{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/tout-est-parfait-maintenant.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/tout-est-parfait-maintenant.html", "title": "Tout est parfait maintenant", "date_published": "2020-02-18T08:51:19Z", "date_modified": "2025-07-09T14:43:50Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\n\nCe n’est \u00e9videmment pas le mot parfait<\/em> qui compte dans cette affirmation, mais l’imm\u00e9diatet\u00e9 dans laquelle elle sera \u00e9mise.<\/p>\n
Si je pose un trait sur la feuille, l\u00e0, tout de suite, dans ce pr\u00e9sent de l’acte de dessiner, c’est un trait qui existe.<\/p>\n
Il n’existait pas avant, et vous ne saurez pas ce qu’il adviendra apr\u00e8s. Mais l\u00e0, tout de suite, il y a un trait — et c’est tellement extraordinaire qu’on n’y pense m\u00eame pas, ou plus.<\/p>\n
La cervelle peut bien s\u00fbr s’emparer du trait — de son image surtout — car elle ne peut rien saisir du trait en lui-m\u00eame. Elle ne fera que l\u2019interpr\u00e9ter sans rel\u00e2che, et finira sans doute par se fatiguer de ne pas pouvoir lui trouver une raison, un sens. Elle le fera sombrer dans la banalit\u00e9. C’est juste un trait, et alors ?<\/p>\n
Revenons \u00e0 l’origine du trait. \u00c0 son origine, il n\u2019y a qu\u2019un point : le point de contact de la main avec le crayon et la feuille, dans un instant particulier. C\u2019est l\u00e0 que tout commence. C\u2019est le d\u00e9but d\u2019une histoire. L\u2019histoire d\u2019un point qui, dans une impulsion produite par la main, m\u00fb par un geste, voyage — selon une droite, une courbe, une humeur.<\/p>\n
Consid\u00e9rer cela, c\u2019est se faire tout petit. Parvenir, si l\u2019on veut, \u00e0 l\u2019\u00e9chelle microscopique du graphite et se sentir emport\u00e9 par la puissance du voyage.<\/p>\n
Notre vie est-elle si diff\u00e9rente de cette errance du point, qui, \u00e0 force de se cloner dans l\u2019espace-temps d\u2019un mouvement, sera ici et l\u00e0 le m\u00eame et diff\u00e9rent, toujours, le long d\u2019une simple ligne de crayon ?<\/p>\n
Tout ce qui est n\u2019a pas \u00e0 \u00eatre plus que cela. Tout ce qui est, est parfait — car l\u2019existence face \u00e0 rien est \u00e0 la fois banale et merveilleuse. Ce qui pose probl\u00e8me, c\u2019est d\u2019affirmer une existence face \u00e0 quoi que ce soit. Car, du coup, le « quoi que ce soit » na\u00eet de la contrari\u00e9t\u00e9, et se renforce d\u2019autant qu\u2019on veuille le r\u00e9pudier.<\/p>\n
Si je gomme le trait pour revenir \u00e0 la surface propre — si je cherche une id\u00e9e du propre — la moindre salet\u00e9 envahira ma cervelle.<\/p>\n
Se tenir dans un entre-deux, comme une porte entreb\u00e2ill\u00e9e, dans l\u2019instant o\u00f9 les choses naissent et meurent, demande beaucoup d\u2019abn\u00e9gation. Et en m\u00eame temps aucune. C\u2019est un grand myst\u00e8re.<\/p>\n<\/blockquote>\n
\nR\u00e9duction<\/h3>\n
Un trait.<\/strong>\nL\u00e0.\nIl n\u2019\u00e9tait pas.\nIl est.<\/p>\n
Rien d\u2019autre.\nRien avant.\nRien apr\u00e8s.<\/p>\n
La main. Le crayon. La feuille.\nUn point.\nPuis le point se met en route.<\/p>\n
Droit, courbe, humeur.\nIl va.\nIl clone.\nIl oublie.\nIl revient.<\/p>\n
On regarde.\nOn pense.\nOn s\u2019\u00e9puise.<\/p>\n
Le trait n\u2019a pas besoin d\u2019\u00eatre.\nIl est.<\/p>\n
Si on gomme ?\nRien n\u2019est propre.\nTout salit.<\/p>\n
On reste l\u00e0.\nEntre.\nEntre l\u2019avant et l\u2019apr\u00e8s.\nEntre le n\u00e9ant et le presque.<\/p>\n
Pas d\u2019explication.\nPas de sens.\nMais c\u2019est l\u00e0.<\/p>\n
\nenglish<\/a><\/p>\n
\n\n\n \n\t\t <\/a>\n<\/figure>\n<\/div>", "content_text": " --- ## Un trait ### Texte initial > Ce n'est \u00e9videmment pas le mot *parfait* qui compte dans cette affirmation, mais l'imm\u00e9diatet\u00e9 dans laquelle elle sera \u00e9mise. > > Si je pose un trait sur la feuille, l\u00e0, tout de suite, dans ce pr\u00e9sent de l'acte de dessiner, c'est un trait qui existe. > > Il n'existait pas avant, et vous ne saurez pas ce qu'il adviendra apr\u00e8s. Mais l\u00e0, tout de suite, il y a un trait \u2014 et c'est tellement extraordinaire qu'on n'y pense m\u00eame pas, ou plus. > > La cervelle peut bien s\u00fbr s'emparer du trait \u2014 de son image surtout \u2014 car elle ne peut rien saisir du trait en lui-m\u00eame. Elle ne fera que l\u2019interpr\u00e9ter sans rel\u00e2che, et finira sans doute par se fatiguer de ne pas pouvoir lui trouver une raison, un sens. Elle le fera sombrer dans la banalit\u00e9. C'est juste un trait, et alors ? > > Revenons \u00e0 l'origine du trait. \u00c0 son origine, il n\u2019y a qu\u2019un point : le point de contact de la main avec le crayon et la feuille, dans un instant particulier. C\u2019est l\u00e0 que tout commence. C\u2019est le d\u00e9but d\u2019une histoire. L\u2019histoire d\u2019un point qui, dans une impulsion produite par la main, m\u00fb par un geste, voyage \u2014 selon une droite, une courbe, une humeur. > > Consid\u00e9rer cela, c\u2019est se faire tout petit. Parvenir, si l\u2019on veut, \u00e0 l\u2019\u00e9chelle microscopique du graphite et se sentir emport\u00e9 par la puissance du voyage. > > Notre vie est-elle si diff\u00e9rente de cette errance du point, qui, \u00e0 force de se cloner dans l\u2019espace-temps d\u2019un mouvement, sera ici et l\u00e0 le m\u00eame et diff\u00e9rent, toujours, le long d\u2019une simple ligne de crayon ? > > Tout ce qui est n\u2019a pas \u00e0 \u00eatre plus que cela. Tout ce qui est, est parfait \u2014 car l\u2019existence face \u00e0 rien est \u00e0 la fois banale et merveilleuse. Ce qui pose probl\u00e8me, c\u2019est d\u2019affirmer une existence face \u00e0 quoi que ce soit. Car, du coup, le \"quoi que ce soit\" na\u00eet de la contrari\u00e9t\u00e9, et se renforce d\u2019autant qu\u2019on veuille le r\u00e9pudier. > > Si je gomme le trait pour revenir \u00e0 la surface propre \u2014 si je cherche une id\u00e9e du propre \u2014 la moindre salet\u00e9 envahira ma cervelle. > > Se tenir dans un entre-deux, comme une porte entreb\u00e2ill\u00e9e, dans l\u2019instant o\u00f9 les choses naissent et meurent, demande beaucoup d\u2019abn\u00e9gation. Et en m\u00eame temps aucune. C\u2019est un grand myst\u00e8re. --- ### R\u00e9duction **Un trait.** L\u00e0. Il n\u2019\u00e9tait pas. Il est. Rien d\u2019autre. Rien avant. Rien apr\u00e8s. La main. Le crayon. La feuille. Un point. Puis le point se met en route. Droit, courbe, humeur. Il va. Il clone. Il oublie. Il revient. On regarde. On pense. On s\u2019\u00e9puise. Le trait n\u2019a pas besoin d\u2019\u00eatre. Il est. Si on gomme ? Rien n\u2019est propre. Tout salit. On reste l\u00e0. Entre. Entre l\u2019avant et l\u2019apr\u00e8s. Entre le n\u00e9ant et le presque. Pas d\u2019explication. Pas de sens. Mais c\u2019est l\u00e0. --- [english](https:\/\/ledibbouk.net\/everything-is-perfect-now.html) ", "image": "https:\/\/ledibbouk.net\/IMG\/logo\/hole-1-2.jpg?1752071652", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/everything-is-perfect-now.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/everything-is-perfect-now.html", "title": "Everything is perfect now", "date_published": "2020-02-09T15:39:00Z", "date_modified": "2025-07-09T15:48:38Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
A Line<\/h2>\n
Original text (translated)<\/h3>\n
\nIt\u2019s not the word perfect<\/em> that matters in the statement, but the immediacy in which it is uttered.<\/p>\n
If I draw a line on the page, right now, in the present of the drawing act, it is a line that exists.<\/p>\n
It didn\u2019t exist before, and you won\u2019t know what becomes of it after. But now, right now, there is a line — and it\u2019s so extraordinary we no longer even notice.<\/p>\n
The brain may seize the line — its image, mostly — for it can\u2019t grasp the line itself. It will interpret it, endlessly, and in time grow tired of failing to find it a reason, a meaning. It will reduce it to banality. Just a line. So what ?<\/p>\n
Let\u2019s return to the origin of the line. At its origin, there\u2019s only a point : the contact point of hand, pencil, and page, in a given instant. That\u2019s where it begins.<\/p>\n
The start of a story. A point set in motion by the hand, moved by a gesture, travelling — along a straight, a curve, a mood.<\/p>\n
To consider this is to become very small. To reach, if one can, the microscopic scale of graphite and feel carried by the power of that journey.<\/p>\n
Is our life so different from that wandering point, cloning itself in the spacetime of a movement — here, then there — the same and different, always, along a simple pencil line ?<\/p>\n
What is doesn\u2019t need to be more than that. What is, is perfect, for existence, faced with nothing, is both banal and wondrous.<\/p>\n
Trouble arises when we try to assert an existence in relation to anything at all. For then that “anything” is born from contradiction, and grows stronger the more we try to reject it.<\/p>\n
If I erase the line to return to a clean surface — if I seek the idea of cleanliness — the smallest speck will infest my brain.<\/p>\n
Holding to the in-between, like a half-open door in the moment when things are born and die, demands great self-denial. And none. It is a mystery.<\/p>\n<\/blockquote>\n
\nReduction<\/h3>\n
A line.<\/strong>\nThere.\nWasn\u2019t.\nIs.<\/p>\n
Nothing more.\nNo before.\nNo after.<\/p>\n
Hand. Pencil. Paper.\nA point.\nThen the point moves.<\/p>\n
Straight, curve, mood.\nIt goes.\nIt splits.\nIt forgets.\nIt returns.<\/p>\n
We look.\nWe think.\nWe tire.<\/p>\n
The line need not be.\nIt is.<\/p>\n
Erase ?\nNothing is clean.\nAll dirties.<\/p>\n
Stay.\nBetween.\nBetween before and after.\nBetween nothing and nearly.<\/p>\n
No meaning.\nNo sense.\nBut still, there.<\/p>\n
\n