ignorance et émergence.

Avec l’âge je dis que je suis de plus en plus ignorant. Tout ce que je croyais savoir je ne le sais plus. C’est à dire que je n’accorde plus la même importance à ce capital de savoir accumulé . Ne bénéficiant plus de mon attention, il s’évanouit peu à peu. Il fond au soleil noir de l’ignorance. Souvent il m’est facile de confondre l’ignorance et l’idiotie, la bêtise. Ce que je fais régulièrement dans mon perpétuel monologue intérieur. Et, si je pratique de la sorte c’est qu’il y a une raison. La principale à ce que je peux en rêver, imaginer, serait de ne pas perdre de vue la modestie. Encore que pour ce faire je sois encore bien immodeste justement en me traitant régulièrement d’imbecile. Ce que masque ce jugement, souvent intempestif, c’est un cadre de pensée qui se précise de plus en plus avec les années et qui m’émerveille autant qu’il m’effraie. L’intuition que les choses les êtres, les événements soient à la fois prédéterminées dans le temps comme si une intelligence surhumaine, un daemon, pouvait les contempler dans leurs causes et finalités mais que ce daemon lui-même était lui aussi soumis à des lois qu’il ignore. Que parfois à lui aussi quelque chose puisse lui échapper. Que certaines lois naturelles du vivant peuvent ainsi émerger pour des raisons aussi diverses que variées sans qu’on ne puisse les relier à du déjà existant. Cette ignorance dont je me moque tout en m’attachant à y rester vigilant régulièrement n’est certainement qu’un pâle et faible écho de celle de ce daemon imaginaire à qui je souhaite évidemment le même recul le même humour que j’éprouve ou répercute sur le monde et moi-même. Peut-être lui aussi reste- il attentif à sa propre ignorance, la cultive t’il, sachant mieux que personne qu’elle est le lieu de l’émergence de nouveautés. Évidemment, ces nouveautés ne peuvent être compréhensibles à l’humain que je suis, elles seront aussitôt considérées sous des aspects scientifiques, moraux, philosophiques. Je tenterais d’en fabriquer de nouveaux cadres de pensée. Me sauver encore de ce que j’imagine en bien ou mal de l’ignorance. Ainsi va la vie, ses aléas, son effroi comme ses merveilles.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener