
L’ambiguïté tient surtout à un mauvais choix, voire une absence de choix. Si tu ne parviens pas à décider pour qui tu écris, tu te retrouves face à cette ambiguïté. Et dire je ne sais pas ne fait qu’accroitre le doute, la complexité de ce mécanisme. Donc décide d’écrire pour toi, seulement pour toi. D’écrire par exemple ce que tu rêves de lire et que tu ne lis jamais. Ce qui est logique puisque tu ne l’as pas encore écrit, puisque tu es encore perdu dans les méandres de cette obsession, celle d’avoir à t’adresser à quelqu’un que tu ne connais pas. Que tu ne connaîtras probablement jamais. Et si ton but est cette connaissance par exemple, tu peux t’y attacher en faisant de toi-même cet autre indéfini. Tout en sachant qu’il y a de grandes chances que le résultat soit le même. Que tu ne saches jamais vraiment si ce que tu écris est lu comme tu imagines que cela doit l’être. Mieux encore fais donc l’impasse sur cette idée de retour, sur ce fantasme idiot que les choses te reviennent. Répète- toi plusieurs fois dès le matin cette phrase... rien ne te revient comme rien ne t’appartient . Le monologue n’est pas obligatoirement néfaste. Rien n’est absolument néfaste sauf le point de vue obstiné de vouloir le considérer comme tel. Donc si le désir de monologuer surgit, monologue jusqu’au bout, ne te pose pas d’autre question avant de résoudre celle-ci.