La pauvreté comme condition de la franchise

Moi aussi j’ai du faire la même chose, je me suis installé sur une chaise au jardin du Luxembourg j’ai tiré la chaise en fer devant une statue, je me suis assis et j’ai tendu la main. J’ai attendu comme ça toute une journée je crois. Il ne s’est rien passé. Sauf un ou deux passants qui m’ont demandé ce que je pouvais bien ficher comme ça à tendre la main devant une statue.

Je m’entraine à ne rien recevoir j’ai répondu tout fier de m’être souvenu de cette phrase de Diogène.

Evidemment ils n’ont rien compris, ils ont mis un index sur leur tempe et ils ont fait un petit quart de tour deux ou trois fois et ils sont repartis.

Cela faisait partie de l’entrainement aussi d’accepter ça , d’être pris pour un doux dingue, mais je m’en fichais j’avais un but que je ne quittais jamais des yeux Mon but c’était d’atteindre quelque chose d’important dans mon souvenir, je pourrais dire une certaine pauvreté qui n’était guère qu’une étape intermédiaire.

Le véritable but je l’ai découvert des années plus tard et après de nombreux mensonges, c’était la franchise.

Oh pas la franchise vis à vis des autres, celle-ci on peut tout à fait vivre en s’en passant. Par contre vivre avec soi-même, demande de se pencher sur une autre franchise et si on se loupe aie aie aie c’est comme dans le film Gravity, on finit par errer seul enfermé dans un scaphandre dans l’espace intersidéral sans aucun espoir de retour.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener