{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/ledibbouk.net\/novembre-2025-en-guise-de-lettre-d-information.html", "url": "https:\/\/ledibbouk.net\/novembre-2025-en-guise-de-lettre-d-information.html", "title": "Novembre 2025, en guise de lettre d'information", "date_published": "2025-12-01T08:03:12Z", "date_modified": "2025-12-01T08:36:22Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

\u00c9dito — Novembre 2025<\/strong><\/p>\n

Si je dis que je travaille, pas s\u00fbr que ce soit le bon mot. Ce travail ne nourrit pas son homme. La fiert\u00e9 non plus. Enfin \u00e0 ce que je sache. Qu\u2019est-ce qui nourrit l\u2019homme dans ce cas ? Le r\u00eave de nourriture n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 de la nourriture. Est-ce pour autant qu\u2019il faut cesser de r\u00eaver ? Je ne crois pas. Ce mois de novembre, j\u2019ai plut\u00f4t essay\u00e9 de d\u00e9placer le r\u00eave : moins du c\u00f4t\u00e9 de la “litt\u00e9rature” avec un grand L, plus du c\u00f4t\u00e9 des outils.<\/p>\n

Concr\u00e8tement, novembre a surtout \u00e9t\u00e9 un mois de carnets remis sur le billot<\/strong>. Je suis revenu sur l\u2019ann\u00e9e 2019, texte apr\u00e8s texte, en appliquant un protocole que je teste depuis quelque temps : <\/p>\n

    \n
  1. d\u2019abord une passe m\u00e9canique (orthographe, ponctuation, typographie, rien de glorieux) ; <\/li>\n
  2. puis l\u2019envoi du texte \u00e0 un critique virtuel<\/strong> inspir\u00e9 de Juan Asensio, charg\u00e9 de relever les tics, les poses, les phrases mortes ; <\/li>\n
  3. ensuite une r\u00e9\u00e9criture<\/strong> en tenant compte de ces coups de griffe ; <\/li>\n
  4. enfin, une question simple : qu\u2019est-ce que ce texte dit du narrateur qui parle ?<\/em> <\/li>\n<\/ol>\n

    Ce protocole, je ne le garde pas dans un cahier \u00e0 part : on le voit travailler directement dans les textes ( notamment d’ao\u00fbt 2019<\/a>) . Les textes sur la douceur, l\u2019abandon, la honte, la salet\u00e9, ou encore ceux o\u00f9 je discute avec ce dibbouk ce critique ce “Doc” qui me renvoie ma propre mauvaise foi, viennent de l\u00e0. On y lit la version maquill\u00e9e, puis la voix qui la d\u00e9monte, puis une phrase plus nette, parfois juste une image (un portail, une odeur de m\u00e9tal, un fauteuil r\u00e2p\u00e9). Ce site n\u2019est pas une vitrine, c\u2019est un chantier \u00e0 propos de l\u2019\u00e9criture : novembre l\u2019a rendu un peu plus visible.<\/p>\n

    Dans le fond, je ne cherche plus \u00e0 “faire de la litt\u00e9rature” ici. Je cherche des outils<\/strong>. L\u2019un d\u2019eux, d\u00e9sormais assum\u00e9, est l\u2019intelligence artificielle<\/strong>, \u00e0 condition de la d\u00e9tourner du r\u00f4le de machine \u00e0 r\u00e9ponses. Si on lui demande de r\u00e9pondre \u00e0 “qui vient en premier, la poule ou l\u2019\u0153uf ?”, elle bafouille encore. En revanche, si on la pousse \u00e0 multiplier les objections, \u00e0 souligner les r\u00e9p\u00e9titions, \u00e0 pointer les effets faciles, elle devient un bon partenaire de questions. C\u2019est dans ce cadre que s\u2019est fix\u00e9 le personnage de ce “Juan” virtuel : une voix un peu trop s\u00e9v\u00e8re, mais utile, qui ne se laisse pas s\u00e9duire par le bavardage.<\/p>\n

    En parall\u00e8le de ces carnets r\u00e9\u00e9crits, tout cela nourrit un autre chantier, plus discret : ce que j\u2019appelle pour l\u2019instant le roman du roman<\/strong>. \u00c0 partir des carnets de 2019, je construis des chapitres mensuels de fiction : janvier, f\u00e9vrier, mars\u2026 jusqu\u2019\u00e0 ao\u00fbt que nous venons de retravailler. Les sc\u00e8nes y reviennent autrement : un collectif d\u2019artistes, un atelier d\u2019\u00e9t\u00e9, une dispute au t\u00e9l\u00e9phone, un verre de vin sur le seuil, un r\u00eave sans effets sp\u00e9ciaux. Ce roman-l\u00e0, je ne le publie pas encore ici. Le garder en r\u00e9serve \u2013 par superstition, sans doute \u2013 me permet de continuer les carnets sans me figer dans un “grand projet” que je passerais mon temps \u00e0 annoncer au lieu de l\u2019\u00e9crire.<\/p>\n

    Reste la question du “travail”. Je ne sais pas tr\u00e8s bien si je travaille. Les textes de novembre tournent souvent autour de \u00e7a : la peinture qui recule, le temps englouti dans les \u00e9crans, la fatigue d\u2019expliquer encore pourquoi on \u00e9crit alors que cela ne “nourrit pas son homme”. La difficult\u00e9 d\u2019\u00e9crire, comme celle de pondre, reste dans l\u2019obscurit\u00e9 des poulaillers, l\u00e0 o\u00f9 elle doit rester. Ce que je peux montrer, en revanche, ce sont ces gestes modestes : reprendre un vieux carnet, couper, d\u00e9placer, accepter de laisser une IA me dire que je radote, recommencer.<\/p>\n

    Soit dit en passant : je ne crois pas beaucoup \u00e0 la raison comme horizon. “Soyez raisonnables” est sans doute le pire conseil qu\u2019on puisse donner \u00e0 quelqu\u2019un qui \u00e9crit, peint ou tente simplement de traverser ses journ\u00e9es. Je suis, non pas parce que je pense ou que je doute, mais parce que je ne suis pas raisonnable, et qu\u2019aucun m\u00e9decin n\u2019a r\u00e9ussi \u00e0 me coller un diagnostic clair. Sans diagnostic, pas de maladie. On continuera donc comme \u00e7a.<\/p>\n

    En novembre, les textes publi\u00e9s ici n\u2019ont pas racont\u00e9 grand-chose d\u2019autre : comment continuer \u00e0 traverser, avec quelques questions en plus, quelques illusions en moins. Pour d\u00e9cembre, je n\u2019ai pas de programme h\u00e9ro\u00efque \u00e0 annoncer. L\u2019id\u00e9e est simple : poursuivre la r\u00e9\u00e9criture des carnets de 2019 avec le m\u00eame protocole, avancer en coulisse le roman du roman, enrichir au passage d\u2019autres pistes (lectures, enqu\u00eates, mythes), et surtout continuer \u00e0 orienter les outils \u2013 IA comprise \u2013 vers les questions plut\u00f4t que vers les r\u00e9ponses.<\/p>\n

    Le reste, on verra bien. En attendant, il y a ce carnet de novembre<\/a>, bavard comme les autres, \u00e0 feuilleter comme on \u00e9tale les pi\u00e8ces d\u2019un puzzle sur la table en se disant qu\u2019on finira peut-\u00eatre par reconna\u00eetre quelque chose.<\/p>", "content_text": " **\u00c9dito \u2014 Novembre 2025** Si je dis que je travaille, pas s\u00fbr que ce soit le bon mot. Ce travail ne nourrit pas son homme. La fiert\u00e9 non plus. Enfin \u00e0 ce que je sache. Qu\u2019est-ce qui nourrit l\u2019homme dans ce cas ? Le r\u00eave de nourriture n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 de la nourriture. Est-ce pour autant qu\u2019il faut cesser de r\u00eaver ? Je ne crois pas. Ce mois de novembre, j\u2019ai plut\u00f4t essay\u00e9 de d\u00e9placer le r\u00eave : moins du c\u00f4t\u00e9 de la \u201clitt\u00e9rature\u201d avec un grand L, plus du c\u00f4t\u00e9 des outils. Concr\u00e8tement, novembre a surtout \u00e9t\u00e9 un mois de **carnets remis sur le billot**. Je suis revenu sur l\u2019ann\u00e9e 2019, texte apr\u00e8s texte, en appliquant un protocole que je teste depuis quelque temps : 1) d\u2019abord une passe m\u00e9canique (orthographe, ponctuation, typographie, rien de glorieux) ; 2) puis l\u2019envoi du texte \u00e0 un **critique virtuel** inspir\u00e9 de Juan Asensio, charg\u00e9 de relever les tics, les poses, les phrases mortes ; 3) ensuite une **r\u00e9\u00e9criture** en tenant compte de ces coups de griffe ; 4) enfin, une question simple : *qu\u2019est-ce que ce texte dit du narrateur qui parle ?* Ce protocole, je ne le garde pas dans un cahier \u00e0 part : on le voit travailler directement dans les textes ( notamment d'[ao\u00fbt 2019->https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=compilation-simple&annee=2019&mois=08&id_rubrique=25]) . Les textes sur la douceur, l\u2019abandon, la honte, la salet\u00e9, ou encore ceux o\u00f9 je discute avec ce dibbouk ce critique ce \u201cDoc\u201d qui me renvoie ma propre mauvaise foi, viennent de l\u00e0. On y lit la version maquill\u00e9e, puis la voix qui la d\u00e9monte, puis une phrase plus nette, parfois juste une image (un portail, une odeur de m\u00e9tal, un fauteuil r\u00e2p\u00e9). Ce site n\u2019est pas une vitrine, c\u2019est un chantier \u00e0 propos de l\u2019\u00e9criture : novembre l\u2019a rendu un peu plus visible. Dans le fond, je ne cherche plus \u00e0 \u201cfaire de la litt\u00e9rature\u201d ici. Je cherche des **outils**. L\u2019un d\u2019eux, d\u00e9sormais assum\u00e9, est l\u2019**intelligence artificielle**, \u00e0 condition de la d\u00e9tourner du r\u00f4le de machine \u00e0 r\u00e9ponses. Si on lui demande de r\u00e9pondre \u00e0 \u201cqui vient en premier, la poule ou l\u2019\u0153uf ?\u201d, elle bafouille encore. En revanche, si on la pousse \u00e0 multiplier les objections, \u00e0 souligner les r\u00e9p\u00e9titions, \u00e0 pointer les effets faciles, elle devient un bon partenaire de questions. C\u2019est dans ce cadre que s\u2019est fix\u00e9 le personnage de ce \u201cJuan\u201d virtuel : une voix un peu trop s\u00e9v\u00e8re, mais utile, qui ne se laisse pas s\u00e9duire par le bavardage. En parall\u00e8le de ces carnets r\u00e9\u00e9crits, tout cela nourrit un autre chantier, plus discret : ce que j\u2019appelle pour l\u2019instant **le roman du roman**. \u00c0 partir des carnets de 2019, je construis des chapitres mensuels de fiction : janvier, f\u00e9vrier, mars\u2026 jusqu\u2019\u00e0 ao\u00fbt que nous venons de retravailler. Les sc\u00e8nes y reviennent autrement : un collectif d\u2019artistes, un atelier d\u2019\u00e9t\u00e9, une dispute au t\u00e9l\u00e9phone, un verre de vin sur le seuil, un r\u00eave sans effets sp\u00e9ciaux. Ce roman-l\u00e0, je ne le publie pas encore ici. Le garder en r\u00e9serve \u2013 par superstition, sans doute \u2013 me permet de continuer les carnets sans me figer dans un \u201cgrand projet\u201d que je passerais mon temps \u00e0 annoncer au lieu de l\u2019\u00e9crire. Reste la question du \u201ctravail\u201d. Je ne sais pas tr\u00e8s bien si je travaille. Les textes de novembre tournent souvent autour de \u00e7a : la peinture qui recule, le temps englouti dans les \u00e9crans, la fatigue d\u2019expliquer encore pourquoi on \u00e9crit alors que cela ne \u201cnourrit pas son homme\u201d. La difficult\u00e9 d\u2019\u00e9crire, comme celle de pondre, reste dans l\u2019obscurit\u00e9 des poulaillers, l\u00e0 o\u00f9 elle doit rester. Ce que je peux montrer, en revanche, ce sont ces gestes modestes : reprendre un vieux carnet, couper, d\u00e9placer, accepter de laisser une IA me dire que je radote, recommencer. Soit dit en passant : je ne crois pas beaucoup \u00e0 la raison comme horizon. \u201cSoyez raisonnables\u201d est sans doute le pire conseil qu\u2019on puisse donner \u00e0 quelqu\u2019un qui \u00e9crit, peint ou tente simplement de traverser ses journ\u00e9es. Je suis, non pas parce que je pense ou que je doute, mais parce que je ne suis pas raisonnable, et qu\u2019aucun m\u00e9decin n\u2019a r\u00e9ussi \u00e0 me coller un diagnostic clair. Sans diagnostic, pas de maladie. On continuera donc comme \u00e7a. En novembre, les textes publi\u00e9s ici n\u2019ont pas racont\u00e9 grand-chose d\u2019autre : comment continuer \u00e0 traverser, avec quelques questions en plus, quelques illusions en moins. Pour d\u00e9cembre, je n\u2019ai pas de programme h\u00e9ro\u00efque \u00e0 annoncer. L\u2019id\u00e9e est simple : poursuivre la r\u00e9\u00e9criture des carnets de 2019 avec le m\u00eame protocole, avancer en coulisse le roman du roman, enrichir au passage d\u2019autres pistes (lectures, enqu\u00eates, mythes), et surtout continuer \u00e0 orienter les outils \u2013 IA comprise \u2013 vers les questions plut\u00f4t que vers les r\u00e9ponses. Le reste, on verra bien. En attendant, il y a ce [carnet de novembre->https:\/\/ledibbouk.net\/spip.php?page=compilation-simple&annee=2025&mois=11&id_rubrique=155], bavard comme les autres, \u00e0 feuilleter comme on \u00e9tale les pi\u00e8ces d\u2019un puzzle sur la table en se disant qu\u2019on finira peut-\u00eatre par reconna\u00eetre quelque chose. 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    Si octobre a \u00e9t\u00e9 le mois des amorces et des exp\u00e9rimentations, novembre s\u2019annonce comme celui de la consolidation. La structure en newsletter fait ses preuves, poursuivons donc sur cette lanc\u00e9e, en approfondissant les sentiers ouverts le mois dernier.<\/p>\n

    Bienvenue aux nouveaux lecteurs ainsi qu’aux fid\u00e8les et, bien s\u00fbr, gratitude \u00e0 la cinquantaine de personnes qui suivent cette rubrique \u00e9dito.<\/p>\n

    \u270d\ufe0f Autofiction et narration<\/strong> <\/p>\n

    Concernant la section autofiction<\/a><\/strong>, pas encore parvenu \u00e0 y mettre un terme et j’avoue que parfois le narrateur se confond avec l’auteur ou l’inverse.<\/p>\n

    📚 Rubrique Lectures<\/strong>\nConcernant la rubrique Lectures, quatre billets \u00e9voquant tour \u00e0 tour :<\/p>\n