vertiges et affres de la répétition.

Plusieurs fois la petite fille cria je t’aime à l’homme qui lui répondait, un peu gêné, par un sourire triste. Et plus ce sourire s’attristait sur le visage de l’homme, plus la petite fille répétait je t’aime. Ce ne fut qu’à la fin, quand le train s’ébranla, qu’elle ajouta "papa" une dernière fois dans un soupir. C’était comme un jeu dans lequel les participants n’avaient aucune chance raisonnable.

j’ai refait plusieurs fois mon sac pour être à peu près sur de n’avoir rien oublié, un sac, une petite valise à roulettes, ensemble plutôt léger.

Mais pas tranquille. L’oeil, l’oreille sont aux aguets j’ai plus d’une demie heure d’avance à la gare. On ne prend plus la peine de composter le billet désormais, quelqu’un à collé des bandes larges l’adhésif sur la gueule de la machine qui ne sert plus à rien.

-non vous ne pouvez bénéficier d’une réduction, quatorze heure zéro quatre entre dans la plage des heures de pointes. j’attends en écrivant, quelques gouttes de pluies s’accrochent à la plaque vitrée de l’Ipad.

Le train pour Lyon arrive avec une bonne dizaine de minutes de retard. Mais tout est prévu d’avance même les retards, le train pour Paris est à 15h38.

je repense à cet édito dans connaissance des arts, un film de Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster, sur le chanteurs Christophe, l’engouement pour les répétitions, répétitions des tubes remixés, répétions pour certaines images de l’un des cinéastes - vagues ? mer ? vertiges et affres des répétitions

Dans le train j’ouvre ce texte de Tesson, " s’abandonner à vivre", bof. Chaque phrase contient un effet qui me fait un drôle d’effet. Je referme l’application Livre, je range l’Ipad dans le sac. Qu’en sais-je personnellement de cet abandon ? Sans réponse, je me laisse bercer par le roulis du petit train.

Pourquoi je déteste a priori la répétition, parce qu’elle est presque aussitôt synonyme d’ennui. Autrement dit ce constat sans appel de mon handicap, l’impossibilité de sortir d’une relation figée avec le monde. Et surtout cette conscience aiguë du refus d’en sortir après trop de tentatives d’évasion avortées.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener