Petit sentier. Éboulis de pierrailles. Crète, Aegios Nikolaos. Soleil, pas trop chaud. Mai, pas trop de monde. Petites fleurs jaunes, à bulbe, nombreuses. Que des Russes dans l’hôtel. Ivres, en bord de piscine. Bière au fût, pas terrible. Louons une moto, mais pas possible de prendre 125 cm³. Dans la première côte, le 50 cm³ cale, on renonce. Location d’une voiture. Petite cylindrée, mais suffisant. En route pour faire le tour, on commencera à Cnossos. Le palais, les dauphins. Ce qui différencie la Crète d’Andros, de Kalymnos, pas grand-chose. Les images se chevauchent, se confondent. Cet été, on ira dans le Cantal. Ce sera autre chose. Petit sentier, éboulis de pierrailles, tiens, une chèvre. Pourquoi pas. Mais pourquoi tu dis ça, ça n’a rien à voir. D’ailleurs, ce serait mieux un gîte. En pleine forêt de Tronçais. L’odeur des sous-bois, humus et champignons. Pas l’époque des champignons. Pas grave, tant pis.
La plus épouvantable frayeur de l’abominable fin du monde. L’horrifique pétoche à l’approche de la fin des haricots. La stupéfiante horreur surgit de l’abîme sans nom. L’angoisse de la fin de toute chose. Nous fûmes alarmés par la possibilité d’une extinction aussi finale que définitive. Grande crainte que tout craque, que le néant nous croque. L’innommable terreur qui nous laissera sans voix. Un hurlement muet dans le silence sidéral. Bref. Mais efficace.
Soudain, mais pourquoi revient-il encore ce soudain-là. M’énerve. Tout à coup. Tout à coup, patatrac. Ce fut la débandade. Les ministres, les secrétaires de ministère, les députés, les sénateurs. À peu de chose près, même texture que la marmelade. Une bombe posée là nous débarrasse durant un temps de l’idiotie étatique. Une aubaine. C’est la foire d’empoigne. La police pique dans la caisse, mais la caissière sort un pétard et n’a pas peur de tirer. Conséquences minimes. Plus de procès, des exécutions sommaires en pleine rue. On lapide allègrement quelques huissiers. Au petit bonheur. Avantage : rentrer chez un disquaire discrètement et repartir avec sous le bras la Pathétique de Beethoven. Feuilles volent en tous sens, vent léger, odeur de ciment brûlé, confiture et marmelade un peu partout. La fin du monde sucrée comme elle a commencé. Petit goût de pomme.