Revenir sur ses pas.

Comme tout va vite. Un tourbillon. Une tornade. Comment ralentir. Pourquoi. Toujours l’assaut des questions pour essayer de se ramasser, vouloir faire quelque chose de soi. Il faudrait relire Schopenhauer. Pour se souvenir d’une volonté. Une ancienne volonté de vouloir. Il faudrait tant de choses, une accumulation encore. Mais la tornade nous emporte et quelqu’un quelque chose se dessaisît. On maintenant après je. Et puis cette bribe qui remonte d’un temps noir comme une eau noire. Revenir sur ses pas. Mais la mémoire est comme ces filles, ces fleurs. Elle fait imaginer. On croit revenir mais non, au contraire, elle nous fait juste bifurquer. la bifurcation comprise dans la vitesse, le vecteur de l’entropie. Une arborescence qui a perdu son origine dans la vitesse vertigineuse à laquelle elle se déploie. Écrire au jour le jour pour un jour revenir sur ses pas, relire. Se retrouver. Retrouver quoi. On sait comme c’est illusoire. Celui qui relit n’est plus le même. Ça ne l’aide en rien sauf à se désespérer un peu plus de sa propre volonté. Ou d’en rire, en sourire. Attraper le temps d’un instant une certitude comme on attrape un rhume. En même temps regarde tu te fais un monde de la moindre chose et ce monde passe. Tu te retrouves comme un idiot encore une fois. Cette importance que tu attribues aux choses se dissout dans la rapidité elle aussi. Soulagement après l’angoisse, en attendant qu’une autre surgisse pour t’habiter à nouveau, te procurer cette sensation d’être quelque part cloué à quelque chose. L’angoisse comme la tentative de recréer l’immuable. Le soulagement pour tout oublier et reprendre le cours du temps. Deux façons de revenir sur ses pas.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}