Contrainte de l’écriture
Illustration, peinture de Balthus
« Comment nous attarder à des livres auxquels sensiblement l’auteur n’a pas été contraint ? » disait Georges Bataille. Cette phrase tourne ce matin dans mon pauvre crâne, un peu vide car, pour tenter de retrouver un rythme de sommeil, j’ai avalé hier un dodormil entier. Ce que c’est que l’avant-garde tout de même. Hier je citais Blanchot et aujourd’hui Bataille. Il doit y avoir quelques affinités. Sauf que là pour le mot contrainte, je cale. Exactement comme je me suis mis à caler pour les genres, pour l’art contemporain face à l’art modeste, à l’art populaire. Ce que je trouve dérisoire c’est encore la tentation, pour toute avant-garde, de s’opposer pour exister. C’est encore Œdipe aveugle et plus ou moins boiteux qui se sert du hasard ou du destin pour se dissimuler à lui-même son parricide.
C’est que cette avant-garde est la plupart du temps une affaire de fils de bonne famille. Et dont la seule préoccupation est de faire mieux sinon autant que leurs papas. Et que cette fameuse contrainte j’y vois pour résumer que de se donner suffisamment de courage, d’audace , d’aller jeter un œil sous les jupes de maman.
Évidemment que c’est une métaphore. Maman qui fait venir au monde et nous condamne aussitôt à la mort. Ce n’est pas rien. Et en même temps pourquoi en faire systématiquement tout un plat…Une fois qu’on l’a intégré, ne vaut-il pas mieux en finir avec les coupables. Tenter de s’élever au dessus du réflexe. Et puis revenons à la phrase de Bataille. Il ne parle que de livres. Il ne parle pas d’écriture. S’il doit y avoir une contrainte, il en faut souvent une quitte à se l’inventer tout seul, on ne doit pas la confondre avec un symptôme pathologique. Le plaisir d’écrire existe aussi. Encore que si je dis ça, les sado-masochistes en feront leur beurre. Le fameux plaisir de la douleur…
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}