0 fait comme \u00e9tait honor\u00e9 du terme Balzac en son temps. Devenu d\u00e9sormais r\u00e9v\u00e9r\u00e9 par les gens dits de gauche aujourd\u2019hui, quand on a encore la joie de savoir o\u00f9 se tiennent la gauche et la droite \u00e9videmment.<\/p>\n

Je veux dite aussi que l\u2019inconscient est un continent v\u00e9ritable dont on n\u2019a encore rien explor\u00e9 vraiment toute d\u00e9f\u00e9rence gard\u00e9e envers la psychologie et ses adeptes. Ce n\u2019est pas par raisonnement qu\u2019on y avance, qu\u2019on s\u2019y oriente, surtout si l\u2019on continue \u00e0 d\u00e9sirer les quatre points cardinaux, dont on a oubli\u00e9 qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une fiction.<\/p>\n

Ainsi passer de la lecture des illusions perdues, du chef d\u2019\u0153uvre inconnu \u00e0 insomnies n\u2019est pas pur hasard, pas plus que \u00e7a n\u2019a de sens de la fa\u00e7on dont on se sert de ce mot. Ce n\u2019est pas non plus du vaudou du maraboutage. C\u2019est l\u2019inconscient et c\u2019est de la po\u00e9sie. En disant \u00e7a je ne d\u00e9flore rien et tout va bien.<\/p>\n

Tant pis si c\u2019est long, c\u2019est peut-\u00eatre tout un cheminement d\u2019\u00e9criture \u00e0 emprunter pour parvenir au nerf soudain, \u00e0 un quelque chose qui \u00e0 provoqu\u00e9 le mouvement, la marche, le branle. On sent que quelque chose pousse, on ne sait pas ce que \u00e7a peut \u00eatre, on doit m\u00eame se d\u00e9sint\u00e9resser de ce que c\u2019est pour qu\u2019au detour d\u2019un paragraphe, d\u2019une phrase d\u2019un mot on se retrouve soudain nez \u00e0 nez avec \u00e7a.<\/p>\n

Il tire sur trois fois rien pour en faire 1000 pages. Ce trois fois rien<\/i> n’est-ce pas ainsi que l’on peut nommer tant de choses que l\u2019on ignore ; que l\u2019on veut surtout ignorer, car on sent tr\u00e8s pr\u00e9cis\u00e9ment qu\u2019il s\u2019y loge toute l\u2019\u00e9tranget\u00e9 qui risquera de nous \u00e9pouvanter. Un r\u00e9el in\u00e9dit. Ce qui rejoint encore cette vieille intuition que rien ne vient pour rien, que cette histoire de hasard ne sert qu\u2019\u00e0 rassurer les experts, les conforter dans leur fantasme expertise.<\/p>\n

L\u2019analogie est elle une fiction comme tant d\u2019autres ? Que peut aujourd’hui valoir un raisonnement par analogie, par le fait de d\u00e9couvrir une similarit\u00e9 dissimul\u00e9e entre des objets qui, de prime abord n\u2019ont rien de semblable.<\/p>\n

Ma sp\u00e9cialit\u00e9 ou ma maladie incurable.<\/p>\n

Ou encore et tout simplement un jeu, cette vieille histoire de Jeannot lapin. Quelqu\u2019un me disait hier encore que c\u2019\u00e9tait une posture, que je m\u2019amuse \u00e0 n\u2019\u00eatre convaincu de rien. J\u2019y ai repens\u00e9 en me promenant sur le bord de mer, d\u2019abord au fait que l’on puisse avoir un tel toupet de balancer ce genre de chose \u00e1 quelqu\u2019un qu\u2019on ne connait qu\u2019\u00e0 peine. Quel miroir est donc le texte pour d\u00e9clencher ce genre de r\u00e9action. Est-ce que j\u2019en ai \u00e9t\u00e9 agac\u00e9, meurtri d\u2019une quelconque fa\u00e7on. Je veux dire que l\u2019on confonde ainsi le narrateur avec celui qui ne dit (pour autant que j\u2019en sache ) absolument rien de qui il est vraiment. Jamais rien. Mais justement le narrateur doit \u00e0 cet instant r\u00e9pliquer, il doit dire mais de quel droit, quelle extravagance, quel d\u00e9lire viens- tu t\u2019immiscer dans mon texte !? l’ Imb\u00e9cilit\u00e9 de ce narrateur l\u00e0 est-elle \u00e0 l’image de celle du v\u00e9ritable auteur. Encore des doutes sur ce qu’est vraiment l’imb\u00e9cilit\u00e9 comme l’intelligence. Des r\u00e9sistances \u00e0 quoi.<\/p>\n

Ensuite, \u00e1 quoi bon. A quoi bon cela te servira t\u2019il d\u2019engager de telles palabres. Du coup le narrateur se drape dans son orgueil, rel\u00e8ve le menton , toise cet autre personnage- car \u00e9videmment que s\u2019en est un autre, et\u2026 ne dit rien.<\/p>\n

Ce qui me rappelle un minuscule \u00e9v\u00e8nement sur le bateau Ancone- Split le matin \u00e1 l\u2019ouverture du bar pour le petit d\u00e9jeuner . J\u2019\u00e9tais parmi les tous premiers \u00e0 faire la queue quand soudain une belle jeune fille subrepticement s\u2019immisce juste devant moi, ce qui \u00e9videmment m\u2019agace car du coup je me sens vieux et idiot au travers de ce qu\u2019elle peut bien imaginer de moi en effectuant ce genre de manoeuvre. Donc je colle au type devant encore plus et nous voici parall\u00e8les elle et moi. Et l\u00e0 je la toise, elle n\u2019ose pas me regarder, j\u2019insiste, et enfin elle tourne son visage vers moi et je ne baisse pas les yeux je la toise encore plus intens\u00e9ment sans dire un seul mot. Sa bouche a fait une dr\u00f4le de grimace elle a d\u00e9tourn\u00e9 le visage de cet horrible vision, j\u2019insiste toujours, elle est mal \u00e0 l\u2019aise, je continue. Puis soudain je la laisse passer devant moi en me disant laisse-lui donc le dernier mot va, sois donc un peu charitable. Mais la logique en fut bless\u00e9e, parall\u00e8lement si je puis dire, j\u2019ai d\u00fb l\u2019insulter copieusement et lui tirer la langue afin d\u2019obtenir comme dans les vieux duels satisfaction.<\/p>\n<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>", "content_text": "Une attention toujours maintenue \u00e0 tout ce qui nous entoure vaut elle quoique ce soit si l\u2019 on n\u2019est pas attentif \u00e0 cette attention elle-m\u00eame, l\u2019englobant dans l\u2019observation, dans l\u2019exp\u00e9rience et si, \u00e0 un moment ou un autre de ce processus on ne se demande pas \u00ab pourquoi \u00bb Pourquoi vouloir rester dans cette attention, dans cette sorte de tension, \u00e0 recueillir autant d\u2019informations pour finalement les laisser nous traverser et n\u2019en rien dire, conserver ce fant\u00f4me, cet amas n\u00e9buleux comme un avare conserve son or. Mais l\u2019avarice est-elle encore un d\u00e9faut dans cette \u00e9poque apocalyptique o\u00f9 toutes les valeurs s\u2019inversent comme s\u2019inversent les genres, la g\u00e9opolitique, les p\u00f4les magn\u00e9tiques, et probablement tout un tas de choses qu\u2019on ignore encore ? Il est sans doute b\u00e9n\u00e9fique pour les nerfs de s\u2019attendre \u00e0 tout comme \u00e0 rien avec \u00e9quanimit\u00e9. Que l\u2019id\u00e9e d\u2019importance que l\u2019on s\u2019invente ne soit \u00e9clair\u00e9e alors que par la seule certitude d'avoir \u00e0 disparaitre un jour. Et partant, si on oublie cette certitude quelques instants, la gr\u00e2ce en profite probablement au m\u00eame instant pour nous tomber dessus. Et de s\u2019inventer derechef une bienveillance, une compassion, de l\u2019amiti\u00e9, de l\u2019amour. La vieille baudruche se d\u00e9gonfle, on assiste alors dans la capitulation de l\u2019attention \u00e0 sa propre disparition, mais d\u2019une fa\u00e7on douce, molle, presque confortable. On croit qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une premi\u00e8re, et on se p\u00e2me d\u00e9j\u00e0 d\u2019\u00eatre un nouveau Colomb d\u00e9couvrant un nouveau monde, un nouvel espoir de vivre diff\u00e9remment, mais non, si on examine froidement tout cela, c\u2019est encore du trafic, du bricolage, un nouveau labyrinthe dans lequel trottine le rat blanc, incorrigible ego ; mais comment ne pas admirer ce ph\u00e9nom\u00e8ne de la nature, toute cette inventivit\u00e9 pour se leurrer sans rel\u00e2che, pour gagner du temps, reculer le plus possible le moment fatidique de l\u2019\u00e9veil ? Comment ne pas \u00eatre tent\u00e9 de s\u2019attendrir comme un vieil homme assit sur un banc observe les enfants jouant au dehors comme en lui dans un gigantesque bac \u00e1 sable ? cet attendrissement est sans doute la derni\u00e8re cartouche qu\u2019on se tirera dans le crane , tout un oc\u00e9an d\u2019attendrissement se ruera alors \u00e0 l\u2019assaut des c\u00f4tes de ce qu\u2019il reste de notre orgueil de notre vanit\u00e9, les emportera dans son reflux et nous deviendrons cette mousse, cette \u00e9cume enfin d\u00e9barrass\u00e9 de toute attention de toute importance sous le vaste ciel o\u00f9 les oiseaux \u00e9crivent libert\u00e9 en toute lettre en toute langue. Ne disposant pas du 22\/11\/63, de Stephen King je me contente de lire insomnies. Le but \u00e9tant d\u2019observer comment l\u2019auteur tire sur trois fois rien pour en faire 1000 pages ce qui demande quoiqu\u2019on en dise ou pense \u00e0 la fois du m\u00e9tier et du talent. Apr\u00e8s tout on n\u2019est pas si loin de Balzac. Et si au 19 -\u00e8me si\u00e8cle l\u2019int\u00e9r\u00eat du lecteur \u00e9tait app\u00e2t\u00e9 par la Com\u00e9die humaine, ses acteurs, ses enjeux, ses ressorts psychologiques, il ne reste plus grand chose de cet int\u00e9r\u00eat aujourd\u2019hui. Si on lit Balzac c\u2019est que l\u2019on est encore \u00e1 l\u2019\u00e9cole ou dans un atelier d\u2019\u00e9criture. Et bien des personnes que l\u2019on nomme Comme il faut, cultiv\u00e9es, savantes, expertes dans le champs litt\u00e9raire n\u2019ignorent certainement pas Stephen King, \u00e1 moins de vouloir maintenir en elles comme vis a vis du dehors une posture idiote. Stephen King \u00e9crivain populaire tout \u00e0 fait comme \u00e9tait honor\u00e9 du terme Balzac en son temps. Devenu d\u00e9sormais r\u00e9v\u00e9r\u00e9 par les gens dits de gauche aujourd\u2019hui, quand on a encore la joie de savoir o\u00f9 se tiennent la gauche et la droite \u00e9videmment. Je veux dite aussi que l\u2019inconscient est un continent v\u00e9ritable dont on n\u2019a encore rien explor\u00e9 vraiment toute d\u00e9f\u00e9rence gard\u00e9e envers la psychologie et ses adeptes. Ce n\u2019est pas par raisonnement qu\u2019on y avance, qu\u2019on s\u2019y oriente, surtout si l\u2019on continue \u00e0 d\u00e9sirer les quatre points cardinaux, dont on a oubli\u00e9 qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une fiction. Ainsi passer de la lecture des illusions perdues, du chef d\u2019\u0153uvre inconnu \u00e0 insomnies n\u2019est pas pur hasard, pas plus que \u00e7a n\u2019a de sens de la fa\u00e7on dont on se sert de ce mot. Ce n\u2019est pas non plus du vaudou du maraboutage. C\u2019est l\u2019inconscient et c\u2019est de la po\u00e9sie. En disant \u00e7a je ne d\u00e9flore rien et tout va bien. Tant pis si c\u2019est long, c\u2019est peut-\u00eatre tout un cheminement d\u2019\u00e9criture \u00e0 emprunter pour parvenir au nerf soudain, \u00e0 un quelque chose qui \u00e0 provoqu\u00e9 le mouvement, la marche, le branle. On sent que quelque chose pousse, on ne sait pas ce que \u00e7a peut \u00eatre, on doit m\u00eame se d\u00e9sint\u00e9resser de ce que c\u2019est pour qu\u2019au detour d\u2019un paragraphe, d\u2019une phrase d\u2019un mot on se retrouve soudain nez \u00e0 nez avec \u00e7a. Il tire sur trois fois rien pour en faire 1000 pages. Ce {trois fois rien} n'est-ce pas ainsi que l'on peut nommer tant de choses que l\u2019on ignore; que l\u2019on veut surtout ignorer, car on sent tr\u00e8s pr\u00e9cis\u00e9ment qu\u2019il s\u2019y loge toute l\u2019\u00e9tranget\u00e9 qui risquera de nous \u00e9pouvanter. Un r\u00e9el in\u00e9dit. Ce qui rejoint encore cette vieille intuition que rien ne vient pour rien, que cette histoire de hasard ne sert qu\u2019\u00e0 rassurer les experts, les conforter dans leur fantasme expertise. L\u2019analogie est elle une fiction comme tant d\u2019autres ? Que peut aujourd'hui valoir un raisonnement par analogie, par le fait de d\u00e9couvrir une similarit\u00e9 dissimul\u00e9e entre des objets qui, de prime abord n\u2019ont rien de semblable. Ma sp\u00e9cialit\u00e9 ou ma maladie incurable. Ou encore et tout simplement un jeu, cette vieille histoire de Jeannot lapin. Quelqu\u2019un me disait hier encore que c\u2019\u00e9tait une posture, que je m\u2019amuse \u00e0 n\u2019\u00eatre convaincu de rien. J\u2019y ai repens\u00e9 en me promenant sur le bord de mer, d\u2019abord au fait que l'on puisse avoir un tel toupet de balancer ce genre de chose \u00e1 quelqu\u2019un qu\u2019on ne connait qu\u2019\u00e0 peine. Quel miroir est donc le texte pour d\u00e9clencher ce genre de r\u00e9action. Est-ce que j\u2019en ai \u00e9t\u00e9 agac\u00e9, meurtri d\u2019une quelconque fa\u00e7on. Je veux dire que l\u2019on confonde ainsi le narrateur avec celui qui ne dit (pour autant que j\u2019en sache ) absolument rien de qui il est vraiment. Jamais rien. Mais justement le narrateur doit \u00e0 cet instant r\u00e9pliquer, il doit dire mais de quel droit, quelle extravagance, quel d\u00e9lire viens- tu t\u2019immiscer dans mon texte !? l' Imb\u00e9cilit\u00e9 de ce narrateur l\u00e0 est-elle \u00e0 l'image de celle du v\u00e9ritable auteur. Encore des doutes sur ce qu'est vraiment l'imb\u00e9cilit\u00e9 comme l'intelligence. Des r\u00e9sistances \u00e0 quoi. Ensuite, \u00e1 quoi bon. A quoi bon cela te servira t\u2019il d\u2019engager de telles palabres. Du coup le narrateur se drape dans son orgueil, rel\u00e8ve le menton , toise cet autre personnage- car \u00e9videmment que s\u2019en est un autre, et\u2026 ne dit rien. Ce qui me rappelle un minuscule \u00e9v\u00e8nement sur le bateau Ancone- Split le matin \u00e1 l\u2019ouverture du bar pour le petit d\u00e9jeuner . J\u2019\u00e9tais parmi les tous premiers \u00e0 faire la queue quand soudain une belle jeune fille subrepticement s\u2019immisce juste devant moi, ce qui \u00e9videmment m\u2019agace car du coup je me sens vieux et idiot au travers de ce qu\u2019elle peut bien imaginer de moi en effectuant ce genre de manoeuvre. Donc je colle au type devant encore plus et nous voici parall\u00e8les elle et moi. Et l\u00e0 je la toise, elle n\u2019ose pas me regarder, j\u2019insiste, et enfin elle tourne son visage vers moi et je ne baisse pas les yeux je la toise encore plus intens\u00e9ment sans dire un seul mot. Sa bouche a fait une dr\u00f4le de grimace elle a d\u00e9tourn\u00e9 le visage de cet horrible vision, j\u2019insiste toujours, elle est mal \u00e0 l\u2019aise, je continue. Puis soudain je la laisse passer devant moi en me disant laisse-lui donc le dernier mot va, sois donc un peu charitable. Mais la logique en fut bless\u00e9e, parall\u00e8lement si je puis dire, j\u2019ai d\u00fb l\u2019insulter copieusement et lui tirer la langue afin d\u2019obtenir comme dans les vieux duels satisfaction. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/croatie2.jpg?1748065120", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/angle-obtus.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/angle-obtus.html", "title": "Angle obtus", "date_published": "2023-09-28T04:08:01Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Etre aveugl\u00e9 par son propre point de vue, angle obtus, inimaginable qu\u2019il puisse exister quoique ce soit au-del\u00e0, tout doit entrer dans cette exigu\u00eft\u00e9 ou en sortir, \u00e9vacuation d\u2019urgence, diarrh\u00e9es, crachats, vomissements, ainsi est l\u2019autre parfois, qu\u2019il faut bien subir ou non. Et si non se taire et fuir dans le silence, le laisser \u00e0 son monologue, se contenter de noter ce son parmi tant d\u2019autres comme \u00e9l\u00e9ment lui aussi partie de la partition g\u00e9n\u00e9rale, musique de fanfare, de foire, comme le « L\u00e9on » du paon, le gloussement de la dinde, le cri des mouettes, des go\u00e9lands. Rien n\u2019est plus obtus qu\u2019un angle obtus face \u00e0 un autre angle obtus.<\/p>\n

Puis le regard se d\u00e9porte lentement par r\u00e9flexe de voir, de vivre, vers la mer, l\u2019iode saisit la moindre ouverture pour s\u2019engouffrer, le peau se couvre d\u2019une fine pellicule invisible sal\u00e9e que le soleil durcit. Travers\u00e9e des diverses intemp\u00e9ries dans l\u2019immanence, bonus re\u00e7u avec tant de racl\u00e9es d\u00e8s le top de d\u00e9part de la grande course \u00e0 l\u2019\u00e9chalote.<\/p>\n

On imagine par rogne s\u2019en relever, par hargne s\u2019en d\u00e9livrer, mais on ne b\u00e2tit rien de durable. Au premier grain on se retrouve \u00e0 terre . Eberlu\u00e9 de ne pas vouloir se l\u2019avouer. On continue \u00e0 s\u2019imaginer pouvoir se relever alors que l’on est recroquevill\u00e9 au sol, les poings les m\u00e2choires serr\u00e9es. Et l\u2019autre depuis sa position, sa redoute son angle obtus \u00e9met alors des propos fantastiques. Tellement saugrenus que l’on n\u2019en revient pas d\u2019entendre de telles inepties.<\/p>\n

Ce n\u2019est pas pour autant le coup de gr\u00e2ce. Avec le temps on se sera habitu\u00e9. Les seuls signes vraiment apparents de la contestation seront d\u2019autant plus discrets qu\u2019ils ne seront visibles que dans ce qui touche l\u2019obtus. Comme par exemple la grammaire, l\u2019orthographe. Une certaine libert\u00e9 prise avec les r\u00e8gles typographiques. On se clouera silencieusement soi-m\u00eame au pilori tout en \u00e9tant tour \u00e0 tour bourreau et victime. Et tout cela dans une indiff\u00e9rence absolue, ou parfois l\u2019invective de bon ton fait irruption, machinale comme un r\u00e9flexe, sorte de bave pavlovienne.<\/p>\n

— Inconcevable de faire autant de fautes, o\u00f9 donc ai-je fichu mon bonnet d\u2019\u00e2ne, qu\u2019on invente aussi un coin pour te flanquer \u00e0 genoux sur une r\u00e8gle bien carr\u00e9e !<\/p>\n

Supporter l\u2019insupportable durant autant d\u2019ann\u00e9es et se sentir toujours coupable c\u2019est ce qu\u2019ils leur faudrait pour avoir raison enfin, pour \u00e9vacuer le plus petit doute qui les d\u00e9truirait tous -pense t\u2019on- illico.<\/p>\n

Mais le doute n\u2019existe pas dans l\u2019angle obtus et c\u2019est l\u00e0 exactement la vraie raison s\u00fbrement de son bornage . Le doute \u00e9largirait les angles, il est le danger \u00e0 \u00e9viter, voil\u00e0 toute la sagesse de cette g\u00e9om\u00e9trie qui fait tourner leur monde comme une toupie, comme les plan\u00e8tes idiotes, les galaxies imb\u00e9ciles, tout un univers absurde.<\/p>\n

Mais crois-tu vraiment, s\u00e9rieusement, que l\u2019intelligence, celle qui s\u2019invente par opposition \u00e0 l\u2019absurdit\u00e9 vaut mieux ou pire qu\u2019elle ? Non, cette intelligence l\u00e0 est simplement un jeu, un passe-temps, un contrepoint dans la fugue.<\/p>\n

L\u2019intelligence v\u00e9ritable c\u2019est peut-\u00eatre de ne plus compter les jours, de se fondre totalement dans l\u2019absurde, se noyer d\u00e9finitivement dans l\u2019absurde, mais en conservant une toute petite attention malgr\u00e9 tout vis \u00e0 vis de l \u2018exp\u00e9rience pour pouvoir \u00e9crire sur l\u2019absurdit\u00e9 d\u2019\u00e9crire sur l\u2019absurdit\u00e9. Autrement dit gu\u00e9rir le mal par le mal, la connerie par plus de connerie encore.<\/p>", "content_text": "Etre aveugl\u00e9 par son propre point de vue, angle obtus, inimaginable qu\u2019il puisse exister quoique ce soit au-del\u00e0, tout doit entrer dans cette exigu\u00eft\u00e9 ou en sortir, \u00e9vacuation d\u2019urgence, diarrh\u00e9es, crachats, vomissements, ainsi est l\u2019autre parfois, qu\u2019il faut bien subir ou non. Et si non se taire et fuir dans le silence, le laisser \u00e0 son monologue, se contenter de noter ce son parmi tant d\u2019autres comme \u00e9l\u00e9ment lui aussi partie de la partition g\u00e9n\u00e9rale, musique de fanfare, de foire, comme le \u00ab L\u00e9on \u00bb du paon, le gloussement de la dinde, le cri des mouettes, des go\u00e9lands. Rien n\u2019est plus obtus qu\u2019un angle obtus face \u00e0 un autre angle obtus. Puis le regard se d\u00e9porte lentement par r\u00e9flexe de voir, de vivre, vers la mer, l\u2019iode saisit la moindre ouverture pour s\u2019engouffrer, le peau se couvre d\u2019une fine pellicule invisible sal\u00e9e que le soleil durcit. Travers\u00e9e des diverses intemp\u00e9ries dans l\u2019immanence, bonus re\u00e7u avec tant de racl\u00e9es d\u00e8s le top de d\u00e9part de la grande course \u00e0 l\u2019\u00e9chalote. On imagine par rogne s\u2019en relever, par hargne s\u2019en d\u00e9livrer, mais on ne b\u00e2tit rien de durable. Au premier grain on se retrouve \u00e0 terre . Eberlu\u00e9 de ne pas vouloir se l\u2019avouer. On continue \u00e0 s\u2019imaginer pouvoir se relever alors que l'on est recroquevill\u00e9 au sol, les poings les m\u00e2choires serr\u00e9es. Et l\u2019autre depuis sa position, sa redoute son angle obtus \u00e9met alors des propos fantastiques. Tellement saugrenus que l'on n\u2019en revient pas d\u2019entendre de telles inepties. Ce n\u2019est pas pour autant le coup de gr\u00e2ce. Avec le temps on se sera habitu\u00e9. Les seuls signes vraiment apparents de la contestation seront d\u2019autant plus discrets qu\u2019ils ne seront visibles que dans ce qui touche l\u2019obtus. Comme par exemple la grammaire, l\u2019orthographe. Une certaine libert\u00e9 prise avec les r\u00e8gles typographiques. On se clouera silencieusement soi-m\u00eame au pilori tout en \u00e9tant tour \u00e0 tour bourreau et victime. Et tout cela dans une indiff\u00e9rence absolue, ou parfois l\u2019invective de bon ton fait irruption, machinale comme un r\u00e9flexe, sorte de bave pavlovienne. \u2014 Inconcevable de faire autant de fautes, o\u00f9 donc ai-je fichu mon bonnet d\u2019\u00e2ne, qu\u2019on invente aussi un coin pour te flanquer \u00e0 genoux sur une r\u00e8gle bien carr\u00e9e ! Supporter l\u2019insupportable durant autant d\u2019ann\u00e9es et se sentir toujours coupable c\u2019est ce qu\u2019ils leur faudrait pour avoir raison enfin, pour \u00e9vacuer le plus petit doute qui les d\u00e9truirait tous -pense t\u2019on- illico. Mais le doute n\u2019existe pas dans l\u2019angle obtus et c\u2019est l\u00e0 exactement la vraie raison s\u00fbrement de son bornage . Le doute \u00e9largirait les angles, il est le danger \u00e0 \u00e9viter, voil\u00e0 toute la sagesse de cette g\u00e9om\u00e9trie qui fait tourner leur monde comme une toupie, comme les plan\u00e8tes idiotes, les galaxies imb\u00e9ciles, tout un univers absurde. Mais crois-tu vraiment, s\u00e9rieusement, que l\u2019intelligence, celle qui s\u2019invente par opposition \u00e0 l\u2019absurdit\u00e9 vaut mieux ou pire qu\u2019elle ? Non, cette intelligence l\u00e0 est simplement un jeu, un passe-temps, un contrepoint dans la fugue. L\u2019intelligence v\u00e9ritable c\u2019est peut-\u00eatre de ne plus compter les jours, de se fondre totalement dans l\u2019absurde, se noyer d\u00e9finitivement dans l\u2019absurde, mais en conservant une toute petite attention malgr\u00e9 tout vis \u00e0 vis de l \u2018exp\u00e9rience pour pouvoir \u00e9crire sur l\u2019absurdit\u00e9 d\u2019\u00e9crire sur l\u2019absurdit\u00e9. Autrement dit gu\u00e9rir le mal par le mal, la connerie par plus de connerie encore. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/croatie1.jpg?1748065160", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/peindre.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/peindre.html", "title": "Peindre", "date_published": "2023-09-23T07:12:32Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Histoire du mot peindre<\/h3>\n

Le mot n’est pas seul. Il est entour\u00e9 par d’autres mots. Et l’id\u00e9e me vient qu’il serait int\u00e9ressant, modestement de ma part, et ce avant toute chose, d’en esquisser un inventaire.<\/p>\n

\n

Peintres, peinture, Estonie, Saint-P\u00e9tersbourg, grand-p\u00e8re inconnu, maman, huile, cuisine, toile, boite \u00e0 couleurs, marchand de couleurs, pinceaux, touche, tube, palette.<\/p>\n<\/blockquote>\n

,<\/p>\n

Ce sont les premiers mots qui viennent. Mais sont-ils les vrais.<\/p>\n

Peur soudaine qu’il ne s’agisse que de mots « \u00e9cran » qui en masqueraient d’autres.<\/p>\n

Des mots que je ne parviens toujours pas \u00e0 \u00e9crire pas plus qu’ \u00e0 prononcer.<\/p>\n

Comment remonter le cours de notre histoire avec un mot et soudain en d\u00e9couvrir une toute autre que l’on s’\u00e9tait dissimul\u00e9e. Une histoire d’amour et de haine, d’orgueil, de honte de regrets, et bien s\u00fbr de remords.<\/p>\n

C’est exag\u00e9r\u00e9.<\/p>\n

\n

Plaisir, jouissance, abandon, geste, tendre la main, \u00e9blouissement, folie, solitude, travail, partage, enseignement.<\/p>\n<\/blockquote>\n

En voici d’autres, sont-ils plus justes, impossible d’en \u00eatre tout \u00e0 fait certain.<\/p>\n

Le verbe peindre m’\u00e9chappe par tout ce que je crus le remplir \u00e0 plusieurs moment de la vie. Par tout ce que je pourrais y retrouver et que je n’y retrouve pas aujourd’hui.<\/p>\n

On a bien du mal \u00e0 se cr\u00e9er seul une d\u00e9finition honn\u00eate d’un mot. Ou plut\u00f4t une d\u00e9finition juste. Qui rende justice \u00e0 toutes et tous surtout.<\/p>", "content_text": "{{{Histoire du mot peindre}}} Le mot n'est pas seul. Il est entour\u00e9 par d'autres mots. Et l'id\u00e9e me vient qu'il serait int\u00e9ressant, modestement de ma part, et ce avant toute chose, d'en esquisser un inventaire. Peintres, peinture, Estonie, Saint-P\u00e9tersbourg, grand-p\u00e8re inconnu, maman, huile, cuisine, toile, boite \u00e0 couleurs, marchand de couleurs, pinceaux, touche, tube, palette. , Ce sont les premiers mots qui viennent. Mais sont-ils les vrais. Peur soudaine qu'il ne s'agisse que de mots \u00ab\u00e9cran\u00bb qui en masqueraient d'autres. Des mots que je ne parviens toujours pas \u00e0 \u00e9crire pas plus qu' \u00e0 prononcer. Comment remonter le cours de notre histoire avec un mot et soudain en d\u00e9couvrir une toute autre que l'on s'\u00e9tait dissimul\u00e9e. Une histoire d'amour et de haine, d'orgueil, de honte de regrets, et bien s\u00fbr de remords. C'est exag\u00e9r\u00e9. Plaisir, jouissance, abandon, geste, tendre la main, \u00e9blouissement, folie, solitude, travail, partage, enseignement. En voici d'autres, sont-ils plus justes, impossible d'en \u00eatre tout \u00e0 fait certain. Le verbe peindre m'\u00e9chappe par tout ce que je crus le remplir \u00e0 plusieurs moment de la vie. Par tout ce que je pourrais y retrouver et que je n'y retrouve pas aujourd'hui. On a bien du mal \u00e0 se cr\u00e9er seul une d\u00e9finition honn\u00eate d'un mot. Ou plut\u00f4t une d\u00e9finition juste. Qui rende justice \u00e0 toutes et tous surtout. ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/0d4700e0-b3fb-4e31-9eb0-18a7e3881dbe.jpg?1748065107", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Cormac-McCarthy.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Cormac-McCarthy.html", "title": "Cormac McCarthy", "date_published": "2023-09-23T07:08:25Z", "date_modified": "2025-04-30T15:57:26Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

Notes de lecture du Passager.<\/p>\n

« Le Thalidomide Kid la d\u00e9nicha dans un meubl\u00e9 de Clark Street. Pr\u00e8s du North Side. Il frappa \u00e0 la porte. Pas dans ses habitudes. Elle savait qui c\u2019\u00e9tait, bien s\u00fbr. Elle s\u2019attendait \u00e0 le voir. D\u2019ailleurs ce n\u2019\u00e9taient pas vraiment des coups \u00e0 la porte. Plut\u00f4t de vagues gifles. »<\/p>\n

Extrait de
\nLe passager
\nMcCarthy, Cormac<\/p>\n

Ce qui m’a donn\u00e9 l’id\u00e9e du site. On peut imaginer que le Kid soit un dibbouk, une \u00e2me errante qui vient s’introduire dans le corps d’un vivant pour achever d’accomplir une t\u00e2che.<\/p>\n

Le dibbouk existe \u00e9galement sur Wikip\u00e9dia<\/a><\/h3>\n

\"Le Dibbouk (ou Entre deux mondes ; en yiddish : \u05d3\u05e2\u05e8 \u05d3\u05d9\u05d1\u05d5\u05e7 \u05d0\u05d3\u05e2\u05e8 \u05e6\u05d5\u05d5\u05d9\u05e9\u05df \u05e6\u05d5\u05d5\u05d9\u05d9 \u05d5\u05d5\u05e2\u05dc\u05d8\u05df) est un drame en trois actes r\u00e9dig\u00e9 en yiddish par Shalom Anski, de son vrai Shlo\u00efme-Za\u00efnvl Rappoport, et cr\u00e9\u00e9 \u00e0 Vilna en 1917. Il s’inspire du th\u00e8me folklorique du dibbouk qui est, dans la tradition juive kabbaliste, un esprit qui entre dans le corps d’un vivant pour le poss\u00e9der, \u00e0 la suite d’une erreur ou d’une mauvaise action.<\/p>\n

Shalom Anski, ethnographe russe, r\u00e9digea cette pi\u00e8ce d’abord en langue russe. Puis, lorsqu’il la montra au metteur en sc\u00e8ne moscovite Constantin Stanislavski, celui-ci lui conseilla de la r\u00e9\u00e9crire en yiddish, afin qu’elle puisse \u00eatre jou\u00e9e d’une mani\u00e8re authentique par des acteurs juifs. Le Dibbouk est une pi\u00e8ce essentielle dans l’histoire du th\u00e9\u00e2tre yiddish. Son auteur s’est fond\u00e9 sur des ann\u00e9es de recherches dans les shtetls en Russie et en Ukraine, o\u00f9 il s’est document\u00e9 sur les croyances et contes des juifs hassidiques.\"<\/p>\n

A noter aussi l’artiste plasticien et musicien Rainier Lericolais<\/strong>, Leah\u2019le, la voix du Dibbouk, film 2021<\/p>", "content_text": "Notes de lecture du Passager. \u00ab Le Thalidomide Kid la d\u00e9nicha dans un meubl\u00e9 de Clark Street. Pr\u00e8s du North Side. Il frappa \u00e0 la porte. Pas dans ses habitudes. Elle savait qui c\u2019\u00e9tait, bien s\u00fbr. Elle s\u2019attendait \u00e0 le voir. D\u2019ailleurs ce n\u2019\u00e9taient pas vraiment des coups \u00e0 la porte. Plut\u00f4t de vagues gifles. \u00bb Extrait de Le passager McCarthy, Cormac Ce qui m'a donn\u00e9 l'id\u00e9e du site. On peut imaginer que le Kid soit un dibbouk, une \u00e2me errante qui vient s'introduire dans le corps d'un vivant pour achever d'accomplir une t\u00e2che. {{{[Le dibbouk existe \u00e9galement sur Wikip\u00e9dia ->https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Le_Dibbouk]}}} \"Le Dibbouk (ou Entre deux mondes ; en yiddish : \u05d3\u05e2\u05e8 \u05d3\u05d9\u05d1\u05d5\u05e7 \u05d0\u05d3\u05e2\u05e8 \u05e6\u05d5\u05d5\u05d9\u05e9\u05df \u05e6\u05d5\u05d5\u05d9\u05d9 \u05d5\u05d5\u05e2\u05dc\u05d8\u05df) est un drame en trois actes r\u00e9dig\u00e9 en yiddish par Shalom Anski, de son vrai Shlo\u00efme-Za\u00efnvl Rappoport, et cr\u00e9\u00e9 \u00e0 Vilna en 1917. Il s'inspire du th\u00e8me folklorique du dibbouk qui est, dans la tradition juive kabbaliste, un esprit qui entre dans le corps d'un vivant pour le poss\u00e9der, \u00e0 la suite d'une erreur ou d'une mauvaise action. Shalom Anski, ethnographe russe, r\u00e9digea cette pi\u00e8ce d'abord en langue russe. Puis, lorsqu'il la montra au metteur en sc\u00e8ne moscovite Constantin Stanislavski, celui-ci lui conseilla de la r\u00e9\u00e9crire en yiddish, afin qu'elle puisse \u00eatre jou\u00e9e d'une mani\u00e8re authentique par des acteurs juifs. Le Dibbouk est une pi\u00e8ce essentielle dans l'histoire du th\u00e9\u00e2tre yiddish. Son auteur s'est fond\u00e9 sur des ann\u00e9es de recherches dans les shtetls en Russie et en Ukraine, o\u00f9 il s'est document\u00e9 sur les croyances et contes des juifs hassidiques.\" A noter aussi l'artiste plasticien et musicien {{Rainier Lericolais}}, Leah\u2019le, la voix du Dibbouk, film 2021 ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/dibbouk.jpg?1748065067", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires", "musique"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-froideur-et-l-obeissance-reflexions-sur-l-humanite-face-a-l-abime.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/la-froideur-et-l-obeissance-reflexions-sur-l-humanite-face-a-l-abime.html", "title": "La Froideur et l\u2019Ob\u00e9issance : R\u00e9flexions sur l\u2019Humanit\u00e9 face \u00e0 l\u2019Ab\u00eeme", "date_published": "2023-09-07T16:23:00Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

\n
\n\n \n\t\tun autoportrait en peinture d'une femme en train de peindre <\/a>\n
\n\t
sofonisba-Anguissola-auportrait-au-chevalet-\n<\/strong><\/div>\n\t
sofonisba-Anguissola-auportrait-au-chevalet-\n<\/div>\n\t \n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

La froideur, l\u2019indiff\u00e9rence — est-elle bourgeoise ? — une froideur, une indiff\u00e9rence envers ce qui pour le bourgeois ne rapporte rien, ou l\u2019emp\u00eache, l\u2019entrave de profiter. Mais \u00e0 ce compte beaucoup seront bourgeois sans m\u00eame se rendre compte et ce qui est le comble sans en profiter. Quand j\u2019imagine ces pauvres types accoutr\u00e9s, en uniforme, r\u00e9unis autour des b\u00e2timents, des douches, pressant en aboyant de non moins pauvres gens d\u2019y entrer. L\u2019id\u00e9al national socialiste pour \u00e9tendard\u2026 le nazisme. Ce m\u00e9lange de haine, d\u2019excitation et d\u2019irresponsabilit\u00e9. Oripeaux rev\u00eatant l\u2019ab\u00eeme insondable du c\u0153ur humain vaincu par la bureaucratie, par la banalit\u00e9 du mal. Tout cela associ\u00e9 comme bloc imaginaire et comme cible, comme raison d\u2019\u00eatre, ou de ne plus \u00eatre, dans la crainte diffuse de s\u2019y opposer, l\u2019obligation que l\u2019on se donne d\u2019ob\u00e9ir \u00e0 des ordres d\u2019une ignominie fabuleuse. Et ce terrible pr\u00e9texte, mais n\u2019est-il pas toujours l\u2019unique pr\u00e9texte certainement du : si ce n\u2019est pas moi ce sera un autre qui s\u2019en chargera... et dans ce cas que deviendrais-je... ?<\/p>\n

Dans la file d\u2019attente en regard, autant de questions, de doute. Puis cette certitude tout \u00e0 coup terrifiante. Des hommes sont donc capables de commettre \u00e0 un tel point l\u2019irr\u00e9parable ?<\/p>\n

Des hommes sont donc capables de subir autant de la part d\u2019autres hommes ?<\/p>\n

Au pensionnat l\u2019hiver, ce m\u00eame film revient chaque ann\u00e9e, une \u00e9vocation document\u00e9e sur le calvaire du P\u00e8re Kolbe \u00e0 Auschwitz. La premi\u00e8re fois que je vois ce film je ne peux y croire. C\u2019est impensable. Et cependant les images d\u2019archives en noir et blanc d\u00e9filent, elles d\u00e9filent encore, elles d\u00e9fileront sans doute jusqu\u2019\u00e0 la fin. Et l\u2019on comprend peu \u00e0 peu qu\u2019elles ne sont pas fictives.<\/p>\n

J\u2019\u00e9cris ces mots peu apr\u00e8s la lecture d\u2019un article qui m\u2019a remu\u00e9, qui fait remonter soudain une col\u00e8re, un d\u00e9sespoir ancien et qui s\u2019attachent ainsi \u00e0 mon histoire depuis que j\u2019ai atteint ma douzi\u00e8me ann\u00e9e d\u2019existence sur cette terre.<\/p>\n

Est-ce parce que l\u2019hiver les jours sont si sombres, si froids, est-ce parce que je suis enferm\u00e9 dans ce pensionnat comme dans ce que j\u2019imagine \u00eatre un camp bien avant de savoir ce qu\u2019est v\u00e9ritablement un camp. Est-ce parce que la rumeur vous prend d\u00e8s l\u2019arriv\u00e9e ici que de nombreux pr\u00eatres, des enseignants sont des rescap\u00e9s des camps de Pologne. Est-ce parce qu\u2019on apprend ici l\u2019existence des camps bien avant m\u00eame celle des guerres. La question sert \u00e0 occuper l\u2019esprit face \u00e0 l\u2019inexplicable, pour qu\u2019il ne sombre pas dans le gouffre. \u00c0 cet \u00e2ge adolescent on croit peut-\u00eatre aux r\u00e9ponses encore. Puis les lumi\u00e8res du r\u00e9fectoire s\u2019\u00e9teignent, sur l\u2019\u00e9cran au mur un rectangle surgit, il y a des imperfections dues \u00e0 la r\u00e9p\u00e9tition \u00e0 l\u2019usure, des br\u00fblures, des crachotements de petits points, une introduction v\u00e9rol\u00e9e par le temps comme des limbes qui se d\u00e9chirent s\u2019\u00e9cartent.<\/p>\n

Puis, ce qui frappe c\u2019est que dans le film c\u2019est l\u2019hiver aussi. Et les regards surtout les regards. Ils sont comme \u00e9pur\u00e9s par la souffrance, la douleur, le manque, ces regards sont d\u2019une beaut\u00e9 irr\u00e9elle. Et il est impressionnant de tomber soudain sur ces regards, comme si on avait \u00e9t\u00e9 contraint, tenu imp\u00e9rieusement d\u2019avoir \u00e0 les soutenir assis l\u00e0 des ann\u00e9es plus tard dans ce r\u00e9fectoire. Mon attrait pour la peinture, pour les visages, pour les regards dans la peinture est certainement li\u00e9 \u00e0 l\u2019impression que laisse en moi la pr\u00e9sence de tels regards aper\u00e7us dans ce film. Comme si au plus profond de la noirceur brille obstin\u00e9ment quelque chose d\u2019ind\u00e9finissable que l\u2019on nomme beaut\u00e9 par d\u00e9faut, par aphasie, par stupeur.<\/p>\n

_Illustration : Sofonisba Anguissola, Selvportr\u00e6t ved staffeliet, 1556, Museum Castle in \u0141a\u0144cut_<\/p>", "content_text": " La froideur, l\u2019indiff\u00e9rence \u2014 est-elle bourgeoise ? \u2014 une froideur, une indiff\u00e9rence envers ce qui pour le bourgeois ne rapporte rien, ou l\u2019emp\u00eache, l\u2019entrave de profiter. Mais \u00e0 ce compte beaucoup seront bourgeois sans m\u00eame se rendre compte et ce qui est le comble sans en profiter. Quand j\u2019imagine ces pauvres types accoutr\u00e9s, en uniforme, r\u00e9unis autour des b\u00e2timents, des douches, pressant en aboyant de non moins pauvres gens d\u2019y entrer. L\u2019id\u00e9al national socialiste pour \u00e9tendard\u2026 le nazisme. Ce m\u00e9lange de haine, d\u2019excitation et d\u2019irresponsabilit\u00e9. Oripeaux rev\u00eatant l\u2019ab\u00eeme insondable du c\u0153ur humain vaincu par la bureaucratie, par la banalit\u00e9 du mal. Tout cela associ\u00e9 comme bloc imaginaire et comme cible, comme raison d\u2019\u00eatre, ou de ne plus \u00eatre, dans la crainte diffuse de s\u2019y opposer, l\u2019obligation que l\u2019on se donne d\u2019ob\u00e9ir \u00e0 des ordres d\u2019une ignominie fabuleuse. Et ce terrible pr\u00e9texte, mais n\u2019est-il pas toujours l\u2019unique pr\u00e9texte certainement du : si ce n\u2019est pas moi ce sera un autre qui s\u2019en chargera... et dans ce cas que deviendrais-je... ? Dans la file d\u2019attente en regard, autant de questions, de doute. Puis cette certitude tout \u00e0 coup terrifiante. Des hommes sont donc capables de commettre \u00e0 un tel point l\u2019irr\u00e9parable ? Des hommes sont donc capables de subir autant de la part d\u2019autres hommes ? Au pensionnat l\u2019hiver, ce m\u00eame film revient chaque ann\u00e9e, une \u00e9vocation document\u00e9e sur le calvaire du P\u00e8re Kolbe \u00e0 Auschwitz. La premi\u00e8re fois que je vois ce film je ne peux y croire. C\u2019est impensable. Et cependant les images d\u2019archives en noir et blanc d\u00e9filent, elles d\u00e9filent encore, elles d\u00e9fileront sans doute jusqu\u2019\u00e0 la fin. Et l\u2019on comprend peu \u00e0 peu qu\u2019elles ne sont pas fictives. J\u2019\u00e9cris ces mots peu apr\u00e8s la lecture d\u2019un article qui m\u2019a remu\u00e9, qui fait remonter soudain une col\u00e8re, un d\u00e9sespoir ancien et qui s\u2019attachent ainsi \u00e0 mon histoire depuis que j\u2019ai atteint ma douzi\u00e8me ann\u00e9e d\u2019existence sur cette terre. Est-ce parce que l\u2019hiver les jours sont si sombres, si froids, est-ce parce que je suis enferm\u00e9 dans ce pensionnat comme dans ce que j\u2019imagine \u00eatre un camp bien avant de savoir ce qu\u2019est v\u00e9ritablement un camp. Est-ce parce que la rumeur vous prend d\u00e8s l\u2019arriv\u00e9e ici que de nombreux pr\u00eatres, des enseignants sont des rescap\u00e9s des camps de Pologne. Est-ce parce qu\u2019on apprend ici l\u2019existence des camps bien avant m\u00eame celle des guerres. La question sert \u00e0 occuper l\u2019esprit face \u00e0 l\u2019inexplicable, pour qu\u2019il ne sombre pas dans le gouffre. \u00c0 cet \u00e2ge adolescent on croit peut-\u00eatre aux r\u00e9ponses encore. Puis les lumi\u00e8res du r\u00e9fectoire s\u2019\u00e9teignent, sur l\u2019\u00e9cran au mur un rectangle surgit, il y a des imperfections dues \u00e0 la r\u00e9p\u00e9tition \u00e0 l\u2019usure, des br\u00fblures, des crachotements de petits points, une introduction v\u00e9rol\u00e9e par le temps comme des limbes qui se d\u00e9chirent s\u2019\u00e9cartent. Puis, ce qui frappe c\u2019est que dans le film c\u2019est l\u2019hiver aussi. Et les regards surtout les regards. Ils sont comme \u00e9pur\u00e9s par la souffrance, la douleur, le manque, ces regards sont d\u2019une beaut\u00e9 irr\u00e9elle. Et il est impressionnant de tomber soudain sur ces regards, comme si on avait \u00e9t\u00e9 contraint, tenu imp\u00e9rieusement d\u2019avoir \u00e0 les soutenir assis l\u00e0 des ann\u00e9es plus tard dans ce r\u00e9fectoire. Mon attrait pour la peinture, pour les visages, pour les regards dans la peinture est certainement li\u00e9 \u00e0 l\u2019impression que laisse en moi la pr\u00e9sence de tels regards aper\u00e7us dans ce film. Comme si au plus profond de la noirceur brille obstin\u00e9ment quelque chose d\u2019ind\u00e9finissable que l\u2019on nomme beaut\u00e9 par d\u00e9faut, par aphasie, par stupeur. _Illustration : Sofonisba Anguissola, Selvportr\u00e6t ved staffeliet, 1556, Museum Castle in \u0141a\u0144cut_ ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/sofonisba-anguissola-auportrait-au-chevalet-ca.-15561557.-lancut-muzeum-zamek-w-lancucie-lancut-pologne.webp?1748065192", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/les-masques-et-la-melancolie-reflexions-sur-starobinski-fantomas-et-l-ecriture.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/les-masques-et-la-melancolie-reflexions-sur-starobinski-fantomas-et-l-ecriture.html", "title": "Les Masques et la M\u00e9lancolie : R\u00e9flexions sur Starobinski, Fant\u00f4mas et l'\u00c9criture", "date_published": "2023-09-06T16:12:00Z", "date_modified": "2024-10-19T16:14:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n\n\t\t\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Les ennemis des masques (Montaigne, La Rochefoucauld, Rousseau et Stendhal) est le sujet d\u2019une th\u00e8se de Jean Starobinski. Starobinski (je veux toujours que tout ce qui finit par i soit un y donc je place celui-ci avant toute chose, avant que le doute ne s\u2019\u00e9l\u00e8ve et, malgr\u00e9 cela, la singularit\u00e9 me saute aux yeux puisque, connaissant le m\u00e9canisme, je m\u2019obstine, je persiste). C\u2019est encore plus \u00e9vident avec ski qui sit\u00f4t entendu ou prononc\u00e9 int\u00e9rieurement par le larynx se transforme dans l\u2019\u0153il irr\u00e9m\u00e9diablement en sky. (ou peut-\u00eatre est-ce le contraire ?) Y a-t-il une relation entre le ski et le ciel, s\u00fbrement mais elle me reste encore inconnue si j\u2019oublie l\u2019anglais. Donc je dis simultan\u00e9ment que Starobinski m\u00e8ne parall\u00e8lement des \u00e9tudes de m\u00e9decine et des \u00e9tudes litt\u00e9raires. Et il choisit comme sujet de th\u00e8se les \u00e9crivains ennemis des masques.]<\/p>\n

Il faut aussi \u00e9voquer le fait qu\u2019il est (de 1957-1958) interne \u00e0 l\u2019H\u00f4pital psychiatrique universitaire de C\u00e9ry, pr\u00e8s de Lausanne. Et il r\u00e9dige plus tard un ouvrage intitul\u00e9 _L\u2019encre de la m\u00e9lancolie_ chez Seuil, La librairie du XXI\u00e8me si\u00e8cle, collection dirig\u00e9e par Maurice Olender parall\u00e8lement ou simultan\u00e9ment \u00e0 _Genre humain_. Il faut que je sache qui est Maurice Olender maintenant que je me trouve \u00e0 en parler par l\u2019entremise de cette lecture de Starobinski.<\/p>\n

_« Issu d\u2019une famille juive polonaise qui s\u2019est r\u00e9fugi\u00e9e \u00e0 Anvers avant la guerre, Maurice Olender devient apprenti comme « cliveur de diamants ». Il apprend l\u2019h\u00e9breu, puis s\u2019initie au grec et au latin. Au terme de ce parcours d\u2019autodidacte, il se d\u00e9finit comme un « enfant analphab\u00e8te qui a fini \u00e9rudit »_ (je rel\u00e8ve ce passage dans Wikip\u00e9dia cela m\u2019amuse de me rendre d\u00e9sormais sur ce site pour y collecter des r\u00e9ponses \u00e0 la moindre interrogation). Ce qui me fait songer que j\u2019\u00e9cris ou pense certainement comme je marche dans les rues de Paris \u00e0 vingt puis trente puis quarante ans — c\u2019est-\u00e0-dire en totale collaboration avec le hasard. Sauf que jusqu\u2019\u00e0 la quarantaine je dis encore « le hasard » et je ne m\u2019int\u00e9resse que partiellement aux signes qu\u2019il est sens\u00e9 m\u2019indiquer.<\/p>\n

Disons que j\u2019\u00e9tablis une hi\u00e9rarchie d\u2019importance vis-\u00e0-vis de ses signes qui ne sont qu\u2019en fonction de choix ou de buts dans une hi\u00e9rarchie de priorit\u00e9 personnelle et dont l\u2019appellation de hi\u00e9rarchie comme de priorit\u00e9 est assez proche de l\u2019intention qu\u2019on trouve dans les pamphlets. Je m\u2019inqui\u00e8te d\u2019autant de hi\u00e9rarchie et de priorit\u00e9, des signes et du hasard que je m\u2019en fous compl\u00e8tement dans mon for int\u00e9rieur. Que cette utilisation des mots est un soufflet (un camouflet ?) envers ce qu\u2019un esprit normalement constitu\u00e9 et muni du s\u00e9rieux, de la gravit\u00e9 requise pour preuve de cette normalit\u00e9 ne souffrirait pas. Avec le recul, l\u2019angoisse m\u2019\u00e9treint en m\u00eame temps que la stupeur et le d\u00e9go\u00fbt presque aussit\u00f4t, d\u2019avoir pass\u00e9 autant de temps \u00e0 m\u2019accrocher \u00e0 de telles balivernes. Et je ne suis pas loin de toujours les trouver tr\u00e8s s\u00e9rieuses malgr\u00e9 ce double de moi-m\u00eame, et qui m\u2019incite \u00e0 toujours les consid\u00e9rer futiles et d\u00e9go\u00fbtantes.<\/p>\n

\u00c0 remarquer aussi que tout ce qui m\u2019int\u00e9resse et ce de plus en plus se trouve avoir une relation avec la juda\u00eft\u00e9. Il faut que je parvienne \u00e0 d\u00e9velopper cela aussi. Mais ne mettons pas la charrue avant les b\u0153ufs.<\/p>\n

L\u2019encre remplace donc la bile pour la couleur noire. Je note. Il y a longtemps qu\u2019un int\u00e9r\u00eat est suscit\u00e9 par la m\u00e9lancolie. Depuis l\u2019adolescence certains po\u00e8tes comme Lamartine, Heine, H\u00f6lderlin notamment la distillent, \u00e0 moins que ce ne soit que ma propre lecture des po\u00e8tes qui me permet de la surprendre tout au fond de qui je suis, tout au fond de l\u2019acte m\u00eame d\u2019\u00e9crire. \u00c0 moins que ce ne soit cette t\u00e2che, l\u2019une des t\u00e2ches inaccomplies de ce dibbouk avec qui peu \u00e0 peu je me familiarise, qui cherche \u00e0 s\u2019accomplir, \u00e0 s\u2019achever par mon interm\u00e9diaire et que le fond commun soit cette m\u00e9lancolie des \u00e2mes qui, sans cesse, ont cette sensation de n\u2019aboutir \u00e0 rien. Ici, sans cesse, d\u00e9fie les fronti\u00e8res du temps comme de toute logique spatiotemporelle \u00e9videmment.<\/p>\n

Cette affaire de masques revient donc sur le tapis encore. Ce ph\u00e9nom\u00e8ne est probablement le m\u00eame que lorsqu\u2019on d\u00e9cide d\u2019acheter un mod\u00e8le pr\u00e9cis de v\u00e9hicule. On feuill\u00e8te des magazines, on rep\u00e8re l\u2019objet de notre d\u00e9sir, on se visualise au volant, on imagine l\u2019effet, avec cette \u00e9trange facult\u00e9 de pouvoir se trouver \u00e0 la fois dans l\u2019habitacle et hors de celui-ci, d\u2019\u00eatre \u00e0 la fois l\u2019acteur principal et tous les figurants qui le remarquent. Donc une chose en moi cherche le mot masque un peu partout et finit bien s\u00fbr par le voir partout. Comme le mot juif. Comme le mot m\u00e9lancolie.<\/p>\n

Maintenant il faut aussi que je parle de certains d\u00e9sirs plus ou moins inavouables, et ce sont les plus inavouables bien s\u00fbr les plus int\u00e9ressants. Comme par exemple cette nouvelle proposition de F. B \u00e0 participer \u00e0 l\u2019\u00e9laboration d\u2019un recueil de textes sur le souvenir du confinement. Aussit\u00f4t que l\u2019envie m\u2019en vient je la chasse. Et je crois que ce que je chasse ainsi c\u2019est une sorte de vision obsc\u00e8ne associ\u00e9e \u00e0 l\u2019\u00e9criture qui n\u2019a comme but que celui de se faire remarquer, ou de faire remarquer cette histoire de confinement. En plus collectivement. Collectivement mais au final anonymement puisque les textes seraient r\u00e9unis en rubriques et qu\u2019on ne serait pas sens\u00e9 savoir qui les \u00e9crit. Donc m\u00eame mouvement simultan\u00e9 d\u2019attirance et de r\u00e9pulsion envers ce projet, qui n\u2019est qu\u2019un exemple parmi tant d\u2019autres. Il est m\u00eame possible que toute la journ\u00e9e je ne cesse de me d\u00e9battre entre ces deux forces contraires, sans jamais vouloir en privil\u00e9gier l\u2019une comme l\u2019autre. Ma position est centrale bien qu\u2019oscillante perp\u00e9tuellement comme l\u2019est le vide, sauf que je ne produis ainsi que l\u2019\u00e9nergie requise \u00e0 me maintenir ainsi, et c\u2019est d\u00e9j\u00e0 \u00e9prouvant, si \u00e9prouvant que je ne vois pas comment je pourrais faire autre chose que ce que je fais justement.<\/p>\n

Et avant que je ne d\u00e9veloppe plus cette histoire de m\u00e9lancolie et d\u2019encre, il faut que je parle de Fant\u00f4mas. Car avec les masques \u00e9videmment qu\u2019il ressurgit. Et aussi les mots populiste et populaire et l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 encore tr\u00e8s vivace qui ne cesse d\u2019aiguiser ma curiosit\u00e9, \u00e0 seule fin de m\u2019extraire de l\u2019indiff\u00e9rence harassante. De l\u2019ennui. De la r\u00e9p\u00e9tition au cours des \u00e2ges des exp\u00e9riences naus\u00e9abondes dues \u00e0 cette ambigu\u00eft\u00e9 — Attrait ou d\u00e9go\u00fbt — entre populisme et popularit\u00e9. La figure embl\u00e9matique du personnage invisible incarn\u00e9e dans Fant\u00f4mas. Qu\u2019entendre dans populaire ? Dans histoire ou roman « populaire ».<\/p>\n

Donc je cherche je farfouille je triture. Et je d\u00e9couvre cet article.<\/p>\n

_Le « peuple » n\u2019y est gu\u00e8re pr\u00e9sent (On parle du roman populaire Fant\u00f4mas) que sous les auspices st\u00e9r\u00e9otyp\u00e9s de la p\u00e8gre, celle qui fr\u00e9quente les cabarets louches du « Cochon de Saint-Antoine » et du « Rendez-vous des Aminches », les bidonvilles de Saint-Ouen, les f\u00eates foraines de Montmartre et des barri\u00e8res. Tout cela ne d\u00e9passe pas les clich\u00e9s v\u00e9hicul\u00e9s depuis pr\u00e8s d\u2019un si\u00e8cle d\u00e9j\u00e0 par le roman feuilleton. En revanche, s\u2019il est une s\u00e9rie qui fut populaire, c\u2019est bien celle du Roi de l\u2019Epouvante. L\u2019attestent un succ\u00e8s foudroyant, favoris\u00e9 entre autres par l\u2019\u00e9dition bon march\u00e9 de chez Fayard (soixante-cinq centimes le num\u00e9ro et m\u00eame trente-cinq pour le premier), des traductions innombrables, la cons\u00e9cration imm\u00e9diate apport\u00e9e par le cin\u00e9ma (cinq films de Feuillade avant 1914), et pour couronner le tout, la caution aussi spontan\u00e9e qu\u2019enthousiaste des intellectuels, Apollinaire, Cendrars, qui voyait dans le cycle « l\u2019En\u00e9ide des temps modernes », Max Jacob qui consid\u00e9rait comme une \u0153uvre de salut public la cr\u00e9ation d\u2019une « Soci\u00e9t\u00e9 des Amis de Fant\u00f4mas », Cocteau, Desnos auteur d\u2019une c\u00e9l\u00e8bre complainte interpr\u00e9t\u00e9e \u00e0 Radio-Paris en 1933 par une chorale que dirigeait A. Artaud sur une musique de Kurt Weil. Aucun doute : Fant\u00f4mas est devenu un mythe, il vit de cette existence t\u00eatue qui n\u2019appartient qu\u2019aux cr\u00e9atures imaginaires. Au demeurant, qui se souvient de Pierre Souvestre et Marcel Allain, ses g\u00e9niteurs : le Fils a tu\u00e9 les P\u00e8res, le produit effac\u00e9 les producteurs. Le ph\u00e9nom\u00e8ne se v\u00e9rifie sans doute \u00e0 propos de tous les grands cycles populaires, Rocambole, Lupin ou Rouletabille ayant tous largement d\u00e9pass\u00e9, par l\u2019ampleur de leur notori\u00e9t\u00e9, Ponson du Terrail, Leblanc ou Gaston Leroux. Mais dans le cas de Fant\u00f4mas, il n\u2019est pas sans cocasserie de relever que cet effacement de l\u2019auteur se trouvait sp\u00e9cifi\u00e9 en toutes lettres dans le contrat qui liait Pierre Souvestre \u00e0 son \u00e9diteur._<\/p>\n

L\u2019aspect insaisissable de l\u2019invisible, de celui ou celle qui avance « masqu\u00e9 ». Un don exceptionnel pour les m\u00e9tamorphoses. Tout cela se heurte \u00e0 la logique aristot\u00e9licienne de l\u2019identit\u00e9. On parle m\u00eame d\u2019une esth\u00e9tique du baroque.<\/p>\n

La publication du bouquin de Souvestre et Allain d\u00e9bute en 1911 et s\u2019il devient « populaire » c\u2019est sans doute qu\u2019il surgit comme une sorte de r\u00e9ponse culturelle- populaire et non populiste pour le coup \u00e0 la confusion du moment. Il serait int\u00e9ressant de lister tous les \u00e9v\u00e9nements marquants de cette ann\u00e9e (on peut en trouver d\u00e9j\u00e0 un certain nombre sur Wikip\u00e9dia).<\/p>\n

Fant\u00f4mas n\u2019est pas au-del\u00e0 des apparences, c\u2019est tout le contraire « l\u2019apparence est son \u00eatre ». Fant\u00f4mas n\u2019a pas d\u2019autre essence que son masque.<\/p>\n

\u00c0 noter que la m\u00eame ann\u00e9e 1911 c\u2019est Maurice Maeterlinck qui obtient le prix Nobel de litt\u00e9rature.<\/p>\n

Une critique des serres chaudes parut en 1889 chez Paul Vanier, l\u2019\u00e9diteur de Verlaine dit de lui :<\/p>\n

_Ces vers s\u2019inscrivent dans la ligne de la « d\u00e9personnalisation de l\u2019\u00e9criture » et r\u00e9alisent en partie l\u2019id\u00e9al mallarm\u00e9en : la suggestion, comme essence de « tous bouquets », devient le principe g\u00e9n\u00e9rateur de l\u2019acte de cr\u00e9ation « pure ». Par la r\u00e9p\u00e9tition du mot, Maeterlinck atteint une vibration spirituelle, « une r\u00e9sonance int\u00e9rieure »._<\/p>\n

D\u00e9personnalisation de l\u2019\u00e9criture. Puis la boucherie de 14. Puis peu \u00e0 peu le monde moderne, le n\u00e9olib\u00e9ralisme, la d\u00e9personnalisation des \u00eatres et l\u2019hypnose de la t\u00e9l\u00e9vision, des smartphones, du star-syst\u00e8me. Andy Warhol, le quart d\u2019heure de c\u00e9l\u00e9brit\u00e9.<\/p>\n

_« Maeterlinck a \u00e9t\u00e9 tent\u00e9 de donner la vie \u00e0 des formes, \u00e0 des \u00e9tats de la pens\u00e9e pure. Pell\u00e9as, Tintagiles, M\u00e9lisande sont comme les figures visibles de tels sp\u00e9cieux sentiments. Une philosophie se d\u00e9gage de ces rencontres \u00e0 laquelle Maeterlinck essaiera plus tard de donner un verbe, une forme dans la th\u00e9orie centrale du tragique quotidien. Ici le destin d\u00e9cha\u00eene ses caprices ; le rythme est rar\u00e9fi\u00e9, spirituel, nous sommes \u00e0 la source m\u00eame de la temp\u00eate, aux cercles immobiles comme la vie. Maeterlinck a introduit le premier dans la litt\u00e9rature la richesse multiple de la subconscience. [\u2026] Il est apparu dans la litt\u00e9rature au moment qu\u2019il devait venir. Symboliste il l\u2019\u00e9tait par nature, par d\u00e9finition. Ses po\u00e8mes, ses essais, son th\u00e9\u00e2tre, sont comme les \u00e9tats, les figures diverses d\u2019une identique pens\u00e9e. L\u2019intense sentiment qu\u2019il avait de la signification symbolique des choses, de leurs \u00e9changes secrets, de leurs interf\u00e9rences, lui a donn\u00e9 par la suite le go\u00fbt de les faire revivre en les syst\u00e9matisant. C\u2019est ainsi que Maeterlinck se commente avec les images m\u00eames qui lui servent d\u2019aliment. »_ — Antonin Artaud, dans _Pr\u00e9face aux Douze chansons_ (1923)<\/p>\n

\u00c0 peu pr\u00e8s \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque Marcel Duchamp h\u00e9site entre une carri\u00e8re d\u2019humoriste et celle d\u2019artiste peintre. Il aura et nous aurons la chance de voir son travail peu appr\u00e9ci\u00e9 au salon des humoristes. (Palais des Glaces de Paris 1908).<\/p>", "content_text": " Les ennemis des masques (Montaigne, La Rochefoucauld, Rousseau et Stendhal) est le sujet d\u2019une th\u00e8se de Jean Starobinski. Starobinski (je veux toujours que tout ce qui finit par i soit un y donc je place celui-ci avant toute chose, avant que le doute ne s\u2019\u00e9l\u00e8ve et, malgr\u00e9 cela, la singularit\u00e9 me saute aux yeux puisque, connaissant le m\u00e9canisme, je m\u2019obstine, je persiste). C\u2019est encore plus \u00e9vident avec ski qui sit\u00f4t entendu ou prononc\u00e9 int\u00e9rieurement par le larynx se transforme dans l\u2019\u0153il irr\u00e9m\u00e9diablement en sky. (ou peut-\u00eatre est-ce le contraire ?) Y a-t-il une relation entre le ski et le ciel, s\u00fbrement mais elle me reste encore inconnue si j\u2019oublie l\u2019anglais. Donc je dis simultan\u00e9ment que Starobinski m\u00e8ne parall\u00e8lement des \u00e9tudes de m\u00e9decine et des \u00e9tudes litt\u00e9raires. Et il choisit comme sujet de th\u00e8se les \u00e9crivains ennemis des masques.] Il faut aussi \u00e9voquer le fait qu\u2019il est (de 1957-1958) interne \u00e0 l\u2019H\u00f4pital psychiatrique universitaire de C\u00e9ry, pr\u00e8s de Lausanne. Et il r\u00e9dige plus tard un ouvrage intitul\u00e9 _L\u2019encre de la m\u00e9lancolie_ chez Seuil, La librairie du XXI\u00e8me si\u00e8cle, collection dirig\u00e9e par Maurice Olender parall\u00e8lement ou simultan\u00e9ment \u00e0 _Genre humain_. Il faut que je sache qui est Maurice Olender maintenant que je me trouve \u00e0 en parler par l\u2019entremise de cette lecture de Starobinski. _\u00ab Issu d\u2019une famille juive polonaise qui s\u2019est r\u00e9fugi\u00e9e \u00e0 Anvers avant la guerre, Maurice Olender devient apprenti comme \u00ab cliveur de diamants \u00bb. Il apprend l\u2019h\u00e9breu, puis s\u2019initie au grec et au latin. Au terme de ce parcours d\u2019autodidacte, il se d\u00e9finit comme un \u00ab enfant analphab\u00e8te qui a fini \u00e9rudit \u00bb_ (je rel\u00e8ve ce passage dans Wikip\u00e9dia cela m\u2019amuse de me rendre d\u00e9sormais sur ce site pour y collecter des r\u00e9ponses \u00e0 la moindre interrogation). Ce qui me fait songer que j\u2019\u00e9cris ou pense certainement comme je marche dans les rues de Paris \u00e0 vingt puis trente puis quarante ans \u2014 c\u2019est-\u00e0-dire en totale collaboration avec le hasard. Sauf que jusqu\u2019\u00e0 la quarantaine je dis encore \u00ab le hasard \u00bb et je ne m\u2019int\u00e9resse que partiellement aux signes qu\u2019il est sens\u00e9 m\u2019indiquer. Disons que j\u2019\u00e9tablis une hi\u00e9rarchie d\u2019importance vis-\u00e0-vis de ses signes qui ne sont qu\u2019en fonction de choix ou de buts dans une hi\u00e9rarchie de priorit\u00e9 personnelle et dont l\u2019appellation de hi\u00e9rarchie comme de priorit\u00e9 est assez proche de l\u2019intention qu\u2019on trouve dans les pamphlets. Je m\u2019inqui\u00e8te d\u2019autant de hi\u00e9rarchie et de priorit\u00e9, des signes et du hasard que je m\u2019en fous compl\u00e8tement dans mon for int\u00e9rieur. Que cette utilisation des mots est un soufflet (un camouflet ?) envers ce qu\u2019un esprit normalement constitu\u00e9 et muni du s\u00e9rieux, de la gravit\u00e9 requise pour preuve de cette normalit\u00e9 ne souffrirait pas. Avec le recul, l\u2019angoisse m\u2019\u00e9treint en m\u00eame temps que la stupeur et le d\u00e9go\u00fbt presque aussit\u00f4t, d\u2019avoir pass\u00e9 autant de temps \u00e0 m\u2019accrocher \u00e0 de telles balivernes. Et je ne suis pas loin de toujours les trouver tr\u00e8s s\u00e9rieuses malgr\u00e9 ce double de moi-m\u00eame, et qui m\u2019incite \u00e0 toujours les consid\u00e9rer futiles et d\u00e9go\u00fbtantes. \u00c0 remarquer aussi que tout ce qui m\u2019int\u00e9resse et ce de plus en plus se trouve avoir une relation avec la juda\u00eft\u00e9. Il faut que je parvienne \u00e0 d\u00e9velopper cela aussi. Mais ne mettons pas la charrue avant les b\u0153ufs. L\u2019encre remplace donc la bile pour la couleur noire. Je note. Il y a longtemps qu\u2019un int\u00e9r\u00eat est suscit\u00e9 par la m\u00e9lancolie. Depuis l\u2019adolescence certains po\u00e8tes comme Lamartine, Heine, H\u00f6lderlin notamment la distillent, \u00e0 moins que ce ne soit que ma propre lecture des po\u00e8tes qui me permet de la surprendre tout au fond de qui je suis, tout au fond de l\u2019acte m\u00eame d\u2019\u00e9crire. \u00c0 moins que ce ne soit cette t\u00e2che, l\u2019une des t\u00e2ches inaccomplies de ce dibbouk avec qui peu \u00e0 peu je me familiarise, qui cherche \u00e0 s\u2019accomplir, \u00e0 s\u2019achever par mon interm\u00e9diaire et que le fond commun soit cette m\u00e9lancolie des \u00e2mes qui, sans cesse, ont cette sensation de n\u2019aboutir \u00e0 rien. Ici, sans cesse, d\u00e9fie les fronti\u00e8res du temps comme de toute logique spatiotemporelle \u00e9videmment. Cette affaire de masques revient donc sur le tapis encore. Ce ph\u00e9nom\u00e8ne est probablement le m\u00eame que lorsqu\u2019on d\u00e9cide d\u2019acheter un mod\u00e8le pr\u00e9cis de v\u00e9hicule. On feuill\u00e8te des magazines, on rep\u00e8re l\u2019objet de notre d\u00e9sir, on se visualise au volant, on imagine l\u2019effet, avec cette \u00e9trange facult\u00e9 de pouvoir se trouver \u00e0 la fois dans l\u2019habitacle et hors de celui-ci, d\u2019\u00eatre \u00e0 la fois l\u2019acteur principal et tous les figurants qui le remarquent. Donc une chose en moi cherche le mot masque un peu partout et finit bien s\u00fbr par le voir partout. Comme le mot juif. Comme le mot m\u00e9lancolie. Maintenant il faut aussi que je parle de certains d\u00e9sirs plus ou moins inavouables, et ce sont les plus inavouables bien s\u00fbr les plus int\u00e9ressants. Comme par exemple cette nouvelle proposition de F. B \u00e0 participer \u00e0 l\u2019\u00e9laboration d\u2019un recueil de textes sur le souvenir du confinement. Aussit\u00f4t que l\u2019envie m\u2019en vient je la chasse. Et je crois que ce que je chasse ainsi c\u2019est une sorte de vision obsc\u00e8ne associ\u00e9e \u00e0 l\u2019\u00e9criture qui n\u2019a comme but que celui de se faire remarquer, ou de faire remarquer cette histoire de confinement. En plus collectivement. Collectivement mais au final anonymement puisque les textes seraient r\u00e9unis en rubriques et qu\u2019on ne serait pas sens\u00e9 savoir qui les \u00e9crit. Donc m\u00eame mouvement simultan\u00e9 d\u2019attirance et de r\u00e9pulsion envers ce projet, qui n\u2019est qu\u2019un exemple parmi tant d\u2019autres. Il est m\u00eame possible que toute la journ\u00e9e je ne cesse de me d\u00e9battre entre ces deux forces contraires, sans jamais vouloir en privil\u00e9gier l\u2019une comme l\u2019autre. Ma position est centrale bien qu\u2019oscillante perp\u00e9tuellement comme l\u2019est le vide, sauf que je ne produis ainsi que l\u2019\u00e9nergie requise \u00e0 me maintenir ainsi, et c\u2019est d\u00e9j\u00e0 \u00e9prouvant, si \u00e9prouvant que je ne vois pas comment je pourrais faire autre chose que ce que je fais justement. Et avant que je ne d\u00e9veloppe plus cette histoire de m\u00e9lancolie et d\u2019encre, il faut que je parle de Fant\u00f4mas. Car avec les masques \u00e9videmment qu\u2019il ressurgit. Et aussi les mots populiste et populaire et l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 encore tr\u00e8s vivace qui ne cesse d\u2019aiguiser ma curiosit\u00e9, \u00e0 seule fin de m\u2019extraire de l\u2019indiff\u00e9rence harassante. De l\u2019ennui. De la r\u00e9p\u00e9tition au cours des \u00e2ges des exp\u00e9riences naus\u00e9abondes dues \u00e0 cette ambigu\u00eft\u00e9 \u2014 Attrait ou d\u00e9go\u00fbt \u2014 entre populisme et popularit\u00e9. La figure embl\u00e9matique du personnage invisible incarn\u00e9e dans Fant\u00f4mas. Qu\u2019entendre dans populaire ? Dans histoire ou roman \"populaire\". Donc je cherche je farfouille je triture. Et je d\u00e9couvre cet article. _Le \u00ab peuple \u00bb n\u2019y est gu\u00e8re pr\u00e9sent (On parle du roman populaire Fant\u00f4mas) que sous les auspices st\u00e9r\u00e9otyp\u00e9s de la p\u00e8gre, celle qui fr\u00e9quente les cabarets louches du \u00ab Cochon de Saint-Antoine \u00bb et du \u00ab Rendez-vous des Aminches \u00bb, les bidonvilles de Saint-Ouen, les f\u00eates foraines de Montmartre et des barri\u00e8res. Tout cela ne d\u00e9passe pas les clich\u00e9s v\u00e9hicul\u00e9s depuis pr\u00e8s d\u2019un si\u00e8cle d\u00e9j\u00e0 par le roman feuilleton. En revanche, s\u2019il est une s\u00e9rie qui fut populaire, c\u2019est bien celle du Roi de l\u2019Epouvante. L\u2019attestent un succ\u00e8s foudroyant, favoris\u00e9 entre autres par l\u2019\u00e9dition bon march\u00e9 de chez Fayard (soixante-cinq centimes le num\u00e9ro et m\u00eame trente-cinq pour le premier), des traductions innombrables, la cons\u00e9cration imm\u00e9diate apport\u00e9e par le cin\u00e9ma (cinq films de Feuillade avant 1914), et pour couronner le tout, la caution aussi spontan\u00e9e qu\u2019enthousiaste des intellectuels, Apollinaire, Cendrars, qui voyait dans le cycle \u00ab l\u2019En\u00e9ide des temps modernes \u00bb, Max Jacob qui consid\u00e9rait comme une \u0153uvre de salut public la cr\u00e9ation d\u2019une \u00ab Soci\u00e9t\u00e9 des Amis de Fant\u00f4mas \u00bb, Cocteau, Desnos auteur d\u2019une c\u00e9l\u00e8bre complainte interpr\u00e9t\u00e9e \u00e0 Radio-Paris en 1933 par une chorale que dirigeait A. Artaud sur une musique de Kurt Weil. Aucun doute : Fant\u00f4mas est devenu un mythe, il vit de cette existence t\u00eatue qui n\u2019appartient qu\u2019aux cr\u00e9atures imaginaires. Au demeurant, qui se souvient de Pierre Souvestre et Marcel Allain, ses g\u00e9niteurs : le Fils a tu\u00e9 les P\u00e8res, le produit effac\u00e9 les producteurs. Le ph\u00e9nom\u00e8ne se v\u00e9rifie sans doute \u00e0 propos de tous les grands cycles populaires, Rocambole, Lupin ou Rouletabille ayant tous largement d\u00e9pass\u00e9, par l\u2019ampleur de leur notori\u00e9t\u00e9, Ponson du Terrail, Leblanc ou Gaston Leroux. Mais dans le cas de Fant\u00f4mas, il n\u2019est pas sans cocasserie de relever que cet effacement de l\u2019auteur se trouvait sp\u00e9cifi\u00e9 en toutes lettres dans le contrat qui liait Pierre Souvestre \u00e0 son \u00e9diteur._ L\u2019aspect insaisissable de l\u2019invisible, de celui ou celle qui avance \"masqu\u00e9\". Un don exceptionnel pour les m\u00e9tamorphoses. Tout cela se heurte \u00e0 la logique aristot\u00e9licienne de l\u2019identit\u00e9. On parle m\u00eame d\u2019une esth\u00e9tique du baroque. La publication du bouquin de Souvestre et Allain d\u00e9bute en 1911 et s\u2019il devient \"populaire\" c\u2019est sans doute qu\u2019il surgit comme une sorte de r\u00e9ponse culturelle- populaire et non populiste pour le coup \u00e0 la confusion du moment. Il serait int\u00e9ressant de lister tous les \u00e9v\u00e9nements marquants de cette ann\u00e9e (on peut en trouver d\u00e9j\u00e0 un certain nombre sur Wikip\u00e9dia). Fant\u00f4mas n\u2019est pas au-del\u00e0 des apparences, c\u2019est tout le contraire \"l\u2019apparence est son \u00eatre\". Fant\u00f4mas n\u2019a pas d\u2019autre essence que son masque. \u00c0 noter que la m\u00eame ann\u00e9e 1911 c\u2019est Maurice Maeterlinck qui obtient le prix Nobel de litt\u00e9rature. Une critique des serres chaudes parut en 1889 chez Paul Vanier, l\u2019\u00e9diteur de Verlaine dit de lui : _Ces vers s\u2019inscrivent dans la ligne de la \u00ab d\u00e9personnalisation de l\u2019\u00e9criture \u00bb et r\u00e9alisent en partie l\u2019id\u00e9al mallarm\u00e9en : la suggestion, comme essence de \u00ab tous bouquets \u00bb, devient le principe g\u00e9n\u00e9rateur de l\u2019acte de cr\u00e9ation \u00ab pure \u00bb. Par la r\u00e9p\u00e9tition du mot, Maeterlinck atteint une vibration spirituelle, \u00ab une r\u00e9sonance int\u00e9rieure \u00bb._ D\u00e9personnalisation de l\u2019\u00e9criture. Puis la boucherie de 14. Puis peu \u00e0 peu le monde moderne, le n\u00e9olib\u00e9ralisme, la d\u00e9personnalisation des \u00eatres et l\u2019hypnose de la t\u00e9l\u00e9vision, des smartphones, du star-syst\u00e8me. Andy Warhol, le quart d\u2019heure de c\u00e9l\u00e9brit\u00e9. _\u00ab Maeterlinck a \u00e9t\u00e9 tent\u00e9 de donner la vie \u00e0 des formes, \u00e0 des \u00e9tats de la pens\u00e9e pure. Pell\u00e9as, Tintagiles, M\u00e9lisande sont comme les figures visibles de tels sp\u00e9cieux sentiments. Une philosophie se d\u00e9gage de ces rencontres \u00e0 laquelle Maeterlinck essaiera plus tard de donner un verbe, une forme dans la th\u00e9orie centrale du tragique quotidien. Ici le destin d\u00e9cha\u00eene ses caprices ; le rythme est rar\u00e9fi\u00e9, spirituel, nous sommes \u00e0 la source m\u00eame de la temp\u00eate, aux cercles immobiles comme la vie. Maeterlinck a introduit le premier dans la litt\u00e9rature la richesse multiple de la subconscience. [\u2026] Il est apparu dans la litt\u00e9rature au moment qu\u2019il devait venir. Symboliste il l\u2019\u00e9tait par nature, par d\u00e9finition. Ses po\u00e8mes, ses essais, son th\u00e9\u00e2tre, sont comme les \u00e9tats, les figures diverses d\u2019une identique pens\u00e9e. L\u2019intense sentiment qu\u2019il avait de la signification symbolique des choses, de leurs \u00e9changes secrets, de leurs interf\u00e9rences, lui a donn\u00e9 par la suite le go\u00fbt de les faire revivre en les syst\u00e9matisant. C\u2019est ainsi que Maeterlinck se commente avec les images m\u00eames qui lui servent d\u2019aliment. \u00bb_ \u2014 Antonin Artaud, dans _Pr\u00e9face aux Douze chansons_ (1923) \u00c0 peu pr\u00e8s \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque Marcel Duchamp h\u00e9site entre une carri\u00e8re d\u2019humoriste et celle d\u2019artiste peintre. Il aura et nous aurons la chance de voir son travail peu appr\u00e9ci\u00e9 au salon des humoristes. (Palais des Glaces de Paris 1908). 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\n\n \n\t\tPhotographie en noir et blanc, un homme sur une bicyclette longe un passage pour piéton, on ne voit pas son visage, l'image a été coupée.<\/a>\n
\n\t
une photographie rat\u00e9e\n<\/strong><\/div>\n\t
Photographie en noir et blanc, un homme sur une bicyclette longe un passage pour pi\u00e9ton, on ne voit pas son visage, l’image a \u00e9t\u00e9 coup\u00e9e.\n<\/div>\n\t
patrick blanchon\n<\/div>\n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Nous regardons et ne voyons pas grand-chose. Nous pensons et c\u2019est fichu. Nous pensons voir ce qui n\u2019a rien \u00e0 voir. Parce que nous sommes envahis par une foule d\u2019images parasites qui s\u2019interposent entre nous et la r\u00e9alit\u00e9. Du coup, nous fabriquons une r\u00e9alit\u00e9 commune, si je puis dire, mais ce n\u2019est pas la n\u00f4tre. Le poids de la peinture au cours des \u00e2ges, toutes ces \u0153uvres formidables que nous conservons au fond de la r\u00e9tine, il faudrait les balayer dans l\u2019instant pr\u00e9sent et revenir \u00e0 un \u00e9tat sans langage, sans souvenir, sans futur non plus.<\/p>\n

Juste \u00eatre l\u00e0, les yeux bien ouverts. S\u2019y fier et domestiquer la main pour qu\u2019elle suive le trac\u00e9. Qu\u2019importe la maladresse, car ce que l\u2019on recherche avant tout, c\u2019est simplement notre adresse v\u00e9ritable qui ne ressemble \u00e0 nulle autre. Combien de fois m\u2019a-t-on dit : c\u2019est moche, \u00e7a va finir \u00e0 la corbeille\u2026 Recule-toi, ferme les yeux, ouvre-les \u00e0 nouveau. Tiens, je mets un cadre pour voir\u2026 et maintenant ?<\/p>\n

Il faut des ann\u00e9es de d\u00e9sapprentissage pour apprendre \u00e0 voir. Et en tant que prof, c\u2019est aussi cela mon boulot : d\u00e9tecter dans le moche le merveilleux qui s\u2019y cache.<\/p>", "content_text": "Nous regardons et ne voyons pas grand-chose. Nous pensons et c\u2019est fichu. Nous pensons voir ce qui n\u2019a rien \u00e0 voir. Parce que nous sommes envahis par une foule d\u2019images parasites qui s\u2019interposent entre nous et la r\u00e9alit\u00e9. Du coup, nous fabriquons une r\u00e9alit\u00e9 commune, si je puis dire, mais ce n\u2019est pas la n\u00f4tre. Le poids de la peinture au cours des \u00e2ges, toutes ces \u0153uvres formidables que nous conservons au fond de la r\u00e9tine, il faudrait les balayer dans l\u2019instant pr\u00e9sent et revenir \u00e0 un \u00e9tat sans langage, sans souvenir, sans futur non plus. Juste \u00eatre l\u00e0, les yeux bien ouverts. S\u2019y fier et domestiquer la main pour qu\u2019elle suive le trac\u00e9. Qu\u2019importe la maladresse, car ce que l\u2019on recherche avant tout, c\u2019est simplement notre adresse v\u00e9ritable qui ne ressemble \u00e0 nulle autre. Combien de fois m\u2019a-t-on dit : c\u2019est moche, \u00e7a va finir \u00e0 la corbeille\u2026 Recule-toi, ferme les yeux, ouvre-les \u00e0 nouveau. Tiens, je mets un cadre pour voir\u2026 et maintenant ? Il faut des ann\u00e9es de d\u00e9sapprentissage pour apprendre \u00e0 voir. Et en tant que prof, c\u2019est aussi cela mon boulot : d\u00e9tecter dans le moche le merveilleux qui s\u2019y cache.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img096-2-2.jpg?1748065107", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/resonances-et-memoires-entre-evocation-et-silence.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/resonances-et-memoires-entre-evocation-et-silence.html", "title": "R\u00e9sonances et M\u00e9moires : Entre \u00c9vocation et Silence", "date_published": "2023-09-04T15:44:00Z", "date_modified": "2025-02-15T05:51:09Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\tune peinture à l'acrylique dans les tons gris colorés représentant des silhouettes imprécises <\/a>\n
\n\t
Evocation, acrylique sur papier\n<\/strong><\/div>\n\t
Evocation, acrylique sur papier\n<\/div>\n\t
patrick blanchon\n<\/div>\n<\/figcaption><\/figure>\n<\/div><\/span>\n

_I\u2019ve forgot. But I remember myself through your thoughts_<\/p>\n

_Rainier Lericolais, Leah\u2019le, la voix du Dibbouk, 2021_<\/p>\n

Recueilli parmi des critiques, au hasard du net :<\/p>\n

_« Tous ces personnages parlent beaucoup mais il n\u2019y a pas de dialogue »_<\/p>\n

Il faut r\u00e9pondre \u00e0 cela, s\u2019y opposer, r\u00e9sister !<\/p>\n

C\u2019est une mentalit\u00e9 particuli\u00e8re (_yiddish-Ashk\u00e9naze_), peu accessible au tout venant qui veut toujours savoir « de quoi on parle, \u00e0 qui \u00e7a s\u2019adresse ». Il s\u2019agit d\u2019un art de l\u2019\u00e9vocation bien plus que de la repr\u00e9sentation.<\/p>\n

Arriver en France, pays cart\u00e9sien, et se mettre au diapason a d\u00fb poser des probl\u00e8mes, pas seulement de langue mais de mentalit\u00e9.<\/p>\n

Toujours une h\u00e9sitation sur ce participe pass\u00e9 de devoir—mettre l\u2019accent circonflexe ou pas—d\u2019instinct je le mets, puis le doute s\u2019installe, oblig\u00e9 de v\u00e9rifier presque \u00e0 chaque emploi.<\/p>\n

D\u00e9couverte de cet artiste, _Rainier Lericolais_, plasticien et musicien, tr\u00e8s touch\u00e9 par son univers. Comme des \u00e9chos, des souvenirs venant d\u2019ailleurs. Mais est-ce important de savoir d\u2019o\u00f9 ?<\/p>\n

Relev\u00e9 aussi cette phrase sur le blog de Marcel :<\/p>\n

_« ...les mots viennent se former sur cette imp\u00e9n\u00e9trable et l\u00e9g\u00e8re opacit\u00e9 qu\u2019on dirait faite avec la cendre de toutes les paroles perdues... »_ (Starobinski, in _La Beaut\u00e9 du monde_)<\/p>", "content_text": " _I\u2019ve forgot. But I remember myself through your thoughts_ _Rainier Lericolais, Leah\u2019le, la voix du Dibbouk, 2021_ Recueilli parmi des critiques, au hasard du net : _\u00ab Tous ces personnages parlent beaucoup mais il n\u2019y a pas de dialogue \u00bb_ Il faut r\u00e9pondre \u00e0 cela, s\u2019y opposer, r\u00e9sister ! C\u2019est une mentalit\u00e9 particuli\u00e8re (_yiddish-Ashk\u00e9naze_), peu accessible au tout venant qui veut toujours savoir \u00ab de quoi on parle, \u00e0 qui \u00e7a s\u2019adresse \u00bb. Il s\u2019agit d\u2019un art de l\u2019\u00e9vocation bien plus que de la repr\u00e9sentation. Arriver en France, pays cart\u00e9sien, et se mettre au diapason a d\u00fb poser des probl\u00e8mes, pas seulement de langue mais de mentalit\u00e9. Toujours une h\u00e9sitation sur ce participe pass\u00e9 de devoir\u2014mettre l\u2019accent circonflexe ou pas\u2014d\u2019instinct je le mets, puis le doute s\u2019installe, oblig\u00e9 de v\u00e9rifier presque \u00e0 chaque emploi. D\u00e9couverte de cet artiste, _Rainier Lericolais_, plasticien et musicien, tr\u00e8s touch\u00e9 par son univers. Comme des \u00e9chos, des souvenirs venant d\u2019ailleurs. Mais est-ce important de savoir d\u2019o\u00f9 ? Relev\u00e9 aussi cette phrase sur le blog de Marcel : _\u00ab ...les mots viennent se former sur cette imp\u00e9n\u00e9trable et l\u00e9g\u00e8re opacit\u00e9 qu\u2019on dirait faite avec la cendre de toutes les paroles perdues... \u00bb_ (Starobinski, in _La Beaut\u00e9 du monde_) ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_9048.jpg?1748065077", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Ecrire-un-Jeu-de-Reflets-Entre-Dissociation-et-Presence.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Ecrire-un-Jeu-de-Reflets-Entre-Dissociation-et-Presence.html", "title": "\u00c9crire, un Jeu de Reflets : Entre Dissociation et Pr\u00e9sence", "date_published": "2023-09-03T15:33:00Z", "date_modified": "2025-04-30T14:37:40Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

\n
\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

\u00c9crire fait appel \u00e0 des parts sombres de moi, une vision terrible des autres, du monde, et bien s\u00fbr de moi-m\u00eame, ou de ce moi-autre. L\u2019acte d\u2019\u00e9crire devient une dissociation : je me vois \u00e9crire toutes ces choses horribles, ces choses absolument d\u00e9cevantes. Mais qui donc observe ce spectacle ? Quelle part de moi regarde cette autre part \u00e9crire ? Comme dans une jungle, qui \u00e9pie celui fascin\u00e9 par sa proie ?<\/p>\n

Et qui est authentique ? Peut-\u00eatre qu\u2019aucune ne l\u2019est. Peut-\u00eatre qu\u2019une part encore inaccessible nous observe, patientant dans l\u2019ombre pour surgir. Cette id\u00e9e revient sans cesse, qu\u2019un jour tout s\u2019\u00e9claire. Peut-\u00eatre, quelques instants avant la mort, cette part s\u2019ouvre au monde comme une fleur, pour se refermer aussit\u00f4t. Une pulsation cardiaque, et c\u2019est fini. Cela me convient. Tout \u00e7a pour \u00e7a — et les imb\u00e9ciles diraient, tout \u00e7a pour \u00e7a seulement.<\/p>\n

C\u2019est l\u00e0 que tout le monde se fait pi\u00e9ger par l\u2019id\u00e9e de temps.<\/p>\n

En naviguant au hasard, je retombe sur le nom d\u2019Ansel Adams, le photographe que j\u2019admirais \u00e0 vingt ans. L\u2019alchimie secr\u00e8te de la chambre noire, ce lien entre le moment de la prise de vue et celui du d\u00e9veloppement des films en noir et blanc, cette connivence. Ouvrir le diaphragme, surexposer pour capter la mati\u00e8re des blancs, jouer avec le r\u00e9v\u00e9lateur et les sels d\u2019argent. J\u2019en ai parl\u00e9 autrefois sur mon blog, Peinture chamanique, dans mes exercices d\u2019admiration.<\/p>\n

Quand je vois les choses en noir, comme un fil de vierge dans l\u2019air frais du matin d\u2019automne, en marchant vers l\u2019\u00e9cole, avec ses violences, ses platanes, son pr\u00e9au \u00e9troit sous la pluie.<\/p>\n

Sinon, je m\u2019accroche au silence. L\u2019\u00e9criture sert \u00e0 cela : se tenir \u00e0 quelque chose. Moi, qui n\u2019arrive jamais \u00e0 tenir \u00e0 rien ni \u00e0 personne, l\u2019\u00e9criture devient ma seule constance. Cette sensation d\u2019\u00eatre dans un r\u00eave o\u00f9 tout se m\u00e9tamorphose sans cesse, o\u00f9 la seule r\u00e9alit\u00e9 est la m\u00e9tamorphose elle-m\u00eame, du monde qui m\u2019entoure et de moi-m\u00eame.<\/p>\n

L\u2019expression « couper les ponts » me vient, et soudain le fleuve, la rive, les deux myst\u00e8res se retrouvent intacts.<\/p>\n

Malgr\u00e9 les cauchemars, quelque chose r\u00e9siste. C\u2019est l\u2019instant de pr\u00e9sence, o\u00f9 tout se suspend. Urbanit\u00e9, sympathie, civisme, reprennent le dessus. Est-ce une seconde nature ? Ou bien la vraie nature est celle qui s\u2019exprime en \u00e9crivant ?<\/p>\n

N\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9poque de la m\u00e9canique quantique, on d\u00e9couvre la probabilit\u00e9 d\u2019\u00eatre ici et l\u00e0, partout et nulle part \u00e0 la fois. Une onde qui se fige lorsqu\u2019on l\u2019observe. Juste une cr\u00e9ation de l\u2019observation, rien de grave.<\/p>\n

\u00c9crire, c\u2019est aussi faire appel \u00e0 la meilleure part de soi. Cette part est-elle aussi fictive que la pire ? La r\u00e9alit\u00e9 oscille entre ces deux p\u00f4les, ondulante, jamais fig\u00e9e. Si elle se fixe, c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019imagination partag\u00e9e de l\u2019observateur.<\/p>\n

Le mensonge devient une seconde, puis une premi\u00e8re nature. Quand tout ment autour de nous, le mensonge devient le bain o\u00f9 tout baigne. Et celui qui r\u00e9clame la v\u00e9rit\u00e9 est un fou.<\/p>\n

La solitude aujourd\u2019hui, c\u2019est la folie.<\/p>\n

Qui \u00e9crit ces mots et d\u2019o\u00f9 vient cette v\u00e9rit\u00e9 ? C\u2019est l\u00e0 que surgit le ridicule de la r\u00e9flexion.<\/p>\n

Ensuite, on s\u2019enfonce dans le quotidien. Un jeudi sans \u00e9cole devient une journ\u00e9e hors du cadre, un souffle diff\u00e9rent sur le visage. Sensation de vivre, hors du cadre, dans la vacuit\u00e9. Puis on oublie, on retrouve, et ainsi de suite. On s\u2019y fait, comme on dit.<\/p>", "content_text": "\u00c9crire fait appel \u00e0 des parts sombres de moi, une vision terrible des autres, du monde, et bien s\u00fbr de moi-m\u00eame, ou de ce moi-autre. L\u2019acte d\u2019\u00e9crire devient une dissociation : je me vois \u00e9crire toutes ces choses horribles, ces choses absolument d\u00e9cevantes. Mais qui donc observe ce spectacle ? Quelle part de moi regarde cette autre part \u00e9crire ? Comme dans une jungle, qui \u00e9pie celui fascin\u00e9 par sa proie ? Et qui est authentique ? Peut-\u00eatre qu\u2019aucune ne l\u2019est. Peut-\u00eatre qu\u2019une part encore inaccessible nous observe, patientant dans l\u2019ombre pour surgir. Cette id\u00e9e revient sans cesse, qu\u2019un jour tout s\u2019\u00e9claire. Peut-\u00eatre, quelques instants avant la mort, cette part s\u2019ouvre au monde comme une fleur, pour se refermer aussit\u00f4t. Une pulsation cardiaque, et c\u2019est fini. Cela me convient. Tout \u00e7a pour \u00e7a \u2014 et les imb\u00e9ciles diraient, tout \u00e7a pour \u00e7a seulement. C\u2019est l\u00e0 que tout le monde se fait pi\u00e9ger par l\u2019id\u00e9e de temps. En naviguant au hasard, je retombe sur le nom d\u2019Ansel Adams, le photographe que j\u2019admirais \u00e0 vingt ans. L\u2019alchimie secr\u00e8te de la chambre noire, ce lien entre le moment de la prise de vue et celui du d\u00e9veloppement des films en noir et blanc, cette connivence. Ouvrir le diaphragme, surexposer pour capter la mati\u00e8re des blancs, jouer avec le r\u00e9v\u00e9lateur et les sels d\u2019argent. J\u2019en ai parl\u00e9 autrefois sur mon blog, Peinture chamanique, dans mes exercices d\u2019admiration. Quand je vois les choses en noir, comme un fil de vierge dans l\u2019air frais du matin d\u2019automne, en marchant vers l\u2019\u00e9cole, avec ses violences, ses platanes, son pr\u00e9au \u00e9troit sous la pluie. Sinon, je m\u2019accroche au silence. L\u2019\u00e9criture sert \u00e0 cela : se tenir \u00e0 quelque chose. Moi, qui n\u2019arrive jamais \u00e0 tenir \u00e0 rien ni \u00e0 personne, l\u2019\u00e9criture devient ma seule constance. Cette sensation d\u2019\u00eatre dans un r\u00eave o\u00f9 tout se m\u00e9tamorphose sans cesse, o\u00f9 la seule r\u00e9alit\u00e9 est la m\u00e9tamorphose elle-m\u00eame, du monde qui m\u2019entoure et de moi-m\u00eame. L\u2019expression \u00ab couper les ponts \u00bb me vient, et soudain le fleuve, la rive, les deux myst\u00e8res se retrouvent intacts. Malgr\u00e9 les cauchemars, quelque chose r\u00e9siste. C\u2019est l\u2019instant de pr\u00e9sence, o\u00f9 tout se suspend. Urbanit\u00e9, sympathie, civisme, reprennent le dessus. Est-ce une seconde nature ? Ou bien la vraie nature est celle qui s\u2019exprime en \u00e9crivant ? N\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9poque de la m\u00e9canique quantique, on d\u00e9couvre la probabilit\u00e9 d\u2019\u00eatre ici et l\u00e0, partout et nulle part \u00e0 la fois. Une onde qui se fige lorsqu\u2019on l\u2019observe. Juste une cr\u00e9ation de l\u2019observation, rien de grave. \u00c9crire, c\u2019est aussi faire appel \u00e0 la meilleure part de soi. Cette part est-elle aussi fictive que la pire ? La r\u00e9alit\u00e9 oscille entre ces deux p\u00f4les, ondulante, jamais fig\u00e9e. Si elle se fixe, c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019imagination partag\u00e9e de l\u2019observateur. Le mensonge devient une seconde, puis une premi\u00e8re nature. Quand tout ment autour de nous, le mensonge devient le bain o\u00f9 tout baigne. Et celui qui r\u00e9clame la v\u00e9rit\u00e9 est un fou. La solitude aujourd\u2019hui, c\u2019est la folie. Qui \u00e9crit ces mots et d\u2019o\u00f9 vient cette v\u00e9rit\u00e9 ? C\u2019est l\u00e0 que surgit le ridicule de la r\u00e9flexion. Ensuite, on s\u2019enfonce dans le quotidien. Un jeudi sans \u00e9cole devient une journ\u00e9e hors du cadre, un souffle diff\u00e9rent sur le visage. Sensation de vivre, hors du cadre, dans la vacuit\u00e9. Puis on oublie, on retrouve, et ainsi de suite. On s\u2019y fait, comme on dit.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/ansel-adams-cypress-tree-in-fog-pebble-beach-california-1967.webp?1748065201", "tags": ["Autofiction et Introspection", "photographes"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Les-Voix-et-les-Mues-Entre-Ecoute-et-Positionnement.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Les-Voix-et-les-Mues-Entre-Ecoute-et-Positionnement.html", "title": "Les Voix et les Mues : Entre \u00c9coute et Positionnement", "date_published": "2023-09-02T15:19:00Z", "date_modified": "2025-02-17T01:55:53Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div><\/span>\n

Lecture de quelques pages de La Le\u00e7on de musique <\/i> de Quignard. Cela me ram\u00e8ne instantan\u00e9ment \u00e0 cette agacement : entendre des voix de femmes trop aigu\u00ebs, instables, comme un \u00e9talage d\u2019impudeur non assum\u00e9e. Et m\u00eame assum\u00e9e, je ne saurais plus y faire face comme autrefois. C\u2019est l\u2019exasp\u00e9ration d\u2019un p\u00e9tard qui ne d\u00e9tonne pas, une longue tension pour les nerfs.<\/p>\n

Descendre dans la bassesse — est-ce seulement celle d\u2019une voix ? — pour pr\u00e9server, prot\u00e9ger. Un regret, presque palpable, comme dans la chanson de Gainsbourg : « Je suis au regret. »<\/i><\/p>\n

La r\u00e9p\u00e9tition. Quignard parle du plaisir r\u00e9p\u00e9t\u00e9, ce qui finit par user. Lire Quignard, c\u2019est osciller entre une corde imaginaire pour se pendre, voir le monde en p\u00e9nis ou vagins, ou plonger en apn\u00e9e dans une po\u00e9sie amniotique.<\/p>\n

Il parle de la voix perdue, celle qu\u2019on ne retrouve qu\u2019\u00e0 travers la musique, en instrumentiste ou en compositeur. Les mues inachev\u00e9es d\u2019une vie. Cela me remue au plus profond.<\/p>\n

Ni envie de co\u00eft ni de l\u2019extase des grenouilles, tout cela m\u2019ennuie. Vieillesse v\u00e9ritable ?<\/p>\n

L\u2019image de la cabane en bois de m\u00fbrier devenue instrument de musique reste belle. Mais toujours, cette id\u00e9e d\u2019une aristocratie litt\u00e9raire me hante.<\/p>\n

Visualiser une s\u00e9ance Zoom sur un manuscrit, la discussion tourne autour du positionnement, exactement comme lors des \u00e9changes sur la peinture. Tout cela, pour plaire \u00e0 un lecteur, un \u00e9diteur, ou un galeriste, leur m\u00e2cher le travail.<\/p>\n

\u00c9trange d\u2019entendre FB parler de positionnement : une entreprise projette une image pour ses clients, et si elle ne correspond pas \u00e0 leurs attentes, l\u2019\u00e9chec est assur\u00e9. Positionnement, toujours. Peindre ou \u00e9crire sans se pr\u00e9occuper d\u2019un destinataire pr\u00e9cis. Est-ce alors vraiment de l\u2019art ou juste un acte personnel ?<\/p>\n

\u00c0 la fin, fuir le positionnement, se plonger dans La Langue g\u00e9niale de Marcolongo, revenir \u00e0 la clart\u00e9 du grec. Woolf disait que c\u2019est au grec qu\u2019on retourne quand l\u2019impr\u00e9cision de notre \u00e9poque nous lasse. Le grec voyait le monde libre du temps, alors que nous en sommes prisonniers.<\/p>\n

« Le temps pr\u00e9sent et le temps pass\u00e9... »<\/i> Les mots de T. S. Eliot r\u00e9sonnent comme des \u00e9chos dans un couloir jamais emprunt\u00e9.<\/p>\n

Les jours passent, fondent comme du beurre au soleil, et les nuits restent blanches. Ce matin, au forum des associations, avec deux toiles sous le bras pour prouver que je suis peintre, parce que les mots ne suffisent plus.<\/p>\n

Illustration Acrylique sur papier « viande » format raisin.<\/p>", "content_text": "Lecture de quelques pages de {La Le\u00e7on de musique } de Quignard. Cela me ram\u00e8ne instantan\u00e9ment \u00e0 cette agacement : entendre des voix de femmes trop aigu\u00ebs, instables, comme un \u00e9talage d\u2019impudeur non assum\u00e9e. Et m\u00eame assum\u00e9e, je ne saurais plus y faire face comme autrefois. C\u2019est l\u2019exasp\u00e9ration d\u2019un p\u00e9tard qui ne d\u00e9tonne pas, une longue tension pour les nerfs. Descendre dans la bassesse \u2014 est-ce seulement celle d\u2019une voix ? \u2014 pour pr\u00e9server, prot\u00e9ger. Un regret, presque palpable, comme dans la chanson de Gainsbourg : {\"Je suis au regret.\"} La r\u00e9p\u00e9tition. Quignard parle du plaisir r\u00e9p\u00e9t\u00e9, ce qui finit par user. Lire Quignard, c\u2019est osciller entre une corde imaginaire pour se pendre, voir le monde en p\u00e9nis ou vagins, ou plonger en apn\u00e9e dans une po\u00e9sie amniotique. Il parle de la voix perdue, celle qu\u2019on ne retrouve qu\u2019\u00e0 travers la musique, en instrumentiste ou en compositeur. Les mues inachev\u00e9es d\u2019une vie. Cela me remue au plus profond. Ni envie de co\u00eft ni de l\u2019extase des grenouilles, tout cela m\u2019ennuie. Vieillesse v\u00e9ritable ? L\u2019image de la cabane en bois de m\u00fbrier devenue instrument de musique reste belle. Mais toujours, cette id\u00e9e d\u2019une aristocratie litt\u00e9raire me hante. Visualiser une s\u00e9ance Zoom sur un manuscrit, la discussion tourne autour du positionnement, exactement comme lors des \u00e9changes sur la peinture. Tout cela, pour plaire \u00e0 un lecteur, un \u00e9diteur, ou un galeriste, leur m\u00e2cher le travail. \u00c9trange d\u2019entendre FB parler de positionnement : une entreprise projette une image pour ses clients, et si elle ne correspond pas \u00e0 leurs attentes, l\u2019\u00e9chec est assur\u00e9. Positionnement, toujours. Peindre ou \u00e9crire sans se pr\u00e9occuper d\u2019un destinataire pr\u00e9cis. Est-ce alors vraiment de l\u2019art ou juste un acte personnel ? \u00c0 la fin, fuir le positionnement, se plonger dans La Langue g\u00e9niale de Marcolongo, revenir \u00e0 la clart\u00e9 du grec. Woolf disait que c\u2019est au grec qu\u2019on retourne quand l\u2019impr\u00e9cision de notre \u00e9poque nous lasse. Le grec voyait le monde libre du temps, alors que nous en sommes prisonniers. {\u00ab Le temps pr\u00e9sent et le temps pass\u00e9... \u00bb} Les mots de T. S. Eliot r\u00e9sonnent comme des \u00e9chos dans un couloir jamais emprunt\u00e9. Les jours passent, fondent comme du beurre au soleil, et les nuits restent blanches. Ce matin, au forum des associations, avec deux toiles sous le bras pour prouver que je suis peintre, parce que les mots ne suffisent plus. Illustration Acrylique sur papier \"viande\" format raisin.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/2020-10-31-11.57_48.webp?1748065081", "tags": ["\u00e9criture fragmentaire", "Auteurs litt\u00e9raires", "Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/Le-Temps-le-Profit-et-l-Energie-du-Vide.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/Le-Temps-le-Profit-et-l-Energie-du-Vide.html", "title": "Le Temps, le Profit et l'\u00c9nergie du Vide", "date_published": "2023-09-01T14:56:00Z", "date_modified": "2025-02-17T01:56:24Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "<\/span>

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Etre vieux, c’est prendre son temps pour la moindre t\u00e2che. Ou alors vivre dans une fr\u00e9n\u00e9sie, une boulimie, comme si le temps manquait toujours, l\u2019\u0153il riv\u00e9 sur les grains de sable d\u2019un sablier. Derri\u00e8re l\u2019obsession du temps — celui qu\u2019on poss\u00e8de ou qu\u2019on perd — se cache l’id\u00e9e de profit : profiter de la vie, refuser de vivre une existence « pour rien ».<\/p>\n

Mais il y a aussi cette r\u00e9sistance tenace : ne jamais accepter de profiter de quoi que ce soit. Un refus presque pathologique de tout profit. Ou \u00e0 l\u2019inverse, se jeter sur tout, jusqu\u2019\u00e0 la moindre miette, la moindre goutte. S\u2019empiffrer, se gaver, puis regretter. Le remords, la honte, la culpabilit\u00e9. Un \u00e9trange passe-temps.<\/p>\n

\u00c7a fonctionne par \u00e0-coups, en zigzag, en montagnes russes. Voil\u00e0 l\u2019homme.<\/p>\n

Hier, les douleurs aux reins et aux jambes m\u2019ont r\u00e9veill\u00e9 apr\u00e8s une mauvaise nuit (pleine lune). Je suis parti plus t\u00f4t affronter la journ\u00e9e. D. n\u2019\u00e9tait pas encore arriv\u00e9e, j\u2019ai commenc\u00e9 l\u2019accrochage de la premi\u00e8re salle. Bien avanc\u00e9, sans bavardages : une heure de travail efficace. Quand les autres sont arriv\u00e9s, l\u2019atmosph\u00e8re s\u2019est alourdie, l\u2019air devenu plus dense. Mes douleurs sont revenues, comme si le fait de m\u2019activer seul les avait dissip\u00e9es. J\u2019ai poursuivi malgr\u00e9 tout ; les deux salles \u00e9taient finies dans la matin\u00e9e. D. et E. se sont occup\u00e9s des d\u00e9tails administratifs qui m\u2019horripilent.<\/p>\n

\u00c0 15 h, j\u2019\u00e9tais \u00e9puis\u00e9. Le travail accompli, j\u2019ai annonc\u00e9 que je rentrais. F. a tent\u00e9 de me retenir, mais j\u2019ai refus\u00e9, estimant avoir fait ma part. Les d\u00e9tails ne me concernent plus ; ce serait injuste que je doive m\u2019y impliquer alors que j\u2019ai fait le plus gros.<\/p>\n

La notion de justice est aussi insaisissable que celle du temps. Cette difficult\u00e9 perp\u00e9tuelle \u00e0 faire co\u00efncider sa propre perception de la justice et du temps avec celle des autres.<\/p>\n

Je suis rentr\u00e9 vers 17 h, \u00e9reint\u00e9, et me suis allong\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 19 h. Ce qui m\u2019\u00e9puise le plus, c\u2019est d\u2019entretenir cette relation aux autres. La politesse, la diplomatie m\u2019aspirent toute mon \u00e9nergie. R\u00e9sister \u00e0 cette h\u00e9morragie d\u2019\u00e9nergie en me concentrant sur l\u2019essentiel demande presque autant d\u2019efforts.<\/p>\n

C\u2019est cyclique, \u00e7a revient par vagues. Donner trop, puis ne plus rien donner. Chercher une stabilit\u00e9 dans cette dynamique se heurte \u00e0 une forme de mesquinerie. Comme si le syst\u00e8me primait toujours sur ses composants.<\/p>\n

Hier, sur la route, j\u2019ai entendu une \u00e9mission sur les cellules artificielles. On conna\u00eet les composants d\u2019une cellule, son fonctionnement, mais on ne sait pas encore les agencer pour qu\u2019elle soit vivante. Le vivant n\u2019est qu\u2019une des propri\u00e9t\u00e9s de la cellule, une propri\u00e9t\u00e9 secondaire pour la science.<\/p>\n

En rassemblant ces bribes, un r\u00eave me revient : une nouvelle forme d\u2019\u00e9nergie, celle du vide, des remous quantiques, des vortex in\u00e9puisables. Dans l\u2019\u00e9quation E=MC\u00b2, M reste une inconnue. On ignore ce qu\u2019est vraiment la masse, et donc l\u2019\u00e9nergie, dans ce cadre quantique. Se rassurer dans des cadres physiques erron\u00e9s ne sert plus \u00e0 rien.<\/p>\n

Mon r\u00e9cit, tel que je l\u2019imaginais hier, glisse vers le n\u00e9ant, comme le monde actuel glisse vers le sien. Tout narratif est suspect. J\u2019\u00e9cris ce journal en r\u00e9sistant \u00e0 l\u2019\u00e9criture, ne pensant pas trop \u00e0 sa forme narrative pour ne pas sombrer dans l\u2019abandon total.<\/p>\n

Je pense \u00e0 Fautrier, ce peintre inclassable, et je me retrouve dans cette phrase : « Comme je n\u2019ai pas envie de m\u2019ennuyer dans la vie, je m\u2019ennuie \u00e0 fond. » Voil\u00e0 comment je prends le taureau par les cornes.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui, 1er septembre, je quitte Twitter jusqu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9t\u00e9 prochain. Je trouverai un autre « divertissement ». Peut-\u00eatre la peinture\u2026<\/p>\n

Illustration : « Le grand sanglier noir » Jean Fautrier, 1926, Mus\u00e9e d\u2019Art moderne, Paris.<\/p>", "content_text": "Etre vieux, c'est prendre son temps pour la moindre t\u00e2che. Ou alors vivre dans une fr\u00e9n\u00e9sie, une boulimie, comme si le temps manquait toujours, l\u2019\u0153il riv\u00e9 sur les grains de sable d\u2019un sablier. Derri\u00e8re l\u2019obsession du temps \u2014 celui qu\u2019on poss\u00e8de ou qu\u2019on perd \u2014 se cache l'id\u00e9e de profit : profiter de la vie, refuser de vivre une existence \"pour rien\". Mais il y a aussi cette r\u00e9sistance tenace : ne jamais accepter de profiter de quoi que ce soit. Un refus presque pathologique de tout profit. Ou \u00e0 l\u2019inverse, se jeter sur tout, jusqu\u2019\u00e0 la moindre miette, la moindre goutte. S\u2019empiffrer, se gaver, puis regretter. Le remords, la honte, la culpabilit\u00e9. Un \u00e9trange passe-temps. \u00c7a fonctionne par \u00e0-coups, en zigzag, en montagnes russes. Voil\u00e0 l\u2019homme. Hier, les douleurs aux reins et aux jambes m\u2019ont r\u00e9veill\u00e9 apr\u00e8s une mauvaise nuit (pleine lune). Je suis parti plus t\u00f4t affronter la journ\u00e9e. D. n\u2019\u00e9tait pas encore arriv\u00e9e, j\u2019ai commenc\u00e9 l\u2019accrochage de la premi\u00e8re salle. Bien avanc\u00e9, sans bavardages : une heure de travail efficace. Quand les autres sont arriv\u00e9s, l\u2019atmosph\u00e8re s\u2019est alourdie, l\u2019air devenu plus dense. Mes douleurs sont revenues, comme si le fait de m\u2019activer seul les avait dissip\u00e9es. J\u2019ai poursuivi malgr\u00e9 tout ; les deux salles \u00e9taient finies dans la matin\u00e9e. D. et E. se sont occup\u00e9s des d\u00e9tails administratifs qui m\u2019horripilent. \u00c0 15 h, j\u2019\u00e9tais \u00e9puis\u00e9. Le travail accompli, j\u2019ai annonc\u00e9 que je rentrais. F. a tent\u00e9 de me retenir, mais j\u2019ai refus\u00e9, estimant avoir fait ma part. Les d\u00e9tails ne me concernent plus ; ce serait injuste que je doive m\u2019y impliquer alors que j\u2019ai fait le plus gros. La notion de justice est aussi insaisissable que celle du temps. Cette difficult\u00e9 perp\u00e9tuelle \u00e0 faire co\u00efncider sa propre perception de la justice et du temps avec celle des autres. Je suis rentr\u00e9 vers 17 h, \u00e9reint\u00e9, et me suis allong\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 19 h. Ce qui m\u2019\u00e9puise le plus, c\u2019est d\u2019entretenir cette relation aux autres. La politesse, la diplomatie m\u2019aspirent toute mon \u00e9nergie. R\u00e9sister \u00e0 cette h\u00e9morragie d\u2019\u00e9nergie en me concentrant sur l\u2019essentiel demande presque autant d\u2019efforts. C\u2019est cyclique, \u00e7a revient par vagues. Donner trop, puis ne plus rien donner. Chercher une stabilit\u00e9 dans cette dynamique se heurte \u00e0 une forme de mesquinerie. Comme si le syst\u00e8me primait toujours sur ses composants. Hier, sur la route, j\u2019ai entendu une \u00e9mission sur les cellules artificielles. On conna\u00eet les composants d\u2019une cellule, son fonctionnement, mais on ne sait pas encore les agencer pour qu\u2019elle soit vivante. Le vivant n\u2019est qu\u2019une des propri\u00e9t\u00e9s de la cellule, une propri\u00e9t\u00e9 secondaire pour la science. En rassemblant ces bribes, un r\u00eave me revient : une nouvelle forme d\u2019\u00e9nergie, celle du vide, des remous quantiques, des vortex in\u00e9puisables. Dans l\u2019\u00e9quation E=MC\u00b2, M reste une inconnue. On ignore ce qu\u2019est vraiment la masse, et donc l\u2019\u00e9nergie, dans ce cadre quantique. Se rassurer dans des cadres physiques erron\u00e9s ne sert plus \u00e0 rien. Mon r\u00e9cit, tel que je l\u2019imaginais hier, glisse vers le n\u00e9ant, comme le monde actuel glisse vers le sien. Tout narratif est suspect. J\u2019\u00e9cris ce journal en r\u00e9sistant \u00e0 l\u2019\u00e9criture, ne pensant pas trop \u00e0 sa forme narrative pour ne pas sombrer dans l\u2019abandon total. Je pense \u00e0 Fautrier, ce peintre inclassable, et je me retrouve dans cette phrase : \u00ab Comme je n\u2019ai pas envie de m\u2019ennuyer dans la vie, je m\u2019ennuie \u00e0 fond. \u00bb Voil\u00e0 comment je prends le taureau par les cornes. Aujourd\u2019hui, 1er septembre, je quitte Twitter jusqu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9t\u00e9 prochain. Je trouverai un autre \"divertissement\". Peut-\u00eatre la peinture\u2026 Illustration : \"Le grand sanglier noir\" Jean Fautrier, 1926, Mus\u00e9e d\u2019Art moderne, Paris.", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/le-grand-sanglier-noir-de-fautrier.webp?1748065131", "tags": ["\u00e9criture fragmentaire", "Autofiction et Introspection", "Narration et Exp\u00e9rimentation"] } ] }