Une présentation

on me demande de me présenter pour animer un nouveau cours de peinture. C’est toujours difficile de se présenter à des gens que l’on ne connaît pas . On n’arrive pas vraiment à imaginer ce qu’ils imaginent trouver dans une présentation. Quel est le but pour ces personnes qu’on leur présente ainsi les êtres et les choses ? n’est-ce pas que c’est pour être rassuré en amont d’une présentation véritable ? ce moment où quelqu’un surgit dans une pièce, n’est-ce pas déjà une présentation, mais effrayante car on ne sait ce que ce quelqu’un quelconque veut. Et comme on ne le sait pas on imagine tout un tas de choses évidemment. Le pire la plupart du temps. Le cerveau est ainsi fait n’est-ce pas. Il en va de la survie. Il faut s’attendre en premier lieu au pire puis se réjouir d’y échapper. On souffle on expire ouf on l’a échappé belle. Mais pas trop vite quand même, on reste encore un peu sur ses gardes, car ce n’est pas parce que quelqu’un se présentera qu’on va croire illico tout ce qu’il dit. On a l’habitude, on est rodé, on ne nous la fait pas comme ça ...
Voilà pourquoi c’est si difficile de se présenter, parce que d’abord ça ne sert pas à grand chose. Ce qui compte ce sont les actes, c’est de se mettre au travail avec cette personne.
Il dit qu’il est prof, qu’il est peintre, la belle affaire, nous ce qu’on veut ce sont des preuves. Des preuves nous rassureraient. On se sentirait soulagés si des preuves étaient exhibées. Si une histoire plausible nous était contée.
Malheureusement c’est bien difficile aussi de faire croire à du plausible quand rien au bout du compte ne l’est.
Peut-être que le plus honnête serait de se présenter par la négative. Ça en boucherait un coin. Il y aurait des oh et des ah. peut-être aussi des rires. Des rires voilà qui serait bien, sensationnel, inespéré.
Donc je me présente je ne suis pas professeur de peinture, je ne possède aucune technique, aucun savoir, je ne suis même pas peintre ni artiste. ôtez-vous donc tout de suite de l’esprit ces idées.
Ça y est c’est fait ?
Et bien maintenant nous allons donc pouvoir enfin travailler. Par exemple connaissez- vous vos couleurs ? Savez-vous les fabriquer, les mélanger. Moi non plus à vrai dire, mais je vous propose d’explorer ensemble tout cela, et on verra bien.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}