31.Notule 31
J’avais autrefois une habileté pour mordre au sang avec les mots. Beaucoup d’ironie brillait. Et bon Dieu ça chauffait !
Comme un phare j’attirais les naufragés de tout acabit, les désespérés, celles et ceux en manque de tout, surtout celles d’ailleurs, et dans l’ensemble, les désabusés.
Ca m’est passé. L’ironie s’est fini comme Capri. De temps en temps j’essaie, comme le coyote qui continue à courir alors qu’il a les deux pattes arrières dans le vide , et je me fracasse évidemment la tronche tout en bas sur l’évidence de l’inutile.
Je n’éprouve plus autant cette envie de faire rire les autres non plus à mes dépens. D’être un clown, un Auguste qui fait toutes ces choses pour un sourire peut-être mais ne tombe que sur des rires gras et suffisants.
Cette méchanceté, ce malheur se sont enfuis avec la jeunesse, assez tardivement.
L’humour a des limites certains jours. Il est même tout à fait détestable.
Et c’est en le constatant chez l’autre que le mien m’est devenu encore plus détestable tout à coup.
Est-ce une sorte de progrès, une avancée vraiment ? moi qui ai toujours tant de mal à mépriser, par peur de l’être en retour, il se pourrait qu’enfin
hourra ! j’y arrive.
Je ne sais pas si la gratitude est de circonstance. Mais qui ne tente rien n’a rien, et peu importe j’ai envie de le dire : un merci s’impose.
Merci pour apprendre aussi le mépris, redescendre de la lune, tomber sur le plancher des vaches.
Parviendrais je bientôt à cracher à la gueule d’autrui
pour être résolument comme tout le monde, j’ai hâte !
Quand on n’a plus de politesse c’est qu’on n’a plus d’orgueil ni de fierté
Et moi je fus poli comme un gars laid évidemment j’ai tout connu des marées, des grandes comme des petites.
Celles qui défeuillent les coquillages comme des marguerites pour en extraire le grain du sable.
Le mépris d’un grain de sable vaut bien tout l’or du monde, à ma bourse perso.
Mais qui le saura qui le piétine et s’en fout comme de l’an quarante
aveuglé par je ne sais quel miroir aux alouettes
Du selfie c’est bien mais avez vous essayé l’anti selfie ?
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}