J’ai ouvert ma porte

Pénélope Huile sur toile 100x80 cm vendue.

Il devait y avoir un moment qu’ils attendaient, je roupillais et je n’avais entendu personne sonner ou frapper. Au moment même où j’ai ouvert la porte, l’idée que j’étais en train de me foutre dans la merde encore une fois de plus m’a traversé.

C’est qu’il y avait là une foule de visages plus ou moins hagards, des femmes, des hommes, des enfants, et ils attendaient patiemment. Ils devaient être là depuis des heures. Un peu de plus j’allais me culpabiliser.

— C’est ici le vide-maison ? m’a demandé une femme entre deux-âges genre Pénélope fagotée en pute avec un tatouage sur la gorge. Elle avait de très beaux yeux et j’ai dit oui comme si j’avais soudain capitulé.

— Entrez donc tout est là, faites votre choix, ne cassez rien, si vous pouvez.

Et à ce moment là tout le monde, la rue entière est rentrée dans la maison et je me suis retrouvé sur le trottoir.

— C’est combien ?

— Et ça et ça c’est combien ?

Une gamine s’est tirée avec ma cafetière en courant.

Un homme avec ma chatte en tentant de l’amadouer avec des onomatopées.

Tous les meubles ont disparu en trois coups les gros.

Un tsunami.

Je me suis retrouvé tout seul après.

Face à ma maison vide.

Dans ma main il y avait quelques billets et beaucoup de monnaie.

J’ai fourré le tout dans ma poche

et je suis allé boire des coups au bar du coin.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener