11.Notule 11

S’il était simple d’aimer, le monde serait sans doute très différent. Encore que ce ne soit pas simple de croire en l’amour désormais que tout est devenu si binaire.

Du genre :

— tu m’aimes oui ou merde ?

Même si ce n’est pas dit comme ça exactement, ça y ressemble souvent.

Comme si tout l’espace se tenait désormais entre 0 et 1 annulant la suite innombrable des autres chiffres et nombres, annulant ainsi une notion précieuse de l’infini.

Cet amour là, distillé par les médias de tous bords, qu’on le veuille ou non nous empoisonne la vie.

C’est une lutte de chaque instant pour ne pas succomber à une telle facilité.

Cela exige beaucoup de patience, de tolérance, de paix intérieure, une distance à acquérir dans le présent étrangement sitôt que l’agacement, l’énervement, la colère même surgissent. C’est loin d’être facile.

Aimer au quotidien c’est de plus en plus se transformer en médecin au chevet d’un malade.

Il faudrait rassurer continuellement, faire l’emplette de fruits et de fleurs fraiches à déposer sur un chevet, égayer comme on peut la pièce.

Une abnégation aussi dont l’injustice emmène parfois l’élan d’aimer aux limites de la révolte.

Cependant tout prend un sens lorsque, par hasard, ce fameux hasard qui n’existe pas, on s’aperçoit que nous ne sommes que des outils manipulés par un maître ouvrier.

Que tous ces espoirs, ces déceptions, ces rapprochements, ces éloignements ne sont rien d’autre qu’une matière, tout comme nous précieuse et sans laquelle rien ne peut se faire.

Evidemment on n’y pense pas dans le moment. On subit ou on esquive.

Mais il suffit souvent de se rendre compte de l’absence pour que tout alors se mette en forme.

Et là encore nous avons le choix d’en être triste ou joyeux.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener