09 septembre 2024

Autofiction et Introspection

Me suis couché tôt, vers 21 h, puis me réveille à 1 h. Encore un rêve. Nous arrivons devant la maison, plaçons la clé dans la serrure, et quand on ouvre la porte, quelqu’un essaie de sortir. Je l’attrape à bras le corps pour l’empêcher de s’enfuir. Ensuite, nous nous retrouvons dans l’appartement du type, qui au début ressemble à l’un de ces moudjahidins rencontrés au Pakistan, ( la barbe sans doute ) dans les caves de l’Hôtel Osmani, à Quetta. Je dis « au début » parce qu’après, il prend l’allure d’un gamin des cités. Il trafique, et je me retrouve avec un énorme morceau de bois de réglisse au bec , en train d’essayer de le fumer. Rigolade. Mais le mieux, c’est que je parviens à le fourguer pour pas loin de 700 euros. « Rends-moi l’argent », me dit le gars. Et c’est à ce moment-là que je me réveille. Rêve d’autant plus étonnant que, à ma connaissance, je n’ai jamais fait le moindre trafic, pas même de billes de bonbons ni de timbres. Juste ma force de travail ou un peu de créativité contre des sommes lapidaires si j’y pense. Ce qui est étrange, c’est de me souvenir de ces rêves, surtout. Peut-être est-ce dû à la position à plat ventre que je prends au bout d’un moment, après avoir testé les deux positions latérales. Cette position ventrale semble être celle dans laquelle je m’endors au début de la nuit.

Puis, au matin, une envie de persil pressante ; me rends donc à pied au marché de Roussillon et tombe sur C. et M. qui ne me reconnaissent d’abord pas parce que j’ai rasé ma barbe. Peut-être aussi qu’on ne reconnait pas les gens dans des lieux où l’on n’a pas l’habitude de les trouver. Le persil est moche, pitoyable, comme déjà fané, ainsi que nos espoirs démocratiques ou républicains. Me suis rabattu sur des oeufs, deux boites de six , de la ferme, pour 3 euros. Au retour, 4000 pas plus tard, nous cherchons S. et moi la meilleure réponse à produire en peu de caractères pour la naissance d’une petite Cassandre, arrivée cette nuit dans notre monde fluctuant. Cassandre, fille d’Hécube, frappée par la colère d’Apollon quand elle se refuse à lui, reçoit en retour l’infame malédiction de prévoir l’avenir et de n’être jamais crue. Hécube, pas Hécube, superbe pièce vue cet été à la carrière de Boulbon en Avignon, mise scène de Tiago Rodriguez, que des acteurs de la Comédie Française, haute volée.

comme une culpabilité de trop écrire.

A moins qu’il ne s’agisse que d’une erreur de lieu. Dans quel lieu écrire, privé ou public. Blogue ou cahier à petits carreaux. Et aussi dans ce bureau ou dans un bistrot. Sarraute paraît-il se rend au café chaque matin pour écrire, on la voit en images avec son cartable. Si j’habitais encore la ville je ne suis pas sur que j’aurais envie de me rendre au café pour écrire. Les temps ont changé, ou c’est simplement moi qui ai changé. Bien plus distrait qu’auparavant, j’aurais je crois du mal à me concentrer dans un lieu public. Et cette impression persistante d’un monde qui s’écroule, qui se métamorphose, pour m’en persuader encore plus je n’en perdrais pas une miette d’observer tout à chacun. Comme si un mouton prenant le temps de regarder la file d’attente à l’abattoir.

Le poids stagne, pourtant pas de folie gastronomique. Hier soir, avalé une soupe de cresson, une petite quantité de poivrons et tomates cuits, un yaourt.

Tant pis, je reprends ma lecture. Episode concernant le tournoi pour Draupadi, d’un arc tellement difficile à bander que de nombreux prétendants échouent. Sauf Arjuna bien sur, qui fixe à la suface du bassin le reflet du petit poisson et lui décoche cinq flèches dans l’oeil. Il obtient instantanément la belle princesse (…) en mariage de même que ses quatres autres frères. Ce qui, dit le texte procure à la jeune femme le même effet qu’ un bain de jouvence à chaque aurore- on la nomme également Nityayuvani : celle qui reste toujours jeune

interessant passage aussi de la soeur du démon ( Hidimba et Hidimbâ) ayant le pouvoir de modifier son apparence, d’apparaître comme une nymphe magnifique à (…) alors qu’au départ elle était missionnée par son affreux frère tout aussi monstrueux pour récupérer leur dîner. Mais voilà elle tombe face au colosse Bhima. Ainsi même les démon(es) auraient un coeur, mêmes les démons peuvent être frappés par les flèches du dieu (…) En lisant je somnole, effectue des va et vient entre la veille et le sommeil. Pas d’autre rêve cependant dont je me souvienne.

Malgré la pluie menaçante, sommes allés, sommes rendus, sommes tombés d’accord pour aller nous rendre à Saint-Pierre-de-Boeuf, longeant la rivière. Un monde fou ; resté un long moment à contempler les embarcations et leurs équipages passant les rapides. Avec leurs casques, leurs gilets de sauvetage, leurs pagaies, les marins ressemblaient à des guerriers antiques. Des images se superposaient, c’est cela qui m’a soudain fait m’arrêter.

Se souvenir des idées qui traversent l’esprit dans la journée, se dire « tiens, celle-ci, il ne faut pas que je l’oublie », et arriver au moment de récapituler, pour finalement se rendre compte qu’on l’a oubliée.

Hier, samedi, j’apprends par mail que C. n’éprouve plus goût de venir au cours. Sa santé s’était dégradée peu à peu durant les dernières années. Elle était devenue silencieuse, renfermée sur elle-même. Et puis parfois, comme si elle s’en rendait compte, elle demandait soudain des nouvelles de la fille de K. ou de C., puis offrait son dessin, sa peinture du jour, et tournait les talons, prétextant soudain qu’elle avait très faim.

La pluie tombe dru pendant que j’écris. J’espère que l’eau ne va pas trop monter. Toujours ce problème de voirie pas réglé qui fait que l’eau de la rue se transforme en mare, puis en étang et pénètre ainsi dans notre maison par-dessous la porte d’entrée.