La radio le matin.
La radio dès le matin au réveil, insupportable. La raison pour laquelle je ne viens à la cuisine que pour remplir ma tasse et repartir vers l’atelier. Mais le peu que j’en entends, suffisant pour tout déranger de l’univers d’où je resurgis vers la septième heure du matin. Ces voix de la réalité dont le souvenir, mensonger probablement, évoque une sensation, comment dire … réconfortante ou de sécurité, durant quelques micro secondes je renfile le costume de pauvre bougre en train de se bourrer le mou quant à ces idées devenues pavloviennes, pur réflexe autrefois. insupportable de se sentir presque aussitôt renouer avec le risque de ce réflexe, nostalgie détestable. Et pour la fuir cette nostalgie j’ai au fil des années élaboré maintes stratégies pour parvenir à une efficacité, une agilité bluffantes. Des le contact de la poignée de la porte, par la cour, la façon de la tourner pour n’indiquer ni urgence, ni lassitude, plutôt un mouvement le plus neutre possible. Ensuite les quelques pas menant à la cafetière posée sur le plan de travail, deux mètres pas plus, s’effectuant en trois pas mesurés du même écart. Attraper comme un voltigeur la poignée du pot sans secousse mais suffisamment fermement comme la main d’une partenaire en apesanteur sous le chapiteau d’un foutu cirque. Appuyer sur la languette arrière libérant par l’avant le liquide thermostaté doucement, inclination de la tasse et du broc dans une oblique impeccable. Puis dire bonjour, bien dormi durant le laps de temps nécessaire, suffisant pour rebrousser chemin, réouvrir la porte et la refermer doucement derrière moi.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}