La saison des vœux revient, et avec elle, la grande parade des poncifs. Pour s’y aventurer, il faut presque un casque de spéléologue, prêt à plonger dans les profondeurs de la banalité pour dénicher les fameuses "pépites". Comme si certaines pépites valaient mieux que d’autres. Bonne santé, prospérité, succès au travail, amour sans limites, une pluie de "plein de ceci" et de "beaucoup de cela"… Comme si tout cela s’extrayait au kilo pour s’imaginer soudain béni des dieux, en train de distribuer des offrandes à la Providence, un sourire extatique aux lèvres. Admettons. On pourrait disserter longtemps, épiloguer sur cette mécanique collective. Après tout, les clichés sont là pour ça. Dire "bonne année", lancer un "meilleurs vœux", et entrer sans retenue dans la grande orgie votive du premier de l’an. Une pluie de souhaits qui éclate en feu d’artifice : jouissez bien ! etc. Puis, une fois le rituel accompli, on file ventre à terre dans son terrier , l’œil hagard, les moustaches frémissantes, les oreilles rabattues, en mode survie. Parfois, oui, les plus courtes sont les meilleures, surtout le 1er de l’an.
Sinon, à part ça, fait divers dans le Berry :
Le dernier jour de l’année, un homme est entré dans le tabac-presse de Saint-Martin-des-Champs avec un flingue à la main. C’était entre midi et une heure, juste avant la pause de midi. Il est venu en voiture, a garé son véhicule, a enfilé des gants de chirurgien, puis une capuche pour masquer ses cheveux, des lunettes de soleil, et un masque pour couvrir son visage. Le tabac-presse était calme. Juste la buraliste, seule derrière le comptoir, qui s’apprêtait sûrement à fermer pour sa pause. Mais il n’a pas attendu. Il a levé le bras, pointé son arme, et exigé la caisse. Il l’a forcée à s’agenouiller, à compter jusqu’à cent, et il a raflé le contenu de la caisse en silence. Elle a fermé les yeux, sans chercher à voir si le flingue était vrai ou non. Peut-être ne voulait-elle pas le savoir. Quand il a eu ce qu’il voulait, il est sorti du commerce aussi vite qu’il était venu, a sauté dans sa voiture et a filé vers La Charité-sur-Loire. La gendarmerie a été prévenue. Des patrouilles ont ratissé la région, mais ce samedi soir, on ne l’avait toujours pas retrouvé. La buraliste, elle, a été emmenée par les secours. Elle ne parlait plus.
1 er janvier 2022

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