Lire, écrire

Peinture 2022 Patrick Blanchon.

« Je ne peux lire quand j’écris ».Quelle délicatesse. Belle façade. Mon cul. Et d’abord quel besoin, quelle nécessité de dire pareille connerie, sinon entrer dans une posture. Quel besoin. Un bel aveu. Mais lire et écrire c’est pareil. Kif-kif bourricots. Quand tu lis, tu écris et l’inverse vaut. Avons-nous un tel luxe d’avoir deux cerveaux. Quoiqu’en disent certains qui confondent cerveau et hémisphères. N’est-ce pas la même idée que dessiner et peindre. L’un ne va pas sans l’autre. Souvent on vient me voir à l’atelier. Que veux-tu faire. Oh moi que dessiner. Mais très vite on se retrouve un pinceau à la main, à la place du crayon. C’est surtout par peur que l’on dit-oh moi que dessiner- ou alors, parce qu’on ne veut pas se salir les mains. Et l’inverse tout autant. Que peindre. Oui mais, non. On ne peut pas que peindre c’est impossible, il y a forcément une structure, des lignes, des masses. Même dans le plus abstrait des tableaux. Tout geste en peinture est difficile à isoler d’un geste de dessinateur. Ensuite on peut être un peu plus ceci, un peu peu moins cela. Selon les goûts et les couleurs. Comme on peut-être plus lecteur qu’écrivain. Ou plus écrivain que lecteur. Beaucoup de lectures fatiguent quand on écrit. On ne peut pas le nier non plus. On finit par étudier le texte en profondeur, pour y chercher une substance. Quand on n’en trouve pas, ou insuffisamment, on referme le livre, on passe à un autre, ou bien on écrit le livre qu’on désirerait lire. Mais le je ne peux pas lire quand j’écris… cela doit être dû à la canicule. Un ramollissement du bulbe.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener