Agrégat

Ce qui s’agrège par le temps, les échanges, les choses lues ou entendues autour d’un mot. Ce qui nous vient spontanément à l’esprit lorsqu’on voit ou entend à nouveau le mot. « Race » par exemple. Ici se côtoient Rimbaud, Annie Ernaux , les nazis, les turcs, les arméniens, le pur, l’impur, les maîtres , les esclaves les seigneurs, les serfs, les vilains, les juifs, les tsiganes, les épagneuls et les siamois. Et si l’on prend ensuite chacun des mots et leurs agrégats, que l’on observe chacun des agrégats dont ils sont eux aussi constitués, on s’interroge. On s’interroge c’est à dire qu’ une part impersonnelle se distingue soudain en nous-mêmes pour observer. C’est peut-être de cet impersonnel que surgit l’écriture finalement. Et cette difficulté à m’approprier véritablement chaque texte que « j’écris ». En tous cas la relecture pourrait atténuer ce malaise si toutefois je prenais au sérieux cette relecture. Si je n’oubliais pas en m’appuyant naïvement sur ce sérieux d’où viennent ces textes. La solution serait alors de ne pas relire du tout ce que j’ai pratiqué souvent. De se situer comme intermédiaire conscient et détaché, conscient de son irrémédiable inconscience, de ce qui ainsi s’écrit. Être passeur. Encore que pas tout à fait certain que le « je »n’invente pas une telle stratégie pour continuer à se maintenir par ruse.

Post-scriptum

haut

Pour continuer

import

Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

import

technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

import

La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener