Explorer la peur du protocole.
Comme si, Annette Messager
Le mot protocole. Rien à voir avec un simple mode d’emploi. Ici il est question de formules et d’usages, de tout un système qui souvent me dépasse. Qui m’effraie par son aspect juridique, médical. Informatique, diplomatique, institutionnel. Je n’utilise pas le mot. À la rigueur j’ai de temps en temps évoqué celui de démarche. Venant d’une famille de petits commerçants cela me semblait plus familier. Démarche comme démarcher. Mais en dehors du contexte habituel le découvrir dans l’art comme moteur, permet-il de dépasser cette peur instinctive. Pour cela il faudrait que je puisse à la fois oublier tout ce que le mot protocole contient pour moi de négatif. Rencontrer cette peur, dialoguer avec elle. Et ce faisant peut-être parviendrais-je à m’en libérer.
Ce qui surnage c’est encore l’aspect médical. C’est lui qui arrive en tout premier. Le protocole mis en place pour le cancer notamment et dont l’issue n’aboutit qu’à la mort. Par deux fois. Autant dire qu’il puisse y avoir quelques bonnes raisons de douter. C’est à dire aussi un doute sur les conventions et usages dans le domaine médical, arbitraire bien sûr car il y a aussi des protocoles - les memes- qui ne donnent pas le même résultat. le protocole contient donc une inconnue, ce qui est paradoxal, on imagine en amont un système et ce système peut provoquer deux résultats opposés, la vie où la mort.
Dépassons le paradoxe. Oublions le. Penser à ce qu’est un protocole beaucoup plus simplement. Une communication entre deux personnes par exemple. Un simple échange d’informations. L’un veut connaître l’heure et la demande à l’autre Quel est alors le protocole à suivre
Bonjour -Bonjour. / quelle heure est-il - il est 5 h. / merci - de rien.
Trois phases donc. Une connexion, un échange d’information, puis la clôture de la communication. Même chose que sur le plan informatique quand on effectue un clic sur un lien url. Sauf que j’ai du mal à imaginer cette simplicité dans les rapports humain. J’ai l’habitude que l’on me demande quelque chose mais que cette chose en dissimule quantité d’autres. Ce qui provoque le malaise. La communication au travers d’un protocole simple je n’y crois guère. A part dans le domaine informatique. Chez les êtres humains beaucoup moins.
Sur le plan juridique, horreur du protocole. Tous ces termes incompréhensibles dont on use pour assigner pour se plaindre pour ordonner sous couvert de la loi, et cette injonction que nul n’est sensé ignorer. La sensation que l’on agite un voile pour n’attirer l’attention que sur ce voile masquant ainsi des intentions prosaïques. Du genre je vais te dépouiller, t’enfermer, te punir, te condamner. Tout cela fort poliment. Hypocritement oserais-je dire. Le poids inouï d’une société de roués qui saisit l’homme seul dans ses rouages. Encore une forme de mort.
En art l’idée du protocole également pour en finir avec une certaine idée du génie romantique. La mise en place de systèmes créant pour ainsi dire des œuvres autonomes ou les faire exécuter par n’importe qui. Fort déplaisante. A priori. La mort de l’artiste qui ne se reconnaît n’existe que par son résultat, son œuvre. on place à sa place l’inventivité d’un système. Mais qui déraille heureusement de temps à autre. Et désormais c’est dans ce tout petit écart que réside l’être humain. Dans l’inconnue à nouveau presque l’espoir de ce déraillement ou bien encore la poursuite jusqu’au boutiste du système. Amusement d’intellos me dis-je régulièrement. En plus mis au pinacle par les institutions, le marché de l’art. Sensation d’être un dinosaure qui accompagne cette aversion. Cependant si je reviens à cette possibilité d’anomalie, de déraillement… n’ai-je pas aussitôt le désir de l’expérimenter moi aussi
Le protocole est donc le lieu d’une transmutation. Entre la matière brute de la peur et sa sublimation le désir. Reste à régler la température de la flamme, et aussi nettoyer les miasmes de l’opérateur probablement. trouver un protocole pour dépasser la peur du protocole … ?
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}