Civilisation “cool”

On comprendra d’autant moins la notion de résistance dans une civilisation qui l’absorbe, la phagocyte, la classe dans un “genre”, finalement semblable à tous les genres. Les plateformes de vente en ligne proposent sur un même plan, on pourrait parler d’ horizontalité, un horizon qui ne désigne plus un lointain mais une accessibilité immédiate , les ouvrages de Pierre Michon, de François Bon, de Céline de Blanchot. que les ouvrages d’auteurs dont la popularité s’appuie sur un nombre d’avis, un classement des ventes, un nombre d’étoiles. Tout est donc accessible si on cherche un titre, un auteur, et peu importe que celui-ci soit disruptif ou plébiscité par le consensus. Consensus fabriqué de toutes pièces par un système d’algorithmes qui amplifie, nourrit, crée, à des fins mercantiles, le goût véritable des lecteurs. Tout est donc au même niveau en apparence, tout ouvrage possède sa chance en apparence. C’est cela la civilisation du “cool”, une priorité donnée aux apparences. Et surtout si tout le monde sait désormais ce qu’est une apparence. On pourrait penser à une religion des apparences, avec ses temples, ses mystères et ses initiés. La grande divinité “cool” est l’apparence. Sous son sceau désormais, l’art, sous toutes ses formes, toutes ses intentions, au même titre que les démocraties et les dictatures, dans le fond, peu importe ce qui jadis nécessitait des mots, ils ne sont plus guère que des étiquettes, des mots-clés, se raccordant à des catégories, des genres. Ils n’ont plus guère de valeur que ce que l’apparence veut bien leur concéder.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}