L’entre deux

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L’observation attentive du réel, ce que tu considères réel, ne parvient pas à de débarrasser du doute concernant ta propre existence. Même la douleur si réelle soit-elle. Tu as avalé tous ces petits cailloux jour après jour afin de t’habituer à cette douleur. Et désormais elle n’est qu’une donnée au même titre que tant d’autres. A égalité. Ainsi en est-il, des événements qui te traversent. Ce serait faux de dire que ça ne te fait plus rien. La sensation en est plutôt amortie, ou étouffée, elle semble te parvenir avec une latence, un décalage.

Seule la conscience reste en éveil pour refabriquer cette réalité à chaque instant. A part elle, il semble que tout le reste soit mort. Et, aussi, que cette conscience peut tout autant créer un paradis ou un enfer selon son propre choix, dans une sorte d’autonomie à laquelle, toi, tu ne sembles plus du tout participer. Tu ne peux qu’observer et tenter de l’écrire ou de le peindre.

Ainsi ce serait évident, ça collerait, comme la dernière pièce du puzzle. Quel soulagement. Te voici mort mais accompagné de cette conscience bizarre. Elle participe à un mécanisme d’anéantissement lent et progressif, une décomposition. Car cette conscience non seulement semble tourner en rond mais de plus elle déconstruit tout ce qu’autrefois tu croyais être ta vie. Elle s’empare de chaque bribe pour l’observer sous plusieurs angles comme un chercheur d’or au milieu de sa rivière, son tamis à la main.

Et l’or qu’elle cherche , c’est l’absence d’or justement. C’est à dire une certitude en creux de tous les doutes qu’elle épuise.

L’or qu’elle cherche mais qu’elle ne trouve pas encore. Ce qui crée comme un entre-deux.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener