Vous aimez Lovecraft ?

Je l’avais lu jeune, trop ? Non. Que comprendre à ces récits de fiction vers 15 ou 16 ans ? Guère plus sans doute qu’à ceux d’Edgar Allan Poe, Jean Rey, Huysmans, Maupassant, Borges, et tant d’autres dont les ouvrages me seront passés entre les mains à cette époque. D’ailleurs vouloir comprendre n’est-ce pas une pathologie d’adulte ? Non, le frisson, c’était cela la priorité. Confortablement installé sous les draps et l’édredon- pas encore la mode de la couette-dévorer toutes ces pages et se faire peur, s’amuser à se faire peur. Comprendre on verrait plus tard. On avait suffisamment compris de l’horreur, de l’épouvante et de l’effroi dans la vraie vie. Lire pour s’amuser à avoir la chair de poule ,un divertissement à côté. Lovecraft me semblait plus énigmatique que n’importe quel autre auteur. La profusion de détails, et dans de nombreux domaines, le tour parfois alambiqué de son écriture, la difficulté à identifier aussi le véritable narrateur de ses récits , tous ces obstacles qui me faisaient souvent tomber des mains les livres d’autres auteurs et parmis lesquels de bien plus prestigieux, aiguisaient au contraire mon obstination à poursuivre la lecture de ses textes. Lovecraft. Temps béni de la lecture. Temps béni où l’on ne cherche pas à comprendre au delà des couches superficielles du récit. La frayeur qu’on y éprouve provient autant de ce qu’on y devine mais qu’on rejette en marge, que de la fiction elle-même. On préfère apprendre la réalité par la fiction. Les chocs en sont atténués, ne touchent pas notre fragilité de plein fouet comme un geste violent, une humiliation, une lâcheté ou une faiblesse adulte peut contenir de brutalité. Lovecraft. Quelque chose d’extrêmement attendrissant, derrière le sérieux affiché, parfois meme drôle au moment où l’on s’y attendra le moins. Comme un copain dans le fond, un vrai copain, j’ai toujours un mal de chien à dire ami à cet âge là déjà. Et tu vois il revient des années plus tard et au moment où sans doute tu t’y attendais le moins. Je viens enfin de découvrir la prononciation exacte du mot Cthulhu. Drôlement content. Il aurait fallu me voir mercredi soir au volant de ma Twingo. Je l’ai prononcé une bonne vingtaine de fois à la suite
Cthulhu !
Non je ne suis pas fou. Ou plutôt si aller je le suis, complètement fou comme Dali du chocolat. Je suis toqué des montagnes de la folie, de l’appel du rrrrtuhlu dites le r guttural, comme rrrrlass, rrrrota du fond de gorge. Enfin bref je vous refile le lien si vous voulez goûter à un peu de folie pour vous évader de ce monde désespérément sérieux et sage. je vous laisse d’ailleurs car j’ai pas encore fini… 1h40 ça se savoure , à mon âge ça ne s’avale pas, ne s’avale plus.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}