rester à l’écart

La bienveillance n’est peut-être plus si naturelle que je l’imaginais il y a peu. Être uniquement honnête avec soi-même et se poser cette simple question. À quoi cela me sert d’être bienveillant. Ou encore quel bénéfice ai-je à en tirer. À qui profite vraiment la bienveillance  ? Désormais cette question formulée de diverses façons semble être une bonne piste pour économiser une énergie précieuse. Le sourire non plus. Pas obligatoire. Ça va généralement de pair. Et, l’amabilité qui souvent se confond avec une injonction intérieure de politesse. Au quotidien je vois des fonctionnements complètement cons. Et, souvent en raison de cette fameuse bienveillance, je m’abstiens de fournir un avis sur ceux-ci. Il faut. En tache de fond, il y a ce foutu « il faut » ou « il ne faut pas ». Tu as peur de quoi  ? Qu’est-ce qui t’oblige ? Le changement. Toujours le changement. Un déraillement du confort de l’habitude peut-être. Simultanément les habitudes me font chier. Reste poli, tu t’y ennuies. Comment résoudre un tel paradoxe  ? Le nombre de personnes qui ne prennent pas les précautions que moi, je ne cesse de prendre. Est-ce que je les envie, les trouve admirables  ? Vieux truc de cabaret d’envoyer paître le chaland.De le secouer pour l’attendrir comme un bout de bidoche. Toute une histoire de la séduction en quelques mots. Dans le fond aucune bienveillance vraiment. Pas de cet acabit-là en tout cas. Pas cette traîtrise. Cette hypocrisie crasse. Plus de l’ordre d’une distance. Toujours garder la distance. Ou rester en retrait. Je fais de l’art pour m’évader de la bienveillance. Comme probablement d’un tas d’autres concepts. Je fais de l’art pour fuir les vieilles lunes. Les peurs ataviques. Est-ce à dire qu’elles disparaissent pour autant, non. Elles demeurent contenues dans l’écart. La politesse des uns la bienveillance des autres peut parfois servir de bouclier. De façade ou même de miroir. Se mirer dans la bienveillance générale. Les commerçants seuls sont obligés. Et, encore, l’obséquiosité met mal à l’aise presque aussitôt le plus rustre d’entre les rustres. Et, qui suis-je sinon un rustre ? Malgré tout le trompe couillon, on ne peut pas réellement changer sa nature sur ce point. Est-ce une tare, non. J’y vois bien plus un soutien. La rusticité comme béquille. Pour s’en aller par les chemins de traverse, clopin-clopant.

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener