Ceux qui savent

Hier je n’ai presque rien dit. J’ai laissé parler ceux qui savent.

Ils savent un tas de choses et sur un tas de sujets, que je ne connais pas.

— Peux-tu me passer le sel ? Peux-tu me passer le poivre ?

— Non merci pas pour moi, ou oui juste un doigt car je conduis j’ai dit. Pas grand-chose de plus.

J’ai beaucoup écouté.

Ces voix qui s’entremêlent, parfois s’entrechoquent, et qui d’à peu près tout

pêle-mêle

se mêlent,

comme sur le mur des cons accroché dans le couloir.

c’est ce qu’a dit ce petit jeune homme extrêmement brillant

mais froid comme un cube, un glaçon

Je n’y ai plus vraiment fait attention.

Après tout c’est une trêve, non ?

la trêve de Noël.

Je me suis laissé glisser à la surface des choses comme on se jette à l’eau.

Le tout autour d’une petite vieille qui ne cessait de dire je vous aime oh oh

comme je vous aime

mes enfants.

L’année dernière encore on pouvait encore échanger des clins d’œil

Elle et moi, mais elle s’est désertée en partie aujourd’hui.

presque tout à fait sauf

— Comme vous me gâtez d’être là reprenez de ce petit vin de Moselle

— Allez-y voici la louche ou la cuillère servez-vous donc du Baeckeofe 

— Non pas pour moi, ça va faire trop, comme je vous aime mes enfants

Une petite vieille avec des mots d’amour en bandoulière.

Mais une fois les estomacs remplis,

le Moselle englouti et le baeckeofe aussi

Ceux qui savent se sont souvenus qu’ils savent. Un tas de choses sur tout.

Et ils ont déballé les cadeaux et un tas de choses encore

qu’ils se sont assénées plus ou moins familièrement.

Et je me suis souvenu que je ne savais rien sur rien

que je n’avais droit

par conséquent à rien.

Tout était dans l’ordre absolu des choses

Et en rentrant plus tard le soir j’ai compté mes ecchymoses

Elles étaient moins nombreuses que l’année dernière.

je me demande si ce n’est pas dû à ma troisième dose ?

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener