Peindre un oignon
Peinture INDAR DRANCOURT
Rien d’extraordinaire dans l’idée de peindre un oignon. D’ailleurs pourquoi le sujet serait-il extraordinaire. Le sujet est un oignon, il pourrait être tout autre chose ça ne changerait rien. J’ai fait l’expérience avec un radis, une tomate, un chou vert, de l’ail, je n’ai pas vraiment senti une différence fondamentale dans tout ça. Ce qu’on pourrait trouver de commun à toutes ces choses c’est qu’elles se mangent. C’est qu’elles appartiennent à l’univers de la cuisine, de la nourriture, on peut les apprécier diversement. Par le gout. Car bien sûr certains aiment les oignons tandis que d’autres les aiment moins mais là n’est pas le sujet. Pour peindre un oignon il vous faut un oignon. Si vous n’en avez pas vous serez tentés d’aller en trouver grâce à un moteur de recherches. Mais ils ne se mangent pas…j’insiste sur ce point qu’ils ne sont pas réels, donc préférez, si vous êtes décides, l’êtes-vous, pour trouver l’oignon, un marché un supermarché une épicerie de quartier. Il vous faudra l’acheter ou le voler. Il m’est déjà arrivé de voler un oignon pour le peindre. Mais je ne pense pas que cela change grand chose non plus au sujet. Là où je désire attirer aussi votre attention c’est que vous n’êtes pas les premiers à vouloir peindre un oignon, d’autres s’y sont déjà collés avec plus ou moins de réussite ou de bonheur. Peindre un oignon est une chose assez banale à priori dans une vie de peintre. Et d’ailleurs c’est si banal que de nombreuses personnes qui veulent apprendre à peindre, ceux qui débutent, ne pensent pas immédiatement à ce genre de sujet. Peindre un oignon ne les fait pas rêver. C’est une question importante qui est soulevée : faut-il rêver pour peindre, un oignon ou autre chose. Je ne le crois pas non plus. Au contraire il vaut mieux être éveillé et qui plus est avoir les yeux bien ouverts. Les yeux bien en face des trous comme disait Rembrandt à ses élèves ( avait-il lui le temps d’avoir des élèves). Plus vous peindrez des choses que vous considérez affreusement banal, mieux vous peindrez. Peignez les sans chichi, sans fioritures, sans sentiment. Peignez un putain d’oignon en la bouclant si possible. Est-ce possible. A vous de voir.
Image mise en avant Peinture de Jacques Truphémus.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}