Demander son dû

Nativité du Maître de Moulins

Toute existence est un échec s’il n’y a pas rétribution. Si on demande un dû qui ne vient pas autrement que sous la forme d’un silence. Si on n’a pas pris en compte la réponse que contient un tel silence tant on aura été en quête, tant on se sera accroché, naufragé, à la question. Que nous doit la vie sinon le simple fait d’être vécue. Est-ce si insuffisant qu’on en éprouve le besoin de déclencher des guerres, de créer des œuvres…voire de vouloir s’ôter la vie. Chacun rêverait qu’on se souvienne de lui. Et dans ce “on” cet impersonnel c’est le père ou le Père dont on n’ose jamais prononcer le nom. Se plaindre de ne pas avoir obtenu son dû c’est se condamner soi-même à n’être qu’un orphelin. C’est aussi une prière balbutiée maladroitement dans un monde qui ne croit plus à l’existence d’un Dieu. Pourtant toute la culture, tout l’art restent étroitement liés à un cadre, à des codes, des rituels dont l’épicentre est le sacré. Pour ne parler que de la culture, de l’art en Occident. Le catholicisme , si décrié soit-il aujourd’hui, n’en est pas moins depuis toujours en première ligne pour que la civilisation s’améliore. Pour que l’homme se rêve un peu plus grand qu’il a toujours été. Demander son dû, demander une reconnaissance, que ce soit sur le plan social, en entreprise, de façon mystique, est une question dont il faut prendre garde afin d’être prêt à entendre la réponse. Ce silence, est-il réponse, est-il question. Et s’il n’était qu’un silence, uniquement cela il faudrait alors apprendre à s’en contenter.

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener