Démystification

illustration de William Blake.

L’invisible, le mystère, les forces inconnues dont la connaissance nous échappent, les mythes sont toujours d’actualité. Ils continuent à exercer une fascination en même temps que de nourrir, d’entretenir nos angoisses. Peut-être parce que l’angoisse est un ingrédient important de notre vie. Parce que sans celle-ci l’existence devient fade. Sinon comment expliquer notre attrait pour les histoires fantastiques les films catastrophes, les peintures et poésies de William Blake, la musique des Doors. Il y a donc un besoin à la fois du mythe et de l’angoisse. Bien difficile comme la question de l’œuf ou de la poule de determiner qui des deux vient en premier. Ensuite on peut s’interroger sur la façon dont on va réagir face à ces créations de l’imagination collective ou individuelle. Se laisse-t’on submerger d’une façon hystérique à la panique ou alors en appelons-nous à la raison pour explorer patiemment et avec le plus grand calme ce qui, de prime abord, paraît indicible, nous stupéfie. En gros lutter contre l’hystérie qui nous plonge dans l’immanence et nous déshumanise ou bien résister en relevant les manches pour aller fourrer les mains à l’intérieur de cette hystérie, essayer de saisir comment et en quoi elle se constitue. à condition de posséder suffisamment d’ambition, de curiosité ou de révolte en soi pour imaginer risquer cette aventure. Car même le plus raisonnable des hommes doit admettre que son contrôle ne s’étend que sur une partie infime de son environnement comme sur lui-même. Les pulsions de peur, les mobiles de fascination comme d’admiration ne disparaissent pas à la lumière de la raison. Elle les éclaire seulement. Le risque encouru par les démystificateurs de tout acabit est de se retrouver contraints de vivre dans un monde sans magie, un monde glacial où ne subsiste que l’illusion d’avoir vaincu tous les mythes. Et probable que c’est toute l’imagination que nous répudions ainsi. Fort heureusement ce scénario s’avère impossible. Nous serons toujours mystifiés par une chose ou l’autre tout simplement parce que nous avons en nous, au plus profond de nous, le désir de l’être.

L’intérêt du mécanisme est la qualité que chaque partie y gagne. Les mythes comme l’angoisse d’un côté deviennent de plus en plus diffus ce qui hausse leur qualité à un niveau jamais atteint jusqu’à présent alors que la raison s’améliore dans la précision quasi chirurgicale qu’elle est obligée de mettre en œuvre pour tenter de dire l’indicible.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener