Elle suppose, c’est son truc. Moi, j’agis. Je navigue en solitaire sur l’océan de ses suppositions, sans autre boussole que le sel qui se dépose sur ma langue, selon le beau temps ou la bourrasque.
Je suis mon instinct, et voilà tout. Je ne suis peut-être rien d’autre. Je me confonds avec lui. On ne peut plus nous dissocier désormais.
Je pourrais faire autre chose. Devenir riche à millions, partir sur Mars, explorer le Pérou, ou m’installer au bord d’un canal bourbonnais à lancer ma ligne toute la journée ; ce serait exactement pareil.
Je le sais désormais.
Mon instinct fonctionnerait de la même manière sur l’océan de toutes les suppositions.
Il y a toujours ce genre d’océan à traverser, n’est-ce pas ?
Surtout en soi-même.
Et pas qu’un seul.
Pour trouver la terre ferme, bonjour…
Dans l’il et dans l’elle, tout essayé comme dans le nous, le vous, les ils.
Le je aussi, énormément.
Et puis parfois, je m’arrête au tu pour me reposer.
Le tu, c’est bien.
Tu veux ou tu ne veux pas, je n’en fais pas un camembert.
En fait, je m’en fous. Je veux dire que cette part de moi qui navigue sur tous les océans s’en fout totalement.
Elle ne jure que par les arabesques que tracent les oiseaux dans le ciel, par le goût du sel, la clarté bleue de l’orage, et la saveur acide des citrons.