Retour à la case départ.

L’écriture ne se soucie pas de ce que tu as imaginé un jour ou un autre vouloir vivre pour écrire. Et tant pis si tu l’as vraiment vécu. Elle y est indifférente en très grande partie. Sauf pour aller, de temps à autre, puiser un mot qui ne soit pas totalement dénué de sens ; un des rares mots sur lequel il te faudrait t’arrêter une fois celui apparu. Et ensuite peut-être serait-il élégant d’effacer de ce qui aura préparer l’arrivée d’un tel mot. Oter l’échafaudage. C’est à dire l’isoler pour vraiment le regarder comme on peut parfois s’arrêter face à une façade neuve. Une femme inconnue. Un mot qui servirait à mesurer la distance plus ou moins réelle ou imaginaire entre les autres et toi. Puis une fois estimée cette distance creusée par le malentendu des définitions non pas essayer de corriger l’erreur mais plutôt l’énoncer le plus simplement possible. Ainsi cette phrase qui surgit à propos des femmes. Des inconnues disponibles tout comme tu te seras persuadé de l’être. Mais ta disponibilité n’avait pour but que d’ explorer l’inconnu du langage. Une disponibilité qui s’évanouit sitôt le bon mot trouvé ; proche d’une ivresse. Et qui sera aussitôt épuisée par cette sensation trouble qui réunit la proximité, la familiarité, et la vulgarité. Comme si l’écriture te rendait quelques soient toutes ces histoires vécues, intouchable. Ce que tu as souvent mal interprété. Intouchable comme ces êtres relégués dans les plus basses castes de la société et simultanément comme ceux qui trônent à son sommet. Ambiguïté qui aura annulé tout désir d’appartenir vraiment à une quelconque société, de nourrir l’espoir ou le désir de te créer ta place, car cette place serait forcément médiocre. Définition personnelle produite par l’exigence que tu associais à l’écriture.

Cette écriture ne te servait sans doute que de prétexte pour ne pas oser exprimer encore les mots véritables, c’est à dire ta violence, ta cruauté, ton égoïsme et au bout du compte ta bêtise.

Ces derniers mois tout semble être retombé comme un soufflet raté. Il s’en suit une impression étrange d’être déconnecté d’à peu près tout. Une forme d’imbécilité mais qui n’est pas effrayante, sorte de retrouvailles avec l’enfant que j’étais il y a si longtemps et pourtant cela est comme hier, avant d’être forcé de me forger toutes ces armes, devenues inutiles désormais.

Et si par oubli ou habitude tu veux encore t’emparer d’une de celles-ci elle se désagrège presque aussitôt que tu tentes de la brandir.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener